HAL Id: jpa-00206971
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Submitted on 1 Jan 1970
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Résistivité et propriétés optiques sous pression normale, résistivité sous haute pression de monochalcogénures
d’ytterbium divalent
M. Francillon, D. Jérome, J.C. Achard, G. Malfait
To cite this version:
M. Francillon, D. Jérome, J.C. Achard, G. Malfait. Résistivité et propriétés optiques sous pression nor-
male, résistivité sous haute pression de monochalcogénures d’ytterbium divalent. Journal de Physique,
1970, 31 (7), pp.709-714. �10.1051/jphys:01970003107070900�. �jpa-00206971�
RÉSISTIVITÉ ET PROPRIÉTÉS OPTIQUES SOUS PRESSION NORMALE, RÉSISTIVITÉ SOUS HAUTE PRESSION
DE MONOCHALCOGÉNURES D’YTTERBIUM DIVALENT
M.
FRANCILLON,
D.JÉROME,
J. C.ACHARD,
G. MALFAIT Laboratoire des TerresRares,
C. N. R.S., 92,
BellevueLaboratoire de
Physique
des Solides(*),
Faculté desSciences, 91, Orsay (Reçu
le 16avril 1970)
Résumé. 2014 Dans ce
travail,
nous avons étudié le comportement, àpression
normale et soushaute
pression,
de troiscomposés
del’ytterbium
divalent :YbS,
YbSe, YbTe au moyen de mesuresde résistances
électriques,
entre 77 °K et 300 °K. Le domaine depressions
est 1 bar-17 kbar. Les variations sont faibles pour YbS et YbSe. Par contre, YbTe voit sa résistivité diminuer d’un fac- teur 100, sonénergie
d’activation de 0,43 eV à 0,33 eV entre 1 bar et 16 kbar.Il y a
plein
accord dans les variations enpression
et en température.Des mesures
d’absorption optique
àpression atmosphérique complètent
les donnéesélectriques
Abstract. 2014 In this
work,
we have studied divalentytterbium compounds
underatmospherie
and
high
pressure :YbS, YbSe, YbTe,
withresistivity
measurements between 77 °K and 300 °K up to 16 kbar.On one
hand,
very weak varations are observed on sulfide andselenide ;
on theother,
tellurideresistivity
decreasesstrongly
between 1 bar and 16kbar,
its energy gap decreases also from 0,43 eVto 0,33 eV.
Resistivity
variations versus pressure and température are ingood
agreement.Optical
measurements underatmospheric
pressure at 77 °K agree with electrical measurements.1. Introduction. - Les
chalcogénures
LnX où Ln estune terre rare trivalente et X un ion soufre ou sélénium
ou
tellure,
sontsemi-métalliques [1 ] (deux
électronsentreraient en liaison avec le métalloïde et un troi- sième serait libre pour la
conduction).
Ceux où Lnest une terre rare divalente
(Sm, Eu, Yb)
sont isolantsou semi-conducteurs. De
plus,
si onregarde
le para- mètre cristallin de tous cescomposés,
on constateque celui de
SmX,
EuXYbX,
est anormalement élevé[3], [4]
etcorrespond
à l’ion divalent(Fig. 1).
Les
propriétés optiques [2], [5]
etélectriques [6], [7]
[8], [9]
de SmX et EuX ont étélargement
étudiées.Par contre, les seules données
électriques
que nous ayons sont celles de Didchenko et Gortsema[6], optiques
celles deSuryanarayanan [5]
pour YbX.Ces
composés
LnX(Ln
=Sm, Eu, Yb ; X
=S, Se, Te) peuvent-ils
devenir conducteurs sous l’influence de lapression ? C’est-à-dire,
en ramenant leparamètre
cristallin à celui
qui correspond
à l’ion terre raretrivalent peut-on avoir une réaction du
type
Rooymans [10], [11]
a mis en évidence une telletransformation pour SmTe et
EuTe, qui
a lieu res-(*) Associé au Centre National de la Recherche Scientifique.
FIG. 1. - Paramètre cristallin des monochalcogénures de terres
rares. Réf. [3] et [4].
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01970003107070900
710
pectivement
à 40 et 30Kbar,
par des mesures deparamètres
cristallins(Fig. 2)
àtempérature
ambiante.FIG. 2. - Variation du paramètre cristallin de SmTe en
fonction de la pression. Réf. [11].
Notre recherche s’est donc
portée
sur l’étude ducomportement
souspression
de troiscomposés
del’ytterbium
divalentYbS, YbSe,
YbTe par desmesures de résistivités
électriques. Quelques
résultatsd’absorption optique
à 77 OK et souspression
normalecomplètent
les donnéesélectriques.
II.
Synthèse, analyse
des échantillons. - Ces com-posés,
sauf letellurure,
sont difficilement stoechiomé-triques,
uneanalyse chimique
a donc été nécessaire.Nous avons utilisé la méthode de
préparation
décrite par landelli
[12],
la vapeur du métalloïderéagit
sur le métal réduit en limaille sous argon. La réaction se fait enampoules
dequartz soigneusement dégazées
et scellées sous vide. Les nacelles sont entantale pour le
métal,
en silice pour lesélénium,
lesoufre et le tellure.
L’ytterbium
a unepureté
de99,9 %,
celle du métalloïde est de
99,999.
Le soufre et le sélénium
réagissent
vers 600 °C.Lorsque
les vapeurs ontdisparu,
latempérature
estaugmentée progressivement, puis
maintenueplusieurs
heures à 1000 °C pour lesulfure,
750 °C pour le séléniure. Leparamètre
de laphase
NaCl obtenuevarie avec la stoechiométrie. Avec le
tellure,
la réac-tion est
rapide
et totale à 550 °C.La stoechiométrie des échantillons est contrôlée par
dosage chimique
avec uneprécision
de 2%.
Letableau 1 donne les résultats
analytiques
des échantil- lons soumis aux mesuresphysiques.
Les
composés
obtenus sont despoudres
que l’oncomprime
en barreaux sous unepression
de 10Kbar,
avec les arrivées de courant. Leurs dimensions sont 15 x 2 x 2 mm. Pour un barreau non
recuit,
lesrésistivités sont de l’ordre de
104
S2cm. Elles diminuent d’un facteur10, lorsqu’il
est recuit sous argon vers 1200°C.III. Résultats
expérimentaux.
- a. Sous PRESSIONNORMALE - Les résistances des échantillons sont élevées. On mesure le courant
qui
passe dans l’échan- tillon souspotentiel
constant, avec unpont Tinsley,
la
température
avec une diode As-Ga. Le domaine detempératures
étudié est 77 OK-300 OK(à
77OK,
lescomposés
sontisolants).
Les
figures
3 et 4 donnent la variation delog R/Ro
en fonction de
100/r
pourYbS.,
d’unepart,
YbSe et YbTe d’autrepart. R
est la résistance mesurée à latempérature
absolueT, Ro
celle mesurée àtempéra-
ture ordinaire.
Nous avons ainsi une variation de résistivité en
fonction de la
température (ou
de lapression) qui
nedépend
pas dufrittage
de l’échantillon.Cette variation est linéaire
jusqu’à
une certainetempérature
voisine de 140 OK. Dans cedomaine,
nous sommes encore en
régime intrinsèque
et nousFIG. 3. - Variation de log R/Ro en fonction de l’inverse de la
température pour des échantillons YbS,, de stoechiométrie différente.
TABLEAU 1
FIG. 4. - Variation de log R/Ro en fonction de l’inverse de la température pour YbSe et YbTe.
avons calculé
l’énergie
d’activationEg
par la relation P = Po expEg/2
kT.Aux
températures inférieures,
à T = 140OK,
lesrésistances sont très élevées et les
points expérimentaux
assez
dispersés ;
nous devons alors tenircompte
desimpuretés, défauts, joints
degrains...
L’énergie Eg
du sulfure varie très peu avec la stoe- chiométrie. Elle est de l’ordre de0,40
eV. Celle duséléniure est du même ordre de
grandeur.
Par contre,celle du tellurure est
légèrement plus
élevée0,46
eV.Le tableau II donne les
principaux
résultats.TABLEAU II
Les mesures
d’absorption optiques
dans le visible etproche infrarouge (0,4 Jl
à2,4 u
à 77OK ; 2,4 u
à17 p
à 296OK)
ont été effectuées sur le sulfure(le plus stoechiométrique
que nous avonsobtenu)
et letellurure,
dilués à0,5 %
dans du bromure depotassium ;
lemélange
estpastillé
sous unepression
de 10T/cm2.
On
peut
observer deuxpics d’absorption
à0,5 Jl
et0,95 Jl
pourYbS ;
à0,6
et1 Jl
pour YbTe(Fig. 10).
Aucun
pic
n’est observé entre2,5
et17 Jl (la longueur
d’onde
correspondant
auxénergies
d’activation ther-miques
mesurées se situe aux environs de 3g).
b. Sous HAUTE PRESSION. -
L’appareillage
de pres- sionshydrostatiques
utilisépermet
d’atteindre à tem-pérature normale,
17 kbar[13].
Nous avons effectué les mesures de résistivité pour
plusieurs pressions
dans le même domaine detempé-
ratures que
précédemment.
Lesfigures
5 et 6 donnentles variations de
log R/Ro
en fonction de lapression
àtempérature
normale pourYbS, YbSe,
YbTe.Ro
estla résistance mesurée à
To
= 296 °K et àPo
= pres- sionatmosphérique.
Lesfigures 7,
8représentent
les variations isobares delog R/Ro
en fonction de100/T.
FIG. 5. - Variation, à température ambiante, de log R/Ro en
fonction de la pression pour YbS et YbSe.
FIG. 6. - Variation à température ambiante de log R/Ro en
fonction de la pression YbTe.
712
FIG. 7. - Variations isobares de log R/Ro en fonction de l’inverse de la température pour YbSe.
FIG. 8. - Variations isobares de log R/Ro en fonction de l’inverse de la température pour YbTe.
Sulfure-séléniure.
- La décroissance de résistivité observée est très faible. Ellepeut
être due aufrittage
aussi bien
qu’à
une diminution deparamètre
cristallin.L’énergie
d’activation ne varie pas dans le domaine depressions
étudié. Nous ne pourrons doncporter
une conclusion sur ces résultats.
Tellurure. - La variation de résistivité en fonction de la
pression
semble obéir à la loiexponentielle :
P = po
exp-AP
où A est une constante, pour unetempérature
déterminée. Pour T =To
= 296OK,
A =
0,23 kb -1 ;
lerapport R/Ro
diminue d’un fac-teur 100 entre 1 bar et 16 kbar. De même
l’énergie
d’activation décroît linéairement(Fig. 9) ;
de0,43
eVpour 4 kbar à
0,33
eV pour 12 kbar. On obtient la valeurexpérimentale, d’après
lafigure
9FIG. 9. - Variation de l’énergie d’activation thermique de YbTe
en fonction de la pression.
La variation de résistivité en fonction de la
tempé-
rature et de la
pression peut
s’écrire sous la formedans le domaine de
pressions
étudié.Il y a bon accord entre les variations en
température
et en
pression (en supposant
poindépendant
de lapression).
et entre 4 et 13 kbar
Alors que pour
To
= 300OK,
on trouve à l’aide de lavaleur
expérimentale
de aIV. - Discussion. - Nous allons nous
inspirer
des modèles
électroniques proposés
d’unepart
par McClure[2]
pour les monosulfures de terres rares, d’autrepart
par Methfessel[15]
pour leschalcogénures d’europium.
Nous devons
distinguer
deuxtypes
decomposés :
YbS et YbSe
qui peuvent présenter
des écarts à la stoechiométrie et YbTequi
semble ne pas enprésenter.
Composés Stoechiométriques.
- Ils sont isolants à bassetempérature.
La bande de valence serait formée par les niveaux p des anions
S- -, Se- -, Te- -,
celle de conduction par les niveaux 5 d et 6 s des atomes de terre rare.Celle-ci est relativement
large
car il y a unimportant
recouvrement des orbitales 5 d-5 d et 6 s-6 s des atomes de métal
proches
voisins. Le niveau 4f
desatomes
d’ytterbium
se situerait dans la bande interdite.A l’état
fondamental, donc,
la bande de conduction estvide,
celle de valencepleine. L’énergie
d’activationthermique
que l’on mesure serait due à la transition d’un électron 4f
dans la bande de conduction. La conductivité est dutype
n. Ceci a été vérifié sur SmX et EuX[7], [9],
mais non sur lescomposés
del’ytter-
bium.
On
pourrait
aussiexpliquer
les deux bandes d’ab-sorption
dans le visible etproche infrarouge
quepré-
sentent YbS à
0,5 Jl (2,48 eV)
et0,95
Jl(1,30 eV)
etYbTe à
0,6 u (2 eV)
et 1 Jl(1,24 eV), (Fig. 10) :
ellesseraient dues à des transitions
électroniques
du niveau4 f au
niveau 5 d. Ce dernier étant dédoublé en deux sous-niveaux par les interactionsspin-orbite.
D’où leschéma
proposé figure
11.FIG. 10. - Spectre d’absorption à 77 °K de YbS et YbTe de À = 0,4 Jl à 1,4 Jl.
Composés
nonstoechiométriques.
-L’énergie
d’ac-tivation varie peu avec la stoechiométrie. Il serait
intéressant,
d’avoirquelques
résultats d’effetHall,
pour
supporter l’hypothèse
suivante : le seul que nous ayons est celui mentionné par Didchenko[6].
IlFIG. 11. - Schéma de bandes pour les composés YbX.
semble que pour
YbS,
la mobilité soit très faible.Pour l’échantillon
YbS1,os,
la conductivité observée est detype
p. Elle est due à des lacunes dans le réseaumétallique [6], [12].
Ilmanquerait
deux électrons par lacune dans labande p
du métalloïde. Deux électrons4 f de
deux atomesd’ytterbium (un
paratome)
com-pléteraient
cette bande. A l’étatfondamental,
il y a donc des trous dans la bande4 f et l’énergie
d’activa-tion mesurée
correspond
autransport
d’un trou dans la bande de valence. Ceciexpliquerait
leparamagné-
tisme observé sur les
composés
nonstoechiométriques (ions trivalents) [12].
Pour les échantillonsayant
unléger
excèsd’ytterbium,
la résistivité semble décroître.Il est fort
probable
que la conductivité de tous cescomposés
soit due à deuxtypes
deporteurs p
et n.Dans le cas d’échantillons
ayant
un excès desoufre,
laconduction de
type p l’emporte
sur celle detype
n.Ce
qui expliquerait
les résultats obtenus surYbS.,
par effet Hall dans
lesquels
la constante de Hallsemble être très faible
[6].
Comme le niveau 4f
sesituerait à peu
près
au milieu de la bandeinterdite,
lesénergies
d’activation mesurées seraient du même ordre degrandeur quels
que soient letype
de conduc- tion et la stoechiométrie.Que
sepasse-t-il lorsque
nousappliquons
la pres- sion ? Seul le tellurureprésente
des variationsimpor-
tantes de résistivité dans le domaine de
pressions
étudié.
En
premier lieu,
nous pouvons supposer que c’est le réseau du métalloïdequi
est modifié : lerapport
r + +/r - -
des rayonsioniques augmente beaucoup plus
pour le tellurure que pour le sulfure. Le
phénomène
est donc
plus
visible sur YbTe. La résistivité à tem-pérature
ambiante et sous 16 kbar est de l’ordre de p = 10 Qcm .Il serait intéressant de connaître celle du tellurure lors de la transformation semi-conducteur-métal et de la comparer avec celle des
chalcogénures
de terresrares trivalentes où p N
1 0 - 1
Qcm(délocalisation
d’un électron
4 f ).
Il semble que pour EuTe[10],
larésistivité ne soit pas aussi faible lors de cette trans- formation.
714
Nous pensons
compléter
ces résultatslorsque l’appa- reillage
de hautespressions
permettra d’atteindre lapression
de transformation. Cetappareillage
estactuellement en cours de
montage.
Nous remercions très vivement le Dr Y.
Farge
pour les mesures
optiques
que nous avons pu effectuerdans son
laboratoire,
M. G.Delplanque
pour sesmultiples
conseilstechniques,
son assistanceprécieuse
lors des
expériences
de résistivités entempérature
eten
pression,
M. X. Oudet et M. M. Rieux pour leur collaborationcritique
efficaces.Bibliographie [1]
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