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Gérer les races locales d’animaux domestiques : une
dialectique entre ressources génétiques et
développement régional
François Casabianca, F Vallerand
To cite this version:
Article
original
Gérer les
races
locales
d’animaux
domestiques :
une
dialectique
entre
ressources
génétiques
et
développement
régional
F
Casabianca,
F
Vallerand
Institut national de la recherche
agronomique, département
dessystèmes agraires
etdéveloppement,
laboratoire de recherches sur ledéveloppement
del’élevage,
quartier Crossetti,
BP8,
20250Corté,
FranceRésumé - Entre les
grandes
races sélectionnées et les races à «faible effectif» enconservation, sont identifiables des «races locales» d’animaux
domestiques
pourlesquelles
une
problématique
de rechercheparticulière
estproposée.
Ellesapparaissent
comme uncarrefour d’intérêts et
d’enjeux
dans lessystèmes agraires régionaux
dont elles constituentun élément d’identité. La démarche
s’appuie
sur laprise
en compte despratiques
techniques
et sociales de lagestion
habituelle despopulations régionales
par les éleveurs(critères
utilisés, gestion
desrisques).
En mobilisant les concepts de l’économie desconventions,
cettegestion
estanalysée
comme une formedomestique,
alors que la sélectionofficielle et ses outils est
approchée
comme une forme industrielle.L’incompatibilité
de ces2 formes
explique
les difficultés rencontrées dansl’application
des schémas de sélection.Changer
le mode degestion
de la race suppose d’êtrecapable
degérer
les incertitudes lors de la sortie de la formedomestique.
Sur la base des recherches menées en Corse sur2 races locales
(brebis
laitière,
porccharcutier),
les auteurs proposent une modélisationdes
étapes
de transition. La formecivique
est mobilisée pourintégrer
les intérêts des différents acteurs en se référant à la dimensionpatrimoniale
et culturelle des races locales.Le processus
engagé
estplus
axé surl’organisation
de ces acteurs que sur laproduction
deprogrès génétique.
Il estpartiellement émergent,
cequi exige
de la part des chercheursune réflexion
épistémologique.
race locale
/
schéma de sélection/
risque/
patrimoine/
développement durableSummary - Management of local breeds of domestic animals. A dialectic between
genetic resources and sustainable regional development. We have
identified
local animal breeds whichfall
between the mainimproved
breeds and rarervanishing
breeds. Thissubject
systems
of breeding
animals:pastoral practices
are seen as a ’domestic’ universe and abreeding
scheme as an ’industrial’ one. Tochange
the breedmanagement
system it isnecessary to master uncertainties which appear. Based on work in Corsica we established a
model for
transition stages. ’Civic’ elements areuseful
to include theheritage
componentsin an
organisational
processof
actor-groups as well as a genetic gain process. In this way,management
of
local breeds contributes to sustainableregional development.
local breed/
selection scheme/
risk/
heritage components/
sustainabilityINTRODUCTION
Les races
locales,
uneproblématique
de rechercheLes
populations
humainesont,
au cours dessiècles,
domestiqué
puis
façonné
enfonction de leurs besoins des
populations
animales. Ce travail demodelage
n’estjamais
fini et sepoursuit
notamment par l’évolution des fonctionsassignées
auxactivités
d’élevage
par les différentescivilisations,
par les cultures et au seinde
systèmes
agraires spécifiques
(Lauvergne, 1989).
Aujourd’hui,
dans nos pays(Bougler, 1989),
la
palette
despopulations
animales existantesprésente
unelarge
diversité de situations que, pour des raisons de
méthode,
nous pouvons classeren 3
principaux
types
deraces’.
D’unepart,
il existe des races bienidentifiées,
reconnues, sélectionnées et utilisées au sein d’au moins un
système
agraire
efficient.Certaines de ces races
productives
ont mêmeacquis
uneréputation
et une extensioninternationale voire dominatrice
(on
parle
ainsi de modèle Holstein ouLarge
white).
A
l’autre extrémité de la gamme, un certain nombre de races «enpéril»
ou «à faibleeffectif»
(quelques
centaines dereproducteurs)
sont endanger
d’êtreplus
ou moinsrapidement
éliminées par lalogique économique.
Elles fontl’objet
d’actions deconservation soit in situ au sein de
petits
réseaux d’éleveurs(Audiot, 1994),
soit in vitro. Des méthodes degestion
génétique
sontdisponibles
(de
Rochambeau,
1983).
Entre ces 2
extrêmes,
nous rencontrons un certain nombre de races que nousqualifierons
derégionales,
car elles ne sontgénéralement
utilisées que par un seulsystème
régional d’élevage
et elles y sontgénéralement
en concurrence avec des racessélectionnées. On
peut
situer entre 5 000 et 10 000 l’effectif-seuil desreproducteurs
qui
permet
à ces races de ne pas se laisser laminer outrop
adultérer.Du
point
de vue de leurgestion
génétique,
nous nous trouvons dans une situationà
première
vueparadoxale
car lestypes
extrêmes sont tous deuxgérés :
-
en univers certain
(ou
quasi
certain)
puisque
dans un cas il faut manifestementproduire beaucoup
et/ou
mieuxproduire
(critères
dequalité)
et dansl’autre,
il fautnécessairement conserver mais sans autre
perspective;
1
Pour
des raisons desimplificité d’expression,
nous retiendrons dans la suite le vocablede race même si nous savons très bien que ce mot recouvre
plusieurs
concepts selon lepoint
de vue(Laurans, 1989).
Parexemple
le passage, pour un même ensemble d’animauxd’une
région,
du stade depopulation
à celui de race reconnue par l’administrationnécessite
plus
une mise endynamique
des éleveursqu’une
identification decaractéristiques
- à des
niveaux nationaux et
soutenus,
engrande
partie
par des crédits d’Étatparce
qu’elles participent
de missions du même ordre. Eneffet,
une des tâchespremières
d’unÉtat
est d’assurer l’alimentation etl’exportation.
Demême,
c’est unede ses missions d’assurer le futur en investissant dans des
opérations
anti-aléatoires.Maintenir la diversité
génétique
est uneresponsabilité
sociétale,
de niveau national ou international. Cescaractéristiques
ne sont bien sûr pasindépendantes : lorsqu’on
n’a aucun doute sur lesfinalités,
gérer
consiste à se donner desobjectifs
et des moyens.En
revanche,
lagestion
des races locales doit êtrepensée
etorganisée
dans unenvironnement
beaucoup plus
incertain. On lesconsidérait, il
y a encore 2décennies,
comme des races en voie de
disparition,
tant il semblait certain quequelques
systèmes
deproduction,
utilisant les meilleures racesspécialisées,
suffiraient àsatisfaire tous les pays et
régions
du monde.Aujourd’hui
encore, on ne sait pas leurattribuer de fonctions
précises
même s’il sedégage
un consensus sur un double écueilstratégique :
ces races doivent éviter d’unepart
de devenir des «racesreliques»
et d’autrepart
d’entrer en concurrence directe avec les racesmajeures.
Leur devenirpasse par l’identification et la
gestion
de leuroriginalité
pour valoriser certainscréneaux bien
spécifiques;
cessegments
de marchépeuvent
être basés sur un ouplusieurs
facteurs dequalification
(différenciation)
dont larace, le(s) produit(s)
élaboré(s),
l’image
de larégion,
la filière deproduction,
etc,
ouplus
probablement
sur la cohérence entreplusieurs
de ces déterminants.Cette
analyse
se renforce avec le mouvement de décentralisation et derégionali-sation en cours en France. En
Europe
del’Ouest,
lagestion
des races locales s’inscritdans les
problématiques
del’agriculture
territorialisée,
l’agriculture
desterroirs,
lessystèmes
agraires
locaux,
lapolitique
desappellations d’origine,
etc.Faut-il s’étonner de constater que la science a, elle
aussi,
développé
sesconnais-sances en
privilégiant
les univers certains et lagestion
centralisée? L’ensemble desmodèles et des
technologies
mis aupoint
pourgérer
«lagénération
des animaux»(Vissac
etVallerand,
1993)
ont,
jusqu’à récemment,
privilégié
totalement lapro-ductivité pour découvrir le
risque
potentiel
dû à laperte
de diversitégénétique.
Les
applications
concrètes desbiotechnologies
sont recherchéesprincipalement
pour accroître et
diriger
avecprécision
leprogrès génétique
pargénération
des racesdominantes ou pour conserver in vivo des éléments de diversité. On est en droit de
penser que ces
technologies
du vivantpourront
fournir une gamme de solutionspratiques
pour assurer lagestion
génétique
des races locales. Encorefaut-il,
pourque la seule
disponibilité
destechnologies
n’oriente les décideurs et lesgestionnaires,
que la rechercheélabore,
enpréalable,
des méthodes et desconcepts
appropriés.
LES RACES
RÉGIONALES : UN
CARREFOURD’INTÉRÊTS ET
D’ENJEUXLes races
régionales
sont au carrefour demultiples
enjeux
et intérêts que nousDu
point
de vue des ressourcesgénétiques
Pour le
généticien chargé
d’identifier etd’expliquer
la diversitégénétique
etalléli-que, ces
populations
sont sourcespotentielles
de variabilitégénétique insoupçonnée :
allèles rares,
fréquences alléliques
intéressantes. Lesdéveloppements
récents de cesdisciplines
vers leséquençage
dugénome
d’unepart et,
d’autrepart,
versl’identifi-cation de
gènes
majeurs
ou d’allèles actifs(liés
à la valeurfromagère
deslaits,
parexemple)
ontplacé
lespopulations régionales
sous leprojecteur
de ceschercheurs;
-
pour le sélectionneur
(généticien quantitatif)
elles constituent une autrerace à
gérer
et sélectionner enappliquant
des méthodeséprouvées
pour créer etdiffuser le maximum de
progrès génétique;
leur intérêt réside dans la validationet
l’adaptation
des outils et solutionsorganisationnelles
éprouvés,
à une nouvellesituation
zootechnique
etgénétique;
la diversitégénétique
est ici une base àfaçonner,
ouplus
exactement à fairefaçonner
par uneorganisation
deproducteurs
et de
services;
-
pour le
gestionnaire
des ressourcesgénétiques,
cespopulations
constituent desréservoirs de
gènes
ou degénotypes
àpréserver.
Compte
tenu des urgences et des moyensaffectés,
lagestion
des races locales n’est pas unepriorité.
Seulcompte
lefait que le réservoir demeure
disponible.
Dans tous les cas, c’est la diversité
génétique
ou situationnellequi
focalisel’intérêt des chercheurs et
gestionnaires.
Ils doivent assurer unefonction
deréser-voir,
qui participe
plus
de la missiongénérale
d’assuranceque
de celle de maintiend’un tissu social et
productif
dans lesrégions
concernées. Dupoint
de vue dusystème régional
d’élevage
Chacune de ces races, seule ou en concurrence, constitue le
support
deproduction
de
systèmes d’élevage d’envergure régionale.
Cequi
signifie
queplusieurs
types
d’activités directes(élevage)
et induites(transformation,
fournitures,
services,
commercialisation)
etplusieurs
niveaux d’acteurs(éleveurs,
groupes, réseaux etservices,
décideursprofessionnels,
administratifs etpolitiques)
sont concernés par lagestion
du matériel animal. Pour cesacteurs,
la racerégionale
est «laleur»,
c’est-à-dire avant tout une race
différente
desautres,
qui participe
de l’identité collectivede leur communauté
(Laurans,
1989;
Flamant etal,
1991).
Toute race locale doitdonc être
appréhendée
à travers ses 3 fonctions :-
socio-économique :
elle estsupport
desystèmes
deproduction
etd’emplois,
directs et
induits ;
-stratégique :
elle constitue unatout,
effectif oupotentiel, d’originalité
voire derente;
- culturelle
et
symbolique :
c’est un élément souvent trèsimportant
dupatri-moine et de l’identité
régionaux.
Ces fonctions concernent avant tout la communauté locale et sont souvent soutenues par la collectivité
régionale,
avecquelques
aides nationales voireArticuler les
exigences
Les
méthodologies
et modèles dont nous avons besoin devrontpermettre,
à lafois,
degérer
une ressourcegénétique
(temps long)
qui
est aussi une ressourceéconomique
actuelle(temps réel)
oupotentielle
(moyen terme),
pourplusieurs
activités(multiplicité
d’objectifs
et detemps) ;
- articuler des
enjeux
régionaux
et desenjeux
d’ordresupérieur
(multiplicité
decritères) ;
-organiser
unegestion
multi-acteurs et multi-niveaux au sein d’une communautéqu’elle
contribue à structurer et àpérenniser.
La
gestion
des races localesprésente
tous les attributs d’unobjet complexe
puisqu’il
existe au moins une circularité entre 2 niveauxd’organisation.
Cettecomplexité
doit être modélisée en tant que telle : ils’agit
de se donner les moyensd’agir
consciemment sur unobjet complexe
sans chercher apriori
à lesimplifier
(le
mutiler)
en fonction des connaissancesfragmentaires
disponibles.
LA GESTION HABITUELLE D’UNE POPULATION
RÉGIONALE
Qui gère quoi ?
En fonction dequoi ?
Une race locale
peut
êtreapprochée
comme l’ensemble des animaux utilisés selondes orientations communes, par des éleveurs
qui
ont despratiques
de conduiteet de sélection communes et connectées
(échanges
fréquents
de matérielanimal).
Enpratique,
celasignifie qu’une
tellepopulation
animale est structurée selon unedouble hiérarchie de
complexité
(Vallerand
etal,
1992a) :
-en niveaux
d’agrégation
du matériel animal :lots,
troupeaux,
«sous-race», race;-
en niveaux
d’organisation
des activitésd’élevage :
1)
leséleveurs,
2)
les groupes etréseaux,
lesgroupements
constitués,
3)
lesmicro-régions,
larégion.
La
gestion
de la race est assurée par une hiérarchiespécifique
ethybride
entre les 2principaux
niveauxpertinents
d’unsystème
deproduction
animale :- le
niveau éleveur
gère
à la fois le niveau animal et le niveautroupeau;
- lesréseaux,
à identifier et àcomprendre,
permettent
des connections habituellesentre les
troupeaux
sous forme de circulation desreproducteurs.
Une série de différenciations
ajoutent
à lacomplexité
initiale :- des
spécialisations
entre éleveursapparaissent
souvent(naisseurs
réputés
ouexclusifs)
en fonction de l’histoirelocale,
de la taille desexploitations,
des couchessociales
qui
constituent une véritable «hiérarchie raciale»(exemple :
lesystème
Charolais
analysé
parCavailhes,
1989) ;
- des structures
plus
formalisées degestion
(exemples :
livresgénéalogiques,
UPRA
2
)
se sont souventdégagées
etplus
ou moins fortementimplantées.
Pour aider à la
gestion
d’unobjet complexe -
et nous venons de montrerqu’une
race est bien unobjet complexe -
il faut construire des modèles de sonfonctionnement.
Le modèlegénérique
d’unsystème piloté
(Lemoigne, 1990)
estdéfini par 3
composantes :
2
-
l’objet
de lagestion;
dans notre cas une raceanimale;
- l’acteur
(ou
lecollectif)
qui
décide pour choisir les orientations etpiloter
lessystème
en fonction des réactions et modifications dusystème;
- le
sous-système
de mémorisation et d’informationqui
permet
en permanenced’être informé sur l’état de la race et
qui
constitue lesiège
dupilotage
entre les décisions. Enpremière
approximation,
cette mémoire dusystème
qui
englobe
lesreprésentations
(dont
procèdent
notamment les éléments sociaux etculturels)
etles
règles
d’action utilisées par lesacteurs,
se manifeste concrètement par leurspratiques.
L’ambition des modèles recherchés «d’aide à la
gestion»
est d’identifier lesméca-nismes et les niveaux
pertinents
parlesquels
pourront
être introduites les inno-vations souhaitées en favorisant l’évolution et la durabilité dusystème d’élevage.
Les connaissances élaborées ou mobilisées par la recherche doivent atteindre les
systèmes
de mémorisation des acteurs concernés. Enclair,
il faut obtenir unemo-dification
progressive
et souvent collective d’un certain nombre depratiques
tanttechniques
que sociales etpolitiques
(maîtrise
de la lutte desenvies, rapports
aupouvoir,
etc).
Objectifs
d’éleveurs etpratiques
communes de choix desreproducteurs
Les éleveurs de race locale demandent
généralement
àleur(s) troupeau(x)
d’assurerplusieurs fonctions ;
c’est laprincipale
raison pourlaquelle
les racesspécialisées
ont étérejetées,
souventaprès essai-échec,
par lesplus dynamiques
des éleveurs.Aux fonctions
classiques
deproduction,
il fautajouter
des critères definalisation
relatifs à la valorisation des
productions
sous forme deproduits typés
(de
terroir,
par
exemple).
Enoutre,
dans ces formesd’élevage
(plus
ou moinséloignées
del’in-tensification maximale
possible),
la consommation d’intrants est raisonnée selon desstratégies d’épargne
et de soutien du niveauproductif pendant
certainespériodes
jugées
critiques
et non parrapport
à l’obtention desperformances
maximales. Il enest de même pour les
temps
de travaux et la conduite du matériel animal.Ces
compromis
entre fonctions sont le fruit d’unelongue
expérience qui
privilégie
de fait une très forte sécurité pour maîtriser les variations entre années et les aléas de toute sorte. Cette maîtrise est trèsautarcique. Jusqu’à
uneépoque récente,
ellefaisait peu
appel
à des moyens derégulation
extérieurs(soutien
desprix,
aides auxstructures,
etc),
notamment parce que les référentielstechnico-économiques
et lestechnologies
utilisables necorrespondaient
pas vraiment à la manière de fonctionnerde ces formes
d’élevage.
Cet ensemble cohérent
d’objectifs
estpoursuivi
avec succèsgrâce
à dessystèmes
de
pratiques
dont nous n’extrairons ici que lespratiques
de choix et de circulation desreproducteurs.
Au niveau des critères de choix desreproducteurs,
nous avonsretrouvé un ensemble de
règles
communes à de nombreuses races locales. Ce corps derègles
issu del’expérience
permet
unesynthèse
efficace entre les différentsobjectifs
poursuivis.
Sans détailler nous retiendrons que les éleveursprivilégient
d’abordl’adaptation
aux contraintesrégulières
dusystème d’élevage :
fort saisonnement dela ressource
alimentaire, capacité
forted’ingestion
enpériode favorable,
régularité
et
longévité
desperformances,
acceptation
depériodes
derécupération
sous formeet
qualitatives,
n’interviennentqu’en
second rang(les
champions
sontexigeants
etfragiles).
Enfin les éleveurs yajoutent
un certain nombre de caractèresqui
facilitent leur travail de conduite :
grégarité,
instinct maternel(lié
àl’imprégnation
etl’apprentissage
«sous lamère»),
diversité des robes et marquespermettant
l’identification. De
fait,
les éleveurs sélectionnentbeaucoup plus
desaptitudes,
dont l’hérédité est mal connue voire faible
(liaisons
avecl’imprégnation),
que desperformances
ou ensemble deperformances
(critère
desélection)
dont l’héritabilitéest bien connue.
Ces fonctions et ces
aptitudes
du matériel animal enproduction
sont obtenues parun ensemble cohérent de
pratiques qui jouent
sur lescomplémentarités
(Casabianca,
1988)
et les interactionscomplexes
entre le niveau animal(critère
de choix desreproducteurs)
et le niveautroupeau
(conduite
des carrières desfemelles,
structuredémographique
etproductive, complémentarité
de fonctions entreanimaux).
Au sein d’un
système d’élevage
régional
lespratiques
deconduite,
de choixet d’utilisation des
reproducteurs
sontgénéralement
communes ou trèsproches.
À
titred’illustration,
le tableau 1présente
l’analyse
despratiques
de choix desreproducteurs
chez lespasteurs
corses de brebis ou de chèvre laitière(pratiques
que nous avons retrouvées
quasiment
identiques
dans le bassinméditerranéen)
enfonction des 4 voies
possibles
de transmission desgènes
et donc degestion
génétique.
Pratiques
collectives degestion
deséchanges
dereproducteurs
Les
reproducteurs
mâles sontrenouvelés,
pourpartie
(moitié), par
acquisition
auéleveur en fonction de sa
réputation personnelle,
de laproximité
(ou
non s’il y avolonté de
changement
desang)
de sonsystème d’élevage,
de laréputation
de lamicrorégion
(razzinu
oulignée).
C’est le fournisseurqui
choisit lui-même un filsd’une de ses mères à
aptitudes
connues pour le fournir à celuiqui
lui a demandéde lui
garder
un bon bélier. De véritables réseauxd’échanges,
relativement stables(pratiques
defidélisation),
mais aussi connectés entre eux, se sont constitués etperdurent.
Ces réseauxd’échanges
dereproducteurs
(Casabianca, 1977)
sont àrapprocher
des travaux delinguistes
deslangues régionales;
les vocables construits autour de la racine «race» et utilisés par les éleveurs dans leslangues régionales
caractérisent les animaux
qui
ontplus
ou moins les mêmes gammesd’aptitudes
et
qui
sont doncrégulièrement échangés
entreélevages
de mêmetype.
Cettetransaction
(échange,
don,
troc,
vente)
correspond
donc à unepratique
sociale. Elleconstitue
même,
avec l’entraide à la tonte et d’éventuelsdépannages
à latraite,
laprincipale
occasion de transaction collective entre membres de la communauté deséleveurs.
Limites de cette forme de
gestion
Cette
gestion
est manifestement efficace(elle
est parvenuejusqu’à
nous),
peuexi-geante
en créditspublics
(élevage
peusoutenu)
et aengendré
une sélectioncer-taine de
plusieurs
racesoriginales
(créneaux particuliers).
Cette forme de sélectionprésente
néanmoinsplusieurs
limites.Limites
génétiques
Elles sont de nature
démographique
pour la voiefemelle.
Lalongueur
descarrières,
lapratique
de choix sur femelles matures et lamultiplicité
des critères laissent peud’excédents femelles par
génération.
À
titred’exemple,
dans untroupeau
de brebis laitières enCorse,
pour 100fe-melles il y a 18
primipares,
17 en seconde mise-bas et donc 65 brebis matures. Cesdernières donnent naissance
chaque
année à unegénération
d’environ 31agnelles
àla naissance et 29 au sevrage. Les éleveurs éliminent les filles de femelles tardives
(mal
désaisonnées,
soit 7 à20%
selon lesannées)
et les filles de brebis àproblèmes
(très
difficile àtraire,
santéfragile,
vorace mais peuproductive,
etc,
soit 10 à14%).
Il reste donc comme candidates à la sélection de l’ordre de 20 à 24 dont ilsde-vront
garder
19 ou 20 afin d’en obtenir 18 à lapremière
mise bas. L’intensité de sélection(pourcentage
de choixpossible après
élimination)
par la voie femellen’est,
en moyenne, que de 5 à
20%.
Des observations similaires ont été faites enélevage
porcin
extensif sur le renouvellement des truies.Il y a tout lieu de penser que les
biotechnologies,
actuellement ouprochaine-ment
disponibles,
concernant la maîtrise de la voie femelleseront,
sous certainesconditions,
mobilisables
pour contribuer audéblocage
de cette voie.Sur la voie
mâle,
les limitations sont liées à une méconnaissance despaternités,
à la faible
précision
génétique
aveclaquelle
sont connues les mères àreproducteur
(sauf
contrôle desperformances),
audécalage
degénération
entre les caractères observés chez les descendants et l’évaluation des meilleursmâles ;
cette méthode deAutres limites
Cette forme de
gestion
génétique
souffre d’une absence de reconnaissance dans lesreprésentations
que s’en font les divers acteurs intéressés. La recherchen’ayant guère
produit
de modèles degestion
pour ces races, cette forme n’est pas connue avec larigueur
nécessaire pourpréciser
sesavantages
et limites. Elle est donc nonenseignée,
seule est
enseignée
la sélection des racesspécialisées.
Situationqui
conduit les diversagents
des servicestechniques
et de l’administration à ne pas savoir identifier lesstratégies
àpromouvoir.
Les
pratiques
administrativesprivilégient
donclogiquement
un seul modèled’organisation,
fondé sur les notions de standard de race et de Livregénéalogique
et issu de
l’anglomanie
(Vissac
etVallerand,
1993),
puis
sur le binôme schémade sélection-UPRA. Il n’est donc pas étonnant de constater que les
éleveurs,
gestionnaires
«de fait» des raceslocales,
ne saventplus
eux-mêmes si leur raceexiste,
si c’est une race àpart
entière etquelles
sont sesqualités.
Laplupart
deséleveurs ont été confrontés à ce doute et ont
parfois
essayé
des croisements avecde «vraies races», bien reconnues, au marché des
reproducteurs
organisé
et auxperformances
établies. Cette confrontation entre racesqu’ils
ont vécu dans leurpropre étable affecte
également
lesreprésentations
etl’imaginaire.
Il n’est donc passurprenant
de trouver si peu d’éleveursqui
ne soient pas inhibés dans leur volontéd’agir
par cerapport
inégal
aux races dominatrices.CHANGER DE MODE DE GESTION
Principe
Le maintien de ce
type
de ressourcesgénétiques
animales(encore
enproduction)
est très intimement relié aux
pratiques
degestion
des éleveurs. Il seraitcependant
illusoire de
prétendre
conserver telsquels
cessystèmes
in vivo(écomusée,
parcsrégionaux,
réserves...).
Il fautexpérimenter
et élaborer desméthodologies
et desmodèles afin de faire évoluer des ensembles de
pratiques
d’élevage
en fonction del’évolution de l’environnement
éco-socio-politique.
Ces modèles dedéveloppement
permettent
de passer d’unsystème
de valorisation à un autre tout en conservantles
(ou
l’essentieldes)
caractéristiques
dupatrimoine
génétique représenté
par ces racesrégionales.
Ce sont donc des modèlesparticipant
dudéveloppement
durable. Notrerecherche,
principalement
en Corse sur toutes lesespèces
d’intérêtzootech-nique
mais aussi en relation avec d’autreschantiers,
montre que lesquestions-clés
àprendre
encompte
ne concernent pas d’abord leprogrès génétique,
ni mêmel’or-ganisation
des éleveurs mais d’abord : comment et parqui
estgérée
la très forte incertitude propre à une transaction sur despotentialités
génétiques ?
Les autresaspects
impliqués
dans les transitions de mode degestion
génétique
doivent êtrereplacés
parrapport
à lagestion
de cette incertitude.Nous avons mis
plusieurs
années àinterpréter
et bien traduire la demande sociale des éleveurs corses. Cequ’ils
nous demandaient enfait,
même s’ilsparlaient
desélection,
ce n’était pas de créer duprogrès génétique
mais de les aider à se procurerrecherche pour aider à
organiser
un marché desreproducteurs
et le rendre moins incertain.Les sociétés
pastorales
sont,
dupoint
de vue des ressourcesgénétiques,
beaucoup
moins hiérarchisées que les autres sociétés d’éleveurs. Il n’existe pas en leur
sein d’élite et de hiérarchie
raciale,
comme cela a étéanalysé
par ailleurs. Plusgénéralement,
onpeut
observerqu’à chaque
forme degestion
génétique
d’unepopulation correspond
un moded’organisation
des éleveurs et acteurs. Si les raceslocales
correspondent
à une société assezégalitaire,
les races àstandard,
à livregénéalogique
(anglomanie)
ont surtout été promues par des notables locaux enquête
deprestige
et depouvoir.
Cela a favorisé une certaine aristocratie de race :les sélectionneurs
producteurs
delignées.
Quant
aux races à schéma desélection,
elles sont indissociables d’une société en voie de
spécialisation
etd’industrialisation;
iln’y
aplus
de hiérarchie d’éleveurs mais hiérarchie de schémas-race et de centresrégionaux
d’insémination.Ainsi conçue, la modification d’une
gestion
génétique
doit êtreappréhendée
autravers d’une
approche pluridisciplinaire
oùgénéticiens
etsociologues
ont leurplace.
Mobilisation deconcepts
opératoires
L’économie des conventions
part
du constatqu’il
existetoujours
une incertituderadicale lors d’une transaction entre
opérateurs.
Cette incertitude est maîtrisée enréférence à une «Nature» ou
«Principe
de rationalité» commun aux transactants etqui
permet
la coordination de l’action.Boltansky
et Thévenot(1987)
ont identifié6 natures dont les 4
principales
sontrespectivement
fondées sur :- la
réputation
et la coutume : formedomestique;
- l’offre et la demande et larégulation
par lesprix :
formemarchande ;
- lesprocédures
de contrôle et de standardisation : formeindustrielle ;
-
un bien commun
qui
transcende les intérêtsparticuliers :
formecivique.
Un
système
dequalification,
véritable processussocial,
est mis enplace
pourorganiser
les transactionshabituelles ;
ainsi en est-il pour lesreproducteurs.
La sélection habituelle comme forme
domestique
En
Corse,
l’insularité et l’histoireparticulière
aidant,
toutes les filièresd’élevage
sont en
grande partie
basées sur des racesrégionales.
Cette situationpermet
demieux se rendre
compte
que la manièrepastorale
degérer
le matérielgénétique
répond
à tous les critères d’une formedomestique
de transaction telle que l’a définie Thévenot. Nous avons décrit comment le choix desreproducteurs gardés
et leurséchanges
sont fondés sur la connaissance directe de l’éleveur sollicité(jamais
l’éleveur demandeur ne choisit directement tel ou
tel
mâle).
Cetéchange
est donc caractérisé par une connaissance directe ou deréputation
entre les 2 éleveurs. Cetéchange
est satisfaisant pour les 2parties
car ilimplique
des relationsspécifiques... :
-
au
temps :
confiance dans la coutume et lespratiques sociales,
satisfactionéprouvée
lors desprécédents
échanges;
- àl’espace :
l’éleveur,
l’élevage,
la sous-racemicro-régionale d’origine
sont- à l’autorité : ce
système
a fait ses preuves et les conflitsqui
peuvent
apparaître
sont
gérés
par desrègles
socialesprécises
(remplacement
un pour un et sans fraisd’un animal
défectueux).
Les schémas de sélection comme forme industrielle
Les schémas de
sélection,
indissociablesaujourd’hui
de la reconnaissance officielle des races,procèdent
d’une tout autrefaçon
pourorganiser
le choix et la diffusiondes
reproducteurs.
Au travers du contrôle deperformance
en ferme et del’enregis-trement des
filiations,
la valeurgénétique
dechaque reproducteur
est calculée autravers d’un arsenal
statistique qui développe
les lois de lagénétique quantitative.
Ce
système qualifie
donc directementchaque
animal sans aucune référence à son lieu ouélevage d’origine.
Deplus,
laqualification
est réalisée par un Tiersqualifiant,
organisation complexe,
très informatisée et de ce faitéloignée
deséleveurs-sélec-tionneurs même si certains de leurs
représentants,
lesresponsables
desUPRA,
sont associés à lagestion
de la chaîne d’indexation.L’importance
desprocédures
fait quenous avons affaire à une coordination industrielle
quasiment
pure,qui impose
unetout autre référence au
temps
(temps
linéaire de lamodernité,
leprogrès génétique
est lemoteur),
àl’espace
(disparue,
seule la valeurgénétique
compte)
et à l’autorité(la
CNAG,
leCTI,
lesgénéticiens,
lesEDE
3
,
les UPRA sont les exécutants de lanouvelle
autorité,
la sciencegénétique,
sciemment établie par la Loi surl’élevage
de
1966).
Un saut
impossible
Une telle
grille d’analyse
met en évidence la confrontation de 2 formes puresqui
s’excluent mutuellement. Elle
impose
clairement de considérer que des éleveursen mode de
gestion
habituel nepeuvent
concevoir un passage direct au mode degestion qui
leur estproposé.
Eneffet,
ce passagereprésente
à leurs yeux uneprise
de
risque
insupportable.
C’est aussi cequi
explique qu’ils
soientplus
enclins àessayer un ou
plusieurs
reproducteurs
d’une race sélectionnéesupposée
amélioratricedes
performances
de leurtroupeau
(élargissement
local etpartiel
dudomestique)
plutôt
que des’engager
d’emblée dans la démarche dedélégation
degarantie
auxprocédures
(passage
àl’industriel).
ESSAI DE
MODÉLISATION
Hypothèse
de travailLes difficultés rencontrées en Corse pour mettre en
place
un schéma de sélectionde la brebis laitière et pour concevoir un schéma
adapté
au porc coureur, sontrévélatrices des
enjeux
et des mécanismes à maîtriser pour favoriser lechange-ment de
système
dequalification
desreproducteurs.
Nous formulonsl’hypothèse,
3
conforme aux travaux des économistes des
conventions,
qu’il
existeobligatoire-ment une
période
detransition,
nécessairementlongue
(pas
detemps
propres de lagénétique)
durantlaquelle
2systèmes
dequalification,
relevant de 2natures,
sontconfrontés. Cela accroît fortement l’incertitude et ouvre nécessairement une
crise,
bien
analysée
par Thévenot(1989).
Lesétapes
de sortie de la formedomestique
nepeuvent
être maîtrisées que si cette incertitude accrue estgérée.
Notre contributionméthodologique
(Vallerand
etal,
1992b)
cherche donc à montrer commentgérer
lesconflits,
conflits que la recherche aura contribué àcréer,
defaçon
à aider les acteursà
négocier
entre eux descompromis
acceptables.
Des
étapes
ànégocier
Sans
développer longuement
laprésentation
des travauxmenés,
nous pouvons icifaire ressortir
quelques
acquis
méthodologiques
majeurs.
L’exemple
ayant
accédé au stade leplus
avancé est celui des brebis laitières.La base de sélection considérée comme suffisante pour
organiser
un schéma est de 10 000 à 15 000 brebis en contrôle deperformance.
Dès que les conditions ontété
réunies,
ce seuil a été aisément atteint(Barillet
etProst,
1981).
Or,
un telschéma doit
produire
en croisière de l’ordre de 125 béliers par an. Unrapide
examen de l’évolution des indicateurs du schéma montre que lespaliers
ont étébeaucoup plus longs
queprévu.
Au-delà d’uneinterprétation négative
despertes
de
charge
constatées(informations
techniques,
adhésion deséleveurs,
réticences desorganismes),
nous proposons de considérerqu’elles
sont révélatrices desinquiétudes
des éleveurs et de leur manière de faire face aux incertitudes apparues(tableau
II).
Cette
étape
de transition a conduit les acteurs concernés à faireémerger
unstade
intermédiaire,
nonprévu
ouprogrammé
(et
donc vécu commegênant
par lessélectionneurs)
et directement lié àl’apparition,
dans les nouvellesrègles
dujeu,
d’une structurecomposite
etparitaire
(éleveurs,
techniciens,
servicesimpliqués)
qui
qualifie
lesreproducteurs,
le tiersqualifiant.
Cette intrusion du Tiersconduit,
defait,
à assimiler l’innovationgénétique
à untransfert
d’autorité.Accepter
l’inclusionde ce Tiers dans des transactions initialement directes
oblige
à unapprentissage
dugroupe (les éleveurs
sélectionneurs),
avec un niveau d’incertitudeacceptable
pourtoutes les
implications
techniques,
organisationnelles
et sociales de l’innovation.Ainsi,
lechangement
de mode degestion
doit,
étape après étape,
réussir à sepérenniser
en faisant évoluer tout à la fois :- les
caractéristiques démographiques
etgénétiques
de lapopulation,
cela étantpermis
par larenégociation
entre éleveurs despratiques
de conduite descarrières,
(Vallerand
etal,
1992a);
- les relationsentre éleveurs
partiellement
dessaisis de leur autonomie dedécision,
avec des techniciens
locaux,
desingénieurs
extérieurs,
des instancesprofessionnelles
et mêmepolitiques
(pérennité
desfinancements) ;
-
l’adaptation
des outils collectifs(exemple :
calculs issus du contrôlelaitier).
Une
régulation
par la naturecivique
À
ce stade de la race en coursd’organisation,
le but n’est pas d’accroître leprogrès
mais de
développer
la confiance dans les nouvelles coordinations. Le véritableobjectif
esttriple :
- diminuer l’incertitude
proprement
génétique
(procédure
anti-aléatoire)
enfournissant aux éleveurs des
reproducteurs
de valeurgénétique régularisée
par leprogramme de
sélection ;
- améliorerpar
étapes
assimilables(apprentissage collectif)
lacapacité
denégociation
etd’auto-organisation
des différents niveaux d’acteursimpliqués.
Audépart,
chaque
type
d’acteur avait sa proprereprésentation
de la race locale et de sondevenir ,
cesreprésentations
deviennent sinonuniformes,
du moinscompatibles
entre
elles;
- sortir du discours de la
spécificité
(notre
race est lameilleure)
enacceptant
dejouer
lejeu
de la reconnaissance : connaître sonpatrimoine
pour le faire reconnaîtrepar les autres
régions
(selon
des critères etprocédures
communes),
ouvrir sesreprésentations
par la confrontation etl’échange
(on
dialogue
mieuxquand
on est sûr de sonidentité).
En
Corse,
nous contribuons à maîtriser l’incertitude de crise duchangement
de mode de
gestion
par un recoursexplicite
à la naturecivique,
c’est-à-dire auxdimensions
patrimoniales
et culturelles des races locales. Le rôlesymbolique
de lareconnaissance officielle de la race a
été,
à cetégard,
déterminant. Cesdimensions,
communes aux différents
types
d’acteurs,
constituent la base del’intégration
d’intérêts en formalisant un intérêt
supérieur
transcendant les intérêtsparticuliers.
CONCLUSION
La
position
de la recherche n’est donc pas d’élaborer en laboratoire des solutionsoptimales,
prêtes
àl’emploi,
mais de fournirprogressivement
aux divers acteursimpliqués
des éléments et desprocédures
pour les aider dans leursnégociations.
Dans cetteoptique,
les modèlesdisponibles
offrent descaractéristiques
diverses.Le modèle du schéma
pyramidal généralement proposé
en France semble trèsloin des
pratiques
d’échanges
desreproducteurs
en race locale. Saconception
demise en
place
niegénéralement
lapréexistence
de cespratiques
(gestion
exnihilo)
et
s’oppose,
parignorance,
à la structure sociale enplace.
L’élite de sélectionneursque le schéma tente de
légitimer devient,
par la distinctionopérée,
source de conflitset occasion de violence
symbolique
au sein de la société d’éleveurs.Le maintien et la
promotion
(amélioration)
d’une racerégionale
ne vont doncpas de soi. Il
s’agit
d’un processus socialcomplexe
(nombreux acteurs)
etémergent
(partiellement imprévisible).
On manque de modèles degestion
purement
génétique
des racesrégionales
(d’effectif
moyen)
fondés sur des noyaux ouverts ets’appuyant,
en les
intégrant,
sur les réseaux dedialogue
entre éleveurs. Des modèles de schémas à amorce réticulaire nous semblent àpréciser.
Leurconception
telle que nous l’avonsesquissée,
est de nature à mobiliser les structures sociales existantes et solidariserRÉFÉRENCES
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