Les hêtraies atlantiques à Houx de la Directive " Habitats " en Auvergne
Guillaume CHOISNET Laurent SEYTRE
Décembre 2003
SOMMAIRE
1. - INTRODUCTION...2
2. - METHODOLOGIE...3
3.- RESULTATS...4
3.1. - La Hêtraie à Houx au regard de la Directive « Habitats »... 4
3.2. - Les différents types de hêtraies à Houx présents en Auvergne ... 6
3.2.1. - Les hêtraies acidiclines………6
3.2.2. - Les hêtraies acidiphiles………..15
3.3. - Discussion...27
4. - LA HETRAIE A HOUX DANS LE RESEAUNATURA2000EN AUVERGNE...29
5. - CONCLUSION...31
BIBLIOGRAPHIE...32
ANNEXES...35
1. - I
NTRODUCTIONMalgré la parution des « cahiers d’habitats » forestiers, qui ont pour vocation une aide à la reconnaissance des habitats de la Directive, la déclinaison des habitats génériques Natura 2000 au contexte local, se heurte encore à des difficultés d’interprétation. La connaissance phytosociologique du Massif Central est en effet fragmentaire et peu étayée. Outre cette lacune de connaissances, l’interprétation des végétations est souvent compliquée en Auvergne par des difficultés inhérentes aux contextes géographiques variés qui y règnent et parfois se mêlent.
La reconnaissance fiable des habitats de la Directive constitue le préalable indispensable à l’élaboration des documents d’objectifs et à l’évaluation des sites d’intérêt communautaire. La Direction régionale de l’environnement (DIREN) d’Auvergne a ainsi confié au Conservatoire botanique national du Massif Central une étude des « hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilexet parfois à Taxus (Quercion robori-petraeae ou Ilici-Fagenion) » (code Natura 2000 : 9120), que nous qualifierons plus simplement tout au long de ce travail de « hêtraies à Houx ». La caractérisation et l’identification de ces végétations ont posé plusieurs types de problèmes aux opérateurs des documents d’objectifs en Auvergne :
- ces végétations atlantiques sont-elles présentes dans l’Est du Massif Central où l’influence atlantique est peu marquée ?
- peut-on inclure à ces hêtraies les forêts liées aux sols légèrement acides faisant la transition écologique entre les forêts acidiphiles et les forêts neutroclines ?
- les stations dominées par d’autres essences que le Hêtre mais présentant des potentialités de hêtraie, doivent-elles être incluses au réseau Natura 2000 ?
2. - M
ETHODOLOGIECompte tenu des problèmes de caractérisation évoqués ci-dessus, l’objectif premier de ce travail a été de vérifier, au sein du réseau Natura 2000, si les végétations reconnues comme hêtraies à Houx relèvent bien de la Directive « Habitats ». Cet objectif a nécessité la réalisation d’une synthèse régionale de ces végétations ayant conduit à la mise en évidence des principaux groupements de hêtraies acides auvergnats.
L’étude des hêtraies à Houx a suivi la méthode dictée par la phytosociologie sigmatiste. Elle s’est effectuée en plusieurs étapes :
- recueil de matériel phytosociologique d’après les travaux régionaux ;
- réalisation de relevés de végétation dans des secteurs reconnus comme peu prospectés ; - analyse de ce matériel et mise en évidence des groupements végétaux régionaux (syntaxonomie) ;
- comparaison de ces groupements avec les données bibliographiques régionales et extra-régionales dans le but de les nommer (synnomenclature) ;
- travail sur la répartition et l’écologie de ces forêts d’après les données bibliographiques et d’après la chorologie et la signification écologique des espèces végétales caractéristiques de ces groupements, dans le but de cerner la répartition et l’intérêt des types de végétation mis en évidence ;
- analyse de ces groupements au regard des critères de la Directive « Habitats ».
Environ 320 relevés ont ainsi été analysés, dont 80 réalisés spécifiquement dans le cadre de ce travail. Les relevés phytosociologiques, réalisés sur des unités homogènes de végétation, ont été effectués en prenant en compte l’échelle d’abondance-dominance de BRAUN-BLANQUET &
PAVILLARD (1922) :
- 5 : nombre d’individus quelconque, recouvrant plus des ¾ (75%)de la surface du relevé, - 4 : nombre d’individus quelconque, recouvrant plus de ½ (50%) à ¾ (75%) de la surface, - 3 : nombre d’individus quelconque, recouvrant plus de ¼ (25%) à ½ (50%) de la surface, - 2 : individus très abondants ou recouvrant au moins 1/20 (5%) de la surface,
- 1 : individus assez abondants, mais degré de recouvrement faible, - + : individus rares ou très rares, recouvrement très faible,
- r : 2 ou 3 individus présents, recouvrement très faible, - i : un seul individu présent, recouvrement très faible.
L’échelle de sociabilité (correspondant au deuxième numéro dans les tableaux phytosociologiques) adoptée est celle de BRAUN-BLANQUET & PAVILLARD (1922) :
- 5 : espèce se développant en peuplements, - 4 : en petites colonies,
- 3 : en troupes, - 2 : en groupes, - 1 : isolément.
L’ensemble des relevés a été analysé sous forme de tableaux phytosociologiques. Les tableaux des annexes 1 à 4 présentent un extrait des relevés représentatifs des différents types de forêts reconnus. Les tableaux complets, comprenant l’ensemble des relevés analysés, sont livrés avec ce document sous format informatique. La localisation des relevés figure en annexe 5.
3.- R
ESULTATS3.1. - La Hêtraie à Houx au regard de la Directive « Habitats »
D’après le Manuel d’interprétation des habitats de l’Union européenne, les « Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori-petraeae ou Ilici-Fagenion) » (code Natura 2000 : 9120) répondent à plusieurs critères :
- forêts planitiaires à montagnardes sous climat atlantique humide bien arrosé ;
- végétations se maintenant sur des substrats acides et sur des sols de type brun acide, lessivés ou plus ou moins podzolisés, avec des humus de type moder à dysmoder ;
- forêts relevant du Quercion robori-petraeae et de l’Ilici-Fagenion et correspondant à : y des hêtraies-chênaies planitiaires à collinéennes hyperatlantiques à Ilex et Taxus riches en épiphytes (type forestier non représenté en Auvergne),
y des hêtraies-chênaies planitiaires à collinéennes subatlantique à Ilex aquifolium, y des hêtraies ou des hêtraies-sapinières montagnardes atlantiques avec Ilexen sous- bois.
Concernant l’état de l’habitat, il est mentionné que le « régime de coupe lié à la gestion ancestrale a provoqué la dominance du chêne dans certaines de ces forêts ». On peut donc dire que les sylvofaciès privilégiant le Chêne peuvent être pris en compte dans la Directive.
Cette définition est précisée dans les Cahiers d’habitats Natura 2000 (Tome 1) où les hêtraies à Houx sont déclinées en 4 habitats élémentaires :
9120-1 : Hêtraies-chênaies collinéennes hyperatlantiques à If et à Houx Vaccinio-Quercetum petraeaeClément et al. 1974 taxetosumClément et al. 1974
Forêts limitées géographiquement à la frange littorale de Bretagne et de l’ouest du Cotentin, c’est-à-dire à des territoires soumis à un climat hyperocéanique n’intéressant pas la région Auvergne.
9120-2 : Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx
Vaccinio-Quercetum petraeaeClément et al. 1974 typicumClément et al. 1974
Type forestier connu avec certitude de Bretagne, du Cotentin, de Normandie, de Picardie, du Nord-pas-de-Calais et du Morvan. Sa présence est à confirmer sur la façade ouest du Massif Central.
Forêts liées à l’étage collinéen.
Cet habitat peut être représenté par des sylvofaciès à Chêne sessile (et bien sûr à Hêtre) ce qui « ne porte pas atteinte à l’état de conservation de l’habitat » (cf. paragraphe
« Divers états de l’habitat »).
9120-3 : Hêtraies acidiphiles montagnardes à Houx Ilici aquifoliae-Fagetum sylvaticaeBr.-Bl. 1967
Saxifrago hirsutae-Fagetum sylvaticae
Les cahiers d’habitats mentionnent des « races du Massif Central qui restent à étudier dans le détail (grande extension depuis la façade atlantique jusqu’au rebord oriental - du Massif Central) ».
Ces forêts liées au montagnard inférieur, se maintiennent à des altitudes supérieures à 500-600 m et présentent un cortège d’espèces montagnardes.
Le Saxifrago hirsutae-Fagetum sylvaticae, est uniquement présent au Pays basque ; il n’existe donc pas en région Auvergne.
9120-4 : Hêtraies-sapinières acidiphiles à Houx et Luzule des neiges Luzulo sylvaticae-Fagetum sylvaticaeCusset 1964
Deschampsio flexuosae-Fagetum sylvaticaeLemée 1959 Luzulo niveae-Fagetum sylvaticae (Suspl. 1942) Br.-Bl. 1952 Galio rotundifolii-Abietetum albaeWraber (1955) 1959
Végétations signalées à l’étage montagnard sous influence atlantique (Massif Central, Pyrénées atlantiques et centrales) mais également sous influence méditerranéenne (sud- est du Massif Central, Pyrénées orientales).
Une race à Euphorbia hyberna et Poa chaixii est typique du Massif central
« atlantique ». Une race à Conopodium majus et Silene rupestris est liée au sud-est du Massif Central et aux Pyrénées orientales.
Ces forêts liées au montagnard moyen et supérieur (souvent au-dessus de 700-800 m), sont marquées par la présence du sapin et d’espèces montagnardes.
Au regard des critères de la directive et de l’interprétation nationale qui en est faite, les points communs à toutes les hêtraies à Houx demeurent les influences climatiques atlantiques (caractérisées par la présence du Houx), les sols acides avec la présence d’espèces acidiphiles voire méso-acidiphiles et la présence du Hêtre dont l’abondance au sein des groupements doit être nuancée.
On peut déduire des textes officiels que :
- les forêts acidiclines, présentant un cortège mixte d’espèces des sols acides et des sols plus ou moins riches en bases, ne sont pas prises en compte dans la Directive ; par contre les variantes méso-acidiphiles des hêtraies à Houx (elles seront définies et précisées dans le présent rapport) relèvent bien de la Directive ;
- les chênaies climatiques, forêts collinéennes et planitiaires relevant du Quercion roboris, liées à des climats peu arrosés (précipitations annuelles inférieures à 700 mm) où le Hêtre ne trouve pas les conditions favorables à son développement, ne rentrent pas dans cette catégorie et ne devront pas être confondues avec les hêtraies de la Directive ; - les hêtraies à Houx du Massif Central demandent à être étudiées au niveau de leur aire de répartition et de leur caractérisation phytosociologique, en particulier celles liées aux étages collinéen et montagnard inférieur (l’appartenance à la Directive de hêtraies- chênaies collinéennes reste à confirmer) ;
- les sylvofaciès où le Chêne domine sont pris en compte dans le Manuel d’interprétation des habitats de l’Union européenne; le problème de la dominance d’autres essences comme le Sapin, le Bouleau ou le Pin sylvestre n’est qu’évoquée de manière peu explicite dans les Cahiers d’habitats Natura 2000 (cf. paragraphe « Divers états de l’habitat »). Une ambiguïté reste donc à lever sur la prise en compte au titre de la Directive de certains sylvofaciès de substitution parfois artificiels.
3.2. - Les différents types de hêtraies à Houx présents en Auvergne
L’étude des forêts acides se heurte à plusieurs problèmes dont le principal réside dans la signification des espèces relevées. De nombreuses espèces dites caractéristiques des associations forestières sont en fait liées aux ourlets intraforestiers et ne se développent sous couvert forestier qu’à la faveur des boisements clairs. Ces plantes disparaissent lorsque la strate arborée se densifie, et l’absence de ces espèces dans un relevé phytosociologique est donc difficilement interprétable en terme biogéographique par exemple. L’analyse des relevés doit donc être réalisée sur la base unique de la présence des espèces (et non de leur absence), de la station (paramètres écologiques) et de leur localisation géographique. C’est pourquoi les relevés ont été regroupés dans les tableaux en fonction de leur localisation géographique et des stations qu’ils occupent.
Un autre écueil est celui lié à l’anthropisation des forêts. Les strates arborées et arbustives sont généralement fortement influencées par l’homme et l’interprétation de la dominance des essences est très souvent problématique. En outre, la classification phytosociologique des forêts a longtemps été basée sur la dominance des essences arborées, conduisant à un système quelque peu confus et artificiel.
Enfin, un autre problème lié à l’extrême pauvreté floristique de certaines hêtraies complique la reconnaissance des types forestiers. Une analyse des lisières est alors nécessaire.
Différentes associations forestières ont toutefois pu être reconnues. L’acidité des sols définit deux grands types de hêtraies à Houx en Auvergne : les communautés acidiclines liées aux sols faiblement acides et les végétations acidiphiles des sols les plus acides. Au sein de chacun de ces grands types, l’altitude et l’exposition jouent un rôle discriminant dans le déterminisme des associations forestières.
3.2.1. - Les hêtraies acidiclines
Les forêts acidiclines sont définies par la codominance d’espèces acidiphiles et neutroclines.
Elles ont longtemps été considérées comme variantes (sous-associations généralement) des forêts acidiphiles ou neutroclines mais ont actuellement tendance à être reconnues comme des végétations autonomes. Dans les Cahiers d’habitats Natura 2000, certaines de ces communautés sont mentionnées comme variantes des forêts neutroclines.
Comme il l’a été évoqué, les forêts acidiclines ne sont pas prises en compte dans la Directive au titre des hêtraies à Houx (9120).
Le tableau phytosociologique de l’annexe 1 présente les relevés de ces végétations.
Les hêtraies très appauvries se reconnaissent par la présence de quelques espèces neutroclines : Aspérule odorante (Galium odoratum), Lierre (Hedera helix), Mélique à une fleur (Melica uniflora), Violette des forêts (Viola gr. reichenbachiana), Fougère mâle (Dryopteris filix-mas), Fraisier sauvage (Fragaria vesca), Vesce des haies (Vicia sepium), Sanicle d’Europe (Sanicula europaea), Parisette (Paris quadrifolia), Erable sycomore (Acer pseudoplatanus), Euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), Géranium herbe-à-Robert (Geranium robertianum), Brachypode penné (Brachypodium gr. pinnatum), Chèvrefeuille des buissons (Lonicera xylosteum), Groseillier des Alpes (Ribes alpinum), Erable champêtre (Acer campestris). Ces espèces se rencontrent également dans les ourlets associés à ces forêts en marge des laies et des drèves forestières ou au niveau des lisières.
En fonction de l’altitude et de l’influence climatique, 3 unités ont été mises en évidence : - la Hêtraie-chênaie sessiliflore à Houlque molle et Houx du collinéen ;
- la Hêtraie-sapinière à Géranium noueux et Cardamine à sept folioles, variante acidicline à Pâturin de Chaix et Canche flexueuse, du montagnard à tendance continentale ;
- la Hêtraie-sapinière à Aspérule odorante et Pâturin de Chaix du montagnard sous influence atlantique qui ne relève pas de la Directive « Habitats ».
Groupement végétal Hêtraie-chênaie sessiliflore à Houlque molle et Houx
Syntaxon phytosociologique Groupement à Quercus petraea etHolcus mollis Carpinion betuli Issler 1931
CORINE biotopes 41.13 Hêtraies neutrophiles
Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9130-4 Hêtraies-chênaies subatlantiques à Mélique ou à Chèvrefeuille
Habitat générique Natura 2000 9130 Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt collinéenne se maintenant sur substrats faiblement acides, secs et pauvres en éléments nutritifs, liée à des sols plus profonds que les forêts acidiphiles.
Ce groupement s’observe communément sur socle cristallin à la faveur de zones colluvionnées en mosaïque avec les chênaies-hêtraies acidiphiles.
Forêt à caractère subatlantique hébergeant localement d’importantes populations de Houx.
Ces communautés sont souvent rapprochées du Quercion roboris.
Cette association est proche du Lonicero periclymeni-Fagetum sylvaticae Passarge 1957. Elle présente toutefois un caractère atlantique plus marquée avec notamment la présence d’Ilex aquifoliumet l’absence de Maianthemum bifolium,Melica nutans…
Physionomie, structure
Habitat représenté le plus souvent par son sylvofaciès à Chêne sessile et Hêtre. La strate arbustive est rarement bien développée. La strate herbacée est généralement dominée par Holcus mollis.
Cette forêt est parfois traitée en taillis de Noisetier.
Cortège floristique
Forêt caractérisée par la dominance des espèces du groupe écologique de la Houlque molle (Holcus mollis, Teucrium scorodonia, Lonicera periclymenum) et par la rareté ou l’absence des espèces acidiphiles (Deschampsia flexuosa, Carex pilulifera, Calluna vulgaris). Elle présente également quelques espèces neutroclines en effectifs plus ou moins importants (parfois absentes).
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Chêne sessile Quercus petraea
Châtaignier Castanea sativa Pin sylvestre Pinus sylvestris
Arbustes
Houx Ilex aquifolium Chèvrefeuille des buissons Lonicera xylosteum
Aubépine à un style Crataegus monogyna Noisetier Corylus avellana
Groseillier des Alpes Ribes alpinum Herbacées
Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum
Pâturin des bois Poa nemoralis Houlque molle Holcus mollis
Fougère aigle Pteridium aquilinum Polypode Polypodium vulgare
Mélique à une fleur Melica uniflora Dryoptéride mâle Dryopteris filix-mas Fraisier sauvage Fragaria vesca Laitue des murailles Mycelis muralis Fétuque hétérophylle Festuca heterophylla Néottie nid-d’oiseau Neottia nidus-avis Luzule de Forster Luzula forsteri Stellaire holosté Stellaria holostea
Variabilité
Variante à Mespilus germanica et Sorbus torminalis du collinéen inférieur et moyen (Forêt de Tronçais notamment), des même localités que la Chênaie-hêtraie acidiphile à Alisier torminal
Variante à Abies alba etSorbus aucuparia du collinéen supérieur Variante des sols plus frais à Luzula sylvatica
Bibliographie
BILLY 1997 ; LEMEE 1937 ; PASSARGE 1957
Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Cette forêt, lorsqu’elle est en bon état de conservation, s’intègre dans l’aile acidicline des hêtraies à Aspérule de la Directive. Les formes du groupement où le Hêtre est quasi exclusif sont moins typiques.
Représentativité
Forêt représentative en Auvergne des hêtraies-chênaies acidiclines collinéennes.
Intérêt patrimonial
Forêt subatlantique bien représentée dans les plaines et collines du Centre de la France, vraisemblablement assez répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Chêne sessile semblent constituer les formes mâtures du groupement. Les boisements jeunes peuvent être dominés par le Pin sylvestre et plus rarement par le Bouleau verruqueux.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est actuellement connu de la Forêt de Tronçais (par une forme thermophile), du Sancy, de la Margeride, de la Vallée de la Rhue, de la Sioule, du Val d’Allier.
Groupement végétal Hêtraie-sapinière à Géranium noueux et Cardamine à sept folioles, variante acidicline à Pâturin de Chaix et Canche flexueuse
Syntaxon phytosociologique Groupement à Fagus sylvatica, Geranium nodosum et Cardamine heptaphylla, var. à Poa chaixi et Deschampsia flexuosa
Fagion sylvaticae Luquet 1926
CORINE biotopes 41.13 Hêtraies neutrophiles
Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9130-12 Sapinières-hêtraies à Dentaire pennée Habitat générique Natura 2000 9130 Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt montagnarde (800 à 1260 m d’altitude) à caractère subcontinental, se maintenant sur substrats faiblement acides d’origine volcanique, surtout sur bas de versants colluvionnés.
Les variantes acidiclines de ce groupement apparaissent généralement au contact de hêtraies acidiphiles à Luzule des neiges et assurent la transition entre les forêts neutroclines et acidiphiles. Il s’agit donc généralement de boisements marginaux occupant de faibles surfaces.
Physionomie, structure
Futaie ou taillis sous futaie dominée par le Hêtre, avec ou sans Sapin, régulièrement accompagné par le Frêne. La strate arbustive, rarement bien développée, héberge le Groseillier des Alpes, le Noisetier, le Sureau à grappes et le Houx.
Cortège floristique
Forêt caractérisée par la dominance des espèces neutroclines et la présence de quelques acidiclines et acidiphiles.
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Sapin Abies alba
Frêne Fraxinus excelsior
Arbustes
Houx Ilex aquifolium Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia
Sureau à grappes Sambucus racemosa Noisetier Corylus avellana
Groseillier des Alpes Ribes alpinum Herbacées
Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Luzule des neiges Luzula nivea
Luzule des bois Luzula sylvatica Myrtille Vaccinium myrtillus
Cardamine à sept folioles Cardamine heptaphylla Cardamine à cinq folioles Cardamine pentaphyllos
Géranium noueux Geranium nodosum Actée en épis Actaea spicata
Aspérule odorante Galium odoratum Parisette Paris quadrifolia
Lamier juane Lamium galeobdolon Millet diffus Milium effusum
Mélique à une fleur Melica uniflora Dryoptéride mâle Dryopteris filix-mas
Fraisier sauvage Fragaria vesca Violette de Rivin Viola riviniana
Anemone des bois Anemone nemorosa Stellaire holosté Stellaria holostea
Variabilité
Aucune variabilité mise en évidence.
Bibliographie
BILLY 1997 ; SULMONT et al. 2000
Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Cette forêt acidicline est relativement peu typique des hêtraies à Aspérule de la Directive qui regroupent des habitats essentiellement neutroclines. Il s’agit en effet d’une variante marginale de ces communautés.
Représentativité
Forêt peu représentative en Auvergne des hêtraie-sapinières acidiclines montagnardes dont la majorité, inféodées à des ambiances atlantiques, ne relèvent pas de la Directive.
Intérêt patrimonial
Communauté vraisemblablement typique et peu répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Sapin semblent constituer les formes mâtures du groupement.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est actuellement connu du Devès, du sud du Livradois, du Velay et du Pays de Couzes.
Groupement végétal Hêtraie-sapinière à Aspérule odorante et Pâturin de Chaix
Syntaxon phytosociologique Groupement à Fagus sylvatica, Galium odoratum etPoa chaixii
Fagion sylvaticae Luquet 1926 CORINE biotopes 41.13 Hêtraies neutrophiles
Habitat générique Natura 2000 Ne relève pas de la directive Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt montagnarde se maintenant sur substrats faiblement acides, liée à des sols plus profonds que les forêts acidiphiles.
Ce groupement s’observe communément sur socle cristallin, à la faveur de zones colluvionnées en mosaïque avec les hêtraies-sapinières acidiphiles. Il est également présent sporadiquement sur roches mères volcaniques.
La balance floristique de cette association penche nettement en faveur des espèces neutroclines, et son rapprochement aux forêts du Fagion sylvaticae semble justifié. Ce groupement correspond aux forêts décrites par CUSSET et LACHAPELLE (1961) sous le nom de Fageto-Luzuletum maximae (= ? Luzulo sylvaticae-Fagetum sylvaticae Cusset 1964).
Physionomie, structure
Hêtraie, sapinière ou hêtraie-sapinière généralement dominée par les luzules montagnardes (Luzula nivea et L. sylvatica) ; l’Aspérule odorante (Galium odoratum) marque souvent la strate herbacée. La strate arbustive est rarement bien développée, hébergeant communément le Houx, le Chèvrefeuille noir et le Noisetier.
Cortège floristique
Forêt caractérisée par la dominance des espèces neutroclines et la présence des espèces acidiphiles (Deschampsia flexuosa, Carex pilulifera, Vaccinium myrtillus, Luzula nivea, Melampyrum pratense…).
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Sapin Abies alba
Pin sylvestre Pinus sylvestris Arbustes
Houx Ilex aquifolium Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia
Alisier blanc Sorbus aria Chèvrefeuille noir Lonicera nigra
Sureau à grappes Sambucus racemosa Framboisier Rubus idaeus
Noisetier Corylus avellana Groseillier des Alpes Ribes alpinum
Herbacées
Luzule blanc de neige Luzula nivea Gaillet à feuilles rondes Galium rotundifolium Prénanthe pourpre Prenanthes purpurea Luzule des bois Luzula sylvatica Sceau de Salomon verticilllé Polygonatum verticillatum Pâturin de Chaix Poa chaixii Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Laîche à pilules Carex pilulifera Mélampyre des prés Melampyrum pratense Gaillet des rochers Galium saxatile
Myrtille Vaccinium myrtillus Bléchnum en épi Blechnum spicant
Gesse des montagnes Lathyrus montanus Conopode dénudé Conopodium majus Stellaire holosté Stellaria holostea Anémone des bois Anemone nemorosa
Aspérule odorante Galium odoratum Lamier jaune Lamium galeobdolon
Pâturin des bois Poa nemoralis Fétuque hétérophylle Festuca heterophylla Euphorbe des bois Euphoria amygdaloides Laitue des murailles Mycelis muralis Dryoptéride mâle Dryopteris filix-mas Mélique à une fleur Melica uniflora Fraisier sauvage Fragaria vesca Mœhringie à trois nervures Moehringia trinervia
Parisette Paris quadrifolia Epilobe des montagnes Epilobium montanum
Pulmonaire Pulmonaria affinis
Variabilité
Variante à Festuca altissima etEuphorbia hyberna des versants sous influence atlantique Variante à Allium victorialis etSenecio cacaliaster des plus hautes altitudes
Variante à Galium rotundifolium surtout présente dans les massifs sud de l’Auvergne Bibliographie
BILLY 1997 ; CUSSET 1964 ; CUSSET & LACHAPELLE 1961 Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Habitat non pris en compte dans la Directive.
Représentativité
Forêt représentative en Auvergne des hêtraies-chênaies acidiclines montagnardes.
Intérêt patrimonial
Forêt typique et assez répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Sapin semblent constituer les formes mâtures du groupement. Les boisements jeunes peuvent être dominés par le Pin sylvestre.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est actuellement connu des Combrailles, du Sancy, des Monts Dômes, du Cézallier, du Val d’Allier, de la Margeride.
Carte de répartition d’Euphorbia hyberna dans le Massif Central Espèce de répartition atlantique
Carte de répartition de Galium rotundifolium dans le Massif Central
Espèce liée aux massifs montagneux méridionaux et aux versants orientaux des massifs occidentaux
3.2.2. - Les hêtraies acidiphiles
Ces végétations acidiphiles sont caractérisées par la dominance de plantes acidiphiles et par l’absence ou la faible représentation des espèces neutroclines. La présence de ces espèces en minorité dans les communautés définit les variantes méso-acidiphiles des groupements.
Leshêtraies très appauvries se reconnaissent par la présence d’espèces acidiphiles : Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) qui supporte des situations très ombragées, Myrtille (Vaccinium myrtillus), Callune (Calluna vulgaris), Mélampyre des prés (Melampyrum pratense), Epervière en ombelle (Hieracium umbellatum), Laîche à pilules (Carex pilulifera), Solidage verge-d’or (Solidago virgaurea), Millepertuis élégant (Hypericum pulchrum). Ces espèces acidiphiles se retrouvent dans les ourlets associés à la forêt (bord des laies et des drèves forestières, lisières).
On ne confondra pas les hêtraies acidiphiles à Houx avec certaines associations acidiphiles de forêt de ravin et d’éboulis (code Natura 2000 : 9180). Ces forêts de ravins (Deschampsio flexuosae- Acerenion pseudoplatani / Luzulo-Fagion) se reconnaissent par la présence du Tilleul à larges feuilles (Tilia platyphyllos), du Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) et, pour les groupements montagnards, de la Valériane triséquée (Valeriana tripteris).
En fonction de l’altitude et de l’influence climatique, 4 associations ont été reconnues (cf.
tableau en annexe 2) :
les communautés collinéennes qui relèvent du Quercion roboris avec,
- la Hêtraie-Chênaie sessiliflore à Alisier torminal, liées aux plus basses altitudes ; - la Hêtraie-Chênaie sessiliflore à Myrtille du collinéen supérieur ;
les forêts montagnardes de l’Ilici aquifoliae-Fagenion sylvaticae avec : - la Hêtraie à Houx et Chèvrefeuille des bois du montagnard inférieur ; - la Hêtraie-Sapinière à Canche flexueuse du montagnard moyen et supérieur.
Le rapprochement de ces communautés aux associations décrites dans le Massif Central est rendue délicate dans la mesure où, pour bon nombre de ces communautés, les relevés de référence ayant servis à la description des associations sont hétérogènes, incluant des groupements acidiphiles et acidiclines.
Groupement végétal Hêtraie-Chênaie sessiliflore à Alisier torminal Syntaxon phytosociologique cf. Peucedano gallici-Quercetum roboris Braun-
Blanquet 1967
Quercion roboris Malcuit 1929 CORINE biotopes 41.122 Hêtraies acidiphiles sub-atlantiques Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9120-2 Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx
Habitat générique Natura 2000 9120 Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori- petraeae ou Ilici-Fagenion)
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt acidiphile liée au collinéen inférieur et moyen (de 250 m à 600 m d’altitude) présentant des précipitations importantes. Ces communautés se maintiennent souvent sur sols légèrement humides et apparaissent souvent en mosaïque avec la Chênaie pédonculée à Molinie. Association présentant un caractère thermophile léger comme l’atteste la présence de l’Alisier torminal (Sorbus torminalis) et du Peucédan de France (Peucedanum gallicum). Cette association décrite de Sologne est connue du Bassin Parisien, du Morvan, du Nord-Ouest du Massif Central.
Le Peucedano gallici-Quercetum roboris tel qu’il a été initialement décrit regroupe une Chênaie pédonculée à Molinie et une Hêtraie-chênaie. Nous ne considérons ici que la Hêtraie-chênaie.
Compte tenu des faibles différences floristiques que l’on peut observer entre ce groupement et la Hêtraie-chênaie à Myrtille de Bretagne (Vaccinio-Quercetum), cette communauté pourrait ne constituer qu’une forme subatlantique de cette dernière.
Physionomie, structure
Les communautés typiques sont des hêtraies-chênaies relativement pauvres et généralement dominées par la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa). Des sylvofaciès de dégradation à Chêne pédonculé et Molinie peuvent apparaître après remonté de la nappe phréatique suite à des coupes à blanc. Une partie des relevés présentés dans le tableau II illustre ces stades de dégradation.
Cortège floristique
Le Peucédan de France est une espèce peu significative dans ce groupement dans la mesure où elle est surtout liée aux ourlets forestiers. L’Alisier torminal ou le Néflier (Mespilus germanica) sont par contre des espèces fidèles au groupement. Cette forêt est, de plus, marquée par l’absence de la Myrtille et la très faible représentation du Sorbier des oiseleurs.
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Chêne sessile Quercus petraea
Châtaignier Castanea sativa Pin sylvestre Pinus sylvestris
Arbustes
Tremble Populus tremula Houx Ilex aquifolium
Alisier torminal Sorbus torminalis Néflier Mespilus germanica
Aubépine à un style Crataegus monogyna Bourdaine Frangula alnus
Genêt à balais Cytisus scoparius Herbacées
Peucédan de France Peucedanum gallicum Millepertuis élégant Hypericum pulchrum Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum
Pâturin des bois Poa nemoralis Houlque molle Holcus mollis
Callune Calluna vulgaris Canche flexueuse Deschampsia flexuosa
Mélampyre des prés Melampyrum pratense Fougère aigle Pteridium aquilinum Epervière en ombelle Hieracium umbellatum
Variabilité
Variante du collinéen supérieur à Conopodium majus Variante mésoacidiphile à Violagr.riviniana
Variante de dégradation à Molinia caerulea etQuercus robur Bibliographie
DELELIS-DUSOLLIER & GEHU 1975 ; RAMEAU et ROYER 1975 ; RAMEAU 1985 ; BILLY 1997 ; LEMEE 1937
Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Le caractère subatlantique de ce groupement en Auvergne est bien marqué (Houx, Néflier, Conopode dénudé, Millepertuis élégant). Par rapport à ses équivalents du Centre de la France, le Peucedano-Quercetumauvergnat apparaît quelque peu appauvri. Cette forêt, lorsqu’elle est en bon état de conservation, s’intègre sans problèmes parmi les hêtraies à Houx de la Directive. Les formes de dégradation à Molinie et Chêne pédonculé sont par contre peu représentatives de l’habitat au regard des critères de la Directive.
Représentativité
Cette forêt apparaît peu représentative des hêtraies à Houx auvergnates, semblant présenter une extension limitée et apparaissant, en l’état actuel des connaissances, dans peu de stations.
Intérêt patrimonial
Forêt typique du Centre de la France présentant une aire de répartition limitée. Vraisemblablement peu répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Chêne sessile semblent constituer les formes mâtures du groupement.
Une évolution régressive (dégradation) conduit le groupement à la Chênaie pédonculée.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est actuellement connu en Auvergne dans les départements de l’Allier (Forêt de Tronçais, Sologne bourbonnaise) et du Cantal (Châtaigneraie). Il est à rechercher dans le Brivadois et dans les Combrailles, régions où BILLY signale une Chênaie pédonculée à Molinie et à Sorbier torminal.
Carte de répartition de Peucedanum gallicum dans le Massif Central Espèce du collinéen inférieur liée aux grandes vallées et à la Sologne bourbonnaise
Groupement végétal Hêtraie-Chênaie sessiliflore à Myrtille Syntaxon phytosociologique Groupement à Vaccinium myrtillus,Galium
saxatileetQuercus petraea Quercion roboris Malcuit 1929 CORINE biotopes 41.122 Hêtraies acidiphiles sub-atlantiques Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9120-2 Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx
Habitat générique Natura 2000 9120 Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus(Quercion robori-petraeae ou Ilici-Fagenion)
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt acidiphile du collinéen supérieur et des expositions froides du collinéen moyen (500 m à 850 m d’altitude), relayant la forêt à Alisier torminal en altitude et sur substrats généralement plus secs.
Cette association décrite de Bretagne est connue des plaines et collines du Nord-Ouest de la France et du Morvan.
Notre groupement à caractère collinéen diffère notablement du Vaccinio myrtilli-Quercetum petreaeaeClément, Gloaguen & Touffet 1975 planitiaire par la présence d’espèces collinéennes et par l’absence du Bléchnum en épi (Blechnum spicant), espèce plutôt montagnarde dans le Massif Central, du Néflier (Mespilus germanica), et du Poirier sauvage (Pyrus communis).
Physionomie, structure
Les communautés typiques sont des hêtraies-chênaies sessiliflores relativement pauvres et généralement dominées par la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) et la Myrtille (Vaccinium myrtillus). La Myrtille disparaît des sous-bois trop ombragés, au profit de la Canche flexueuse. On observe plus rarement des sylvofaciès à Châtaignier ou des taillis de Noisetier. Le Sapin est parfois présent en abondance, annonçant l’étage montagnard.
Cortège floristique
Les formes appauvries de cette association ne sont pas toujours faciles à distinguer de la Hêtraie montagnarde à Houx et Chèvrefeuille des bois et de la Hêtraie-Chênaie à Alisier blanc. Elle se distingue de la première par l’absence des montagnardes et de la dernière par la présence de la Myrtille, du Sorbier des oiseleurs, de la Luzule des bois, de la Gesse des montagnes, de la Raiponce en épi.
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Chêne sessile Quercus petraea
Châtaignier Castanea sativa Pin sylvestre Pinus sylvestris
Arbustes
Houx Ilex aquifolium Genêt à balais Cytisus scoparius
Aubépine à un style Crataegus monogyna Alisier blanc Sorbus aria Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia
Herbacées
Myrtille Vaccinium myrtillus Gesse des montagnes Lathyrus montanus
Gaillet des rochers Galium saxatile Conopode dénudé Conopodium majus
Luzule des bois Luzula sylvatica Raiponce en épi Phyteuma spicatum
Millepertuis élégant Hypericum pulchrum Laîche à pilules Carex pilulifera Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum
Pâturin des bois Poa nemoralis Houlque molle Holcus mollis
Callune Calluna vulgaris Canche flexueuse Deschampsia flexuosa
Mélampyre des prés Melampyrum pratense Fougère aigle Pteridium aquilinum
Variabilité
Variante à Erythrone dent-de-chien (Erythronium dens-canis) des zones où l’influence océanique est marquée (Combrailles, plateau de Bour-Lastic), qui pourrait constituer une unité particulière (à étudier sur la base d’un plus grand nombre de relevés)
Variante mésoacidiphile à Violagr.riviniana
Variante à Abies alba et Maianthemum bifolium assurant la transition avec les hêtraies montagnardes
Une variante particulière, marquée par la faible représentation des espèces du groupe écologique de la Houlque molle (Holcus mollis,Lonicera periclymenum,Teucrium scorodonia), pourrait peut-être constituer des formes appauvries à caractère atlantique très atténué de ce groupement.
Bibliographie
CLEMENT et al.1975, DURIN et al.1967, BILLY 1997, BOTINEAU et al.1988 Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Le caractère subatlantique de ce groupement en Auvergne est assez marqué (Houx, Conopode dénudé, Millepertuis élégant) dans l’Ouest de la région. Plus on s’éloigne vers l’Est, plus les espèces atlantiques se raréfient.
Par rapport à ses équivalents du Nord-Ouest de la France, les communautés auvergnates diffèrent par la présence d’espèces collinéennes et par un certain appauvrissement en espèces atlantiques.
Cette forêt, lorsqu’elle est en bon état de conservation entre sans problème parmi les hêtraies à Houx de la Directive. Même les formes « orientales » du groupement, où la Houlque molle, le Chèvrefeuille des bois, la Germandrée scorodoine, le Houx (espèces subatlantiques absentes dans le domaine médio-européen) deviennent sporadiques (mais présents), restent concernées par la Directive de par l’absence de plantes continentales (Luzula luzuloides,Genista germanica).
Les formes du groupement où le Hêtre est quasi exclusif sont moins typiques.
Représentativité
Ce groupement est représentatif des hêtraies à Houx collinéennes auvergnates, constituant très vraisemblablement la forêt acide collinéenne la plus répandue.
Intérêt patrimonial
Forêt constituant vraisemblablement une unité typique du Massif Central et assez répandue (aire de répartition à étudier).
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Chêne sessile semblent constituer les formes mâtures du groupement. Les forêts jeunes peuvent être dominées par le Pin sylvestre.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est connu sur presque toutes les zones siliceuses et sur quelques massifs volcaniques de l’Auvergne (Combrailles, Monts Dômes, Sioule, Colettes, Vallée de la Rhue, Livradois, Forez, Bois Noirs, Val d’Allier, Gorges de l’Arzon, Vallée de la Loire).
Carte de répartition d’Erythronium dens-canis dans le Massif Central Espèce à répartition atlantique
Groupement végétal Hêtraie à Houx et Chèvrefeuille des bois
Syntaxon phytosociologique cf. Ilici aquifoliae-Fagetum sylvaticae Braun- Blanquet 1967
Luzulo luzuloidis-Fagion sylvaticae W.Lohmeyer
& Tüxen in Tüxen 1954
CORINE biotopes 41.12 Hêtraies atlantiques acidiphiles
Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9120-3 Hêtraies acidiphiles montagnardes à Houx
Habitat générique Natura 2000 9120 Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori- petraeaeouIlici-Fagenion)
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt acidiphile liée à l’étage montagnard inférieur (de 700 m à 1000 m d’altitude en fonction des expositions). Elle se maintient généralement sur pentes fortes.
Cette association décrite des Pays Basques est connue, du Morvan, du Massif Central et des Pyrénées, constituant dans chacune de ces région des communautés particulières (races géographiques).
Le rattachement des forêts auvergnates de basse altitude à cette association demande à être confirmée par l’analyse des relevés originaux du groupement.
Physionomie, structure
Les communautés typiques sont des hêtraies, des hêtraies-chênaies, des hêtraies-chênaies-sapinières relativement pauvres et généralement dominées par la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) ou la Myrtille. Le Mélampyre des prés (Melampyrum pratense) forme parfois faciès. La strate arbustive est généralement pauvre, marquée par les sorbiers, le Houx où les jeunes arbres.
Cortège floristique
Cette association se situe floristiquement à la charnière entre les forêts collinéennes avec lesquelles elle a en commun les chênes (Chêne sessile principalement) et les espèces du groupe écologique de la Houlque molle (Holcus mollis,Teucrium scorodonia,Lonicera periclymenum), et les forêts montagnardes avec lesquelles elles partagent quelques espèces montagnardes.
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Chêne sessile Quercus petraea
Sapin Abies alba Pin sylvestre Pinus sylvestris
Arbustes
Houx Ilex aquifolium Noisetier Corylus avellana
Genêt à balais Cytisus scoparius Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia
Alisier blanc Sorbus aria Chèvrefeuille noir Lonicera nigra
Bourdaine Frangula alnus Sureau à grappes Sambucus racemosa
Herbacées
Millepertuis élégant Hypericum pulchrum Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum Pâturin des bois Poa nemoralis
Houlque molle Holcus mollis Luzule blanc de neige Luzula nivea
Prénanthe pourpre Prenanthes purpurea Luzule des bois Luzula sylvatica Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Laîche à pilules Carex pilulifera Mélampyre des prés Melampyrum pratense Gaillet des rochers Galium saxatile Fougère aigle Pteridium aquilinum Epervière en ombelle Hieracium umbellatum
Myrtille Vaccinium myrtillus Gesse des montagnes Lathyrus montanus
Gaillet des rochers Galium saxatile Conopode dénudé Conopodium majus
Variabilité
Variante des sols frais à Oxalis acetosella etDryopteris dilatata Variante mésoacidiphile à Violagr.riviniana
Bibliographie
BRAUN-BLANQUET 1967, BILLY 1997, BOTINEAU et al. 1988 Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Le caractère subatlantique de ce groupement en Auvergne est bien marqué (Houx, Conopode dénudé, Millepertuis élégant). Cette forêt, lorsqu’elle est en bon état de conservation entre sans problème parmi les hêtraies à Houx de la Directive. Les formes du groupement où le Hêtre est quasi exclusif sont moins typiques.
Représentativité
Cette forêt est très représentative des hêtraies à Houx auvergnates du montagnard inférieur.
Intérêt patrimonial
Forêt vraisemblablement assez répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre, Chêne sessile et Sapin semblent constituer les formes mâtures du groupement. Les forêts jeunes peuvent être dominées par le Pin sylvestre et plus rarement le Bouleau verruqueux et les sorbiers.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est connu sur presque toutes les zones siliceuses et sur quelques massifs volcaniques d’Auvergne (Combrailles, Monts Dore, Monts Dômes, Vallée de la Rhue, Livradois, Forez, Val d’Allier, Margeride, Vallée de la Loire).
Groupement végétal Hêtraie-Sapinière à Canche flexueuse et Luzule des neiges
Syntaxon phytosociologique Deschampsio flexuosae-Fagetum sylvaticae Lemée 1959
Luzulo luzuloidis-Fagion sylvaticae W.Lohmeyer
& Tüxen in Tüxen 1954 CORINE biotopes 41.12 Hêtraies atlantiques acidiphiles
Habitat élémentaire cahiers d’habitats 9120-4 Hêtraies-sapinières à Houx et Luzule des neiges Habitat générique Natura 2000 9120 Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à
Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori- petraeaeouIlici-Fagenion)
Statut Intérêt communautaire
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles et chorologiques
Forêt acidiphile liée au montagnard moyen et supérieur (de 750 m à 1400 m d’altitude en fonction de l’exposition). Ces communautés se maintiennent souvent sur versants pentus aux sols peu développés.
Cette association est décrite du Massif Central et demeure typique du Plateau Central. Diverses communautés proches pouvant constituer des associations différentes sont regroupées ici (cf.
paragraphe variabilité).
Il réside dans les associations forestières du Massif Central une certaine confusion liée à la multiplication des descriptions. Les Luzulo niveae-Fagetum sylvaticae (Suspl. 1942) Br.-Bl. 1952 et Luzulo sylvaticae-Fagetum sylvaticae Cusset 1964, telles qu’ils sont définis par BILLY (1997) s’avèrent des associations acidiclines. Signalons le Vaccinio myrtilli-Abietetum albae (Thébaud 1988) Thébaud et Lemée 1995 représentant une sapinière climatique floristiquement très proche du Deschampsio-Fagetum.
Physionomie, structure
Les communautés typiques sont des hêtraies-sapinières, généralement dominées par la Myrtille (Vaccinium myrtillus), la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) et plus rarement par la Luzule des neiges (Luzula nivea) ou la Luzule des bois (Luzula sylvatica). La strate arbustive, bien que souvent éliminée, est marquée par la présence des sorbiers (Sorbus aucupariaetS. aria), du Houx et des jeunes arbres. Habitat généralement traité en futaie.
Cortège floristique
Cette association se différencie des autres forêts acidiphiles par la présence d’un cortège d’espèces montagnardes relativement important ; les espèces du groupe de la Houlque molle (Holcus mollis, Teucrium scorodonia,Lonicera periclymenum) et les Chênes sont absents ou très rares. On ne la confondra pas avec la Hêtraie-acéraie à Ail de la Victoire et Séneçon cacaliaster avec laquelle elle peut partager aux hautes altitudes, quelques espèces communes (Ail de la Victoire, Séneçon cacaliaster, Calamagrostide faux-roseau) mais toujours en faibles effectifs.
Arbres
Hêtre Fagus sylvatica Sapin Abies alba
Pin sylvestre Pinus sylvestris Arbustes
Houx Ilex aquifolium Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia
Alisier blanc Sorbus aria Chèvrefeuille noir Lonicera nigra
Sureau à grappes Sambucus racemosa Framboisier Rubus idaeus
Herbacées
Luzule blanc de neige Luzula nivea Maianthème à deux feuillesMaianthemum bifolium Prénanthe pourpre Prenanthes purpurea Luzule des bois Luzula sylvatica Sceau de Salomon verticilllé Polygonatum verticillatum Pâturin de Chaix Poa chaixii Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Laîche à pilules Carex pilulifera Mélampyre des prés Melampyrum pratense Gaillet des rochers Galium saxatile
Myrtille Vaccinium myrtillus Bléchnum en épi Blechnum spicant
Gesse des montagnes Lathyrus montanus Conopode dénudé Conopodium majus
Variabilité
- Variante méso-acidiphile à Euphorbia hyberna et Festuca altissima des versants sous influence océanique marquée, qui pourrait constituer une association différente
- Variante méso-acidiphile à Violagr.riviniana
- Variante alticole à Calamagrostis arundinacea et Allium victorialis
On veillera à ne pas confondre cette variante avec la Hêtraie-acéraie subalpines à Ail de la Victoire et Séneçon cacaliaster (Acerion pseudoplatni) qui relèvent de la directive au titre des Hêtraies subalpines médio-européennes à Acer et Rumex arifolius (code 9140). Elle s’en distingue par la faible occurrence des espèces subalpines (Calamagrostis arundinacea, Allium victorialis, Senecio cacaliaster, Cicerbita plumieri) et par un tapis herbacé toujours dominé par les espèces acidiphiles.
- Variante hygrocline à Oxalis acetosella etGymnocarpium dryopteris
Cette variante constitue dans certaines situations une association autonome. On observe effectivement en marge des torrents des individus dominés par de grandes fougères, ou les espèces acidiphiles mésophiles deviennent rares. Ils constituent les équivalents montagnards des chênaies pédonculées-frênaies collinéennes (Fraxino-Quercion).
Bibliographie
RAMEAU 1985 ; BILLY 1997 ; THEBAUD 1988 ; THEBAUD & LEMEE 1995; CUSSET &
LACHAPELLE 1961 ; SUSPLUGAS 1942
Etat de l’habitat
Typicité / exemplarité
Cet habitat, lorsqu’il est en bon état de conservation entre sans problème parmi les hêtraies à Houx de la Directive. Les formes du groupement où le Hêtre est quasi exclusif sont moins typiques.
Représentativité
Cette forêt est très représentative des hêtraies à Houx auvergnates du montagnard moyen et supérieur.
Intérêt patrimonial
Forêt typique et assez répandue dans le Massif Central.
Dynamique de la végétation
Les sylvofaciès à Hêtre et Sapin constituent les formes mâtures du groupement. Les formes juvéniles sont dominées par le Pin sylvestre et plus rarement le Bouleau verruqueux ou les sorbiers.
Répartition en Auvergne
Cet habitat est connu dans presque toutes les zones siliceuses et sur quelques massifs volcaniques de l’Auvergne (Combrailles, Monts Dore, Cézallier, Livradois, Bois Noirs, Forez, Val d’Allier, Margeride, Vallée de la Loire).
Carte de répartition de Senecio cacaliaster dans le Massif Central Espèce liée aux zones d’altitude
3.3. - Discussion
L’ensemble des groupements de hêtraie à Houx analysé, présente un caractère atlantique plus ou moins marqué. Ce caractère atlantique est confirmé par la présence d’espèces subatlantiques qui contribuent largement au fond floristique de ces végétations :
- Conopode dénudé (Conopodium majus), Millepertuis élégant (Hypericum pulchrum), Houx (Ilex aquifolium) pour la majorité des forêts acides (à l’exception des forêts du collinéen inférieur) ;
- Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), Houlque molle (Holcus mollis), Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), Néflier (Mespilus germanica) pour les forêts de l’ensemble du collinéen et du montagnard inférieur ;
- Bléchnum en épi (Blechnum spicant), Euphorbe d’Irlande (Euphorbia hyberna), Fétuque des bois (Festuca altissima), Erythrone dent-de-chien (Erythronium dens-canis) pour les forêts montagnardes.
La majorité de ces espèces atteignent la zone occidentale du domaine médio-européen (Nord- Est de la France notamment in TIMBAL 1975). C’est en fait la présence d’éléments floristiques continentaux qui marque le passage au domaine médio-européen et le basculement des groupements montagnards dans le Luzulo luzuloidis-Fagenion sylvaticae (W.Lohmeyer & Tüxen in Tüxen 1954) Oberd. 1957, sous-alliance continentale du Luzulo-Fagion. Ces espèces à affinités continentales sont la Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides), la Laîche des ombrages (Carex umbrosa), le Genêt d’Allemagne (Genista germanica), le Cytise noircissant (Cytisus nigricans), le Gaillet des bois (Galium sylvaticum).
Ces espèces sont absentes des relevés analysés bien que certaines soient présentes en Auvergne. La luzule blanchâtre (Luzula luzuloides) est citée d’une localité de la chaîne des Monts Dôme et de quelques autres localités où sa présence est douteuse. Sa fréquence très faible n’apparaît pas suffisamment significative pour conclure à l’existence de hêtraies à Houx continentales. Il s’agit en effet d’une espèce « accidentelle » dans le Massif Central. Le Gaillet des bois est absent d’Auvergne mais s’observe sur les marges orientales du Massif Central (Ardèche, Loire, Rhône) où des communautés à affinités continentales pourraient peut-être exister. Le Genêt d’Allemagne (Genista germanica) présente une répartition continentale dans le Massif Central. Il est présent dans le collinéen, en Limagne, Vallée de la Loire, Vallée du Rhône et en basse Ardèche, mais cette espèce est essentiellement liée aux landes en Auvergne. Enfin, la Laîche des ombrages (Carex ombrosa) ne présente pas une répartition continentale dans le Massif Central étant par exemple signalée des versants occidentaux du Cantal connus pour leur caractère atlantique marqué. En l’état actuel des connaissances,on ne peut donc pas conclure à la présence de hêtraies à Houx continentales en Auvergne.
Nous avons vu que les forêts acidiclines ne relèvent pas de la Directive au titre des hêtraies à Houx. Toutefois, les groupements montagnards à affinités continentales, reconnus très sporadiquement en Auvergne (SULMONT et al. 2000), sont pris en compte comme variantes acidiclines des « Hêtraies à Aspérule odorante » (code Natura 2000 : 9130). Les communautés collinéennes quant à elles, quelque soit leur signification biogéographique, relèvent de la Directive comme variantes acidiclines des « Hêtraies à Aspérule odorante » (code 9130).
La caractérisation des hêtraies à Houx de la Directive se heurte à quelques risques de confusion :
- Les variantes méso-acidiphiles des hêtraies à Houx ne devront pas être confondues avec les forêts acidiclines. Ces variantes possèdent quelques espèces neutroclines (cf. § 3.2.1) qui présentent un faible taux de recouvrement ; les espèces acidiphiles (cf. § 3.2.2) restent dominantes. Dans les forêts où le Hêtre est quasi exclusif (strate herbacée presque absente), on confondra facilement ces variantes avec les forêts acidiclines.
L’examen des ourlets associés est alors nécessaire pour asseoir la reconnaissance de l’habitat.
- Les variantes alticoles des hêtraies acidiphiles et acidiclines peuvent être confondues avec la Hêtraie-acéraie subalpine à Ail de la Victoire et Séneçon cacaliaster (Acerion pseudoplatni) [code Natura 2000 : 9140]. Elles s’en distinguent par la faible occurrence des espèces subalpines (Calamagrostis arundinacea, Allium victorialis, Senecio cacaliaster, Cicerbita plumieri) et par un tapis herbacé toujours dominé par les espèces acidiphiles.
- On ne confondra pas les hêtraies acidiphiles et acidiclines à Houx avec certaines associations de forêt de ravin et d’éboulis à caractère acide (code NATURA 2000 9180).
Ces forêts de ravins se reconnaissent par la présence du Tilleul à larges feuilles (Tilia platyphyllos), de l’Erable plane (Acer platanoides), du Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum) et, pour les groupements montagnards, de la Valériane triséquée (Valeriana tripteris).
- Les sylvofaciès à Chêne, pris en compte dans la directive, ne devront pas être confondus avec les chênaies sessiliflores acidiphiles climaciques. Ces chênaies sessiliflores ne relèvent pas de la Directive « Habitats ». Elles se développent à l’étage collinéen au niveau de secteurs où les précipitations et l’hygrométrie trop faibles ne sont pas favorables au développement du Hêtre, ou bien à la faveur de sols très acides. Elles sont floristiquement proches des hêtraies-chênaies et s’en distinguent par l’absence d’espèces telles la Myrtille (Vaccinium myetillus) ou le Gaillet des rochers (Galium saxatile) qui comme le Hêtre tolèrent difficilement une faible humidité atmosphérique. Ces chênaies correspondent au Hieracio praecocis-Quercetum petraeae Billy 1997 et se rangent dans leQuercion roboris.
Concernant la dominance des essences forestières arborescentes, souvent influencée par la gestion sylvicole, le problème reste entier pour les sapinières à Abies alba. Certains auteurs (THEBAUD 1988, THEBAUD & LEMEE 1995) pensent que des sapinière climaciques sont présentes en Auvergne et définissent une association montagnarde (Vaccinio myrtilli-Abietetum albae) relayant les hêtraies en contexte froid ou sur sols très acides, association qu’ils classent avec les forêts subalpines (Piceion excelsae). Ce groupement présenterait une extension importante dans tout le Nord-Est du Massif Central. Il ne relèverait pas de la Directive « Habitats » dans la mesure où cette association s’intégrerait, plutôt que dans le Piceion, dans une sous-alliance non prise en compte dans la directive (Galio rotundifoli-Abietenion albae du Luzulo-Fagion). La reconnaissance de ce groupement est difficile car, outre la dominance du Sapin qui est le plus souvent favorisé par la gestion sylvicole, cette communauté est floristiquement équivalente aux hêtraies montagnardes acidiphiles. C’est pourquoi on pourrait estimer que cette sapinière n’est qu’un sylvofaciès artificiel d’une hêtraie-sapinière. Ainsi, tant que le problème des sapinières climaciques ne sera pas élucidé dans le Massif Central, ce qui demande une étude approfondie basée sur des éléments écologiques très précis, climatiques et historiques, dépassant le cadre de cette étude, une vision pragmatique du problème consisterait à ne pas prendre en compte au titre de la Directive, les sylvofaciès à Sapin des forêts montagnardes acidiphiles où le Hêtre est absent.
De manière générale, la prise en compte au titre de la Directive, des différents sylvofaciès des hêtraies à Houx, compte tenu des risques de confusion avec les sapinières et les chênaies climaciques, devra être guidée par la présence du Hêtre.
4. - L
A HETRAIE A HOUX DANS LE RESEAUN
ATURA2000
EN AUVERGNELe tableau présenté à la page 30 résume la situation sur la présence des différentes hêtraies à Houx dans les projets de site Natura 2000 en Auvergne.
La Hêtraie acidiphile à Houx a été mise en évidence sur 4 nouveaux sites Natura 2000 où elle demeure très ponctuelle : Artense, Cézallier Nord, Monts-Dore et Chaîne des Puys. Sa présence demande toutefois à être confirmée dans la mesure où elle est basée sur des relevés bibliographiques parfois anciens dont la localisation n’est pas toujours précise.