HAL Id: jpa-00231353
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Submitted on 1 Jan 1977
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Effets des dégénérescences Zeeman sur la fluorescence de
résonance induite par un laser intense
C. Cohen-Tannoudji, S. Reynaud
To cite this version:
C. Cohen-Tannoudji, S. Reynaud. Effets des dégénérescences Zeeman sur la fluorescence de résonance
induite par un laser intense. Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1977, 38 (8), pp.173-176.
�10.1051/jphyslet:01977003808017300�. �jpa-00231353�
EFFETS
DES
DÉGÉNÉRESCENCES
ZEEMAN SUR LA
FLUORESCENCE
DE
RÉSONANCE
INDUITE PAR
UN
LASER INTENSE
C. COHEN-TANNOUDJI et S. REYNAUD
Laboratoire de
Spectroscopie
Hertzienne Ecole NormaleSupérieure
etCollège
deFrance,
24,
rueLhomond,
75231 Paris Cedex05,
France(Re.Cu
le22 fevrier
1977,
accepte
le 22 mars1977)
Résumé. 2014 On attire l’attention
sur quelques conséquences de la dégénérescence Zeeman des niveaux inférieur et
supérieur
d’une transition atomique saturée par un laser résonnant intense : on prévoit des spectres de fluorescence complètement différents suivant que la polarisation de détection est parallèle ou perpendiculaire à celle du laser ; les effets de pompageoptique
pourraient dans certains cas fairedisparaître
complètement les spectres de fluorescence en régime stationnaire.Abstract. 2014
Some consequences of the Zeeman
degeneracy
of the lower and upper states ofan atomic transition saturated
by
an intense resonant laser beam arepointed
out ; completelydiffe-rent fluorescence spectra are predicted
according
as the detection polarization isparallel
or per-pendicular to the laser one ; in some cases, the steady state fluorescence spectra could disappear as a consequence ofoptical pumping
effects.Classification
Physics Abstracts
5.250 - 2.600
5.25020132.6001. Introduction. - Le but de
cette lettre est d’at-tirer l’attention sur des effets de
polarisation
qui
pourraient
etre observes dans desexperiences
de fluorescence de resonance sur unjet atomique
irradiea
angle
droit par un faisceau laser intense.Jusqu’a
present,
les etudes aussi bientheoriques
[1]
]
qu’experimentales
[2]
effectuees sur ceprobleme
ont surtoutporte
sur des atomes a deuxniveaux,
pourlesquels
on peut evidemment oublier le caractere vectoriel dudipole atomique
ainsi que lapolarisation
de l’onde incidente.Rappelons
brievement lesresul-tats de ces diverses etudes. Le spectre de
fluorescence,
monochromatique
comme le faisceau laser incident aux faibles intensites(diffusion elastique),
se deformeprogressivement lorsqu’on
augmente l’intensité pourprendre
1’allure d’untriplet
dont les troiscompo-santes sont
(a resonance)
situees en c~L.c~L ± ~ 1
(cc~, : frequence
dulaser,
col :frequence
de Rabi caracterisant lecouplage
atome-laser),
leslargeurs
et
poids
de ces composantespouvant
etre calculesexactement. Les observations
experimentales
ontessentiellement
porte
sur la composantehyperfine
F = 2 -+ F = 3 de la transition
D2
du sodium. Pour eliminer 1’effet de la structure Zeeman(ainsi
que celui du pompagehyperfin),
on concentre par unpompage
optique prealable
les atomes dans le sous-niveau F =2, MF
= 2 de 1’etatfondamental, qui
nepeut, la
polarisation
du laser etant(1+,
etrecouple
qu’au
sous-niveau F =3,
MF
= 3 de 1’etatexcite,
desorte que l’on est ainsi ramene a un
systeme
a deuxniveaux.
Nous considererons ici une situation
differente,
celle d’une excitation en
polarisation 7c
d’unetran-sition
atomique
entre deux niveaux de momentscinetiques
nonnuls,
parexemple
la transitionJg
= 1 +-+Je
= 2representee
sur lafigure
1. 11 appa-rait trois transitions 7c(Seches
verticales de lafigure
1)
dont les
amplitudes
sontproportionnelles
aux coef-ficients de Clebsch-Gordanindiques
sur lafigure.
On voit immediatement que les
frequences
deRabi
rot
et
co?
associeesrespectivement
aux transitions - 1 H - 1 et + 1 H + 1 d’une part, 0 H 0 de 1’autre sont différentes(elles
sontproportionnelles
aux
amplitudes
des transitionscorrespondantes).
Ainsi queplusieurs
auteurs l’ontsignale
[3],
le spectre de fluorescence 7c doit donc dans ce cas etreplus
ou-1 1 U +1
FIG. 1. - Transition
atomique Jg = 1 H Je = 2; on a indique les
coefficients de Clebsch-Gordan associes aux transitions 7c verticales.
[Atomic transition Jg = 1 to Je = 2; the Clebsch-Gordan
coeffi-cients corresponding to the vertical 7c transitions are indicated.]
L-174 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
moins une
superposition
de deuxtriplets,
c~~L ~ c~i
et c~L, 6)L
a)o 1
correspondant
a ces deuxfrequences
de Rabimt
etco?.
11 ne faut pas oubliercependant
que les trois
systemes
ti deux niveaux - 1 H -1,
0 H
0,
+ 1 H + 1 de lafigure
1 ne sont pasinde-pendants,
maiscouples
par 1’emissionspontanee
dephotons
6(flechcs
enpointilles
de lafigure
1),
cequi
modifie les
largeurs
et lespoids
des diversescompo-santes et
peut,
pour certaines valeurs deJe et
Jg,
fairedisparaitre completement
le spectre de fluores-cence(effets
de pompageoptique
que nousdiscu-terons
plus loin).
Une autre
possibilite qui
ne semble pas avoir eteenvisagee jusqu’ici
serait d’observer lespectre
de fluorescence enpolarisation 7 (spectre
7r-y : excita-tion en 7r, observation eny).
A faibleintensite,
cespectre
estmonochromatique (diffusion
Raman avecchangement
de + 1 ou -1 du nombrequantique
magnetique
dans 1’etatinferieur). Que
devient cespectre a haute intensite et comment se
compare-t-il
auspectre
7c-7c(excitation
et detection en7c) ?
Nous montrons ci-dessous comment une
approche
theorique
introduite recemment[4-5]
permet
de resoudresimplement
ces diversproblemes
a la limite des hautes intensites. Nous nous limiteronsà
une discussionqualitative
sans entrer dans le detail des calculsqui
nepresentent
aucune difficult6 deprin-cipe.
Poursimplifier,
nous supposeronsqu’aucun
champ magnetique statique
n’estapplique
et que1’excitation laser est resonnante.
2.
Diagramme d’énergie
de I’atome habille. - Lesniveaux
d’energie
dusysteme
atome + mode laser eninteraction mutuelle
(atome
habille)
segroupent
enmultiplicités 8" separees
de c~. Lamultiplicite
8~
comprend
huit niveaux nonperturbes
exactementdegeneres :
(M’ = -
2,...,
+2 ; M
= -1,...,
+1
n : nombrede
photons).
Les deuxniveaux
I e,
M’ = ±2, n ~
qui
ne peuvent etrepeuples
ni par excitationoptique,
ni par emission
spontanee
nejouent
aucun r6le et serontignores.
Les six autres niveaux sontcouples
deux a deux par l’interaction V avec le
laser,
lescoefficients de
couplage
etantproportionnels
aux coefficients de Clebsch-GordanOn en deduit les etats
perturbes
de lamultiplicite
8~
representes
sur lafigure
2,
oua pour
energie :
na)L 2
1-3.Spectres
1t-1t et 1t-tl. - Lesfrequences
de Bohr de l’atome habillecorrespondant
a despaires
deFIG. 2. - Etats
perturbes de la multiplicite 6n de I’atome habille
(les niveaux I e, ± 2, n > ne jouent aucun role par la suite). La
separation des doublets est donnee par les frequences de Rabi
wi
et u~. La difference entre 0} et cu! a été exageree pour rendre la
figure plus claire.
[Perturbed
dressed states of the multiplicity 6n (the levels e, ± 2, n )play no role in the following). The splitting of the doublets is given by the Rabi frequencies
(u}
and(u!.
The difference betweenwi
and
w°
has been exaggerated to make the figureclearer.]
niveaux entre
lesquels
ledipole atomique
a unele-ment de matrice non nul donnent immediatement les
positions
des composantes des spectres de fluores-cence. Lesfigures
3a et 3brepresentent
les transitionspermises
respectivement
en7r(AM
=0)
et(1-(AM
= -1).
Ces transitions relient des etatsappartenant a des
multiplicites
&,,
et~n_ 1
adjacentes.
-a-
-b-FIG. 3. - Transitions
permises, 7c pour la figure 3a, 7’ pour la
figure 3b, apparaissant dans le spectre de fluorescence et reliant les
multiplicites En et 8,,-i 1 (la difference entre wi et
coo
a ete exagereepour rendre la figure plus claire).
[7c allowed transitions (Fig. 3a) and (1- allowed transitions (Fig. 3b)
appearing in the fluorescence spectrum and connecting
the’111ulti-plicities En and 8~-1 1 (the difference between
c~l
andcoo
has beenexaggerated to make the figure clearer).
On retrouve bien d’abord a
partir
de lafigure
3a,
que le spectre 7r-7r est une
superposition
detriplets
correspondant
a des ecartscot
etcoo
diSerents et dont la composante centrale esttoujours
situee en roL. Si~ 2013 cot
estplus grand
que lalargeur
des raies(de
1’ordre de lalargeur
naturelle F de 1’etatexcite),
on obtient
cinq
raies dont lespositions
sontrepre-sentees sur la
figure
4a.II
apparait
clairement sur lafigure
3b que les transitions (1 -(ainsi
que(1 +)
relient des doublets dont laseparation
est différente de sorte que lacomposante centrale a la
frequence
(OLdisparait
etFIG. 4. - Positions des
composantes des spectres de fluorescence associees aux transitions des figures 3a et 3b. Les spectres 7T-7T (4a)
et 7T-o’ (4b) ont une structure différente.
[Positions of the components of the fluorescence spectra associated with the transitions of figures 3a and 3b. The n-n (4a) and n-a (4b)
spectra have a different structure.]
deux composantes laterales
apparaissent
en~L ±
2(a)l
+~D’
Le spectre 7r-7represente
en 4best donc
completement
different du spectre 7~-7~(1).
L’approche precedente
nous apermis
deprevoir
tres
simplement
la structure des diversspectres
observableslorsqu’on
fait varier lapolarisation
a la detection. Pour calculer de maniereprecise
lepoids
et la
largeur
des diversescomposantes,
il suffirait d’utiliser les resultats etablis dans la reference[4]
apartir
de la resolution de1’equation pilote
decrivant 1’effet de 1’emissionspontanee
de l’ atome habille. Mentionnons toutefois que certaines raies des spectres desfigures
4correspondent
aplusieurs
transitions de memefrequence
sur lafigure
3 etqu’il
faut donc dans ce cas tenir compte descouplages
par emissionspontanee
entre les elements nondiagonaux
corres-pondants
de la matrice densite(voir
appendice
de[4]
ou
appendice
B de[5]).
11 fautegalement
tenir compte de telscouplages lorsque
laseparation
(c~ 2013 (Ot)
des doublets desfigures
4 n’estplus
assezgrande
devant F pour que ces doublets soient resolus. Les
poids
des diverses composantes s’obtiennent enmul-tipliant
par des taux de transition lespopulations
stationnaires des niveaux de l’atome habille calcules
en resolvant les
equations
devolution de cespopula-tions. Notons que ces
populations
stationnairesrésultent de 1’action combinee de 1’excitation
optique
7rNotons que le cas d’une transition Jg == ~ -~ Je = i, qui vient
de faire l’objet d’une publication [6], n’est pas tres interessant pour
observer ces effets de polarisation puisqu’une seule frequence de Rabi est associee aux 2 transitions n
satur6es * 1 , - 2 1 2
et+ 2 + 1. Par rapport au triplet de fluorescence d’un systeme a 2 niveaux, il y a seulement (sur le spectre 7c-y) une modification des largeurs des raies laterales due au couplage par emission spon-tanee de photons a.
FIG. 5. - Transition atomique Jg = 2 +-+ Je = 1. Par pompage
optique, les atomes s’accumulent dans g, M = ± 2 > et ne peuvent
plus absorber de photons laser n.
[Atomic transition Jg = 2 to Je = 1. Optical pumping accumulates
atoms in sublevels g, M = ± 2 > from which it is impossible to
absorb 7r laser photons.]
qui,
étant tresintense,
egalise
lespopulations de
chaque paire
desous-niveaux
g, M > et
e, M >
etde 1’emission
spontanee
qui
redistribue cespopula-tions entre les diverses valeurs de M.
11 est absolument
indispensable
de tenir compte de cet effet de pompage si l’on veutcomprendre
quantitativement
lespoids
des diverses composantes.Dans certains cas, il peut meme etre
responsable
de ladisparition
des spectres de fluorescence enregime
stationnaire.
Supposons
parexemple
que l’on inverse les momentscinetiques
de lafigure
1 enprenant
Jg
=2,
Je
= 1(Fig.
5).
L’effet dupompage
optique
est
d’accumuler,
apres
unregime
transitoire durantun temps de l’ordre de
r-1,
tous les atomes dans lesetats
I g, M =
:t.2>
qu’ils
nepeuvent
plus
ensuite
quitter
parabsorption
d’unphoton
laser 7r.La fluorescence n’existe alors que
pendant
leregime
transitoire. 11 est facile de voir que cette situation seproduit chaque
fois queJg
=Je
+ 1 ouque Je
=Jg
entier ;
dans ce demier cas eneffet,
le coefficient deClebsch-Gordan
correspondant
a la transitionI
Jg,
M =0 > +-+
I Je, M
=0 >
s’annule cequi
inter-dit aux atomes
pompes
dans
( Jg,
M =0 >
de s’enechapper
parabsorption
d’unphoton
laser 7r.En
conclusion,
on peut dire que la fluorescencede resonance d’un
jet atomique
irradie par un laser
---intense ne peut,
lorsqu’il
y a desdegenerescences
Zeeman,
s’analyser simplement
en termes desuper-position
detriplets
ayant desseparations
diff6rentes. Ondispose
maintenant d’unparametre
supplemen-tairequi
est1’angle
entre lespolarisations
d’excita-tion et de detection. L’allure des spectres defluores-cence a haute intensite doit en
general
changer
completement lorsqu’on
fait varier cetangle
et il serait interessantd’essayer
d’observerexperimenta-lement un tel effet. 11 faut
egalement
se mefier deseffets de pompage
qui
peuvent,
dans de nombreuxcas, diminuer considerablement l’intensité des spectres
L-176 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
B~liographie
[1] MOLLOW, B. R., Phys. Rev. 188 (1969) 1969. Une liste détailléede références plus récentes est donnée dans [4] et [5].
[2] SCHUDA, F., STROUD, C. R. and HERCHER, M., J. Phys. B 7
(1974) L-198 ;
WALTHER, H., Proc. of the 2nd Laser Spectroscopy Conf., June
75, editors S. Haroche, J. C. Pebay-Peyroula, T. W. Hansch and S. H. Harris (Berlin : Springer Verlag) 1975, 358 ; HARTIG, W., RASMUSSEN, W., SCHIEDER, R. et WALTHER, W.,
Z. Phys. A 278 (1976) 205 ;
Wu, F. Y., GROVE, R. E. et EZEKIEL, S., Phys. Rev. Lett. 35
(1975) 1426;
GROVE, R. E., Wu, F. Y. et EZEKIEL, S., Phys. Rev. to be pu-blished (1977).
[3] Voir [2] ;
DELSART, C. et KELLER, J. C., J. Phys. B 9 (1976) 2769 ; HIGGINS, R. B., J. Phys. B 8 (1975) L-321.
[4] COHEN-TANNOUDJI, C. et REYNAUD, S., J. Phys. B 10 (1977) to be published.
[5] REYNAUD, S., Thèse de troisième cycle, Paris (1977).
[6] POLDER, D. et SCHUURMANS, M. F. H., Phys. Rev. A 14 (1976)