• Aucun résultat trouvé

L'île de Nias

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L'île de Nias"

Copied!
16
0
0

Texte intégral

(1)

Book Chapter

Reference

L'île de Nias

VIARO, Mario Alain, ZIEGLER, Arlette

VIARO, Mario Alain, ZIEGLER, Arlette. L'île de Nias. In: Arts des mers du sud . Paris : Adam Biro, 1998. p. 22-33

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:26507

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)
(3)

Cet ouvrage est publié à l'occasion de l'exposition Arts des Mers du Sud dans les collections du musée Barbier-Mueller. Insulinde, Me1anésie, Polynésie, Micronésie, orgànisée au musée d'Arts Africains, Océaniens, Amérindiens (MAAOA), Centre de la Vieille Charité, Marseille,

du 5 juin au 4 octobre 1998.

Co-production du musée Barbier-Mueller (Genève) et du MAAOA (Marseille)

Commissariat : jean Paul Barbier et Laurence Mattet (musée Barbier-Mueller) ; Alain Nicolas et Marianne Sourrieu (MAAOA)

Directrice des musées de Marseille : Corinne Diserens

Direction du service technique : Alain Franzini

Mise en espace: Jana Ansermet (musée Barbier-Mueller) ; Robert Filippi (musées de Marseille)

Une sélection de 75 objets, parmi ceux qui sont reproduits dans cet ouvrage, est présentée à l'occasion de cette exposition.

Traductions de l'anglais: Jocelyne de Pass, Lydie Échasseriaud

Relecture scientifique : Michel Naepels

Les Éditions Adam Biro remercient vivement Bernadette Chevalier, du musée d'Ethnographie de Genève, pour l'aide extrêmement précieuse qu'elle leur a apportée dans l'établissement des bibliographies.

Suivi de l'édition en langue française : Marlyne Kherlakian

Préparation de copie, corrections : Philippe Rollet

. Illustration de la couverture : Grand masque en feuilles séchées, tapa (étoffe d'écorce battue) et bois léger. Iles Vi tu, Mélanésie (voir fig. 9, p. 2n). Photographie de Pierre-Alain Ferrazzini.

Illustration au verso : Statuette en bois dur représentant une divinité. Archipel des Carolines (voir fig. 3. p. 359).

Frontispice : Autel domestique (tavu) en bois dur évoquant l'ancêtre fondateur d'une

« maison » noble. île de Selaru, archipel de Tanirnbar (Moluques de Sud). Hauteur: 130 cm.

Photographie de Pierre-Alain Ferrazzini

©

1998, Prestei-Verlag, Munich · New York, pour l'édition originale publiée en langue allemande par Prestel-Verlag sous le titre: Den unbekannten Gottem - Kunst Südostasiens und Ozeaniens aus dem Musée Barbier-Mueller

©

1998, Société Nouvelle Adam Biro, 28, rue de Sévigné, 75004 Paris, pour l'édition en langue française.

Dépôt légal : juin 1998

Les photographies d'objets sont de Pierre- Alain Ferrazzini, à l'exception des pages suivantes dont les photographies sont de Wolfgang Pulver, Munich : 18, 19 (n° 3), 20 (n° 4), 35· 37 (no 2), 42 (no 4), 46, 47 (no II), 49 (n° 17), 53 (n° 2), 54 (no 4), 57· 58, Gr, 66, 71, 73 (n° 2), 75 (n° 6), 76 (n° 8), 85 (n° 21), 92, 95 (n° 8), 99· 103, 123 (n° 12), 129, 133, 134, 135, 151 (n° 9).

167, I?J. 175 (n° 5), r8r, 185, 189 (n° I, 2), 196 (n° 10), 197 (n° 13), 199, 204 (n° 24, 25), 208 (n° 3.5), 213 (n° 13), 215, 216, 219, 220, 221, 223, 227, 228, 230 (n° 8), 241, 263, 286 (n° 2, 3), 288 (n° 5), 291 (n° 8, 9), 292 (n° II, 13), 296 (n° 18), 299, 301, 302 (n° 4), 304 (n° 9), 307 (n° 1), 308 (n° 2, 3), 310, 313 (n° 5· 6), 315 (n° 2), 316, 318, 325 (no 2,3). 329, 337, 338 (no 9a), 339· 340 (no II, 13a et b), 341 (no 15). 345 (no 1), 348 (no 1), 349 (no 3), 350, 351, 354 (n° 10), 357 (n° r), 360

Maquette et composition: WIGEL, Munich Cartographie : Annelle Nau, Munich Photogravure : ReproLine, Munich Impression et brochage :

Passavia Druckservice GmbH, Passau

Imprimé en Allemagne

f

Printed in Germany

·ISBN Éditions Adam Biro: 2-87660-222-9 Numéro d'éditeur Éditions Adam Biro: 0221

(4)

7

Avant-propos jean Paul Barbier

8

la dispersion des Austronésiens Peter Bellwood

18

l'Indonésie

à

l'âge du bronze et à l'âge du fer

Steven Kossak

22

l'île de Nias

Alain Viaro et Arlette Ziegler

34

les îles Mentawei Jean Paul Barbier

40

les Batak du nord de Sumatra jean Paul Barbier

52

lampung

Rituels et formes d'art du sud de Sumatra jean Paul Barbier

62

les lban de Sarawak Traude Gavin

72

Kalimantan

La partie indonésienne de l'ile de Bornéo Anne-Marie Vion

86 lombok Anne-Marie Vion

go Sulawesi

La maison des vivants et la demeure des morts Hetty Nooy-Palm

(5)

L'Île de Nias

Alain Viaro et Arlette Ziegler

Nias, pays Batak, Mentawei

»

~ Batu

0 C É AN

I NDIEN

~ipura Nord

"' ~

~,,,

Pa gai

22 L'ile de Nias

Btnkulu

Enggano

Labondance des bijoux, des armes, des scU:

tures en bois et en pierre qui proviennent c Nias peut sembler hors de proportions ave•

les dimensions minuscules de l'île (uo p31 40 km). C'est oublier que l'on y dénombra mille quatre cents villages environ dans le dernier quart du siècle passé, quand la pui sance coloniale hollandaise s'y est installée Malgré sa petite taille, Nias peut être déco1.

pée en trois zones culturelles distinctes, qL relèvent toutes cependant d'un fonds austr nésien commun :le sud (Y9 de la surface), avec ses grandes plaines littorales propices ; rizières et palmeraies, rassemble de grand:

villages-rue aux maisons contiguës (fig. A) le centre montagneux ('/9 ) a développé de petits villages fortifiés au sommet des collinE le nord (%) aux collines basses séparées p;

les embouchures marécageuses des Oeuve:

n'est que partiellement habité mais on y trot des maisons ovales uniques dans l'archipe:

Bref, tant les formes architecturales, la statuaire de bois et les monuments de pi er que l'organisation sodale et le dialecte

A. Rue du village de Bawômataluo (sud de l'i Au fond, la maison du chef devant laquelle passe une autre rue perpendiculaire à celle-ci.

Photo

J.-L.

Sosna, 1990. Archives Barbier-Muel

(6)

diffèrent sensiblement entre le nord, le centre et le sud de l'ile ; il est donc impossible de parler d'une culture de Nias unique, comme le suggèrent certains auteurs (voir la carte page précédente).

Une société guerrière

Une civilisation guerrière complexe s'est développée ici jusqu'au début de ce siècle' avant de s'affaiblir sous les coups de la puissance coloniale hollandaise et de la christianisation. Deux traits constants au centre et au sud sont l'emichissement du fait de guerre (par la prise d'esclaves et la razzia de l'or), et la chasse aux têtes. Ces chasses étaient no-tamment « commandées » par les nobles au moment des fêtes les plus importantes, comme la construction des omo sebua, ces extraordinaires maisons de chef qui faisaient la gloire des villages.

Au sud, un jeune homme devait rapporter une tête pour recevoir le collier kalabubu' (fig. B) qui lui permettait d'accéder au statut d'adulte et de pouvoir siéger dans l'assem- blée du village, l' orahu. Ce guerrier portait dans la main gauche le bouclier baluse en bois léger (fig. 1) dont certains auteurs inter·

prètent la forme comme celle d'une tête de crocodile vue de dessusl. Son armement défensif était complété par une cuirasse (barn oriiba) et un casque en fer (takula t.efaii), qu'accompagnaient des moustaches postiches, en fer également (bumbwe tefaii) (fig. 2).

Cuirasse et bouclier servaient à parer les coups portés par les lances (hulajo) et les sabres ou épées (balatu) car l'arc était inconnu à Nias, quoique présent aux iles Mentawei toutes proches. Le décor de la poignée des sabres est particulièrement intéressant (fig. 3).

La partie réservée à la préhension est fort courte, en raison des dimensions de la tête

du lasara4 dont les lèvres recourbées s'ouvrent, comme une étrange fleur de bois, sur des crocs impressionnants. Sur la nuque du monstre est accroupi un petit être vaguement anthropomorphe, parfois décrit comme un singe: ce serait un beghu (ou bechu), un es- prit dont on ne sait rien de sûr. La boule de vannerie5 fixée sur le fourreau, ornée de dents d'animaux, supporte des figurines en bois d'excellente facture. On cannait quelques sabres dotés de deux ou trois figurines ; celui- ci en possède huit, ce qui est exceptionnel.

B. jeune homme habillé pour une« danse guerrière». Il porte le kalabubu (collier formé de rondelles de noix de coco), le sabre baia tu et un bouclier ba/use. Tous ces objets sont anciens.

Photo jean Paul Barbier, 1974.

1 Bouclier (ba/use)

en bois léger avec renforts de rotin tressé horizontaux. Sud de l'île. Hauteur: 126,2 cm.

lnv. 3292-2.

(7)

2 Armure

composée d'une cuirasse (baru oroba), d'un casque (takula tefao) et d'une moustache postiche (bumbewe tefaêi) en fer. Sud de l'ile.

Hauteur: 155 cm. lnv. 3292-1,3292-2, 3292-3-

3 Garde d'un grand sabre (ba/atu sebua)

ornée d'une boule de rotin tressé sur laquelle sont fixées de petites figurines anthropomorphes apotropaïques en bois. La poignée représente un dragon (lasara). Longueur: 73 cm.

lnv. 3252-C.

La collection Barbier-Mueller conserve en outre un sabre dont la poignée en laiton est réalisée à la cire perdue, une technique utilisée aussi pour fabriquer des lampes à huile.

Le système festif, support de l'organisation sociale

l:aspect le plus frappant de l'organisation sociale est sans doute la complexité des systèmes festifs liée à la production des monuments lithiques et à la consécration par l'or. Sans entrer dans le détail, on peut dire que chaque individu, qu'il soit noble ou roturier, devait donner des fêtes pour assurer la réussite de son insertion dans la société.

Les fêtes les plus importantes permettaient l'acquisition du titre de balugu.; dans le centre elles consacraient la fondation d'un village, dans le sud elles témoignaient d'une compétition féroce entre nobles si'ulu pour la position de chef de village, dans le nord enfin elles pouvaient rassembler tous les segments d'un dan (mado) dispersés dans plusieurs villages constituant un

ori.

Dans tous les cas les fêtes nécessitaient des prestations en cochons, constituées par les urakha, parts crues6 ou cuites consommées par les hôtes durant la fête. Ces prestations tissaient à l'intérieur des groupes et entre les groupes un réseau d'obligations dont la dynamique obligeait à produire des surplus ; la traite des esclaves jouait alors un rôle essentieL C'est lors de certaines de ces fêtes qu'on mettait en place les monuments de pierre qui sont le trait le plus remarquable de Nias.

D'autres séquences festives consacraient la fa- brication d'ornements en or (ana'a), symbole de prestige. Contrairement à ce que l'on pens•

souvent, les Niha ne trouvaient pas la moindr•

paillette d'or dans leurs rivières : leurs orîevre!

(8)

ne savaient que transformer Je métal, obtenu contre des esclaves. Pour les hommes et les femmes nobles, des couronnes, des boudes d'oreilles, des colliers de métal précieux (fig. 5 et 6) étaient exigés dans des quantités et un ordre de réalisation propres à chaque village. Cet ensemble de bijoux (fig. E). véri- table trésor qui attisait bien des convoitises7,

était conservé dans des coffres8, symboles de richesse. Au sud, des représentations en pierre de ces coffres figurent devant certaines maisons nobles ; on les retrouve aussi sur des panneaux intérieurs en bois (fig. 4).

La société s'organisait en deux classes, la noblesse9 et Je peuple, auxquelles il convient d'ajouter les prêtres de la religion tradition- nelle (ere) qui se recrutaient indifféremment dans l'une et l'autre catégories, et les esclaves.

Chaque village possédait son propre corpus de règles. Établi lors de sa fondation, il fixait le nombre de rangs. les rites de passage de l'un à l'autre et les fêtes relatives à l'obtention de chaque grade, les poids et les mesures d'équivalence entre or, cochon et riz, l'usage du territoire commun, les peines encourues en cas de transgression. Dans Je sud de l'ile, les viUages formaient de petits États in- dépendants, dirigés par un chef recruté exclusivement parmi les nobles (si'ulu) et par l'assemblée des hommes, orahu. Dans le sud, outre les nobles et le peuple, il existait une classe de conseillers, si'ila, qui jouaient un rôle primordial d'intermédiaires entre le chef et le peuple. Le nord connaissait une structure très originale de « confédérations >> de villages se réclamant du même clan, l'ori. Chaque village avait un chef. dont Je rang était hiérarchique- ment précisé par rapport au chef de l'ori, le tuhen'ori. Dans le centre, les villages sont relativement petits et anciens. La distinction faite entre noblesse et peuple y était moins

25 L'île de Nias

4 Panneau intérieur de maison

en bois dur sculpté. Le décor représente un collier nifatali et une seule boucle d'oreille:

cette sculpture, dont le centre est occupé par la représentation d'un petit coffre à bijoux, a donc été réalisée pour un homme, non pour une femme, car celles-ci portent deux boucles d'oreilles. Hauteur: 61,5 cm. lnv. 3270.

C. Autel sculpté d'une pièce, en bois dur, placé sur un mur latéral de la maison du chef de Bawômataluo. Sur le siège était jadis déposée une statuette ancestrale (adu zatua). Photo Alain Viaro.

D. La grande maison (omo sebua) des chefs de Bawômataluo, le plus important village du sud de l'ile. Photo Alain Viaro.

(9)

5 Collier (nifatalt)

en or formé d'un épais Ill de métal torsadé.

Hauteur: 19,5 cm. lnv. 3275-

6 Parure de femme

en or composée d'une couronne (takula ana'a), d'une paire de boucles d'oreilles (gaule) et d'un coll1er plat (nifatofato). Sud de l'île. Hauteur de la couronne: 16,5 cm. Largeur des boucles: 12 cm. Largeur du collier: 22 cm. lnv. 3265-A, 3265-B 1 et 2, et 3265-C.

E. Vieux: chef de village du sud de l'ile, nonagénaire en 1990. Il possédait encore tous les bijoux en or témoignant du rang acquis grkt à l'organisation de fêtes appropriées.

Photo ).-L. Sos na, 1990. Archives Barbier-Mueller.

(10)

stricte : le plus valeureux et le plus sage accédait au titre de chef de village après, bien sûr. avoir donné les fêtes requises.

L'architecture à Nias

Presque tous les villages possédaient une maison de chef. omo sebua. Il n'en subsiste que quatre, au sud, dont deux sont fort délabrées.

La plus vaste, à Bawomataluo (fig. D), a 32 rn de profondeur, ro rn de largeur en façade et

21 rn de haut'0Érigée comme toutes les constructions de Nias sur une forêt de pilotis, elle impressionne d'abord par son énorme toiture à deux pans. En s'approchant, on dis- tingue les panneaux sculptés de motifs végé- taux et de rosettes qui animent la façade en surplomb, complétée par trois têtes de lasara, comme l'exige la coutume pour UIIe maison de ce type. Les extrémités des sicholi, poutres longitudinales supportant les parois latérales, sont sculptées elles aussi. On accède par un escalier central à une vaste pièce publique donnant sur la rue, pouvant accueillir une centaine de personnes. Crochets à vêtements, loquets de portes, les moindres détails ont retenu l'attention des artistes. Les décors sont floraux ou animaliers ; sur le pilier central cholèichiilii, ils symbolisent les composantes de la sodété. Les parois latérales portent chacune deux panneaux (laso so hagu) représentant les nombreuses parures en or masculines et féminines que la maison possède. Au-dessus du panneau antérieur droit, un autel double accueillait les effigies des ancêtres masculins

F. Village abandonné de la région de Gomo (centre-ouest de l'ile) avec des monuments en pierre érigés lors des « fêtes de mérite » orga- nisées par les nobles du lieu. Photo Morley, 1972.

7 Monument (osa osa)

de pierre en forme de siège. La tête est celle d'un dragon (lasara), symbole du monde inférieur, et la queue celle d'un oiseau, symbole du monde supérieur. Longueur: 107 cm.

lnv. 3253 A.

7

8 Monument

de pierre en forme de siège, commémorant une fête organisée par un homme désireux de s'élever dans la hiérarchie sociale et d'acquérir un nouveau grade. Ce siège possède trois têtes de dragon et trois queues. Longueur: 102 cm. lnv. 3253-H.

8

(11)

9 Statuette ancestrale

en bois représentant une femme, reconnais- sable à ses deux boucles d'oreilles. Les femmes étaient étroitement associées au prestige et au rang de leur époux. Hauteur: 27,5 cm. lnv. 3264.

10 Statuette ancestrale masculine (adu zatua)

en bois. Centre de l'ile. Hauteur: 45.5 cm.

lnv.3250 D.

28 !.:ile de Nias

et féminins, les adu zatua. (fig. C). Seules Je.

maisons nobles (mais pas seulement celle <

chef) sont ornées de tels panneaux, puisquo seule la noblesse avait Je droit d'arborer ces parures"

Dans le centre, la maison du chef est aussi décorée que dans le sud mais le registre est plus fruste. On y retrouve fréquemment det éléments : le varan, sculpté en façade ou su la poutre frontale de la pièce publique, don- la langue bifide symbolise le chef- qui sait parler au brave comme au méchant -, et le lawolii" évocation du calao aux ailes dé- ployées, parfois à tête humaine, dont le cou est orné du collier nifat.ofato. Cette sculptun participe de la structu.re de la maison : elle termine la poutre centrale longitudinale de la pièce publique. Un troisième élément récurrent est un petit personnage aux main join-tes sur un pot à bétel, symbole de l'hospitaJité que la tradition exige du maitr€.

de maison.

Au nord, les maisons ovales ne sont général ment pas décorées, à l'exception des hauts pilotis côté façade, qui peuvent être cannelé ou ornés d'anneaux, et des montants chan- tournés des fenêtres.

Les monuments en pierre

Symboles de prestige, ces monuments (qui vont du mégalithe brut à des statues anthro pomorphes témoignant d'un art consommi sont toujours érigés lors des fêtes et pour les vivants. Au sud, c'est devant l'omo sebua que la place où se rassemblent les hommes regroupe les monuments dédiés aux si'ulu.

Le plus impressionnant de ces vastes en- sembles du sud est sans conteste celui de Bawëmataluo : les sièges, les colonnes et

(12)

les dalles sculptées'' rappellent la richesse et la grandeur de ce village au tournant du siècle dernier. Au centre, et particulièrement dans la région de Gomo, les terrasses qui se trouvent devant chaque maison croulent littéralement sous les pierres (fig. F) ; statues anthropomorphes, sièges (osa osa) à une ou trois têtes de lasara (fig. 7 et 8)'5, hauts piliers (behu) surmontés d'un coq, d'un cerf ou d'un lasara, tous ces monuments de pierre témoignent d'un art accompli.

G. Outre les effigies ancestrales, il existait plus de cent sortes de statues anthropomorphes magiques en bois. Pour répondre à une nouvelle situation, le prêtre inventait une nouvelle forme.

Ici on voit le adu horo, destiné à racheter la violation d'un interdit. Photo Vidoc, Amsterdam, avant 1914.

(13)

12 Statuette (adu siraha sa/awa)

en bois dur d'un ancêtre coiffé d'un turban, ce qui n'est pas exceptionnel. D'autres sculptures de ce type, aussi réalistes, existent dans les musées d'Amsterdam, Berlin et jakarta.

Hauteur : 40 cm. lnv. 3250-C.

30 I.;île de Nias

13 Statuette (adu siraha sa/awa)

en bois dur d'un ancêtre de haut rang. Elle est sculptée avec un soin particulier. Nord de I'Tie.

Ancienne collection Groenevelt (avant 1939).

Hauteur: 68 cm. lnv. 3250-B.

Dans le nord enfin, les monuments que l'on peut voir devant les maisons sont le plus souvent des mégalithes dressés ou couchés ; c'est dans cette région cependant que l'on observe aussi les statues anthropomorphes les plus impressionnantes, gowe, qui peuven·

mesurer jusqu'à 3,5 rn (fig. n et 14).

Effigies d'ancêtres

et statues protectrices en bois

Les statuettes de bois anthropomorphes existaient dans les trois régions de Nias.

Certaines témoignent d'une sensibilité et d'un talent exceptionnels, particulièrement celles qui proviennent du nord'6. Les prêtres de la religion traclitionnelle savaient quel type de statuette les circonstances exigeaient et dans quelle essence il convenait de confec tionner chaque << fétiche » '7. Les effigies pro- pitiatoires contre les maladies, les malheurs et les guerres, souvent de simples baguettes à face hwnaine, étaient probablement l'œuvr·

des ere, représentants sur terre de la déesse Silewe Nazarata. En revanche, les effigies d'ancêtres (adu zatu.a), dont la présence est attestée dans la plupart des maisons, étaient souvent dues à de véritables artistes sculp- teurs, que l'on faisait parfois venir de villagE voisins. Réalisé en mémoire du défunt, l'ad•

zatua était consacré par le ere lors d'un céré monial complexe au cours duquel la figurin était reliée par des anneaux de palmes au monument de pierre déjà dressé devant la maison : les âmes des morts étaient ainsi reliées au monde des vivants. Les adu zatua peuvent représenter des personnages mas- culins {fig. IO) ou féminins, reconnaissable.

à leurs deux boucles d'oreilles (fig. 9), alors que les bommes n'en portent qu'une. Not01 également les adu siraha salawa {fig. 12 et r;

parfois difficiles à clistinguer des adu zatua

(14)
(15)

32 L:ile de Nias

14 Statue (gowe)

en pierre. Il s'agit d'une effigie d'ancêtre fabuleux, protégeant le village ou une maison noble. Centre-est de l'ile, région de Gomo.

Hauteur: 122 cm. lnv. 3261.

leur fonction est identique, ils sont dédiés à un chef de village ou à un ancêtre fondateur de clan'8

En dehors des effigies d'ancêtres, il existait un très grand nombre de statuettes anthropo- morphes en bois, dont le nom générique est partout adu. Un des plus spectaculaires, car sa taille peut atteindre celle d'un homme, est le adu horo (fig. G), exécuté pour racheter la violation d'un interdit (les missionnaires ont employé Je mot hèir/l pour traduire la notion de péché). Il possède parfois des attributs des deux sexes'9 et porte sur la tête un ornement fourchu, que certains anthropologues ont, à la suite de R. von Heine-Geldem, rapproché des poteaux fourchus de l'Assam.

Les objets domestiques en bois sont rares.

Il s'agit surtout de tabourets ou de petits bancs (fig. I5 et r6), munis d'une lame de fer pour gratter la pulpe de la noix de coco.

Pour conclure, il faut bien convenir que l'essor du tourisme a donné à ces pratiques traditionnelles des formes nouvelles. Ainsi statuettes et panneaux sont proposés aux touristes, particulièrement à Bawômataluo, où tous ceux qui ont le moindre talent travaillent pour ce nouveau rnarché'0.

Les danses pour les touristes ont largement supplanté les cérémonies traditionnelles, et aux parures en or se sont substituées de bien tristes évocations en papier doré.

(16)

15 Instrument

en bois dur, ressemblant à un petit banc, utilisé pour gratter la pulpe des noix de coco. Sur la tête du personnage était fixée une lame de fer, le grattoir. Centre de l'ile. Longueur: 41 cm.

lnv. 3267.

16 Tabouret

en bois dur. Dans les années soixante-dix on voyait encore des sièges de ce type, en pierre, parmi les monuments disposés devant les maisons nobles du sud de l'ile. Hauteur: 38 cm.

lnv. 3268-3.

17 lëte

en pierre ayant probablement appartenu à une statue (gowe), qui était érigée devant une maison.

Il s'agissait sans doute d'un ancêtre de haut rang.

Centre-est de l'ile. Région des rivières Gomo et Tae. Hauteur: 30 cm. lnv. 3256.

33 l:lle de Nias

Références

Documents relatifs

Pourquoi même les théories de conspiration vraies ne méritent pas notre croyance: si on avait des raisons à croire qu’une théorie de conspiration soit vraie, ce fait lui-même

Les théories de conspiration présentent ainsi un défi pour la théorie de l’explication: comment pouvons nous justifier qu’au moins un grand nombre si pas toutes les théories

Arleiennu collections And:r~ Breton. Quand tu te senon m.abde. p:tnds une 6e cu tspkes de bots, faiN une idol t à figure humaine. car autrefois ees bo étalent Ces

 Rédige cette carte postale.. Ca y est, Julien et Estelle ont eu leur premier enfant ! Ils veulent évidemment envoyer un faire-part pour annoncer l’heureuse

Le président de séance, M. ROMEO, a remercié les élus et les membres des services municipaux pour leur présence. Il a également annoncé que l’ordre du jour

Urbanisme et architecture traditionnels du sud de l'île de Nias. VIARO,

Pourquoi sont-elles si importantes pour l'enseignement de la composition..

D'autre part, il faut prévoir, on le sait, des étapes transitoires entre le travail rural et le travail industriel, permettant de retenir une partie du surplus