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Vivons ensemble, sans harcèlement ni discrimination

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Academic year: 2022

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

29 septembre 2021

1635

Vivons ensemble, sans harcèlement ni discrimination

SYLVIA DE MEYER et PR IDRIS GUESSOUS En janvier de chaque année, il s’agit pour le

médecin-chef du Service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève d’identifier le thème du numéro de la Revue Médicale Suisse qui sera publié en septembre de la même année. Hardiment rédigés par les médecins internes et ce sous supervision de cadres et d’une équipe de coordination du service, les articles abordent assez traditionnellement des sujets cliniques.

Les sujets en médecine interne générale ambulatoire ne manquent certai-

nement pas, mais c’est assez rapidement qu’un autre choix a été déterminé pour l’édition de 2021. Ce numéro est en effet consacré à une épidémie mal- heureusement pas encore sous contrôle : le harcèlement. Vous y lirez notamment des articles sur les définitions et les notions de

base du harcèlement, les conséquences des discriminations et du harcèlement en milieu professionnel, ainsi que le rôle pour le méde- cin de premier recours. L’objectif de ces articles est évidemment d’aider les médecins de premier recours à reconnaître et prendre en charge les patient·e·s souffrant de harcèle- ment et de discrimination. Mais ce numéro propose également des pistes pour nous aider, nous, professionnel·le·s de la santé, à découvrir nos propres biais, nos propres expériences et parfois maladresses, mais aussi les solutions pour y remédier.

Il nous a effectivement semblé essentiel de porter un regard sur le harcèlement parmi les médecins, dans leurs structures profession- nelles. Aucune structure ni profession n’est bien entendu immunisée contre le harcèle- ment, mais l’environnement professionnel médical fait sans doute l’objet de certaines particularités. Il existe effectivement certains facteurs, comme le sens élevé du sacrifice de soi, les relations hiérarchiques fortes, des cadres encore en majorité masculins, qui

sont propices à l’émergence mais aussi à la pérennisation de problématiques de harcèle- ment. Une sorte d’« héritage » qu’il s’agit de refuser. La présence du harcèlement dans le milieu médical est d’autant plus insupportable que notre mission est de justement prendre soin. Partant de cette réalité, différentes initiatives ont vu le jour dans les hôpitaux et les facultés de médecine suisses. Ainsi, les Hôpitaux universitaires de Genève ont par exemple rajouté cette année la valeur « Égalité

et inclusion » à leurs valeurs relationnelles.1 Une valeur qui favorise l’inclusion, en considé- rant les différences de genre ou d’orientation sexuelle, d’origine ou de situation sociale, comme une richesse. Un programme ins- titutionnel « égalité et diversité » a été créé et une Commission de traitement des plaintes en matière de harcèlement et discrimination mise en place, renforçant ainsi un dispositif existant depuis 10 ans. Par ailleurs, les Hôpitaux uni- versitaires de Genève ont rendu obligatoire pour ses collaborateur·trice·s le suivi d’un e-learning contre le harcèlement.2

Ce regard porté sur les médecins, dans leurs structures professionnelles, se traduit dans ce numéro consacré au harcèlement par des articles sur l’héritage en milieu médical, les biais dans les consultations et sur la place essentielle des allié·e·s qui apportent une aide précieuse aux victimes de harcèlement.

En consacrant ce numéro du Service de médecine de premier recours au harcèle- ment, l’objectif est également de participer à une prise de conscience, favorisée il est vrai par une période où la parole se délie, les men- talités changent. Mais l’objectif ne sera réel- lement atteint que si ce travail contribue à ré- aliser l’existence d’un autre type de harcèle- ment, moins évident, plus récurrent, souvent inconscient et qu’on commence à trouver Articles publiés

sous la direction de

IDRIS GUESSOUS Service de médecine

de premier recours, Département de médecine de premier recours, HUG Faculté de médecine de Genève, Genève Comité de direction

de la Société suisse de médecine interne générale (SSMIG), Berne

MAYSSAM NEHME Service de médecine de premier recours, Département de médecine de premier recours, HUG

DAGMAR M. HALLER Service de médecine

de premier recours, Département de médecine de premier recours, HUG, Genève Institut universitaire de médecine de famille et de l’enfance, Faculté de médecine, Université de Genève, Genève

SYLVIA DE MEYER Responsable du programme égalité inclusion, HUG, Genève

AUCUNE STRUCTURE NI

PROFESSION N’EST BIEN ENTENDU IMMU­

NISÉE CONTRE LE HARCÈLEMENT

Bibliographie 1

Des mesures ambitieuses pour l’égalité et l’inclusion aux HUG. Disponible sur : https://www.hug.ch/

medias/communique- presse/mesures- ambitieuses-pour- egalite-inclusion-aux-hug 2

E-learning. « Moi ? Harceler ?! Si on ne peut plus rigoler… ».

Disponible sur : https://

outil.ge.ch/site/

prevention- harcelement-sexuel/fr/

story.html

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REVUE MÉDICALE SUISSE

WWW.REVMED.CH 29 septembre 2021

1636

dans la littérature, y compris médicale, sous le terme de « microagression ». Si ce terme a été proposé il y a plus d’une cinquantaine d’années, quatre types de microagressions (microinsult, microassault, microinvalida- tion et environmental microaggressions) ont été récemment proposés et le lecteur ou lectrice intéressé·e pourra trouver leur définition ailleurs.3

Ces agressions verbales ou non verbales mais toujours subtiles n’atteignent qu’occasion- nellement et peuvent souvent être ignorées

« comme s’il s’agissait de piqûres de mous- tiques égarés »,4 mais l’effet cumulatif de ces piqûres est dommageable et peut conduire au mal-être, au burnout et même à des pro- blèmes de santé pour la victime. Face à une microagression, des modèles de réponse comme le « Open The Front Door », ACTION ou XYZ sont proposés et, là aussi, repérer les allié·e·s est essentiel.3

Si chacun·e pourra très certainement se rappeler des situations durant lesquelles il·elle a été victime d’une microagression, il est malheureusement raisonnable de penser que nous ayons tou·te·s été à

l’origine d’une microagression et que nous ne sommes pas à l’abri d’en commettre d’autres. Il serait donc déjà formidable d’apprendre à le réaliser rapidement, de savoir présenter nos regrets et d’être attentif·ve·s à ne pas les répéter.

Aussi, à une tolérance zéro face au sexisme, à la violence, au

harcèlement ainsi qu’à toute discrimination.

Il est utile de réaliser que nous sommes à des degrés différents tou·te·s microagressé·e·s, tou·te·s microagresseur·se·s et que nous avons donc tou·te·s intérêt à vivre dans un environnement professionnel égalitaire, divers et inclusif.

NOUS SOMMES À DES DEGRÉS DIFFÉRENTS TOU·TE·S MICRO­

AGRESSÉ·E·S, TOU·TE·S MICRO­

AGRESSEUR·SE·S

Bibliographie 3

Torres MB, Salles A, Cochran A. Recognizing and reacting to microaggressions in medicine and surgery.

JAMA Surg 2019;154:868-72. Doi:

10.1001/

jamasurg.2019.1648.

4

Microaggressions in medical training:

Understanding, and addressing, the problem. Disponible sur : https://scopeblog.

stanford.

edu/2018/05/22/185969/

Références

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