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Vous feriez comment, vous ?

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874 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 20 avril 2011

actualité, info

Vous feriez

comment, vous ?

«La pauvre, elle vient de recevoir une mau- vaise nouvelle…» La compassion de la voi- sine de chambre, à ce moment où elle a franchement ses propres problèmes, est profondément touchante. Compréhensible ; admirable même, sans doute. A cela près qu’elle n’aurait en fait pas dû connaître l’état de santé de sa voisine. La confidentialité dans un hôpital, c’est un problème difficile.

Tellement difficile, en fait, que l’on se sen- tirait presque tenté de déclarer forfait. Nous avons tous eu l’expérience de conversations de couloir qui n’auraient pas dû s’y tenir. Au fil des milliers d’heures qu’on y passe, on se sent presque chez soi dans un hôpital. Dans les ascenseurs d’hôpitaux bri-

tanniques, on est, semble-t-il, témoin d’une rup ture du secret médical dans 3-7% des trajets,1 et il serait surprenant que les ré- sultats soient très différents ici.

La visite au lit du patient, inévita- blement, mène à des conversa- tions que d’au tres patients en- tendent. Il semblerait d’ailleurs que les patients comprennent et ne nous en tien nent en général pas rigueur. Mais parfois ils tai- sent leurs propres informations par crainte d’être entendus.2

Et c’est là le hic. Difficile à protéger dans un hôpital, la con-

fidentialité n’en reste pas moins une pierre angulaire de la médecine. Contrôler l’informa- tion qui nous concerne, cette part de sphère privée non physique ; comment se confier à un soignant sans cette garantie ? Et com- ment pratiquer la médecine si toute anam- nèse se voyait amputée des informations que le patient jugerait sensibles ? Une pierre angulaire, oui. Mais qui a sans cesse besoin d’être défendue. Les anthropologues nous le soufflent, les ragots nous sont un point com- mun. Avec l’esthétique, les soins aux enfants, le deuil, le conflit, la narration, les promes-

ses, l’empathie, la peur de la mort, l’admira- tion de la générosité, le feu, le langage et le goût du sucre parmi bien d’autres, un élé- ment parmi une longue liste d’universels hu- mains. On tchatche dans toutes les cultures.

Dire ce que l’on sait les uns des autres nous vient naturellement. Aller à contresens, ce n’est pas facile.

Mais en même temps, exercer la méde- cine c’est aussi accepter de ramer à contre- courant. Comme disait récemment un collè- gue : «C’est pas comme si faire le bien des gens était dans l’air du temps…». L’air du temps nous donne parfois l’impression que taire quelque chose est déjà presque être coupable. Il insiste toujours plus sur la trans- parence. Largement à juste titre d’ailleurs.

Sauf que malgré tout cela, oui, nous avons des choses à cacher.

Alors dans un hôpital, comment fait-on ? Des affiches dans les ascenseurs ? Des rap- pels ? La réorganisation des lieux où l’on parle ? Protéger le secret médical peut pren- dre des airs de contrôle de l’infection… Car le courant de la transparence ne faiblit pas.

Et les obstacles logistiques non plus. Les in- formations transmises avec la facturation se font plus détaillées. Des étudiants en méde- cine américains ont été repris pour avoir

rompu le secret médical sur des réseaux so- ciaux. Le temps manque souvent pour pren- dre un patient à part. Les informations doivent circuler et parfois elles font un over shoot… Alors dans tout ça, vous feriez com ment, vous ? Va falloir continuer à ramer, en tout cas.

1 Vigod SN, Bell CM, Bohnen JM. Privacy of patients’

infor mation in hospital lifts : Observational study. BMJ 2003;327:1024-5.

2 Malcolm HA. Does privacy matter ? Former patients discuss their perceptions of privacy in shared hospital rooms. Nurs Ethics 2005;12:156-66.

carte blanche

Pr Samia Hurst Médecin et bioéthicienne Institut d’éthique biomédicale Faculté de médecine CMU, 1211 Genève 4 Samia.hurst@unige.ch

Alzheimer : les nouve

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