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L'histoire des sciences « par en bas »

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Appel à communications

L'HISTOIREDESSCIENCES « PARENBAS »

Colloque – Université du Maine – Le Mans (France) 5-7 juin 2013

Argument scientifique

Depuis les années 1960, s'est développé en Grande Bretagne le projet d'une histoire « par en bas ». À une histoire traditionnelle focalisée sur les institutions et les grands hommes s’est substituée une histoire des pratiques et des résistances populaires auxquelles, par ce biais, une légitimité a été conférée. L’un des apports les plus précieux de cette démarche réside dans la manière de prendre au sérieux des comportements et des savoirs considérés comme marginaux ou irrationnels. Centrée sur des acteurs « modestes » ou « profanes » dont il s’agit de repenser l’action dans l’histoire, ce courant historiographique a contribué à renouveler l'histoire sociale et politique.

L'histoire des sciences n'est pas restée étrangère à ces nouvelles perspectives, particulièrement l'histoire de la médecine. En 1985, dans un article de référence, Roy Porter proposait de rompre avec une histoire monolithique centrée sur les découvertes techniques ou les gloires médicales et qui faisait peu de cas de pratiques populaires toujours repoussées hors du champ de la cure. Olivier Faure montrait par la suite à quel point l’initiative et la demande des patients s’avérait cruciale dans l’évolution du soin. Dans le même temps, des enquêtes portant sur une histoire des savoirs et des pratiques du point de vue des patients, réalisées à partir de sources multiples, notamment des écrits du fort privé et des correspondances de malades conservées dans les archives de médecins, tel Samuel Tissot, ont favorisé une relecture de l’histoire de la médecine

« par en bas ». Ces approches multiples permettent de relativiser l’image d’une médicalisation linéaire et univoque, professionnelle et académique, et de réévaluer la capacité stratégique autonome des sujets.

Dans le champ des sciences expérimentales, les connaissances pratiques des artisans – que Robert Halleux nomme « le savoir de la main » dans un ouvrage de 2009 – constituent des formes d’essais, d’expérimentations sinon d’expériences. Botanique et zoologie se construisent aux XVIIIe-XXe siècles en regard des pratiques des jardiniers, horticulteurs ou agronomes, botanistes amateurs ou collectionneurs. Sociétés savantes, jardins botaniques, roseraies ou vergers sont autant de lieux où des acteurs non scientifiques observent les plantes et cherchent des moyens de maîtriser

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et d’expliquer leur développement ou leur hérédité. Leurs observations constituent souvent des arguments et des exemples mobilisés dans la construction des théories de l’évolution. Prendre en compte la manière dont des acteurs divers formalisent les savoirs implique ainsi de changer le regard qui voudrait faire de la pratique horticole une simple application de la science pour mettre l’accent sur les interactions fécondes qui s’établissent entre elles.

De nos jours, la question des « cultures savantes » dont peuvent disposer les acteurs non scientifiques et non institutionnels est devenue par ailleurs un enjeu social et politique, comme l’illustre le développement du rôle scientifique des associations de patients ou de parents de patients en médecine ou l’organisation de consultations citoyennes sur des questions relevant de choix techniques et scientifiques. C'est pourquoi il nous paraît intéressant d'étendre les perspectives de l’histoire « par en bas » aux sciences de l'homme et de la nature dans leur ensemble et d’ouvrir, à l’occasion de ce colloque, une réflexion collective sur ses implications méthodologiques et théoriques.

Perspectives privilégiées lors du colloque

La période chronologique considérée est celle de l'émergence des sciences de l'homme et de la nature dans leurs formes institutionnelles modernes (XVIIIe-XXe siècles). Les études portant sur le contemporain pourront être intégrées dans la mesure où elles comportent une dimension historienne.

Plusieurs pistes de recherche pourront être envisagées :

- Une histoire des acteurs qui ne sont pas au cœur des institutions officielles de la recherche scientifique et une histoire des pratiques marginales (médecins généralistes, techniciens, artisans, amateurs, etc.).

- Une histoire des médiateurs et des modes de circulation des savoirs (associations ou réseaux, médias généralistes et populaires, dictionnaires et encyclopédies, éditeurs, etc.).

- Une histoire des « sujets » et des publics comme acteurs de la science et non comme simples

« récepteurs » d'un savoir vulgarisé venu d'en haut.

- Une histoire des modes d'appropriation des savoirs (résistances, transformations, etc.).

Ce colloque a également pour objectif de favoriser une réflexion collective d'ordre méthodologique qui pourra porter :

- Sur les sources. Quelles archives sont mobilisables pour écrire une telle histoire (sources

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3 orales, correspondances, etc.) ?

- Sur les problématiques classiques qu’une histoire des sciences « par en bas » contribue à renouveler et sur les perspectives neuves qu'elle ouvre.

- Sur les frontières de cette « histoire par en bas ». Quels acteurs, quels groupes, quels types de savoirs peuvent être considérés comme relevant d'une histoire par en bas et, dans ce cas, selon quel point de vue les envisager ? Un cas limite intéressant est, par exemple, celui des médecins généralistes au sein de la médecine du XXe siècle. Quand et comment cessent-ils de relever d'une histoire de la médecine « par en haut », et selon quel point de vue les étudier dans la perspective d'une histoire « par en bas »?

- Sur la meilleure échelle d’étude de ces acteurs et de ces pratiques. On pourra s’interroger notamment sur la relation entre histoire « par en bas » et microhistoire.

De telles réflexions méthodologiques n'ont pas été menées jusqu'à présent de manière collective. Ce colloque leur accordera une place importante.

Modalité de soumission des propositions

Les propositions de communication (2 500 caractères environ), présentant une dimension méthodologique et comportant une courte bio-bibliographie de l’auteur, devront parvenir aux organisateurs avant le 30 septembre 2012. L’acceptation des propositions sera notifiée par le comité scientifique en novembre 2012.

Lieu et organisation

Le colloque se déroulera à l’Université du Maine (Le Mans, France, http://www.univ-lemans.fr) les 5, 6 et 7 juin 2013.

Il est organisé par le Centre de recherches historiques de l’Ouest (CNRS UMR 6258, http://www.univ-rennes2.fr/cerhio).

Organisateurs et contacts

Cristiana OGHINA-PAVIE (CERHIO, Université d’Angers) cristiana.oghinapavie@gmail.com Hervé GUILLEMAIN (CERHIO, Université du Maine) guiherv@club-internet.fr

Nathalie RICHARD ((CERHIO, Université du Maine) Nathalie.Richard@univ-lemans.fr

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