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Qu il faille réinventer l histoire de France notamment

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Academic year: 2022

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Robert Kopp

Q

u’il faille réinventer l’histoire de France – notamment pour un public scolaire –, tout le monde en convient, de gauche, de droite ou d’En marche ! (1). Mais une fois ce constat fait, les avis divergent sur la manière de s’y prendre. Les propositions sont aussi nombreuses que contradictoires. Les moins intéressantes sont sans doute celles qui sont faites en période électorale. Trop démagogiques, elles suscitent des protestations symétriques, chaque camp reproduisant en miroir les arguments du camp opposé. Or, par-delà les circonstances, ces polé- miques nous rappellent que l’histoire, en France, est un sujet hautement sensible : il touche au sentiment d’identité même du pays.

Histoire et identité

La France n’est pas un cas isolé. Toutes les nations européennes, depuis l’époque romantique et les célèbres Discours à la nation alle- mande de Johann Gottlieb Fichte, connaissent des interrogations analo- gues. À preuve, les discussions qu’a suscitées outre-Rhin le livre récent d’un germaniste réputé, Dieter Borchmeyer, Qu’appelle-t-on allemand ? Une nation à la recherche d’elle-même (2). Rien d’étonnant donc qu’en France, où l’histoire est un objet de controverses depuis le XVIIIe siècle,

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les polémiques repartent à chaque commémoration, à chaque rappel de ce passé dont beaucoup d’épisodes restent conflictuels. À preuve, lorsque Emmanuel Macron évoque, au cours d’un déplacement en Algérie, la colonisation et la qualifie de « crime contre l’humanité », ou lorsqu’il réaffirme dans son discours du Vél’ d’Hiv’ de 2017 en présence du Premier ministre d’Israël la responsabilité de « la France » dans la rafle des 16 et 17 juillet 1942. C’était oublier qu’il n’y avait pas une France à l’époque, mais deux, si ce n’est plus, et confondre morale et vérité historique, comme l’avait fait Jacques Chirac avant lui (3).

Emmanuel Macron n’est de loin pas le seul homme politique qui a été tenté de s’approprier l’histoire de France à des fins politiques. On se souvient de la promesse faite par le candidat François Fillon, le 28 août 2016, à Sablé-sur-Sarthe, de faire réécrire les

programmes d’histoire, à commencer par ceux du primaire : « Pourquoi les enfants chinois apprennent-ils par cœur la liste des dynasties qui ont régné sur leur pays durant trois mille ans et expriment leur fierté d’ap- partenir à une grande civilisation, quand les jeunes Français ignorent des pans de leur his-

toire ou, pire encore, apprennent à en avoir honte ? » Et d’ajouter : « Si je suis élu président de la République, je donnerai instruction au ministre de l’Éducation nationale d’abroger ces programmes et de demander à trois académiciens de renom de s’entourer des meilleurs avis afin de les réécrire, avec l’idée de les concevoir comme un récit national. »

L’historien n’est pas au service de la patrie

Ce genre de propos – François Fillon voulant par ailleurs en finir avec la repentance – a été répété à satiété. Et à chaque fois, les protesta- tions ont été les mêmes, que ce soit de la part d’historiens ou de jour- nalistes, pointant du doigt une conception de l’histoire flairant bon l’école de la IIIe République, de Jules Ferry et d’Ernest Lavisse, l’« ins- tituteur national » (4), qui avait fait marquer sur la couverture de son

Robert Kopp est professeur à l’université de Bâle. Dernières publications : Album André Breton (Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2008), Un siècle de Goncourt (Gallimard, 2012), l’Œil de Baudelaire (avec Jérôme Farigoule et alii, Paris-Musées, 2016).

› robert.kopp@unibas.ch

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manuel destiné au cours moyen en 1912 : « Tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle et son histoire l’a faite grande. » Une recommandation qui, même aujourd’hui, n’a rien de scandaleux !

Ce récit national, élaboré au lendemain de Sedan par des répu- blicains de gauche soucieux de réconcilier la France de la Révolution avec celle de l’Ancien Régime, avait son utilité, surtout à l’époque de la revanche. Il culminait dans la victoire de 1918. Or cette utilisa- tion politique et patriotique de l’histoire fut dénoncée dès l’immédiat après-guerre. Ainsi Lucien Febvre a-t-il refusé, dans sa leçon inaugu- rale à université de Strasbourg (5), d’inscrire son activité de chercheur et d’enseignant dans une quelconque « utilité nationale », « comme l’ingénieur, comme le grand industriel et le savant technicien », qui travaillaient « à la gloire, à la grandeur, à l’expansion » du pays. Il n’existait pourtant pas une tâche plus belle « dans cette Alsace sevrée pendant presque un demi-siècle de parole et de pensée françaises, assié- gée par les mille mensonges et les mille astuces d’un vainqueur sans scrupule ». Il n’empêche, l’histoire n’est pas là « pour la justification d’une politique, pour la glorification d’une dynastie et d’un État ».

Et, cédant à une formule trop facile, Lucien Febvre assène : « Une his- toire qui sert, c’est une histoire serve. » À ses yeux, « l’histoire est une science », elle n’est pas « une avocasserie ». La science « du développe- ment de l’homme à travers les âges », celle de l’établissement des faits

« utiles à la connaissance de ce développement » et du classement de ces faits « par ordre chronologique en séries homogènes », celle enfin, dans un futur lointain, de « l’obtention de lois » régissant ce déve- loppement, comme l’avaient tenté Marx et Engels dans le Manifeste communiste, mais en confrontant « nos méthodes d’analyse avec ces procédés de synthèse ambitieux ».

Ce refus d’une histoire au service de la patrie n’a pas empêché le même Lucien Febvre, au moment de la Seconde Guerre mondiale, de penser que l’enseignement de l’histoire pouvait être une forme de résistance, et, après la guerre, qu’elle contribuerait au rétablissement de la paix et à la réconciliation des peuples. Dans les années trente, en revanche, l’école des Annales proposait d’autres formes d’histoire, privilégiant la longue durée, l’histoire sociale, celle des mentalités,

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des mœurs, des sensibilités. Ces recherches, partagées d’abord par un public de spécialistes, ont fini par atteindre l’enseignement secon- daire – pour le meilleur et pour le pire –, ainsi qu’une partie du grand public. Mais non pas François Fillon, apparemment, qui ne craint pas d’affirmer : « Le récit national, c’est une histoire faite d’hommes et de femmes, de héros, de symboles, de lieux, de monuments, d’évé- nements qui trouvent un sens et une signification dans l’édification progressive de la nation. »

Histoire et littérature

Il se savait en phase avec son électorat. En effet, pour contes- table que soit cette conception aux yeux des historiens, elle n’en reste pas moins celle qui a cours auprès du grand public, en dépit des déconstructions (6). Elle fait le succès des livres et des émissions d’un Alain Decaux, d’un André Castelot ou d’un Max Gallo, qui est celui d’une tradition française bien établie, représentée par les Jacques Bain- ville, André Maurois, Marcel Brion ou Pierre Gaxotte. Elle remonte d’une certaine manière à Michelet, dont la popularité ne se dément pas, comme en attestent les nombreuses rééditions (7). Sans parler des romans d’Alexandre Dumas, dans lesquels la plupart des jeunes Français apprennent – ou apprenaient jusque dans un passé récent – l’histoire de leur pays.

Parallèlement à l’histoire de Michelet, consacrée au passé, c’est le roman – de Balzac à Zola en passant par les Goncourt – qui prend en charge le récit du présent, fondant ainsi une autre tradition qui se poursuit jusqu’aujourd’hui. Beaucoup de romans contemporains, aussi bien de Patrick Modiano que de Michel Houellebecq, sont à certains égards des romans du temps présent ou du passé immédiat, sans parler de ceux de Paule Constant, de Françoise Chandernagor, de Patrick Rambaud et de bien d’autres. Histoire et roman poursuivent d’ailleurs un même but : relier par un récit des événements qui, a priori, n’ont pas nécessairement de lien entre eux, afin d’en dégager le sens (à la fois direction et signification).

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On ne sait à quels académiciens avait pensé François Fillon pour faire récrire le « récit national », mais c’est bien à des représentants de cette tradition-là qu’il aura songé. Que leur manière de raconter l’his- toire de France pour le grand public et peut-être même pour l’école primaire garde tout son intérêt, qui n’en conviendrait ? C’est le cas aussi de Pierre Nora. Au cours d’un entretien avec Alain Decaux, publié dans le Débat en 1984 et repris récemment dans un petit volume (8), il constate les dégâts qu’a faits dans les classes la « nouvelle histoire », par laquelle on a voulu remplacer le récit traditionnel :

« On a voulu, quoi de plus normal, faire descendre les résultats de la recherche jusque dans les manuels scolaires : plus d’histoire nationale, plus d’histoire politique, plus d’histoire événementielle. Or il s’avère aujourd’hui, ce n’est plus secret pour personne, que c’est un échec complet. Et l’on découvre – l’idée est en train de faire son chemin – que les enfants accédaient beaucoup plus efficacement à l’his- toire au travers de la mythologie que leur dispensaient les anciens manuels qu’au travers de la pédagogie, pourtant en prise directe sur l’étude de leur milieu, de leur environne- ment, par laquelle on a voulu les initier aux grands acquis de la nouvelle histoire économique et sociale. L’histoire du type Lavisse, l’histoire IIIe République à l’école primaire laissait une empreinte profonde sur les consciences enfan- tines que les enquêtes sur le quartier ou la commune, que les études du passé local échouent à produire. Comme s’il y avait une voie d’accès obligée au sentiment de l’histoire par la force imaginaire d’un type de récit dont les vieux manuels, avec un bonheur involontaire, avaient trouvé la juste formule. (9) »

Constater que la transposition sur le plan scolaire d’avancées de la recherche scientifique cause plus de dégâts qu’elle ne présente d’avan- tages ne vaut pas seulement pour l’histoire : quel n’est pas le désastre qu’a provoqué la linguistique en voulant imposer la méthode globale

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pour l’apprentissage de la lecture et en supprimant les catégories grammaticales traditionnelles ! Sans parler de la théorie des ensembles en mathématiques !

Par son projet aussi naïf que maladroit, François Fillon espérait répondre au malaise qu’avaient constaté bien des politiques avant lui et qui avait par exemple conduit le président Hollande à demander aux deux Assemblées début 2015 un rapport sur les possibilités de renforcer « l’appartenance républicaine » par l’enseignement de l’his- toire. L’Assemblée nationale étant alors orientée à gauche et le Sénat à droite, on ne s’étonnera pas que ce ne fut pas un mais deux rapports qui ont été remis, tant le sujet de l’histoire divisait les deux camps.

« La gauche et la droite n’habitent pas la même planète », déclarait Bruno Retaillau, alors président du groupe UMP au Sénat (10). Si le Sénat estimait que la culture républicaine était minée par le com- munautarisme et les manquements à la laïcité, l’Assemblée nationale déplorait la désaffection civique – qui se traduit par une abstention croissante lors des élections. Aussi le premier recommandait-il le retour à un enseignement décomplexé du « roman national », alors que le second voulait charger le monde associatif de suppléer à une instruction civique défaillante et rendre le vote obligatoire.

Ces discussions récurrentes ne font que traduire une véritable soif d’histoire ressentie par les nombreux citoyens. Elle fait le succès de l’émis- sion de France 2 « Secrets d’histoire », mais aussi des Grands duels qui ont fait la France (11) des Grands débats qui ont fait la France (12), sans parler de l’Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud (2004). Que savons-nous des publics de ces livres et de ces émissions ? Il se pourrait qu’ils soient plus populaires et provinciaux qu’urbains et bourgeois.

Une histoire post-moderne ?

Or les intellectuels et le commun des lecteurs ne sont pas moins férus d’histoire de France que le public populaire. Mais il leur faut du dépaysement, un semblant d’audace, estampillés si possible par une autorité universitaire. D’où le succès d’Histoire mondiale de la France,

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dirigée par Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, aux Éditions du Seuil (2017). Si les déclarations de François Fillon ont suscité davantage de protestations à gauche, le gros volume de Patrick Boucheron, réunissant les contributions de cent vingt collègues, a sur- tout été critiqué à droite. Mais pas seulement.

Dans son « ouverture », Boucheron se place sous l’invocation de Jules Michelet et de Lucien Febvre. Michelet fournit la justi- fication du titre : « Ce ne serait pas trop de l’histoire du monde pour expliquer la France. » Sauf que, replacée dans le contexte de l’Introduction à l’histoire universelle, cette phrase a une signification tout autre. Michelet n’a-t-il pas aussi dit et répété : « La France est une personne » ? Ou encore : « L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationa- lité » ? Chacun fait dire à ses auteurs ce qu’il veut. Mais l’essentiel est ailleurs. Boucheron présente son entreprise avant tout comme un jeu, inspiré par « le principe de plaisir », par l’envie de « se créer des surprises ». Est-il meilleur moyen de se mettre à l’abri de toute critique un peu serrée ?

Ce jeu consiste à suspendre l’histoire de France à 146 dates.

« L’entrée par les dates s’imposait comme la manière la plus effi- cace pour déjouer les continuités illusoires du récit traditionnel. » Pourquoi pas les lieux, comme l’ont fait Michel Winock et Olivier Wieviorka dans les Lieux de l’histoire de France (13) ? Sans doute parce que l’ombre portée des Lieux de mémoire de Pierre Nora est trop écrasante. Mais aussi parce que la chronologie a quelque chose de rassurant tout en permettant de faire des pas de côté. « Chaque auteur avait donc toute liberté de bâtir son intrigue à partir d’une date de l’histoire de France – que celle-ci fasse déjà partie de la frise chronologique du légendaire national ou qu’on l’y ramène d’ail- leurs, entendons d’un autre endroit de la mémoire du monde. » Les dates du légendaire national existent donc bel et bien – d’ail- leurs, une collection comme « Les journées qui ont fait l’histoire de France » le prouve –, mais on leur préférera les autres, sinon où serait le dépaysement ?

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Déconstruisons les continuités

146 dates, donc, de « 34 000 avant J.-C. » jusqu’au « retour du dra- peau », après les attentats islamistes de 2015. De la grotte Chauvet (Winock et Wieviorka ont choisi Lascaux), première œuvre de métis et de migrants, jusqu’à « la lente érosion de l’idée d’une France ouverte et de toutes les couleurs », le point culminant de cette France « black- blanc-beur » ayant été la Coupe du monde de football de 1998. Le reflux – l’échec du multiculturalisme à la française, tel qu’il est pointé dans l’article « Sarcelles » de Winock et Wieviorka – n’est traité qu’al- lusivement et sans que soient cités les travaux de Georges Bensoussan, parmi d’autres (14).

Mais pourquoi 146 dates et non pas 93 ou 217 ? Sans doute parce que l’éditeur a estimé que 146 fois 10 000 à 15 000 signes rempliraient à peu près 800 pages sur deux colonnes et que c’était suffisant pour être vendu 29 euros. Et quelles dates ont été retenues ? De manière générale, on a évité un grand nombre de celles auxquelles vous auriez pu vous attendre. Ne cherchez donc pas 1661, marquée par la mort de Mazarin et le début du règne personnel de Louis XIV, ni 1715, année de la mort de ce dernier. En revanche, vous trouverez, en 1660, son mariage avec Marie-Thérèse d’Autriche et la signature du traité des Pyrénées, mais aucune allusion à Molière, qui fête ses débuts avec les Précieuses Ridicules. C’est pourtant par son théâtre que la France s’est invitée dans le monde entier. Il a été un modèle (ou un repoussoir) pour toutes les littératures européennes. On en cherche vainement la trace dans la compilation de Patrick Boucheron. Le rayonnement des artistes français en Europe et dans le monde a pourtant été largement étudié, par Louis Réau (l’Europe française au siècle des Lumières, 1938) ou par Marc Fumaroli (la République des Lettres, 2015). Lacunes incompréhensibles pour une histoire mondiale de la France qui se veut aussi histoire culturelle.

Pour 1662, c’est le rachat de Dunkerque au roi d’Angleterre qui a été retenu, et pour 1664, la création de la Compagnie des Indes occidentales et orientales par Colbert. Pourquoi pas ? Mais pourquoi pas, dans le premier cas, la mort de Pascal qui, bien que malade,

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avait encore participé, à la demande du duc de Roannez, à l’assè- chement des marais poitevins et inauguré avec lui la première ligne de carrosses à cinq sols, début des transports en commun parisiens, qu’il eût fallu mettre en regard avec ce qui se faisait alors à Londres ou à Vienne ? Ou l’édit des hôpitaux généraux conduisant au « grand renfermement » (point de départ de l’Histoire de la folie à l’âge clas- sique de Michel Foucault, citée par ailleurs page 729, mais de façon erronée, la première édition n’ayant pas été publiée chez Gallimard en 1972, mais chez Plon en 1961) ? Ou la publication de la Logique de Port-Royal, qui a révolutionné la philosophie européenne ? Et dans le second cas, pourquoi pas l’affaire du Tartuffe, épisode impor- tant pour les relations du roi de France avec Rome ? Ou les fêtes des Plaisirs de l’île enchantée, modèle de la fête de cour pour toute l’Europe ? Ou le procès de Fouquet et ses répercussions ? Ou la créa- tion, à Strasbourg, de la brasserie Kronenbourg ?

Pour 1685, vous aurez certes droit à « La révocation de l’édit de Nantes, événement européen », mais pas à la promulgation du Code noir. Et pour 1720, ne vous formalisez pas de ne pas trouver men- tionnée la dernière grande peste européenne, à Marseille, ni l’accepta- tion de la bulle Unigenitus, si importante pour les rapports de l’Église française avec la papauté. Vous vous contenterez de la liquidation du système de Law, mais ne vous attendez pas à être renvoyé aux travaux pionniers de Herbert Lüthy sur la banque protestante. De manière générale, les articles concernant l’histoire religieuse de la France sont peu nombreux et parmi les entrées existantes, il en est de curieusement indigentes, comme celle qui concerne la fondation de Cluny. Voilà pourtant un sujet dont la dimension européenne eût mérité d’être détaillée. Et une nouvelle fois, on notera la pauvreté des références, où ne figurent ni les travaux de Neil Stratford, ni ceux de Hartmut Atsma, ni ceux de Marcel Pacaut. « Il faut savoir voyager léger », dit Boucheron, pour justifier l’absence de notes, tout en affirmant que les diverses contributions sont « constamment renouvelée(s) par la recherche ». Certes, les auteurs citent complaisamment jusqu’à leurs derniers articles, mais ils oublient souvent de mentionner les travaux de leurs prédécesseurs.

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Si, pour chacune des dates retenues, il est facile d’énumérer d’autres événements de portée mondiale que ceux qui sont dévidés, il est éga- lement facile de remplacer chacune des dates par d’autres, non moins significatives. Autant dire que la liste proposée ne fait pas sens et qu’elle vaut toutes les autres. Il ne s’agit pas d’une alter-chronologie mais d’une chronologie du n’importe quoi. Enfiler des perles ramassées au hasard de quelque flânerie sur l’axe du temps ne fera jamais un livre d’histoire, tout au plus une sorte de cadavre exquis. Ce volume est à un livre d’his- toire ce qu’un manuel de Scrabble est à une étude littéraire.

Ce choix totalement arbitraire des dates suggère que chacun, désor- mais, composera une histoire selon son goût et ses préférences et que tous les parcours se valent. C’est le contraire même de l’histoire, dont Johan Huizinga disait qu’elle représentait la manière dont une civilisation prend conscience d’elle-même et se rend compte de son passé. Cette dimen- sion collective est une condition indispensable à toute histoire. Tous les grands historiens l’ont souligné, de Michelet à Febvre. « L’histoire ne pré- sente pas aux hommes une collection de faits », écrivit ce dernier dans un article de 1949, au moment où il publiait Apologie pour l’histoire de son ami Marc Bloch, assassiné par les nazis le 16 juin 1944, et qui sert de conclusion à ses Combats pour l’histoire. « Elle organise ces faits. Elle les explique, et donc pour les expliquer elle en fait des séries, à qui elle ne prête point une égale attention. Car, qu’elle le veuille ou non – c’est en fonction de ses besoins présents qu’elle récolte systématiquement, puis qu’elle classe et groupe les faits passés. C’est en fonction de la vie qu’elle interroge la mort [...] Organiser le passé en fonction du présent : c’est ce qu’on pourrait nommer la fonction sociale de l’histoire. (15) »

Une histoire politiquement correcte

Si Patrick Boucheron présente son entreprise comme un jeu, c’est sans doute pour faire oublier l’idéologie qui est à l’œuvre : celle d’une

« conception pluraliste de l’histoire » prétendant lutter « contre l’étré- cissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public » et pro- pageant une certaine vision de la France, de l’Europe, du monde qui,

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parfois, s’affiche ouvertement, mais, le plus souvent, reste implicite.

Elle se manifeste à travers la récurrence de certaines thématiques, qui sont privilégiées au détriment d’autres, ainsi que dans l’emploi des codes du politiquement correct et des éléments de langage d’un gau- chisme culturel bien connu par ailleurs.

Car Boucheron et ses collaborateurs ne présentent une histoire buissonnière qu’en apparence. Leurs choix sont en effet orientés en fonction d’une France dont l’origine et l’histoire pourraient d’abord être résumées par l’idée de métissage. Et de se réclamer de ce texte inachevé et posthume de Lucien Febvre, au titre provocant à dessein, choisi par les éditeurs, « Nous sommes des sang-mêlés », et qui était destiné à devenir un manuel de l’Unesco, projet très daté et d’ailleurs aussitôt enterré par ses commanditaires. L’idée était née à la fin des années quarante, dans le but quelque peu naïf, mais compréhensible dans le contexte de l’après-guerre, d’éradiquer de l’enseignement de l’histoire le racisme, le nationalisme et la peur de l’autre, et de pro- mouvoir la paix en soulignant le caractère positif du métissage et de l’interdépendance des cultures. Dédié « à un petit Français », ce volume, affichant de manière touchante sa foi en le pouvoir paci- ficateur du discours historique, devait remplacer les petits Lavisse nationaux par un grand Lavisse universel. Heureusement qu’il n’en a rien été.

On dirait que c’est en fonction d’un tel programme qu’ont été choisies par Boucheron les nombreuses entrées touchant de près ou de loin aux migrations, à commencer par la première, concernant la grotte Chauvet. L’Homo sapiens, nous y apprend-on d’entrée de jeu, est le résultat d’un « métissage irréductible » et « l’homme de Cro- Magnon, notre ancêtre direct – un métis par vocation ». N’est-ce pas jouer sur les mots ? Ou avancer une banalité ? Les anthropologues nous ont appris depuis longtemps que les entités pures, c’est-à-dire les races, n’existent pas. Aussi, plutôt que d’insister, à propos de cette grotte, sur les mouvements de populations qui ne s’y rapportent pas nécessairement, il eût sans doute été plus utile pour lecteur non spé- cialisé, le « large public » auquel on prétend s’adresser, d’expliquer que l’art pariétal n’existe qu’en Europe, alors que l’art rupestre est connu

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sur l’ensemble des continents et de s’interroger sur cette singularité.

Ou de s’attarder sur les hypothèses qui ont été avancées quant aux significations possibles de cet art. Et de citer dans la bibliographie les travaux fondateurs d’André Leroi-Gourhan et d’Alain Testart.

Que ces témoignages de la présence humaine sur le sol devenu français aient leur place dans une Histoire mondiale de la France, per- sonne ne le contestera. Mais que signifie le titre choisi pour cette sec- tion, « Aux prémices d’un bout du monde » ? Et comment peut-on faire suivre les alignements de Carnac (4600 av. J.-C.) par l’arrivée de Grecs à Marseille (600 av. J.-C.), la tombe de Vix (500 av. J.-C.), la bataille d’Alésia (52 av. J.-C.) et introduire une césure entre cette dernière date et celle de 48 de notre ère (les représentants de la Gaule chevelue demandant à accéder au Sénat romain) ? C’est faire preuve d’un sens très singulier de la périodisation.

La compilation de Boucheron impose une conception de l’histoire qui fait la part belle à la lutte des classes, qui commence déjà à Car- nac : « Naissance des hiérarchies et des inégalités sociales, soumission volontaire, contrôle du travail d’autrui [...]. » Une histoire qui tient également à afficher son refus de tout européocentrisme, voire de tout anthropocentrisme. D’où les innombrables éléments de langage du genre : « Les stéréotypes alimentent l’arrogance envers l’Autre, celui que nous avons été, aujourd’hui exhibé dans les musées en manne- quins crasseux, succédanés polis des zoos humains. » Ou encore : « Il faut s’y résigner, l’agriculture n’a pas été inventée en France. Ni même en Europe. » Pourquoi « s’y résigner » ?

Lacunes et gauchissements

Infléchissement, gauchissement jusque dans certains détails.

Exemple : « 1842 : et la littérature devient mondiale. »

« La Comédie humaine, dont le programme est tracé par Balzac en 1842, fait du roman une effigie de la culture française mais aussi un genre littéraire mondial. Ouvrant

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grand les portes de la description, la littérature définit les nations et se donne les moyens de rendre compte des sociétés que celles-ci prétendent incarner. »

Dans cette introduction, ainsi que dans le reste du texte, tout est faux, parce que tout est approximatif. En 1842, lorsque Balzac rédige la préface à la Comédie humaine, il y a donc fort longtemps qu’il en a

« tracé » le « programme ». Dès 1835, si ce n’est avant. Cette année- là paraît l’Introduction aux Études de mœurs au XIXe siècle, signée par Félix Davin, mais inspirée, corrigée et considérablement aug- mentée par Balzac lui-même. Cette introduction, ainsi que celle aux Études philosophiques, parue la même année sous la même signature, derrière laquelle se cache toujours Balzac, contient en effet déjà le

« programme » de la Comédie humaine – titre dont il n’est rappelé à aucun moment ce qu’il doit à Dante, auteur particulièrement en vogue au temps du romantisme. La suite de l’article ne contient pas moins d’erreurs :

« Au moment où Honoré Balzac se décide à devenir écri- vain, dans les années 1820, le roman est un genre litté- raire mineur. On apprécie alors plutôt, dans le sillage de Voltaire, la grave solennité de la poésie et de la tra- gédie où la vertu, la vérité, l’enthousiasme et l’espérance défilent en majuscules. »

Non, Voltaire et son « hideux sourire » figurent parmi les épouvan- tails d’Alphonse de Lamartine, de Victor Hugo et d’Alfred de Musset.

Nous sommes à l’heure de la poésie et du drame romantiques. Quant au roman féminin et sentimental, qui aurait été le genre qui s’expor- tait le mieux alors et que les « histoires littéraires » nous auraient fait

« oublier », il fait l’objet d’innombrables rééditions et études, à com- mencer par celle de Georges Ascoli, l’un des fondateurs du compa- ratisme, Essai sur l’histoire des idées féministes en France du XVIe à la Révolution, qui date de 1906. Cette étude ne figure pas dans la biblio- graphie, pas plus que celle de Louis Maigron sur l’influence de Walter

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Scott en France (1899). Et l’on nous parle de cette influence comme si l’on venait de la découvrir. En oubliant de noter qu’elle a brusquement cessé au début des années 1830 pour être relayée par une influence allemande, celle d’E.T.A. Hoffmann, le créateur du conte fantastique.

Ce qui aurait pu conduire, horresco referens, à citer la thèse de Pierre- Georges Castex sur ce genre si important au XIXe siècle – oui, l’auteur du Castex et Surer ! Enfin, le roman français n’est pas devenu mondial en 1842 mais en 1761, avec la Nouvelle Héloïse, dont l’énorme succès a été étudié à maintes reprises, depuis André Monglond et jusqu’à Robert Darnton. Le roman anglais l’était d’ailleurs avant lui grâce à la Pamela de Samuel Richardson. Or, ce qui a contribué à l’expan- sion du roman au XIXe siècle, c’est d’abord la presse et notamment la presse à 40 francs, créée en 1836, et qui a donné naissance au roman- feuilleton. Balzac en a profité, mais pas autant qu’Alexandre Dumas, Eugène Sue, Paul Féval, Pierre Alexis de Ponson du Terrail. Le change- ment de paradigme – à l’échelle mondiale – est là, dans le glissement du roman dans l’industrie du divertissement.

L’histoire aura toujours besoin d’un récit

L’historien organise les faits, les hiérarchise, dans le but de les expliquer en fonction du présent, disait Lucien Febvre. C’est ce qu’il appelait « la fonction sociale de l’histoire ». L’historien répond à une situation concrète, à une urgence. L’urgence, pour lui, pendant l’Oc- cupation, c’était de maintenir dans ses cours au Collège de France un espace de liberté. Il a donc choisi ses sujets en fonction des circons- tances. Il s’en explique, le 15 janvier 1940, en débutant son cours de l’année 1939-1940 consacré à la méthode en histoire :

« Le Collège de France m’a confié le dangereux honneur d’enseigner “l’histoire de la civilisation moderne”. Or ce qui est en jeu aujourd’hui, dans la guerre qui nous est faite, bien plus crûment encore, bien plus ouvertement et visiblement que dans la guerre qui nous fut faite en

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1914, c’est précisément, en prenant les mots dans toute leur rigueur, la civilisation, ne disons point “moderne”, ne disons point “occidentale”, mais bien la civilisation tout court. »

Febvre rappelle ensuite le rôle qu’avaient joué les « leçons de guerre » de son prédécesseur, Camille Jullian, convoquant l’histoire au secours de la nation. Le cours de Febvre a été interrompu après la cinquième leçon et lorsqu’il reprend son enseignement à la rentrée de 1942, c’est tout naturellement à Michelet qu’il revient. À travers « Michelet et la Renais- sance » (16), il exprime l’espoir de voir finir la longue nuit dans laquelle est plongée la France. L’année suivante, il traite de « Michelet créateur de l’histoire de France » (17). Parler de Michelet était une manière de résister au découragement, mais aussi de faire retrouver à une nation effondrée cette conscience d’elle-même que le grand historien roman- tique avait su lui donner et qui fait son succès jusqu’à aujourd’hui. À travers l’idée que se fait Michelet de l’unité nationale, forgée au cours des siècles de peuples d’origines différente, Febvre s’oppose aux théo- ries du sang et du sol défendues par l’occupant. La Renaissance doit donc s’achever en libération, non seulement de l’occupant mais de tous les nationalismes. Le cours de 1944-1945 est ainsi consacré en toute logique à « l’Europe : genèse d’une civilisation » (18).

Aux heures les plus sombres, Lucien Febvre a trouvé chez Michelet des raisons d’espérer. Bien qu’il ait été hostile à toute utilisation politique de l’histoire, il a néanmoins montré, par sa démarche même, à quel point celle-ci est constitutive d’une identité, qui est d’abord nationale. C’est bien ce combat que poursuit depuis des années un des historiens les plus écouté, Jean-Pierre Rioux, dans La France perd la mémoire (19) ou dans Vive l’histoire de France ! (20). Achevé huit jours avant les attentats de janvier 2015, ce dernier livre affiche clairement son but : lutter contre la « désorientation historique » due à la crise que connaît cette « singu- larité française en Europe » qu’est l’État-nation, combattre l’amnésie d’une société qui a perdu son identité en soulignant « la nécessité d’un récit continué et d’une remise au vent de la temporalité ». D’où aussi son engagement pour cette Maison de l’histoire de France, dont l’échec

(16)

témoigne à ses yeux de « l’incapacité des sommets de l’État à promouvoir un projet touchant à l’histoire de France ». Le projet n’était sans doute pas viable, vu les circonstances de sa naissance. Mais le besoin d’une nou- velle histoire de France pour le grand public reste entier, d’autant que « la mémoire collective a été circonvenue par des groupes de pression et des particularismes qui exaltent tour à tour leurs identités en souffrance ou leurs différences en marche, sans dire “Nous d’abord, tous ensemble”, et parfois même en disant non à la France » (21).

Ne confondons pas recherche et enseignement

Le problème est celui de la vulgarisation. Jean-Pierre Rioux l’a com- pris. Il cite ce propos de Charles Péguy de 1906, soulignant ainsi que le problème ne date pas d’aujourd’hui : il n’y a « rien de si contradictoire aux fonctions de la science que les fonctions de l’enseignement, puisque les fonctions de la science requièrent une perpétuelle inquiétude et les fonctions de l’enseignement, au contraire, exigent perpétuellement une assurance admirable ». Les tentatives de concilier les deux ne manquent pas. Dans Quelle histoire pour la France ? (22), Dominique Borne pro- pose, à la place du récit providentiel et du récit républicain, devenus inutilisables, une histoire à entrées multiples : Marseille pour la France avant la France, la cantilène de Sainte- Eulalie, les serments de Stras- bourg et l’arrivée de reliques de sainte Foy à Conques pour l’émergence des premières manifestations de la langue « romane » et la prégnance de la sacralité, Louis XI pour l’achèvement de la construction du royaume.

Autant de « moments d’histoire » pour nourrir la controverse, « pour refonder la politique et donner profondeur au débat démocratique ». Il n’est pas sûr que cette histoire « en archipel » soit accessible à d’autres élèves que les khâgneux dont Borne avait l’habitude dans ses cours. Ses propos feront utilement réfléchir ceux qui connaissent déjà l’histoire de France. Au moins s’est-il attaqué au problème. Il a aussi fait d’autres propositions : partir de « récits primordiaux », tels les récits de créations, Orphée, Abraham, Jésus, Mahomet (23). Il ne semble pas que ces fasci- cules aient été mis à l’épreuve des classes.

(17)

Qu’il faille « retrouver l’histoire », comme le demande Louis Manaranche (24), nul n’en doute. Mais en construisant plutôt qu’en déconstruisant et en adoptant, en guise de morale provisoire, ce programme de bon sens esquissé par Pierre Nora dans le Journal du dimanche, le 3 mai 2015 :

« Expliquer ce que la France a apporté à l’Europe et au monde et, inversement, ce qu’elle a reçu de l’Europe et du monde. Le cadre chronologique pourrait reprendre les identités françaises successives : féodale, royale, monarchique, révolutionnaire, nationale, républicaine et aujourd’hui démocratique. On mettrait l’accent sur ce que notre pays a apporté de singulier au reste du monde : par exemple les cathédrales, l’élan chrétien, ensuite et surtout le modèle de l’État-nation, l’absolutisme monar- chique dans ce qu’il a de plus glorieux – Versailles, le Roi-Soleil… – et de niveleur pour les minorités natio- nales, les Lumières, la langue française qui a régné sur l’Europe du XVIIIe siècle, les droits de l’homme, l’expé- rience révolutionnaire dans ce qu’elle a de positif et de négatif, une littérature extraordinaire, l’expérience colo- niale avec ce qu’elle a pu également apporter au monde, y compris les armes pour s’affranchir… »

Adopter cette position de bon sens ne signifie pas que l’on oublie la mise en garde de Valéry, estimant que :

« L’histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. (25) »

(18)

1. « L’enseignement de l’histoire est malade en France », constatait dès 1979 Alain Decaux. Pour les dis- cussions récentes, voir le hors-série de la revue l’Histoire, avril 2017, « La grande querelle. L’histoire de la France ».

2. Dieter Borchmeyer, Was ist deutsch ? Die Suche einer Nation nach sich selbst, Rowohlt, 2017, non tra- duit en français.

3. Voir Paul Thibaud, « Discours de Macron sur la rafle du Vél d’Hiv’ : la vertu contre la vérité ? », le Figaro, 19 juillet 2019.

4. Voir l’étude de Pierre Nora « Ernest Lavisse : son rôle dans la formation du sentiment national », Revue historique, juillet-septembre 1962, repris sous le titre « Lavisse, instituteur national. Le “Petit Lavisse”, évangile de la République », in Pierre Nora, les Lieux de mémoire, tome I, la République, Gallimard, 1984, puis dans Recherches de la France, Gallimard, 2013.

5. Lucien Febvre, « L’histoire dans un monde en ruine », Revue de synthèse historique, tome 30, 1920, non repris dans Combats pour l’histoire mais disponible sur Wikisource.

6. D’où l’impact limité d’ouvrages comme celui de Suzanne Citron, le Mythe national. L’histoire de France revisitée, Les Éditions de l’Atelier, 2017.

7. Depuis 2008, les Éditions des Équateurs rééditent avec succès toute l’Histoire de France.

8. Alain Decaux et Pierre Nora, l’Histoire médiatique, Gallimard, 2016.

9. Idem, p. 60.

10. Titre de son article du Figaro, 28 avril 2015.

11. Alexis Brézet et Jean-Christophe Buisson (dir.), les Grands duels qui ont fait la France, Perrin, 2014.

12. Jean Lebrun et Isaure Pisani-Ferry, les Grands débats qui ont fait la France, Flammarion, 2014.

13. Michel Winock et Olivier Wieviorka (dir.), les Lieux de l’histoire de France, Perrin, 2017, réunissant les contributions de 34 historiens qui se sont attachés à évoquer principalement des sites ou des monu- ments, dont plusieurs figurent également dans la compilation de Patrick Boucheron.

14. Georges Bensoussan, les Territoires perdus de la République, Mille et une nuit, 2004 ; Une France soumise, Albin Michel, 2017.

15. Lucien Febvre, Vivre l’histoire, volume réunissant Combats pour l’histoire (1953) et Pour une histoire à part entière (1962), Laffont, « Bouquins », 2009, p. 373.

16. Lucien Febvre, Michelet et la Renaissance, édité par Paule et Fernand Braudel, Flammarion, 1992.

17. Lucien Febvre, Michelet créateur de l’histoire de France. Cours au collège de France, 1943-1944, édité par Brigitte Mazon et Yann Potin, Vuibert, 2014.

18. Lucien Febvre, l’Europe : genèse d’une civilisation, édité par Thérèse Charmasson et Brigitte Mazon, Perrin, 1999.

19. Jean-Pierre Rioux, La France perd la mémoire, Perrin, 2010.

20. Jean-Pierre Rioux, Vive l’histoire de France !, Odile Jacob, 2015.

21. Idem, p. 53.

22. Dominique Borne, Quelle histoire pour la France ?, Gallimard, 2014.

23. Publiés à La Documentation française entre 2009 et 2013.

24. Louis Manaranche, Retrouver l’histoire, Éditions du Cerf, 2015.

25. Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1931.

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