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Les mots de chez nous, Rovine

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Les mots de chez nous

Monique est une vraie femme de la campagne, son fils est à l’école et son mari travaille aux champs. Nous la découvrons, elle est seule, elle se parle à haute voix…

« Quel gnolu c’bouèbe ! Mé, où c’est qu’c’est qui m’a fichu la panosse ? Mon Tè ! Y m’aura tout fait c’miston. Oh, la lessive est restée dans la seille, faut qu’j’aille la pendre, pourtant, y fait une d’ces tiède, j’vais mettre un chapeau. Mes pincettes, elles sont où ? C’est pas vrai ça. Ah, près du fourneau.

Monique sort de sa cuisine, arrive alors sa voisine, la Toinette.

- Adieu Toinette, ça va bien où bien ?

- Adieu Monique, ça va oui, j’tai apporté des bricelets, y sont encore tout chauds. Pis toi ? Tu boîtes drôlement dis donc.

- Bof, ça va pas tant bien. Hier, avec le Louis pis l’gamin, on a été faire de la débrosse dans notre forêt, on en a profité pour faire

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une torrée. Le Louis a préparé un feu avec les pives et la dare. Pis moi, j’ai fait comme tu m’as dit, j’ai achté le saucisson chez Schneiter, je l’ai entouré avec des feuilles de choux, et après, j’ai mis autour du tout, la feuille d’avis. Dis donc, t’as su qu’la mère du Paul a rendu l’âme ? J’l’ai lu dans la feuille justment.

- Mon Té ! Elle en a bien bavé, elle était toute voûtée à force de trimer. Pis, t’as pas fini d’me raconter c’qui t’es arrivé.

- En voulant apporter le saucisson emballé au Louis pour qu’il le mette à cuire dans les braises, j’ai ripé sur une racine, j’ai fait une d’ces kertzée ; les quatre fers en l’air, la jupe sur le visage. J’pouvais plus arquer, pis avec ça, le gamin et le Louis qu’étaient pliés en deux, tellement qu’ils riaient. Les gnolus ! J’peux t’dire qu’j’étais gringe. Alors, pour s’faire pardonner, le Louis m’a frictionné les reins avec la gnole, j’en ai bu, tellement j’avais mal. Au début ça chauffe, ça fait un d’ces biens, mé c’matin, je sens qu’ça grince dans le bas du dos. Faudra p’têtre que j’aille au Docteur.

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- T’as raison Monique, faut pas laisser traîner. Dis oir, t’aurais pas des fois, un litre de bleue ? Y’a l’Gaspard qui doit venir pour livrer les poules.

- J’finis d’pendre les lavettes et les spences, va te mettre à l’ombre de la biolle, y fait tellement chaud.

- C’est vrai, j’dégouline comme vache qui pisse. C’est pas comme c’t’hiver, -30 degré, faut être né ici pour supporter une telle cramine. Qué toi, Monique ?

- Arrête, heureus’ment qu’on peut mettre les cafignons dans la cavette du fourneau. J’ai fini, viens à la cuisine, on peut encore papoter un moment.

- Hum, ça sent bon chez toi, qu’est t’as mis cuire dans ton teuflet ?

- Un ragoût, c’est la féte du bouèbe aujourd’hui. Y m’a caché ma panosse c’miston. J’ai pas pu récurer.

- Tais-toi, l’mien, l’a oublié de fermer le clédar hier soir. Tu veux croire ? Toutes les cleupettes ont fichu l’camp dans l’jardin à Robert-Charrue.

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- Oh, la,la ! Y l’a du pousser une sacrée braillée.

- Ch’te dis pas. Y nous a fichu une sacrée déguille au John pis à moi. Il nous a menacé avec un stecker en hurlant comme un fou.

- Ma pauvre Toinette, tiens, bois un coup de schnaps, j’m’en vais en boire aussi, pour mes reins.

- Merci Monique, t’es bien brave. - Santé Toinette, bois cul-sec. - A la tienne Monique !

- Alors, t’as la bleue ? J’ai un cornet, tu peux mettre le litre dedans, comme ça les oizins… Tu les connais, qué.

- M’en parle pas. Y sont tellement curieux. J’vais chercher la bouteille, elle est au galetas. Sers-toi encore un p’tit verre pour la route.

- Merci, mais non, j’dois aller peler les patates, j’fais des röstis pour le dîner. « Prononcez reuchtis »

- Ah, c’est bon les röstis. Moi j’fais des stocks. Le bouèbe aime bien faire un puits au milieu, y met la sauce du ragoût, tu d’vrais oir comme y s’régale. Il en descend

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une sacrée peufnée, nom d’une pipe. Enfin, vaut mieux faire envie qu’pitié.

- T’as raison. Bon, j’te laisse Monique. Adieu, à la rvoyure.

- Adieu Toinette, porte-toi bien.

- Mon Té ! J’allais oublier d’payer la bleue. Combien j’te dois ?

- Donne-moi trente francs. C’est celle au Fernand, elle est bonne, tu verras.

- T’as d’la monnaie ? J’ai qu’ cent francs. - Attends, j’vais oir dans l’tiroir du buffet.

Voilà, septante francs en rtour. Merci Toinette.

- Service. Alors bonne journée. Tu f’ras un bec à ton gamin et tu salueras bien le Louis.

Restée seule, Monique prépare ses stocks. Trouveras t’elle sa panosse ?

Rovine

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