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VIETNAM 1966 AUX MULTIPLES VISAGES

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VIETNAM 1966

AUX MULTIPLES VISAGES

C'était, tout récemment, à Saïgon, vers quatre heures du matin.

La veille, dès la tombée de la nuit, le ciel s'était, comme d'ha- bitude, peuplé d'avions emplissant l'air moite d'un ronronne- ment continu. Puis, selon une progression presque géométrique, l'artillerie donna de la voix à l'est et au nord, tandis qu'à inter- valles réguliers des bombes explosaient du côté du Cap Saint Jac- ques, de Bien-Hoa et dans la direction de Mythô. Toutes acti- vités « de routine courante ». L'approche du couvre-feu coïncida avec un retour au calme et, n'ayant pour ma part rien de mieux à faire, j'allai me coucher comme les autres occupants de l'hôtel où j'avais eu la chance, en cette époque de pénurie aiguë de loge- ments, qu'on voulût bien me réserver une chambre. Celle-ci, et je le regrettais, n'avait plus de ventilateur au plafond et des vitres remplaçaient les simples persiennes d'antan. Du moins la « clima- tisation », ce progrès, présentait-elle l'avantage de rendre les mous- tiquaires inutiles.

Soudain (le jour se lève tard, et d'un seul coup, au Vietnam) il faisait encore nuit noire quand un tintamarre de portes cla- quées, un tremblement de terre, un fracas de verre brisé m'éveil- lèrent en sursaut. Vivement levé, ce pendant que le vieil immeu- ble colonial bâti à chaux et à sable qu'est le Continental conti- nuait à vaciller sur ses bases, je courus à l'une des fenêtres et l'ouvris. Rue Tu-Do (ex-Catinat), des branches arrachées aux ar- bres d'un square voisin volaient comme au cours d'un cyclone pour n'atterrir que devant ce théâtre dont le Président Diem fit un Parlement. En même temps se discernaient dans le lointain de sourdes explosions. « Le cirque », comme on dit à Saïgon, cessa du reste aussi brusquement qu'il avait commencé, sans qu'à

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VIETNAM 1966 AUX MULTIPLES VISAGES 351 aucun moment l'on eût entendu le moindre avion, et la nuit

s'acheva dans le calme.

La première stupeur éteinte, je n'avais point douté qu'il ne s'agît là d'un raid de ces bombardiers B-52, volant si haut qu'ils en deviennent inaudibles et dont, m'a affirmé un confrère récem- ment sur les lieux, tous les départs de Guam, tous les retours dans l'île sont notés par des spécialistes russes, installés à bord d'un chalutier soviétique voguant en permanence à la limite des eaux territoriales. Seule chose vraiment étonnante : la proximité de l'action. Une proximité relative, je l'appris quelques heures plus tard aux meilleures sources. En effet, le bombardement avait eu lieu un peu au nord de Bien-Hoa, soit à une quarantaine de kilomètres de Saïgon.

Lors d'un précédent séjour, en décembre, le plasticage de l'hô- tel Métropole (près de 200 victimes, tant morts que blessés), puis des jets de grenades dans un bar ou un restaurant, des cars sautant sur des mines, des meurtres furtifs en pleine rue m'avaient prouvé à quel point la situation s'était aggravée, dété- riorée en moins de deux ans. Par comparaison, le Saïgon de 1953, de 1954, faisait, avec le recul, figure d'un oasis de paix. En cette fin de 1965 puis, après un tour au Japon, à Singapour, aux Philip- pines, durant les premiers mois de 1966, j'eus mainte occasion de m'apercevoir que jamais encore je n'avais assisté à une guerre menée, de part et d'autre, en campagne comme dans les villes, avec une telle dureté.

Oh, je le sais bien! les passagers de divers paquebots qui s'arrêtent à Saïgon le temps d'une escale, déclarent souvent que, sans les lignes Siegfried en miniature protégeant de leur béton l'ambassade des Etats-Unis ou autres immeubles occupés par des services américains, sans l'abondance, parfois, de convois de ca- mions militaires, ils ne pourraient se douter de la férocité d'une lutte dont les quotidiens se font chaque jour l'écho, ni même qu'un conflit soit en cours. Ce n'est pas le moindre des paradoxes constatés à Saïgon : jamais en effet cet ancien « Paris de l'Ex- trême-Orient » n'a semblé plus vivant, animé, prospère. Pour dé- celer ce qui se masque sous les apparences, il faut, je l'admets, connaître d'assez longue main la ville et ses gens. Pourtant, dès l'instant où il se pose à Bangkok, le voyageur le moins imaginatif sait qu'il pénètre dans une zone d'hostilités. L'impression se renforce à Tan Son Nhut, l'aéroport de Saïgon, si l'on a la chance de pouvoir y atterrir, de ne point se heurter aux « priorités mili- taires » qui contraignent un appareil civil à tourner et à tourner encore, quitte à épuiser sa réserve de carburant. Mais, une fois

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au sol, quel spectacle ! Là, contrairement aux gens venus par mer, qui n'ont guère croisé de soldats américains (les G.Is se mettent, par ordre, en civil en dehors du service) l'on se perd dans une marée de parachutistes, d'aviateurs, de fantassins, d'ar- tilleurs partant en opération, s'en allant « se reposer et récu- pérer », formule consacrée, à Hong-Kong, Manille ou Singapour, ou revenant de l'une de ces trois cités de rêve, des soldats moins nombreux du reste que les Vietnamiens, les Vietnamiennes ac- courus à l'assaut des avions de leur ligne commerciale nationale, Air-Vietnam, seul moyen de transport qui leur reste depuis que les trains ne marchent à peu près plus et qu'il est quasiment im- possible de circuler par la route ; un échantillonnage de gens de toutes castes, de toutes conditions sociales : petits notables (les grands se déplacent dans les avions gouvernementaux), gros bour- geois saïgonnais vêtus à ras du corps chez les ibeilleurs tailleurs, femmes d'un élégance asiatique raffinée, ces redoutables femmes d'affaires vietnamiennes dont l'expression dure, hautaine, s'ac- corde admirablement avec un sac à main bourré de piastres, ou plutôt de dollars verts, femmes dont le cerveau bat toutes les.

machines à calculer de 1'I.B.M. et qui sont les véritables hommes de là-bas.

Simples étoiles, d'ailleurs, de troisième ou de quatrième gran- deur dans la hiérarchie sociale vietnamienne, ces puissances, sous les verrières de Tan Son Nhut, écrasent de leur superbe une plèbe de petits commerçants, et leurs épouses, de jeunes gens à l'allure équivoque, de filles qui s'en vont rejoindre un amant, occidental, d'occasion, de marchandes de légumes ou de volailles, encombrées de cageots pleins de canards piaillants, de braves nha- qués, enfin, paysans et paysannes semblant ne posséder au monde que les vêtements de toile qu'ils ont sur le dos. Mais, feront les bons esprits, ces défavorisés ont pourtant dû, comme les autres, aligner les milliers de piastres représentant le prix de leur billet ! Comment donc ! Et bien plus ! car les places sont d'autant plus chères qu'elles sont rares.

A ce stade, seuls des êtres d'une ingénuité singulière, d'une innocence à tirer des larmes ne comprendront pas que rien au Vietnam ne s'obtient plus comme cela, qu'en franchissant la fron- tière séparant ce pays du Cambodge ou du Laos l'on pénètre dans un de ces recoins de la planète où tout a un prix, où tout s'achète, où tout se vend, tandis que, dans l'atmosphère gluante, perpé- tuellement humide qui, instantanément, plaque à la peau maillot de corps et chemise (et l'on est en saison sèche ! ) mille senteurs s'affrontent, poivrées, pimentées, douçâtres, fétides, nauséabondes, luttant de violence les unes avec les autres et se conjoignant pour

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écraser celle, délicieuse, à laquelle on se raccroche comme à une bouée, du frangipanier.

Chacun jouant des coudes et de jeunes hôtesses d'accueil en robe d'un bleu attendrissant faisant bénéficier divers privilégiés de passe-droits affolants, quand on parvient à franchir au milieu d'un désordre assez peu commun les barrages de la Santé, de l'immigration, de la douane, du contrôle financier ; quand on a payé l'impôt qu'exigent des porteurs qui trouvent à présent tou- jours trop mince le pourboire qu'on leur donne; quand on réus- sit, enfin, pour échapper aux cars surchauffés, surbondés, à déni- cher un taxi, on sombre en plein délire.

Ah ! Tan Son Nhut de naguère ! Tan Son Nhut de 1963, où tout se déroulait encore de façon si normale, d'où une voiture vous emmenait en quelques dizaines de minutes au cœur de Saigon ! Fini, tout cela. En cette année du Cheval, la randonnée de l'aéro- port à l'ex-rue Catinat peut prendre deux heures, parfois davan- tage. Le long d'une route où, par endroits, des paillotes sur pilotis menacent toujours de s'effondrer parmi les nénuphars d'un arroyo dans lequel barbotent des enfants gris de "vase, où de vieilles villas coloniales aux murs marbrés de moisissure alternent avec des immeubles tout neufs ou en construction, un fleuve de véhi- cules emplit, non : obstrue la chaussée, une cohue de tout ce qu'un cerveau à la torture s'est ingénié à jucher sur deux, trois ou quatre roues, à pourvoir d'un moteur, mécanique, animal ou humain, autos particulières, taxis, cars (les fameux cars chinois, où l'on s'entasse cent là où il y a place pour cinquante), autobus, cyclo-moteurs, cyclo-pousses, vélos, motos, voitures à cheval, peut- être même voitures traînées par des buffles, Cadillac, Ford, ca- mions de l'armée américaine, dépanneurs de chars, le tout pro- gressant par saccades, par à-coups, sans que personne puisse dire où ils se rendent pour la plupart ni à quel motif répond leur déplacement. Tout dernièrement, voulant partir pour Singapour et empruntant vers neuf heures du matin le car de la Panam, mes confrères en infortune et moi-même dûmes attendre quarante-cinq minutes que se diluât un embouteillage frénétique bloquant toutes les artères situées entre l'ex-quai Le Myre de Viller et

» l'ex-boulevard Charner. Les fervents de la statistique apprendront d'ailleurs avec intérêt que, selon des chiffres récents, publiés par l'USOM, Saïgon compte à présent plus de deux millions d'habi- tants et 720 000 véhicules de toutes sortes pour 325 kilomètres de rues.

LA REVUE N° 7 2

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Pourquoi insisté-je sur l'anarchie d'une circulation que s'ef- forcent de réglementer, mollement, des policiers autochtones guê- tres de cuir verni et en uniformes blancs, une anarchie à laquelle les Américains ont, eux aussi, tenté de porter remède, entreprise qu'ils paraissent avoir abandonnée, de même qu'ils renoncèrent à doter de noms les rues de Tokyo ? Parce qu'à mon sens, elle symbolise le régime, parce qu'elle me semble à sa parfaite image.

Pourtant, simple remarque : au Japon, les Américains luttaient contre une tradition, millénaire, de gens sachant que le bonheur gagne à se dissimuler ; au Vietnam, au contraire, voilà deux ans, la circulation s'affirmait exemplaire. Il convient toutefois d'avouer que les sens uniques créés depuis peu au petit bonheur ne faci- litent rien et que, dans le domaine des détours et des dévia- tions, Saigon n'aura bientôt plus grand'chose à envier à Rio de Janeiro. Mieux vaut donc n'être pas pressé, ou combiner avec soin ses itinéraires.

Mais, pour quiconque a le temps de marcher au gré de sa fan- taisie, de regarder, de noter, quelle mine d'observations, ce Saigon del966 ! Sauf à l'heure du déjeuner et de la courte sieste qui le suit, où les rues, brusquement, se vident, le grouillement humain bat des records. Il faudrait un Fromentin pour rendre vivante par la plume la cohue colorée des piétons encombrant les trot- toirs, pas seulement dans le centre, ou vers le marché aux fleurs, dans ces rues qui s'appelaient jusqu'en 1955 : Catinat, d'Espagne, Lagrandière, ces boulevards qui se nommaient Bonard et Charner etc., mais partout, jusque dans ces semi-faubourgs avoisinant la grand'route de Bien-Hoa. Et l'on ne parle pas de Cholon, qui a singulièrement repris du «souffle depuis que ses Chinois ont jeté au ruisseau les oukazes dues au puritanisme feint de Mme Nhu ou à son esprit de vengeance. Pourtant, différence : si les Français restant à Saigon (on en dénombre encore 15 000 au Vietnam, dont 5 000 métropolitains) sont dispersés dans tous les quartiers de cette ville qui tend au gigantisme, si depuis les per- sécutions des bouddhistes, les pagodes sont le lieu d'une affluence de fidèles jamais enregistrée auparavant, les « nouveaux Blancs » du Vietnam, id est les Américains, ne se rencontrent à peu près que dans ce quadrilatère ombragé par endroits de beaux arbres, quelques dizaines d'hectares étalés entre la cathédrale et la ri- vière, l'ancien boulevard de la Somme et l'ancienne rue Paul Blan- chy, qui fournirent, voilà un demi-siècle à Farrère le décor de ses Civilisés. Là, alors, ils sont nombreux.

La propagande adverse les représente soit comme des sou-

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dards, dès êtres tapageurs, des occupants s'estimant en pays con- quis et traitant « l'indigène » à la trique, soit comme de pauvres demeurés obéissant sans y rien comprendre aux impératifs d'un colonialisme impérialisto-capitaliste. La réalité est bien différente.

Les G.Is, cette multitude de G.Is, presque tous en civil, je le répète, puisque presque tous permissionnaires, passeraient à peu près inaperçus s'ils ne tranchaient par leur taille, leur allure, leur teint, leurs cheveux coupés courts, leurs yeux clairs, sur la masse d'une population asiatique.

Sans doute se heurte-t-on parfois, rarement, à l'un de ces Texans qui ne craignent pas d'arborer par cette température d'étuve le grand chapeau. blanc et les petites bottes en honneur à Houston ou à Dallas. Dans l'ensemble, l'Américain courant, moyen, du Saïgon d'aujourd'hui est calme, tranquille et se produit en pantalon de toile et chemisette à manches courtes. Des uni' formes, bien sûr, il y en a aussi, et il y en aura en assez grand nombre jusqu'au jour, qu'on affirmait prochain en octobre, mais qui ne s'est point encore levé, où les Américains évacueront la capitale pour transporter ailleurs leurs cantonnements militaires et leurs services, probablement dans la région de Bien-Hoa. En attendant, Saïgon reste, à cause de l'aéroport de Tan Son Nhut, la grande base du sud. Et les Noirs ? demandera-t-on, ces Noirs qui effrayaient si fort en 1951 les Sud-Coréens ? Ils ne manquent pas non plus. Mais, phénomène bizarre : bien que le corps expé- ditionnaire U.S. au Sud-Vietnam n'ait rien de ségrégationniste, les soldats américains de couleur se sont, instinctivement, peu à peu groupés et ont élu pour quartier de détente, de divertisse- ments et de plaisirs nocturnes, un district de l'autre côté de la rivière.

Ainsi, de neuf ou dix heures du matin à sept ou huit heures du soir, où le moindre restaurant refuse du monde, avec le bref intervalle du déjeuner et de la sieste, trois fleuves poursuivent inlassablement leurs cours différents : celui des voitures, démen- tiel, brûlant sans vergogne les feux rouges, ou soumis à des arrêts d'autant plus fréquents qu'avec une agilité de couleuvre les gens non-motorisés se glissent entre taxis, autos, camions, scooters portant en croupe de gracieuses Vietnamiennes ; peux des piétons déferlant à bâbord et à tribord, sur les trottoirs. Des trottoirs le long desquels s'alignent presque partout, sauf dans la rue prin- cipale, des restaurants ambulants, entourés de clients accroupis, savourant des bols de soupe chinoise ou expédiant à coups de baguettes de bien curieuses nourritures ; des évèntaires dé- bordant d'une infâme pacotille, d'objets en corne, en cuir mal tanné, de fausses laques, de lunettes de soleil, de « souve-

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nirs » à faire hurler mais qui, en dépit de leur hideur trouvent toujours acquéreurs sous quelque latitude que l'on se trouve et aussi, par quintaux, de ces cartouches de cigarettes, de ces boîtes métalliques de café moulu, de ces sachets de bonbons, de ces pochettes de cigares, qui parviennent tout droit des PX américains, sans omettre d'autres produits dont l'étiquette à peine masquée du « Secours Catholique » indique éloquemment la prove- nance. Entre ces boutiques (une planche, deux chevalets) tenues par des femmes accroupies elles aussi et le regard lointain, cir- culent des enfants, garçons et fillettes, mignons comme des pou- pées, tentant de vendre des hebdomadaires français ou améri- cains vieux de plusieurs semaines. Circulent également des jeunes gens frôleurs qui, des liasses de piastres au bout des doigts, in- terrogent : « Change money ? ». Opération illicite, naguère sévè- rement punie, toujours menacée des pires châtiments. Mainte- nant, elle s'effectue en plein soleil. Officiellement, la piastre qui, aux beaux jours de « notre » petite guerre artisanale valait (vous en souvenez-vous ?) 17 francs et fit ainsi la fortune d'individus qui, en France ou ailleurs, s'en trouvent fort bien aujourd'hui, ne se cote, au cours normal, que 7 50 anciens francs. Pourtant, trois cours « parallèles » existant en marge des cinq cours officiels, le poisson, comme disent les Russes, peut nager. Il nage, qu'on ne s'inquiète pas, il nage, mais avec des soubresauts témoignant d'une vitalité décroissante se traduisant, en chiffres, par 3 50 et 3 anciens francs. En attendant la suite. \

La suite, les Saïgonnais entre lesquels on se faufile à lon- gueur de journée ne paraissent pas s'en soucier, et bien moins encore les Saïgonnaises, qui jamais n'ont été plus élégantes, plus

« femmes-lianes » qu'à présent. Qu'il avait donc de goût, l'empe- reur qui, voilà bien des siècles, dessina pour ses sujettes un cos- tume rigoureusement inédit, qui leur imposa la longue tunique moulant le buste puis flottant à partir de la taille sur un vaste pantalon de soie ! Par la grâce de ce ravissant ensemble, bien des Européens tombèrent amoureux de celles qui le portaient. Mais si, aujourd'hui, la plupart des Vietnamiennes restent fidèles à l'austère rigueur du col officier, cher aussi aux Chinoises, d'au- tres, (seul motif qu'elles aient de gratitude pour Mme Nhu, qui en fut l'initiatrice) préfèrent le décolleté « bateau ». Du moins continuent-elle à observer dans ses grandes lignes la tradition, contrairement aux hordes toutes fraîches de « petites alliées » dont un corsage savamment ajusté, un pantalon « corsaire » et

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des chaussures à très hauts talons mettent en valeurs les char- mes.

— Il y a dix ans, elles se seraient fait lapider! m'a dit, che- vrotant, un vieux notable vietnamien.

C'est que, depuis peu, depuis 1963, le temps a marché à une ca- dence accélérée, presque diabolique. La rue Tu-Do, si française quand elle était Catinat, et ses annexes évoquent à présent la Dodge City d'autan, le Las Vegas d'aujourd'hui. Une fois dépassé le vieux, l'honnête Continental où, sous les ventilateurs du bar et du restaurant, des Américains sérieux, réservés, avares de paroles en présence d'étrangers (tous considérés, peu ou prou, relent du maccarthysme, comme des communistes ennemis de l'Amérique) boivent des Coca-cola, de la bière 33, s'initient à la cuisine fran- çaise ou considèrent avec une envie doublée de méfiance ceux de nos compatriotes qui font leurs délices de plats vietnamiens et de nèmes trempées dans le nôc mam ; une fois dépassés le Cara- velle et ce rendez-vous des Français qu'est le grand bureau cli- matisé d'Air-France, on tombe dans ce que les vieilles Américaines des ligues de vertu appelleraient : des repaires du vice.

Autrement dit : des bars et encore des bars à l'intérieur pra- tiquement obscur même en plein jour, mais dont les façades, les enseignes rutilent de néon entre le crépuscule et le couvre-feu, aux entraîneuses aussi nombreuses que les bouteilles et où des G.Is désœuvrés s'initient, modestement, presque timidement, aux mys- tère de l'Orient, ont conscience de promouvoir une civilisation bien éloignée de celle des « colonialistes » français et montrent, obligatoirement, presque automatiquement, les photos de leur girl- friend, de leur fiancée, de leur femme ou de leurs mioches à des filles qui s'en moquent éperdûment, mais ne font pas fi, en re- vanche, des bons dollars verts et même des MPCs, monnaie réser- vée aux achats dans les PX qu'elle sauront bien changer, et aux cours les plus hauts.

L'argent a transformé Saïgon, l'argent jeté à poignées par des soldats qui, comme tous les soldats du monde capitaliste, n'ont jamais su sa valeur, l'argent déversé par le canal des « program- mes américains d'assistance' », par les multiples organismes U.S.

lancés dans une quête désespérée de locaux, de main d'œuvre et de moyens de transport. Conséquence : l'argent a tué le chômage, stimulé la construction, rendu plus riches encore des Vietnamiens qui semblaient arrivés au point de saturation, fourni du travail au plus humble des coolies, armé les chauffeurs -des petits taxis 4 chevaux Renault d'une morgue telle qu'ils n'acceptent plus de charger que des Américains ou autres clients à gros pourboires.

Autres conséquences : une chambre chez des particuliers se loue

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250 dollars par mois ; des Vietnamiens à l'abri du besoin aiment mieux louer leurs maisons que de continuer à y vivre ; la cons- truction d'un immeuble s'amortit par sa simple location à des Américains pendant un ou deux ans ; enfin, et ceci est plus grave, la prostitution s'est étendue à un point qu'on n'ose préciser. Car si les « belles de nuit » ne se voient pas ouvertement concur- rencées sur le trottoir ou dans des bars, les unions illicites, les liaisons clandestines fourmillent entre Américain, femmes et filles de milieux convenables et même, fait stupéfiant mais prouvant le pouvoir du dollar, avec des Chinoises, naguère si exclusives !

Que se rassurent les lecteurs qui me croiraient sacrifier à une américanophobie de mise actuellement dans divers cercles fran- çais : sauf sa dernière phrase, le paragraphe précédent est tout entier emprunté à un article de l'agence américaine U.P.I., publié dans le China Mail de Hong-Kong, le 20 décembre dernier, sous le titre « Saigon was a gracions lady ». Qu'on remarque le « was », cet imparfait. Et l'auteur, anonyme, de ce très long feature, ajou- te : « La flambée des prix frappe le plus durement employés, gens à col blanc et fonctionnaires qui trouvent de plus en plus difficile de s'en tirer avec leurs salaires. En d'autres termes, un i professeur plein d'expérience gagne infiniment moins qu'une

mineure préférant la prostitution à un travail normal. Cela veut dire aussi que les poubelles fermentent sous le soleil, parce qu'il n'y a plus personne pour les vider ».

En haut-lieu, notons-le, nul ne songe à nier la réalité d'une situation devenue criante. Cette situation, les gens du gouver- nement l'expliquent toutefois de façon assez personnelle. Au cours d'un des petits déjeuners que, tel feu le Président Kennedy, il prend chaque semaine avec des représentants choisis de la presse locale, le premier ministre du Sud-Vietnam déclara en effet, vers la fin de l'année dernière (je cite Le Journal d'Etrême-Orient du 25 octobre 1965) que « si la hausse des prix procédait de plu- sieurs causes, l'une de celles-ci résidait certainement dans les manœuvres de sabotage entreprises p a r ses amis autant que par ses ennemis dans le domaine économique, après avoir échoué dans leurs activités de sabotage sur le double plan mili- taire et politique. Les marchandises ne manquent pas, a souligné le général, et pourtant il y a pénurie apparente et hausse des prix. Il existe donc des saboteurs. Le problème qui se pose est d'aviser aux moyens de les neutraliser ». L'allusion aux saboteurs- amis n'a, que je sache, été relevée par personne et l'on ne voit

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guère à quoi elle correspond. En revanche, d'autres propos, tenus le même jour par le même général Nguyen Cao Ky, ont connu un succès certain et provoqué, oralement, des commentaires qui ne sont pas encore éteints, environ six mois plus tard. Car, après avoir déploré que renchérissement du coût de la vie pesât lour- dement sur les fonctionnaires, le premier ministre remarqua que les travailleurs (sans doute voulait-il dire : ceux dont la subsis- tance ne dépend pas d'un traitement fixe) souffraient peu de la hausse, puisqu'ils gagnaient plus qu'auparavant. Sur quoi il donna cet exemple qui, tombant d'une bouche si autorisée, ne manquait pas de saveur : « Ainsi, au bout de quelques mois, deux ser- veuses de bar peuvent acheter en commun une voiture et louer un chauffeur particulier ». Le collaborateur anonyme d'U.P.I. n'a,

somme toute, rien dit l'autre. ' Pour en revenir à ce journaliste, je pourrais, en développant

certaines des phrases glanées dans son article et en dénombrant mes propres expériences durant trois séjours étalés entre no- vembre 65 et février 66, écrire un volume. Je pourrais notamment raconter comment et pourquoi ma chambre d'hôtel a, en deux ans, sauté de 400 à 1 450 piastres, que la crainte du gendarme m'a bien forcé de payer au cours officiel ; comment les poteaux plan- tés Place du Grand Marché et réservés aux facteurs de vie chère n'avaient servi qu'à l'exécution, dans des circonstances assez peu nobles, de pauvres bougres accusés d'appartenir au Viet-Cong (1).

Mais, pour donner une idée de la dégradation morale à laquelle^

on assiste, je me bornerai, tel le général Ky, à un seul exemple, celui-ci : récemment, à Saigon, dans un consulat où j'allais cher- cher un visa, j'eus affaire à un employé vietnamien, parlant fran- çais comme moi-même, mais qui multiplia si bien les objections, exigea tellement de pièces, fit tellement de difficultés (alors qu'à Paris ce visa s'obtient sur simple requête) que, saisissant ce dont il retournait, je lui demandai : « Combien ? (Combien, pour lui, s'entend). — « Mille piastres ». On transigea à cinq cents et le visa que, primitivement, je n'aurais pu obtenir que huit jours plus tard, au mieux, me fut délivré presque sur-le-champ.

Sortant de ce consulat, par une chaleur à tuer, mon passeport en poche (petite garantie de sécurité, mais sans papiers, dans ce pays, on se sent maintenant nu, à la merci de toutes les inqui- sitions, de toutes les polices, et elles foisonnent) je dus d'abord attendre que s'écoulât le flux des voitures, scooters, motos, vélos etc. engorgeant une avenue. Puis, parvenu enfin de l'autre côté, j'achetai l'une des rares gazettes paraissant encore en français. Ce

(1) Pourtant, le 14 mars, un « profiteur de guerre » chinois y fut fusillé, avant un haut fonctionnaire vietnamien, accusé de détournements de fonds.

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journal était, de toute évidence, soumis à une stricte censure. Néan- moins un article, compact, sur deux colonnes, retint mon attention.

Son titre : « Un fait surprenant marque l'arrivée de la Vierge pèle- rine de Fatima au bord de la rivière Bên-Hai ». Un fait qu'on relatait avec quelque retard, puisqu'il datait du 24 octobre 1965.

Mais étonnant en vérité ! Qu'on en juge.

Le 24 octobre, donc, des milliers de catholiques escortaient en procession une statue de la Vierge de Fatima que des fidèles por- taient jusque sur la rive méridionale de la rivière Bên-Hai, mar- quant la frontière entre le Nord et le Sud-Vietnam. Et, je cite :

« Le grand drapeau rouge à étoile jaune du régime communiste du Nord, qu'on avait bien vu, de loin, flotter en haut d'un mât, dispa- rut complètement à l'arrivée de la Vierge, on ne sait trop pour- quoi, ni comment... Les pèlerins de renouveler avec ferveur l'acte de consécration du Vietnam au Cœur Immaculé de Marie avant de recevoir la bénédiction donnée conjointement par les prêtres pré- sents. Beaucoup d'entre eux étaient des réfugiés du Nord-Vietnam et ils ne pouvaient s'empêcher de se redire cette poignante psaume (sic) de l'Exode des Juifs : « Sur les bords de Babylone... » Les prières dites, les pèlerins revinrent à la colline Ba-Giôc, du haut de laquelle une messe fut célébrée face au Nord qu'une idéologie athéiste seule empêche la Vierge pèlerine de visiter pour le mo- ment ». Fin de citation.

« Fait surprenant », disait le journal. Du temps que le député Tran Van Lé Xuan, alias Mme Nhu, qui abjura le bouddhisme pour entrer dans la famille hautement respectable des Ngô, catholique depuis lé XVIIIe siècle, faisait la loi au Vietnam, on eût, par ordre, crié au miraèle. En 1966, où les1 bouddhistes ont conquis une auto- rité qu'ils ne cherchaient nullement à affirmer avant les persé- cutions savantes, scandaleuses, préparées de longue main dont ils furent victimes à partir de mai 1963, l'article et le prodige qu'il relatait, j'en eus la preuve par la suite, provoquèrent tout au plus des sourires. Il faut bien le comprendre : la pâte qui se brasse dans le Sud-Vietnam d'à-présent, diluée, grumeleuse, assez fétide, par une température de bain turc, dans une atmosphère chargée de miasmes, mais embellie des couleurs des bougainvillées et autres jacarandas, parfumée de l'odeur prenante des frangipaniers, cette pâte, dis-je, est toute de matérialisme et n'emprunte plus, officiel- lement, que peu de chose à la spiritualité, sauf toutefois, et par la faute des Diem et des Nhu, au bouddhisme.

Car, malgré les détracteurs des U.SA. et de leur emprise poli- tique dans le Sud-Vietnam, il existe un gouvernement vietnamien.

Il y en a même eu plusieurs depuis l'assassinat du président Diem et de son frère. L'un des tenants du titre de premier ministre

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arborait une barbe à la Tartarin. Le dernier en date, l'actuel, n'a qu'une moustache, mais fournie pour un Asiatique. Ancien élève de certaines de nos écoles, honneur qu'il ne revendique pas plus qu'il n'aime qu'on lui rappelle son premier mariage avec une de nos compatriotes, c'est un aviateur émérite, un acrobate de l'azur et qui, dans les meilleures traditions de l'aviation, fut un bourreau des cœurs : le Vice-Maréchal de l'Air, communément appelé, on ignorera toujours pourquoi : général, Nguyen Cao Ky. Age : 37 ans.

J'en ai entendu dire beaucoup de bien par ses partisans, beau- coup de mal par ses ennemis. Personnellement, il m'est sympathi- que. Non que je l'aie approché. Il est si occupé que je n'ai même pas essayé de solliciter de lui une audience, que je n'ai pas tenté de le saisir quand, vêtu de façon irréprochable, il descend d'héli- coptère dans son P.C., proche du Jardin Zoologique et que gardent en permanence des canons de DCA, des mitrailleuses lourdes, par- fois des tanks. Mais, abstraction faite de ses exploits de grand pilote, j'aime le Vice-Maréchal de l'Air Ky pour une seule phrase qu'il prononça lors de sa prise du pouvoir : « Bien que je ne connaisse pas grand'chose à tout ça, je ferai de mon mieux. » Il essaie de le faire, mais au prix de quelles peines ! Il me plaît encore par le côté sportif, quelque peu farfelu qui est le sien, par exemple quand, le 14 décembre dernier, disputant avec des gens de son Etat-Major un match de volley-ball contre son confrère en étoiles américain et l'équipe de ce Yankee, il entra en piste en crevant un cerceau de papier, selon les meilleures traditions du cirque.

A ceux qui diront que ce n'est pas très sérieux, je répondrai que cela me paraît procéder d'une âme juvénile. Sinon, autant reprocher au général Thi, chef du secteur vietnamien de la région de Da-Nang (ex-Tourane), de venir aux conférences de presse sui- vant les opérations en civil et tiré à quatre épingles, et de s'inté- resser, affirme-t-on, autant qu'à la stratégie, à la prochaine dévo- lution (peut-être effectuée à l'heure qu'ii est) de la concession, à bonne distance au sud, du Majestic de Saigon (1). Plastiqué par le Viet-Cong, mais réparé maintenant, cet hôtel reste, sur le boule- vard Bach Dang, au bord de la rivière, l'un des plus beaux de la capitale, bien qu'évidemment moins beau que l'ultra-moderne Cara- velle. Propriété avant'* les événements » (1963) de l'archevêque Mgr Pierre-Martin Ngô Din Thuc, frère du Président Diem, cet immeuble du Caravelle appartiendrait toujours, au moins pour partie, au clergé.

(1) Peut-être aussi parce que considéré comme responsable du revers subi par les troupes gouvernementales à A-Xhau, le général Nguyen Chanh p u a été limogé par Saigon le 10 mars dernier. Le lendemain, fi provoquait a Da-Nang des manifestations en sa faveur.

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Il tombe sous le sens que l'intérêt porté par de très hautes personnalités aux biens meubles et surtout immeubles semble d'un heureux augure pour l'avenir de l'économie sud-vietnamienne.

A côté de prudents autochtones qui, plutôt qu'accumuler de la monnaie de papier, aiment mieux la transférer « au noir » à des taux allant de 32 000 à 40 000 piastres pour 1 000 nouveaux francs, beaucoup de Vietnamiens continuent à croire avant tout à la terre et au « dur » (1). Ce qu'il adviendrait de leurs richesses, et d'eux- mêmes, dans le cas d'un bouleversement radical du régime reste matière à conjecture. Mais les grands privilégiés d'un système sont parfois victimes d'aveuglements étranges. N'ai-je pas entendu l'un de ces optirnistes (comme, jaunes ou blancs, il en existe à toutes les époques de l'histoire) me démontrer qu'au fond tout allait pour le mieux, que le rodage se trouvait maintenant accom- pli, que gouvernement et Viet-Cong percevaient également, harmo- nieusement, leur dîme sur tous les transports, toutes les marchan- dises et qu'en somme les Américains jouaient plus qu'autre chose le rôle de gêneurs, d'empêcheurs de payer des pots de vin en rond ?

Quand, dans le tohu-bohu qui est celui du Saïgon actuel, on s'arrache à une ambiance de folie, au spectacle d'Asiatiques, et de nombreux Blancs, prêts à tous les trafics, à la vue de soldats américains en toile kaki trempée de sueur, de policiers vietnamiens immaculés, les uns et les autres la carabine au poing, le doigt sur le pontet de la gâchette et également prêts, les premiers surtout, à tirer au moindre geste suspect ; quand, négligeant les bicyclettes abandonnées, les voitures arrêtées de façon apparemment anor- male, qui peuvent aussi bien être bourrées de plastic et exploser à tout moment en fauchant des passants p a r dizaines, l'on prend le temps de réfléchir, on s'aperçoit de ceci : la responsabilité de la situation actuelle incombe incontestablement aux frères Ngô, fouaillés par celle que ses parents baptisèrent « Gracieux Printemps », une amazone comme l'histoire en compte peu, la digne mère d'une fille physiquement exquise, actuellement étu- diante à Rome, et dont il est bien dommage que le journal intime, dont elle publiait des extraits dans la presse saïgonnaise, celle de la belle époque, celle d'avant 1963, ne soit pas intégralement tra- duit.

Car, sans oublier, bien entendu, l'égérie du pouvoir, ce sont les Ngô, le président, le conseiller politique, l'archevêque, le tyran à peu près illettré de Hué et ceux qui soutinrent pendant une di-

(1) Wall Street estime, pour 1965, à 200 millions de dollars les transferts clandestins opérés dans des banques d'Europe et en prévoit pour 250 millions en 1966.

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zaine d'années la politique uniquement mandarinale de cette ter- rible famille qui s'aliénèrent si bien les campagnes et (fait dont ni l'Amérique ni l'Europe n'ont encore compris l'impor- tance) les bouddhistes, que, si l'on ose hasarder cette image, le Viet-Cong est à peu près partout entré dans les mœurs, sauf, bien sûr, chez les Américains, qui, de plus en plus, considèrent ses mem- bres comme autant de diables, l'incarnation du mal et du péché, et mettent en œuvre, pour l'anéantir, une puissance colossale.

Dans ce conflit où un pays d'Occident affronte l'Asie, des combats furieux se déroulent, une masse monumentale de moyens entre en jeu. On s'en douterait peu, m'objèctera-t-on, à la lecture de tout ce qui précède. Mais c'est que ces hostilités présentent des visages multiples. Dans un second article, j'aborderai donc l'aspect proprement militaire de la question, tel, du moins, qu'il m'a été donné de le voir.

(A suivre.)

PAUL MOUSSET

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