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Problème A : localisation de racines
1) Étude d’une fonction auxiliaire f
a)La fonction f est polynomiale, donc C∞ sur Ret j’ai, puisque p >0,
∀r≥0 f′(r) = (p+ 1)rp−p(M+ 1)rp−1 = (p+ 1)rp−1(r−r0) où r0 = p(M+ 1)
p+ 1 = M+ 1 1 p+ 1 Il en résulte que
L’unique zéro strictement positifr0 def′ est M + 1 1 p + 1
; si M ≤ 1
p,r0≤1; si M > 1
p,r0 >1.
Notons que f est strictement décroissante sur [0, r0] et strictement croissante sur [r0,+∞[ ; par ailleurs f(1) = 0.
b)On suppose M ≤ 1
p. Alors d’après les résultats précédents,r0≤1etf est en particulier strictement croissante sur [1,+∞[. Donc, comme f(1) = 0,
f est strictement positive sur ]1,+∞[.
c)On supposeM > 1
p. Icir0>1doncf(r0)<0; maisr0= M + 1 1 p + 1
< M+ 1, doncf est en particulier strictement croissante sur [M + 1,+∞[or
f(M + 1) = (M+ 1)p+1−(M+ 1) (M+ 1)p+M =M >0 puisque par hypothèse M > 1
p ! Par conséquent,
f est strictement positive sur [M + 1,+∞[.
2) Localisation des racines du polynôme P
a)Soit z complexe tel que|z|= 1etP(z) = 0. J’ai donc zp =−
p−1 k=0
akzk, d’où, grâce à l’inégalité triangulaire, la définition de M et
|z|p ≤
p−1 k=0
|ak| · |z|k ≤M·
p−1 k=0
|z|k
donc par la formule donnant la somme de termes consécutifs d’une suite géométrique de raison différente de 1 :
|z|p ≤M·|z|p−1
|z| −1 .
En supposant|z|>1, je peux multiplier l’inégalité précédente par|z|−1, ce qui donne en développant
|z|p+1− |z|p≤M· |z|p−M et j’ai donc établi
Siz est une racine deP telle que|z|>1, alorsf(|z|)≤0.
b)SiM ≤ 1
p,1)b)et2)a)donneraient une contradiction siP admettait une racine de module stricte- ment supérieur à 1, donc
Les racines deP sont de module inférieur ou égal à 1.
c)De même, si M > 1
p, 1)c) et 2)a) donneraient une contradiction si P admettait une racine de module supérieur ou égal à M+ 1(donc a fortiori à 1 !). Ainsi
Les racines deP sont de module strictement inférieur àM + 1.
PSI* — 2019/2020 — Corrigé du D.M. 1 Page 2 3) Premier exemple
Ici M = 1
p, donc le2)b) s’applique :
Les racines deP sont de module inférieur ou égal à 1.
Comme la somme dans la définition de P comporte p termes, j’ai P(1) = 0. Je vérifie alors que P′(1) = 0:
P′(1) =p−1 p ·
p−1 k=1
k=p− 1
p ·(p−1)p
2 = p+ 1 2 . En conclusion
1 est racine simple de P.
Rappelons qu’en cas de question floue ou mal posée, il s’agit de trouver malgré tout une réponse
“intéressante”. . . Dans ce cas de figure, le2)b) a fourni 1 comme majorant des modules des racines de P. Cet exemple montre que l’on ne peut pas remplacer (dans le cas général !) 1 par une valeur plus petite.
4) Second exemple a)Ici M = 1> 1
p, donc le 2)c)s’applique :
Les racines deP sont de module strictement inférieur à 2.
b)Soit z racine de P, j’ai donc : zp =zp−1+· · ·+ 1; d’où, en multipliant parz−1et en simplifiant, zp+1−zp =zp−1 soit zp+1−2zp+ 1 = 0.
Ainsi,
Siz est racine deP, alorsz est racine deXp+1−2Xp+ 1.
c)Soit la fonction polynomiale g:r →rp+1−2rp+ 1. Elle est C∞ sur Ret
∀r≥0 g′(r) = (p+ 1)rp−2prp−1 = (p+ 1)rp−1(r−α) où α= 2p p+ 1. Ainsi g décroît strictement sur [0, α]et croît strictement sur [α,+∞[. Or
α−1 = p−1
p+ 1 donc α >1 car p≥2.
Par ailleurs g(1) = 0donc g(α) <0. Comme g(2) = 1, le théorème de la bijection montre que g s’annule en un unique point xp de[α,2].
N.B. : on peut aussi remarquer queg n’est autre que la fonction f du 1) dans le casM = 1. . . Le b) montre que xp est la seule racine possible de P dans [α,2], mais il ne faut pas omettre de vérifier qu’elle est bien racine ! Heureusement c’est immédiat, du fait que xp = 1(car α >1), ce qui permet de diviser par(xp−1)l’égalité
xp+1p −xpp =xpp−1 pour “remonter” le calcul dub). En conclusion
Le polynôme P admet une racine réelle xp telle que 2p
p+ 1 ≤xp ≤2.
Là encore, puisque xp −→
p→∞2(théorème d’encadrement), j’en déduis que le majorant 2 fourni par le 2)c)est optimal (au sens où l’on ne peut le remplacer par une valeur inférieure valable pour toutp).
d)On pose εp= 2−xp. La relationg(xp) = 0 s’écrit
2xpp−xp+1p = 1 soit εpxpp = 1 donc εp=x−pp. Or xp = 2−εp d’où finalement
εp= (2−εp)−p.
PSI* — 2019/2020 — Corrigé du D.M. 1 Page 3 J’ai vu au c) que εp −→
p→∞ 0. Et xp < 2 donc εp > 0 et à partir d’un certain rang εp ≤ 1 2, soit 2−εp ≥ 3
2, d’où
εp ≤ 2 3
p
. J’en déduis par croissances comparées que
pεp −→
p→∞0.
Or
εp = 1
2p 1−εp
2
−p
= 1
2p exp −pln 1−εp
2 .
D’après ce qui précède,
−pln 1−εp
2 ∼
p→∞
pεp
2 −→
p→∞0 et donc 1−εp
2
−p
p−→→∞1 d’où finalement εp ∼
p→∞
1 2p. Ainsi εp =
p→∞
1
2p +o 1
2p orxp = 2−εp : xp =
p→∞2− 1
2p +o 1 2p .
e)Pour cette dernière question, il suffit de remarquer qu’un réel positif est plus grand que 1/2 si et seulement si son inverse est plus petit que 2. . . Soit doncz une racine deP ;P(0) =−1doncz= 0.
De plus P(z) = 0, d’où en divisant par zp 1−1
z − 1
z2 − · · · − 1 zp = 0 donc, en changeant les signes, 1
z est racine du polynôme
Q(X) =Xp+· · ·+X2+X−1.
Le3)c) s’applique à ce polynôme (avecM = 1) et donc0< 1
z <2, d’où|z|> 1 2. Toutes les racines deP sont de module compris strictement entre 1
2 et 2.
Problème B : irrationalité de
π1) En vertu des théorèmes opératoires classiques, Gest de classe C∞. Soitx réel ; calculons : G′(x) =F′′(x) sinx+F′(x) cosx− F′(x) cosx−F(x) sinx ,
soit : G′(x) = F′′(x) +F(x) ·sinx.
Or, en réindexant et en tenant compte de P(2n+2)= 0(puisqueP est de degré 2n) : F′′(x) =
n
k=0
(−1)kP(2k+2)(x) =
n
k=1
(−1)k−1P(2k)(x) d’où F′′(x) +F(x) =P(x). Par conséquent :
∀x∈R G′(x) =P(x)·sinx.
J’ai donc :
π 0
P(x) sinxdx=
π 0
G′(x) dx=G(π)−G(0), soit, par définition de G:
π 0
P(x) sinxdx=F(0) +F(π).
PSI* — 2019/2020 — Corrigé du D.M. 1 Page 4 2) a)Par définition, 0 est racine d’ordre ndeP donc, d’après la caractérisation de l’ordre de multiplicité
d’une racine :
∀j∈[[0, n−1]] P(j)(0) = 0.
En développant par la formule du binôme (aet−bxcommutent !) : P(x) = 1
n!xn
n
j=0
n
j an−j(−bx)j = 1 n!
n
j=0
(−1)j n
j an−jbjxn+j, ainsi,
Pourj∈[[0, n]], le coefficient dexn+j deP(x) est 1
n!(−1)j n
j an−jbj. Or, d’après la formule de Taylor, ce coefficient n’est autre que P(n+j)(0)
(n+j)! , d’où P(n+j)(0) = (n+j)!
n! (−1)j n
j an−jbj.
Puisque nj , a, bsont entiers et quen!divise(n+j)!, il en résulte que lesP(n+j)(0)sont dansZ, cela pour tout j de [[0, n]]. Finalement, lesP(j)(0) sont dans Z, pour toutj dans [[0,2n]]; donc, d’après l’expression de F(0) :
F(0) est un entier relatif.
b)Soit x∈R; par définition deP et du fait que π= a b : P(π−x) = 1
n!(π−x)n a−b(π−x) n = 1 n!
a
b −x n(bx)n, ainsi
∀x∈R P(π−x) =P(x).
J’en déduis, pour x fixé dansR, par une récurrence immédiate sur j, que
∀j∈N P(j)(π−x) = (−1)jP(j)(x), d’où ∀k∈N P(2k)(π−x) =P(2k)(x) donc, par combinaison linéaire :
F(π−x) =F(x).
En particulier, pour x= 0, j’obtiensF(π) =F(0), donc, d’après la question précédente : F(π)est un entier relatif.
c)En tant qu’intégrale d’une fonction continue sur [0, π], strictement positive sur ]0, π[,In est stricte- ment positif, cela pour tout n.
De plus, d’après les questions précédentes, In=F(0) +F(π) est un entier relatif, donc finalement (In) est une suite d’entiers strictement positifs.
d)Majorons In, pour n∈N. La fonctionx→x(π−x)atteint son maximum en π/2, d’où
∀x∈[0, π] x(π−x)≤ π2
4 donc P(x)≤ bn n!
π2 4
n
= Bn n!
en posantB= bπ2
4 ; j’en déduis que0≤In≤πBn
n!. Or, d’après les croissances comparées des suites classiques, Bn=o(n!), d’où finalement :
La suite (In) converge vers 0.
e)Les deux résultats précédents apportent bien sûr une contradiction : tout entier strictement positifs est au moins égal à 1 (!), donc la suite (In) ne peut converger vers 0. En conclusion,
π n’est pas un nombre rationnel.