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L'Europe et les femmes en politique à la télévision française (1979-1994)

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L’Europe et les femmes en politique à la télévision française (1979-1994)

Introduction : L’irruption de l’Europe et des femmes politiques à la télévision française Au milieu des années 1970, bien peu nombreuses sont les femmes politiques que l’on peut voir à la télévision, les femmes politiques tout court… En 1974, Arlette Laguiller est la première Française candidate à une élection présidentielle, son allure juvénile et sa détermination constituent une des attractions de la campagne électorale. Après sa victoire, Valéry Giscard d’Estaing confie à des femmes des postes ministériels, plus que par le passé…

En rendant compte des débats à l’Assemblée nationale sur l’IVG, la télévision met en lumière Simone Veil dont la popularité n’a d’égale que la violence des attaques portées contre son projet de loi et contre sa personne1.

La véritable irruption des femmes politiques ou peut-être des femmes en politique, se produit incontestablement en 1979, plus précisément au printemps de cette année-là à l’occasion des premières élections au suffrage universel du Parlement européen qui ont lieu en juin. Quelques semaines plus tôt, six ans après l’entrée de son pays dans la CEE et pour la première fois, une femme devient Premier ministre du Royaume-Uni. Margaret Thatcher est la seule femme à siéger au Conseil européen aux côtés des autres chefs d’exécutif, tous des hommes. Cela est une attraction très télévisuelle : une robe au milieu de costumes sombres…2

Les élections européennes de 1979 sont une occasion unique de donner enfin une dimension démocratique à la construction européenne. Les télévisions se chargent de relayer les informations, de faire l’éducation des européens et des européennes en faveur d’une citoyenneté à une échelle nouvelle. Dès le mois de mars, une grande campagne de sensibilisation est menée avec pour objectif d’inciter les femmes à voter ; il s’agit de leur prouver que l’Europe s’intéresse à elles. Le centre de documentation pour l’élection européenne produit un film de 15 minutes intitulé tout simplement Les femmes, avec le slogan : « L’Europe c’est l’espoir. 10 juin 1979 : Choisissez Votre Europe »3. Le 23 mars, est diffusée dans le cadre de l’émission Une minute pour les femmes proposée par le ministère délégué à la Condition féminine, une enquête réalisée par la jeune journaliste Arlette Chabot :

« Les Européennes et leur participation à la politique ». On insiste sur un chiffre : 18 femmes à l’Assemblée nationale sur 484 députés ! Le message est clair : il faut profiter de la campagne pour les européennes pour faire avancer les droits des femmes en politique.

D’ailleurs, les choses semblent devoir évoluer : Simone Veil est tête de liste pour ce scrutin et le parti socialiste opte pour un quota de 30 % de femmes sur sa liste4.

En plus de ces émissions très didactiques dans la veine des affiches politiques et de différents concours organisés par les magazines5, les journaux télévisés couvrent largement cette campagne électorale d’un genre nouveau. Pour la première fois, des spots réalisés par les partis politiques parlent d’Europe. Tous ces documents constituent un corpus qui permet de

1 Pour plus de précisions sur cette période, se référer au premier numéro de Histoire@Politique (mai-juin 2007) dont le dossier « Les femmes et le pouvoir » (notamment les contributions de Christine Bard et Janine Mossuz- Lavau) fait le point sur la place des femmes au sein du pouvoir exécutif en France.

2 Sur l’image de Margaret Thatcher voir Jane Freedman, Femmes politiques, mythes et symboles, L’Harmattan, 1997. Sur les femmes et les responsabilités politiques en Europe voir Jean-Marc Delaunay et Yves Denéchère (dir.), Femmes et relations internationales au XXe siècle, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2006.

3 AN (Archives nationales), 5 AG 3 / PA 41 (fonds des présidents de la République, Valéry Giscard d’Estaing), élections européennes de 1979, dossier Centre de documentation.

4 INAthèque, Une minute pour les femmes n°910 diffusé le 23 mars 1979 : « Les Européennes et leur participation à la politique », 2’41’’.

5 Voir Frédéric Cépède, « Des roses et des étoiles. L’Europe affichée par les socialistes lors des scrutins européens », in Les socialistes et les élections européennes 1979-2004, note n°39 de la Fondation Jean Jaurès, juin 2004, pp.70-91.

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réfléchir sur la manière dont on donne à voir et à entendre sur le thème de l’Europe pendant les campagnes électorales et référendaires européennes. Ce questionnement est lui-même croisé avec la problématique de la place des femmes en politique et la manière dont la télévision en rend compte, au moins pour ce qui est de la dimension européenne de la vie politique française. L’étude de la manière dont Simone Veil et Elisabeth Guigou parlent d’Europe sur les écrans, la première au début des années 1980, et la seconde dix ans plus tard, permet de lier les deux problématiques.

Le décalage politique et médiatique de Simone Veil sur l’Europe en 1979

Valéry Giscard d’Estaing a choisi et désigné Simone Veil comme tête de la liste de l’UDF pour les élections européennes pour deux raisons : la popularité - et pas seulement auprès des femmes - de la ministre de la Santé qui a fait voter la loi sur l’IVG en 1974 et le symbole qu’elle représente de par son passé, sa déportation, son engagement pour la réconciliation franco-allemande6. Pour la première fois dans la vie politique française, une femme se trouve être au centre des débats et l’Europe au cœur d’une campagne électorale. Le 2 avril sur le plateau de Soir 3, Simone Veil répond aux questions de Jean-Marie Cavada qui la présente comme un « puissant symbole ». En quatre minutes d’entretien est résumé tout son engagement. Sa présence dans ce premier scrutin européen s’appuie sur la volonté de paix entre la France et l’Allemagne. Elle explique qu’il faut « être perpétuellement en alerte » face au « totalitarisme rampant en Europe »7.

1979 : Ne parler que d’Europe

Dès sa désignation comme tête de liste, Simone Veil a indiqué qu’elle ne parlera que d’Europe, sans faire de politique politicienne et elle entend s’y tenir8. N’ayant jamais fait de campagne électorale auparavant, son inexpérience est à la fois un atout et une faiblesse. Elle joue de son charisme, de sa popularité et cultive son image de non professionnelle de la politique, en marge des partis. Mais dans ces conditions n’y a-t-il pas un paradoxe à courir après les votes des Français ? « Homme politique le plus populaire de France », selon L’Express, Simone Veil doit trouver un équilibre entre sa pratique politique atypique et la recherche de l’efficacité d’une campagne électorale. La presse évoque sa difficile entrée en matière : une « première prestation touchante de maladresse, le 25 avril à Marseille » ; avant son discours de Toulouse (9 mai), elle aurait récité et répété plusieurs fois son texte devant son mari et son fils9. Effectivement, les images du meeting de Marseille présentées dans les journaux télévisés montrent beaucoup d’hésitation dans le discours, quelques balbutiements même, une gestuelle mal assurée, mais les commentaires ne s’attardent pas sur la forme. Les journalistes insistent plutôt sur le cheval de bataille de la tête de liste : l’élection européenne n’est pas une bataille politicienne, l’Europe est une question sur laquelle des sensibilités politiques différentes peuvent se retrouver sur l’essentiel : la nécessité de poursuivre l’aventure européenne10. Malgré tout, les images sont à l’écran, les moindres gestes et paroles de la débutante Simone Veil sont mis en lumière sciemment ou pas. Pour elle, « arriver dans un meeting, être pressée de toutes parts, c’est une véritable agression physique »11.

Le 4 mai, une émission télévisée et radiodiffusée permet aux quatre têtes des listes principales de confronter leurs idées. Sur le plateau de « L’Europe et nous » d’Antenne 2 et

6 Yves Denéchère, Ces Françaises qui ont fait l’Europe, Audibert, 2007, pp.21-23.

7 France 3, 2 avril 1979, Soir 3, interview plateau de Simone Veil par Jean-Marie Cavada, 3’40’’.

8 Entretien avec l’auteur, 19 mars 2003.

9 L’Express, 12-18 mai 1979, « Les boulets de Simone Veil », p.105.

10 France 3, 25 avril 1979, Soir 3, reportage sur le meeting de Marseille.

11 Michelle Coquillat, Qui sont-elles ? Les femmes d’influence et de pouvoir en France, Mazarine, 1983, p.235.

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Europe n°1, Simone Veil apparaît en décalage par rapport à François Mitterrand, Jacques Chirac et Georges Marchais. Elle adopte le code de bonne conduite politique qu’elle s’est imposé : ne pas dénigrer, ne pas faire de la politique politicienne, ne pas faire de compromis sur l’Europe… Pour les observateurs de l’IFOP, il est indiscutable que Simone Veil est apparue comme une « européenne sincère » et « en aucun cas elle n’est suspectée de nourrir des arrières pensées politiciennes ». En revanche, trois points sont moins en sa faveur : elle est perçue comme la médium du Président de la République, elle n’a pas su trouver de « formules qui restent durablement » et sa prestation d’ensemble n’est « peut-être pas à la hauteur des trois autres ténors ». Simone Veil serait donc dans un « sous registre »12. Peut-être faut-il se demander si elle n’est pas plutôt dans un autre registre qui lui permet de toucher plus efficacement les Françaises et les Français. Pour les conseillers de Valéry Giscard d’Estaing :

« heureusement que le scrutin approche, elle n’aura pas le temps de s’améliorer »13.

Trois semaines plus tard, les analystes de l’IFOP, s’appuyant cette fois sur un sondage réalisé auprès des sympathisants UDF, confirment leur approche du style Veil. Ils évoquent

« la force de Simone Veil dont l’histoire constitue un argument en soi et un exemple en faveur d’une Europe unie et pacifique », sa « présence rassurante ». Selon les politistes, « la féminité de Simone Veil semble bien constituer pour elle un avantage important, de par sa portée symbolique et l’impact qu’elle lui vaut entre autres sur l’électorat féminin ». Pour autant, il lui reste des progrès à accomplir car la féminité à un revers (« les femmes n’ont pas assez de poigne ») : « il lui est facile dans l’avenir de pallier l’inconvénient majeur qui en découle si elle manifeste dans ses propos plus de conviction et plus d’autorité »14. Lorsqu’à la fin mai, les sondages semblent enregistrer un tassement de « l’effet Veil », on peut se demander si c’est son inexpérience qui lasse, ou au contraire si c’est le métier politique qu’elle apprend un peu plus chaque jour et qu’elle pratique de plus en plus qui déçoit les électeurs. Candidate du pouvoir, elle subit surtout les effets de la dénonciation par toutes les autres formations politiques d’une propagande du gouvernement, d’une manipulation de l’information et des médias ; dénonciation qui atteint son paroxysme lors du débat organisé par TF1 et RTL le 17 mai 1979.

Un reportage de TF1 sur un meeting des jeunes giscardiens, montre particulièrement bien le style décalé de Simone Veil. Le Premier ministre Raymond Barre s’exprime le premier. Avec beaucoup d’aisance il parle de la France, évoquant « une grande nation fière et respectée ». Simone Veil lui succède, moins à l’aise, parlant de la paix en Europe toujours fragile, se retournant sur le passé du continent, comme si elle incarnait l’impérieuse nécessité de construire l’Europe15. L’autre facette de la personnalité de Simone Veil en fait la cible désignée de l’extrême droite qui stigmatise « l’avorteuse ». Comme la presse écrite, les journaux télévisés se font l’écho des perturbations qui accompagnent plusieurs de ses meetings. A Lille, Simone Veil doit répondre aux slogans inscrits sur des pancartes : « Veil- Hitler même combat ». Quelques jours plus tard, à Paris, rue Lepic, les caméras de télévision sont encore là pour filmer Simone Veil répondant à des militants d’extrême droite autour de Jean-Marie Le Pen : « Vous ne me faites pas peur, pas peur du tout. J’ai survécu à pire que vous, vous n’êtes que des SS aux petits pieds »16. Loin d’affaiblir la candidate, ce genre de manifestations et leur mise à l’écran contribue sans doute à renforcer son message sur l’absolue nécessité d’éradiquer du continent européen tout risque de revivre le passé17.

12 AN, 5 AG 3 / PA 40, candidature de Simone Veil, analyse de l’IFOP de l’émission « L’Europe et nous » diffusée sur Antenne 2 et Europe n°1 le 4 mai 1979.

13 L’Express, 12-18 mai 1979, « Les boulets de Simone Veil », p.105.

14 AN, 5 AG 3 / JR 8, « Les sympathisants UDF jugent Simone Veil », étude de l’IFOP, 28 mai 1979.

15 TF1, 2 juin 1979, journal de 20 h 00, meeting des jeunes giscardiens, 2’20’’.

16 TF1, 8 juin 1979, journal de 13 h 00, meeting de Simone Veil du 7 juin perturbé par le FN.

17 Entretien avec l’auteur, 19 mars 2003.

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La liste qu’elle conduit étant arrivée en tête lors du scrutin du 10 juin, Simone Veil se trouve en bonne position pour jouer un rôle majeur au Parlement européen. Valéry Giscard d’Estaing pense pour elle à la présidence de la nouvelle assemblée. Élue le 16 juillet, après le discours d’ouverture de Louise Weiss (doyenne des députés européens)18, elle assure pendant deux ans et demi une présidence déterminante. En effet, elle joue un rôle de première importance dans la mise en place de la nouvelle institution et à ce titre elle est véritablement une constructrice de l’Europe, pas toujours suffisamment reconnue19.

1984 : L’Europe ne paie plus

Cinq ans plus tard, Simone Veil se retrouve à la tête d’une liste d’union UDF-RPR.

Elle entend mener une campagne véritablement européenne, mais après l’alternance de 1981, la dimension de politique nationale domine. En février, elle affirme que la « liste unique permet bien davantage de faire passer le message européen » 20, ce dont on peut évidemment douter au vu des positions que les élus RPR ont défendu au Parlement européen. La presse s’intéresse surtout à la « métamorphose » de Simone Veil : « on ne la reconnaît plus », son

« originalité s’évapore », etc. Au contraire de 1979, elle stigmatise les petites listes, appelle à voter utile, attaque le gouvernement et finalement parle peu d’Europe. Elle constate elle- même : « Quand je parle d’Europe, on me dit que je suis ennuyeuse. Quand je parle de politique, on m’applaudit »21.

Libération croit savoir que dans l’ombre, son mari l’aide à prépare les émissions télévisées afin de gommer l’image d’inexpérience de 1979. Pour beaucoup d’observateurs, Simone Veil devient un « personnage politique » comme les autres, et pour Lionel Jospin, tête de liste socialiste, « si elle est médiocre, caricaturale et simpliste » elle doit être désormais traitée en « responsable politique de la droite comme les autres »22. Lors du débat télévisé qui les oppose le 21 mai dans le cadre de L’Heure de Vérité, la confrontation est courtoise mais très engagée sur fond de politique nationale. L’Europe n’est guère au centre de la campagne23.

L’engagement d’Élisabeth Guigou dans le référendum sur le traité de Maastricht

Conseillère auprès de François Mitterrand à l’Élysée, Élisabeth Guigou est nommée en 1985 secrétaire générale du SGCI24. Cet organisme étant inconnu du grand public, les Français font véritablement sa connaissance lorsqu’elle succède comme ministre déléguée aux Affaires européennes à Édith Cresson démissionnaire (octobre 1990). Élisabeth Guigou joue alors un rôle déterminant dans la préparation et les négociations qui aboutissent au traité de Maastricht. On comprend donc qu’elle soit en première ligne lors de la campagne référendaire pour la ratification de ce traité. Simone Veil, Catherine Lalumière – alors secrétaire générale du Conseil de l’Europe – quelques députées européennes (Nicole Fontaine et Nicole Péry notamment) sont également très sollicitées par les chaînes de télévision. D’autres le sont beaucoup moins. C’est le cas de Christiane Scrivener, commissaire européenne depuis 1989 qui a participé activement à la politique de Maastricht. Malgré des lettres adressées aux responsables des trois grandes chaînes françaises pour leur indiquer sa « disponibilité pour les

18 Louise Weiss, l’Européenne, Fondation Jean Monnet, 1994, pp.481-502.

19 Sur cette présidence voir : Yves Denéchère, Ces Françaises qui ont fait l’Europe op. cit., pp 68-80.

20 Le Quotidien de Paris, 9 février 1984, « Simone Veil, une campagne à la fois nationale et européenne ».

21 Les Nouvelles, 7 juin 1984, « Simone Veil : On ne la reconnaît plus ». « La métamorphose de Simone Veil », 10-11 juin 1984, article d’un journal non identifié (dossier Simone Veil à la Bibliothèque Marguerite Durand).

22 Libération, 14 juin 1984, « Fin de campagne : le cas Simone Veil ». Le Quotidien de Paris, 9 février 1984.

23 Antenne 2, 21 mai 1984, L’Heure de Vérité, 1h35’.

24 Sur ce parcours, voir Yves Denéchère, Ces Françaises… op. cit., pp.130-147. SGCI : Secrétariat général du Conseil Interministériel pour les questions européennes.

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interventions au cours du mois de septembre »25, elle n’est pas invitée. Sans doute craint-on une approche trop technique, et préfère-t-on donner à voir et à entendre des femmes politiques plus connues des Français…

« Ne pas se contenter d’une campagne à la télé »

Élisabeth Guigou voit dans la décision de Mitterrand de demander aux Français de se prononcer sur le traité qui engage l’Europe pour longtemps, une occasion de faire de la politique autrement, de pouvoir enfin parler d’Europe aux Français. Le temps que s’organise la campagne référendaire, Élisabeth Guigou participe à des manifestations organisées par le Mouvement européen – France. Le 9 juin, à Sélestat, elle fait estrade commune avec Valéry Giscard d’Estaing, également favorable au « oui ». Mais « pour éviter toute image compromettante il [VGE] s’est arrangé pour ne pas avoir à serrer la main du ministre de François Mitterrand »26. La ministre renouvelle cependant l’expérience quelques jours plus tard à Rennes. Elle partage la parole avec Nicole Fontaine, députée européenne UDF, et toutes deux sont sur la même longueur d’ondes. Pour Élisabeth Guigou : « nous avons trop longtemps fait l’Europe en catimini, en cachette, et du coup on a laissé croire qu’elle n’était faite que par un petit groupe de gens, pour un petit groupe de gens » ; pour Nicole Fontaine :

« on a mal informé sur l’Europe, et du coup on a fait de l’Europe le bouc émissaire de toutes nos difficultés »27.

« Moi, je me suis lancée à fond là-dedans, j’ai estimé qu’à partir du moment où il y avait référendum, on ne pouvait pas se contenter de faire une campagne à la télé », indique Élisabeth Guigou. A la mi-juillet, elle entame une véritable campagne de terrain. Personne ne semble beaucoup y croire : « pourquoi croyez-vous qu’il soit utile d’aller faire campagne à Trifouillis-les-Oies ? », interroge François Mitterrand. Elle sait qu’on se gausse de ses talons aiguilles et de ses tailleurs… pas pratiques pour faire campagne : « Tout le monde me regardait d’un air goguenard en disant : "Mais qu’est-ce qu’elle vient faire cette technocrate sur le terrain "»28. En cette période estivale, il faut aller à la rencontre des Français sur leurs lieux de vacances, « elle n’hésite pas à prêcher la bonne parole sur les plages »29. Le 21 juillet, elle est à Saint-Hilaire-de-Riez sur les terres de Philippe de Villiers, un des chantres du

« non ». On la décrit comme « déterminée », « passionnée », « pédagogue » et si elle parle parfois « comme une institutrice », elle réussit, semble-t-il, à « se départir de l’image froide que sa forte personnalité donne parfois d’elle-même »30. Cette descente sur le terrain, lui vaut de changer d’image : après la conseillère influente et la ministre sans légitimité électorale, la voilà capable d’avoir une relation proche avec les Français.

Ne reculant pas devant le débat, elle accepte de se trouver face aux partisans du

« non » : « J’ai eu à m’affronter à Marie-Françoise Garaud, et là le fait d’être deux femmes ne change rien, ça restait courtois, mais les débats étaient durs »31. Cette adversaire a la réputation d’être redoutable. Aux côtés de Philippe Séguin et Philippe de Villiers, elle incarne le « non »32, dénonçant « le piège de Maastricht » dans lequel la France s’apprête à tomber, elle stigmatise la résurgence d’une Allemagne dominante et le transfert de la souveraineté à des puissances étrangères. Qualifiée de Cassandre par Le Monde, Marie-France Garaud se fait

25 Archives du secrétariat général de la Commission européenne, lettres du 31 juillet 1992 citées dans Jean Joana et Andy Smith, Les commissaires européens, Presses de sciences po., 2002, p.212.

26 Élisabeth Guigou, une femme au cœur de l’Etat, Fayard, 2000, p.112 ; Le Monde, 11 juin 1992, « Chacun fera campagne sous ses propres couleurs ».

27 Le Monde, 19 juin 1992, « L’Europe de la raison et du cœur ».

28 Entretien avec l’auteur, mai 2003 ; Élisabeth Guigou, une femme… op. cit., p.111.

29 Jacqueline Nonon, Michel Clamen, L’Europe au pluriel : douze pays au singulier, 1993, p.226.

30 Le Monde, 2 août 1992, « Deux ministres en campagne ».

31 Entretien avec l’auteur, mai 2003.

32 Voir son ouvrage : Maastricht : pourquoi non, Plon, 1992.

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pédagogue lors de l’émission politique « L’Heure de vérité »33. Elle appuie sur certaines métaphores choisies : « on nous propose maintenant de construire un étage supplémentaire à cette maison ou une aile supplémentaire à cette maison. Et en regardant les plans de cette aile, nous constatons qu’elle écrase la construction antérieure et qu’elle la défigure »34. Les semaines passant le « non » progresse. Si Elisabeth Guigou ne voulait pas se contenter d’une

« campagne à la télé », celle-ci est en tout cas absolument nécessaire.

Le médium irremplaçable de la télévision

Jusqu’à la mi-août, les journalistes n’ont pas beaucoup d’autres personnalités favorables au « oui » à suivre en campagne. Parmi ceux qui s’engagent pour le « oui », Jack Lang est le plus visible. Le ministre de l’Education nationale et de la Culture – n°2 du gouvernement – a en effet été chargé « d’animer la campagne du gouvernement », en concertation permanente avec Élisabeth Guigou35. Sans que cela soit explicite, on peut dire que si la ministre déléguée fait le tour des campings, Jack Lang apparaît surtout à la télévision. Ce dernier annonce qu’à partir du 25 août, « des initiatives vont éclater de toutes parts » : un comité national pour le « oui », un manifeste des universitaires, des chefs d’entreprises, un appel pour le « oui » d’un comité des Nobel, etc.36 Pour cette mobilisation, il fallait tout à la fois un poids lourd politique du gouvernement et du PS, un porte-parole médiatique, une personnalité en relation avec le monde des intellectuels comme avec celui du strass et des paillettes. Élisabeth Guigou n’était rien de tout cela.

Néanmoins, la ministre joue un rôle important dans la préparation de la soirée télévisée du 3 septembre au cours de laquelle François Mitterrand tente de convaincre les Français de voter « oui », notamment en débattant avec Philippe Séguin. Le 20 août, elle est à Latche pour travailler avec le Président. Même si elle vient de déclarer aux médias qu’elle n’est « pas inquiète » du résultat du référendum37, elle ne lui cache pas ce qu’il sait déjà par les sondages et d’autres sources d’information : le « oui » n’est pas acquis au vu de l’argumentaire efficace des anti-Maastricht. L’implication du chef de l’Etat est donc nécessaire et devant tous les Français. Et là, la télévision est irremplaçable. « J’ai beaucoup travaillé avec le Président pour peaufiner ses arguments », écrit Élisabeth Guigou ; les archives de la Présidence de la République le prouve effectivement. Elle décortique l’argumentaire de Philippe Séguin et rédige les réponses à apporter sur chaque point. A quelques minutes du passage à l’antenne, elle est encore là, au maquillage, puis au premier rang des spectateurs dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne 38.

A plusieurs reprises, la caméra s’attarde sur elle, notamment lorsqu’elle rit de la réponse faite par François Mitterrand à Jean d’Ormesson qui lui demande d’annoncer sa démission en cas de victoire du « oui » pour favoriser celui-ci. Répondant à Guillaume Durand ou aux intervenants, le président s’appuie bien sûr sur le travail préparatoire d’Élisabeth Guigou. C’est particulièrement vrai quand il considère comme une « erreur » le fait que « pendant quarante ans, on n’ait jamais vraiment saisi notre peuple des choix européens, de sorte que, peu à peu, ce problème a été traité entre spécialistes »39. Dès le

33 Le Monde, 16 août 1992, « La rentrée de Cassandre », annonçant L’Heure de vérité du 23 août.

34 Antenne 2, 23 août 1992, L’Heure de vérité, 55’.

35 Hubert Védrine, Les mondes de François Mitterrand, Fayard, 1996, p.557.

36Le Monde, 20 août 1992, « Le ministre de l’Éducation nationale et de la Culture est chargé d’orchestrer le concert des "oui" ».

37 « Forum » RMC – L’Express, 9 août 1992.

38 Élisabeth Guigou, Une femme… op. cit., p.112. Notes d’Élisabeth Guigou dans AN 5 AG 4 / TB 45/1, référendum du 20 septembre 1992, notamment une longue note pour le Président du 28 août 1992 sur la position de Philippe Séguin.

39 « Aujourd’hui l’Europe », TF1, 3 septembre 1992. Nombreux extraits repris dans les journaux télévisés du lendemain sur toutes les chaînes.

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lendemain, analystes politiques et sondages indiquent que la prestation de François Mitterrand a été favorable au « oui.

Au soir du référendum, sur le plateau d’Antenne 2, Simone Veil et Élisabeth Guigou sont les premières à qui les journalistes donnent la parole. Toutes deux restent très prudentes sur la victoire très serrée du « oui » qui est annoncée. Une rapide analyse de leurs propos montre que l’une aurait pu prononcer les paroles de l’autre et vice-versa40. Elles ont choisi de faire sur l’Europe une politique de consensus, elles se retrouvent dans une solidarité féministe et européiste.

La mise à l’écran de la parité en 1994

Les élections européennes de 1994 constituent un moment clé de la marche vers la parité en politique puisque le type de scrutin (proportionnel avec listes nationales) est particulièrement propice à l’application de ce principe. Depuis 1989 et le discours de Vienne de Catherine Lalumière qui venait d’être élue secrétaire générale du Conseil de l’Europe, une réflexion est engagée au niveau européen sur les moyens de parvenir à la parité en politique.

La même année, pour la première fois deux femmes deviennent commissaires européennes.

En novembre 1992, réuni à Athènes, le sommet « Femmes au pouvoir » adopte une déclaration revendiquant « l’égalité de participation des femmes et des hommes à la prise de décision publique et politique »41.

Listes « chabadabada » ou « chabadabidon »

Les élections législatives de 1993 ne peuvent pas être favorables aux femmes malgré les interpellations des associations : plus un parti a de chance d’avoir des élus, moins il présente de candidates. Seuls 5,7 % des parlementaires élus sont des femmes. Sur les plateaux de télévision le soir du second tour, à droite on se bouscule pour célébrer la victoire. Au PS, les femmes sont mises à contribution pour représenter le parti qui a subi une lourde défaite42. Mais de nombreuses initiatives sont prises par les femmes socialistes pour dénoncer les résultats de ces législatives43. Lors du congrès du PS du Bourget en octobre 1993, dans son discours de clôture, le tout nouveau premier secrétaire Michel Rocard annonce qu’il ne prendra la tête de la liste socialiste pour les élections européennes de 1994 que si celle-ci est

« composée à stricte égalité de femmes et d’hommes » et ce « du début à la fin de liste ». Un sujet présenté dans les journaux télévisés d’Antenne 2 montre que si les femmes se lèvent et applaudissent, les hommes restent assis… Le commentaire indique qu’une étape est franchie vers « une représentation nouvelle pour une Europe nouvelle »44.

Le Monde daté du 10 novembre 1993 publie un manifeste pour une « démocratie paritaire » signée par 577 hommes et femmes. Le journal de 20 h 00 d’Antenne 2 du 9 novembre, en fait un de ses titres mais le reportage est relégué en fin de journal, après le cours de la bourse et le pèlerinage annuel des gaullistes à Colombey-les-Deux-Églises ! Malgré tout, la question de la parité en politique se retrouve sur la place publique45. Le débat est ouvert dans tous les partis politiques.

40 Antenne 2, 20 septembre 1992, émission spéciale référendum.

41 Une seule représentante de chaque pays signe la déclaration, sauf pour la France puisque signent Simone Veil et Édith Cresson.

42 D’où l’altercation entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (Antenne 2, 21 mars 1993) que l’on a pu revoir lors de la campagne présidentielle de 2007.

43 Hanem El-Fani, « Les femmes du PS sortent de l’ombre », Parité-Infos, n°3, 1993.

44 Antenne 2, 24 octobre 1993, Midi 2 et journal de 20 h 00

45 Antenne 2, 9 novembre 1993, journal de 20 h 00.

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Dès le début de la campagne pour les européennes, les critiques ne manquent pas à l’égard de la liste Rocard que les médias surnomment la liste Chabadabada, en référence au thème musical du film de Claude Lelouch Un homme et une femme. Jean-Pierre Chevènement, tête d’une autre liste, la qualifie de « liste chabadabidon »46 mais toutes les formations politiques sont contraintes de se déterminer par rapport à la place des femmes dans la vie politique française et de les intégrer en nombre sur les listes pour les européennes.

« Duels de Dames » au programme du JT

La télévision fait de la présence des femmes sur les listes un des principaux axes de la couverture des élections européennes. Alors qu’elles ne sont que deux têtes de listes (Arlette Laguiller pour LO et Marie-Anne Isler-Béguin pour les Verts), les femmes sont présentes partout sur les écrans : reportages, portraits, débats… Les journaux télévisés comme les émissions politiques et les spots de la campagne officielle mettent en avant les candidates, en un mouvement conjoint des rédactions et des partis politiques. Est-ce le signe d’une réelle la percée des femmes ou un révélateur supplémentaire du désintérêt des hommes politiques français pour l’Europe ?

Dès le 28 avril, le journal de 20 heures de TF1 présente un sujet sur les femmes candidates, tandis que dans le 19/20 de FR3, est brossé un portrait d’Hélène Carrère d’Encausse (numéro deux sur la liste UDF-RPR). Lors du premier débat télévisé de la campagne, Hélène Carrère d’Encausse représente la majorité en « académicienne professorale extrêmement respectueuse de ses adversaires », note justement Le Monde. Elle a en effet fait constamment référence à l’histoire du continent. Face à elle, Marie-Anne Isler- Béguin, qualifiée d’« écologiste lunaire » par le même journal, a effectivement eu davantage de mal à s’imposer47.

A partir de la mi-mai, le journal de fin de soirée de FR3 se prolonge une fois par semaine par un « duel de dames » arbitré par Christine Ockrent. La journaliste justifie cette initiative en indiquant que « ces dames sont partout, […] c’est une première dans notre vie politique ». Après avoir dressé la liste des candidates en vue, un reportage donne la parole aux hommes politiques. Pour eux, il ne s’agit que d’une mode et on peut entendre Louis Lauga, député RPR des Landes, déclarer : « elles en font un peu trop, […] on se venge comme on peut »… Dans les semaines qui suivent sont invitées à débattre Christiane Delannon-Taubira (Liste Tapie) et Marie-France Stirbois (FN), Gisèle Halimi (liste Chevènement) et Françoise Seillier (liste De Villiers), Marie-Anne Isler-Béguin (Verts) et Aline Pailler (liste du PCF), Hélène Carrère d’Encausse (Liste UDF-RPR) et Catherine Trautmann (PS). Leurs débats, longs d’une douzaine de minutes environ, sont certes animés, mais restent centrés sur les questions européennes et évoquent toujours, souvent en début de débat, le thème de l’accession des femmes à la politique48. On est bien loin des gants de boxe présentés bien maladroitement à Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie lors d’un journal télévisé pendant cette même campagne européenne !49 Cependant, diffusés après 22 h 30 sur une chaîne qui ne réalise pas les plus fortes audiences, ces débats, quelle que soit leur qualité, ne suffisent pas à recentrer la campagne des européennes sur son objet.

Les femmes en politique, un sujet plus porteur que l’Europe

46 Meeting de la liste « L’autre politique » à Strasbourg, 5 mai 1994. Le Monde, 7 mai 1994, « M. Chevènement se moque de la liste chabadabidon ».

47 TF1, 28 avril 1994, journal de 20 h 00, « Les femmes sur les listes des européennes », 1’30’’. FR3, 28 avril 1994, 19/20, « Portrait d’Hélène Carrère d’Encausse », 1’38’’ ; Le Monde, 30 avril 1994, « Poncifs européens ».

48 France 3, Soir 3 des 16, 24 et 30 mai et du 3 juin 1994.

49 Antenne 2, 1er juin 1994, journal de 20 h 00 présenté par Paul Amar.

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La présence en nombre de femmes permet aux journalistes de télévision d’aborder avec un angle particulier une échéance électorale qui est loin d’être déterminante dans la vie politique française. Les femmes sont valorisées par leur engagement au Parlement européen.

Tel reportage sur l’absentéisme des députés européens présente en Nicole Fontaine (UDF, élue depuis 1984) et Marie-Claude Vayssade (PS, élue depuis 1981) deux exemples contraires et leur donnent la parole. Elles apparaissent un peu comme sauvant l’honneur d’une délégation française stigmatisée au Parlement européen pour son manque de présence et de travail50. Arte diffuse un documentaire intitulé « Féminin pluriel » qui présente six portraits de Françaises, d’Allemandes et d’Espagnoles entrecoupés de discussions avec des personnalités politiques. Pour la France, se côtoient ainsi une agricultrice de Lorraine et Elisabeth Guigou, une mère élevant seule sa fille dans une grande précarité et Michèle Barzach (RPR). Le décalage entre le discours des femmes politiques affirmant que l’Europe apporte beaucoup aux femmes et ce qui est ressenti par certaines d’entre elles saute aux yeux51. On peut se demander si le but d’une telle émission n’est pas de montrer que les femmes politiques sont déconnectées des réalités, comme les hommes, contrairement à ce que l’on dit parfois ?

Les grandes chaînes nationales s’intéressent surtout aux personnalités. En tant que tête de liste des Verts, Marie-Anne Isler-Béguin est à la fois sollicitée et brimée par la télévision.

En effet, à chacune de ses apparitions, elle est présentée comme une inconnue, presque illégitime. Invitée du journal de 20 heures de TF1 le 29 mai, les questions qui lui sont posées par la journaliste Claire Chazal indiquent bien l’approche qui est privilégiée. On lui demande si pour se présenter aux élections, « c’est important d’être jolie », important « d’être maquillée »… L’Europe est un thème très accessoire. Deux jours plus tard dans Le Monde, Daniel Schneidermann se demande si l’on eut infligé ce genre de questions à Hélène Carrère d’Encausse ou à Catherine Lalumière. La question fait la réponse. Sans parler qu’évoquer ces aspects avec les hommes politiques… Inconnue et femme : voilà deux « handicaps » autour desquels la télévision bâtit la personnalité de Marie-Anne Isler-Béguin. Les réponses laconiques de l’intéressée montre à l’évidence son agacement52, mais elle ne peut se passer de ce genre de mise en lumière : « C’est vrai que lorsque vous passez le soir à TF1 et que le lendemain vous prenez le métro, le choc est immédiat53.

Conclusion :

Les campagnes électorales et référendaires sont autant d’occasion de montrer à l’écran que l’Europe des femmes politiques est différente de celle des hommes. La télévision reflète et souligne bien que le mode du scrutin européen est adapté à une participation des femmes plus importante qu’aux élections nationales. Simone Veil ouvre la voie en 1979 et devient le modèle ou plus exactement la référence des femmes politiques qui cherchent à parler véritablement d’Europe aux Français : une Europe concrète, moins polémique. Autre cas médiatisé, celui d’Elisabeth Guigou, dont l’engagement est total dans la campagne référendaire pour le traité de Maastricht. Doublant une compétence technique d’une véritable influence politique, son rôle est déterminant dans la définition de la politique européenne de la France. Afin de toucher les Français, elle a su apprivoiser la télévision, s’en servir, la mettre au service de l’idée d’Europe qu’elle défend.

Etant plus présentes et plus actives que les hommes au Parlement européen (ils ont bien d’autres mandats nationaux…), les eurodéputées françaises se distinguent, leurs « duels de dames » télévisés de 1994 sont à la hauteur de l’enjeu européen. Mais il faudrait pouvoir

50 Antenne 2, 24 mai 1994, journal de 20 h 00, « L’absentéisme des députés européens », 2’03’’.

51 Arte, 29 mai 1994, « Féminin pluriel », documentaire présenté par Le Monde, 29 mai 1994, « Féminin pluriel : l’inégalité au quotidien ».

52 TF1, 29 mai 1994, journal de 20 h 00, portrait de Marie-Anne Isler-Béguin et interview, 5’45’’ ; Le Monde, 31 mai 1994, « L’inconnue au tournesol ».

53 Entretien avec l’auteur, 8 décembre 2004.

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évaluer ce qu’ils ont pu peser sur le choix des électeurs… En même temps, les journalistes de la télévision ne peuvent faire abstraction de l’effet de genre et souvent, la prestation de ces femmes politiques est gâtée par des lancements de sujets, des questions, des commentaires qui seraient épargnés à des hommes. Dans les spots des campagnes officielles comme dans les journaux télévisés, ceux-ci sont moins présents lors des échéances européennes que pour d’autres élections. Cela confirme les caractéristiques sexospécifiques de la politique selon les différentes échelles auxquelles elle est faite.

Yves Denéchère Professeur d’histoire contemporaine Université d’Angers - CERHIO

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Bibliographie sélective :

- BARD Christine, BAUDELOT Christian, MOSSUZ-LAVAU Janine, Quand les femmes s’en mêlent : genre et pouvoir, Paris, La Martinière, 2004, 382 p.

- BATAILLE Philippe, GASPARD Françoise, Comment les femmes changent la politique et pourquoi les hommes résistent, Paris, La Découverte, 1999, 201 p.

- BOSSUAT Gérard, Faire l’Europe sans défaire la France. 60 ans de politique d’unité européenne des gouvernements et des présidents de la République française (1943-2003), Bruxelles, Peter Lang, 2005, 630 p.

- DELAUNAY Jean-Marc et DENÉCHÈRE Yves (dir.), Femmes et relations internationales au XXe siècle, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2006, 370 p.

- DENÉCHÈRE Yves, Ces Françaises qui ont fait l’Europe, Paris, Audibert, 2007, 287 p.

- ESQUENAZI Jean-Pierre, Télévision et démocratie. La politique à la télévision française 1958-1990, Paris, PUF, 1999, 387 p.

- FREEDMAN Jane, Femmes politiques, mythes et symboles, Paris, L’Harmattan, 1997, 291 p.

- GUIGOU Elisabeth, Une femme au cœur de l’Etat, Paris, Fayard, 2000, 408 p.

- JENSON Jane et SINEAU Mariette, Mitterrand et les Françaises. Un rendez-vous manqué, Paris, Presses de Sciences Po, 1995, 386 p.

- MARCHETTI Dominique (dir.), En quête d’Europe. Médias européens et médiatisation de l’Europe, PUR, 2004, 301 p.

Références

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