G ERGONNE
Algèbre élémentaire. De la recherche des facteurs rationnels des polynomes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 12 (1821-1822), p. 309-316
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DES FONCTIONS. 309
Il est d’ailleurs évident que, dans ces diverses
formules ,
il serapermis
deprendre
pour a, aI, a2yb , bI , y b2
... p , pI, p2 , .... des fonctionsquel.
onquesde x ,
y.On’sent
quenous
n’en finirionsjamais ,
si nous voûtionsindiquer toutes
lesa plications
que l’onpeut
faire de la théorie que nousavons
exposée
dans leprésent mémoire,
et c’est cequi
nous déterminea terminer ici.
ALGEBRE ÉLÉMENTAIRE.
De la recherche des facteurs rationnels des polynomes;
Par M. G E R G O N N E.
SOIT l’équation générale
ducinquième degré
dans laquelle
il nous estpermis
de supposer tous lescoefficiens
entiers.
Si, après
avoirchangé
lessignes,
on divise continuettement par x entransposant
le terme sans xaprès chaque division ,
ilviendra successivement
Tom.
XII.43
3I0 DIVISEURS RATIONNELS
de sorte qu’au
lieu.de
laproposée ,
on aura cette suited’équations
et la
proposée
pourra être considérée comme résultant de l’élimi- nation deB , C, D, E
entre elles.Si,
eneffet ,
onprend
lasomme
des produits respectifs des équations (2) par x , x2, x3 , x4,
onretombera,
toutes réductionsfaites,
surl’équation (i).
Il suit de là que toutes les valeurs et les seules valeurs
de x
qui vérifieront
leséquations (2)
vérifieront aussil’équation (1).)
etréciproquement ;
cequi
offre un moyen assez commode de dctcou- vrir si un nombre donné est ou n’est pas valeur de l’inconnue.Si l’on a a=I , et que , comme nous l’avons
supposé,
les coeffi-ciens b,
c,d, e , f
soiententiers ;
et l’on saitqu’on peut toujours
transformer
l’équation
de manière à les faire devenirtels ;
il estconnu
qu’alors
toute valeur rationnelle de x devra êtreentière ;
etil est visible que, dans ce cas,
E, D, C,
B devrontégalement
être
entiers;
d’où ilsuit,
enparticulier,
que, dans le même cas,x ne pourra être
qu’un
des diviseurs du dernierterme f (*).
Larecherche des racines rationnelles de la
proposée
se réduira doncainsi
à chercher d’abord tous ceux desdiviseurs,
tantpositifs
quenégatifs ,
de son dernier termequi
n’excéderont pas les limites ex- trèrnes de sesracines,
et à examiner ensuitequels
sont ceux de cesdiviseurs
qui
vérifient leséquations (2),
en discontinuant d’ailleurs la verification pour tous ceux d’entre euxqui
feraientprendre
unevaleur fractionnaire à
quelqu’un
des nombresE, D, C,
B.Cette
méthode, qui s’applique
évidemment auxéquations
litté-rales comme aux
équations numériques ,
est , pour lefond ,
celleque Bezout a cru devoir substituer à celle de
Newton ;
mais il a(*)
Quelques
auteurs en donnent pour raison que le dernier terme est leproduit
de toutes les racines ; mais cette raison nepourrait
être admise que dans le seul cas ou toutes les racines de laproposée
seraient réelles et ra-tionnelles. Dans le cas
contraire,
en effet, nepourrait-on pas
supposer , parexemple ,
qlce , 7 étant une des raclées réelles, et 28 étant leproduit
de toutesles racines de cette sorte, le
produit
de toutes les racines tant incommensurablesqu’imaginaires soit auquel
cas le dernier terme , abstraction faite de sonsigne ,
se trouverait être28
ou 36qui
ne serait point divisible par 7.Au
surplus, puisqu’il
est d’ailleursprouvé
que toute racine entière d’uneéquation
conditionnce comme nous l’avonsdit,
est diviseur de son dernier terme,il nous est permis d’en conclure, à posteriori , que lorsque le premier terme
d’une
équation
est sanscoefficient
et que les autres sont sansdénominateurs,
le
proruit de
ses rcines tant incommensurablesqu’imaginaires
est nécessaire-ment un nombre entier.
3I2
DIVISEURS RATIONNELS
négligé
dejustifier
cettesubstitution,
enprouvant
que saméthode
a le double
avantage
d’être à la fois directe etexclusive ;
et lesauteurs d’élémens
qui
ont. écritaprès
lui n’ontpeut-être
pas assez insisté sur -cepoint.
Voilà sans doutepourquoi, aujourd’hui même, quelques géomètres
tiennent encore à laméthode
deNewton , qui
n’est
pourtant qu’un
mauvais criblequi ,
s’il ne laisse passer aucun des nombresqu’il
doitretenir,
en retient souventbeaucoup
deceux
qu’il
devrait laisser passer ; de sortequ’après l’opération
ter-minée,
on se trouve contraint de vérifier les résultatsobtenus,
par leur substitution dans lepremier
membre de laproposée.
En unmot, la méthode de Newton n’est
qu’un
moyen , d’ailleurs assezlaborieux , d’élaguer
un nombreplus
ou moinsconsidérable
deceux d’entre
les
diviseurs du dernier termeparmi lesquels
doiventseulement se trouver les racines commensurables de la
proposée.
Il serait donc fort à désirer que l’on
eût ,
pour la recherche des facteurs rationnels desdegrés supérieurs ,
une méthode aussiparfaite
que l’est celle de Bezout pour ceux dupremier degré ; .mais, passé
le seconddegré,
pourlequel
nous avons la ressource , fouvent d’ailleurstrès-pénible ,
dudéveloppement
des racines enfractions continues
(*) ,
nous sommes trop heureux encore , dansnotre
indigence , de,
recourir au mauvais crible de Newton.Mais
pour bien faire
comprendre
que son usage s’étend à la recherche des facteurs rationnels de tous lesdegrés ,
ilfaudrait ,
à cequ’il
nous
paraît, présenter
la méthode d’une manière un peuplus large
qu’on
n’a coutume de le faire dans les traitésélémentaires ,
et voicià peu
près
comment onpourrait l’exposer.
Soit
l’équation
donnée dedegré quelconque
(*) Les racines ,
développées
en fractions continues, doivent sans doute avoir,pour
chaque degré ,
un caractèreparticulier :
dans lepremier degré,
la frac-«tien continue se termine : dans le second, elle se
présente
sous formepério- dique ;
mais àquel
caractère reconnaîtra-t-onqu’une
fraction continueproposée
est racine d’une
équation
d’undegré supérieur ?
c’est là , à cequ’il
nousparaît ,
une
question
tout-à-faitdigne
de l’attention desgéomètres.
3I3
et, pour
fixer
lesidées,
supposons que s’étant assuréqu’elle n’a
de
diviseurs rationnels
ni dupremier
ni du seconddegré,
on veuillesavoir si elle n’en a pas
quelqu’un
du troisième.Représentons
cedivisent ,
s’ilexiste ,
pardans
lequel
sils’agira,
s’il estpossible,
de déterminer lesnombres A , B , C , lesquels
doivent évidemment être entiers.Pour y
parvenir,
remarquons d’abord que, si(2)
divise(I) ,
il devrale
diviser quelque
valeurparticulière qu’on
donne à x. Mettons doncpour x , dans l’un et dans
l’autre,
lestermes k , k+l , k+2l,
z+31
d’uneprogression quelconque
pardifférences’; représentons
par
H , H’, HII,
H’’’ les valeursnumériques
queprend
le pre-mier membre de
(I),
par l’effet de cette substitution.Quant S (2) J
ildeviendra successivement
dont les
premières différences
serontles
secondes,
et enfin la
troisième
3I4 DIVISEURS RATIONNELS I.2.3l3.
Cela
posé ,
soientcherches
successivement tousles
diviseursde H, H’, H", H’’’;
suppusons que ceux deH soient
aunombre de n,
ceux de H’ aunombre de n’,
ceuxde
H" aunombre de n";
et enfin ceux de H’’’, au nombre den’’’;
lenombre
desépreuve
à faire sera
nn’n"n’’’,
et voici enquoi
ellesçonsist-eront.
Soient p un diviseur de
H, pl
un diviseur deH’ , p"
un di-viseur de
H",
etp’’’ un
diviseur deH’’’; peur
savoir si ces divi-seurs ne
seraient
pas ce quedevient
le faveurcherehé ,
dutroisième
degré , lorsqu’à
laplace
de x on y metsoccessivement k , k+l, k+2l, k+3l,
QO enprendra
successivement lespremières, secondes
et
troisièmes différences, ainsi qu’il suit :
Si
p’’’-3p"+3p’-p
n’est paségal à 6l’ ,
on en conclura que, si(I)
a un diviseur
rationnel
dutroisième degré , p , p’ , p", plll ne
sauraient être les diverses
valeurs de ce diviseur qui répondent
auxsubstitutions de
k , k+l, k+2l, k+31 à
laplace
de x, et onpassera à
l’épreuve
d’une autre combinaison de diviseurs deH, H’, H",
H’’’.Si,
aucontraire,
on aon en conclura que , si
(i)
a unfacteur
rationnel du troisièmedegré ,
et.., si p ,p’, p", p’’’
sont ceque
devient ce facteur par la substitution dek, k+l, k+2l, k+3l
à laplace de x,
ondoit avoir
3I5
d’où
Ayant
ainsi les valeursde A, B, C,
on aura une valeurprésumée
-du facteur
(2); et
l’on vérifieraensuite,
par tadivision ,
sice
facteur existe en effet dans
(I).
Sidonc , après les
nn’n"n’’’épreuves
sur les diverses combinaisons des diviseurs de
H, H’, H", H’’’,
on ne rencontre aucune combinaison
qm
satisfasse à la conditionou, si cette condition se trouvant
remplie
par une ou -plusieurs
de ces mêmes
combinaisons,,
aucun des facteursprésumés qui
enseront résultés ne divise
(I),
on en pourraconclure ,
avec cer-titude, que (i)
n’admet aucun diviseur rationnel du troisièmedegré.
Quoique
nous ayons tacitementsupposé
que(i)
était uneéqua-
tion
numérique ,
on sent fort bien que leprocédé
estégalement applicable
auxéquatîons
littérales.Ce
que nous venons de dire de larecherche
d’un facteur ra-tionnel du troisième
degré peut
être facilement étendu à celle d’un facteur rationnel d’undegré supérieur ;
mais il est aisé de voirque, pour une
équation donnée ,
la recherche doit s’arrêter aufacteur d’un
degré
moitié du sien si cedegré
estpair ,
ou dudegré
le
plus approchant
de cette moitié endessous, y si
sondegré
estimpair.
Il est presque
superflu
d’observer que laprogression k, k+l,
k+2l, k+3l
étant tout-à-faitarbitraire ,
cequ’il
y a deplus simple
à faire est de choisir pour elle des nombres consécutifs de la suite naturelle les
plus petits possibles , abstraction
faite de leurssignes,
3I6
QUESTIONS PROPOSÉES.
c’est-à-dire ,
lesplus
voisins de zéro. Sicependant
les termesd’une
autre
progression
donnaient àH , H’, Hir ,
H’’’ unplus petit
nombre de
diviseurs,
cetteprogression
devrait êtrepréférée,
attenduqu’il
en résulterait une réduction dans le nombre nnlnllnlll desépreuves
à tenter.Au
surplus
en admettant unplus grand
nombre de termes dansla
progression ,
etconséquemment
uneplus grande quantité
desnombres
H, H’, H", ...
on aura la ressource de mettre aurebut toutes les
combinaisons
de diviseurs de ces nombres dont les troisièmes différences ne seraientpas
constanteset égalez 6J3.
QUESTIONS PROPOSÉES.
Problème d’analise élémentaire.
IL
a fallu n vis d’Archimède pourévacuer,
dans letemps
t, l’eaud’un
bassin,
dont la surface était a, danslequel
lapluie tombait
et
qui
était en outre alimenté par une source.Il a fallu ni vis d’Archnnéde pour
évacuer ,
dans letenips t’,
l’eau d’un second
bassin ,
dont !a surface étaita’,
danslequel
lapluie tombait,
etqui
était en outre alimenté par une source.Il a fallu entin n" vis
d’Archimède ,
pourévacuer ,
dans letemps ill ,
l’eau d’un troisièmebassin,
dont la surface étaita",
dans le-quel
lapluie tombait ,
etqui
etait en outre aliraenté par une source.On
demande , d‘après cela , quel
sera le nombre N de vis d’Ar- chimède nécessaires pour evacuer , dans letemps
n’eau d’un bassin dont la surface est A , danslequel
lapluie tombe,
etqui
est enen outre alimenté par une source ?
On suppose d’ailleurs que l’eau est à la même
hauteur
dans les quatrebassins ,
au moment oùFoperahon
commence , que lapluie
y tombe avec
une égale intensité,
que les sources y fournissent une,égale quantité
d’eau dans le même temps , etqu enfin
lesvis
d’Ar-chimède ont toutes une même