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Prévention de la mort inattendue du nourrisson: les dernières recommandations américaines

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Academic year: 2022

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R E C O M M A N D A T IO N S

Rubrique dirigée par C. Copin

Médecine

& enfance

Aux Etats-Unis, on déplore chaque année environ 3 500 décès de nourrissons au cours de leur sommeil, par mort inattendue du nour- risson (MIN), accident de suffocation ou de strangulation. Après une baisse signi- ficative au cours des années 1990, le taux de ces décès reste stable depuis plu- sieurs années. L’objectif de l’Académie américaine de pédiatrie (AAP), qui pu- blie une mise à jour de ses 19 recom- mandations (R), est de renforcer les messages de prévention afin de réduire encore le nombre de décès.

LE DÉCUBITUS DORSAL POUR TOUS La position sur le dos est recommandée jusqu’à l’âge de un an (R1). Contraire- ment à certaines idées reçues, le décubi- tus dorsal n’augmente pas le risque d’étouffement ou de fausse route chez les enfants ayant un reflux gastro-œso- phagien (RGO). Les experts rappellent que la surélévation du haut du lit n’a pas d’effet sur les régurgitations. Cette mesure souvent préconisée est en fait néfaste, car le bébé risque de glisser au bas du lit dans une position susceptible d’entraver sa respiration.

Les prématurés doivent eux aussi être placés en décubitus dorsal aussi préco- cement que possible, et dans tous les cas à partir de 32 SA.

Dès lors que l’enfant est capable de se retourner, il faut le laisser dans la posi- tion de son choix, mais toujours en veillant à ce qu’il dorme sur un matelas ferme et sans accessoires de literie.

A la maternité, le peau à peau est re- commandé, immédiatement à la nais- sance et pendant au moins une heure, pour toutes les mères et leurs bébés quels que soient le mode d’accouche- ment et le type d’allaitement. Il n’y a au- cune raison de placer les nouveau-nés

Prévention de la mort inattendue du nourrisson : les dernières

recommandations américaines

mars 2017 page 63 AAP Task Force on Sudden Infant Death

Syndrome : « SIDS and other sleep-related infant deaths : updated 2016 recommendations for a safe infant sleeping environment », Pediatrics, 2016 ; 138 :e20162938.

Synthèse : M. Joras

Outre le couchage sur le dos, sur un matelas ferme, dans un lit adapté sans bordures ni oreiller, dans la chambre des parents (pas dans leur lit !), sans exposition au tabac ou à d’autres substances toxiques, les experts américains rappellent le rôle bénéfique de l’allaitement maternel, mais aussi l’intérêt de la tétine pour la prévention de la mort inattendue du nourrisson.

sur le côté pendant les premières heures de vie, précisent les experts de l’AAP. Il n’existe en effet aucun argument dé- montrant que cette position améliore l’évacuation du liquide amniotique et diminue le risque d’aspiration.

UN LIT ADAPTÉ

Les matelas mous ou ceux qui conser- vent la forme du corps sont à exclure : ils exposent l’enfant au risque de suffo- cation lorsqu’il roule sur le ventre. Tous les nourrissons doivent dormir sur une surface ferme (R2). Il faut aussi éviter les bords de lit, les oreillers, les coussins et les surmatelas (R5). Attention aux couffins ou berceaux d’occasion, ajou- tent les experts, qui précisent que les poussettes, sièges auto, baby-relax, por- te-bébés, etc. ne sont pas faits pour y dormir de façon régulière.

Il en est de même pour les canapés et les fauteuils, qui sont particulièrement dangereux et ne sauraient en aucun cas servir de lit au bébé. Les parents doi- vent d’ailleurs être prudents lorsqu’ils portent ou nourrissent leur enfant dans ces sièges et ne jamais l’y laisser seul.

L’ALLAITEMENT MATERNEL

L’allaitement maternel est associé à une réduction du risque de MIN (R3). L’effet protecteur est augmenté si l’allaitement maternel est exclusif.

DANS LA CHAMBRE DES PARENTS, MAIS PAS DANS LEUR LIT

Les experts de l’AAP recommandent que les nourrissons dorment dans la chambre de leurs parents jusqu’à l’âge de un an ou au moins durant les six premiers mois de vie (R4). Cette mesure a fait la preuve de sa grande efficacité, avec une diminution du risque de MIN qui atteint 50 %.

En revanche, le partage du lit des parents 05 ma17 m&e recos msin 22/03/17 12:01 Page63

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(« bed-sharing ») est formellement dé- conseillé. Il augmente le risque de suf- focation ou d’étranglement, plus parti- culièrement dans certaines circons- tances : un âge inférieur à quatre mois, la prématurité ou un petit poids de nais- sance, le tabagisme, une altération de la vigilance parentale due à des médica- ments, à l’alcool ou à des drogues illi- cites. Le risque est aussi accru si l’enfant dort avec un autre enfant ou avec un adulte qui n’est pas l’un de ses parents, si l’endormissement a lieu sur une struc- ture molle, un canapé ou un fauteuil notamment, si le lit contient des cous- sins ou des couvertures.

Attention, les nouveaux systèmes de sé- curité proposés pour un « cosleeping sans risque » n’ont pas fait la preuve de leur efficacité : les berceaux attachés au lit des parents peuvent être une option, mais, faute de références standardisées, ils ne sont pas à ce jour recommandés par l’AAP.

La sécurité et le bénéfice du partage du lit pour des jumeaux (« cobedding ») n’ont pas été démontrés, il est donc pré- férable de les faire dormir dans des ber- ceaux séparés.

OUI À LA TÉTINE

Les experts de l’AAP optent pour la tétine (R6). Bien que le mécanisme n’en soit pas établi, la tétine semble en effet avoir un effet protecteur contre la mort inat- tendue, même lorsque le bébé ne l’a plus dans la bouche. Mais la tétine ne doit pas être attachée aux vêtements de l’enfant lorsqu’il dort, encore moins être retenue autour du cou par une cordelette. On ne sait pas si le fait de sucer son pouce a un impact bénéfique sur la prévention de la mort inattendue.

UN ENVIRONNEMENT SAIN

Il convient d’éviter toute exposition au tabac pendant la grossesse et après l’ac-

couchement (R7). La consommation d’alcool et de drogues illicites est bien entendu déconseillée pour la sécurité du bébé, comme pour la santé des pa- rents (R8). C’est un facteur important d’accident, MIN et autres.

Les bébés ne doivent pas être trop cou- verts et doivent dormir dans une chambre à température modérée (R9).

LA PRISE EN CHARGE DES FEMMES ENCEINTES

Des données épidémiologiques mon- trent que le risque de MIN est moindre lorsque les mères ont bénéficié d’une surveillance prénatale régulière. Le sui- vi de la grossesse apparaît donc comme un facteur important pour les experts de l’AAP (R10).

L’EFFET PROTECTEUR DES VACCINS

Il n’existe aucune donnée permettant d’incriminer les vaccins dans la MIN. Au contraire, expliquent les experts, des données récentes suggèrent que la vacci- nation aurait un effet protecteur (R11).

ATTENTION AUX DISPOSITIFS CONTRE LA MIN

Les divers systèmes affirmant assurer une protection contre le risque de MIN, comme les séparateurs de lit, n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Les fabri- cants ne doivent donc pas être autorisés à utiliser cet argument de vente (R12).

LE MONITORING : DES INDICATIONS EXCEPTIONNELLES

L’AAP rappelle que le monitoring car- diorespiratoire n’est pas une stratégie pour réduire le risque de MIN (R13).

Même à l’hôpital, la surveillance cardio- respiratoire avant la sortie ne permet pas de repérer les enfants à risque de MIN. Néanmoins, ces appareils sont par- fois prescrits chez des enfants présen-

tant des pathologies particulières avec un risque d’apnées ou de bradycardies.

QUAND METTRE LE BÉBÉ SUR LE VENTRE

Le décubitus ventral peut être proposé pour limiter le risque de plagiocéphalie positionnelle, mais uniquement sous surveillance et quand le bébé est ré- veillé (R14).

Quant aux techniques d’enveloppe- ment, elles sont déconseillées car elles exposent à un risque accru de MIN si l’enfant roule et se retrouve sur le ventre (R15).

DIFFUSER

LES RECOMMANDATIONS

Les recommandations doivent être stric- tement appliquées dans les maternités et dans les services de néonato lo gie (R16), tout comme par les médias et les fabri- cants (R17).

Enfin, les experts insistent sur la néces- sité de poursuivre les campagnes d’in- formation du public et de favoriser la participation de l’ensemble des profes- sionnels de santé pour relayer active- ment les messages de prévention (R18).

La recherche sur les mécanismes de la mort inattendue et sur les facteurs de risque doit également être renforcée avec l’objectif, selon l’AAP, d’éliminer cette cause de décès (R19).

POUR CONCLURE

Les modifications des recommandations publiées par l’AAP en 2016 sont minimes.

Il est néanmoins intéressant de noter que la recommandation sur l’intérêt de l’allai- tement maternel est passée de la huitiè- me position à la troisième, et que celle de l’utilisation de la tétine est remontée de la neuvième à la sixième place. A noter que nous ne disposons en France d’aucu- ne recommandation sur la MIN… 첸

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Médecine

& enfance

mars 2017 page 64

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