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On parle de fantastique en littérature dès lors qu’il y a irruption de l’irrationnel dans un cadre réaliste. C’est ce qui se produit dans

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Academic year: 2022

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UNE ÉTRANGE MALADIE.

Atteint d'une étrange maladie, un homme raconte à son médecin.... Ayant soif un soir, je bus un demi-verre d'eau et je remarquai que ma carafe, posée sur la commode en face de mon lit, était pleine jusqu'au bouchon de cristal. J'eus, pendant la nuit, un de ces sommeils affreux dont je viens de vous parler. J'allumai ma bougie, en proie à une épouvantable angoisse, et, comme je voulus boire de nouveau, je m'aperçus avec stupeur que ma carafe était vide. Je n'en pouvais croire mes yeux. Ou bien on était entré dans ma chambre, ou bien j'étais somnambule. Le soir suivant, je voulus faire la même épreuve. Je fermai donc ma porte à clef pour être certain que personne ne pourrait pénétrer chez moi. Je m'endormis et je me réveillai comme chaque nuit. On avait bu toute l'eau que j'avais vue deux heures plus tôt. Qui avait bu cette eau ? Moi, sans doute, et pourtant je me croyais sûr, absolument sûr, de n'avoir pas fait un mouvement dans mon sommeil profond et douloureux. Alors j'eus recours à des ruses pour me convaincre que je n'accomplissais point ces actes inconscients. Je plaçai un soir, à côté de la carafe, une bouteille de vieux bordeaux, une tasse de lait dont j'ai horreur, et des gâteaux au chocolat que j'adore. Le vin et les gâteaux demeurèrent intacts. Le lait et l'eau disparurent. Alors, chaque jour, je changeai les boissons et les nourritures. Jamais on ne toucha aux choses solides, compactes, et on ne but, en fait de liquide, que du laitage frais et de l'eau surtout.

Mais ce doute poignant restait dans mon âme. N'était-ce pas moi qui me levais sans en avoir conscience, et qui buvais même les choses détestées, car mes sens engourdis par le sommeil somnambulique pouvaient être modifiés, avoir perdu leurs répugnances ordinaires et acquis des goûts différents. Je me servis alors d'une ruse nouvelle contre moi-même. J'enveloppai tous les objets auxquels il fallait infailliblement toucher avec des bandelettes de mousseline blanche et je les recouvris encore avec une serviette de batiste. Puis, au moment de me mettre au lit, je me

barbouillai les mains, les lèvres et les moustaches avec de la mine de plomb. À mon réveil, tous les objets étaient demeurés immaculés bien qu'on y eût touché, car la serviette n'était point posée comme je l'avais mise; et, de plus, on avait bu de l'eau et du lait. Or ma porte fermée avec une clef de sûreté et mes volets cadenassés n'avaient pu laisser pénétrer personne. Alors, je me posai cette redoutable question : qui donc était là, toutes les nuits, près de moi ?

Le Horla de Guy de Maupassant

On parle de fantastique en littérature dès lors qu’il y a irruption de l’irrationnel dans un cadre réaliste. C’est ce qui se produit dans Le Horla. Les repères de temps et d’espace situent clairement l’action de la nouvelle dans un environnement concret qui rappelle le XIXe s. finissant, c’est-à-dire le moment de l’écriture dont l’histoire racontée est

contemporaine. Le personnage-narrateur tente en vain de développer une approche

rationnelle, caractéristique du positivisme, face aux apparitions mystérieuses qui le hantent.

L’autre caractéristique de la tonalité fantastique réside dans la double explication qui laisse place au doute. L’écrivain ne fournit pas d’explication unique des faits, mais laisse le lecteur décider. Les événements relèvent-ils d’une explication rationnelle ou surnaturelle? La nouvelle ne tranche pas. Il est possible de considérer que le narrateur est effectivement l’objet d’une stratégie de persécution de la part d’un être surnaturel ; mais on peut tout aussi bien comprendre qu’il est frappé de folie.

C’est du choc entre réel et surnaturel que les récits fantastiques du XIXe s. comme Le

Horla tirent l’essentiel de leur force. La nouvelle de Maupassant constitue une indéniable

réussite du genre et marque à ce titre l’histoire de la littérature fantastique d’une part, de la

littérature en général d’autre part.

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