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Rapport de synthèse sur l’agriculture en Tunisie

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-02137636

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02137636

Submitted on 27 May 2019

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Rapport de synthèse sur l’agriculture en Tunisie

H.E. Chebbi, J.-P. Pellissier, W. Khechimi, J.-P. Rolland

To cite this version:

H.E. Chebbi, J.-P. Pellissier, W. Khechimi, J.-P. Rolland. Rapport de synthèse sur l’agriculture en Tunisie. [Rapport de recherche] CIHEAM-IAMM. 2019, pp.99. �hal-02137636�

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PROJET D’APPUI A L’INITIATIVE ENPARD MEDITERRANEE

Rapport de synthèse sur

l’agriculture en Tunisie

Par Houssem Eddine CHEBBI

Sous la coordination de :

Jean-Paul Pellissier, Jean-Pierre Rolland, Wided Khechimi

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CONTENU

Liste des acronymes ... 3

Liste des tableaux ... 4

Liste des figures ... 5

Liste des annexes ... 6

Principales données en 2017 ... 7

Résumé exécutif ... 8

PREMIERE PARTIE L'AGRICULTURE ET LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE EN CHIFFRES ... 13

1. Rôle l’agriculture dans l’économie nationale Tunisienne ... 13

1.1. Le secteur agricole, un secteur résilient face aux crises économiques et sociales ... 13

1.2. Un faible niveau de couverture des importations agricoles et alimentaires. ... 14

2. Part dans le budget de l’Etat et évolution ... 15

3. La question de l’emploi ... 18

4. Superficies et productions agricoles ... 22

4.1. Superficies agricoles ... 22

4.2. Principales productions agricoles ... 23

DEUXIEME PARTIE POLITIQUE AGRICOLE ET RURALE ET ATTRACTIVITE DU SECTEUR ... 30

1. Les grandes lignes de la politique agricole tunisienne ... 30

2. La politique tunisienne de soutien au secteur agricole et ses limites ... 33

3. La stratégie tunisienne de développement du secteur agroalimentaire ... 35

4. Investissements dans le secteur agricole ... 37

5. Les investissements directs étrangers ... 40

TROISIEME PARTIE LA SECURITE ALIMENTAIRE ... 41

1. Principales caractéristiques de la consommation et dépenses alimentaires en Tunisie ... 41

2. Un faible niveau de prévalence de la sous-nutrition... 42

3. Une dépendance accrue aux importations de céréales ... 44

4. Principaux éléments de la politique de sécurité alimentaire et nutritionnelle en Tunisie ... 45

QUATRIEME PARTIE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET CHANGEMENT CLIMATIQUE ... 50

1. Les principaux enjeux en matière de gestion des ressources naturelles ... 50

2. Impacts du changement climatique sur l’agriculture tunisienne et perspectives ... 53

2.1. Impacts sur les ressources en eau et en sol ... 53

2.2. Impact sur la production agricole ... 54

(4)

CINQUIEME PARTIE LES ECHANGES ... 57

1. Une dépréciation du dinar tunisien qui s’accentue depuis 2016 ... 57

2. les principaux accords commerciaux de la Tunisie ... 58

2.1. La Tunisie membre de l’OMC ... 58

2.2. Les relations commerciales avec l’UE ... 58

2.3. Les principaux autres Accords commerciaux de la Tunisie ... 59

3. La politique commerciale de la Tunisie ... 60

3.1. A l’importation ... 61

3.2. A l’exportation ... 63

3.3. Logistique ... 63

4. Une balance commerciale agricole déficitaire ... 64

5. Des importations tunisiennes de produits alimentaires toujours en hausse ... 66

5.1. Les importations de céréales ... 68

5.2. Les importations de sucre ... 70

5.3. Les importations d’huiles ... 71

5.4. Les importations de laits et produits laitiers ... 72

6. Les exportations tunisiennes de produits agricoles ... 74

6.1. Les exportations d’huile d’olive ... 76

6.2. Les exportations tunisiennes de fruits ... 78

PRINCIPALES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 82

(5)

LISTE DES ACRONYMES

ADEB Système d'information de gestion financière - Aide à la Décision Budgétaire APIA Agence de Promotion des Investissements Agricoles

BCT Banque Centrale de Tunisie

CEPEX Centre de Promotion des Exportations CGC Caisse Générale de Compensation

CIHEAM Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes COI Conseil Oléicole International

CRDA Commissariat Régional au Développement Agricole CTAB Centre Technique de l’Agriculture Biologique

DGEDA Direction Générale des Etudes et du Développement agricole DGPA Direction Générale de la Production Agricole

ENPARD European neighbourhood programm for agriculture and rural development ESC Estimation du soutien aux consommateurs

ESP Estimation du soutien aux producteurs

ESSG Estimation du soutien aux services d’intérêt général EST Estimation du soutien total

FAO Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture FDSO Fonds pour le Développement du Secteur de l'Oléiculture FODEC Fonds de Développement de la Compétitivité Industrielle FODECAP

Fonds de Développement de la Compétitivité dans le Secteur de l’Agriculture et de la Pêche

FOPRHOC Fonds de Promotion de l’Huile d’Olive Conditionnée FOPRODEX Fonds de Promotion des Exportations

GIFruits Groupement Interprofessionnel des Fruits

GIVLait Groupement Interprofessionnel des Viandes Rouges et du Lait

ha Hectare

IAMM Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier INC Institut National de la Consommation

INS Institut national de la statistique

MARHP Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche MDT Millions de Dinars

MF Ministère des Finances MI Ministère de l’Industrie OC Office des Céréales

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OEP Office de l'Elevage et des Pâturages

OMC Organisation Mondiale du Commerce ONAGRI Observatoire National de l'Agriculture ONH Office National de l’Huile

ONHE Office National de l'Huile Export

Packtec Centre Technique de l’Emballage et du Conditionnement PASA Programme d’Ajustement Structurel Agricole

PIB Produit intérieur brut

PIBA Produit intérieur brut Agricole SPM Soutien des prix du marché TVA Taxe sur la valeur ajoutée UE Union Européenne

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 - Evolution comparée de la croissance annuelle des valeurs ajoutées par secteur d'activité (%)... 14

Tableau 2 - Distribution de la population active occupée selon le secteur d’activité par situation dans la profession et par genre (en %) ... 19

Tableau 3 - Distribution de la population active occupée selon le secteur d’activité par niveau d’instruction (en %) ... 20

Tableau 4 - Distribution de la population active occupée selon le secteur d’activité par nombre de jours travaillés dans l'année précédente ... 20

Tableau 5 - Evolution des superficies agricoles (1000 hectares) ... 22

Tableau 6 - Distribution du nombre de journées de travail effectuées dans le secteur céréalier ... 24

Tableau 7 - Production des céréales en Tunisie (1000 tonnes) ... 24

Tableau 8. Evolution de la production d’huiles d’olive en Tunisie ... 25

Tableau 9 - Evolution des principales production maraichères (milliers de tonnes) ... 29

Tableau 10 - Principales réalisations et prévisions du programme sectoriel «Production agricole, qualité et sécurité sanitaire des alimentaires» ... 32

Tableau 11 - Evolution de la FBCF intervenants (millions de dinars) ... 37

Tableau 12. - Répartition de l’investissement dans le secteur agricole par activité des intervenants (millions de dinars) ... 38

Tableau 13 - Répartition de l’investissement dans le secteur agricole par type d’intervenants (%) ... 38

Tableau 14 - Evolution des Investissements Etrangers en Tunisie Répartis par Secteur Bénéficiaire (en MDT) .. 40

Tableau 15 - Répartition de stock des IDE (MTND) et de postes d’emploi crées sur la période 2010-2017 ... 40

Tableau 16 – Préférence tarifaires dans le cadre de l’Accord UE-Tunisie, 2014 ou 2016 ... 59

Tableau 17 – Taux appliqués NPF et taux préférentiels 2015 ... 62

Tableau 18 - Part des produits agricoles dans les importations de la Tunisie (en millions de dollars) ... 66

(7)

LISTE DES FIGURES

Figure 1 - Evolution de la valeur ajoutée du secteur agricole et des industries agro-alimentaires en Tunisie (% du

PIB) ... 13

Figure 2 - Evolution des exportations et des importations de produits agricoles et du taux de couverture (prix courants en millions de dinars) ... 15

Figure 3 - Evolution du budget du secteur agricole (en million de dinars) et sa part dans le budget total (en %) ... 16

Figure 4 - Evolution du rapport entre la part des dépenses agricoles dans les dépenses publiques et la part de l'agriculture dans le PIB ... 16

Figure 5 - Evolution du rapport dépenses (fonctionnement et développement) et valeur ajoutée agricole (en %) ... 17

Figure 6 - Contribution du secteur agricole à l’emploi en Tunisie (2010-2018) ... 18

Figure 7 - Répartition des actifs selon le secteur d’activité par tranche d’âge ... 21

Figure 8 - Répartition des superficies par type de culture en Tunisie (1000 hectares)... 23

Figure 9 - Evolution annuelle de la production tunisienne de lait cru (millions de litres) ... 27

Figure 10 - Carte agricole de la Tunisie ... 29

Figure 10- Répartition de l’investissement dans le secteur agricole par sources de financement (%) ... 39

Figure 11 - Evolution de l’Indice des prix à la consommation familiale (IPC) (2010 = 100) ... 41

Figure 13 - Structure des dépenses alimentaires moyennes par personne en 2015 ... 42

Figure 14 - Evolution de l’Indice de la faim (GHI) en Tunisie ... 43

Figure 15 - Evolution des indicateurs de l’indice de la faim (GHI) en Tunisie ... 43

Figure 16 - Evolution de l’état nutritionnel de la population tunisienne selon l’indice de masse corporelle ... 44

Figure 17 - Evolution du taux de satisfaction des besoins des produits alimentaires de base ... 45

Figure 18 - Evolution des dépenses de la compensation des produits agroalimentaires en Tunisie ... 46

Figure 19 - Projections climatiques en Tunisie aux horizons 2050 et 2100 (scénario RCP8.5) ... 53

Figure 20 – Evolution de la parité dinar/euro et dinar/dollar ... 57

Figure 21 – Indicateur de performance logistique de la Tunisie ... 64

Figure 22 – Balance commerciale et balance commerciale agricole tunisienne 2001-2017 (millions USD) ... 64

Figure 23 – Balance commerciale agricole tunisienne par pays 2001-2017 (millions USD) ... 65

Figure 24 – Exportations et importations agricoles tunisienne et taux de couverture 2001-2017 ... 66

Figure 25 – Importations tunisiennes de produits agricoles par pays fournisseur 2001-2017 (millions de dollars) ... 67

Figure 26 – Importations tunisiennes de céréales en volume et en valeur 2001-2017 ... 68

Figure 27 – Importations tunisiennes de céréales en valeur par pays fournisseurs 2001-2017 (millions de dollars) ... 69

Figure 28 – Importations tunisiennes de sucre en quantité et en valeur 2001-2017 ... 70

Figure 29 – Importations tunisiennes d’huiles et graisses en quantité et en valeur 2001-2017 ... 71

Figure 30– Importations tunisiennes d’huile par pays fournisseur 2001-2017 ... 72

Figure 31 – Importations tunisiennes de lait et produits laitiers en valeur et quantité 2001-2017 ... 73

Figure 32 – Importations tunisiennes de lait et produits laitiers par pays fournisseurs 2001-2017 ... 74

Figure 33 - Part des produits agricoles dans les exportations de la Tunisie (en millions de dollars) ... 75

Figure 34 – Exportations tunisiennes de produits agricoles par pays fournisseur en 2001-2017 (millions de dollars) ... 75

Figure 35 – Exportations tunisiennes d’huiles en volume et en valeur 2001-2017 ... 76

Figure 36 – Exportations tunisiennes d’huiles et graisses en valeurs 2001-2017 par pays importateurs ... 77

Figure 37 – Exportations tunisiennes d’huile d’olive vers l’UE 2001-2017 ... 78

Figure 38 – Exportations tunisiennes de fruits en volume et en valeur 2001-2017 ... 78

(8)

Figure 40 – Exportations tunisiennes de fruits en valeur 2001-2017 par pays importateurs ... 79

Figure 41– Exportations tunisiennes de fruits en VOLUME VERS l’UE 2001-2017 par pays importateurs ... 80

Figure 42 – Pourcentage d’utilisation du quota tarifaire pour les oranges tunisiennes ... 81

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 - Valeur ajoutée par secteur d'activité en Tunisie (prix courants en million de dinars) ... 84

Annexe 2 - Evolution comparée des valeurs ajoutées par secteur d'activité (prix courants en million de dinars) ... 85

Annexe 3 - Pyramide des âges de la population active occupée dans le secteur agricole ... 86

Annexe 4 - Répartition de la population active occupée selon le secteur d'activité (en millier) ... 87

Annexe 5 - Evolution des principales productions agricoles et agroalimentaires en Tunisie (milliers de tonnes) 88 Annexe 6 - Evolution de la valeur des principales productions agricoles en Tunisie (MDT) ... 89

Annexe 7 - Evolution des quantités consommées (kg/personne/an) ... 90

Annexe 8 - Structure des dépenses moyennes par personne et par an (2010-2015) ... 91

Annexe 9 - Tableau A : Liste des produits et services soumis au régime de l'homologation des prix à tous les stades ... 92

Annexe 10 - Tableau C : Liste des produits soumis à encadrement des marges de distribution ... 93

Annexe 11 - Ouvrages réalisés pendant les deux premières stratégies de CES en Tunisie ... 94

Annexe 12 - Balance commerciale agricole tunisienne par produit en 2017 (millions USD) ... 95

Annexe 13 – Importations tunisiennes de produits agricoles par produits en 2017 (millions de dollars) ... 95

Annexe 14 – Importations tunisiennes de produits agricoles d’UE par produits en 2017 (millions de dollars) ... 96

Annexe 15 – Importations tunisiennes de céréales en provenance de l’UE 2001-2017 (tonnes) ... 96

Annexe 16 - Exportations tunisiennes de produits agricoles par produits en 2017 (millions de dollars) ... 97

Annexe 17 – Exportations tunisiennes de produits agricoles d’UE par produits en 2017 (millions de dollars) ... 97

(9)

PRINCIPALES DONNEES EN

2017

Indicateurs Maroc

Tunisie

Algérie Egypte

Superficie(Km²) en 2017 446 550

163 610

2 381 740 1 001 450 Population (Millions d’habitants) dont % femmes 35,7 50,47 %

11,5

50,59 %

41, 3 49,5% 97, 5 49,43 % PIB

(milliards de dollars courants) 109

40

170 235

PIB par habitant

(dollars courants) 3007,2

3490,8

4123,4 2412,7 Taux de croissance du PIB (%) 4,1

1,9

1,7 4,2 Part de l’agriculture dans le PIB (%) 13

9,2 (2016)

12,2 11,5 Balance commerciale agricole 2017 (millions de dollars)** 242 (monde) 1 900 (UE)

-797 (monde)

95 (UE)

-9 063 (monde) -2815(UE) -8 750 (monde) -1070(UE) Terres agricoles arables

(millions hectares) (2015) % Terres irriguées du total des terres agricoles (%) 8,1 4,6 (2011)

2, 9

3,9 (2013)

7, 4 2,7 (2014) 2, 8 NC Ressources en eau renouvelables

intérieures par habitant (m3/hab./an)* 843,6K

372,8K

283,6K (2014) 19,67K (2014) Population rurale (millions) Croissance de la population rurale (% annuel) 13 -0,12

3

0,18

11 -0,3 55 1,97 Source : Données de la Banque Mondiale ,2018/ *Source : Aquastat, 2018/ **Source : Trademap

(10)

R

ESUME EXECUTIF

L’agriculture, un secteur central et assez résilient face aux tensions économiques et

sociales

En Tunisie, le secteur agricole et de la pêche demeure d’une grande importance économique et sociopolitique du fait de sa contribution à la réalisation des objectifs nationaux en matière de sécurité alimentaire, de création de revenus, d’emplois, d’équilibre régional et de gestion des ressources naturelles.

En 2017, le secteur agricole et de la pêche contribue à 10 % du PIB et a enregistré une croissance

moyenne de 2,8% par an sur la période 2011-2017 largement supérieure à celle du PIB national.

Les dépenses publiques destinées au secteur agricole sont inférieures à sa contribution au PIB

En 2017, la Tunisie n’a accordé que 4,6 % de ses dépenses publiques (Fonds de concours, Dépenses courantes et dépenses de développement), hors dette et dépenses imprévues à ce secteur, ce qui

reste faible comparé au poids du secteur agricole dans l’économie tunisienne. De plus, la part des

montants alloués à ce secteur dans le budget total de l’Etat est orientée à la baisse.

La création nette d’emplois dans le secteur agricole est négative depuis quelques années et

le taux d’absorption des jeunes par ce secteur tend à diminuer

Aujourd’hui, le secteur agricole et de la pêche emploie près de 14,5 % de la population active totale (505 800 emplois en 2018), mais la création nette d’emplois dans ce secteur est négative depuis

quelques années et sa part dans l’emploi national a sensiblement diminué.

Cette baisse est étroitement liée aux disparités régionales en termes d’accès aux services, d’aménagement du territoire et d’accès à l’emploi. Elle témoigne d’un fort exode rural et de

mouvements de migration internes entre grandes régions et parfois d’émigrations.

La répartition des actifs par tranche d’âge montre ainsi que le taux d’absorption des jeunes de moins de 30 ans par le secteur agricole tend à diminuer avec l’âge, témoignant d’une désaffection pour ce secteur, alors que l’on assiste à un vieillissement des exploitants.

En Tunisie, le système productif agricole se caractérise par une certaine spécialisation

céréalière et arboricole

Avec 870 millions de dinars (M DT) en moyenne pour la période 2014-2016, la production de céréales représente près 8,6 % de la valeur de la production agricole tunisienne (hors pêche). Cependant, depuis ces 15 dernières années, la production de céréales est orientée à la baisse malgré les investissements et les soutiens de l’Etat et reste très dépendante des aléas climatiques. La production nationale, toutes céréales confondues, est estimée à 83,392 millions de quintaux cumulés sur la période 2012/16. Cette production ne parvient pas à répondre à une demande toujours croissante, notamment de blé tendre destiné à la fabrication de pain, occasionnant une dépendance toujours plus forte aux importations. A la base de la consommation, les céréales sont un élément central de la société et de l’agriculture tunisiennes. La céréaliculture est aussi un important pourvoyeur d'emplois agricoles (surtout de la main d’œuvre familiale).

(11)

L’oléiculture constitue avec les céréales une des principales activités agricoles et son rôle socio-économique revêt une importance capitale. Les oliveraies tunisiennes s'étendent sur 1,672 millions d’hectares. Les oliviers sont présents dans toutes les régions de la Tunisie. Près d’un million de personnes tirent une partie de leurs revenus de cette culture, ce qui lui confère une portée stratégique dans la conduite de la politique agricole tunisienne. Avec 982 millions de dinars, la production d’olives à huile représente en moyenne sur la période 2014-2016, près 30,5 % de la valeur de la production arboricole et 9,2 % de la valeur de la production agricole totale (hors pêche). Sur la période 2012/16, la production moyenne d’huile d’olive était de 193 800 tonnes/an, plaçant la Tunisie au deuxième rang mondial après l’Union Européenne.

La production d’agrumes est de plus en plus destinée au marché local. Les quantités exportées ne représentent plus que 3 % de la production nationale en 2017 et les exportations d’agrumes sont en baisse constante depuis 10 ans.

La filière lait est une autre filière agricole importante en Tunisie, tant en termes de création de richesses et d’emplois dans des régions souvent pauvres et qu’en termes de sécurité alimentaire. La stratégie mise en place au début des années 90 a permis d’atteindre l’autosuffisance en moins de 10 ans, substituant le lait local aux importations de poudre de lait qui constituaient la principale source d’approvisionnement du marché tunisien.

Une politique tunisienne de soutien au secteur agricole qui a montré ses limites

Les mesures de soutien mises en œuvre ont permis un certain développement du secteur agricole en Tunisie mais n’ont pas toujours été aussi efficaces que prévu et ont engendré des coûts importants pour le budget de l’Etat dans un contexte économique difficile.

L’étude « Evaluation du système de soutien au secteur agricole en Tunisie » réalisée en 2018 dans le cadre du programme d’appui à l’Initiative ENPARD Méditerranée a montré que les transferts de ressources pour soutenir le secteur agricole en Tunisie ont représenté 3,6 % du PIB en moyenne sur la période 2013/15.

L’estimation des transferts totaux liés aux politiques agricoles (EST) en Tunisie montre le coût élevé supporté par le contribuable pour soutenir le secteur agricole dont la contribution à la croissance de l’économie tunisienne est encore importante. La valeur monétaire de tous les transferts au secteur agricole était de 2 916 MDT/an sur la période 2013/15. Cependant, rapporté à la taille du secteur, ce soutien a sensiblement diminué ces dernières années : l’EST ne représente plus que 38,8 % du PIB agricole en 2013/15 contre 53 % pour la période 2008/10.

L’étude montre également que le soutien à la production agricoles (ESP) a significativement diminué et que la plus grande partie du soutien accordé aux producteurs agricoles provient des politiques d’appui au titre de la production des produits de base et plus particulièrement des politiques de soutien aux prix de marché (SPM). Par ailleurs, les paiements au titre de l’utilisation d’intrants qui permettent de réduire les coûts sur l’exploitation pour les producteurs ont sensiblement diminué (244,189 MDT en 2015).

Sur un autre plan, les ressources consacrées au développement à long terme du secteur agricole dans sa globalité restent limitées. Ainsi, la Tunisie n’a dédié en moyenne que 350,894 millions de dinars de fonds publics par an sur la période 2013/15 aux services d’intérêt général (ESSG), visant à

(12)

créer des conditions propices au secteur agricole pris collectivement et finançant des services tels que la recherche et le développement, l’enseignement agricole, l’inspection, les infrastructures, la commercialisation et la promotion et le stockage public. Ces transferts sont destinés majoritairement aux infrastructures, au détriment de l’enseignement et de la recherche agricole ou encore des services d’inspection qui ont subi des coupes budgétaires importantes. Cette baisse témoigne là aussi des contraintes budgétaires et pourrait compromettre l’amélioration de la productivité et de la compétitivité du secteur agricole en Tunisie.

Au niveau des filières, une grande partie des soutiens est concentrée sur l’aval, notamment pour les filières lait et céréales. Ces transferts budgétaires correspondent en fait essentiellement à des subventions à la consommation supportées surtout par la Caisse Générale de Compensation et visent uniquement à combler le différentiel croissant entre des prix administrés à la consommation qui n’évoluent pas et des prix de soutien qui progressent sans toutefois être suffisamment rémunérateurs.

Une politique agricole qui a peu évolué depuis la transition démocratique

La politique agricole tunisienne vise à garantir des revenus suffisants et stables aux agriculteurs, à améliorer le degré d’autosuffisance pour les principaux produits de base et à assurer des prix à la consommation abordables pour les produits de première nécessité.

Elle repose à la fois sur un ensemble de soutiens publiques et des mesures d’intervention sur le marché intérieur (administration directe des prix à la production et contrôle des prix des intrants agricoles, constitution de stocks publics, subventions et incitations fiscales à l'investissement privé, primes de transformation…) et sur des mesures à la frontière pour se protéger des fluctuations des marchés internationaux et développer les exportations (droits de douane, quotas tarifaires, autorisations d’importation ou d’exportation, subventions à l’exportation; …).

La période de transition démocratique que connait la Tunisie depuis 2011 n’a pas encore abouti à une nouvelle stratégie de développement agricole et rural. Toutefois, le Plan stratégique de développement 2016-2020, dans sa composante sectorielle et dans la continuité des politiques précédentes, promeut, outre la maîtrise de l’utilisation des ressources hydriques et la protection du patrimoine naturel, une agriculture moderne garante de la sécurité alimentaire, avec un objectif de croissance annuelle du secteur agricole de 5 % sur la période 2016-2020 et un objectif d’augmentation de la part des produits alimentaires dans les exportations du pays.

Une politique de sécurité alimentaire basée sur la subvention des produits

agroalimentaires de base et sur l’encadrement et la régulation des prix à plusieurs niveaux

La politique d’encadrement des prix à la consommation et de subvention des produits agroalimentaires de base constitue un élément central de la politique tunisienne en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi en matière de régulation des marchés. Cette politique vient supporter la politique de développement de la production agricole, notamment la production de céréales et de lait, afin de répondre à une demande croissante et diminuer la dépendance aux importations.

Les transferts budgétaires alloués par la Caisse Générale de Compensation (CGC) pour couvrir les dépenses de subvention mis en œuvre par la Tunisie, notamment pour les filières les plus encadrées

(13)

(céréales, lait) ont un coût budgétaire élevé de plus en plus difficile à supporter. Ils engendrent aussi des situations de détournements d’aides, de gaspillage et des surproductions très couteuses. De plus, la Tunisie continue de subventionner à la consommation les huiles végétales (huiles de soja, de maïs, de tournesol et de palme), très largement importées, générant un déficit commercial important. Au de-là de son coût, l’organisation des marchés en Tunisie basée sur des prix administrés à la consommation et des prix de soutien aux producteurs ne permet plus, du fait notamment de la dépréciation continue du dinar, d’assurer la rentabilité des différents maillons de la filière et en particulier du maillon production. Cette politique empêche de capter les signaux du marché nécessaires au bon fonctionnement et au développement de ces filières.

C’est le cas notamment de la filière laitière : longtemps considérée comme un exemple de filière agricole performante en Tunisie, elle fait face depuis 2016 à des crises multiples qui témoignent des difficultés de pilotage depuis l’atteinte de l‘autosuffisance.

La gestion des ressources naturelles : un pilier central de la politique de développement en Tunisie

Avec 450 m3/habitant/an d’eau, la Tunisie dispose de ressources en eau limitées qui se situent en dessous du seuil du stress hydrique de 500 m3/habitant/an. Outre les pénuries régulières en eau de surface, l’extension des périmètres irrigués et le recours non programmé à l’irrigation d’appoint a généré une surexploitation des ressources souterraines et une dégradation de la qualité de l’eau à travers l’augmentation de la salinité et une surconsommation d’énergie liée à la surexploitation et à a baisse de la nappe. La gestion de la rareté en eau est donc sans nul doute le plus grand défi auquel est confronté le secteur agricole en Tunisie et ce défi s’accroit avec les effets présents et attendus du changement climatique.

Les scénarios mis à jour par l’Institut National de la Météorologie (INM) et les résultats des nouvelles projections publiés en 2018 pour la Tunisie, prévoient une hausse des températures moyennes variant entre 2,1°C et 2,4°C à l’horizon 2050, et entre 4,2°C et 5,2°C à la fin de 2100. On attend aussi une diminution des cumuls annuels de précipitations variant entre -1% et -14% en 2050 et entre -18% à -27% en 2100. Les événements pluvieux sont attendus avec une intensité plus forte engendrant des crues intenses et des inondations. La Tunisie sera soumise à un climat plus aride touchant peu à peu le Nord du pays. Ces prévisions si elles se confirment pourraient avoir des répercussions importantes sur une agriculture majoritairement pluviale, en particulier pour les céréales et accentuer en conséquence la dépendance alimentaire de la Tunisie.

Des performances mitigées du secteur agricole tunisien en termes d’échanges

Le taux de couverture des importations par les exportations est estimé, en moyenne, à 66 % pour la période 2011-2017, ce qui représente un déficit annuel moyen de l’ordre de 1 552 millions de dinars, soit l’équivalent de 16 % de la valeur ajoutée du secteur agricole et des industries agro-alimentaires en Tunisie. En dehors de 2006, la Tunisie n’a jamais eu de balance commerciale agricole positive et le taux de couverture tend à se dégrader depuis.

La dépréciation du dinar tunisien qui s’accentue depuis 2016 a eu un impact très mitigé sur la balance commerciale agricole. Cette dépréciation a pu améliorer la compétitivité des exportations tunisiennes et créer une certaine protection à l’entrée face aux produits concurrents importés, mais

(14)

elle a aussi aggravé la facture alimentaire et a contribué à l’augmentation des coûts de production dans le secteur agricole et agro-alimentaire.

Même si depuis 2011 les exportations ont augmenté à un rythme moyen plus rapide que celui des importations (14,3 %/an contre 9,6%/an), celles-ci restent très insuffisantes pour couvrir les dépenses d’importation. La valeur des exportations agricoles et agroalimentaires tunisiennes a atteint 3 726 millions de dinars en 2017. Ces exportations ont représenté près de 10,8 % des exportations totales (10,6% en moyenne sur la période 2011-2017) et sont essentiellement constituées d’huiles d’olive et de dattes.

La Tunisie demeure très dépendante des marchés mondiaux pour répondre à une demande croissante notamment de céréales, de sucre ou encore d’huiles végétales. En 2017, la facture des importations de produits agricoles et agroalimentaires s’élevait ainsi à 5 786 millions de dinars En termes de partenaire commercial, l’Union européenne demeure de loin la première destination des produits agricoles tunisiens avec 1 648 millions de dinars, en 2017, soit 45 % des exportations agricoles du pays (devant la Libye, les Etats-Unis et le Maroc). Après avoir été très déficitaire de 2010 à 2014, avec plus de 230 millions de dinars en 2017, la balance commerciale agricole de la Tunisie est excédentaire avec l’Union européenne.

Même si l’Union Européenne demeure le premier fournisseur de produits agricoles de la Tunisie avec 25 % des importations tunisiennes (contre 37 % en 2001), ces importations en provenance de l’UE ont tendance à diminuer notamment depuis 2013. Ce recul est principalement dû à une chute des ventes européennes de céréales et de sucre au profit de l’Ukraine devenue le second fournisseur de produits agricoles de la Tunisie et du Brésil.

(15)

PREMIERE

PARTIE

L'AGRICULTURE

ET

LE

SECTEUR

AGRO-ALIMENTAIRE

EN

CHIFFRES

1. R

OLE L

AGRICULTURE DANS L

ECONOMIE NATIONALE

T

UNISIENNE

En Tunisie, le secteur agricole demeure d’une grande importance économique et sociopolitique du fait de sa contribution à la réalisation des objectifs nationaux en matière de sécurité alimentaire, de création de revenus, d’emplois, d’équilibre régional et de gestion des ressources naturelles.

1.1. LE SECTEUR AGRICOLE, UN SECTEUR RESILIENT FACE AUX CRISES ECONOMIQUES ET SOCIALES

Ainsi, après une baisse relative de sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) jusqu’en 2010, la part du secteur agricole tunisien (agriculture et pêche)1 a légèrement augmenté ces dernières années pour se situer aux alentours de 10,2 % en 2017 (13,6 % du PIB national si l'on ajoute l'industrie agro-alimentaire)2 (figure 1).

FIGURE 1- EVOLUTION DE LA VALEUR AJOUTEE DU SECTEUR AGRICOLE ET DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN TUNISIE (% DU PIB)

Source : Elaboration à partir des données des comptes de la nation (INS, 2019).

1

Sauf indication contraire, le secteur de l’agriculture comprend l’élevage.

2

La place de l'agriculture dans l'économie a beaucoup évolué depuis l'indépendance de la Tunisie, sans pour autant perdre de son importance. Au début des années 60, le secteur de l'agriculture représentait plus de 20 % du PIB et 40 % de l'emploi.

(16)

L’examen de l’évolution des taux de croissance annuelle des valeurs ajoutées par secteur d’activités montre, malgré des résultats erratiques, une certaine résilience de l’agriculture tunisienne en période de crise.

Ce secteur a ainsi enregistré une croissance moyenne de 2,8 % par an sur la période 2011-2017 largement supérieure à celle du PIB national et des autres secteurs en dehors des services non marchands. Elle est aussi supérieure à la croissance moyenne sur la période 2000-2010 estimée à 1,9 % (Tableau 1). A l’exception des activités de services non marchands, l’agriculture est le seul secteur ayant maintenu depuis 2011 une évolution favorable.

En 2011, lors de la crise politique qu’a connue le pays, son taux de croissance était le plus élevé alors que ceux du secteur industriel et des services marchands connaissaient un net recul. Le secteur agricole assure donc un rôle d’amortisseur et permet de garantir un seuil minimum de croissance de l’ensemble de l’économie tunisienne dans un contexte difficile marqué par la stagnation de l’appareil productif3.

TABLEAU 1- EVOLUTION COMPAREE DE LA CROISSANCE ANNUELLE DES VALEURS AJOUTEES PAR SECTEUR D'ACTIVITE (%)

Moyenne annuelle de la période 2000-2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Moyenne annuelle de la période 2011-2017 Agriculture et pêche 1,9 10,3 5,8 -3,3 3,4 9,2 -8,1 2,5 2,8 Industries manufacturières 2,7 -2,7 2,1 1,5 1,0 0,0 0,9 0,8 0,5 Industries agro-alimentaires 3,5 1,1 4,7 2,5 -2,5 5,3 -2,4 1,4 1,4 Industries non manufacturières 3,1 -9,8 -0,4 -3,0 -2,8 -4,1 -1,9 -3,2 -3,6 Services marchands 6,2 -3,7 4,7 4,4 2,5 -0,5 2,7 4,0 2,0 Services non marchands 5,2 7,3 5,9 4,6 3,2 2,9 2,7 0,4 3,9 PIB (aux prix du marché) 4,5 -1,9 3,9 2,4 2,3 0,8 1,0 1,9 1,5

Source : Elaboration à partir des données des comptes de la nation (INS, 2019).

Autre point à noter, l’activité agricole est fortement tributaire des conditions climatiques, qui influent sur la production notamment céréalière, mais aussi arboricole. Ainsi, la croissance annuelle de la valeur ajoutée du secteur agricole a sensiblement diminué en 2013 et 2016 deux années de fortes sècheresses.

1.2. UN FAIBLE NIVEAU DE COUVERTURE DES IMPORTATIONS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES.

La valeur des exportations agricoles et agroalimentaires tunisiennes a atteint 3 726 millions de dinars en 2017. Ces exportations ont représenté près de 10,8 % des exportations totales (10,6 % en moyenne sur la période 2011-2017).

Même si depuis 2011 les exportations ont augmenté, à un rythme moyen plus rapide que celui des importations (14,3 %/an contre 9,6 %/an), celles-ci restent très insuffisantes pour couvrir les dépenses d’importation (figure 2).

3

L’annexe 1 détaille l’évolution des valeurs ajoutées par secteur d’activité économique en Tunisie pour la période 2010-2016. Cf. aussi annexe 2.

(17)

La Tunisie demeure en effet très dépendante des marchés mondiaux pour répondre à une demande croissante notamment de céréales, de sucre ou encore d’huiles dites végétales. En 2017, la facture des importations de produits agricoles et agroalimentaires s’élevait ainsi à 5 786 millions de dinars (cf. la partie sur la sécurité alimentaire et la partie sur les échanges).

En conséquence, le taux de couverture des importations par les exportations est estimé en moyenne à 66 % pour la période 2011-2017, ce qui représente un déficit annuel moyen de l’ordre de 1 552 millions de dinars, soit l’équivalent en de 16 % de la valeur ajoutée du secteur agricole et des industries agro-alimentaires en Tunisie. En dehors de 2006, la Tunisie n’a jamais eu de balance agricole commerciale positive et le taux de couverture tend à se dégrader depuis 2006.

FIGURE 2-EVOLUTION DES EXPORTATIONS ET DES IMPORTATIONS DE PRODUITS AGRICOLES ET DU TAUX D E COUVERTURE

(PRIX COURANTS EN MILLIONS DE DINARS)

Source : Elaboration à partir des données sur les échanges extérieurs de marchandises (INS, 2019).

2. P

ART DANS LE BUDGET DE L

’E

TAT ET EVOLUTION

Le niveau des dépenses de l’Etat en faveur de l’agriculture reste faible comparé au poids de ce secteur dans l’économie tunisienne. En effet, même si les allocations budgétaires en faveur du

secteur agricole ont progressé en moyenne de 5,5 % par an sur la période 2011-2017, ce rythme est légèrement inférieur à la croissance du budget total estimée à 6 % par an durant la même période. De plus, la part des montants alloués au secteur agricole dans le budget total de l’Etat est orientée à la baisse (Figure 3). En 2017, la Tunisie n’a accordé que 4,6 % de ses dépenses publiques (Fonds de concours, Dépenses courantes et dépenses de développement), hors dette et dépenses imprévues à ce secteur. 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 200020012002200320042005200620072008200920102011201220132014201520162017 Exportations Importations Taux de couverture

(18)

FIGURE 3- EVOLUTION DU BUDGET D U SECTEUR AGRICOLE (EN MILLION DE DINARS) ET SA PART DANS LE BUDGET TOTAL (EN %)

Note : La part dans le budget total (Fonds de concours, Dépenses courantes et dépenses de développement) est calculée hors dette et dépenses imprévues. Les données correspondent au budget payé à l’exception de l’année 2017 (budget alloué selon la loi de finance).

Source : Elaboration à partir des données du Ministère des Finances.

L’évolution de l’indice d’orientation agricole des dépenses publiques qui calcule le rapport entre la part des dépenses agricoles dans les dépenses publiques et la part de l'agriculture dans le PIB, permet d’apprécier dans quelle mesure les dépenses gouvernementales pour le secteur agricole traduisent l'importance de ce secteur dans l'économie (Figure 4)4. Historiquement, ce rapport a

toujours été inférieur à 1 indiquant que les dépenses publiques destinées au secteur agricole sont inférieures à la contribution de ce secteur au PIB. De plus, son évolution confirme la tendance à la

baisse des dépenses publiques agricoles. Depuis 2013, pour un point de contribution de l’agriculture au PIB, l’Etat tunisien a retransféré en dépenses publiques moins d’un demi-point au secteur agricole.

FIGURE 4- EVOLUTION DU RAPPORT ENTRE LA PART DES DEPENSES AGRICOLES DANS LES DEPENSES PUBLIQUES ET LA PART DE L'AGRICULTURE DANS LE PIB

Note : Les données correspondent au budget payé à l’exception de l’année 2017 (budget alloué selon la loi de finance). Source : Elaboration à partir des données du Ministère des Finances.

4

Lorsque l’indice est inférieur à l’unité, alors les dépenses publiques dans le secteur sont plus importantes que ce qu’il rapporte à l’économie. Plus l'indice est élevé, plus les dépenses en faveur de l'agriculture correspondent à la part de l'agriculture dans le PIB.

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Agriculture et pêche 729 807 824 942 1 128 1 000 1 005 1 249 1 266 1 135 % Budget de l’Etat 5,8% 6,0% 5,8% 5,5% 5,8% 4,6% 4,6% 5,7% 5,5% 4,6% 0,0% 1,0% 2,0% 3,0% 4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 0,69 0,65 0,71 0,61 0,61 0,49 0,47 0,54 0,53 0,44 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

(19)

En ce qui concerne les dépenses publiques pour l’agriculture en pourcentage du PIB agricole, bien que l’évolution de cet indicateur ait montré une tendance à la baisse, les valeurs élevées de cet indicateur (plus de 12 % en 2017) confirment que le PIB agricole reste largement tributaire des dépenses publiques (Figure 5).

Par ailleurs, l’examen de l’évolution de cet indicateur par nature de dépenses permet de distinguer une convergence entre la productivité des dépenses de développement et celle des dépenses de fonctionnement dans le secteur agricole et permet de dégager deux constats. Le premier est relatif à l’augmentation de l’indicateur Dépenses de fonctionnement / Valeur ajoutée dans le temps qui signale un recul de la productivité de ces dépenses dans le secteur agricole. Le deuxième constat est relatif à la baisse de l’indicateur Dépenses de développement / Valeur ajoutée qui indique que le secteur agricole a montré une certaine résistance malgré les coupures dans le budget alloué au développement. Ainsi, un soutien plus efficace pour les agriculteurs passe par davantage

d’optimisation de la gestion des dépenses de fonctionnement et de développement5.

FIGURE 5- EVOLUTION DU RAPPORT DEPENSES (FONCTIONNEMENT ET DEVELOPPEMENT) ET VALEUR AJOUTEE AGRICOLE (EN %)

Note : Les données correspondent au budget payé à l’exception de l’année 2017 (budget alloué selon la loi de finance). Source : Elaboration à partir des données du Ministère des Finances.

5

La question de la convergence de la productivité des dépenses de développement et de la productivité des dépenses de fonctionnement dans le secteur agricole mérite d’être étudiée en profondeur.

16,8% 16,3% 17,3% 17,1% 17,7% 14,8% 13,8% 15,3% 14,9% 12,4% 5,5% 5,5% 5,9% 5,9% 6,4% 6,6% 6,4% 6,6% 6,8% 6,4% 11,3% 10,8% 11,4% 11,2% 11,3% 8,2% 7,4% 8,7% 8,1% 6,1% 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Dépenses agricoles / Valeur ajoutée agricole

Dépenses de fonctionnement / Valeur ajoutée agricole Dépenses de développement / Valeur ajoutée agricole

(20)

3. L

A QUESTION DE L

EMPLOI

Depuis quelques années, la création nette d’emplois dans le secteur agricole (agriculture et pêche) est négative et la part de ce secteur dans l’emploi national a sensiblement diminué (Figure 6)6. Ainsi, en 2018, avec une population active agricole estimée à 505 800, le secteur ne représente plus que 14,5 % de la population active totale, contre 17,6 % en 2010 (575 800 emplois).

FIGURE 6-CONTRIBUTION DU SECTEUR AGRICOLE A L’EMPLOI EN TUNISIE (2010-2018)

Source : Elaboration à partir des statistiques issues de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi (INS) Cette baisse de l’importance du secteur agricole dans la création d’emploi à l’échelle nationale est étroitement liée aux disparités régionales en termes d’accès aux services, d’aménagement du territoire et d’accès à l’emploi. Elle témoigne d’un fort exode rural et de mouvements de migration internes entre grandes régions7 et parfois d’émigration.

Avec 3,6 millions de personnes vivant dans les zones rurales en Tunisie, le ratio de la population rurale (% de la population totale) a diminué presque de moitié au cours de la période 1960-2016 (passant de 62,5% en 1960 à 31,4% en 2017). Le monde rural enregistre un fort départ des jeunes de 18 à 35 ans engendrant un vieillissement de la population, une prédominance des femmes et un manque de main d’œuvre agricole jeune et qualifiée.

6

Durant les trois premières années du douzième Plan de développement 2016-2020, la proportion de la population tunisienne travaillant dans le secteur agricole a baissé de près d'un point.

7

Selon le dernier Recensement général de la population de 2014 (INS, 2017), les données sur les mouvements migratoires pour la période 2009-2014, laissent apparaitre que la région avec le solde migratoire le plus positif (le taux le plus élevé d’arrivants) est le Grand Tunis (avec ses quatre Gouvernorats de Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba), avec 154 900 sortants et 201 200 entrants. En contraste, la région centre-ouest (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) représente le pôle le moins attractif du pays, avec 60 100 sortants contre les 20 600 entrants, suivi de près par la région du nord-ouest (Jendouba, Béja, El Kef, Siliana) avec 53 500 sortants et 18 700 entrants. Toujours d’après l’INS, 87 % des migrants inter-gouvernorats vont en milieu communal et 13 % en milieu non communal. L’exode rural représente 7 % de l’ensemble des migrants inter-gouvernorats et pour 22 % des migrants la raison principale motivant leur mobilité est la recherche d’un emploi.

0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 16% 18% 20% 460 480 500 520 540 560 580 600 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Emploi dans le secteur agricole (en millier) Part dans l’emploi national (%)

(21)

Les mouvements migratoires entre grandes régions sont très significatifs et les migrants quittent les régions de l’Ouest et du Sud du pays (pôles répulsifs) pour s’installer dans le District de Tunis ou dans les régions du Nord-Est et du Centre-Est (pôles attractifs)8. Une étude de la FAO (Buccotti et al. 2018) estime que la baisse de la productivité agricole et des revenus des activités agricoles et la fragmentation croissante des terres agricoles constituent les premiers facteurs expliquant l'exode rural et l’émigration des jeunes partis après 2011 (dans les trois gouvernorats de Siliana, Jendouba and Médenine).

Selon les derniers chiffres officiels disponibles, la répartition de la population active occupée par « situation dans la profession » et par genre montre que 36,5 % des actifs agricoles sont des indépendants et 35,7 % sont des salariés (Tableau 2). En 2012, les femmes ne représentent que 22,3 % de population active agricole et elles sont surtout classées comme aides familiales, en général peu rémunérées9.

TABLEAU 2- DISTRIBUTION DE LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE SELON LE SECTEUR D’ACTIVITE PAR SITUATION DANS LA PROFESSION ET PAR GENRE (EN %)

(%) Aide familial Apprenti Salarié Indépendant Patron Total

Agriculture et pêche 18,9 0,0 35,7 36,5 8,6 M F 54,0 46,0 100,0 0,0 77,0 23,0 86,0 14,0 97,0 3,0 77,7 22,3 Industries manufacturières 1,0 0,4 84,7 7,7 6,1 M F 75,0 25,0 46,2 53,8 54,0 46,0 63,1 36,9 90,1 9,9 57,1 42,9 Industries agroalimentaires 1,8 0,1 83,5 6,6 7,9 M F 64,3 35,7 100,0 0,0 79,0 21,0 50,0 50,0 87,1 12,9 77,5 22,5 Industries non manufacturières 0,4 0,1 92,9 3,4 3,2 M F 100,0 0,0 100,0 0,0 98,0 2,0 98,7 1,3 98,7 1,3 98,1 1,9 Services 1,8 0,2 72,0 18,3 7,8 M F 80,1 19,9 67,7 32,3 70,0 30,0 88,0 12,0 88,0 12,0 74,9 25,1 Total 4,3 0,2 71,2 17,3 6,9 M F 61,0 39,0 62,5 37,5 72,0 28,0 85,0 15,0 91,0 9,0 75,1 24,9

Note : M (masculin) et F (féminin).

Source : Elaboration à partir de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi de 2012 (INS, 2013)

La répartition des actifs selon le niveau d’instruction et le secteur d’activité montre que les actifs agricoles ont un niveau d’éducation plus faible que les autres actifs, avec notamment 28 % d’analphabètes, contre 9 % pour l’ensembles actifs, dont 42 % sont des femmes (Tableau 3). Ce

faible niveau d’éducation est le reflet à la fois d’un vieillissement de la population active agricole (cf. figure 7), d’un accès plus difficile à l’école en zone rurale notamment après le primaire et d’une migration des plus jeunes.

8

Ces mouvements de mobilité interne sont fortement corrélés avec les taux de pauvreté et de chômage observés au niveau régional en Tunisie.

9

Il est intéressant aussi de remarquer que le nombre des apprentis dans le secteur agroalimentaire ne dépasse pas 0,1 % du nombre total des occupés en Tunisie. Pour le secteur des industries agroalimentaires, les apprentis sont exclusivement des hommes.

(22)

TABLEAU 3- DISTRIBUTION DE LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE SELON LE SECTEUR D’ACTIVITE PAR NIVEAU D’INSTRUCTION (EN %)

(%) Supérieur Secondaire Primaire Analphabète Total

Agriculture et pêche 3,0 22,0 47,0 28,0 M F 80,0 20,0 88,1 11,9 83,8 16,2 58,1 41,9 77,7 22,3 Industries manufacturières 10,0 46,0 41,0 3,0 M F 70,2 29,8 56,0 44,0 57,1 42,9 40,0 60,0 57,1 42,9 Industries agroalimentaires 10,0 42,0 43,0 5,0 M F 75,0 25,0 81,3 18,8 76,5 23,5 50,0 50,0 77,5 22,5 Industries non manufacturières 5,0 31,0 55,0 10,0 M F 85,7 14,3 97,9 2,1 98,8 1,2 100,0 0,0 98,1 1,9 Services 27,0 41,0 27,0 4,0 M F 61,0 39,0 78,0 22,0 85,0 15,0 63,2 36,8 74,9 25,1 Total 16,0 37,0 37,0 9,0 M F 63,0 37,0 76,0 24,0 82,0 18,0 65,1 34,9 75,1 24,9

Note : M (masculin) et F (féminin).

Source : Elaboration à partir de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi de 2012 (INS, 2013).

La répartition des actifs par nombre de jours travaillés montre une certaine précarité de l’emploi dans le secteur agricole, témoignant de l’importance des emplois saisonniers. Ainsi, seulement 75,5 % de la population active occupée dans le secteur agricole a pu travailler plus de neuf mois par an contre 83,5 % pour l’ensemble des actifs. Les chiffres de l’INS révèlent également une plus grande précarité de la situation de la femme dans le secteur agricole, puisque la proportion des femmes ayant travaillé dans ce secteur moins de trois mois est beaucoup plus élevée que celle des hommes. De plus, près de 63,6 % des postes offerts dans le secteur agricole pour une durée de moins d’un mois concerne les femmes10.

TABLEAU 4- DISTRIBUTION DE LA POPULATION ACTIVE OCCUPEE SELON LE SECTEUR D’ACTIVITE PAR NOMBRE DE JOURS TRAVAILLES DANS L'ANNEE PRECEDENTE

(%) De 271 à 365 jours De 181 à 270 jours De 91 à 180 jours De 61 à 90 jours De 31 à 60 jours De 1 à 30 jours Total Agriculture et pêche 75,5 12,9 8,7 1,4 0,7 0,4 M F 79,0 21,0 83,0 17,0 66,9 33,1 46,7 53,3 41,5 58,5 36,4 63,6 77,7 22,3 Industries manufacturières 93,2 2,6 2,2 0,5 0,7 0,7 M F 58,0 42,0 50,0 50,0 45,7 54,3 37,9 62,1 41,0 59,0 45,5 54,5 57,1 42,9 Industries agroalimentaires 93,1 2,9 2,4 0,5 0,4 0,5 M F 79,0 21,0 52,2 47,8 57,9 42,1 50,0 50,0 66,7 33,3 25,0 75,0 77,5 22,5 Industries non manufacturières 46,5 32,0 18,6 1,7 0,8 0,3 M F 97,0 3,0 99,0 1,0 99,0 1,0 98,8 1,2 100,0 0,0 93,3 6,7 98,1 1,9 Services 93,4 3,2 2,1 0,4 0,4 0,4 M F 75,0 25,0 79,1 20,9 71,1 28,9 58,6 41,4 59,1 40,9 54,2 45,8 74,9 25,1 Total 83,5 8,9 5,6 0,8 0,6 0,4 M F 74,0 26,0 89,0 11,0 82,0 18,0 66,0 34,0 59,8 40,2 54,3 45,7 75,1 24,9

Note : M (masculin) et F (féminin).

Source : Elaboration à partir de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi de 2012 (INS, 2013).

10

Si on se limite au seul secteur des industries agroalimentaires, cette tendance est encore plus marquée : seulement 21 % des femmes salariées de ce secteur travaillent de 271 à 365 jours par an.

(23)

La répartition des actifs par tranche d’âge montre d’une part, que le taux d’absorption des jeunes de moins de 30 ans par le secteur agricole tend à diminuer avec l’âge, témoignant d’une désaffection pour ce secteur. Ainsi, si le secteur agricole procure en moyenne un emploi à 19,8 %

des actifs de moins de 30 ans, ce taux passe de 26 % chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans, à 16,8 % chez les jeunes âgés de 20 à 24 ans et à 12 % pour les jeunes âgés de 25 à 29 ans.

D’autre part, la forte concentration des actifs âgés de plus de 60 ans dans le secteur agricole indique un vieillissement de la population active agricole par rapport aux autres secteurs de l’économie (Figure 7)11.

FIGURE 7- REPARTITION DES ACTIFS SELON LE SECTEUR D’ACTIVITE PAR TRANCHE D’AGE

Source : Elaboration à partir de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi de 2012 (INS, 2013).

Concernant les industries agroalimentaires, la création nette d’emplois a été largement positive depuis 2011 et ce secteur constitue un secteur de haut rang en termes d’emploi et de sécurité alimentaire. Ainsi, l’importance de ce secteur en termes d’emplois a sensiblement augmenté durant les dernières années pour atteindre en 2018, 15,0 % de la population active de l’ensemble des Industries manufacturières et 2,8 % de la population active totale (voir Annexe 4)12.

11

L’Annexe 3 présente en détail la pyramide des âges de la population active occupée dans le secteur agricole selon les données de l'Enquête Nationale sur la Population et l'Emploi de 2012.

12

Selon les statistiques issues du Répertoire National des Entreprises, concernant exclusivement l’emploi salarié formel du secteur privé l’industrie agroalimentaire offre près de 67 287 postes de salariés opérant dans 14 920 entreprises privées en 2017. Elle représente ainsi 12,53 % de l’ensemble des emplois du secteur privé des industries manufacturières. Les entreprises agroalimentaires privées sont constituées, en grande majorité, de petites et moyennes entreprises. Elles sont répertoriées sur tout le territoire national et se caractérisent par une certaine concentration au niveau du littoral pour des raisons de proximité des grands centres de consommation.

25,6% 16,8% 12,4% 12,7% 14,4% 14,5% 15,6% 17,7% 23,1% 42,8% 58,8% 69,6% 30,1% 27,9% 24,3% 21,1% 17,5% 15,4% 14,3% 11,8% 9,6% 7,8% 5,8% 2,6% 16,9% 15,2% 13,8% 13,4% 14,6% 13,7% 15,4% 17,7% 15,2% 12,8% 6,8% 2,9% 27,2% 39,8% 49,3% 52,4% 53,0% 56,2% 54,4% 52,3% 51,9% 36,6% 28,6% 25,1%

15-19 ans20-24 ans25-29 ans30-34 ans35-39 ans40-44 ans45-49 ans50-54 ans55-59 ans60-64 ans65-69 ans 70 ans et plus Agriculture et pêche Les industries manufacturières Les industries non manufacturières Services

(24)

4. S

UPERFICIES ET PRODUCTIONS AGRICOLES

4.1.

SUPERFI CI ES AGRI CO LES

En Tunisie, la superficie agricole totale est estimée à 10,4 millions d’hectares, soit 63 % du territoire, dont 4,9 millions d’hectares de terres labourables (Tableau 5) et 4 millions d’hectares réellement cultivées en 2016. Les conditions de production agricole sont relativement difficiles et n'offrent pas de grandes possibilités d’intensification en sec sur de larges superficies.

Les derniers chiffres du recensement agricole, qui date de 2005, indiquaient que 54 % des exploitations agricoles disposaient de moins de 5 hectares et concentraient 11 % des superficies. Le même recensement estimait la proportion des exploitations de moins de 10 hectares à 75 % du total des exploitations sur 25 % de la superficie totale. Les grandes exploitations, dont la superficie dépassait 50 hectares, ne représentaient que 3 % de l’ensemble des exploitations mais concentraient 34 % des superficies agricoles13.

TABLEAU 5-EVOLUTION DES SUPERFICIES AGRICOLES (1000 HECTARES)

(ha) Moyenne

2000-2010

2011 2012 2013 2014 2015 2016

Superficie agricole totale 10 410 10 458 10 458 10 453 10 453 10 449 10 444

Superficie labourable totale 4 937 4 953 4 991 4 971 4 920 4 917 4 935

Superficies cultivés 4 017 4 138 4 144 3 826 4 136 3 647 4 006

Superficie jachère 920 814 847 1 145 784 1 270 620

Bois et forêt 660 666 668 668 692 712 742

Pâturages et cultivation d'Alfa 4 812 4 839 4 799 4 814 4 841 4 820 4 768

Superficie agricole irriguée totale 372 419 416 438 458 455 468

Note : Certaines corrections de données ont été apportées par les auteurs. Source : Elaboration à partir des données du MARHP.

De plus les ressources hydrauliques sont limitées et leur mobilisation déjà très élevée n'a permis l'irrigation que de 468 000 hectares, soit seulement 9,5% de la superficie labourable (terres cultivées et jachère) en Tunisie14.

13

Un nouveau recensement général agricole est programmé pour 2019 avec un coût estimé à 15 millions de dinars qui va permettre d’actualiser les données relatives à la structure des exploitations agricoles en Tunisie qui commencent à dater.

14

Les taux d’utilisation (superficie irriguée/superficie irrigable) dans le secteur irrigué se situe aux alentours de 80 % indiquent qu’il existe encore une marge de progrès non négligeable pour mieux valoriser les efforts entrepris par l'Etat pour la mobilisation de l'eau.

(25)

FIGURE 8-REPARTITION DES SUPER FICIES PAR TYPE DE CULTURE EN TUNISIE (1000 HECTARES)

Note : Certaines corrections de données ont été apportées par les auteurs. Les cultures industrielles et autres concernent principalement la betterave à Sucre, le tabac et le colza.

Source : Elaboration à partir des données du MARHP.

En Tunisie les superficies agricoles sont destinées majoritairement à deux grands types de culture :

 L’arboriculture, notamment l’oléiculture, la phœniciculture (dattes) et les agrumes, dont les surfaces progressent d’année en année et représentent 2 371 450 hectares, soit 57 % des surfaces cultivées en 2016 ;

 Les céréales, en particulier le blé dur et l’orge, qui représentent 1 113 800 hectares (soit 27 % des surfaces cultivées en 2016).

Notons aussi l’importante de l’espace utilisé pour l’élevage à travers les pâturages, soit près de 4,8 millions d’hectares et 406 000 hectares pour la culture de fourrages sur (cf. les annexes 5 et 6 pour les détails concernant l’évolution des productions en volume et en valeurs des principales cultures en Tunisie).

4.2.

PRINCIPALES PRO DUCTI O NS AGRI CO LES

LE S C E R E AL E S

Les céréales, constituant la base de l’alimentation dans le pays, sont historiquement un élément central de la société et de l’agriculture tunisiennes. La céréaliculture est aussi un important pourvoyeur d'emploi agricole (surtout en ce qui concerne la main d’œuvre familiale) avec en moyenne 141 millions de journées de travail par an durant la période 2012-2016 (soit 6% du nombre total de journées de travail dans le secteur agricole). (Tableau 6)15. En aval, en 2012, l’industrie

15

Selon l’Enquête sur les structures des exploitations agricoles 2004-2005, le nombre de céréaliculteurs s’élève à 248 458, soit près de la moitié (48,2 %) de la totalité des exploitants agricoles en Tunisie (515 850 agriculteurs). Environ 157 000, soit 63 %, sont des petits exploitants possédant des superficies inférieures ou égales à 10 hectares.

Moyenne 2000-2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Arboriculture 2 175 2 256 2 275 2 276 2 332 2 347 2 371 Légumes 159 156 160 150 157 159 151

Cultures industrielles et autres 36 22 22 20 21 18 21

Légumineuses 80 88 88 82 83 83 82 Fourrages 405 441 428 439 417 397 406 Céréales 1 423 1 480 1 440 1 159 1 320 1 197 1 134 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

(26)

céréalière et dérivés regroupait 225 entreprises de plus de 10 employés actives sur le marché national et employant 13 765 salariés (API, 2014).

TABLEAU 6- DISTRIBUTION DU NOMBRE DE JOURNEES DE TRAVAIL EFFECTUEES DANS LE SECTEUR CEREALIER

Unité : 1000 journées/an Moyenne

2002-2006 Moyenne 2007-2011 Moyenne 2012-2016 Céréales Salariés permanents 7% 6% 6% Salariés temporaires 10% 8% 7%

Main d'œuvre familiale 6% 5% 6%

Total de journées de travail 7% 6% 6%

Total

Salariés permanents 12605 12755 12724

Salariés temporaires 17165 19154 18356

Main d'œuvre familiale 98101 109141 109771

Total de journées de travail/Secteur Agricole 127872 141050 140851

Source : Calcul des auteurs sur la base des données du Ministère de l’Agriculture.

Avec 870 millions de dinars en moyenne pour la période 2014-2016, la production de céréales représente près 8,6 % de la valeur de la production agricole tunisienne (hors pêche). Cependant, depuis les 15 dernières années, la production de céréales est orientée à la baisse malgré les investissements et les soutiens de l’Etat et reste très dépendante des aléas climatiques. La production nationale, toutes céréales confondues, a enregistré son plus bas niveau avec 83,392 millions de quintaux cumulés sur la période 2012/16, contre 94,463 millions de quintaux sur la période 2002/06 (tableau 7). Cette production ne parvient pas à répondre à une demande croissante, notamment de blé tendre destiné à la fabrication de pain, ce qui occasionne une dépendance toujours plus forte aux importations (cf. parties sécurité alimentaire et échanges).

TABLEAU 7- PRODUCTION DES CEREALES EN TUNISIE (1000 TONNES)

2002-2006 2007-2011 2012-2016

Moyenne Total Moyenne Total Moyenne Total

Blé dur 1146,0 5729,8 1050,3 5251,6 966,9 4834,5

Blé tendre 255,0 1275,2 238,2 1191,0 203,2 1016,1

Orge & Triticale 488,3 2441,3 512,3 2561,7 497,7 2488,6

Total 9446,3 9004,3 8339,2

Source : Calcul des auteurs sur la base des données du Ministère de l’Agriculture.

L’O L E I C U L T U R E

L’oléiculture constitue avec les céréales une des principales activités agricoles en Tunisie et son rôle socio-économique revêt une importance capitale. Selon les chiffres disponibles pour 2016, les oliveraies tunisiennes s'étendent sur 1,672 millions d’hectares (dont 26 000 hectares destinés à la production d’olives de table). Les oliviers sont présents dans toutes les régions de la Tunisie. Au Nord et dans certaines zones du Centre, ils sont cultivés en association avec d’autres cultures annuelles (céréales ou arbres fruitiers, tels que les agrumes, la vigne ou les amandes), tandis qu’au Sud, ils sont

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