Dans l'éditorial du précédent numéro j'essayais de montrer combien il était difficile de traduire, à travers un
artl-cle de quelques pages, les idées fon-damentales qui avaient présidé. à la construction d'une leçon, les points importants d'une activité et les conclusions tirées par l'enseignant ou l'enseignante.Nous sommes en avril1979, donc à une époque où, les uns et les autres sommes sollicités par l'administration pour fournir des sujets d'examens;· C'est à ces derniers que je voudrais m'attacher aujourd'hui.
Si un article dans le bulletin, conçu pour communiquer entre adultes, spécialistes d'une même discipline, se doit d'être clair, explicite, tout en restant suffisamment concis, ces qua-lités deviennent capitales pour le texte d'un sujet d'examen. Je ne cherche pas ici à dénigrer les auteurs et les responsables des sujets d'exa-mens, mais je suis conduit, ainsi que beaucoup de collègues, à constater que, dans un certain nombre de cas, des sujets d'examens ou de concours se sont avérés peu clairs, quand par surcroît, ils ne comportaient pas des erreursmanifestes. Mais que les tech-nologuesse rassurent, cette remarque vaut pour la plupart des disciplines. Je précise de suite que mon propos n'est pas de mettre en évidence les imprécisions relevées ici ou là, mais bien plutôt d'en analyser les causes afin d'apporter des suggestionset de concourir à l'amélioration de cet élément capital qu'est le sujet d'exa-men.
Pourquoi la rédaction du sujet d'examen revêt-elle une telle impor-tance?
Tout d'abord pour le candidat qui ne doit pas se trouver en présence d'ambiguïtés et pour qui les condi-tions de l'épreuve doivent être neu-tres, ni favorisantes, ni défavorisan-tes; ceci est particulièrement évident dans un concours.
Ensuite, pour l'image donnée dans le .publlc du niveau de l'enseignement, qui est sanctionné par l'examen con-sidéré. Celui-ci servira , entre autres choses, aux employeurs de critère pour porter un jugement de valeur sur le niveau des études.
J
Enfin parce que le sujet d'examen constitue une référence pour les enseignants, et particulièrement pour les débutants. La question n'est pas ici de savoir si le système estbon ou mauvais, il est ainsi ...
Quelles sont les imprécisions rele-vées?
Hormis le cas de sujets construits sur des bases erronées ou contenant des erreurs matérielles (ce qui soulève un autre problème), l'ensemble des criti-ques se résume en un mot: «impréci-sion», pour aller quelquefois jusqu'à «incompréhensible» .
On se trouve ainsi fréquemment devant des énoncés dans lesquels manquent certaines données négli-gées, comme «allant de soi».
N'oublions pas cependant que, contrairement aux sciences exactes qui traitent de problèmes théoriques, les problèmes posés dans nos discipli-nes partent de cas concrets (unméca-nisme,une technique, une machine ...
etc.):
qui ne sont pas obligatoirement connus du candidat, du fait même de la diversité du monde technologique. Il convient donc de mettre ce support à la portée de chacun en donnant les explications préalables .nécessaires.1 . .
Lelibelléd'un sujet d'examen se doit d'être différent de celui d'un exercice donné aux élèves par leur: profes-seur. En effet, dans ce dernier cas, les élèves retrouvent des conventions implicites de langage, le renvoi égale-ment implicite à un exemple étudié en cours, et ils n'éprouvent pas les difficultés que recontreraient des lecteurs extérieurs au groupe. Ce sont toutes ces questions .... jusqu'à la
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... éditorial ...
définition du travail demandé, qu'il convient d'expliciter dans un sujet d'examen.
Notons ici que le fait pour l'auteur d'écrire son sujet l'amènera à mieux préciser, et doncàrendre plus claire sa propre pensée. Leproblème posé y gagnera en rigueur. Un autre écueil pourra être évité du même coup, savoir quele thème qui sert de sup-port à une épreuved'examenpeut, à l'analyse se révèler trop complexe, trop subtil pour le niveau considéré, l'auteur s'en rendra compte devant la complexité des explications requi-ses.Ildevra alors avoir le courage de changer de thème ou bien limiter le sujet à certains aspects qu'il précisera soigneusement.
En suivant cette voie, on s'achemine bien sûr vers des textes plus longs (et nécessairement plus .denses); or, chacun signale la réticence des élèves devant les textes longs !Mais ne som-mes-nous pas là justement au cœur du problème ? N'est-ee pas parce qu'ils n'ont pas l'habitude de lire très couramment des textes de plusieurs pages qu'ils rechignent ainsi? Attention donc ! Nous risquons là de tomber dans un cercle vicieux, et je pose la question : n'est-ce pas à nous, professeurs de technologie, de redresser la barre, à nous, qui sommes chargés d'enseigner une discipline complexe de réhabiliter le texte, concis certes, mais avant tout clair, complet, et précis? N'est-ee pas à nous de faire cet effort pour la raison également que la réalité socio-logique nous amène à prendre en charge des jeunes parmi les moins culturellement favorisés?
N'oublions pas que la base de la cul- . ture est le langage, quel que soit le message véhiculé. Le négliger, notam-ment sous sa forme écrite, c'est accroître les différences, c'est aller à l'encontre de cette égalisation des chances prônée par tous.
