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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Quels types d'opinions des futurs enseignants tunisiens de SVT mobilisent-ils concernant l'usage des antibiotiques en diététiques animale ?

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Academic year: 2021

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004

QUELS TYPES D’OPINIONS DES FUTURS ENSEIGNANTS

TUNISIENS DE SVT MOBILISENT-ILS CONCERNANT L’USAGE

DES ANTIBIOTIQUES EN DIÉTÉTIQUE ANIMALE ?

Souad TOUZRI TEKARI ISEFC, Tunis / IUFM, Nantes

MOTS-CLÉS : ANTIBIOTIQUE EN DIÉTÉTIQUE ANIMALE – APPROCHE ANALYTIQUE – REPRÉSENTATION – OBSTACLE

RÉSUMÉ : Nous pensons que l’usage de l’antibiotique est problématique, surtout, quand il est orienté à des intérêts économiques. Nous essayons d’identifier les conceptions des étudiants SVT4 quant aux effets des antibiotiques, notamment, en diététique animale. Les conceptions identifiées sont façonnées par des représentations sociales ainsi qu’un mode de pensée analytique.

ABSTRACT : The use of an antibiotic is problematic, particularly when it involves economic interests. We, therefore, attempt to identify the views of SVT4 students, regarding the effects of antibiotic, namely, in animal dietetics. The views are shaped out of social representations and a method of analytical thinking.

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1. INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE

La complexité des phénomènes biologiques nous oblige à repenser l’approche analytique habituellement adoptée dans l’enseignement-apprentissage de la biologie.Notre formulation de la problématique est alors la suivante : une approche analytique cloisonnée qui répond aux besoins pédagogiques en biologie pourrait-elle constituer, entre autres, un obstacle à la compréhension des phénomènes relatifs au vivant, notamment ceux de l’adaptation des micro-organismes à l’usage des antibiotiques ? Un mode de raisonnement analytique pourrait-il être lié à certaines postures sur certaines exploitations humaines du vivant, telles que l’usage des antibiotiques en diététique animale ? Car la conception qui fait de l’écosystème un ensemble de maillons qui interagit en permanence permettra de prévoir et de comprendre certaines conséquences que peuvent engendrer des interventions humaines sur le vivant. Notre attention se portera plus spécialement sur les types de conceptions des futurs enseignants quant aux effets des antibiotiques ? Est-ce que des futurs enseignants de biologie sont en mesure d’évaluer les effets imprévus qui peuvent affecter les autres niveaux écosystémiques, notamment l’homme suite à l’usage prolongé d’antibiotiques en diététique animale à des fins productivistes ?

2. ENJEUX THÉORIQUES

Un environnement caractérisé par l’usage d’antibiotiques, sélectionne les souches mutantes et résistantes aux antibiotiques utilisés. Cette forme de résistance qui joue un rôle prépondérant dans la dissémination de résistances dans l’environnement est portée le plus souvent par des éléments mobiles, tels que les plasmides ou les transposons. Ceci laisse les spécialistes penser aux antibiotiques en élevage. Car ceux-ci peuvent être considérés comme des polluants potentiels de l’environnement. Par ailleurs, les ruminants ont la particularité d’héberger dans leur tractus digestif une faune et une flore microbienne symbiotique capables de fermenter et de transformer les fractions ligno-cellulosiques des parois végétales en nutriments métabolisables par l’animal hôte. Face au développement de résistances, que pensent les étudiants de l’usage des antibiotiques en diététique animale ?

3. CHOIX DU CADRE MÉTHODOLOGIQUE

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seule conception mobilisable par la plupart des individus. Notre propos est d’identifier les conceptions que des étudiants en SVT4 présentaient concernant l’usage d’antibiotiques en diététique animale. Les étudiants sont invités à faire un choix argumenté entre trois méthodes d’élevage : la vache au pré, la vache à l’étable et la méthode d’élevage avec les antibiotiques à des fins productivistes. Nous avons identifié ici deux types de conceptions : des conceptions favorables à l’utilisation des antibiotiques en diététique animale (F) et d’autres défavorables à cet usage (D). Nous pensons que les étudiants qui optent pour la méthode d’élevage avec les antibiotiques à des fins productivistes (l'antibiotique en diététique) ont des conceptions analytiques cloisonnées. À cet effet, nous allons essayer de croiser les réponses des étudiants appartenant à la catégorie analytique (R2) pour la première question avec les arguments de ceux qui adoptent une utilisation des antibiotiques en additifs alimentaires (F), à la deuxième question. Rappelons que, dans une première question, nous avons catégorisé les conceptions des étudiants SVT4 en R1 (les conceptions classées comme naturalistes naïves) ; R2 (les conceptions analytiques) et R3 (les conceptions écosystémiques).

4. RECHERCHE D’UNE LIAISON ENTRE UN MODE DE PENSÉE ET L’USAGE DES ANTIBIOTIQUES EN DIÉTÉTIQUE ANIMALE

Résultats à la 1e question (Q1) R1 R2 R3 T F 9 B 17 5 C 31 D 6 7 A 4 17 Résultats à la 2e question (Q2) T 15 24 9 48

D’après, le tableau ci-dessus, il y a trois catégories d’étudiants qui ne vont pas dans le sens de l’hypothèse traitée dans cet article. (A + B + C = 21/48). Ces catégories nécessitent une analyse : A- Ceux qui mobilisent des conceptions analytiques suite à la première question, sans admettre pourtant l’utilisation des antibiotiques en additifs alimentaires.

B- Ceux qui mobilisent des conceptions naturalistes, pourtant ils sont favorables à une utilisation des antibiotiques en diététique animale à des fins productivistes.

Et ceux qui mobilisent des conceptions écosystémiques à la première partie du questionnaire et admettent pourtant cette méthode d’élevage avec les antibiotiques.

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5. ANALYSE DES ARGUMENTS INCOMPATIBLES AVEC LES CONCEPTIONS DE DÉPART

5.1 Analyse des arguments des étudiants appartenant à la catégorie A

Pour l’étudiant numéro 11 (Et 11) par exemple : « Cette méthode est une méthode efficace. Mais, il préfère laisser les vaches vivre naturellement sans antibiotiques ». Pour cet étudiant, comme pour les autres étudiants figurant dans cette catégorie, cette méthode est jugée efficace et de ce fait, elle pourrait être adoptée. Cependant, il nous semble qu’à ce niveau universitaire avancé, il aurait dû motiver son refus de cette méthode en mobilisant des conceptions relatives aux résistances aux antibiotiques ou bien les effets de ces molécules actives sur le rumen par exemple voire d’éventuels passages des doses actives de ces molécules aux consommateurs.

Quant à l’Et 18, il estime : « À chaque fois qu’il y a un changement dans l’équilibre naturel, parallèlement il y a des préjudices plus ou moins graves. Par exemple cette méthode risque de produire des OGM ». Cet étudiant semble présenter des arguments naturalistes quand il s’oppose au changement de l’équilibre naturel, mais cette apparence naturaliste dénote d’une ignorance des effets des antibiotiques. De même il ne mobilise que l’effet de l’antibiotique au niveau de l’individu vache. L’étudiant numéro 30 soutient son refus de la méthode d’élevage avec les antibiotiques en disant qu’il « y a un effet chimique de l’antibiotique sur les vaches ». Ce genre de conception peut émerger aussi de l’obstacle de dévalorisation de la chimie : pour cet étudiant, l’antibiotique ne sélectionne pas les souches résistantes, mais, il a un effet chimique direct sur les vaches.

5.2 Analyse des arguments des étudiants appartenant à la catégorie B

Nous remarquons que tous ces étudiants parlent de gain, de rentabilité, de bénéfice et de productivité. Une tendance productiviste, en contradiction avec leurs conceptions « naturaliste » de départ, les amène à exprimer davantage ce genre de conceptions favorables à l’usage des additifs alimentaires. En outre, d’autres étudiants font ce choix pour des raisons productivistes et pasteuriennes comme l’attestent les propos de l’Et 37 : « […] Plus de bénéfice pour l’éleveur, prise de poids pour la vache qui se débarrasse des micro-organismes, source de toxicité ». Mais, pour l’Et 15 : « On cherche toujours des méthodes nouvelles autre que les méthodes traditionnelles… avec le maximum d’économie ». Nous constatons par conséquent que, le stéréotype « microbe », cette tendance productiviste et une conception de survalorisation de la science façonnent les conceptions mobilisées. Il semble que ces dernières postures sont en tension avec les propos naturalistes exprimés à la première question.

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5.3 Analyse des arguments appartenant à la catégorie C

La quasi-totalité de ces étudiants fonde son choix en faveur des antibiotiques en diététique en insistant sur le côté productiviste. Pour l’étudiant numéro 38 : « Cette méthode est bénéfique aussi bien pour l’éleveur que pour la vache. Cette méthode est intéressante à appliquer à condition qu’elle ne perturbe pas les autres fonctions physiologiques de l’animal ». Il est à noter que cette catégorie d’étudiants présente des arguments plus proches du savoir à acquérir : les étudiants parlent du rôle de la flore bactérienne dans la digestion de la cellulose et évoquent d’éventuels effets secondaires. Il est à indiquer que :

- d’une part, cette attitude productiviste fait que les étudiants insistent peu sur les effets néfastes de l’usage des antibiotiques en diététique animale, et qu’étant commune aux apprenants et dominante dans la société, cette conception productiviste peut indiquer une représentation sociale ;

- d’autre part, même si ces étudiants se montrent conscients des effets indésirables de l’usage des antibiotiques, dont certains évoquent les conséquences des antibiotiques sur la flore bactérienne chez la vache, ils ne vont pas, dans leur quasi-totalité, jusqu’à parler d’éventuelles résistances des micro-organismes à cet usage prolongé des antibiotiques. Nous remarquons aussi la présence de conceptions qui émergent d’une représentation pathogène du micro-organisme, à ce niveau universitaire.

6. CONCLUSION

D’après cette analyse, nous pouvons constater que l’hypothèse traitée dans cet article n’est pas vraiment confirmée (21/48), à savoir que : des conceptions analytiques pourraient être liées à certaines postures sur certaines utilisations du vivant telles que l’usage des antibiotiques en diététique animale. Nous pensons que cela est dû d’abord, au faible opérationalité des connaissances scientifiques des étudiants. Autrement dit, ces futurs enseignants de biologie mobilisent des conceptions appartenant au sens commun. Ils n’arrivent pas à raisonner en se référant à des concepts scientifiques. Ensuite à, la cohabitation chez ces étudiants de trois représentations que nous pouvons qualifier de sociales.

S’agissant de la deuxième raison, si ces étudiants optent pour le choix de la méthode d’élevage avec l’antibiotique, c’est parce qu’ils pensent que ce dernier est un produit issu des recherches scientifiques donc fiable ; s’ils mobilisent des représentations pasteuriennes c’est en se référant au rôle bactéricide des antibiotiques ; et si ces étudiants ont recours au rôle productiviste de l’antibiotique, c’est parce que ce dernier a un effet économique considérable. Nous concluons, en disant que chez ces étudiants, peuvent cohabiter des conceptions contradictoires (naturalistes,

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analytiques et écosystémiques) et que ces conceptions émergent selon ces représentations sociales. Nous constatons encore qu’un mode de raisonnement analytique représente un obstacle à la compréhension du rôle des antibiotiques dans la dissémination de résistances. Il est à signaler c’est que ces trois catégories (A, B et C), d’ailleurs, comme tous les étudiants déjà interrogés, n’évoquent ni d’éventuelles sélections de résistance ni la transmission de ces résistances à d’autres niveaux écosystémiques. Pourtant, les bactéries résistantes tendent de plus en plus à remplacer celles sensibles. Et, malgré les recherches dans le domaine pharmacologique, on peut craindre l’évolution de ces espèces bactériennes vers la résistance à tous les antibiotiques, autrement dit à un problème écopathologique.

BIBLIOGRAPHIE

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RAYMOND G et coll. (1992). Nutrition et alimentation des animaux d’élevage. Collection INRA. Paris : Les éditions Foucher. 197-199.

FABRE M., ORANGE C. (1997). Construction des problèmes et franchissement d’obstacles. Aster, 24, 28-38.

JODELET D. (1994). Les représentations sociales. Paris : Presses Universitaires de France.

RENÉ É., GUILBERT L. (1994). Les représentations du concept de microbe : un construit social contournable ? Didaskalia, 3, 43-46. Paris : INRP.

Références

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