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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'environnement et les films commerciaux à vocation éducative

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Academic year: 2021

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L'ENVIRONNEMENT ET LES FILMS COMMERCIAUX

À

VOCA TION ÉDUCATIVE

André LA VARDE

LU.F.M. de Picardie. Centre de Beauvais

MOTS-CLÉS: ENVIRONNEMENT - CITOYENNETÉ - MÉDIA

RÉSUMÉ: Divers organismes privés mais aussi publics proposent des films sur l'environnement pour diffusion dans les établissements scolaires. Le caractère commercial de ces films rend leur utilisation particulièrement délicate par les enseignants. Il met en conflit le droit du citoyen à j'information et la partialité du message plus ou moins publicitaire. Industrie et respect de l'environnement s'opposent le plus souvent.

SUMMARY : Sorne private or public enterprises offer films about environment to learning establishments. The commercial feature of these films make them difficulttobe used by teachers. Il oppose the citizen's right about scientific and real information against partiality and advenisement of the commercial message. Most of the lime. industry resists to the respect of the environment.

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I. INTRODlJCTlON

Le respect de l'environnement est à la fois objet d'éducation et de citoyenneté. cette dcrnière se définissant comme l'état de citoyen; c'est-à-dire la possession. par un individu. de cenains droits assonis de différents devoirs. C'est en direction de ce respect de l'environnement que toutes sones de lois sont promulguées.

Différents organismes. souvent des enrreprises commerciales. mettentàla disposition des enseignants du matériel pédagogique el en paniculier des films afin de leur faciliter l'enseignement. Leur utilisation pose le problème de leur légitimité quant au contenu scientifique. En effet. trois logiques s'affrontent: financière. scientifique. morale. Le problème dépasse de loin la simple interprétation en tenne de publicité. Dans le domaine plus spécifique de l'éducation à l'environnement. on peut se demander si le dilemme ne pose pas l'alternative entre mécénat et intoxication. ou les deux réunis?

2. POSITION DU PROBLÈME

Les interrelations entre la science. environnement et citoyenneté sont complexes et les références axiologiques qui s'y rattachent peuvent être fort éloignées. D'une part. le citoyen a droit à l'information - celle-ci sera jugée comme exacte au temps considéré et rentre dans le champ de la vérité scientifique. D'autre part. il doit pouvoir jouir d'un environnement préservé.

Mais l'impact de la science sur la société ne peut pas être dissocié de ses applications pratiques que nous nommerons la technologie. Ces applications interfèrent avec l'environnement. le plus souventà ses dépens. Science et citoyenneté appartiennentàdes champs différents. La science et la technique progressant obligatoirement plus vite que la législation qui s'y rattache. cette dernière ne peut que difficilement anticiper les problèmes ou les impacts des retombées scientifiques sur l'environnement. Dans la gestion des ressources naturelles et la protection de l'environnement. plusieurs raisons expliquent que le citoyen se tourne souvent vers la science. notamment chaque fois qu'il est consulté sur certaines décisions qui doivent être prises. Ce recours à la science s'explique par les caractéristiques de celle-ci.

La première de ces caractéristiCJues est la recherche de la véritéà laquelle doit êrre associée la recherche d'objectivité. tendance que les sciences dites exactes partagent avec les sciences humaines. Il s'agit là d'une composante essentiellement éthique.

La seconde propriété découle du caractère prédictif des lois (au sens scientifique du terme). surtout dans le domaine de la physique et de la chimie. La science est sollicitée chaque fois que des décisions peuvent avoir des conséquences à long terme sur la planète ou la santé des hommes.

L'éducation au respect de l'environnement passe largement par l'enseignement. Or celui-ci possède un coût. La logique du commerce et des circuits financiers interfèrent avec celle de la diffusion des connaissances par le biais de l'édition des livres. des documentaires.... Les sommes investies dans

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l'achat du matériel passent donc par des circuits commerciaux. Ce premier niveau d'interrelation entre le champ technique et commercial avec l'éducation est bien connu; il se rencontre dans la publication des manuels et du matériel pédagogique en général. Du caractère commercial des supports pédagogiquesàla publicité pour les circuits commerciaux, il n'y a qu'un pas.

Le problème devient plus délicat lorsque des entreprises qui ne sont pas en relation directe avec l'enseignement fournissent des ustensiles prétendument pédagogiques et dont les finalités commerciales sont tellement évidentes que le contenu scientifique diffusé dans ce matériel devient sujetàcaution.

3. HISTORIQUE DES FILMS À VOCATIaN ÉDUCATIVE

L'histoire des documents pédagogiques, audiovisuels entre autre, destinés àl'enseignement est longue. Dans le passé des organismes privés dont la vocation n'était nullement pédagogique, ont produit des films à caractère éducatif. Les documentaires filmés lors de la croisière jaune remontent à 1933. Ces films possèdent àla fois un caractère culturel et publicitaire, comme les courses automobiles organisées depuis le début du siècle. Àl'origine, la composante publicitaire du film restait modeste. Un genre cinématographique nouveau va peuàpeu se constituer, le film commercial àvocation pédagogique (qui sera appelé F.C.V.E).Àcette époque, l'office de diffusion par le film propose aux enseignants des films fixes en bobine. Ces supports sont bien adaptés aux possibilités des lanternes magiques des écoles puisqu'il s'agit de bandes diapositives standard de 35 mm. Ce matériel peu coûteux circule très largement dans les écoles. Les compagnies pétrolières, entreprises parmi les plus riches, arrivaient en premier parmi les organismes fournisseurs. Les sujets traités déborderont largement le cadre de l'exploitation pétrolière. Ce n'est que lors de la crise pétrolière que cette abondance de productions s'atténuera.

4, PRODUCTION ET DIFFUSION

Le développement de l'audiovisuel conduitàexiger une qualité de plus en plus grande visàvis des films produits. Ceci conduit les entreprises à faire appelàdes spécialistes, à la fois pour réaliser mais aussi pour diffuser ces produits. Àl'heure actuelle, plusieurs grands réseaux de distribution se panagent le marché de cette diffusion:

CEFILM 44-50, avenue du Capitaine Glarner, 93585 SAINT-OUEN Cedex CEDFILM B.P. 155,92231 GENNEVILLIERS Cedex

MEDIAVISUEL (qui semble ne plus être actif actuellement)

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Ces grands distributeurs centralisent les demandes et les offres en matière de F.C.V.E. Il semble que le système financier repose sur la fréquence de projection des documents. Une fiche d'évaluation jointe aux envois dans les établissements scolaires pennet de modifier le produit en fonction des réactions du public. L'infonnation en retour pennet de faire rél1échir les entreprises sur l'amélioration possible de leur image de marque. Dans ce domaine, il est parfaitement clair que la logique économique s'opposeàcelle du respect des écosystèmes. Aussi, l'image de marque de l'entreprise risque d'être ternie si cette dernière est à l'origine d'une quelconque pollution (ex. : Union Carbide et la catastrophe de Bhopal) ou si elle est soupçonnée de le faire. On se souvient également de la pression exercée, par le biais du boycott, sur une compagnie pétrolière qui tentait de se débarrasser d'une platefonne de forage en l'immergeant.

Àcôté de ces organismes spécialisés dans la diffusion, divers organismes continuent à assureràla fois la réalisation et la diffusion. Certaines filières concernent plus spécialement la santé (ex. : la M.G.E.N qui, à la fois, produit et diffuse des vidéogrammes). En ce domaine, le développement des grandes finnes phamlaceutiques semble prendre le relais des compagnies pétrolières d'autrefois. Le filmLes premiers jours de la vieproduit par la société Guigoz est l'un des plus célèbres. Ce secteur affecte moins l'enseignement dans la mesure où les films restent généralement réservés à un public de médecins.

Les F.C.V.E. ne possèdent pas une vocation exclusivement éducative. Dans bien des cas, ces vidéogrammes sont réalisés dans le but de montrer la bonne utilisation des capitauxàdes actionnaires, des contribuables, des adhérents, ... Il est des cas où l'entreprise n'est autre que l'État; c'est le cas en particulier pour les monopoles (E.D.F. - G.D.F., S.N.C.F.,) mais également les ministères, celui des armées en particulier.

Le schéma de la communication laisse prévoir qu'un message est adaptéàun récepteur déterminé. Lorsque les récepteurs sont différents le message perd en clarté. Les F.C.V.E. sont juge et partie si bien que le film oscille entre une présentation passant pour objective et une nécessité de promotion. Mais on ne peut pas reprocheràun film publicitaire d'être publicitaire. C'est donc au niveau de la limite entre le message scientifique et la volonté publicitaire ou mensongère que se situe le dilemme. Le film publicitaire lui-même est admis en tant que fait de société.

Les F.C.V.E. sont devenus une nécessité vitale pour beaucoup d'entreprises montrées du doigt comme polluantes. Mais la conjoncture économique contraintàintégrer le critère rentabilité du produit et utiliser les artifices de la publicité. S'agissant d'assurer un impact économique, la bande son joue sur une répétition fréquente du nom de l'entreprise et de celui d'Écologie.

Enfin, il existe une incompatibilité entre le secret de fabrication, attachéàla propriété individuelle, et la nécessaire infonnation du public visàvis de l'innocuité des procédés employés dans la fabrication de tel ou tel produit. S'adressantàdes publics divers dont les attentes sont diverses, le message ne sera adaptéàaucun. La bonne gestion de l'entreprise et le respect de l'environnement sont deux entités qu'il est bien difficile de faire cohabiter.

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5. L'ENSEIGNANT FACE AUX F.C.V.E.

La solution de bon sens pourrait consister à rejeter complètement ce type de documents. En réalité. les choses sontmoinssimples qu'il n'y paraît. Les enseignants ne sont pas autorisésàprojeter devant leurs élèves des enregistrements qu'ils auraient eux-mêmes effectués à panir d'émissions télévisées avec un magnétoscope de salon. Les vidéogrammes vendus dans le commerce n'abordent pas obligatoirement les problèmes d'environnement, ni de gestion des ressources naturelles. Ils n'abordent jamais les événements actuels.

Cenains F.C. V.E. sont jugés de qualité suffisante pour que lesdroitssoient rachetés par l'Éducation Nationale (ex. :Marière griseproduite par la cimenterie Vicat) ;ilssont alors diffusés paI' le biais officiel des C.R.D.P. et des C.D.D.P. Pour d'autres, le circuit est plus complexe. Le Ministère de l'Éducation Nationale, par le biais du C.N.D.P. rachètent les droits de cenains films scientifiques produits par des chaînes de télévision. Dans le cas oùlefilm est présenté intégralement, le caractère publicitaire par rappon à la chaîne peut être invoqué.

6. CONCLUSION

Alors qu'au dépan, la présence implicite ou non du caractèrepublicitairepouvait être une gêne par rapponàl'utilisation purement scientifique que l'enseignant comptait faire des F.C.V.E.. ceux-ci peuvent introduire une dimension nouvelle par rapport à l'implication de la science dans la société. Àla question: "Quelle attitude l'enseignant doit-il adopter face àces productions du point de vue déontologique 7",ilconvient de répondre: "Comment éduquer à la citoyenneté?" ;c'est-à-dire comment faire prendre conscience au citoyen de ses droits et de ses devoirs. Les F.C.V.E. peuvent apponer leur contribution dans la mesure où une étude systémique du produit peut être envisagée. La lecture du produit,àla fois en tant que support scientifique et base de discussion, conduitàfaire émerger deux droits fondamentaux, celui du droit du citoyen à l'information, celui du devoir de l'industriel vis à vis de l'environnement.

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