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Croissance endogène et croissance des régions (vers une théorie de la croissance endogène spatialisée)

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Academic year: 2021

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Submitted on 24 May 2017

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Croissance endogène et croissance des régions (vers une

théorie de la croissance endogène spatialisée)

Catherine Baumont

To cite this version:

Catherine Baumont. Croissance endogène et croissance des régions (vers une théorie de la croissance endogène spatialisée). [Rapport de recherche] Laboratoire d’analyse et de techniques économiques(LATEC). 1994, 30 p., ref. bib. : 2 p. 1/2. �hal-01527280�

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n° 9408

CROISSANCE ENDOGENE ET CROISSANCE DES REGIONS Vers une théorie de la croissance endogène spatialisce

Catherine BAUMONT*

octobre 1994

*Maître de Conférences, ENESAD, Dijon Chercheur, LATEC, Université de Bourgogne

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Cet article a fait l'objet d'une communication au Colloque de l'Association de Science Régionale de Langue Française consacré à l'Intégration des

espaces, Université des Antilles et de la Guyane, Fort-de-France, 1-2

septembre 1994.

Résumé

L'objectif de cet article est de poser les différents principes préalables à la construction d'une théorie spatiale de la croissance endogène. Dans ce but, plusieurs étapes sont présentées.

1/ L'analyse des théories macroéconomiques de la croissance endogène permet de mettre en évidence le rôle clé des externalités d'agglomérations.

2/ Mettre en parallèle, les mécanismes de croissance endogène et de croissance régionale permet d'identifier les composantes spatiales de la croissance. A cet égard, le concept de capital spatial est défini.

3/ Enfin, les principes fondamentaux attachés à la dynamique de population, à l'accumulation du capital spatial et à l'émergence des économies d'agglomération sont présentés.

Mots clés

Capital spatial, croissance endogène, espace, externalités d'agglomération, facteurs de croissance, mobilité.

A V A N T - P R O P O S

Les analyses de la croissance régionale et les théories macroéconomiques de la croissance endogène semblent trouver différents points de rencontre. Cet article est consacré à leur mise en lumière et peut alors être considéré comme la recherche des fondations d'une théorie spatiale de la croissance endogène. C'est pourquoi, le lecteur y trouvera plusieurs pistes de recherche plutôt qu'une direction précise à suivre. Certaines de ces pistes m'ont été suggérées ou ont émergé au cours de différentes discussions de travail et je remercie à cette occasion toutes les personnes qui m'ont conseillée ou encouragée. Je reste, bien entendu, selon l'expression consacrée, seule responsable des erreurs éventuelles contenues dans cet article.

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I N T R O D U C T I O N

Depuis le milieu des années quatre-vingts, l'analyse macroéconomique de la croissance s'est considérablement renouvelée grâce aux théories de la croissance endogène. Ce nouveau courant d'analyse s'est en particulier développé pour pallier les insuffisances du modèle néoclassique de croissance dans l'explication d'une part des trajectoires de croissance des pays et d'autre part des écarts de croissance entre les pays.

Parallèlement et face à l'intégration croissante des régions dans le paysage économique, une partie importante de la Science Régionale s'est focalisée sur l'étude des déterminants de la croissance régionale, en s'intéressant en particulier aux mécanismes de développement économique des régions et au problème du développement inégal.

Posées en ces termes, les problématiques de la croissance endogène et de la croissance régionale sont similaires, à l'échelle territoriale près : la nation pour l'analyse macroéconomique, une portion de la nation pour la Science Régionale. Il semble alors naturel de chercher à les rapprocher et cela peut être fait de différentes manières, en fonction des objectifs que l'on s'est fixés. Deux objectifs sont possibles.

1/ On peut vouloir transposer simplement les théories de la croissance endogène à la croissance régionale, c'est-à-dire, pour simplifier, travailler à l'échelon territorial plus fin. Pour atteindre cet objectif, il faut justifier l'applicabilité des mécanismes de croissance endogène aux régions et déterminer les conditions d'applicabilité.

On aboutira ici à la construction d'un modèle supplémentaire de croissance endogène, pas fondamentalement différent de ceux utilisés en Macroéconomie. L'enrichissement théorique sera surtout profitable à la Science Régionale.

2/ On peut, a contrario, réfléchir davantage sur les déterminants spatiaux de la croissance régionale et vouloir en conséquence introduire la dimension spatiale dans les théories de la croissance endogène.

On aboutira maintenant à la construction d'un modèle spatialisé de croissance endogène, apportant une dimension supplémentaire à l'analyse macroéconomique de la croissance.

Il apparait finalement que l'on peut associer ces deux objectifs en cherchant à analyser la croissance des régions à l'aide des mécanismes de croissance endogène augmentés de facteurs spatiaux. C'est ce que nous allons réaliser dans le travail présenté ci-après. Pour cela nous aborderons successivement les trois points suivants :

• dans la première partie, nous présenterons la problématique de la croissance endogène,

• dans une deuxième partie, nous montrerons comment les dimensions régionales et spatiales peuvent être introduites dans les théories de la croissance endogène,

• enfin, dans la troisième partie, nous proposerons différentes démarches de modélisation de la croissance endogène spatialisée.

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I - L A P R O B L É M A T I Q U E D E L A C R O I S S A N C E E N D O G È N E

Le champ théorique de la Croissance Endogène recouvre en vérité un ensemble interactif de plusieurs modèles, toujours en pleine évolution, comme le témoignent les nombreuses contributions scientifiques ou méthodologiques paraissant sur ce sujet dans les revues économiques françaises ou anglo-saxonnes.

C'est en présentant les enjeux de cette nouvelle analyse de la croissance économique et par la réalisation de notre propre synthèse que nous pourrons mettre en évidence les axes d'articulations nécessaires à la construction d'une théorie de la croissance endogène spatialisée.

1 . 1 . POURQUOI UNE NOUVELLE THEORIE DE LA CROISSANCE ?

1 . 1 . 1 . La critique du modèle de croissance néoclassique

L'"ancienne théorie" s'articule autour du modèle de croissance

néoclassique dont un représentant pivot est le modèle de Solow (1956). Le

modèle de croissance néoclassique vise à transposer le cadre walrasien statique de l'équilibre général au cadre dynamique de la croissance. A cet égard, il repose sur les éléments suivants :

• le produit est obtenu à partir de 2 facteurs de production substituables : le capital qui est le facteur de production accumulable et un facteur de production non accumulable (généralement le travail). La fonction de production est à rendements d'échelle constants,

• conformément aux hypothèses néoclassiques standards, la croissance économique se manifeste par l'accumulation du capital. Mais plus le stock de capital augmente, et plus le rendement du capital baisse, car les facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale qui est décroissante. Il s'en suivra une baisse de l'accumulation du capital et donc une baisse de la croissance. Ainsi le mécanisme au coeur de la théorie néoclassique (la décroissance de la productivité marginale des facteurs) est celui qui inhibe la croissance.

Les résultats du modèle de croissance néoclassique que nous retenons sont les suivants.

• L'économie tend vers une situation unique et stable de croissance

équilibrée de plein-emploi.

• Le taux de croissance du produit par tête est nul à long terme : l'économie tend vers une situation où la production par tête ne varie plus.

C'est une situation de croissance bornée.

• Pour l'économie internationale, si les facteurs de production sont mobiles, on obtient à long terme une convergence des productions par tête

1

Voir p a r e x e m p l e , les revues de s y n t h è s e r é a l i s é e s par L o r d o n ( 1 9 9 1 ) , A m a b l e et G u e l l e c (1992) et Artus (1993).

2

P o u r u n e p r é s e n t a t i o n plus technique et p l u s d é t a i l l é e c o n s u l t e r , par e x e m p l e , A b r a h a m - F r o i s , 1 9 9 1 , p 253-328.

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dans tous les pays. C'est l'idée du rattrappage de croissance qui se matérialise par le processus de convergence des niveaux de revenus par tête.

Or ces résultats ne sont pas confirmés par les faits.

• Les pays les moins avancés ne rattrappent pas les autres. On note des phénomènes de convergence seulement pour les pays similaires : le groupe des pays les plus avancés (Baumol, 1986; Barro ,1991 et Wolff, 1991), ou pour des "régions" à l'intérieur d'un bloc : Etats des USA, Régions de la CEE (Barro et Sala-I-Martin, 1990).

• Les taux de croissance subsistent (ou diffèrent) pendant de longues périodes.

Pour réconcilier les faits et la théorie, les auteurs avancent plusieurs arguments.

• L'apport d'éléments exogènes permettant une croissance soutenue : la croissance démographique, le progrès technique. Ainsi, la croissance n'est plus bornée, mais s'il y a croissance, elle est exogène, indépendante de l'économie et des processus de production.

• L'hypothèse d'une transition lente (King, Plosser et Rebelo, 1988) ou de la multiplicité d'équilibres de long terme (Azariadis et Drazen, 1990) justifiant à la fois la non observation de l'équilibre et la divergence des économies.

• Le passage à un autre modèle de croissance : la croissance endogène.

1.1.2. La croissance endogène : principes généraux

L' idée simple retenue est que si la croissance est auto-entretenue, alors sa persistance et les écarts s'expliquent. Il faut donc que le mécanisme de la croissance soit endogène et pour cela on veut identifier au coeur même du modèle une source de croissance. C'est donc bien l'explication de la croissance qui est endogène, mais pas la croissance elle-même (Malinvaud, 1993).

1/ Tout d'abord, précisons de quelle croissance on parle. Il s'agit de la croissance de l'activité économique mesurée par l'output Y produit à l'aide d'une fonction de production agrégée.

En fait, dans ces théories, plusieurs "objets de croissance" sont souvent cités, entretenant une certaine confusion, puisqu'on fait référence, dans l'explication endogène de la croissance économique à divers éléments : la croissance de la productivité marginale des facteurs, les rendements croissants, la croissance à taux croissant . . .

Mais, comme nous le verrons par la suite tous ces éléments sont impliqués, ce qui justifie l'emploi alternatif de différentes formulations de la croissance.

2/ Cependant, malgré la complexité des processus décrits et la multiplicité des modèles de croissance endogène, les auteurs qui ont analysé la thématique d'ensemble de ces théories (Amable et Guellec, 1992; Artus, 1993; Lordon, 1991 et Romer, 1994) s'accordent pour identifier deux origines principales à la recherche des nouvelles sources de la croissance. • Il s'agit d'une part, en réponse aux problèmes non résolus en économie du développement et aux questions soulevées en économie internationale

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d'apporter une solution à la controverse sur la convergence des économies. • Il s'agit, d'autre part, d'amender (plus qu'une véritable remise en cause) l'environnement de concurrence parfaite du modèle néoclassique standard en s'intéressant à la loi de décroissance de la productivité

marginale (§ 3) et au rôle du facteur résiduel dans la croissance : le

progrès technique (§ 4 ) .

3/ En effet, l'hypothèse fondamentale permettant une croissance soutenue est l'existence d'un mécanisme qui empêche l'annulation de la productivité marginale du facteur accumulable nécessaire à la production. Ensuite, le moteur endogène de la croissance réside dans la production de biens reproductibles par des biens reproductibles (à l'origine, seul le capital physique était un facteur de production reproductible). On montre que pour concilier ces deux principes, il faut que le processus d'accumulation se fasse dans le cadre de rendements d'échelle non décroissants.

Cette condition technique est, sous certaines formes, incompatible avec le cadre concurrentiel. Mais face à son observation empirique et à sa résurgence théorique (en 1928, Young met déjà en avant le rôle des rendements croissants dans l'apparition de la croissance), les modèles de croissance endogène se sont engagés dans une voie de recherche macroéconomique en concurrence imparfaite, dont les manifestations les plus évidentes sont présentées dans le paragraphe 1.1.3.

4/ Enfin, le support endogène de la croissance réside dans un facteur de production reproductible dont on a tout naturellement recherché la source dans le facteur exogène principal du modèle de croissance néoclassique : le progrès technique, appelé encore troisième facteur ou facteur résiduel (Abraham-Frois, 1991, p 279).

Selon les modèles, différents procédés sont alors mis en oeuvre pour améliorer endogènement la technologie, désignée quelquefois sous le terme encore plus générique de connaissance. Ils seront présentés lors de la synthèse des modèles de croissance endogène (§ 1.2.).

Néanmoins, la reconnaissance au sein de la fonction de production néoclassique d'un autre facteur accumulable associé au progrès technique, indique d'ores et déjà une évolution dans l'approche de la croissance économique : celle-ci n'est plus uniquement quantitative (c'est une accumulation toujours plus grande de quantités de facteurs de production), mais elle s'investit désormais d'une dimension qualitative à travers l'analyse des phénomènes de connaissance. Bien sûr, la mise en oeuvre de cette dimension qualitative s'effectue toujours par le biais de mesures (accroissement du capital humain, des innovations, diversification des produits, gains de productivité induits du capital . . . ) .

Nous serons alors amenés à faire le lien entre cette nouvelle approche et l'adoption de nouvelles techniques d'analyse de la croissance : dynamique des systèmes, dynamique chaotique . . .

L ' a u t r e f a c t e u r exogène est la croissance d é m o g r a p h i q u e , et nous v e r r o n s q u e l'on peut également, sous certaines c o n d i t i o n s , l'intégrer d a n s u n p r o c e s s u s e n d o g è n e d e reproduction.

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1.1.3. Croissance endogène et concurrence

Trois principes permettent de concilier l'existence de rendements croissants et l'environnement concurrentiel.

1/ Les externantes marshalliennes

Selon la tradition marshallienne, les fonctions de production de chaque firme, prise individuellement, fonctionnent à rendements d'échelle non croissants. Par contre, au niveau collectif, des externalités positives peuvent naître de la participation de l'ensemble des entreprises à l'activité économique. Par exemple, il peut s'agir, pour des entreprises de petite taille mais travaillant dans la même activité, des bénéfices retirés d'une taille collective plus grande (c'est ce que l'on pourrait appeler un effet externe d'économie d'échelle). Il peut encore s'agir, pour des firmes travaillant dans des secteurs différents, des bénéfices tirés de la complémentarité de leurs activités (c'est ce que nous identifierons comme un des aspects des externalités d'agglomération).

Il s'agit donc bien d'effets externes aux firmes qui doivent alors se focaliser sur des éléments extérieurs aux processus de production privés. Tout naturellement, c'est le processus d'améliorât ion endogène du facteur résiduel qui portera la charge des externalités marshalliennes.

2/ Les dimensions publiques et collectives de la production

Pour conserver le cadre concurrentiel, l'amélioration de la technologie doit être collective et bénéficier à tous, de même qu'elle ne peut être appropriable individuellement. Dans ces conditions, seule la production publique de technologie est possible et deux options, souvent complémentaires, peuvent être envisagées. Soit on incorpore dans la fonction de production un facteur dépenses publiques qui améliore la productivité des facteurs privés (Aschauer, 1989; Barro, 1990, 1991). Soit on insiste sur le rôle des dépenses publiques d'éducation et de R&D dans le processus d'accumulation de la connaissance (Artus et Kaabi, 1993; Bouayad, 1994; Rajhi, 1993).

Mais, ces approches ignorent intentionnellement la création privée de la connaissance, c'est à dire la possibilité pour une entreprise d'obtenir une rente de monopole en produisant une technologie plus performante. En fait les firmes ont intérêt à investir dans le secteur de la R&D et à produire des innovations (Aghion et Howitt, 1989; Romer, 1990). Finalement, pour concilier les rendements croissants impliqués par la concurrence monopolistique et le cadre concurrentiel, les auteurs font appel à une analyse fine des propriétés des biens publics et privés, accordant un caractère non rival au produit de la recherche, bien que temporairement appropriable, par le dépôt de brevets par exemple.

3/ L'évolution du processus de production

Finalement, les modifications apportées dans la fonction de production ne font qu'illustrer l'évolution du processus de production : rôle du capital humain, des innovations et des investissements publics.

Les mécanismes plus complexes d'accumulation de connaissance qui en découlent ne font alors que refléter l'allongement des processus de production, ce qu'Allyn Young (1928) nommait les détours de production. En effet, même si on ne peut totalement assimiler l'analyse de la croissance de Young et celle des théories de la croissance endogène (Grangeas et al,

(10)

1994 ), les éléments contenus dans la séquence d'événements suivante nous semblent significatifs :

> l'accroissement de la dimension du marché entraîne un accroissement du capital par tête;

> celui-ci se matérialise par une division du travail plus importante (mécanisation de plus en plus de tâches par exemple) et est donc à l'origine des rendements croissants;

— » des revenus supplémentaires sont ainsi distribués permettant en réponse un accroissement de la demande et donc de la dimension du marché.

Ainsi, la dimension du marché et le détour de production (ou

allongement du processus de production) semblent des éléments clés dans

l'apparition des rendements croissants. Face à l'internationalisation croissante des marchés et à l'incorporation de plus en plus importante de biens et services intermédiaires dans les processus de production, ce raisonnement garde toute son actualité. Nous y reviendrons alors largement dans la deuxième partie.

Enfin, pour terminer l'examen des rapports des théories de la croissance endogène au cadre concurrentiel, nous rappellerons que les différents amendements apportés aux hypothèses concurrentielles tradition-nelles ont comme conséquence la dissociation entre V équilibre et l'optimum puisque la croissance s'assortit nécessairement d'un "surplus" social.

Il importe maintenant d'identifier entre la problématique décrite ci avant et la dimension spatiale des activités économiques, des axes possibles d'intégration des mécanismes de la croissance endogène en économie spatiale. C'est ce que nous allons maintenant réaliser à travers

la synthèse de différents modèles de croissance endogène.

1.2. SYNTHESE DES MODELES ET NOUVELLE PROBLEMATIQUE

Nous nous intéresserons ici uniquement aux modèles fondateurs de la théorie de la croissance endogène, pour lesquels nous avons admis l'existence d'un processus de formation de rendements croissants dans l'activité économique. Nous allons maintenant préciser ce processus en déterminant quels sont les éléments qui le rendent réalisable. Ceci sera l'objet du premier paragraphe. Ensuite, dans un second temps, une synthèse globale sera réalisée, mettant l'accent sur la dimension spatiale en germe dans les modèles.

1.2.1. Modèles de croissance endogène

a) Le modèle de Romer (1986) avec accumulation de connaissance technologique

L'accumulation de capital par le biais de l'investissement, au niveau de chaque firme, accroit en même temps le stock de connaissance disponible dans l'économie.

La connaissance commune est une externalité marshallienne. Elle est permise par l'expérience acquise (le learning by doing) et peut être favorisée par

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l'existence de complémentarités entre les firmes ou les activités.

Nous soutenons que l'existence de l'externalité est possible grâce à la diffusion de la connaissance et donc de l'information, et qu'elle est facilitée par l'agglomérat ion de firmes ou de secteurs complémentaires.

b) Le modèle de Lucas (1988) et l'accumulât ion du capital humain

Les choix des individus de consacrer une partie de leur temps dans une formation (choix intertemporel) ou de travailler dans des secteurs requérant des niveaux de formation différents (choix intersectoriels), conduit à un processus d'accumulation du capital humain, dont une partie reste privée, tandis que l'autre bénéficie à l'ensemble de l'économie. L'externalité portée par le capital humain social est marshallienne et son ampleur dépend soit de la quantité de capital humain déjà accumulée dans le passé, soit de la quantité de capital humain développée simultanément par chaque secteur. La croissance dépend, dans le premier cas des conditions initiales et, dans le second cas, de la prédominance de secteurs à forte teneur en capital humain.

Nous soutenons que l'externalité est permise par l'améliorât ion de la connaissance (rôle de l'éducation et de la R&D), par la diffusion de cette connaissance et qu'elle est facilitée par l'agglomérat ion des activités à forte teneur en capital humain.

c) Les modèles de Romer (1990) et d'Aghion et Howitt (1989) et 1'accumula-tion des innova1'accumula-tions

L'innovation technologique est permise par l'investissement des entreprises d'une partie de leur capital humain dans les activités de R&D, ceci afin de produire de nouveaux inputs plus performants, mais aussi plus spécialisés. Les innovations s'ajoutent (Romer) ou se substituent (Aghion et Howitt) aux anciennes.

L'allongement du détour de production ainsi crée entraine une production à rendements croissants, dont la légitimité concurrentielle renvoie à la partie sociale de la connaissance ainsi produite : c'est une externalité marshallienne similaire à celle du modèle de Lucas.

La croissance dépend de la productivité du secteur de R&D privé, soutenu éventuellement par son homologue public et est donc liée au potentiel de recherche du pays.

Nous soutenons que l'externalité est soutenue, d'une part, via la diversification des inputs, par la complémentarité entre les firmes et d'autre part, par la complémentarité entre les secteurs publics et privés de R8D.

d) Les modèles de Barro (1990) et Ashaeur (1989) et le capital public Les dépenses publiques contribuent à accroitre la productivité des facteurs privés. Les rendements d'échelle par rapport aux facteurs privés sont non croissants, mais la prise en compte des facteurs fournis par l'Etat génèrent des rendements globaux croissants.

On retrouve les thèses de l'allongement du détour de production et de 1'externalité portée par un bien public.

Si on s'intéresse uniquement au dépenses publiques d'éducation et de R&D, on réconcilie la plupart des externalités énoncées précédemment.

Nous soutenons que d'autres types de dépenses publiques peuvent accroître la productivité des facteurs privés : les infrastructures de communication.

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Les modèles de croissance endogène appliqués à l'économie internationale ou à l'économie du développement, intègrent la plupart des mécanismes décrits ci-avant. Puisqu'ils s'intéressent à la comparaison des développements économiques des pays et au problème du développement inégal, nous les présenterons dans la deuxième partie de l'article.

1.2.2. Synthèse : la découverte de la dimension spatiale ? La mise en commun de nos différents commentaires suggère :

• r introduction de nouveaux facteurs dans le processus de production : la communication ou l'information, les activités complémentaires à la production ... et

• la prise en compte des externantes d'agglomérat ion.

Il importe de montrer si ces deux propositions s'accordent avec les mécanismes de la croissance endogène et c'est ce que nous allons maintenant examiner.

Il - C R O I S S A N C E E N D O G È N E , C R O I S S A N C E D E S R É G I O N S E T E S P A C E

La construction d'une théorie spatiale de la croissance endogène nous amène à prendre en considération l'environnement régional de la croissance (§ 2.1.) et à inclure la dimension spatiale conformément aux deux proposition qui viennent d'être énoncées (§ 2.2.).

2.1. L'ENVIRONNEMENT REGIONAL DE LA CROISSANCE

2.1.1. Principes généraux

C'est en analysant les applications des théories de la croissance endogène à l'économie internationale et à l'économie du développement que l'interface entre la problématique de la croissance endogène et celle des régions peut être réalisée.

1/ Croissance endogène économie internationale et économie du développement En économie internationale, les modèles de croissance endogène apportent la preuve que l'existence des économies d'échelle induisent un processus cumulatif de croissance pour le pays qui bénéficie d'un avantage. Cet avantage peut être : un stock de capital plus élevé (Krugman, 1981), une spécialisation dans la production de biens à fort potentiel de productivité (Young, 1991) ou à forte intégration de capital humain (Krugman, 1990) ou encore de meilleure qualité (Grossman et Helpman, 1991), ou encore une meilleure diffusion des connaissances (Grossman et Helpman, 1990).

L'effet de l'ouverture des frontières est généralement favorable car les efforts en matière de R&D ou de capital humain sont répartis sur une production plus importante.

Ainsi, la dotation en facteurs de croissance et la spécialisation sont les conditions initiales de la mise en oeuvre de la croissance.

Nous retrouvons ces principes dans les travaux consacrés aux problèmes du développement économique. L'accent est principalement porté sur la dotation en capital humain des pays. Pour Becker, Murphy et Tamura (1990),

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il existe une relation inverse entre la croissance démographique et l'accumulation de capital humain, tandis que pour Azariadis et Drazen (1990), les choix entre l'accumulation de capital physique (production) ou de capital humain (formation) sont primordiaux. Dans les deux cas, les auteurs mentionnent des "trappes à sous-développement" lorsque le niveau de capital humain est insuffisant.

En fait, ces différents modèles rejettent le principe de convergence des économies et lui préfèrent celui de développement inégal : les écarts de croissance subsistent entre les nations, et ceci malgré les échanges (a piori vus comme des moyens d'étendre le marché ou d'acquérir des facteurs de croissance). Ceci, nous autorise à transposer la problématique de la croissance internationale à celle des régions : tous les espaces régionaux ne connaissent pas le même niveau de développement (c'est le cas en particulier des espaces ruraux) et ce sont automatiquement des espaces ouverts par rapport à leur territoire national (échanges de biens, de personnes).

2/ Le développement régional inégal : un constat

L'analogie avec la théorie néoclassique de la croissance permet de dire qu'une situation généralisée de croissance économique conduit à une homogénéisation de l'espace (Lacour, 1985) : c'est-à-dire que toutes les régions connaissent à terme le même niveau de développement puisqu'elles bénéficient à terme des mêmes conditions économiques. C'est, comme l'enseigne la théorie de la polarisation, la multiplicité des échanges qui permet la diffusion de la croissance et la banalisation des espaces.

Par contre la crise révèle qu'il existe des espaces différents : villes - espaces ruraux ou espaces en croissance - espaces en retard de développement, et pose le problème de la gestion des espaces difficiles. La crise économique, parce qu'elle réduit les fruits de la croissance, finit toujours par se focaliser sur des espaces (Gilly, 1984).

Bien sûr, les politiques de développement régional ont toujours admis l'existence d'espaces différents (la ville et 1'anti-ville dans la théorie des pôles de croissance, l'espace intérieur et l'espace extérieur dans la théorie de la base), reconnaissant même une certaine vertu à cela. Mais, si la différence n'est pas forcément dommageable, le développement inégal des régions pose des problèmes d'équité, d'équilibre territorial et à terme d'efficacité économique.

Le développement inégal des régions est un constat : on observe des taux de chômage, des niveaux de revenu et de production différents. Dans ce contexte, les nouveaux modes de développement privilégient la recherche d'une croissance propre à l'espace (c'est ce que l'on appelle le

développement par le bas ) plutôt que celle d'une croissance importée.

Nous examinerons comment cette recherche d'un développement économique autonome peut être endogène, compte tenu de la problématique des échanges.

P l u s p r é c i s é m e n t , il s'agit d'un secteur résidentiel et d ' u n s e c t e u r e x p o r t a t e u r .

6

E n c o r e a p p e l é d é v e l o p p e m e n t endogène parce qu'il s ' a p p u i e sur d e s p o t e n t i a l i t é s locales, internes à l'espace considéré.

(14)

3/ La problématique des échanges

L'examen, de la nature et du contenu des échanges permet de cerner la problématique des échanges régionaux.

a) La nature des échanges

Si on peut assimiler une région à un petit pays, le "reste du monde" ne peut être considéré comme d'un seul tenant. Il faut en effet distinguer les autres régions appartenant au même territoire national (c'est 1"anti-région" de Dendrinos, 1984) et les pays étrangers.

Cette distinction s'impose parce que les échanges ne sont pas gouvernés de la même façon. Par exemple, sur le territoire national il y a parfaite mobilité de tous les facteurs de production, alors qu'au moins une restriction sur le facteur travail existe entre la nation et l'étranger.

Deux niveaux d'échange sont donc présents : le commerce interrégional

et le commerce international. Plusieurs conséquences en découlent.

• Chaque région se trouve placée en situation de verticalité de dépendance et d'horizontalité de concurrence (Lacour, 1985) : la force des liens étant plus marquée entre la région et le territoire national. L'examen des relations de dépendance ou d'autonomie sont donc primordiales. En particulier, dans l'évaluation de la croissance régionale, il importe de distinguer 1' influence de la croissance économique de la nation et celle des facteurs régionaux uniquement . De même les politiques publiques peuvent être menées par des acteurs différents : l'Etat, la Région, voire

la CEE, de façon dépendante ou avec une relative autonomie.

• Chaque région dispose d'un marché à trois composantes : le marché local, le marché national et le marché international, ce qui lui permet de valoriser ses ressources dans trois directions.

Par exemple, en tenant compte des enseignements de la théorie de la base, le secteur d'exportation s'appuiera sur la demande nationale et internationale (celle-ci est exogène), tandis que le secteur hors base ou local s'illustrera sur le marché local (de nature endogène). On peut même "inverser la théorie de la base" en tenant compte cette fois-ci des importations en provenance de la nation et de l'étranger; importation de personnes essentiellement : résidants ou touristes.

• L'évaluation de la spécialisation de chaque région tient également compte de ce double niveau d'échanges puisqu'il faudra construire trois types d'indicateurs de spécialisation (Kuiper et Paelinck, 1981) :

- de la région par rapport aux autres régions nationales, - de la région par rapport aux autres pays,

- et éventuellement du pays par rapport aux autres pays (cet indicateur s'imposant si on estime que le commerce Région/Etranger est lié fortement au commerce Nation/Etranger).

Il faut alors disposer de l'information nécessaire à l'évaluation de ces spécialisations, de manière à cerner les possibilités d'application des modèles de croissance endogène. A ce stade, les problèmes liés à l'élaboration de comptabilités régionales apparaissent : il s'agit à la fois de difficultés de définition et d'appréciation des agrégats régionaux

(par exemple, la distinction entre production nationale et production intérieure est beaucoup plus importante dans le cas de la région du fait de son ouverture sur l'extérieur (Démons, 1978, 1979) et de difficultés de collecte d'informations.

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b) Le contenu des échanges

Nous nous intéressons uniquement ici à la mobilité des facteurs et à la dynamique de la population.

• En effet, sur l'espace national, les possibilités de mobilité de tous les facteurs sont réelles. S'il y a restriction à la mobilité, elle dépend, pour le facteur travail de la mobilité de la population, et pour le capital physique des opportunités de rendements.

Il existe donc plusieurs éléments de résistance à la mobilité, qui dépendent essentiellement du différentiel d'utilité ou de bénéfice retiré du déplacement d'une région à une autre.

• Par ailleurs, la dynamique de la population est basée sur le double fonds du solde naturel et du solde migratoire. On touche ici, une différence essentielle entre les mécanismes de croissance endogène appliqués aux nations et la croissance régionale. En effet, dans les modèles de croissance endogène, la population est supposée croître à un taux naturel constant exogène qui détermine en retour la croissance du facteur travail. Dans l'analyse de la croissance régionale, il faudra tenir compte également des transferts de population entre régions. Ceux-ci étant largement conditionnés par la croissance économique, la dynamique de population devient endogène, entraînant avec elle la dynamique du facteur travail. Compte tenu, enfin des liens essentiels entre le facteur travail et le capital humain, facteur au coeur de nombreux modèles de croissance endogène, une attention particulière sera donnée à la modélisation de la dynamique de population dans la troisième partie de ce travail.

Finalement, il semble possible d'analyser la croissance des régions sur le mode de la croissance internationale, aux restrictions suivantes près : un double niveau d'échanges apparait, les interdépendances sont plus nombreuses et plus complexes, l'analyse factuelle est difficile à réaliser. L'examen des facteurs de croissance va nous permettre de préciser encore chacun de ces points tout en mettant en évidence les possibilités d'émergence d'une croissance endogène régionale.

2.1.2. Les facteurs de croissance

Pour que le modèle de croissance endogène s'applique à l'échange international, il faut que le pays dispose d'un facteur de croissance, soit par dotation initiale ou à travers un potentiel d'acquisition, via la mobilité des facteurs de production.

1/ La dotation en facteurs de croissance

C'est à travers l'évaluation d'indicateurs régionaux de spécialisation que l'on peut d'une part identifier la composition sectorielle des régions, et d'autre part faire émerger des facteurs de croissance.

• L'étude menée par Kuiper et Paelinck (1981) met ainsi l'accent sur le rôle important joué d'une part, par les secteurs attractifs : industrie de haute technologie, infrastructures de communication, secteur de R&D ... et d'autre part, par la spécialisation sectorielle des régions. Ces éléments sont conformes aux mécanismes de croissance endogène car les secteurs attractifs permettent d'accroître la productivité des facteurs employés. Plus une région sera spécialisée dans ces secteurs et plus elle se développera.

Dans les faits, on s'aperçoit que ces secteurs sont effectivement localisés en priorité dans les régions en croissance, tandis que les régions en retard de développement présentent un déficit dans de tels

(16)

secteurs (Camagni et Cappelin, 1984).

• Notons également, que si on travaille sur des indicateurs de spécialisation fonctionnelle (conformément à la théorie de la division spatiale du travail), on retrouve les mêmes répartitions : les régions en croissance concentrent les fonctions de communication, de recherche et développement.

Examinons à cet égard le rapport du capital humain à l'espace. Le capital humain est localisé avec l'individu et se déplace avec lui. Dans ce cas, l'accent est mis sur les dotations en "capital de formation et d'emploi" des lieux d'origine et de destination car il permet l'acquisition et la valorisation du capital humain. Or, on s'aperçoit là encore que les régions ne sont pas également dotées de ce type de capital. Par exemple, Landais (1980, p 330) insiste sur les différences de composition du capital humain détenu par les ruraux ou par les urbains.

2/ La potentialité d'acquérir des facteurs de croissance

Pour une région, le potentiel d'acquisition des facteurs de croissance dépend d'une part des possibilités de mobilité des facteurs ou de diffusion de la connaissance et d'autre part de son attractivité.

• Nous venons de voir que les secteurs attractifs sont surtout mobilisés dans les régions déjà en croissance et que la mobilité des facteurs dépend des différentiels d'attractivité des régions. Dans ce cadre, il est certain que la croissance appelle la croissance, car les facteurs de croissance se dirigeront vers les régions où les opportunités de productivité sont les plus fortes, c'est-à-dire celles où l'accumulation des facteurs de croissance est déjà importante.

• De même, la diffusion automatique de la connaissance paraît douteuse, car dans sa composante privée, l'avantage technologique s'assortit d'une rente de monopole. La diffusion de la composante sociale de la connaissance est soumise aux circuits de diffusion de la R&D, localisés, là encore, dans des régions spécifiques.

• Pour sortir d'un tel schéma, il faut s'appuyer sur les deux éléments suivants :

- le potentiel d'acquisition de facteurs de croissance dépend du niveau d'accumulation déjà atteint,

- il existe des possibilités de renversement de tendance.

Le premier élément fait référence à l'existence d'une dotation initiale minimale en facteurs de croissance en dessous de laquelle tout processus d'accumulation est impossible. On peut faire ici le lien, avec l'exigence d'une taille "minimale", bien que déjà très importante, pour la fourniture d'un bien collectif, par exemple, et les rendements croissants.

Le second élément suggère à l'inverse qu'il peut exister dans les régions un volume maximal de facteurs de croissance au delà duquel, des externalités négatives se produisent, détournant les mécanismes d'accumulation vers d'autres régions.

Ainsi, l'hypothèse d'un seuil minimal de dotation en facteurs est souvent retenue pour l'étude des régions en retard de développement. Le rôle des politiques publiques est alors mis en avant, qu'il s'agisse de produire ces facteurs de croissance ou d'inciter les agents économiques privés à le faire. Par contre, l'existence de seuils dissuasifs, c'est-à-dire de production d'externalités négatives n'est pas retenue dans la problématique de la croissance endogène alors qu'elle est admise dans l'analyse des dynamiques spatiales.

(17)

Notons que 1'introduction de seuils dans les processus d9 accumulât ion permet de passer d'une dynamique "continue" à une dynamique "discontinue", pouvant être étudiée à l'aide des modèles de type ABC souvent appliqués à

l'analyse des dynamiques des espaces urbains ou régionaux (Lung, 1987). Finalement, les mises en parallèle des modalités de croissance endogène et de croissance régionale, mettent l'accent sur le potentiel attractif des régions, que l'on décrit en économie spatiale comme la combinaison d'un effet masse (ici c'est la dotation en facteur de croissance) et d'un effet de diffusion (ici c'est le phénomène d'accumulation). Cette analogie spatiale va être maintenant détaillée.

2.2. LA COMPOSANTE SPATIALE DE LA CROISSANCE ENDOGENE

Les facteurs de production traditionnels sont le capital, le travail et la terre, les quantités totales disponibles dans l'économie des deux derniers étant conventionnellement considérées comme fixées. On admet cependant que le facteur travail peut être reproduit, en quantité et en qualité, grâce aux variations de la population et en considérant sa composante capital humain. Par contre, par nature, il est impossible d'accroître la quantité du facteur terre disponible dans l'économie (Romer,

1994, p 12) et donc de faire jouer l'hypothèse des rendements d'échelles. Pour pallier cet obstacle, il suffit de considérer, à l'instar du facteur travail et du capital humain, le capital spatial composé du support terrestre et de tout ce qui s'y trouve localisé. C'est l'optique que nous retenons dans cette étude (§ 2.2.1.)

Par ailleurs, les mécanismes de la croissance endogène s'appuient sur l'existence d'un facteur de production générateur d'externantes. Le capital spatial, considéré comme un ensemble de facteurs localisés (§ 2.2.2.) producteur d'externalités d'agglomération (§ 2.2.3.) répond à cette condition.

2.2.1. Le capital spatial

Définition : on appelle capital spatial, la somme des capacités productives

incorporées dans le sol. Il s'agit des opérations de viabilisation, du service résidentiel (les bâtiments), des moyens d'accessibilité

(télécommunications et accessibilité matérielle) . . .

Un certain nombre de particularités économiques caractérisent le capital spatial car la dimension spatiale comprend à la fois l'aspect sol

(support de l'activité) et l'aspect localisation (les activités sont positionnées dans l'espace les unes par rapport aux autres).

1/ Capital spatial et sol

Selon cet aspect, le capital spatial d'un espace est constitué de toutes les activités qui concourrent à accroître la productivité des autres facteurs de production. On peut recenser les activités de recherche et de formation, les infrastructures de communication, les services aux entreprises ...

le t e r m e est d e Lung (1987) et signifie A u t o - o r g a n i s a t i o n , B i f u r c a t i o n et C a t a s t r o p h e .

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Ainsi "l'espace fournit un service qui est la possibilité d'étaler les

activités élémentaires et d'organiser leurs relations. On pourrait alors considérer que l'espace est, selon la terminologie de Gutenberg , un facteur de stock. Ce n'est pas la quantité du facteur de stock (ici la surface utilisée), mais le flux de prestations tirées de ce stock, qui est le facteur directement productif" (Huriot, 1977, p 150).

Concrètement, la participation du capital spatial à l'amélioration de la productivité des autres facteurs, dépendra de deux éléments :

- le type de l'activité présente,

- la surface occupée par cette activité.

• En effet, les activités ne participent pas toutes de la même façon à l'amélioration de la productivité et elle n'occupent pas toutes la même quantité d'espace (on dit qu'elle n'ont pas le même coefficient d'utilisation d'espace).

• Puisque la quantité de sol diponible est limitée et qu' il y a concurrence pour l'occupation de l'espace entre les activités, chaque région dispose d'une quantité plus ou moins grande de capital spatial de qualité plus ou moins bonne. La dotation en capital spatial peut être évaluée par des indicateurs de spécialisation.

2 / Capital spatial et localisation

Les activités étant localisées dans des endroits différents, les positions d'éloignement ou de proximité des unes par rapport aux autres sont primordiales, car cela conditionne la plus ou moins bonne organisation de leurs relations.

Sous cet aspect, l'espace peut encore être considéré comme un facteur de production pour une firme (Isard, 1956, p 77-90, parle d'input de

transport) puisqu'il intervient dans le choix d'une localisation optimale

(problème de Weber, par exemple). Cependant en présence d'une forte mobilité des facteurs de production et d'un important développement des moyens de communication "immatériels", l'avantage financier d'une bonne localisation pour une firme s'amoindrit. Seul le bénéfice par rapport à la localisation du facteur travail subsiste.

Pour l'ensemble des firmes, au niveau d'une région, l'aspect localisation n'a de sens que par rapport à la concentration ou la dispersion des activités entre elles, c'est-à-dire par rapport aux possibilités de production d'externalités d'agglomérations et à la diffusion de celles-ci (ce qui renvoie encore au rôle des moyens de communication). C'est donc l'aspect facteur de production d'externalités qui est associé ici au capital spatial.

Finalement, le capital spatial contient tous les éléments nécessaires à la mise en oeuvre d'un mécanisme de croissance endogène : des facteurs de croissance localisés dans l'espace et produisant des externalités. Ces facteurs de croissance sont les facteurs de communications et les services à la production et les effets externes sont les externalités d'agglomé-ration.

G u t e n b e r g , 1951, G r u n d l a g e n der B e t r i e b s w i r t s c h a f t s l e h r e , Bd I : Die P r o d u k t i o n , 1 è r e é d i t i o n , B e r l i n , Göttingen, Heidelberg.

(19)

2.2.2. Les facteurs de localisation

Dans une économie de plus en plus orientée vers la recherche d'informations, l'accès rapide à une information de plus en plus élaborée devient stratégique. La productivité des firmes est alors dépendante des moyens d'accès à cette information, comme les infrastructures de communication matérielle et immatérielle ou les services de communication.

Dans une économie de plus en plus orientée vers la multiplication des opérations marchandes, la recherche d'une organisation efficace des relations entre les activités économiques est primordiale. La productivité des firmes est alors dépendante de l'existence de services à la production.

Or les moyens de communication et les services à la production rentrent naturellement dans les mécanismes de croissance endogène. Nous allons le montrer en examinant d'une part les caractéristiques des moyens de communication et d'autre part le rôle des services aux producteurs dans le processus de production.

1/ Moyens de communication et croissance endogène

Cinq points de similitude peuvent être identifiés entre les caractéristiques des moyens de communication et les mécanismes de la croissance endogène.

• Les moyens de communication participent à la diffusion de la connaissance parce qu'ils facilitent l'accès à l'information : les infrastructures de télécommunications permettent une diffusion rapide et multi-sites des connaissances (exemple de l'Echange de Données Informatiques, des satellites . . . ) .

• Les moyens de communication facilitent les échanges entre les firmes en relations de complémentarité (Tofflemire, 1992) : création et organisation des réseaux de coopérations grâce à la logistique.

• Les moyens de communication possèdent une forte caractéristique de bien collectif : les infrastructures de communication sont produites par le secteur public, la production est à rendements croissants (du moins par seuil) et il y a différents niveaux d'exclusion d'usage (de la gratuité à la tarification privée en fonction des prestations).

• Les moyens de communication constituent une partie importante des innovations.

• Les moyens de communication sont des facteurs de production accumulés (moyens informatiques, courrier électronique, fax, implantation d'agences, télécommunication . . . ).

Pour toutes ces raisons, les facteurs de production consacrés à la production de moyens de communication sont de nature à assurer une croissance soutenue de l'activité économique car ils incorporent une partie importante des progrès technologiques, ils permettent d'accroître réellement la productivité et ils produisent effectivement des externalités (Tofflemire, 1992). Enfin, ils tentent de réconcilier les théories de la croissance endogène et le cadre concurrentiel en améliorant la transparence des marchés.

2/ Services aux producteurs et processus de production

Les services aux producteurs incluent une large palette d'activités comme "les services bancaires, d'assurance, d'administrât ion, de droit, de

transport et communication, de comptabilité, de gestion, de publicité, de marketing, de recherche et de développement, d'audit, de conseil en

(20)

management et en ressources humaines" (Hansen, 1990, p 466).

De ce fait, les services aux producteurs constituent une partie de plus en plus importante de l'activité économique et consomment en conséquence une part de plus en plus importante des facteurs de production. En fait, ils s'inscrivent dans un processus de division du travail aussi bien à l'intérieur des firmes que entre les firmes lorsque qu'ils sont produits par des entreprises spécialisées. Deux conséquences en résultent. o D'une part, les services aux producteurs assurent un détour de production et conformément aux thèses de Young, ils sont générateurs de rendements croissants.

• D'autre part, ils impliquent une multiplication des transactions et une intégration de plus en plus forte des marchés. Or selon plusieurs auteurs, la marchandisation croissante de l'économie va de pair avec le dévelop-pement urbain (Aydalot, 1985, p 172; Landais, 1980, p 325). On s'aperçoit en effet que les services aux producteurs sont essentiellement localisés dans les agglomérations.

Ainsi, la productivité des facteurs sera d'autant mieux améliorée par les services aux producteurs, que les firmes seront concentrées et localisées dans des espaces richement dotés en moyens de communication et autres services aux producteurs. Cette condition est nécessaire à l'émergence des externalités d'agglomération.

2.2.3. Les économies d'agglomération

Nous nous sommes aperçus que le concept d'externalités d'agglomération était en germe dans les théories de la croissance endogène. L'objet de ce paragraphe est de préciser cette intuition à travers la présentation du concept (§ 1 ) , de ses modes d'expression (§ 2) et de ses propriétés (§ 3 ) . 1/ Définitions

"Le facteur d'agglomérat ion est un avantage ou une réduction du prix de la production ou de la distribution qui résulte du fait que la production est portée à un niveau considérable à un endroit" (Weber, 1909, p 126). Béguin (1988) remarque alors que les économies d'agglomération combinent deux effets : les économies d'échelle traditionnelles liées à la taille de l'entreprise et les externalités liées à la présence dans un même lieu de plusieurs firmes.

En fait, ce concept est déjà présent chez Marshall qui exprime que les économies d'échelles peuvent trouver leur origine dans la manifestation d'"économies internes" qui augmentent avec la taille des firmes, mais aussi dans la manifestation d"économies externes" aux firmes dispensées par le milieu économique dans lequel elles se situent et qui sont communes à toutes les firmes (Catin, 1991, p 573).

Les économies d'agglomération sont donc externes aux firmes mais internes à l'espace considéré. On peut les décomposer en deux grandes catégories :

- les économie de localisation qui dépendent de ce que l'on trouve

dans le milieu (qualité de la main d'oeuvre, relations de complémentarité entre les firmes en situation de proximité ... ).

- les économies d'urbanisation qui sont liées à la taille de

l'agglomération et sont donc corrélées avec les types d'activités localisés dans les villes : infrastructures, services . . .

(21)

Ainsi, les externantes d'agglomération dépendent :

- de la façon dont les activités se localisent (concentration ou dispersion); en ce sens elles sont essentiellement attachées au milieu urbain,

- du lieu où elles se localisent dans ou à proximité des zones urbaines (être à proximité de l'agglomération est une façon de profiter de ses avantages sans en subir les inconvénients ).

2/ Modes d'expression

• La forte corrélation entre la ville et les économies d'agglomération provient de la concentration d'activités diversifiées permettant aux relations de complémentarité entre les firmes de s'exprimer (Hansen, 1990, p 469).

• Les économies d'agglomération sont liées aux secteurs publics de R&D et de fourniture d'infrastructures de transport et de communication, et aux services publics car elles dépendent des facilités d'accès à tous les services aux producteurs.

• Les économies d'agglomération permettent d'améliorer singulièrement la productivité des firmes comme le soulignent les études empiriques réalisées par Catin (1991). Par exemple, la productivité du travail se trouve être améliorée par la taille de la ville.

• Même si d'une façon générale, on relie les externalités d'agglomération aux phénomènes de concentration des activités économiques, il semble que différentes phases puissent être distinguées. Ainsi, à l'origine, le simple fait de l'agglomération d'activités économiques suffisait à produire des externalités spatiales d'agglomération. Le phénomène était alors simplement issu d'un processus quantitatif d'accumulation. Par la suite, la qualité des activités s'agglomérant est devenu importante comme le souligne le rôle de l'innovation, de la R&D, des services aux producteurs dans les gains de productivité autonomes.

De ce point de vue, on ne pourra jamais tout à fait assimiler les externalités d'agglomération produites par les grandes villes où toutes les formes d'activités sont présentes, à celles produites par les petites villes seulement en phase d'accumulation quantitative d'activités.

La définition du contenu du capital spatial E(t) que nous avons retenue permet de cerner à la fois ces dimensions quantitative (volume d'activités) et qualitative (types d'activités) puisque nous avons privilégié les activités améliorant la diffusion de l'information, à travers les insfrastructures de communication et de transport, et les services aux producteurs. Nous pourrions tout aussi bien y adjoindre les activités de R&D et d'Education, retenues jusqu'à présent, dans les modèles de croissance endogène.

Finalement les économies d'agglomération synthétisent la plupart des externalités marshalliennes retenues dans les modèles de croissance endogène. L'intérêt de les préférer à ces dernières tient à leurs propriétés spécifiques.

(22)

3/ Propriétés

Nous en distinguerons trois.

• Les économies d'agglomération sont en réalité positives ou négatives. Il existe des déséconomies d'agglomération lorsque la concentration des activités ou des personnes implique des coûts pour la collectivité : pollution, congestion, file d'attente ...

• Il existe en fait un seuil minimal de concentration d'activités économiques en dessous duquel il n'y a pas production d'économies d'agglomération, mais il existe également un seuil maximal de concentration au delà duquel les externalités produites deviennent négatives. Si l'existence d'un seuil minimal est déjà prise en compte dans certains modèles de croissance endogène avec dépenses publiques (d'Autume et Michel, 1993; Bouayad, 1994), par contre l'existence d'un seuil maximum et d'externalités négatives n'est pas considérée.

• Les économies d'agglomération jouent sur le potentiel d'acquisition de facteurs de croissance : la possibilité d'en bénéficier attirera les activités et les personnes. Elles constituent donc un mode de différenciation des espaces. Mais, en retour, une trop forte accumulation d'activités ou de personnes pourra faire naître des déséconomies d'agglomération faisant fuire les facteurs de croissance.

Il importe alors de définir avec précision les modes d'accumulation des facteurs produisant les externalité d'agglomération, car ils seront à l'origine de dynamiques économiques multiples.

Au terme de ces différentes analyses, les bases d'une théorie spatiale de la croissance endogène ont été jetées. Axées sur l'introduction dans la fonction de production d'un facteur spatial : le capital spatial, producteur d'externalités d'agglomération, cette théorie est appliquée à l'étude de la croissance des régions ou d'espaces spécifiques (espaces ruraux vs espaces urbains par exemple).

La construction de cette théorie va maintenant se poursuivre par la présentation de différentes démarches de modélisation.

III - M O D È L E S D E C R O I S S A N C E E N D O G È N E S P A T I A L I S E S : M É T H O D O L O G I E

En fait, l'ampleur du domaine étudié et la complexité des phénomènes décrits déterminent plusieurs options de modèles possibles. On retrouve là une des caractéristiques de la théorie de la croissance endogène.

Les choix peuvent porter aussi bien sur le type de phénomène retenu : quel facteur de croissance, quel principe d'accumulation que sur les

techniques mathématiques employées : dynamique continue ou non, analyse de systèmes ... (Helmer, 1972; Lung, 1987; Paelinck, 1985; Tu, 1991, 1992).

Il importe alors de bien posséder toutes les alternatives afin d'identifier l'ensemble des modèles de croissance endogène spatialisés. Pour y parvenir, nous énoncerons quelques principes de base (§ 3.1.), puis nous examinerons plus en détail les deux principales dynamiques de notre théorie : la dynamique de la population et la dynamique des facteurs de localisation (§ 3.2).

(23)

3.1. PRINCIPES GENERAUX

Après avoir rappelé la structure de base d'un modèle de croissance endogène, nous présenterons les caractéristiques d'un modèle de croissance endogène spatialisé.

3.1.1. Structure d'un modèle de croissance endogène1 1

1/ Fonction de production

On dispose d'une fonction de production à facteurs substituables qui présente des rendements constants sur les facteurs privés et une externalité portée par un facteur social : c'est le facteur de croissance généralement défini comme un "stock de connaissances" au contenu plus ou moins précisé par les auteurs.

On note Y la production, K le capital physique privé, H le capital humain et A le facteur social.

2/ Equations de comportement

• On part de la condition d'équilibre sur le marché des produits, pour tout instant t. Par exemple, si on considère que le facteur social est représenté par du capital public, on aura :

où G sont les dépenses publiques consacrées à la production d'infra-structures de communication et de transport, I désigne l'investissement et C la consommation.

(Dans ce cas, on considère que les dépenses publiques sont financées par une taxe proportionnelle au revenu Y)

• Les consommateurs maximisent une fonction d'utilité intertemporelle de consommation U [C(t)]. Par exemple, en univers de temps discret :

où p désigne le facteur d'actualisation.

U [C(t)l peut prendre différentes formes selon le mode comportemental attribué au consommateur et compte tenu de l'environnement économique de consommation (il peut y avoir, par exemple plusieurs biens consommés).

3/ Processus d'accumulation

On spécifie un ou plusieurs processus d'accumulation dans le temps de facteurs de croissance :

- accumulation de capital physique,

En a u c u n c a s , les équations présentées ici ne peuvent ê t r e r a s s e m b l é e s pour c o n s t i t u e r u n m o d è l e cohérent d e croissance e n d o g è n e . C e s f o r m u l e s sont e m p r u n t é e s à d i v e r s m o d è l e s , illustrant ainsi leur diversité.

Y = f (K, H, A)

Yt = Ct + It + Gt

00

(24)

- accumulation de capital humain, - accumulation du facteur social,

Ce processus d'accumulation dépend des relations entre les différentes variables du modèle et de la présence d'externalités. Par exemple, la dynamique d'accumulation du capital physique dépend des conditions d'investissement, celle du capital humain peut dépendre des externalités de connaissance commune ou des dépenses publiques d'éducation ou de R&D ...

Le processus d'accumulation du facteur renouvelable est spécifié en taux de croissance.

4/ Facteurs exogènes

Les conditions initiales (valeur des variables au temps t = 0) et le taux de croissance naturel de la population sont donnés de manière exogène.

5/ Résolution du modèle

Il s'agit de trouver les conditions optimales d'accumulation et de croissance qui maximisent l'utilité intertemporelle des consommateurs soumise aux contraintes de comportement et aux conditions d'accumulation.

3.1.2. Les spécificités du modèle spatial de croissance endogène

Quel que soit le type de modèle construit, trois conditions spécifiques doivent être respectées.

1/ Les conditions spécifiques

• Une dynamique de population endogène

Le taux de croissance de la population dépend du solde naturel et du solde migratoire. Cette deuxième composante dépend de 1'attractivité de la région et donc des opportunités de productivité pour les firmes ou d'utilité pour les ménages. Elle est donc endogène au modèle.

• Des externalités par seuils

Les facteurs de localisation produisent des externalités d'agglomération positives ou négatives suivant le niveau d'accumulation atteint, c'est-à-dire en fonction des capacités d'accueil minimales et maximales des activités.

• Une capacité d'accueil fixée

La taille de la région est donnée, ce qui permet de connaître les capacités d'accueil des différentes activités.

On peut dire ici que cette contrainte exogène de capacité se substitue à la contrainte exogène de croissance de la population des modèles de croissance endogène classiques.

2/ Les options possibles

Sans chercher 1'exhaustivité, on peut envisager un certain nombre d'options, non exclusives les unes des autres.

• Les options sur la nature du capital spatial : E

- E(G) : Le capital spatial est produit par les pouvoirs publics.

Il s'agit d'infrastructures de communication et de transports, de dépenses d'éducation et de R&D.

Dans ce cas, il faut tenir compte des prélèvements fiscaux nécessaires au financement des infrastructures publiques.

(25)

dont le volume et/ou la qualité affecte la fonction de production. Il s'agit des services aux producteurs.

- E(C) : Le capital spatial est un ensemble de biens diversifiés dont le nombre affecte la fonction d'utilité des consommateurs.

• Les options sur 1'environnement régional

- R(l) : On s'intéresse à la croissance d'une seule région. Les relations avec l'extérieur n'affectent pas la croissance de 1'anti-région.

- R(2) : On s'intéresse à la croissance de deux régions. Les relations avec l'extérieur intéragissent sur les deux régions. On peut par exemple, considérer ici deux régions administratives, ou un espace rural et un espace urbain.

Dans ce cas, les dynamiques de populations entre les deux régions sont liées et peuvent être représentées par un système dynamique, de type "proie-prédateur" par exemple.

Ce type de modèle peut être employé dans l'analyse des processus d'intégration régionale

La multiplicité des options envisagée ici montre la diversité des modèles de croissance endogène spatialisés qu'il est possible de construire.

L'analyse des dynamiques de population et d'accumulation du capital spatial, va permettre de préciser encore la structure de ces modèles.

3.2. LES DYNAMIQUES DE POPULATION ET D'ACCUMULATION

La complexité des interactions entre la dynamique de population, l'accumulation des facteurs de croissance et le sens des externalités d'agglomération peut être traduite par la séquence de propositions suivante :

1/ La croissance est soutenu par l'émergence d'externalités d ' agg 1 oméra tion.

2/ La production d'externalités d'agglomérat ion positives ou négatives est liée à la capacité d'accueil des facteurs de croissance contenus dans le capital spatial.

3/ Ces facteurs de croissance s'accumulent et sont produits à l'aide d'une quantité de facteur travail régionale affectée par un solde migratoire

4/ Le solde migratoire dépend de la croissance de la région . ..

Pour comprendre tous les mécanismes en jeu, nous présenterons dans un premier temps les deux dynamiques : population (§ 3.2.1) et accumulation de facteurs de croissance (§ 3.2.2. ). Nous pourrons alors examiner le problème des externalités (§ 3.2.3.).

3.2.1. La dynamique de population

Soit P(t) le niveau de population au temps t. On considère généralement que la population croit au taux constant naturel n, ce qui s'exprime de la façon suivante :

P(t) = P(0) en t

Si on tient compte d'un solde migratoire, alors le taux de croissance naturel affecte, à chaque instant t, les composantes "naturelle" N(t) et "migratoire" M(t) de la population.

(26)

(M(t) est le solde migratoire observé sur la période t) On posera : P(0) = N(0).

et : P(l) = P(0) en + M(l) soit : P(t) = P(t-l) e1 1 + M(t)

Examinons les éléments qui influencent le solde migratoire M. 1/ Le solde migratoire

Nous considérons ici le cas d'une région attractive. Par exemple, dans l'option R ( l ) , cela signifie que les individus se déplacent de l'anti-région vers la région.

Les mouvements de population vont résulter de facteurs économiques et sociologiques. Ces derniers correspondent par exemple aux changements de goût des consommateurs et nous n'en tiendrons généralement pas compte.

Les facteurs économiques dépendent de l'attraction exercée par la région : elle est mieux dotée en facteurs de croissance que 1'anti-région. Pour les individus, cela signifie que la croissance économique y est plus forte et donc qu'ils auront des avantages en terme d'opportunités d'emplois et de revenus ou qu'ils disposeront d'un plus grand nombre de biens différents . . .

Ainsi, nous supposerons que le solde migratoire en t dépend de la dotation en capital spatial de la région à la période précédente (on tient donc compte d'un délai entre le moment où les individus observent une potentialité de croissance économique régionale et le moment où ils décident de se déplacer) et nous écrirons :

M(t) = s [E(t-l)] 2/ Conséquences

Les conséquences étudiées sont celles relatives à la quantité de facteur travail disponible dans la région et à la fonction d'utilité intertemporelle.

• Dynamique de population et main d'oeuvre

Soit L(t) la quantité de facteur travail disponible en t. C'est une portion constante de la population P(t). Généralement, L(t) est transformée en quantité de capital humain H(t) sur la baje d'un temps de formation du facteur travail. H(t) est répartie traditionnellement entre la production du facteur de croissance E en quantité Hi (main d'oeuvre qualifiée) et la production de l'output Y en quantité H2.

H(t) = a P(t) = Hi(t) + H2(t) = Hi(l+ 0)

si on suppose que la répartition de la main d'oeuvre entre les deux types de production est constante .

D'où : Hi(t) = -T^Lr- P(t)

C e t t e h y p o t h è s e peut tout aussi bien être a s s o u p l i e en s u p p o s a n t q u e 0 v a r i e d a n s le t e m p s (on a alors 0t) ou a b a n d o n n é e en c o n s e r v a n t simplement

(27)

Puisque la quantité de capital spatial dépend de la quantité de main d'oeuvre qui lui est affectée, on a la relation suivante :

E(t) = h [Hi(t)]

m

[2] [3] [4]

Finalement on obtient le système de relations suivant P(t) = P(t-l) e + M(t) M(t) = s [E(t-1)] a Hi(t) = 1+0 E(t) = h [Hi(t)l P(t) population globale solde migratoire

main d'oeuvre qualifiée

production de capital spatial

Ce qui permet d'identifier les interdépendances entre les processus d'accu-mulation de population P, de capital humain Hi et de capital spatial E. En effet, en intégrant [2] et [3] dans [1], on obtient :

1 +P Hi(t+1) = ^ Hi(t) + s [E(t)]

a a

Hi(t+1) - Hi(t)

J

= s [E

[5] Hi(t+1) - Hi(t) = a

1+0 s [E(t)l

Ce qui montre bien la relation entre l'accumulation de capital humain et la dotation en capital spatial.

Remarquons qu'en intégrant [4] dans [5], on obtient un processus d'accumulation du capital humain "conforme", en apparence, aux modèles

traditionnels de croissance endogène :

[6] Hi(t+1) - Hi(t) = a 1+0

s [h [Hi(t)]]

à la différence que le stock de capital humain n'est pas exogène. • Dynamique de population et utilité intertemporelle

Nous abordons ici, à titre d'option, les conséquences spatiales des mouvements de population sur la fonction d'utilité intertemporelle, car il faut maintenant distinguer les individus déjà résidants et les nouveaux résidants.

Ainsi, même si pour les deux catégories d'individus, la fonction d'utilité est affectée positivement par la dotation en capital spatial (car celle-ci est corrélée à un nombre de biens différents ou de meilleure qualité), il apparait que pour les nouveaux résidants, la fonction d'utilité peut être affectée négativement par le changement de région par l'intermédiaire d'un coefficient de résistance à la mobilité : l'attraction ressentie pour le capital spatial est donc moindre pour les nouveaux résidants.

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