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Communication et importance parentale sur la détresse psychologique selon les dyades parent-adolescent et l’âge

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC

ESSAI PRÉSENTÉ À

L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI

COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN PSYCHOLOGIE

PAR

LYSIANE SIMARD

COMMUNICATION ET IMPORTANCE PARENTALE SUR LA DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE SELON LES DYADES

PARENT-ADOLESCENT ET L’ÂGE

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Sommaire

Les écrits scientifiques démontrent que plusieurs éléments liés aux relations parent-adolescent ont un lien significatif avec la détresse psychologique de celui-ci. Toutefois, le rôle du sexe du parent et celui de l’adolescent demeure à l’origine de contradictions concernant l’expression de la détresse psychologique, considérant la satisfaction de la communication parentale et l’importance parentale. Le but de cette étude est de mieux comprendre la relation entre la satisfaction de la communication avec les parents et l’importance accordée par l’adolescent à ses parents sur la détresse psychologique de l’adolescent, en analysant les différents liens possibles par dyades déterminées par le sexe parent-adolescent (mère-fille, père-fille, mère-fils et père-fils) selon l’âge. L’étude a été réalisée avec une population de 805 adolescents âgés de 12 à 17 ans provenant d’écoles secondaires publiques francophones. Quatre outils de mesure ont été utilisés, soit un questionnaire sociodémographique, le questionnaire de perception de l’environnement des personnes (PEP), les questionnaires de dépistage DEP-ADO et le SCL-90-R. Les analyses statistiques ont permis de décrire et de mieux comprendre les liens entre la satisfaction de la communication parentale, l’importance du parent et l’âge sur la détresse psychologique de l’adolescent, considérant les quatre dyades possibles. Les résultats démontrent d’abord, sans égard aux dyades, qu’il n’y a pas de différence significative quant au niveau de détresse psychologique selon le sexe et l’âge de l’. La satisfaction de la communication avec les parents et l’importance des parents sont toutefois des facteurs liés à une variation significative du niveau de détresse psychologique peu importe la dyade. Les résultats

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démontrent également que les liens entre les variables diffèrent selon la composition de la dyade. Dans la dyade mère-fille, les résultats indiquent que les filles de 12-13 ans insatisfaites de la communication avec la mère ont un niveau de détresse plus élevé que celles satisfaites. Dans la dyade père-fille, d’une part, les filles accordant une faible importance au père en plus d’être insatisfaites de la communication avec celui-ci ont un niveau de détresse plus élevé que celles satisfaites de la communication. D’autre part, parmi les filles de 12-13 ans, celles accordant une importance élevée au père ont un niveau de détresse plus faible que celles lui accordant une importance moyenne. Chez les filles de 16-17 ans, celles accordant une importance élevée au père ont une détresse inférieure à celles lui accordant une importance faible. Dans la dyade mère-fils, parmi les garçons qui accordent une importance faible à la mère, ceux qui sont satisfaits de la communication ont un niveau de détresse plus faible que les insatisfaits. Dans la dyade père-fils, les garçons insatisfaits de la communication présentent un niveau plus élevé de détresse psychologique que les garçons satisfaits. Globalement, dans les dyades de même sexe, meilleure est la satisfaction de la communication avec le parent, moins grande est la détresse psychologique, alors que dans les dyades de sexe opposé, meilleure est l’importance accordée au parent et plus grand est l’âge, moins grande est la détresse. Cette étude permet de constater que la satisfaction de la communication avec les parents et l’importance des parents sont des facteurs intrafamiliaux ayant un lien significatif avec la détresse psychologique de l’adolescent, et que ces liens diffèrent selon la composition de la dyade. Les résultats pourront permettre aux intervenants œuvrant auprès des familles et des jeunes de mieux les aider et de favoriser un sain développement chez l’adolescent.

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Table des matières

Sommaire ... ii

Liste des tableaux ... viii

Liste des figures ... x

Remerciements ... xi

Introduction ... 1

Contexte théorique ... 4

Adolescence et détresse psychologique ... 5

Détresse psychologique. ... 5

La détresse psychologique chez l’adolescent en fonction du sexe. ... 7

La détresse psychologique de l’adolescent selon l’âge. ... 8

La détresse psychologique dans son aspect anxieux. ... 9

La détresse psychologique dans son aspect dépressif. ... 10

L’adolescent et ses parents ... 13

L’importance des parents pour le développement de l’adolescent. ... 13

Relations avec les parents et détresse psychologique de l’adolescent. ... 14

Satisfaction de la communication parentale de l’adolescent... 16

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Le sexe du parent et le développement psychologique de l’adolescent et de

l’adolescente. ... 19

Relations entre parents et adolescents en fonction du sexe du parent et de l’adolescent. ... 19

Relations parent-adolescent et détresse psychologique, en fonction du sexe. ... 22

Méthode... 26

Participants ... 27

Instruments de mesure... 27

Questionnaire sociodémographique. ... 27

Questionnaire de perception de l'environnement des personnes (PEP). ... 28

Grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes (DEP-ADO) ... 29

Symptom checklist-90-R (SCL-90-R). ... 30

Déroulement ... 31

Méthode d’analyse des données ... 32

Résultats ... 35

Statistiques descriptives ... 36

Expression de la détresse psychologique, analyses générales. ... 36

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La détresse psychologique selon l’âge. ... 39

La détresse psychologique selon la satisfaction de la communication maternelle et paternelle. ... 39

La détresse psychologique selon l’importance maternelle et paternelle. ... 41

Analyses statistiques selon les quatre dyades ... 44

Dyade mère-fille... 44

Dyade père-fille. ... 49

Dyade mère-fils. ... 56

Dyade père-fils. ... 66

Discussion ... 69

Rappel des objectifs de l’étude ... 70

Constats généraux concernant l’échantillon entier. ... 71

Interprétation des résultats selon les dyades parent-adolescent ... 75

Dyade mère-fille... 75

Dyade père-fille. ... 78

Dyade mère-fils. ... 81

Dyade père-fils. ... 84

Comparaison des résultats des dyades ... 86

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Suggestions pour les recherches futures ... 95

Implications de la recherche... 97

Implications cliniques ... 97

Intervention auprès des adolescentes ... 97

Intervention auprès des adolescents ... 98

Intervention auprès des mères ... 98

Intervention auprès des pères ... 99

Implications générales ... 100

Conclusion ... 101

Références ... 106

Appendice A Approbation éthique... 115

Appendice B Questionnaire socio-démographique ... 119

Appendice C Questionnaire de perception de l’environnement des personnes ... 128

Appendice D Grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes (DEP-ADO) ... 133

Appendice E SCL-90-R ... 138

Appendice F Déclaration de consentement parental ... 143

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Liste des tableaux

1 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique selon le sexe... 39 2 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique selon l’âge... 40 3 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique

selon le niveau de satisfaction de la communication avec la mère et le père ... 41 4 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique

selon le niveau d’importance accordée à la mère et au père ... 42 5 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique

selon le niveau d’importance accordée à la mère et au père ... 43 6 Scores T moyens et écarts types pour la détresse psychologique

selon le niveau d’importance accordée à la mère et au père ... 44 7 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade mère-fille ... 47 8 Comparaison de moyennes par paires pour l’interaction entre l’âge et la

satisfaction de la communication avec la mère (dyade mère-fille) ... 48 9 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade père-fille ... 51 10 Comparaison de moyennes de détresse psychologique pour l’interaction

entre l’âge et l’importance accordée au père (dyade père-fille) ... 53 11 Comparaison de moyennes de détresse psychologique selon

la satisfaction de la communication avec le père et l’importance

accordée au père (dyade père-fille) ... 56 12 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade mère-fils ... 59 13 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade

mère-fils pour les facteurs de l’âge et de la satisfaction de la

communication avec la mère... 61 14 Comparaison de moyennes de détresse psychologique selon l’âge

et la satisfaction de la communication avec la mère (dyade mère-fils) ... 62 15 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade

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mère-fils pour les facteurs de la satisfaction de la communication

avec la mère et l’importance de la mère ... 64 16 Comparaison de moyennes de détresse psychologique selon

la satisfaction de la communication avec la mère et l’importance

de la mère (dyade mère-fils) ... 65 17 Analyse de variance de la détresse psychologique dans la dyade père-fils ... 67 18 Résumé des résultats et observations ... 68

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Liste des figures

1 Détresse psychologique moyenne selon l’âge et la satisfaction

de la communication avec la mère dans la dyade mère-fille ... 48 2 Détresse psychologique moyenne selon l'âge et l'importance accordée

au père dans la dyade père-fille... 52 3 Détresse psychologique moyenne selon l'importance accordée

au père et selon la satisfaction de la communication avec le père

dans la dyade père-fille ... 55 4 Détresse psychologique moyenne selon l'importance accordée

à la mère et la satisfaction de la communication avec la mère dans

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Remerciements

Tout d’abord, je souhaite remercier sincèrement mon directeur d’essai, Monsieur Gabriel Fortier, ainsi que mon codirecteur, Monsieur Claude Dubé, pour leur grand soutien, leur sens de l’analyse, leurs critiques constructives, leur disponibilité et leur expérience. Merci de m’avoir accompagnée du début à la fin de mon retour aux études, et de m’avoir aidée à garder confiance dans ce parcours exigeant. Merci aussi de m’avoir permis d’orienter ma recherche en fonction de mes intérêts. Cela m’a permis de vivre une expérience positive et enrichissante en recherche qui me sera utile pour ma carrière de psychologue clinicienne.

Un grand merci à mon conjoint, Jean-Pierre Paquin, pour son amour, sa compréhension et son soutien de grande valeur. Merci de m’avoir accompagnée dans cette aventure scolaire malgré notre vie adulte bien entamée déjà. Merci pour les sacrifices que tu as faits pour m’aider à m’accomplir professionnellement et personnellement.

Un grand merci également à mes parents, Mario Simard et Hélène Bureau. Vous m’avez montré depuis mon jeune âge à quel point le savoir est important. Vous avez toujours cru en moi et m’avez souvent dit que j’étais capable d’accomplir de grandes choses. Merci de m’avoir soutenue et donné envie d’aller plus loin pour réaliser mes rêves.

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Merci également à mes superviseurs cliniques qui ont croisé ma route durant le doctorat : Catherine Harvey, François Fradette, Michel Turcotte, Julie Bouchard, Martine Gaudreault et Annie Simard. Vous avez, chacun à votre manière, eu une influence plus que significative sur mon parcours. Vous avez contribué à me construire sur le plan professionnel et personnel. Les bons liens tissés ont contribué à faire du doctorat une aventure extraordinaire, me donnant le courage de continuer. Je n’oublierai jamais vos bons mots, votre expertise et votre soutien, qui m’aideront à travers ma profession.

Je tiens aussi à remercier mes amies ayant marché à mes côtés durant le parcours doctoral : Sabrina Bédard, Cindy Tremblay, Geneviève Forgues, Lysanne Fortier. Nous connaissons les joies et les obstacles inhérents au doctorat. Merci pour votre écoute, votre partage, votre sensibilité et les moments agréables passés ensemble. J’espère de tout cœur que notre amitié se poursuivra au-delà des études. Également, je tiens à remercier mes collègues Anne-Renée Fillion, Mélanie Desbiens et Julie Bergeron pour votre écoute et vos conseils, vous qui avez expérimenté le doctorat avant moi. Merci aussi à mes amies Marie-Andrée Marquis et Karine Paré pour notre amitié qui a traversé le temps. Merci à toutes de m’avoir encouragée à me lancer dans cette aventure et à garder confiance.

Enfin, un merci particulièrement significatif à Jennifer. Merci de m’avoir appris à m’aimer, à me considérer de manière authentique et à croire en moi. Merci d’avoir été le modèle à l’origine de mon choix professionnel. Merci de m’avoir montré que lorsqu’on prend soin de soi, rien n’est impossible.

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On estime de nos jours à environ 20% la proportion d’adolescents québécois éprouvant une détresse psychologique (ISQ, 2012). Durant l’adolescence, elle peut constituer une entrave au développement et occasionner des problèmes fonctionnels dans diverses sphères de vie. La détresse psychologique à l’adolescence se manifeste le plus souvent sous forme d’anxiété et de dépression. Il a déjà été démontré qu'il existe des liens entre la qualité de la relation aux parents et la santé psychologique de l'adolescent (Ackard, Neumark-Sztainer, Story, & Perry, 2006; Claes, 2014; Coslin, 2007; Day & Padilla-Walker, 2009; Demidenko, Manion, & Lee, 2015; Ledwell & King, 2015; Picard, Claes, Melançon, & Miranda, 2007; Piña-Watson & Castillo, 2015; Steinberg, 2001; Weymouth & Buehler, 2016; Whalen et al., 2014). Bien qu’il soit reconnu dans le domaine de la psychologie que l’adolescence implique un cheminement important vers l’autonomie et un détachement des figures parentales, de nombreux auteurs soulignent néanmoins l’importance de maintenir un lien solide avec les parents, afin d’assurer un cheminement sain et sécure vers la vie adulte (Claes, 2014; Steinberg, 2001; Yap & Jorm, 2015).

Il est démontré que des difficultés liées aux relations avec les parents favorisent l’émergence de détresse psychologique (Picard et al., 2007; Weymouth & Buehler, 2016; Yap & Jorm, 2015; Yap, Pilkington, Ryan, & Jorm, 2014). Beaucoup d’auteurs observent cependant des différences importantes entre garçons et filles, ainsi que père et mère, sur le plan des relations parentales et des liens avec la détresse psychologique (Demidenko et al., 2015; Piña-Watson & Castillo, 2015; Sheeber, Davis, Leve, Hops, & Tildesley, 2007; Vazsonyi & Belliston, 2006). Également, peu d’auteurs ne semblent avoir étudié les liens

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entre l'importance accordée aux parents, la communication parentale et la santé psychologique de l'adolescent, et ce en analysant ces variables selon le sexe et les dyades parent-adolescent. Quelques auteurs ont étudié les interactions parent-adolescent par dyades, mais n’ont pas mesuré la détresse psychologique (Gjerde, 1986), n’ont pas tenu compte du sexe de l’adolescent (Rote & Smetana, 2018) ou encore n’ont pas inclus les deux parents dans l’étude (Prinz, Foster, Kent, & O' Leary, 1979). La présente étude vise donc à mieux comprendre les liens entre ces variables, tout en amenant une méthodologie peu souvent utilisée jusqu’à maintenant dans ce champ spécifique de recherche, soit l’analyse dyadique. Celle-ci permettra de mieux comprendre les liens entre la satisfaction de la communication avec le parent, l’importance du parent pour l’adolescent et la détresse psychologique, tout en considérant l’âge, dans quatre dyades parent-adolescent possibles, soit mère-fille, père-fille, mère-fils et père-fils.

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La détresse psychologique à l’adolescence, ainsi que les facteurs qui peuvent la sous-tendre, est un sujet complexe. On observe plusieurs formes de détresse psychologique, et cette détresse varie selon l’âge, le sexe ainsi que différents autres facteurs individuels et environnementaux. Afin de mieux comprendre ce phénomène, la détresse psychologique doit d’abord être définie, dans le contexte particulier de l’adolescence, de même que ses facettes anxieuse et dépressive, ainsi que les différents facteurs qui la sous-tendent. Par la suite, il importe de mieux comprendre comment se modifient les relations aux parents à l’adolescence ainsi que leurs liens avec la détresse psychologique des jeunes. Enfin, l’influence du sexe sur la détresse psychologique et les relations parentales demeure un facteur primordial à comprendre, afin de jeter les bases de la présente étude.

Adolescence et détresse psychologique

Détresse psychologique. Le concept de détresse psychologique renvoie à un état global caractérisé par une souffrance émotionnelle subjective, en réponse à des difficultés personnelles ou sociales, où se manifestent des symptômes comme la peur, l’anxiété, la tristesse ou la dépression (Derogatis, 1994; Institut de la statistique du Québec, 2012; Office des professions du Québec, 2013). Il est à noter que la présence de détresse psychologique n’indique pas nécessairement un trouble mental diagnostiqué, mais qu’il y a présence de symptômes pouvant être à la source de certaines difficultés (Conseil médical du Québec, 2001). Considérant que les symptômes d’anxiété et de dépression sont parmi

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ceux les plus souvent observés chez les adolescents (Institut de la statistique du Québec, 2012; Marcotte, 2013; Michaud & Ambresin, 2014; Turgeon & Gendreau, 2007) ils sont sujets à préoccupation.

L’adolescence est une période développementale qui sépare l’enfance de l’âge adulte et elle comporte des changements importants sur les plans biologique, cognitif, émotionnel, juridique et social (Cloutier, 1996). L’adolescence est une période de transition et dans certains cas, de crise, dont l’issue influence la capacité d’adaptation de la personne à la vie d’adulte. L’adolescence dite normale implique inévitablement divers conflits psychologiques et sociaux, mais les discordes significatives ne sont pas le lot de la majorité des relations parent-adolescent (Prinz et al., 1979). Les conflits s’avèrent souvent transitoires et n’aboutissent pas toujours à des troubles psychologiques caractérisés (Michaud & Ambresin, 2014; Zimmermann & Brodard, 2014). Toutefois, diverses études ont permis de constater la présence d’une détresse psychologique importante auprès d’une certaine proportion d’adolescents (Institut de la statistique du Québec, 2012; Lye, 2012). L’Institut de la statistique du Québec (2012) estime d’ailleurs à 20% la proportion d’adolescents québécois éprouvant une détresse psychologique sérieuse durant cette période marquant le passage entre l’enfance et l’âge adulte. De plus, la présence de difficultés psychologiques importantes sous la forme de détresse peut constituer une menace au développement considérant que la détresse psychologique peut aussi se poursuivre au-delà de l’adolescence (Chabrol, 2004).

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Les troubles psychologiques incluant la détresse psychologique chez l’adolescent ont des causes complexes et diverses (Chabrol, 2004) étant donné que plusieurs changements développementaux s’opèrent chez l’adolescent et peuvent avoir une certaine incidence sur la manière dont il se perçoit, ainsi que sur son ajustement psychosocial (Alsaker, 2014). Outre les changements biologiques majeurs, l’adolescence est également synonyme de maturation identitaire (Lannegrand-Willems, 2014), de développement cognitif (Lehalle, 2014) et de diverses modifications dans les relations interpersonnelles (Coslin, 2013).

La détresse psychologique chez l’adolescent en fonction du sexe. Les différences liées au sexe concernant la santé mentale, sur le plan statistique, apparaissent à l’adolescence (Lye, 2012). De nombreux auteurs (Lønfeldt, Marin, Silverman, Reinholdt-Dunne, & Esbjørn, 2017; Nelemans, Hale Iii, Branje, Hawk, & Meeus, 2014; Picard et al., 2007; Smokowski, Bacallao, Cotter, & Evans, 2015; Tak, Van Zundert, Kleinjan, & Engels, 2015) observent que les filles présentent un niveau plus élevé de détresse psychologique que les garçons, comme on le constate au Québec où 28% des filles présentent une détresse psychologique élevée, contre 14% des garçons (Institut de la statistique du Québec, 2012). Les symptômes anxieux et dépressifs sont plus souvent observés chez les filles comparativement aux garçons, et ce pour toute la durée de l’adolescence, de 13 à 17 ans (Institut de la statistique du Québec, 2012). Les changements hormonaux et pubertaires survenant chez la fille entre 11 et 15 ans, ainsi que leur

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sensibilité aux relations interpersonnelles et aux émotions qui y sont impliquées, pourraient expliquer en partie cet écart (Lye, 2012).

La détresse psychologique de l’adolescent selon l’âge. En plus du sexe qui est un facteur important considérant la détresse psychologique des adolescents, l’âge est également intimement lié à des variations dans l’expression de la détresse psychologique. Certains troubles sont plus fréquemment rencontrés chez les préadolescents, alors que d’autres sont plus fréquemment présents chez les adolescents plus âgés (Carr, 2006). Également, il est observé que la proportion de jeunes qui se situent au niveau élevé de détresse psychologique ou qui souffrent d’anxiété et de dépression tend à augmenter avec l’âge (Institut de la statistique du Québec, 2012; Lye, 2012) et le pourcentage d’adolescents ayant une détresse psychologique élevée est de 25% en secondaire 5, comparativement à 16% en secondaire 1 (Institut de la statistique du Québec, 2012). Différents auteurs observent que l’anxiété est plus marquée chez les adolescents plus âgés comparativement aux plus jeunes (Bergeron, Valla, & Gauthier, 2007; Kozina, 2014; Lye, 2012; Mallik, Ghosh, & Chattopadhyay, 1986). La période d’adolescence marque également une augmentation de la dépression comparativement à l’enfance, et l’âge d’apparition d’une première dépression se situe entre 11 ans et 14 ans (Marcotte, 2013), la dépression étant plus fréquente chez les adolescents plus âgés que chez les préadolescents (Carr, 2006). Il semble donc que la détresse psychologique, tant dans son aspect anxieux que dépressif, tend à augmenter au fil des ans chez les adolescents. Comme la détresse psychologique semble tantôt prendre une forme anxieuse, tantôt une forme

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dépressive, il devient important de mieux comprendre chacune des typologies de même que les facteurs individuels et environnementaux susceptibles de contribuer à leur émergence.

La détresse psychologique dans son aspect anxieux. Le concept d’anxiété fait référence à la présence de peurs, de pensées concernant le danger, d’appréhension, de nervosité, d’inquiétudes et de diverses réactions comportementales impliquant de l’évitement (Lohmann, 2015). Elle se manifeste à travers des symptômes émotionnels, comportementaux, cognitifs, sociaux et physiques (Carr, 2006; Lohmann, 2015). L’anxiété peut générer un fonctionnement perturbé par la présence de réponses anxieuses exagérées à diverses situations (Rogé & Chabrol, 2003) et peut se présenter de manière amoindrie sous forme de stress lors de diverses situations, ou encore sous forme de troubles anxieux diagnostiqués (A.P.A., 2013). Sous forme de troubles diagnostiqués, l’anxiété a une prévalence chez l’adolescent variant entre 0,9% et 16%, les troubles les plus fréquents étant la Phobie spécifique et le Trouble d’anxiété sociale (A.P.A., 2013). Une comorbidité est souvent observée également entre l’anxiété et la dépression (A.P.A., 2013; Rogé & Chabrol, 2003). Concernant l’influence du sexe, l’anxiété semble plus présente chez les filles que chez les garçons (Bergeron et al., 2007; Nelemans et al., 2014; Picard et al., 2007). L’anxiété chez l’adolescent peut favoriser l’émergence de difficultés de fonctionnement et de développement, notamment sur les plans social, scolaire, professionnel et amoureux, et il devient également plus à risque de consommer des

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substances psychotropes (A.P.A., 2013; Monfette & Boisvert, 2007; Storch & McKay, 2011).

Différents facteurs entrent en jeu concernant l’étiologie de l’anxiété chez l’adolescent. L’interaction complexe de différents facteurs conduit à l’émergence de l’anxiété (Bergeron et al., 2007). Certaines caractéristiques comme l’inhibition, la tendance à l’isolement, l’appréhension du jugement des autres, la propension à être déstabilisé par des émotions négatives, la tendance à l’évitement, les capacités intellectuelles plus faibles, la présence de croyances dysfonctionnelles peuvent conduire à l'induction d’anxiété ou d’épisodes d’anxiété (A.P.A., 2013; Bergeron et al., 2007; Carr, 2006). Plusieurs facteurs familiaux peuvent aussi favoriser l’anxiété chez l’adolescent, notamment la surprotection, le comportement intrusif du parent envers l’adolescent, le contrôle parental excessif, la violence, le manque de chaleur familiale, le manque d’encadrement, la présence d’événements traumatiques, les difficultés d’attachement dans la famille, le niveau socioéconomique et la présence de maladies dans la famille (A.P.A., 2013; Bergeron et al., 2007; Carr, 2006; Lønfeldt et al., 2017). L’anxiété semble donc fortement reliée aux caractéristiques et au mode de fonctionnement familial et aux caractéristiques des relations entre l’adolescent et ses parents.

La détresse psychologique dans son aspect dépressif. Chez l’adolescent, la dépression se caractérise par un trouble de l’humeur ou thymique, se manifestant par une anhédonie avec tristesse et labilité des émotions, pouvant inclure un désespoir, une perte

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d’intérêt, un sentiment de vide, de la colère, de l’anxiété, un sentiment d’infériorité, de honte et de culpabilité (Rogé & Chabrol, 2003). La dépression comporte aussi une variété de symptômes pouvant se manifester différemment d’une personne à l’autre, concernant le poids, le sommeil, le niveau d’activité, les déficits cognitifs et les idées suicidaires (A.P.A., 2013). Divers troubles de type cognitif peuvent aussi se manifester, sous forme d’interprétations négatives de soi à caractère dévalorisant, du monde et du futur à caractère pessimiste ainsi que des troubles d’attention, de mémoire, de même que certains troubles du comportement tels que l’évitement, les comportements antisociaux, l’usage de substances psychotropes et l’expression de comportements sexuels à risque (Marcotte, 2014). Une recrudescence de la dépression est observée chez les adolescents depuis quelques années (Marcotte, 2013), avec une prévalence estimée à environ 5% chez les adolescents au Québec (Institut de la statistique du Québec, 2012). La dépression est plus fréquente chez les filles que chez les garçons (Brouillard, Brendgen, Vitaro, Dionne, & Boivin, 2017; Marcotte, 2013) et les conséquences de la dépression varient grandement d’un individu à l'autre (A.P.A., 2013). Des malaises physiques, une diminution du fonctionnement physique et social, un risque d’idées suicidaires et un risque accru de développer un trouble anxieux sont des conséquences souvent observées (A.P.A., 2013; Marcotte, 2013).

Sur le plan individuel, la propension à être déstabilisé par des émotions négatives telles que la tristesse, la colère, la déception ou l’ennui constitue le principal facteur de risque lié aux symptômes dépressifs. Une faible estime de soi, le manque de compétence

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sociale, de hautes exigences personnelles, l’abus de drogues et les mécanismes de défense immatures (par exemple : déni, clivage, projection) sont aussi des facteurs de risques individuels importants (A.P.A., 2013; Carr, 2006). Sur le plan familial, plusieurs facteurs prédisposent à la dépression : la tendance aux critiques en provenance des parents, le manque de soutien et de cohésion, le comportement intrusif du parent envers l’adolescent, l’absence du père, la négligence, les problèmes psychologiques des parents, la dépression chez la mère, le faible réseau social en dehors de la famille nucléaire et le haut niveau de stress dans le système familial (Carr, 2006; Demidenko et al., 2015; Marcotte, 2013). De plus, la présence de dépression chez l’un des parents augmente de deux à trois fois le risque que l’adolescent développe un état dépressif (Marcotte, 2013).

Le bien-être psychologique de l’adolescent est souvent fortement influencé par les expériences vécues et l’aspect qualitatif des relations interpersonnelles (Lye, 2012). Malgré de nombreux facteurs de risque individuels, plusieurs sources environnementales de détresse psychologique sont observées et l'environnement familial compte parmi les facteurs de risque les plus fréquents en ce qui concerne les problèmes de santé mentale de l’adolescent. Cet environnement familial est aussi tributaire des caractéristiques et de la qualité des relations entretenues entre l’adolescent et les parents. Il semble donc que la qualité des relations entre parents et adolescents constitue, de manière générale, un facteur très important dans le développement de la détresse, de la dépression et de l’anxiété chez l’adolescent.

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L’adolescent et ses parents

L’importance des parents pour le développement de l’adolescent. L’adolescence représente une période où l’individu se détache progressivement de son milieu familial, plus précisément parental, ce qui ouvre à l’exploration d’environnements sociaux hors du contexte familial immédiat. Toutefois, malgré le besoin développemental incontournable d’autonomie de l’adolescent pour son développement psychologique (Steinberg, 2001), celui-ci continue de maintenir un lien primordial avec sa famille, en particulier, ses parents. Même si l’adolescent établit une distance plus grande avec ses parents, la famille joue encore un rôle essentiel lors de cette période de la vie (Coslin, 2007). La poursuite de l’exercice de la fonction parentale, incluant l’attachement et le guidage parental, est un élément incontournable pour le sain développement psychologique de l’adolescent (Coslin, 2007). Également, l’adolescent a besoin de se distancier de ses parents pour développer son identité propre, mais il en a encore besoin de l’encadrement parental pour se sentir en sécurité et ainsi obtenir un soutien face aux éléments difficiles de sa vie (Coslin, 2013; Ledwell & King, 2015; Smollar & Youniss, 1989). Malgré l’importance d’un cercle d’amis de qualité, ce dernier ne compense pas totalement ou nécessairement pour les difficultés ou les conflits dans les relations familiales lorsqu’il s’agit du bien-être de l’adolescent (Ackard et al., 2006; Nada Raja, McGee, & Stanton, 1992; Youniss & Ketterlinus, 1987). Également, les relations dans la famille constituent le modèle de base des relations futures qui seront créées et entretenues par l’adolescent (Coslin, 2013; Galvin & Brommel, 1993), donc tributaires de la qualité des relations interpersonnelles futures. Le soutien parental, l'implication des parents,

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l'acceptation de l'autonomie de l'adolescent et l'ouverture à l'impliquer dans les décisions sont des éléments favorisant un bon développement psychologique (Galvin & Brommel, 1993; Steinberg, 2001). En somme, bien qu’un désinvestissement des parents soit souhaitable pour favoriser l’autonomie, le détachement émotionnel trop brusque des parents, le contrôle psychologique de la part des parents ou des conflits importants ne sont pas souhaitables et ont souvent été associés aux problèmes psychologiques des adolescents (Claes, 2014; Lønfeldt et al., 2017; Steinberg, 2001; Yap & Jorm, 2015). Les relations avec les parents semblent donc intimement liées à la santé psychologique de l’adolescent. Il importe de comprendre plus en profondeur de quelle manière se relient ces deux concepts, de même que les différents facteurs parentaux associés à la détresse de l’adolescent.

Relations avec les parents et détresse psychologique de l’adolescent. De nombreux auteurs ont confirmé que la relation avec les parents revêt une grande importance pour le développement psychologique de l’adolescent malgré le contexte d’émancipation propre à l’adolescence (Ackard et al., 2006; Claes, 2014; Coslin, 2007; Day & Padilla-Walker, 2009; Demidenko et al., 2015; Ledwell & King, 2015; Picard et al., 2007; Piña-Watson & Castillo, 2015; Steinberg, 2001; Weymouth & Buehler, 2016; Whalen et al., 2014). L’ambiance familiale et relationnelle joue un rôle prépondérant dans le développement de l’adolescent. Certains facteurs psychosociaux ont été associés significativement à la dépression à l’adolescence, en particulier les mauvais traitements et les dysfonctionnements familiaux (Shanahan, Copeland, Costello, & Angold, 2011). Des

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relations entre parents et adolescent teintées de rejet, de froideur, de contrôle, de même que des conflits familiaux récurrents entraînant un climat de tension et d’hostilité sont associés à une plus forte détresse psychologique chez l’adolescent (Brouillard et al., 2017; Lønfeldt et al., 2017; MacPhee & Andrews, 2006; Marcotte, 2014; Picard et al., 2007; Rote & Smetana, 2018; Weymouth & Buehler, 2016; Yap & Jorm, 2015; Yap et al., 2014). La fréquence des conflits familiaux est importante, mais la frustration et le sentiment d’injustice suscités chez l’adolescent par l’ambiance familiale ont encore plus d’importance face à la détresse psychologique de ce dernier (Claes, 2014). Il y a lieu de considérer que la qualité des échanges, et la satisfaction ou l’insatisfaction que l’adolescent peut y trouver jouent un rôle primordial dans le développement de celui-ci. Des échanges problématiques récurrents sont liés à la détresse psychologique de l’adolescent. À l’inverse, des échanges caractérisés par la chaleur, l’attachement, l’encadrement et l’approbation de l’autonomie sont souvent associés à moins de détresse psychologique durant l’adolescence et à l’âge adulte (del Barrio, Holgado-Tello, & Carrasco, 2016; Duchesne & Ratelle, 2014; Rote & Smetana, 2018; Steinberg, 2001; Yap et al., 2014). L’ambiance familiale et le style communicationnel semblent donc jouer un rôle important dans le développement de l’adolescent.

Considérant la perception subjective de l’adolescent, ceux présentant des symptômes dépressifs sentent peu de cohésion dans leur famille, peu de soutien, peu d’expression émotionnelle et davantage de conflits (Demidenko et al., 2015; Marcotte, 2014; Sheeber et al., 2007). De plus, la qualité des relations avec les parents oriente les

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habiletés relationnelles de l’adolescent, utiles pour ses relations sociales plus élargies (Coslin, 2013; Galvin & Brommel, 1993; Steinberg, 2001). Ces dernières sont d’autant plus importantes dans son développement, et souvent sources d’anxiété (Carr, 2006; Rogé & Chabrol, 2003). Ainsi, l’étude des relations entre l’adolescent et ses parents est d’autant plus importante pour comprendre la détresse psychologique de l’adolescent, de même que les impacts sur sa vie sociale et ses futures habiletés relationnelles. L’impact de la qualité du lien relationnel et de la communication entre une mère et son adolescent(e) et un père et son adolescent(e) et la détresse psychologique de l’adolescent demeurent un sujet peu étudié. Certains écrits scientifiques suggèrent toutefois d’orienter les études futures sur la détresse psychologique adolescente dans cette voie (Demidenko et al., 2015; Sheeber et al., 2007; Yap & Jorm, 2015). La communication avec les parents, de même que la satisfaction de l’adolescent face à celle-ci, s’avèrent des éléments importants à étudier, tout comme la prise en considération du point de vue subjectif de l’adolescent qui s’avère souvent lié significativement à sa santé psychologique (Nelemans et al., 2014; Piña-Watson & Castillo, 2015; Smokowski et al., 2015; Yahav, 2007).

Satisfaction de la communication parentale de l’adolescent. La communication familiale régule la cohésion et la capacité d’adaptation de ses membres à divers événements (Anderson & Sabatelli, 2010a). Ainsi, comme l’adolescence est une période amenant des changements importants au sein de la famille, l’étude de la communication familiale, en particulier la communication entre l’adolescent et ses parents, devient un facteur clé pour mieux comprendre les impacts des relations familiales sur le bien-être

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psychologique de l’adolescent. L’écoute, l’absence de jugement, la compassion, la non-réactivité et la lecture juste des émotions de l’adolescent par les parents ont démontré des effets positifs sur la santé psychologique, et permettent une meilleure régulation émotionnelle chez l’adolescent (Tak et al., 2015). Également, les adolescents percevant de l’écoute, de l’empathie et de l’attention de la part de leurs parents présentent une meilleure santé psychologique que ceux percevant du rejet, caractérisé par de l’indifférence, de la froideur ou de l’hostilité (Picard et al., 2007). L’hostilité dans les communications parent-adolescent est aussi associée significativement aux symptômes d’anxiété sociale (Weymouth & Buehler, 2016). De plus, à l’adolescence, la relation aux parents permet que le développement identitaire se fasse avec un sentiment de sécurité (Claes, 2014). Il est donc possible de concevoir la satisfaction de la communication parentale comme un sentiment global et positif ressenti par l’adolescent, découlant de communications avec les parents caractérisées par l’écoute, le soutien, l’empathie, l’acceptation et le sentiment de sécurité. Les impacts de la satisfaction de la communication parentale ont été moins étudiés jusqu’à maintenant comparativement à d’autres aspects. Tak et al. (2015) ont toutefois observé qu’une bonne communication avec les parents prévient les symptômes dépressifs de l’adolescent. Vazsonyi et Belliston (2006) ont observé un lien significatif entre une trop grande fréquence de communication entre l’adolescent et ses parents, et l’émergence de symptômes anxieux et dépressifs. Brouillard et al. (2017) ont aussi relevé qu’un niveau trop élevé de support de la part de la mère est lié significativement à l’apparition de plus de symptômes dépressifs chez les garçons présentant une vulnérabilité génétique à la dépression. Ainsi, une trop grande

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présence des parents, qui s’apparente à de l’intrusion, semble rendre l’adolescent insatisfait de la communication en bloquant le développement de son initiative personnelle, ce qui pourrait occasionner des problèmes internalisés. Ruhl, Dolan, et Buhrmester (2015) ont également observé qu’une « saine communication parentale » peut réduire le stress induit par un événement, donc pallier aux difficultés inhérentes à l’adolescence et favoriser une bonne santé mentale.

Perception de l’importance accordée aux parents par l’adolescent. Ce concept réfère au niveau d’importance que l’adolescent accorde subjectivement à son père et à sa mère dans sa vie pour discuter, partager et obtenir du soutien (Fortier & Toussaint, 1996). Plusieurs auteurs ont conclu à l’importance d’étudier la perception subjective de l’adolescent face aux parents et aux relations qui en découlent, pour comprendre leurs liens avec la détresse psychologique. La perception d’une mauvaise relation parentale est associée à davantage de symptômes de détresse psychologique, alors que la perception d’une bonne relation est associée à moins de symptômes (Nelemans et al., 2014; Piña-Watson & Castillo, 2015; Smokowski et al., 2015; Yahav, 2007). De plus, il semble que ce soit la perception subjective d’une situation par l’individu qui est associée significativement à son propre ajustement psychologique (Barry, Frick, & Grafeman, 2008; Kaslow, Jager, Bornstein, Putnick, & Hendricks, 2012). Ainsi, il est primordial de considérer la perception de l’importance parentale par l’adolescent dans le contexte d’une compréhension plus complète des facteurs contributifs à la santé mentale de l’adolescent.

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De nombreux auteurs ont observé des effets importants du sexe de l’adolescent et du sexe du parent, considérant l’étude des liens relationnels parent-adolescent (qualité des relations et de la communication) et l’expression de détresse psychologique auprès des adolescents (Ledwell & King, 2015; Nelemans et al., 2014; Picard et al., 2007; Tak et al., 2015; Yap & Jorm, 2015). La qualité et la nature de la communication, incluant ses effets, semblent être modulées par le sexe du parent de même que celui de l’adolescent (Anderson & Sabatelli, 2010b; Becoña et al., 2013; Leaper, 2002; Piña-Watson & Castillo, 2015), étant donné que les attitudes et attentes parentales (père et mère) diffèrent pour les filles et les fils (Claes, 2014; Coslin, 2013). Ainsi, l’étude des liens entre la détresse psychologique et la communication avec les parents doit tenir compte des différences liées au sexe, et ce tant du côté des parents que de celui de l’adolescent.

Le sexe du parent et le développement psychologique de l’adolescent et de l’adolescente.

Relations entre parents et adolescents en fonction du sexe du parent et de l’adolescent. Tout d’abord, selon Youniss et Ketterlinus (1987), la majorité des adolescents (garçons et filles) accorde une importance significative à la représentation que leurs parents ont d’eux. Les différences attribuables au sexe se situent davantage dans l’exercice de l’autorité parentale et les communications entre parents et adolescents (Claes, 2014; Coslin, 2013; Parent, Drapeau, & Brousseau, 2008; Ruhl et al., 2015; Youniss & Ketterlinus, 1987). En effet, les filles font plus souvent face à des restrictions et à des interdictions parentales que les garçons (Claes, 2014; Coslin, 2013). Les

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communications sont également plus fréquentes et ouvertes entre les parents et les adolescentes qu’entre les parents et les adolescents (Parent et al., 2008; Rote & Smetana, 2018; Ruhl et al., 2015; Youniss & Ketterlinus, 1987). Les filles sont aussi plus nombreuses à vivre des conflits, tant avec leur mère qu'avec leur père, et elles sont plus sensibles à l’ambiance familiale que les garçons (Coslin, 2013; Nelemans et al., 2014). Donc, comme le style parental s’exprime différemment, et les communications sont plus fréquentes avec les filles, le manque de communication ou les conflits pourraient donc avoir un impact plus important sur celles-ci.

Des différences dans les relations parents-adolescent sont de même observées par rapport au sexe du parent. Rote et Smetana (2018) ont observé des différences entre les dyades mère-adolescent et père-adolescent, garçons et filles confondus. Selon leurs constats, la majorité des dyades mère-adolescent sont constituées d’un adolescent ouvert à se dévoiler et d’une mère qui obtient des informations sur celui-ci de manière directe. Concernant les dyades père-adolescent, la majorité d’entre elles sont constituées d’un adolescent à la fois ouvert et évitant dans ses communications et d’un père qui obtient des informations sur celui-ci à la fois directement ou indirectement. Les communications dans les dyades impliquant les mères semblent donc légèrement plus ouvertes que celles impliquant les pères (Rote & Smetana, 2018). Concernant le lien à la mère, les adolescents (garçons et filles) se sentent proches de celle-ci à un niveau relativement équivalent (Youniss & Ketterlinus, 1987). Les filles perçoivent toutefois significativement plus de support obtenu de la part de la mère que les garçons (Brouillard et al., 2017). Branje, Hale,

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Frijns, et Meeus (2010) ont aussi relevé que la perception de la qualité de la relation avec la mère varie significativement en fonction du sexe de l’adolescent, mais pas la perception de la qualité de la relation avec le père. Selon ces auteurs, les filles ont une meilleure relation avec la mère que les garçons. Elles ont aussi une meilleure relation avec la mère qu’avec le père, ce qui n’est toutefois pas observé chez les garçons (Branje et al., 2010). Du point de vue des communications, les interactions mère-fille sont plus ouvertes et intimes que les interactions père-fille, et les mères stimulent davantage leur enfant sur le plan verbal que les pères (Leaper, 2002; Youniss & Ketterlinus, 1987). On observe aussi davantage d’empathie, d’encouragement et de chaleur dans les dyades mère-fille que les dyades mère-fils (Mandara, Murray, Telesford, Varner, & Richman, 2012). Les conflits avec la mère, pour les garçons et les filles, sont également plus nombreux que ceux avec le père (Claes, 2014). Concernant la communication avec le père, elle serait plus difficile pour une majorité d’adolescents, garçons et filles (Ackard et al., 2006; Picard et al., 2007). Toutefois, les garçons sont plus proches de leur père que les filles, et ils perçoivent davantage d’intérêt de leur père envers eux que les filles (Youniss & Ketterlinus, 1987). Il est aussi démontré que le père joue un rôle primordial à l’adolescence pour le développement des garçons (Gjerde, 1986) et des filles, celles-ci présentant significativement moins de symptômes dépressifs lorsque le père est présent de manière stable (Culpin, Heron, Araya, Melotti, & Joinson, 2013; Hernandez, Pressler, & Dorius, 2016). Brouillard et al. (2017) ont également constaté que les difficultés relationnelles avec le père sont liées significativement à la détresse psychologique chez les adolescents, peu importe le sexe.

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En somme, les adolescents accordent une importance à leurs parents, et ce peu importe le sexe. La relation à la mère s’avère primordiale, à la fois pour les garçons et les filles. La relation avec le père est cependant différente et moins émotionnellement investie, peu importe le sexe de l’adolescent, mais s’avère tout de même fondatrice pour le développement psychologique. Les filles vivent davantage d’interactions avec leurs parents avec un niveau d’intensité plus élevé. Les relations entre l’adolescent et le parent de même sexe semblent également meilleures et plus importantes que celles avec le parent de sexe opposé. Ces nombreuses différences indiquent donc que les relations parent-adolescents et leur lien avec la détresse psychologique risquent de différer en fonction du sexe de l’adolescent et des parents.

Relations parent-adolescent et détresse psychologique, en fonction du sexe. Peu de données convergent lorsque le sexe du parent et de l’adolescent est pris en considération dans l’étude des liens entre les relations parent-adolescent et la détresse psychologique. L’étude de Lønfeldt et al. (2017) souligne que les adolescents, peu importe le sexe, percevant une manifestation de contrôle psychologique chez la mère présentent un niveau de détresse anxieuse plus élevée, mais l’étude n’analyse pas séparément les filles et les garçons. L’étude de Vazsonyi et Belliston (2006) indique aussi que les difficultés de communication avec la mère sont significativement associées à l’anxiété de l’adolescent, mais que les difficultés de communication avec le père ne le sont pas. À l’inverse, l’étude de Demidenko et al. (2015) indique plutôt qu’une communication

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problématique avec le père est liée significativement à la détresse psychologique chez la fille. Une autre étude, celle de Sheeber et al. (2007) à propos de la dépression, indique que les problèmes relationnels entre pères et adolescents (fille et garçon) sont liés aux symptômes dépressifs de l’adolescent de la même manière que les problèmes relationnels mère-adolescent. Selon ces auteurs, il n’y aurait donc pas de différence liée au sexe du parent, ce qui contredit les autres études. Cette étude n’a cependant pas pris en considération l’effet différentiel du sexe de l’adolescent. Une autre étude, celle de Piña-Watson et Castillo (2015) sur la dépression des adolescentes latino-américaines vivant aux États-Unis suggère que le sentiment de proximité affective avec le père est un facteur de protection légèrement plus significatif que le sentiment de connexion avec la mère. Cela s’avère contradictoire avec les données concernant l’importance plus grande de la mère pour l’adolescent, fille ou garçon (Doyle & Markiewicz, 2005; Youniss & Ketterlinus, 1987). L’étude de Piña-Watson et Castillo (2015) ne concernait toutefois que les filles et pourrait comporter une forte influence culturelle américano-hispanique.

En somme, des contradictions sont relevées entre les résultats des différentes études. De plus, les études varient également beaucoup sur le plan méthodologique. En effet, le sexe de l’adolescent n’est pas systématiquement pris en compte comme facteur de variabilité. L’âge de l’adolescent varie également d’une étude à l’autre. De plus, les études portent soit sur l’anxiété, soit sur la dépression. Concernant la source de variation attribuable au sexe du parent, elle est parfois étudiée séparément (père et mère), mais aussi parfois combinée en une seule variable parentale, ce qui camoufle cette source potentielle

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de variabilité. Donc, afin de s’assurer de bien comprendre les liens entre les relations parent-adolescent et la détresse psychologique, il devient important de prendre en considération le plus précisément possible les effets du sexe (père – mère et adolescente - adolescents) en analysant l’échantillon selon quatre dyades possibles, considérant le sexe des parents et des adolescents. Également, divers auteurs s’étant intéressés aux adolescents consommateurs de substances psychotropes ont démontré qu’il existe des liens significatifs entre la perception de l’adolescent face aux relations et pratiques parentales, certaines caractéristiques du milieu familial (contrôle, affectivité, support, psychopathologie parentale, abus de substance parental), le sexe et la détresse psychologique de l’adolescent (Becoña et al., 2013; Caldwell et al., 2006; Johnson, McBride, Hopkins, & Pepper, 2014; McClintic, 2001). Compte tenu de ces associations significatives, la présente étude se concentre sur les adolescents ne présentant pas de problématique de consommation, afin de ne pas induire de biais relevant d’une utilisation de substances psychotropes en installation avancée ou nettement avérée dans l’interprétation des liens éventuels. Enfin, comme l’anxiété et la dépression sont deux symptômes souvent comorbides, la corrélation entre ceux-ci sera vérifiée, de même que la corrélation avec la détresse psychologique globale afin de confirmer s’il est statistiquement valide de les regrouper en une seule variable de détresse psychologique, permettant une analyse des résultats simplifiée.

La présente étude visera à comprendre l’influence de la satisfaction de la communication avec la mère et avec le père, la perception de l’importance accordée à la

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mère et au père, ainsi que l’âge, sur la détresse psychologique de l’adolescent, en appliquant une analyse de type dyadique, auprès des quatre dyades parent-adolescent possibles, soit : mère-fille, mère-fils, père-fille et père-fils. Plus spécifiquement, l’étude tentera de répondre à la question de recherche suivante : pour chacune des quatre dyades basées sur le sexe parent-adolescent (mère-fille, mère-fils, père-fille et père-fils), est-ce que la satisfaction de la communication avec le parent et la perception de l’importance accordée au parent, de même que l’âge sont des facteurs significatifs concernant le niveau de détresse psychologique chez l’adolescent, incluant les effets d’interaction potentiels entre ces trois facteurs pour chaque dyade ? Également, l’étude tentera de vérifier, découlant de la question de recherche, si une faible satisfaction de la communication avec le parent et une faible perception de l’importance accordée au parent sont systématiquement reliées à un niveau élevé de détresse psychologique chez l’adolescent, incluant les effets d’interaction avec l’âge pour chaque type de dyade prise en elle-même?

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Participants

La présente étude est issue d’une recherche plus large effectuée dans le cadre de l’évaluation de l’effet d’un programme de prévention de la consommation de substances chez l’adolescent (Fortier, Dubé, & Bouchard, 2011). L’échantillon délimité pour la recherche actuelle est composé de 805 adolescents âgés entre 12 et 17 ans, provenant d’écoles secondaires publiques francophones et faisant partie de deux commissions scolaires régionales. L’échantillon se compose de 430 filles (53,4%) et 375 garçons (46,6%). Les participants âgés de 18 ans et plus seront exclus de l’échantillon, de même que ceux présentant un risque moyen ou élevé de consommation de substances (feux jaune et rouge) selon leurs résultats obtenus à l’aide de l’instrument DEP-ADO. Seuls les participants ne présentant pas de risque de consommation de substances (feu vert) seront conservés. Comme la consommation élevée de substances psychotropes a un lien significatif avec la perception négative des relations parentales par l’adolescent (Becoña et al., 2013; Caldwell et al., 2006; Johnson et al., 2014; McClintic, 2001), de même qu’avec divers problèmes de santé mentale (Brownlie et al., 2018), les jeunes avec une consommation précoce ou excessive seront considérés comme une autre population, et ne seront donc pas inclus dans la présente étude.

Instruments de mesure

Questionnaire sociodémographique. Le questionnaire sociodémographique permet de produire une description détaillée de la situation de vie de l’adolescent au

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moment de l’étude. L’âge et le sexe de l’adolescent sont obtenus à l’aide de ce questionnaire. L’outil permet également d’obtenir le niveau de satisfaction de la communication avec la mère et le niveau de satisfaction de la communication avec le père. Cette variable est mesurée par deux items distincts où l’adolescent indique, pour son père puis sa mère, son niveau de satisfaction de communication avec ces deux personnes. Les items sont évalués sur une échelle de Likert en quatre points (1 = très insatisfait, 2 = plutôt insatisfait, 3 = plutôt satisfait et 4 = très satisfait). Le questionnaire sociodémographique a été construit dans le cadre d’une recherche visant à évaluer l’effet d’un programme de prévention de la consommation de substances psychotropes, considérant la psychopathologie et la perception du réseau social de l’adolescent (Fortier et al., 2011).

Questionnaire de perception de l'environnement des personnes (PEP). Le PEP est un questionnaire auto rapporté comprenant 15 mises en situation visant à évaluer quantitativement la perception de l’importance des personnes significatives dans l’environnement social de l’adolescent. Celui-ci doit d’abord identifier six personnes : père, mère, meilleur ami de même sexe, meilleur ami de sexe opposé, adulte significatif de même sexe et adulte significatif de sexe opposé. L’adolescent doit ensuite indiquer le niveau d’importance qu’il accorde aux six personnes identifiées pour chacune de 15 situations présentées sous la forme d’une brève vignette. L’adolescent indique l’importance accordée à chaque individu sur une échelle de Likert de six points : 1 = pas du tout important, 2 = très peu important, 3 = peu important, 4 = important, 5 = très important et 6 = extrêmement important. L’outil permet ensuite d’obtenir un score, soit la

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moyenne des 15 réponses données, pour chacune des six personnes de l’entourage de l’adolescent, indiquant l’importance relative que ce dernier leur accorde. Dans la présente étude, seuls les scores de perception de l’importance pour le père et la mère seront retenus. Différentes études de validation ont eu lieu et ont permis de constater une bonne validité pour le PEP (Fortier & Toussaint, 1996). Les items du PEP pour l’échantillon de participants de la présente étude ont une bonne cohérence interne globale (α = 0,964), de même que les 15 items concernant le père (α = 0,925), les 15 items pour la mère (α = 0,910) et les 30 items combinés pour le père et la mère (α = 0,948).

Grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes (DEP-ADO). La DEP-ADO est un questionnaire auto rapporté comprenant sept questions et plusieurs sous-questions visant à évaluer l’utilisation d’alcool, des drogues et des conséquences de la consommation pour l’adolescent. L’outil permet de classifier l’adolescent dans l’une des trois catégories possibles : « feu vert » indique que le niveau de consommation de l’adolescent n’est pas problématique. La catégorie « feu jaune » indique que l’adolescent présente un problème de consommation en émergence. Enfin, la catégorie « feu rouge » indique un problème évident de consommation pour l’adolescent, et que des mesures spécialisées de prise en charge sont nécessaires. La DEP-ADO a été utilisée afin de retirer de l’échantillon les participants adolescents classifiés dans les catégories jaune et rouge, dans le but de ne pas induire les effets de la consommation problématique ou quasi problématique de psychotropes sur la perception de l’importance des parents et sur la détresse

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psychologique exprimée. Une étude menée par Landry, Tremblay, Guyon, Bergeron, et Brunelle (2004) indique que la DEP-ADO possède de bonnes qualités psychométriques sur le plan de la validité et de la fidélité. L’outil présente une bonne cohérence interne (α = 0,84). Concernant la fidélité test-retest, elle a permis d’obtenir un coefficient de corrélation très satisfaisant (r = 0,94) (Landry et al., 2004).

Symptom checklist-90-R (SCL-90-R). Le SCL-90-R est un questionnaire auto rapporté de 90 questions visant à estimer la présence et l’intensité de la détresse psychologique présente chez l’individu. Il sert à dépister la présence de symptômes en lien avec la détresse psychologique chez l’individu (Derogatis, 1994). L’outil permet d’obtenir un score de détresse psychologique globale, un indice de sévérité des symptômes ainsi qu’un indice de présence de symptômes. Le SCL-90-R est construit afin de pouvoir être utilisé par des personnes âgées de 13 ans et plus. L’étude de validation menée par Gosselin et Bergeron (1993) permet de constater une consistance interne et une fidélité test-retest très satisfaisantes, et ce à un niveau plus élevé pour la version française que pour la version anglo-américaine. En effet, le coefficient de consistance interne alpha du score global de détresse psychologique est de 0,96. Concernant la fidélité, les corrélations des scores aux différentes dimensions, pour deux temps de mesure, varient entre 0,71 et 0,83 (Gosselin & Bergeron, 1993).

Dans la présente étude, le SCL-90-R sera utilisé afin de mesurer le score de détresse psychologique globale, qui sera obtenu à l’aide du score à l’indice de sévérité

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globale (GSI) de l’outil. Ce score est obtenu en faisant d’abord le total des points pour l’ensemble des réponses données par le participant aux items, puis en divisant ce total par le nombre d’items répondus afin d’obtenir une moyenne, avec finalement l’addition d’une valeur constante de 0,005. Cette moyenne est ensuite transformée en score T selon les normes en vigueur de l’outil. Les normes utilisées dans la présente étude sont celles des adolescents qui ne sont pas en consultation psychiatrique selon le sexe. L’indice de sévérité globale des symptômes constitue une caractéristique psychométrique majeure de l’instrument, justifiant son utilisation fréquente (Gosselin & Bergeron, 1993).

Déroulement

Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche effectuée par Fortier et al. (2011) sur les effets d’un programme de prévention, de la psychopathologie et de l’influence du réseau social sur la consommation de substances psychotropes chez les adolescents. Cette étude a été approuvée par le Comité d’éthique de la recherche de l’Université du Québec à Chicoutimi. Le certificat d’éthique (numéro 602.31.06) est présenté à l’appendice A.

Les parents ont reçu une lettre visant à les informer des objectifs de l’étude et ils ont donné leur contentement libre et éclairé quant à la participation de leur adolescent, étant donné l’âge inférieur à 18 ans. Les adolescents ont également donné leur consentement libre et éclairé pour la participation à l’étude avant l’administration des outils de mesure.

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La collecte des données a été réalisée par les membres de l’équipe de recherche en novembre et décembre 2009. L’administration des questionnaires a eu lieu durant une période de 90 minutes. Les adolescents étaient regroupés dans des salles réservées à cette fin. Les objectifs de l’étude, le déroulement de l’expérimentation, le droit de retirer leur consentement et l’anonymat des réponses leur ont été expliqués lors de chacune des rencontres. Les participants ont été autorisés à poser des questions lors de l’administration des questionnaires. L’ordre d’administration des outils d’évaluation était le suivant : questionnaire sociodémographique, DEP-ADO, l’inventaire d’estime de soi social (cet outil n’est pas utilisé dans le cadre de la présente recherche), le questionnaire de perception de l’environnement des personnes puis le Symptom checklist-90-R. Les questionnaires étaient auto administrés en version papier-crayon et les adolescents devaient répondre individuellement aux questions.

Méthode d’analyse des données

Les questions de recherche formulées dans le contexte de cette étude ont été abordées à l’aide de la technique statistique de l’ANOVA factorielle. Le niveau de détresse psychologique soit le score GSI du SCL-90-R constitue la variable dépendante pour chacun des quatre modèles d’ANOVA factorielle de l’étude. Rappelons que l’échantillon a été filtré afin de retirer les adolescents qui présentent une trajectoire d’installation de problème de consommation de psychotropes ou de consommation problématique avérée, afin de ne pas induire de biais relevant de la toxicomanie dans

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l’expression de détresse psychologique ainsi que dans la communication parentale. Après avoir confirmé la corrélation positive et significative entre l’anxiété (telle que mesurée par le score d’anxiété au SCL-90-R), la dépression (telle que mesurée par le score de dépression au SCL-90-R) et la détresse psychologique globale (telle que mesurée par le score GSI au SCL-90-R), des analyses descriptives ont été effectuées afin de dresser une description de l’échantillon ainsi formé en regard des variables principales à l’étude. Les moyennes sur la variable de détresse psychologique ont été observées en fonction du sexe de l’adolescent, de l’âge, du niveau de satisfaction de la communication avec la mère et le père, ainsi que de l’importance accordée à la mère et au père. Concernant l’âge des participants, ceux-ci ont été regroupés en trois catégories : 12-13 ans, 14-15 ans et 16-17 ans. Les variables de satisfaction de la communication avec les parents (mère et père) ont été modifiées afin d’avoir seulement deux catégories de satisfaction : satisfait et insatisfait. Les variables d’importance accordées aux parents (mère et père) ont également été modifiées afin d’obtenir trois niveaux d’investissement parental : faible, moyen et fort. Ces regroupements à l’intérieur des trois facteurs retenus permettent de réaliser les analyses statistiques à l’aide de catégories ordinales.

Par la suite, quatre analyses d’ANOVA factorielles ont été effectuées afin d’étudier les différences de détresse psychologique moyennes, pour chacune des dyades parent-adolescent, en fonction de l’influence des facteurs retenus selon la théorie. D’abord, les données de l’échantillon ont été filtrées selon le sexe de l’adolescent. Ensuite, les facteurs retenus selon les paramètres à vérifier (âge, satisfaction de la communication et

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importance parentale) ont été sélectionnés selon le sexe du parent afin de constituer les quatre dyades possibles. Par exemple, l’ANOVA factorielle pour la dyade mère-fille a pour facteurs inclus à l’analyse : 1) le niveau de satisfaction de la communication avec la mère à deux niveaux, 2) l’importance accordée à la mère à 3 niveaux et 3) l’âge de l’adolescente à 3 niveaux. Les termes d’interactions ont tous été pris en considération dans chacun des modèles dyadiques. La variable dépendante est la détresse psychologique selon le score GSI du SCL-90-R, et l’analyse a été menée seulement pour les adolescentes dans le cadre de cette dyade. Ce modèle d’analyse, qui constitue les quatre ANOVA factorielles a donc été appliqué de cette manière, pour chaque dyade.

Par la suite, dans chacune des quatre dyades, les facteurs produisant un effet significatif en lien avec la détresse psychologique ont été déterminés. Il deviendra donc possible de constater, pour chaque dyade, quels facteurs parmi la satisfaction de la communication avec le parent, l’importance du parent et l’âge sont liés à une différence significative sur la détresse psychologique de l’adolescent. Les effets d’interaction entre ces différents facteurs seront également étudiés, s’il y a lieu, pour chaque dyade. L’analyse statistique pourra également permettre de savoir, selon les facteurs retenus, si une faible communication parentale et une faible importance parentale sont associées significativement et systématiquement à une plus grande détresse psychologique selon l’âge dans toutes les formes de dyades.

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Cette section vise à présenter les résultats des analyses effectuées dans le cadre de la présente étude. D’abord, des statistiques descriptives seront présentées afin de décrire la détresse psychologique des adolescents de l’échantillon étudié, en fonction 1) du sexe, 2) de l’âge, 3) des caractéristiques de la communication parentale et 4) de l’importance des parents. Par la suite, les résultats propres à chacune des quatre dyades parent-adolescent seront présentés, afin de mieux comprendre comment, dans chacune de ces dyades, la détresse psychologique varie selon les facteurs étudiés (âge, satisfaction de la communication parentale et importance parentale). Il est important de considérer que le nombre de participants peut varier légèrement selon les analyses, considérant certaines données incomplètes.

Statistiques descriptives

Expression de la détresse psychologique, analyses générales. Tout d’abord, la corrélation entre les scores d’anxiété, de dépression et de détresse psychologique globale a été vérifiée. Ces analyses permettent de constater une corrélation significative entre l’anxiété et la dépression (r = 0,762, p = 0,000, N = 796), la détresse psychologique globale et l’anxiété (r = 0,869, p = 0,000, N = 796), de même qu’entre la détresse psychologique globale et la dépression (r = 0,863, p = 0,000, N = 796). Les scores T de détresse psychologique ont donc été utilisés en tenant pour compte qu’ils englobent largement les concepts d’anxiété et de dépression (coefficient de détermination détresse et anxiété = 75,52% ; coefficient de détermination détresse et dépression = 74,48%). Par

Figure

Figure 1. Détresse psychologique moyenne selon l’âge et la satisfaction  de la communication avec la mère dans la dyade mère-fille
Figure 3. Détresse psychologique moyenne selon l'importance accordée  au père et selon la satisfaction de la communication avec le père dans la  dyade père-fille
Figure 4. Détresse psychologique moyenne selon l'importance accordée à la  mère et la satisfaction de la communication avec la mère dans la dyade  mère-fils

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