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Compte rendu de l'ouvrage de Kathleen Saint-Onge (2013). Bilingual Being. My life as a Hyphen. Montreal, Kingston, London, Ithaca : McGill-Queen’s University Press.

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Texte intégral

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1 Saint-Onge, Kathleen, Bilingual Being. My life as a Hyphen (2013)

Montreal, Kingston, London, Ithaca, McGill-Queen’s University Press, 328 pages, ISBN: 9 780773541191

Dre Gabrielle Saint-Yves, Phd,

Université du Québec à Chicoutimi Mai 2016

Dans cet essai qui se veut un récit autobiographique, Kathleen Saint-Onge pose un regard à la fois identitaire et sociolinguistique sur son expérience de vie dans un milieu familial et scolaire à la fois bilingue et biculturel. L’auteure s’interroge sur son identité culturelle canadienne et tente de faire la part des choses entre ce qui représente sa langue maternelle, le français, et sa langue d’adoption, l’anglais. Elle nous transporte dans le récit de son enfance sur l’avenue Saint-Cyrille, dans la ville de Québec, jusqu’en Colombie-Britannique en passant par le Manitoba, où elle enseignera le français langue seconde, avant d’occuper un poste dans une école primaire d’immersion française, en Ontario. La linguiste raconte, dans ce livre polyvalent, sensible et coloré, l’influence qu’a eue sa langue maternelle dans la formation de son identité et explique le rôle qu’a joué sa langue seconde dans sa démarche pour oublier une enfance difficile au Québec : ̒ I fled French into the waiting arms of English ̓ (15).

Ce sont surtout les commentaires de la linguiste, candidate au doctorat à l’Université de York, qui retiendront notre attention dans ce mémoire à la fois ethnographique, historique et poétique. L’auteure parle de son vécu très honnêtement, mais aussi, de façon anecdotique, en tentant de reproduire le plus précisément possible ce qu’elle appelle le joual, c’est-à-dire le parler caractéristique de sa mère : ̒ my mother’s words in the so-called joual of Quebec City ̓ (327). En voici des exemples : je’l sais, correc, el temps des sucres, cabane à suc, tu cherches

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2 t’jours du troub’ toé t’aimes donc ben el conflit. Elle s’attardera aussi à bien décrire ce qu’elle appelle el patois Saintongeais à Québec qui lui permet, sans problème, de féminiser autobus, avion, pétale ou encore, de refuser, de le faire pour entrevue et espèce. La linguiste illustre aussi des traits de prononciation particuliers à sa variété de français (voir p. 170) : a’erviendra jama (elle ne reviendra jamais), el chien (le chien), binque (bien), mial (miel), ermarier, erjeter (remarier, rejeter), réempaqueter (rempaqueter), chfeux, chfal (cheveux, cheval), mémoére (mémoire)... Elle prendra grandement plaisir à rappeler les mots préférés de son enfance (en les traduisant, p. 171) tels que : amancher (to fix), apitchoumer (to sneeze), pigrasser (to fiddle around), s’abrier (to cover yourself), désabrier (to uncover by removing a blanket), s’écrapoutiller (to squish)… La qualité du corpus oral décrit est tout à fait remarquable et correspond au français québécois des années cinquante et soixante, accompagné de traductions et d’équivalents anglais dont certains ne sont pas encore pris en compte dans les dictionnaires bilingues.

Ce livre pourra donc intéresser non seulement les lecteurs anglophones qui souhaitent vivre une expérience francophone dont l’auteure donne un bon aperçu par ses exemples (the dépanneur/ grocery store, maudit bloke /damned blockhead), mais aussi, des chercheurs en francophonie qui voudront mieux connaître cette époque que font renaître les mots et les faits évoqués : jouer dans le cabanon (hideout), jouer à la cachette (hide and seek), jouer à corde (jump rope), jouer aux billes (marbles), manger des ertailles d’hostie (communion wafer cut-outs), aller chez Birks (a stunningly beautiful jewellery outlet), porter sa jaquette en flannalette (flannel nightie).

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3 Paradoxalement, ce seront les critiques de parents souhaitant que le vrai français (real French) soit enseigné à leurs enfants dans une école primaire de Toronto (soit un français épuré de sa couleur locale ancestrale québécoise) qui donneront à l’enseignante, Kathleen Saint-Onge, le goût de défendre et d’illustrer, avec passion et émotion, la langue maternelle qu’elle avait délaissée, au profit de l’anglais pendant plus de vingt-cinq ans, et de se réinventer comme personne « born on solid ground », cette fois-ci, dans un poème intitulé Landslide !

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