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La détection du vêlage chez la vache laitière

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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La détection du vêlage chez la vache laitière.

Mémoire

Véronique Ouellet

Maîtrise en sciences animales

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

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Résumé court

Ce projet visait à mesurer la performance pour prédire le vêlage d’une diminution de température vaginale, du temps de rumination et du temps passé couché ainsi que d’une augmentation du nombre d’épisodes de coucher mesurées par trois technologies automatisées chez des vaches laitières Holstein multipares vêlant en stabulation entravée. La performance de différentes combinaisons de technologies permettant la considération simultanée de plusieurs indicateurs du vêlage a aussi été évaluée. Lorsqu’utilisée individuellement, la sonde vaginale permettant la mesure d’une diminution de température vaginale à l’approche du vêlage a obtenu les meilleures performances pour prédire le vêlage dans les 24, 12 et 6 prochaines heures. Pour sa part, la combinaison des différentes technologies a permis d’améliorer la performance de prédiction des vêlages comparativement à ce qui avait été mesuré avec les technologies utilisées individuellement. Les meilleures performances pour prédire le vêlage dans les prochaines 24, 12 et 6 heures ont été mesurées lorsque les trois technologies étaient combinées. Néanmoins, les résultats ont démontré que même lorsque combinées, les technologies utilisées dans cette expérience ne permettent pas de prédire précisément le moment du vêlage. En contrepartie, celles-ci, lorsque combinées, étaient en mesure de prédire précisément l’absence de vêlage.

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Résumé long

Les difficultés au vêlage, aussi appelées dystocies, sont communes en production laitière. Les dystocies ne sont pas souhaitables en production laitière puisqu’elles entraînent une gamme de répercussions négatives sur la santé de la vache et du veau se traduisant par des pertes économiques importantes pour le producteur. Ainsi, la prévention des dystocies devrait être une priorité de gestion en production laitière.

Une technologie permettant de prédire précisément le moment du vêlage permettrait de minimiser l’impact des dystocies en assurant l’intervention humaine en cas de besoin et au moment opportun dans les situations de vêlages difficiles. Plusieurs technologies permettant de détecter des indicateurs associés au vêlage chez la vache laitière sont en voie de développement ou sont récemment disponibles pour les producteurs. Par contre, certaines de ces technologies, bien que prometteuses, n’ont pas encore fait l’objet d’études concernant le vêlage. Ainsi, leur performance pour prédire le vêlage n’est, à ce jour, pas disponible.

L’objectif de ce projet était de mesurer la performance de prédiction du vêlage dans les prochaines 24, 12 et 6 h d’une diminution de la température vaginale, du temps de rumination et du temps passé couché ou d’une augmentation du nombre d’épisodes de coucher mesurées par trois technologies automatisées. La performance de la combinaison des technologies permettant la considération simultanée de plusieurs indicateurs du vêlage a aussi été évaluée. Pour ce faire, 42 vaches Holstein multipares vêlant en stabulation entravée ont été munies 7 ± 2 jours avant la date prédite du vêlage d’une sonde vaginale, d’un capteur de rumination et d’un accéléromètre. Pour chaque indicateur du vêlage, les 120 dernières heures avant le vêlage ont été corrigées pour le moment réel du vêlage et résumées en valeurs quotidiennes (cinq par vache) et en vingt périodes de 6-h (pour un total de 120 h). Les performances de prédiction du vêlage des technologies individuelles et des combinaisons ont été évaluées en mesurant la sensibilité, la spécificité, les valeurs prédictives ainsi que l’aire sous la courbe receiver operating characteristics.

Les températures vaginales des vaches étaient en moyenne 0,3 °C plus faibles (P < 0,05) alors que le temps de rumination et le temps passé couché étaient respectivement de 41 min et 52 min plus faibles (P < 0,05) la journée du vêlage comparativement aux quatre

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jours avant le vêlage. Les vaches ont aussi effectué en moyenne deux épisodes de coucher de plus (P < 0,05) la journée du vêlage comparativement aux quatre jours avant le vêlage.

Parmi les trois technologies étudiées, la sonde vaginale permettant de mesurer la diminution de température associée au vêlage a obtenu les meilleures performances pour prédire le vêlage dans les 24, 12 et 6 prochaines heures avec une sensibilité allant de 68 à 74 %, une spécificité allant de 76 à 74 %, des valeurs prédictives positives allant de 13 à 51 %, des valeurs prédictives négatives allant de 89 à 97 % et une aire sous la courbe allant de 0,68 à 0,80. Alors que la sonde obtient ses meilleures performances pour une prédiction du vêlage dans les prochaines 24 heures, le résultat contraire a été observé avec les capteurs de rumination et avec les accéléromètres pour la mesure du nombre d’épisodes de coucher.

La combinaison des technologies a permis d’augmenter la performance de la prédiction des vêlages dans les prochaines 24, 12 et 6 h comparativement à ce qui a été mesuré lorsque les technologies étaient considérées individuellement. Les meilleures performances pour une prédiction dans les prochaines 24, 12 et 6 h ont été obtenues par la combinaison des trois technologies. Parmi ces trois intervalles de prédiction, la meilleure performance fut observée pour une prédiction dans les prochaines 24 heures. Malgré l’amélioration apportée par la combinaison, les technologies testées dans cette étude ne permettent pas de prédire précisément le moment du vêlage chez la vache laitière, ce qui s’est traduit par des valeurs prédictives positives allant de 10 à 56 %. Par contre, lorsque combinées, les technologies étaient en mesure de prédire précisément l’absence du vêlage (valeurs prédictives négatives allant de 74 à 97 %), ce qui peut également fournir de l’information valide aux producteurs pour la gestion des vêlages.

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Table des matières

Résumé court ... iii

Résumé long ... v

Liste des tableaux ... xi

Liste des figures ... xiii

Liste des abréviations ... xv

Remerciements ... xvii

Avant-propos ... xix

Introduction ... 1

CHAPITRE 1 Revue des travaux antérieurs ... 3

1.1 Mieux comprendre le vêlage ... 4

1.1.1 La physiologie de l’eutocie ... 4

1.2 La dystocie ... 7

1.2.1 La prévalence des dystocies chez les vaches laitières ... 8

1.2.2 Les types de dystocies ... 9

1.2.3 Les conséquences des dystocies ... 13

1.3 L’importance de la détection du vêlage ... 20

1.4 Les indicateurs externes liés au vêlage ... 22

1.4.1 Le relâchement des ligaments sacro-sciatiques ... 23

1.4.2 La distension du pis et la fuite de colostrum ... 23

1.4.3 L’enflure de la vulve et la décharge de mucus ... 24

1.4.4 Le relâchement de la queue, le remplissage des trayons et l’œdème mammaire ... 24

1.5 Les indicateurs comportementaux liés au vêlage ... 25

1.5.1 Les indicateurs comportementaux liés à l’activité ... 25

1.5.2 Les indicateurs comportementaux liés à l’alimentation ... 33

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viii

1.6.1 Les profils hormonaux ... 40

1.6.2 Les changements de température corporelle ... 42

1.7 Caractéristiques recherchées chez une méthode utilisée pour prédire le vêlage chez la vache laitière ... 45

1.8 La performance des méthodes utilisées pour prédire le vêlage ... 48

1.8.1 La performance de prédiction du vêlage des méthodes mesurant des indicateurs externes ... 49

1.8.2 La performance de prédiction du vêlage des méthodes pour mesurer les indicateurs comportementaux ... 52

1.8.3 La performance de prédiction du vêlage des outils et des technologies utilisés pour mesurer les indicateurs internes ... 52

1.8.4 La performance de prédiction des vêlages du système global pour communications mobiles (SGM) ... 55

1.9 Technologies prometteuses pour la détection des vêlages en attente de validation ... 59

1.9.1 Les accéléromètres ... 59

1.9.2 Le système Smart Vel® ... 60

1.9.3 Les technologies mesurant les indicateurs liés à l’alimentation ... 61

1.9.3.1 Les capteurs de rumination ... 61

1.9.4 Les technologies permettant de mesurer les changements internes liés au vêlage ... 64

1.10 Conclusion et objectifs de recherche ... 67

1.11 Liste des ouvrages cités ... 69

CHAPITRE 2 Evaluation of technologies to predict the onset of calving in Holstein dairy cows ... 79

Résumé ... 80

Abstract ... 82

2.1 Introduction ... 83

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ix

2.2.1 Animals, Housing and Feeding ... 85

2.2.2 Experimental measurements ... 85

2.2.3 Statistical analysis ... 86

2.3 Results and Discussion ... 88

3.1.1 Differences between days ... 88

2.3.2 Difference between 6-h periods ... 90

2.3.3 Test performance of calving indicators ... 92

2.3.4 Test performance of different combinations of calving predictors ... 94

2.4 Conclusions ... 96

2.5 Acknowledgments ... 96

2.6 References ... 97

Conclusion ... 105

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Liste des tableaux

Chapitre 1

Tableau 1.1. Description des échelles basées sur le degré d’assistance accordée à l’animal pendant le processus de la parturition utilisées pour décrire les dystocies chez la vache Holstein………...………7

Tableau 1.2. Les coûts associés aux dystocies selon le pointage des dystocies et selon la parité des vaches………...………...…19

Tableau 1.3. Les mortalités périnatales et les maladies postpartum dans six groupes expérimentaux…………..………...21

Tableau 1.4. Nombre d’épisode de coucher effectué par les vaches pendant les quatre derniers jours avant le vêlage………..………...….26

Tableau 1.5. Nombre d’épisodes de coucher (moyenne ± SEM) durant les six périodes de deux heures dans les douze heures précédant le vêlage………..…………28

Tableau 1.6. Temps total passé couché par les vaches pendant les quatre derniers jours avant le vêlage.………..…...29

Tableau 1.7. Temps de repos durant les six périodes de deux heures dans les douze heures précédant le vêlage………...………30

Tableau 1.8. Les températures vaginales moyennes (moyenne ± ÉC) de trois jours avant le vêlage jusqu’au jour du vêlage dans les expériences 1 (n = 30 vaches primipares), 2 (n=30 vaches multipares) et 3 (n = 25 vaches multipares)…….……….43

Tableau 1.9. La performance des indicateurs externes pour prédire le vêlage dans les douze prochaines heures………..51

Tableau 1.10. Synthèse de la performance pour prédire le vêlage des méthodes

permettant la mesure des indicateurs externes………....57

Tableau 1.11. Synthèse de la performance pour prédire le vêlage des méthodes permettant la mesure des indicateurs internes.………58

Chapitre 2

Table 2.1. Table 2.1. Mean Vaginal temperature (VT), daily rumination time (RT), daily number of lying bouts (LB), and daily lying time (LT) on the 4 days before and the day of parturition of dairy cows (n = 32 multiparous cows)………..……..100

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Table 2.2. Test performance (95% confidence interval in parentheses) of optimal cut-off point of decreases in vaginal temperature (VT), rumination time (RT), lying time (LT) and increase in lying bouts (LB) measured over 6 h period and compared to the same period 24h earlier as a predictor of parturition within 24 h, 12 h, and

6 h………..………….………...……....102

Table 2.3. Test performance (95% CI) of different combination of calving indicators as a predictor of parturition within 24 h, 12 h, 6 h.………103

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Liste des figures

Chapitre 1

Figure 1.1. Apparition du sac amniotique (A) et des onglons du veau (B) marquant la fin de l’étape I et le début de l’étape II du vêlage………...………6

Figure 1.2. Les causes intermédiaires et ultimes des dystocies dues à la disproportion fœtaux-pelvic chez la vache laitière………..………...…..….10

Figure 1.3. Diagramme en boîte du nombre d’épisodes de coucher pendant chaque période de six heures avant le vêlage (gris) and pendant la période témoin (blanc)………...………...27

Figure 1.4. Diagramme en boîte du nombre de levée de la queue pendant chaque période de six heures avant le vêlage (gris) and pendant la période témoin (blanc)………..32

Figure 1.5. Rythme diurne des températures vaginales comparant les 48 dernières heures (—) et de 49 à 120 heures avant le vêlage (--) dans l’expérience 3 (n = 25 vaches multipares)………..……….45

Figure 1.6. Schématisation de la performance d’un test………...…...47

Chapitre 2

Figure 2.1. Mean vaginal temperature (A) (SEM=0.08), mean rumination time (B) (SEM=13.20), mean number of lying bouts (3C) (SEM=0.32), mean lying time (D) (SEM=14.05) in the last 120 h before parturition in n=32 multiparous cows………...……101 Figure 2.2. Mean vaginal temperature (A) (SEM=0,02), mean rumination time (B) (SEM=3,68), mean number of lying bouts (C) (SEM=0,14), mean lying time (D) (SEM=6,59) during morning, afternoon, evening, and night in the last 120 h before parturition in n=32 multiparous cows………...…….…………101

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Liste des abréviations

+PV Positive predictive value -PV Negative predictive value ASC Aire sous la courbe AUC Area under the curve E1S Estrone-3-Sulphate

E2β Estradiol-17β

LB Lying bout

LT Lying time

P4 Progestérone

VP+ Valeur prédictive positive VP- Valeur prédictive négative

ROC Receiving operating characteristics

RT Rumination time

SD Standard deviation

Se Sensitivity

SEM Standard error of the mean SEN sensibilité

SPE spécificité

Sp Specificity

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Remerciements

Le désir de poursuivre mes études au cycle supérieur m’est venu à l’été 2012, à mi-chemin de mon BAC, alors que j’occupais un poste d’auxiliaire de recherche au département des sciences animales pour Édith Charbonneau. J’ai alors eu la chance d’assister une stagiaire postdoctorale dans son projet de recherche et j’ai su que je voulais un jour être en charge de mon propre projet et m’investir dans la recherche en production laitière.

Ma maîtrise a été pour moi une expérience très enrichissante tant sur les plans professionnel et académique que personnel. L’expérience n’aurait certainement pas été la même sans l’équipe de professionnels qui m’a entourée et appuyée pendant ces deux dernières années et que je tiens sincèrement à remercier :

Édith, le choix de ma directrice de maîtrise allait de soi. Cela fait maintenant plusieurs années que j’ai la chance de travailler sous ton aile et je suis extrêmement reconnaissante de toutes les compétences et connaissances que j’ai acquises durant cette période. Merci pour tout : ta pédagogie, ton accessibilité, tes connaissances, ton ouverture d’esprit, ta compréhension, ton inébranlable patience face à mes multiples questions/questionnements, ton sens de l’humour. Merci de tes encouragements et d’avoir cru en moi. Tu es pour moi une mentor et j’admire ton travail. Je suis extrêmement contente et je me considère chanceuse de pouvoir continuer notre collaboration pendant mon doctorat. J’ai bien hâte de commencer ce nouveau chapitre.

Elsa,merci de ta disponibilité malgré la distance qui nous sépare. Merci de ton aide et de ton expertise, spécialement à ce a trait au comportement animal. Merci d’avoir contribué à amener le projet à un niveau supérieur par tes idées et tes judicieux conseils et commentaires lors de nos réunions.

Je tiens aussi à remercier toute l’équipe de la ferme Marygold inc. pour l’hospitalité, la confiance et l’appui pendant la phase expérimentale et les encouragements. Sans vous, le projet n’aurait pas pu se réaliser.

Merci également à Michelle Vézina, Rébecca Samson, Annie Pelletier, Kathleen Fecteau et Stéphanie Dion pour leur précieuse aide pendant la phase expérimentale.

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Je tiens à remercier le département de génie électrique et de génie informatique ainsi que le département de sciences animales de l’Université Laval, d’avoir permis la conduite de cette maîtrise. Des remerciements plus particuliers à Xavier Maldague, Julien Fleuret et Linda Saucier, merci de votre appui pendant le projet. Merci à Jean Bernier, Doris Pellerin et Édith Charbonneau de m’avoir fait confiance et de m’avoir confié des tâches d’enseignement, ce fut grandement apprécié.

Merci à Wolfgang Heuwieser de m’avoir accueilli à la Frei Universität de Berlin pour un stage de deux mois. Cette expérience fut très enrichissante et j’espère avoir la chance de retravailler avec l’équipe de la clinique de reproduction.

Merci à la gang du département Max, Joanie, Liliana, René, Alexandra, Anne-Sophie et Alex pour votre soutien, nos discussions et nos nombreux fous rires. Merci à mes amies de l’INAF Chloé et Rachèle qui m’ont permises, entre autres, de profiter du soleil de l’INAF le midi. Un merci spécial à mon amie Florence qui était à mes côtés lors de mes nombreux voyagements à Saint-Anselme la fin de semaine.

Finalement, merci à mes parents Denise et François, ma tante Marie-Josée et à mon conjoint Antoine de votre appui, de vos conseils et de vos encouragements durant ces deux dernières années.

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Avant-propos

Ce mémoire contient un chapitre rédigé sous forme d'article scientifique. Je suis l'auteure principale de cet article, les coauteurs sont les chercheurs E. Vasseur, W. Heuwieser, X. Maldague et É. Charbonneau. Toutes ces personnes se sont impliquées dans les travaux. L’article portant le titre «Evaluation of technologies to predict the onset of calving in Holstein dairy cows» sera soumis pour publication dans la revue «Journal of Dairy Science».

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Introduction

Les vêlages sont essentiels pour initier la production laitière des vaches et pour assurer le renouvellement des troupeaux laitiers. C’est un évènement incontournable en production laitière, mais également un moment risqué pour la vache et le veau. Les difficultés au vêlage, aussi appelées dystocies, sont communes chez les vaches laitières (Miedema et al., 2011a). Aux États-Unis, la prévalence des dystocies se situe entre 28,6 et 51,2 % chez les vaches primipares et entre 10,7 et 29,4 % chez les vaches multipares de race Holstein (Meyer et al., 2001 ; Lombard et al., 2007). Les dystocies entraînent une gamme de répercussions négatives chez la vache et chez le veau incluant une augmentation de l’incidence de mort à la naissance (Meyer et al., 2000), de la mortalité pendant les 30 premiers jours postpartum (Lombard et al., 2007), une augmentation de la probabilité de l’occurrence des troubles digestifs et respiratoires tant chez la vache que chez le veau, des rétentions placentaires et des maladies utérines chez la vaches (Lombard et al., 2003; Sheldon et al., 2009). Les dystocies sont aussi associées à des pertes économiques pour l’industrie laitière qui sont attribuables à une diminution significative de la production laitière (Meijering et al., 1984; Djemali et al., 1987; Dematawewa et Berger, 1997), de la fertilité (Dematawewa et Berger, 1997; Tenhangen et al., 2007), de l’augmentation de la morbidité chez le veau (Lombard et al., 2007; Streyl et al., 2011) et de la mortalité tant chez le veau que chez la vache (Lombard et al., 2007; Tenhagen et al., 2007). La prévention des dystocies chez la vache laitière devrait, alors, être une priorité dans la gestion de la ferme (Büchel et Sundrum, 2014).

Il a été rapporté à plusieurs reprises que la détection des vêlages permet de minimiser l’impact des dystocies en permettant de suivre l’évolution du processus de parturition et de porter assistance aux vaches en cas de besoin et au moment opportun (Shah et al., 2006; Streyl et al., 2011 ; Palombi et al., 2013). Les recherches effectuées dans les dernières années se sont principalement concentrées à l’identification d’indicateurs permettant de détecter l’approche du vêlage chez la vache laitière. Plusieurs indicateurs externes tels que la distension du pis (Berglund et al., 1987), la relaxation des ligaments sacro-sciatiques (Shah et al., 2006; Streyl et al., 2011), l’enflure de la vulve (Berglund, 1987; Streyl et al., 2011), la fuite de colostrum (Berglund, 1987), les décharges de mucus (Streyl et al., 2011) et plusieurs indicateurs comportementaux (Huzzey et al., 2005; Miedema et al., 2011; Jensen, 2012; Felton et al., 2013; Schirmann et al., 2013) à l’approche du vêlage ont été étudiés. Des indicateurs internes tels que les variations des

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profils de certaines hormones (Matsas et al., 1992; Zhang et al., 1999; Shah et al., 2006; Streyl et al., 2011) et de la température interne (Burfeind et al., 2011) ont aussi été validés pour la détection des vêlages.

L’identification et la validation des indicateurs associés au vêlage ont permis l’élaboration de méthodes, d’outils et de dispositifs permettant de quantifier ces changements et de prédire le début du vêlage. Plusieurs technologies permettant la mesure automatisée d’indicateurs du vêlage sont en cours de développement ou ont récemment été rendues disponibles pour les producteurs. Par contre, certaines de ces technologies, bien que prometteuses, n’ont pas encore fait l’objet d’études portant sur le vêlage. La performance de ces technologies pour prédire cet évènement chez la vache laitière n’est, à ce jour, pas disponible. Ainsi, le premier chapitre de ce mémoire consiste à recenser les connaissances actuelles sur le sujet. L’évaluation et la comparaison de la performance pour prédire le vêlage dans les prochaines 24, 12 et 6 heures de trois technologies (sonde vaginale, capteur de rumination et accéléromètre) font l’objet du deuxième chapitre de ce mémoire. Parallèlement, la performance de la combinaison de technologies permettant la mesure simultanée de plusieurs indicateurs du vêlage a aussi été évaluée. Ceci avec pour but ultime d’améliorer la surveillance des vaches dont le vêlage est imminent afin de réduire les impacts des dystocies et de maximiser la santé des vaches laitières et de leur veau.

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CHAPITRE 1

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4

La détection ou la prédiction des vêlages chez la vache laitière permet d’assurer une surveillance adéquate des vaches dont le vêlage est imminent. Une telle surveillance permet de poser des gestes visant à préserver l’intégrité des nouveau-nés et des vaches subissant des difficultés au vêlage. De plus, une bonne surveillance permet de diminuer les impacts négatifs associés à un vêlage difficile et de réduire la mortalité périnatale. Cette revue de littérature porte principalement sur différents indicateurs permettant de prédire le début du vêlage ainsi que sur la performance et le potentiel des différentes méthodes, outils et technologies utilisées pour détecter ces indicateurs.

1.1 Mieux comprendre le vêlage

Afin d’être en mesure de fournir à la vache laitière un environnement propice à la réussite du vêlage, il est d’abord nécessaire de bien comprendre la physiologie et les grandes étapes de la parturition normale, aussi appelée eutocie. Une bonne connaissance des stades du vêlage et des structures impliquées dans celui-ci permet de reconnaître les causes ainsi que les conséquences des difficultés pouvant survenir pendant cet événement. De plus, la connaissance des caractéristiques et des indicateurs propres à la parturition normale est critique pour déterminer le moment approprié d’intervention chez les vaches nécessitant de l’assistance pendant le vêlage.

1.1.1 La physiologie de l’eutocie

L’eutocie, ou le vêlage normal, est défini comme étant un vêlage spontané de durée normale (Mee, 2008). Chez la vache laitière de race Holstein, le vêlage survient au terme de la gestation qui dure pendant 279 ± 10 jours selon le nombre de parité de l’animal (Proudfoot et al., 2009). Bien que la longueur de la gestation diffère légèrement entre les différentes races de vaches laitières, les étapes menant au vêlage sont les mêmes pour toutes les vaches, et ce, indépendamment de la race (Mee, 2008).

Le vêlage est un processus complexe. Plusieurs mécanismes affectent le processus, mais aucun ne le contrôle complètement (Schuenemann, 2012). Tel que spécifié par Mortimer (1997), plusieurs évènements provoquent l’enclenchement du vêlage. En effet, la croissance du fœtus et l’expansion de l’utérus durant la dernière portion de la gestation entraînent l’incapacité du placenta à répondre aux demandes additionnelles du fœtus. Le placenta commence alors à remplir ses fonctions moins efficacement. En réponse à ce stress, le fœtus commence à relâcher des glucocorticoïdes tels que le cortisol. Le cortisol relâché par le fœtus stimule à son tour la production placentaire

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5 d’œstrogènes et de prostaglandines. En plus de la production fœtale, certaines parties de l’endomètre de la mère peuvent aussi produire des prostaglandines. Simultanément, la production de progestérone diminue, probablement grâce à l’effet lutéolytique des prostaglandines sur le corps jaune de l’ovaire. Le relâchement d’œstrogènes et de prostaglandines stimule le relâchement d’ocytocine maternel, sensibilise l’utérus aux effets de l’ocytocine et provoque la dilatation du col de l’utérus. Les muscles utérins, dont la contractilité augmente en fin de gestation, commencent à se contracter régulièrement au fur et à mesure que le col se dilate. Lorsque le col est dilaté à son maximum, le fœtus est forcé dans le canal de naissance de la mère. Des points de pression sont alors produits dans le vagin de la mère, ce qui stimule la sécrétion d’ocytocine et initie les contractions abdominales. Le vêlage est alors enclenché et le processus est irréversible.

Le vêlage est un évènement qui se divise en trois étapes distinctes (I, II et III) tel que décrit par Schuenemann (2012). En conditions normales, le vêlage évolue progressivement d’une étape à l’autre. L’étape I ou étape préparatoire débute lorsque l’utérus commence à se contracter, ce qui provoque un déplacement du fœtus dans le canal de naissance. L’étape I, qui s’échelonne généralement de deux à douze heures (huit heures en moyenne), est caractérisée par la dilatation des tissus du canal de naissance incluant la relaxation des ligaments du pelvis, du col de l’utérus et de la vulve. Bien qu’il existe des différences entre les comportements des vaches pendant l’étape I selon le nombre de parité de l’animal, cette étape est généralement caractérisée par le reniflement du sol, le léchage des parties du corps, des décharges fréquentes d’urine et de fèces, de nombreuses transitions de la position debout à la position couchée, des vocalisations et des levées fréquentes de la queue (Wehrend et al., 2006). Il est aussi possible d’observer plusieurs de ces comportements dans les étapes II et III du vêlage. En général, à cette étape, la vache semble plus nerveuse et inconfortable. Les contractions utérines pendant l’étape I sont à un intervalle de quinze minutes. Les contractions poussent l’allantochorion contre le col de l’utérus, ce qui contribue à sa dilatation. L’étape I du vêlage se termine avec la dilatation complète du col de l’utérus et avec l’apparition du sac amniotique à l’extérieur de la vulve (Figure 1.1).

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6

A B

Figure 1.1. Apparition du sac amniotique (A) et des onglons du veau (B) marquant la fin de l’étape I et le début de l’étape II du vêlage.

Tirée de Schuenemann, 2012

L’apparition du sac amniotique et des onglons du veau à l’extérieur de la vulve sont des marques de référence permettant de suivre l’avancement du vêlage et le moment d’intervention en cas de besoin. L’étape II, qui se défini comme la phase d’expulsion, débute lorsque les onglons du veau sont visibles à l’extérieur de la vulve de la mère. Cette étape dure entre 30 minutes et quatre heures (Wehrend et al., 2006). Cette étape est souvent plus longue chez les vaches primipares. De plus, l’étape II est prolongée advenant le déplacement de la vache dans un parc de vêlage pendant cette étape (Proudfoot et al., 2009). L’étape II est caractérisée par l’intensification des contractions abdominales, l’avancement du veau dans le canal de naissance et ultimement par l’expulsion du veau. En conditions idéales, les onglons du veau sont suivis par le nez et par la tête (présentation frontale) ou par la queue et le pelvis du veau si celui-ci a une présentation postérieure. L’étape II se termine par l’expulsion complète du ou des veaux. Pendant cette période, les contractions sont à deux minutes d’intervalle et durent environ une minute et demie. La progression du vêlage (apparition des onglons suivis par le nez, la tête, les épaules et l’expulsion du veau) est observable à toutes les quinze à vingt minutes. Les contractions abdominales sont plus fréquentes au fur et à mesure que le vêlage progresse. En conditions normales, lorsque la tête et les épaules du veau sont à l’extérieur de la vulve, deux ou trois contractions abdominales puissantes complètent l’expulsion du veau.

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7 Finalement, l’étape III s’échelonne de l’expulsion complète du veau jusqu’à l’expulsion des membranes fœtales. Immédiatement après le vêlage, en conditions idéales, la vache ou la taure se relève et commence à renifler et à lécher le nouveau-né. Normalement, l’expulsion des membranes fœtales devrait se faire sans complication entre 30 minutes et huit heures à la suite de l’expulsion du veau. S’il n’y a pas eu d’expulsion après douze heures, les membranes sont considérées comme pathologiques et une attention particulière devra être apportée à l’animal (Noakes et al., 2001).

1.2 La dystocie

Bien qu’il n’existe pas à ce jour de définition universelle pour le mot dystocie, la majorité des auteurs la définisse comme étant une naissance difficile entraînant un vêlage plus long ou une extraction sévère du veau à la naissance (Mee, 2008; Miedema et al., 2011a; Streyl et al., 2011 ; Schuenemann, 2012; Barrier et al., 2012). Le degré d’assistance donné à la vache pendant le vêlage détermine le degré de dystocie observé. Plusieurs échelles qualitatives, basées sur le degré d’assistance accordé à l’animal pendant le processus de la parturition, ont été élaborées afin de décrire les dystocies chez la vache laitière (Tableau 1.1).

Tableau 1.1. Description des échelles basées sur le degré d’assistance accordée à l’animal pendant le processus de la parturition utilisées pour décrire les dystocies chez la vache Holstein.

Adapté de Schuenemann, 2012

À ce jour, aucune échelle permettant de décrire les dystocies chez la vache laitière n’est adoptée universellement. L’adoption universelle d’une échelle serait intéressante afin de faciliter, dans le cadre d’études épidémiologiques, l’évaluation de la prévalence ainsi

Échelle Description des pointages accordés Références 1 à 3 1 = pas d’assistance Meyer et al., 2001

2 = assistance légère 3 = besoin d’assistance

1 à 5 1 = pas d’assistance Dematawewa,

Berger, 1997 Lombard et al., 2007

Schuenemann, 2011b

2 = assistance d’une personne sans l’utilisation d’un extracteur mécanique

3 = assistance de deux personnes ou plus 4 = assistance avec une traction mécanique 5 = procédure chirurgicale

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8

que des facteurs de risques génétiques et non-génétiques des dystocies et la présentation des résultats à l’échelle internationale (Mee, 2008).

1.2.1 La prévalence des dystocies chez les vaches laitières

Les dystocies sont plus communes chez les vaches laitières comparativement à ce qui est observé chez les vaches de boucherie (Miedema et al., 2011a). Depuis plusieurs années, la prévalence des dystocies a augmenté dans les troupeaux laitiers en Europe et en Amérique (Mee, 2008). Cette augmentation serait attribuable, entre autres, au fait qu’il n’existe pas à ce jour de sélection rigoureuse concernant la facilité au vêlage et que la gestion des vaches en période pré-vêlage ne vise actuellement pas la diminution des risques des dystocies (Gary, 2004). De plus, le désir de produire des veaux de plus grande stature et l’augmentation de l’utilisation des gènes Holstein dans les croisements peuvent aussi expliquer l’augmentation du nombre de dystocies observée dans les troupeaux laitiers (Miedema et al., 2011a).

Plusieurs études ont estimé la prévalence des dystocies dans les troupeaux laitiers principalement en Europe et en Amérique. Meyer et al. (2001) ont rapporté la prévalence des dystocies provenant de rapports vétérinaires dans le cadre du National Ease Calving Program chez les vaches primipares et multipares aux États-Unis sur une période de douze ans. Ils ont observé une prévalence des dystocies de 28,6 % pour les vaches primipares et de 10,7 % pour les vaches multipares. En comparaison, une étude menée auprès des producteurs en 2002 par le National Animal Health Monitoring Systems (NAHMS) a rapporté que seulement 3,7 % des vaches ont souffert de dystocies (USDA, 2002). Le sondage mené par le NAHMS reposait principalement sur les éléments rapportés par les producteurs. Tel que mentionné précédemment, aucune échelle universelle n’est utilisée internationalement pour décrire les dystocies, ce qui rend l’interprétation des résultats fournis par les producteurs difficile. De plus, l’absence des producteurs pendant certains vêlages, principalement la nuit, peut influencer les résultats rapportés par ceux-ci. Ainsi, la proportion des vaches ayant souffert de dystocies a probablement été sous-estimée dans ce sondage. Pour vérifier la prévalence des dystocies dans les troupeaux laitiers aux États-Unis, Lombard et al. (2007) ont observé le vêlage de 7 380 vaches primipares et multipares. L’étude a permis de constater une prévalence de dystocie de 48,8 % chez les vaches primipares et de 29,4 % chez les vaches multipares. Ces pourcentages étant basés sur une étude utilisant une échelle unique de description des dystocies et pendant laquelle des vétérinaires étaient

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9 présents à tous les vêlages, ils sont probablement un meilleur reflet de la situation actuelle aux États-Unis et démontrent que les dystocies sont un problème commun dans les troupeaux laitiers en Amérique.

1.2.2 Les types de dystocies

Les dystocies surviennent lorsqu’il y a un trouble au niveau d’une ou de plusieurs des trois principales composantes du vêlage : les forces d’expulsion, la conformation du canal de naissance et la taille et la position du fœtus (Noakes et al., 2001). Il existe plusieurs types de dystocies déterminés selon la cause principale de celles-ci. Tous les types de dystocies peuvent survenir tant chez les vaches primipares que chez les vaches multipares (Mee, 2008). Par contre, il existe des types de dystocie prédominants pour chacun des groupes. Chez les vaches primipares, les facteurs prédominants en ordre décroissant d’importance sont la disproportion des veaux, la malposition du fœtus et le manque de dilatation de la vulve (McClintock, 2004). Chez les multipares, les dystocies les plus fréquentes sont celles causées par la malposition fœtale, les disproportions des veaux, les fœtus multiples, l’inertie utérine, la torsion utérine ainsi que le manque de dilatation du col de l’utérus (McClintock, 2004). Les taux de dystocies sont jusqu’à trois fois plus élevés chez les vaches primipares que chez les vaches multipares (Dematawewa et al., 1997; Meyer et al., 2001; Lombard et al., 2007; Mee, 2008).

1.2.2.1 La disproportion fœtale

La disproportion fœtale est de loin le type de dystocie le plus commun chez les vaches laitières (Mee, 2008). Elle est aussi la principale responsable des césariennes (Mee, 2004). La disproportion fœtale est essentiellement une conséquence de la domestication des vaches. Les deux facteurs de risques les plus déterminants pour ce type de dystocie sont respectivement le poids du veau à la naissance et la dimension de la surface de la région pelvienne de la mère (McClintock, 2004) (Figure 1.2).

Tel que spécifié par Mee (2008), le poids du veau à la naissance est un indicateur important de dystocie chez la vache laitière. En effet, les chances de dystocie augmentent de 13 % par kilogramme d’augmentation du poids des veaux à la naissance. Chez les vaches Holstein, le poids à la naissance est principalement influencé par la longueur de la gestation qui est elle-même influencée par la parité, le genre du fœtus, la race du taureau et par la nutrition pendant la période pré-vêlage (Mee, 2008). Les gestations courtes (< 265 jours) ainsi que les gestations longues (> 285 jours) sont

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10

Disproportion fœtale

Poids du veau à la naissance

Durée de la gestation, genre, génotype, race, nutrition, climat

Grosseur de la région pelvienne maternelle

Parité, poids à la saillie, âge, cote de chair au vêlage

associées à une augmentation des risques de dystocie et de mortalités périnatales chez les vaches primipares (McClintock, 2004). Par contre, il est à noter que le poids des veaux à la naissance peut augmenter les risques de dystocies, et ce, indépendamment de la durée de la gestation (McClintock, 2004).

Figure 1.2. Les causes intermédiaires et ultimes des dystocies dues à la disproportion fœtaux-pelvic chez la vache laitière.

Adaptée de Mee, 2008

Le sexe du veau influence aussi le poids à la naissance. Les veaux mâles ont un poids à la naissance plus élevé (1 à 3 kg) que ce qui est observé chez les femelles (Johanson et Berger, 2003). Bien que l’augmentation des dystocies observée chez les veaux mâles est majoritairement attribuée au poids à la naissance, la morphologie (largeur des épaules plus importante) des mâles influence aussi le taux de dystocies observé (Berger et al., 1992).

Le génotype peut aussi contribuer à l’augmentation du poids du veau à la naissance. L’augmentation du poids à la naissance associée à la longueur de la gestation et aux risques de dystocies et des mortalités périnatales a été attribuée à l’augmentation de la proportion des gènes Holstein nord-américains dans les troupeaux laitiers. Depuis, plusieurs années, les vaches Holstein nord-américaines sont sélectionnées principalement pour les caractères de production laitière. Mee (2008) mentionne dans sa revue sur le sujet que des données non-publiées recueillies par le Teagasc (The Irish Agriculture and Food Development Authority) ont démontré des différences au niveau

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11 de la longueur de la gestation, du poids des veaux à la naissance, de la prévalence des dystocies entre les vaches Holstein de l’hémisphère Nord et celles de l’hémisphère Sud. De plus, ces données ont démontré qu’il y a un risque plus élevé de dystocies chez les croisements Holstein purs comparativement à ce qui est observé chez les croisements impliquant une autre race.

L’alimentation des vaches pendant la période pré-vêlage influence aussi le poids des veaux à la naissance. Effectivement, les deux tiers du poids du veau sont acquis pendant le dernier trimestre de la gestion (Noakes et al., 2001). Il a été démontré qu’une restriction alimentaire sévère pendant ce dernier trimestre provoquant une perte de cote de chair chez la vache peut entraîner une réduction placentaire, une diminution du poids du fœtus ainsi qu’une diminution de la région pelvienne, ce qui peut provoquer des dystocies et des mortalités périnatales dues à l’inertie utérine et à la relaxation inadéquate des ligaments pelviens (Mee, 2008). À l’opposé, une suralimentation pendant le dernier trimestre de la gestation provoquant l’augmentation de la cote de chair de la vache peut entraîner la surdimension du fœtus et une déposition excessive de tissus adipeux dans le canal de naissance chez les vaches primipares, ce qui peut ultimement entraîner des dystocies et des mortalités (Grunert, 1979). Une cote de chair excessive ou inadéquate chez les vaches primipares au vêlage est un facteur de risque significatif des dystocies. Tel que mentionné par Mee (2008) la cote de chair cible au vêlage pour les vaches primipares se situe entre 2,75 et 3,0 (échelle de 0 à 5).

Le climat influence aussi le poids des veaux à la naissance. Des températures inférieures à 5 °C pendant le dernier trimestre de gestation sont associées à une augmentation d’ingestion de matière sèche, de la concentration d’hormones thyroïdiennes, du flux sanguin et des nutriments vers l’utérus, de la durée de la gestation et à une diminution des concentrations de l’œstradiol placentaire, ce qui entraîne une augmentation du poids à la naissance et une augmentation parallèle des taux de dystocies (Johanson et Berger, 2003; McClintock, 2004).

Finalement, les veaux produits par culture in vitro ont généralement des poids à la naissance plus élevés, ce qui augmente les risques de dystocies (Mee, 2008).

La deuxième composante des disproportions fœtales en termes d’importance est la dimension de la région pelvienne de la mère (Figure 1.2). Celle-ci est principalement

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12

influencée par la semence de taureau, le poids à l’insémination, l’âge, le poids, la cote de chair au vêlage et par la consanguinité (Mee, 2008).

En production laitière, afin d’effectuer une sélection efficace pour la réduction des dystocies associées à la disproportion fœtale, il est préférable de sélectionner pour un poids à la naissance plus faible que pour une augmentation de la région pelvienne de la mère. Cela s’explique par l’imprécision des dimensions optimales de la région pelvienne pour l’eutocie (Mee, 2008).

1.2.2.2 La malposition du fœtus

En conditions idéales, le fœtus se présente selon une présentation frontale, c’est-à-dire que les onglons du veau sont suivis par le nez et par la tête. À l’opposé, un fœtus mal positionné se présente généralement en position postérieure, avec une mauvaise posture des membres avant, une mauvaise présentation du siège ou avec une mauvaise position du crâne (Noakes et al., 2001). Les malpositions du fœtus sont peu fréquentes en production laitière (Mee, 1991a). Par contre, dans sa revue sur le sujet, Mee (2008) rapporte qu’elles sont la cause des dystocies la plus commune chez les vaches multipares. Un fœtus mal positionné a deux fois plus de chances de naître d’un vêlage dystocique et cinq fois plus de chances de naître mort-né qu’un fœtus bien positionné (Mee, 2008). Les naissances multiples se retrouvent en tête des causes de malpositionnement fœtale. Les naissances multiples sont corrélées aux naissances multiples antérieures, à la parité (Mee, 1991a), à la saison, au troupeau, à l’ingestion de matière sèche et à la production laitière (Lopez et al., 2005).

1.2.2.3 L’inertie utérine

L’inertie utérine est responsable de 10 % des dystocies, et ce, principalement chez les vaches multipares (Mee, 2008). Elles surviennent lorsque le col de l’utérus est dilaté à son maximum et que les contractions du myomètre sont trop faibles pour expulser le fœtus. Les facteurs de risques contribuant aux inerties utérines sont l’hypocalcémie, l’hypomagnésie, la vieillesse, le manque d’exercice et les vêlages prolongés (Noakes et al., 2001).

1.2.2.4 Le manque de dilatation de la vulve ou du col de l’utérus

Une dilatation insuffisante de la vulve est plus commune chez les vaches primipares alors que la dilation insuffisante du col de l’utérus est plus fréquente chez les vaches multipares (Mee, 2008). Ces deux conditions sont associées au confinement, au stress

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13 environnemental, à l’assistance prématurée, à une mauvaise synchronisation hormonale et à un vêlage prématuré. Une fréquence plus élevée de la dilatation insuffisante de la vulve est observée chez les vaches primipares vêlant en stabulation entravée par rapport aux vaches vêlant en parcs de vêlage. Cette augmentation a été attribuée au stress et au relâchement d’adrénaline et de cortisol (Mee, 2004). De plus, Mee (2008) mentionne que l’assistance accordée à la vache avant que le col de l’utérus ou que la vulve soit suffisamment dilaté peut entraîner des dystocies attribuables à la non-dilatation de la vulve ou du col. L’assistance donnée moins d’une heure suivant l’apparition des onglons du veau entraîne une augmentation de l’utilisation de l’extracteur et de la durée de l’assistance et réduit la vigueur périnatale. Les troubles environnementaux pendant le vêlage causés par la présence continue d’un observateur, le confinement ou la surpopulation des parcs de vêlage peuvent tous provoquer une réduction de la motilité utérine, de la dilation cervicale et des contractions abdominales, ce qui provoque un vêlage de plus longue durée et qui se traduit généralement en dystocies (Burton et al., 2006).

1.2.2.5 La torsion utérine

La torsion utérine est relativement commune chez les vaches laitières. Elle est responsable de 5 % des dystocies (Mee, 2008). Mee (2008) mentionne également que les facteurs de risque les plus importants de cette problématique sont les mouvements excessifs du fœtus lorsqu’il adopte sa position d’expulsion, l’augmentation de l’instabilité de l’utérus à l’approche du vêlage et un abdomen plus creux. De plus, le risque de torsions utérines peut être influencé par la disproportion du fœtus, par son genre et par un manque d’exercice (Noakes et al., 2001).

1.2.3 Les conséquences des dystocies

Les dystocies, indépendamment du type, affectent négativement à plusieurs niveaux la vache, le veau et l’entreprise laitière. En effet, les conséquences des dystocies vont de la nécessité du producteur de porter une attention supplémentaire à la vache jusqu’à la mortalité de celle-ci, du veau ou des deux.

1.2.3.1 Les conséquences des dystocies pour la vache

Dans un sondage mené auprès de vétérinaires en Irlande, la dystocie a été nommée comme la condition la plus douloureuse que peut subir une vache laitière au cours de son cycle de vie (Huxley et Whay, 2006). Les difficultés au vêlage compromettent le

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bien-être et la santé des vaches laitières de plusieurs façons. En effet, les vêlages dystociques sont plus longs et donc plus épuisants pour les vaches que les vêlages eutociques (Mainau et Manteca, 2011). Des concentrations plus élevées de vasopressine sanguine, une hormone sécrétée en réponse à un stimuli douloureux, ont été rapportées chez les vaches subissant des vêlages dystociques (Barrier et al., 2012). De plus, l’intervention permettant d’assister la vache, bien que nécessaire, entraîne des douleurs à l’animal, puisqu’elle étire le canal de naissance et qu’une pression supplémentaire est requise dans certains cas pour extraire le nouveau-né (Mainau et Manteca, 2011).

Il a été démontré dans plusieurs études que les difficultés au vêlage sévères ont un impact négatif sur la production laitière des vaches (Thompson et al., 1983; Meijering et al., 1984; Djemali et al., 1987; Dematawewa et Berger, 1997). Dematawewa et Berger (1997) ont estimé l’effet de différents degrés de dystocie (1 à 5) sur le lait ajusté à 305 jours, la production de gras ainsi que sur la production de protéines. Les chercheurs ont observé que les pertes en quantité de lait produite et dans sa composition en gras et en protéine augmentent graduellement selon le degré de sévérité de la dystocie. De plus, les chercheurs ont observé des résultats différents selon la parité de l’animal. Les taures ayant des degrés de dystocie de 2 à 5 produisent significativement moins de lait, de gras et de protéines que les taures de degré 0 et 1. Les vaches de deuxième parité avec un degré de dystocies de 3 à 5 ont aussi produit significativement moins de lait que les vaches de degrés de dystocies inférieurs. Les vaches de troisième parité et plus ont produit significativement moins de lait, de gras et de protéines seulement lorsqu’elles ont obtenu un degré de dystocie très sévère (5). Ainsi, les dystocies entraînent des pertes de productions plus importantes pour les vaches de parité inférieure. Par contre, les résultats obtenus par Dematawewa et Berger (1997) ne sont pas constants dans la littérature scientifique. Rajala et Gröhn (1998) ainsi que Tenhagen et al. (2007) ont seulement observé un effet minime des dystocies sur la production laitière des vaches ayant subi une dystocie légère ou une dystocie sévère.

Les résultats inconstants dans les diverses études concernant l’effet des dystocies sur la production laitière s’expliquent principalement par le fait que la diminution de production laitière en lien avec les dystocies est principalement observée dans les 60 premiers jours de lactation et principalement chez les vaches hautes productrices. La diminution de production laitière observée est attribuable, entre autres, à la douleur et aux lésions causées par la dystocie (Tenhagen et al., 2007). De plus, la durée

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15 excédentaire des vêlages dystociques affecte la fonction du système adréno-cortical, ce qui peut provoquer la diminution de la production laitière. De tels changements hormonaux peuvent aussi affaiblir le système immunitaire de la vache, ce qui augmente la vulnérabilité des animaux face aux diverses maladies (Oltenacu et al., 2000) telles que les rétentions placentaires et les métrites (Rajala et Gröhn, 1998). À ce sujet, Rajala et Gröhn (1998) rapportent que ces maladies peuvent aussi avoir un impact négatif sur la production laitière.

La disparité entre les résultats obtenus dans les études pourrait aussi s’expliquer par des lacunes ou des variantes entre les protocoles de recherche. Effectivement, les vaches ayant une faible production laitière et souffrant d’autres maladies ont un risque élevé d’être réformées avant la fin de leur lactation. Ainsi, plusieurs des vaches ayant une faible production quitteront le troupeau et ne pourront pas être incluses dans les études comparatives de la production laitière des vaches ayant subi une dystocie par rapport à celles ayant subi un vêlage eutocique (Tenhagen et al., 2007). De plus, les diminutions de la production laitière associées aux dystocies sont significatives lorsque les vaches ayant subi des césariennes sont comptabilisées dans le nombre de dystocies (Mangurkar et al., 1984; Tenhagen et al., 2007). Or, le degré de dystocie est attribué aux vêlages de façon hétérogène dans les différentes études puisqu’aucune échelle de pointage universelle n’est à ce jour adoptée. De plus, les résultats diffèrent selon la parité de l’animal (Dematawewa et Berger, 1997). Certaines études ne prennent pas en compte la parité dans l’analyse statistique, ce qui pourrait en partie expliquer certains résultats non-significatifs observés.

Plusieurs autres facteurs de risque des dystocies tels qu’une cote de chair inadéquate, une mauvaise alimentation pendant la période de transition et un débalancement hormonal peuvent aussi être en partie responsables de la diminution de la production laitière observée chez les vaches ayant subi un vêlage difficile et peuvent affecter le développement de la glande mammaire avant le début de la lactation (Barrier et al., 2012). Par contre, une bonne gestion pendant la période pré-vêlage et en début de lactation peut aussi compenser pour les effets négatifs associés aux dystocies sur la production laitière des vaches (Barrier et al., 2013).

En plus d’affecter le système mammaire, les dystocies affectent aussi le système reproducteur des vaches. En effet, les vaches ayant subi une dystocie sévère tendent à

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concevoir plus tard que les vaches ayant subi un vêlage eutocique (Dematawewa et Berger, 1997; Tenhagen et al., 2007). De plus, elles sont plus susceptibles de ne pas être gestantes 200 jours après le vêlage que les vaches ayant eu un vêlage normal, et ce, peu importe la parité de l’animal (Dematawewa et Berger, 1997; Tenhagen et al., 2007).

Tenhagen et al. (2007) ont observé que les vaches ayant subi des dystocies sévères ont numériquement plus de chances d’être réformées que les vaches eutociques et que les vaches ayant subi des césariennes ont significativement plus de chance d’être réformées avant 200 jours en lactation que les vaches ayant subi un vêlage eutocique. Finalement, 4 % de plus de mortalités sont observées chez les vaches ayant subi des difficultés extrêmes pendant le vêlage comparativement au taux de mortalité observé chez les vaches ayant subi un vêlage eutocique, et ce, peu importe la parité de l’animal (Dematawewa et Berger, 1997).

1.2.3.2 Les conséquences des dystocies pour le veau

Les dystocies ont aussi un effet négatif sur les veaux laitiers. Barrier et al. (2013) mentionnent que plus d’un tiers des veaux aux États-Unis naîtront d’un vêlage dystocique. Les effets physiologiques de la dystocie sur les veaux sont bien connus. Johanson et Berger (2003) rapportent que les dystocies entraînent une acidose plus sévère que les vêlages eutociques. L’acidose est attribuable à l’augmentation de l’hypoxie et de l’anoxie pendant le vêlage dystocique qui est de plus longue durée que le vêlage eutocique. Plus la transition du veau entre l’environnement utérin et extra-utérin est longue, plus la probabilité d’anoxie entraînant une acidose sévère est élevée. L’acidose provoque une cascade d’évènements entravant le succès de la transition à la vie extra-utérine. Cette condition peut réduire les chances de survie à long terme du veau et peut même être, dans certains cas, fatales (Johanson et Berger, 2003; Lombard et al., 2007; Barrier et al., 2011a; Barrier et al., 2013).

Tel que spécifié par Barrier et al. (2011b), les veaux ayant survécu à une hypoxie prolongée provoquée par la dystocie sont moins vigoureux que les veaux issus de vêlages eutociques. La vigueur est mesurée en observant le comportement des veaux quelques minutes après le vêlage (Vasseur et al., 2009). La vigueur à la naissance est cruciale au développement et à la survie ultérieure du veau. En effet, il a été observé que les veaux issus de vêlages dystociques prennent plus de temps à se tenir debout et à téter, ce qui affecte négativement l’absorption des immunoglobulines du colostrum et la

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17 régulation de la température corporelle (Barrier et al., 2013). À ce sujet, Bellows et Lammoglia (2000) ont rapporté que les veaux issus de vêlages dystociques ont plus de difficultés à faire face à des températures plus basses que les veaux issus de vêlages eutociques. De plus, les dystocies sont une source potentielle de traumas affectant la fonction du système cardio-pulmonaire des nouveau-nés (Barrier et al., 2011a).

Les dystocies affectent donc négativement la survie du veau par plusieurs mécanismes. Dans une expérience menée par Lombard et al. (2007) 7 380 vêlages ont été observés aux États-Unis. De ces vêlages, 36,6 % ont été classés comme étant moyennement dystociques ou sévèrement dystociques. Les chercheurs ont observé que les chances de naître mort-nés des veaux laitiers augmentent avec le degré de dystocie conformément à ce qui a été observé plus récemment par Hossein-Zadeh (2014). L’étude de Lombard et al. (2007) a aussi révélé que les veaux ayant subi un vêlage dystocique ont 15,4 fois plus de chance de naître mort-nés que les veaux issus d’une parturition normale. De plus, les chances de morbidité, c’est-à-dire de souffrir d’un trouble respiratoire ou digestif, sont significativement plus élevées chez les veaux issus de vêlages difficiles que chez les veaux issus d’une parturition normale. L’étude a aussi démontré qu’il y a significativement plus de mortalités post-naissance (vivant après vingt-quatre heures, mais mort avant 120 jours d’âge) chez les veaux ayant subi un vêlage dystocique sévère.

En plus d’affecter la survie et la santé des veaux, les dystocies affectent aussi le niveau de stress et donc de bien-être. En effet, il a été démontré que les taux de cortisols salivaires chez des veaux dystociques sont significativement plus élevés un jours après la naissance que ceux observés chez des veaux issus de parturition normale (Barrier et al., 2013). Le cortisol salivaire étant un indicateur de stress physiologique, les veaux issus de vêlages dystociques subissent potentiellement plus de stress que les veaux issus de vêlages eutociques.

Barrier et al. (2013) se sont intéressés aux effets à long terme des dystocies sur les veaux. Pour ce faire, ils ont fait le suivi de veaux issus de vêlages dystociques de leur naissance à leur première insémination pour les femelles ou jusqu’au moment où ils ont quitté les fermes pour les mâles. Les chercheurs n’ont pas observé de différence entre la croissance des génisses issues de vêlages eutociques et celles issues de vêlages dystociques de la naissance à la première insémination. Ces résultats concordent avec d’autres études sur la croissance des veaux provenant d’un vêlage difficile jusqu’au

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sevrage (Barrier et al., 2011a), de la croissance des veaux jusqu’à l’âge de trois mois (Lundborg et al., 2003) et de la croissance jusqu’au premier vêlage (Heinrichs et al., 2005). Cela est surprenant puisque les veaux issus de vêlages dystociques des études mentionnées avaient un moins bon état général de santé et qu’un état de santé détérioré est associé à une diminution de la croissance chez les veaux (Donovan et al., 1998). Les auteurs de l’étude avancent qu’il est donc possible que les veaux les plus affectés par les dystocies soient morts avant le sevrage, laissant moins de survivants affectés ou que la bonne gestion de la ferme a pu compenser pour les effets des dystocies sur la croissance. De plus tel que me mentionné le manque d’uniformité dans les échelles qualificatives des dystocies peuvent aussi rendre l’interprétation des études plus difficile. Néanmoins, des études récentes ont démontré que les dystocies ont des effets négatifs à long terme sur la survie des veaux (Barrier et al., 2011b) et sur les performances reproductives des taures (Heinrichs et Heinrichs, 2011).

1.2.3.3 Les conséquences des dystocies pour l’entreprise laitière

Les dystocies, par ses divers effets négatifs sur le bien-être et la santé des vaches et des veaux, affectent l’économie de l’entreprise laitière. Dematewewa et Berger, (1997) ont effectué une analyse permettant de calculer les pertes économiques associées aux différents degrés de dystocies basés sur le degré d’aide accordé à l’animal pendant le vêlage (degré de 1 à 5) et prenant en considération la parité des vaches. Un degré de 1 indique un vêlage eutocique alors qu’un degré de 5 indique un vêlage extrêmement difficile. L’analyse économique, basée sur 122 715 données de production provenant de 71 618 différentes vaches récoltées par le MidStates Dairy Records Processing Center aux États-Unis de 1980 à 1991, considère l’importance des pertes possibles en production de laitière, en gras et en protéines, les problèmes de fertilité, la mortalité des vaches et des veaux et les coûts vétérinaires entraînés par les dystocies. L’estimé des coûts associés aux différents degrés de dystocies et selon la parité de l’animal sont présentés dans le Tableau 1.2.

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19 Tableau 1.2. Les coûts associés aux dystocies selon leur degré et selon la parité des vaches.

1Degré des dystocies : 1= eutocie ; 2=assistance légère ; 3= besoin d’assistance ; 4= assistance avec force

mécanique (extracteur) ; 5=difficulté extrême.

Adapté de Dematawewa et Berger, 1997

Les résultats de l’étude démontrent une augmentation des pertes économiques associée à l’augmentation du degré de dystocie. Globalement, un producteur peut s’attendre à des pertes économiques de l’ordre de 380 USD lorsqu’une vache subit une difficulté extrême par rapport à un vêlage normal. Bien que cet estimé semble assez élevé pour un vêlage, les auteurs ont observé que la probabilité d’occurrence d’une difficulté extrême pendant le vêlage est seulement de 3 %. Ainsi, pour remédier à la situation, les auteurs ont corrigé les coûts selon la probabilité de l’occurrence de chacun des pointages de dystocie. Suite à cette transformation, les coûts moyens associés aux différents pointages de dystocies pour les taures, les vaches de deuxième lactation et celles de troisième lactation et plus sont respectivement de 28,53, 9,63 et de 9,49 USD avec un coût global de 24,24 USD par vache tel que présenté dans la colonne coût total (Tableau 1.2). Par contre, en considérant la probabilité de l’occurrence de chacun des différents pointages de dystocies, les auteurs mentionnent qu’ils ont potentiellement sous-estimé les coûts associés aux dystocies. La probabilité de l’occurrence des différents degrés de dystocie étant basée sur des relevés de dystocies établis avec la participation volontaire des producteurs, il y a de forte chance que ces probabilités soient sous-estimées pour les raisons énumérés précédemment. Des travaux plus récents effectués par Guard (2008) ont associé un coût de 228 USD par cas de dystocie (degré 2, 3, 4 et 5 combinés) et de 4788 USD par 100 lactations. Ces résultats concordent avec ceux obtenus auparavant par McGuirk et al. (2004).

Finalement, les dystocies sont un problème commun chez la vache laitière qui entraîne de lourdes répercussions sur les animaux et sur l’industrie laitière. Ainsi, la prévention des dystocies devrait être une priorité de gestion à la ferme (Büchel et Sundrum, 2014).

Degré des dystocies1

Parité 1 2 3 4 5 Coût total

─────────────── (USD) ─────────────── 1 0,00 39,45 78,99 134,75 383,03 28,53

2 0,00 7,03 78,45 181,23 334,33 9,63

≥ 3 0,00 57,51 73,28 85,60 279,00 9,49 Global 0,00 50,45 96,48 159,82 379,61 24,24

(40)

20

La réduction des conséquences des dystocies au sein des troupeaux laitiers permettrait d’améliorer le bien-être, la santé et la productivité des vaches, des veaux et ultimement de l’entreprise laitière (Barrier et al., 2013). Les mesures préventives permettant de réduire les répercussions des dystocies incluent l’amélioration de l’environnement et de l’alimentation de l’animal pendant la période de transition ainsi que l’adoption d’un programme génétique visant à sélectionner des caractères de facilité au vêlage. Par contre, l’adoption d’un tel programme entraînera des résultats observables à long terme dans les troupeaux. Afin d’améliorer la situation à court terme, il semble primordial d’être en mesure de détecter le moment du vêlage (Shah et al., 2006; Streyl et al., 2011; Miedema et al., 2011a; Palombi et al., 2013). En effet, la détection du moment du vêlage permet de suivre le déroulement de celui-ci et de poser des gestes au moment opportun dans des situations de difficultés au vêlage, ce qui aide à minimiser les répercussions des dystocies sur les veaux, les vaches et sur l’entreprise laitière (Palombi et al., 2013).

1.3 L’importance de la détection du vêlage

La détection du vêlage permet de réduire les répercussions des dystocies sur la vache, le veau et sur l’entreprise laitière (Shah et al., 2006; Streyl et al., 2011; Palombi et al.,2013). En effet, elle permet de suivre le déroulement du processus de la parturition et d’intervenir lorsque cela est nécessaire et au moment opportun (Miedema et al., 2011a). De plus, elle permet d’éviter les interventions non-nécessaires ou prématurées, qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé de la vache et sur celle du veau (Mee, 2004).

À ce sujet, Palombi et al. (2013) ont mesuré l’effet de la détection du vêlage sur la santé des vaches et des veaux. Pour ce faire, les vêlages de près de 600 vaches ont été comparés; multipares et primipares, avec ou sans détection du début du vêlage, en parc individuel ou en stalle (Tableau 1.3). Un émetteur intra vaginal assurait la détection du vêlage. L’émetteur était éjecté hors de l’animal lors de l’intensification des contractions utérines (début de l’étape II) envoyant parallèlement un signal sonore au producteur. Une fois le début de l’étape II détecté, les vaches étaient fouillées afin de noter la position du fœtus ainsi que le niveau de dilatation de la mère. Un pointage a été accordé aux vaches ayant des difficultés pendant le vêlage selon la cause de la difficulté. Une assistance fut apportée aux vaches lorsqu’un délai de plus 90 minutes à l’étape II était

Figure

Figure 1.1. Apparition du sac amniotique (A) et des onglons du veau (B) marquant la fin  de l’étape I et le début de l’étape II du vêlage
Tableau  1.1.  Description  des  échelles  basées  sur  le  degré  d’assistance  accordée  à  l’animal pendant le processus de la parturition utilisées pour décrire les dystocies chez  la vache Holstein
Figure  1.2.  Les  causes  intermédiaires  et  ultimes  des  dystocies  dues  à  la  disproportion  fœtaux-pelvic chez la vache laitière
Tableau  1.3.  Les  mortalités  périnatales  et  les  maladies  postpartum  dans  six  groupes  expérimentaux
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