• Aucun résultat trouvé

Développement agricole et forces sociales : l'affirmation et la différenciation des agriculteurs dans le bocage Angevin (région d'Ancenis)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Développement agricole et forces sociales : l'affirmation et la différenciation des agriculteurs dans le bocage Angevin (région d'Ancenis)"

Copied!
91
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-01921570

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01921570

Submitted on 13 Nov 2018

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of

sci-entific research documents, whether they are

pub-lished or not. The documents may come from

teaching and research institutions in France or

abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est

destinée au dépôt et à la diffusion de documents

scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,

émanant des établissements d’enseignement et de

recherche français ou étrangers, des laboratoires

publics ou privés.

Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0

International License

Yves Lambert

To cite this version:

Yves Lambert. Développement agricole et forces sociales : l’affirmation et la différenciation des

agricul-teurs dans le bocage Angevin (région d’Ancenis). [Rapport de recherche] Station d’Économie Et de

Sociologie Rurales. 1976, 83 p. �hal-01921570�

(2)

L'affirmation et la différenciation des agriculteurs

dans

le

bocage Angevin ( région d 'Ancenis)

yves

I

am bert

avec la collaboration de marie. anne brémaud

1976

( ré -i mpr. 1978 )

(3)
(4)

1ère partie - L'affirmation sociale des forces paysannes de la région •.•••.•• 5

I. De la crise de 1929 à la fin de la guerre 1939-45:

La naissance de la coopération et du syndicalisme agricoles dans

la r~gion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 6 1. La situation des paysans de la région en 1929: une classe inorganisée •• 6 2. La naissance de la coopération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... . . . 8 3. La naissance du syndicalisme .••••••••••••••••••••••••••••• ••••••••••••• 9 4. La corporation et l'immédiat après-guerre : consolidation ••••••••••••.• 11 II. De l'après-guerre à 1958-1960: l'affinI)ation, en tant que force sociale

autonome, des paysans de la région •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 12 1. La vulgarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . • . 13 2. La jeunesse agricole catholique (JAC) ••••••••••••••••••••••••••••••••• 15 3. I,e syndicalisme . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . 16 4. La coopération •••••••••••••••••••••••••••••••••••..••..••••••••.•••••. 17 III. De 1958-60 à 1975: le remodelage de la classe paysanne, la généralisation

de la modernisation et les progrès de la spécialisation ••••••••••.•••.• 18 1. Une nouvelle génération de jacistes ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 18 2. de la JAC, au CDJA puis à la FDSEA •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 19 3. Les transformations œchniques et économiques ••••••••••••••••••••••••• 21

2ème partie La différenciation sociale et les nouvelles conditions du

développement ·••·•••••·•·•••·•·•·•·•••·•••••••••••••···•·•·••• 41

I. Les différentes catégories d'agriculteurs • 0 • • • •• • • - • • • •• • • • •• • •• • • • • • • • • 42 1. Un principe déterminant de différenciation : la spécialisation •••••••• 42 2. Autres critères de différenciation : la taille et le devenir de

l 'exploitation •·••·•••••· · ·•· · · ·•· ·· · ·••·•••···•·•··•····••··•·••·•·•· 45

II. Les transformations du contexte socio-économique et l'éclatement du

syndicalisme . .. ... ... .... . . .. . .. C • •• • • • Cl • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 5 1 1. Les conséquences du déclin numérique de la paysannerie ••••••••••••••• 51 2. L'accroissement de la puissance du secteur agro-alimentaire.La C.E.E •• 52 3. L'écart entre la composition sociale des paysans de la région et

celle de leurs représentants ••••••••••••••••••••••••••••••••••.•••••• 53

(5)

IV. Centre Régional de Développement Agricole

.

...

.

59

Le développement comparé de trois communes des cantons d'Ancenis 3ème partie

et de Varades . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . • . 61

I. Déterminants historiques et situation actuelle

...

-...

.

62 1. Les antécédents • • • · · • · • · · • · · • ~ · • · · · • • · • • · · · • • · • · • · 62 2. La situation actuelle ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 64

I I . L'évolution de chaque commune

.

... .

1. 2. 3. La Chapelle Saint-Sauveur··••··••••••••··•·•····••···••···••·•···•·••• Mésanger •••••.•••••••••••••••••••••••• · ••••••••••••••••••••••••••••••• • La Rouxière

...

Synthèse et conclusion

...

Tableau Chronologique

...

Bibliographie

···

·

···

··

····

..

····

65 65

67

70 75 82 83

(6)

\ \

l

_,r.._.,

.

·

,

~

Bocage angevin

-

~

'

(

~

Région d 'Ancenis

"

\ t,,

n d a i n e

'

_

r•

Mayenne

(

...

.

.°"

.J \, J

...

,

_

_

i \.. .

. r -

Châteaubriant;

...

.,,

.

\

'

·

I

·

'--·,

.

·,

J '

.

_,._ • .:> 1 '

-,

...

\

.'\

I

i

v'

_.,,-

·

·" 0 .>

..

(7)
(8)

INTRODUCTION

La région agricole d'Ancenis a été retenue dans le cadre d'une recherche sur les expériences de développement micro-régional conduite par l'A.F.P.A. (Association pour la Formation et le Perfectionnement Agricoles) et par l'A.C.E.A.R. (Atelier Central d'Etudes et <l'Aménage-ment Rural). Des études ont été réalisées dans sept petites régions de France, dans le but de faire un bilan des différentes expériences et d'en tirer une pédagogie du développement micro-régional (1).

Diverses raisons incitaient à penser que la région d'Ancenis était en mesure de répondre à ces préoccupations. Elle constitue la zone privilégiée d'action d'une importante coopérative, la C.A.N.A.

(Coopérative Agricole La Noëlle, Ancenis), elle a donné naissance au premier C.R.D.A. (Comité Régional de Développement Agricole) de Loire-Atlantique, et elle a manifesté une activité professionnelle intense dans d'autres domaines également. Enfin, elle fera l'objet d'un Plan d'Aménagement Rural. Située à l'Est du département de la Loire-Atlantique, la région appartient à la zone naturelle du "bocage angevin"; elle est surtout formée de petites et moyennes exploita-tions pratiquant à peu près toutes, autrefois, un système de produc-tion mixte {lait-viande avec· la race Maine-Anjou) (2) et actuellement spécialisées pour un quart d '-entre elles. Sur les cinq cantons que comporte la région syndicale d'Ancenis (identique à l'arrondissement), deux ont davantage retenu l'attention: ceux d'Ancenis et de Varades, mais certaines données portent également sur le canton de

Saint-Mars-La-Jaille, berceau de la coopérative, ou sur l'ensemble de la région. Comme on le verra, la présence simultanée de la CANA et de la race Maine-Anjou constitue un marqueur social facilitant le

repérage des forces et des processus. Précisons en outre qu'il s'agit d'une région de pratique religieuse élevée, d'où le rôle important du mouvement de la Jeunesse Agricole èatholique (JAC).

(1) A.P.C.A. (avec le concours du Ministère de l'Agriculture et de la

DATAR) ; Approches de développement micro-régional, 1976, document de synthèse rédigé par P. HOUEE, animateur du projet.

(9)

Chaque experience de développement a été analysée selon une double démarche mettant l'accent soit sur le rôle et les activités des institutions (CANA, CRDA ici) (1) soit sur les forces sociales à l'oeuvre. On a lié ces deux aspects et, par rapport au projet initial, on a élargi et approfondi l'étude. On cherchera donc à analyser,

d'un point de vue sociologique, la genèse des forces sociales pay-sannes et l'influence qu'elles ont exercé sur l'évolution de la région,

notamment à travers des institutions telles que le CRDA ou la CANA, mais

aussi par l'intermédiaire des organisations de classe qu'elles se sont données, en particulier la JAC et le syndicalisme.

En effet, l'étude historique de l'évolution agricole de la région (depuis 1930) révèle que le fil directeur est le passage des agriculteurs, d'un état où ils vivaient en quasi-autarcie et où ils étaient encadrés par des non-paysans,àune situation où ils sont insérés dans les échanges et dotés de leurs propres organisations. Cette

affir-mation sociale, opérée à ·la faveur de la modernisation et de

l'intégra-tion dans l'économie, s'est effectuée à travers l'organisal'intégra-tion de la

coopération, du syndicalisme, de la J.A.C., etc • On essaie•ra d'en saisir

les étapes et la portée, en prenant en compte à la fois les aspects techniques, économiques et socio-professionnels. Cela donnera un contenu précis au terme vague de "développement" (première partie).

On analysera ensuite le processus de différenciation qui s'est

établi depuis cinq à dix ans parmi les _agriculteurs de la région, en

particulier le mouvement de spécialisation; on esquissera une descrip-tion des principales catégories d'agriculteurs et des disparités qui

se sont créées. Compte-tenu _égalenient des transformations du contexte

global, cela conduira à envisager les nouvelles conditions du dévelop-pement, spécialement les rôles de la CANA et du CRDA (deuxième partie).

Enfin, on effectuera une comparaison de l'évolution de trois communes montrant chacune un type particulier de développement et pré-sentant des degrés bien différents d'implantation jaciste: la Chapelle

Saint-Sauveur, Mésanger, La Rouxière. On peut ainsi décrire les

trans-formations survenues au niveau local et mesurer l'influence que la situation particulière des forces sociales d'une commune peut exercer sur son évolution propre (troisième partie).

La conclusion proposera une synthèse qui sera également un

résumé des principaux aspects abordés·.

(1) A. KRAFI', F. RENAULT, Premiers éléments pour une analyse du

développement agricole, mémoire de fin d'études, Ecole Supérieure d'Agriculture, Angers, juin 1975.

(10)

lignes de l'évolution. Bien entendu, il s'agit en même temps d'apporter des matériaux susceptibles de contribuer à la connaissance et à la

maîtrise du développement de la part des intéressés eux-mêmes. Certaines

descriptions paraitront sommaires et certaines analyses seront schéma-tiques. Les discussions qu'elles susciteront pourront contribuer à les préciser ou à les rectifier. Par ailleurs, certains aspects seront repris ultérieurement en vue d'être approfondis (le rôle de la JAC,en particulier).

Le travail s'appuie avant tout sur :

- une analyse des différentes statistiques concernant l'évolution agri-cole de la région (DDA, INSEE, Centre de Gestion).

- la consultation de documents du Centre Régional de Développement Agricole et de la Coopérative Agricole La Noêlle (CANA) :

comptes-rendus d'activité, etc •••

- la reconstitution de l'évolution des techniques et de celle des organisations agricoles, en particulier dans deux cantons (Ancenis,

et Varades), à partir d'entretiens avec les conseillers agricoles

du CRDA, les animateurs de la CANA, un groupe d'agriculteurs de chacune des trois communes,. Mr. RAGUIN (directeur de la CANA dès 1937), Mr. RICHARD (fondateur de la FDSEA dans la région), et les responsables agricoles actuels.

un inventaire systématique des caractéristiques des exploitants ayant des responsabilités syndicales, communales ou cantonales (FDSEA),

ainsi que des exploitants correspondants ou délégués de la CANA, dans les cantons d'Ancenis, de Varades et de Saint-Mars-La-Jaille

(ce dernier étant le "berceau0

de la CANA).

On sera parfois conduit à ci ter des noms de pers·onnes : faut-il preciser qu'il ne s'agit pas de désigner des individus mais d'évoquer des rôles, au sens psycho-sociologique du terme.

0

L'étude a été réalisée en relation avec J. GILET, animateur au CRDA, et M. LEBOT, responsable de 1' animation coopérative à la CANA, en liaison avec le Service d'Aménagement Rural de la D.D.A. On tient particulièrement à remercier les responsables professionnels agricoles contactés (CRDA, CANA, syndicalisme), les agriculteurs

rencontrés à la Chapelle Saint-Sauveur, Mésanger La Rouxière, les conseillers agricoles du CRDA, les différentes personnes de la CANA, du CGER, et du SUAD, qui ont permis de réaliser ce travail. Les

statistiques établies à partir du REA (Registre des Exploitations

Agricoles) ont été très utiles pour l'analyse des transformations

(11)

MAINE

-ANJOU

campagne de prophylaxie

1971-1972

.

'....

·~

.

·

.

-.

·-, ··

.

.

·

.

··

'

.

·

1 l

,

·

- - -

-

·

··---

:

.

....

·

\'

:• ·

\

: ·

·---1·r

·-

·:.

-

.

..

-

1. - - -.: ~"',., ... ,, , <r, . t • • •

1

1

-

1

.-

·

1

r

l

# • - , · • • ,.

(

r.

'·..,'.•.::::

.•

;'

- :- - -

-

!

r

t:

··:··

;-

?

·

.

---, .

.

... .::::.,:/fi

T/!

,

:]':j:):

=--l(j

··

·

-,

·

t· ::·.: -

~

=-l

:.~._.:~ :~

(

? .. _

~

[

.\. ,,.. :--

"'!

'·:..

,,.-

·.

/ :

·::-'

:.(

-

1. 'l:

.k

·

~-~-

-;;,

-

-.

:.-

.. -

'•,

_,..J .. 1 • - · · · • ,' 0

° '

,

--.

,,

1

j]

1

W/2~

1 ' - ' • I •••• , • '0 o • '

~~

, , , . . .. · ._ •• -.v, .· .. •. \ • , • • • • V , •

Loire-AtlantiÇJue

: . . .

..

---✓-

i

'-.

-

; · • .... •• ... .

_.-:--·.

.

-• • .,.,

.

. ,

· ;

• •

- . •

,... • •

,

·-.

,.. - -

-

- •

~

.

_;,;

:1n

.

tn

( ,,,•· ,' - .. .:•,:.:·-• .--• • ,; - - • .,_.,..;:zt:t -

~

~-.. }

:

••••

·:

..,

,

·•....

j

.

.

·

,

.

'-' :- -

-

·

;

:,Il?

1 - -::- •• -~ ~

-..

'

..

:

.

·.

--

'

.-

..

,

...

;,

..

-

.

'

..

-

·,

.

·.

.

--

.

-

:

,

:

.

.

·

...

.

.

..

'

.

..

,.

...

,

.

.

:

.

.

.

·.

- -

-

.

..

',.

,

.

-

'

,

..

,

, ' •, ••• •• ,• • . ., • • • l • • . • ' l ' ] , ' 1 •' • • • • • ' ' • _, ., • • • ' •• ' • • · - - ' (., • · · •.

--

..

.

' -. , '. / j - · • ' : ,. ' , . • ... -. . . . , . ·--~ -

t

:

..

·-

-

.

,'

/

.

.

.

.

.

.

.

.

--

' ~

'1

'

..

•.

,

.

'

.

)

.

.

, '

(

.

•,

.

.

:

...

:

''

.

.

.

.

--

.

,

..

,,.,..

'

.-

;•

'.

.

.

.

/

'

_:'

·.

.

,,.-·-.

,--

..

.

·•

,

I I f , , ' t,~• ( L.._ .,• S 1 UK. 1 , - ' , -t :•~ • ;,.c ....

.

.

·

-

:

.

:

\

', , •• , '

..

, ,' , 1

'

'

,

.

r

.

••

;,.

·-

..

:

..

·

:

.

.

.

_

....

...

,

.

'

.

.

,

.

..

-

'-~"")

-

rk•

et.

85%

1:-:

1

clc

35'

~~

·;.

-

ch

15

.i~

¼

w

,t,

U

H

'/.

~

Jt

,s

..

1~

·1.

w

.le

15

;

l~

1.

WJdJ

l(

,~ •

6

~

'/.

D

.

h

r

à ~~

•;.

[[Il]

cl,

4~

~

5~

1.

D

dt

-4

~

·1.

5011,ct:

E11~-èt,

'

1

.!)•1e,~;,11

Jr\

Ç,,,icri

¼Î~";,..;ro-lii,w•f

"-"

if

..

~

al,~~' .. ,,.

..,.

u

t

·

,\i

-\

...

··•--''•-,

.

' 1 1

.

, • • • • f , • ' J. .. .· .' • • .. : ..

r· .. ,-

·

.

.

. '---{

• •..

. ···

.-,

";.•

.

·• .

.

...

--.:;::::=:::::::::::A

,

.

,

,

... -)

1 • •·,··' • , o

:

o

1 , • • .. ; • - : • • • ' • • \ • • • • . 0 ., • ' .) \ • \ ,., ; 1 •, V O t : , ' ' , : ,• ,, :·• .. --;· • • o·•.,.

·.,_

-

_,'

/ / .. .::··û••·

...

\-··>

(\•t::::\"

' ,' I ' -.. ' • , ' , • ••• ,••G· . _ . . . . '. • I • ,' • • : • • • ••. ' • •

•1..

.

.

'

.

.

.

-

.

.

'

. . ..

.

.

.

.

.

.

·r

.. ...

' 1 , ' , ' , · · , : . , . .-- ·. , • • l ·' • . . •, ' .,,,,,. •- . • • ' .. ' -• ,' ' . "

1

.

"-

....

'

.

.

,'

'

·-., , ·:

"

.

..

.

."'

.

.•

_J

..

...

.

,i . . .

'\

,•

.

:

<"

,,

~

,,:ltr

'-<'---··

.,

~

·:·

' ,· • "

\

"'

î

e, , , ,

f

.._

-'• .,_

!o

..

"

-...

·:---:··,-\

'

)

.

1

.

. ..

,

-

+ •

-'I'_,,.-.,, ,,-·:

"''

.

.

··•

.

.. ,·

·.

,'

··

'· ...

·r'

\

L-•---

11'-:

l11~cHt.t

1

-

=~-=-:---

.

'1,

,

,

,.

t

1 . . . l.;,;,f IHI-IH/ \ , . _ .._ • : 0

L

)

111~•~•t

,A., Ç,o,,a~\.i, .~ ,1•1:1 •

?

HtlU\\tlf. "'ca_\, ,f\&a..,.'f'\&\

...

,.

..

RI

.

\ ••

.,,,u,.,,,.,.

(12)

Première Partie

l' AFFIRMATION SOCIALE DES FORCES PAYSANNES DE LA REGION

Pour rendre compte du rôle des différentes forces sociales dans le développement agricole de la région, i l faut décider jusqu'où remonter dans le temps pour mener l'étude historique, et examiner ce qu'a de spécifique l'évolution de la région par rapport à l'évolution générale du monde agricole. Le fait que la coopération et le syndica-lisme agricole de la région soient nés dans les années trente suggère de prendre cette période comme point de départ. En effet c'est depuis lors que s'est produit ce phénomène social décisif: la conquête de son autonomie relative par la paysannerie, qui s'est progressivement donnée ses propres représentants et ses propres organisations, là où r_égnaient auparavant des non-paysans. I l sera plus difficile, par contre, de saisir ce qu'a eu de spécifique le développement de la région: on le mentionnera au f i l du compte-rendu ainsi qu'en conclusion (1) •

On peut distinguer trois étapes dans l'accomplissement de ce processus. De la grande crise économique de 1929 à la guerre 1939-45 se mettent en place les premières organisations agricoles de la région la coopéra_tion, à partir de 1932 (Saint Mars-La-Jaille), et le syndi-calisme à vocation générale en 1939 et 1939; mais cela ne concerne qu'une minorité d'.agriculteurs ayant une production assez élevée pour être sensibilisés aux problèmes des marchés. De l'après-guerre à 1960 environ, la JAC et le syndicalisme agricole deviennent progressivement des organisations de masse, la modernisation s'étend à tous les _ agri-culteurs (et, par là, l'insertion dans des circuits d '.échange économique), en même temps que sont organisées les premières mobilisations syndicales

de la région (1956-1960), et que la CANA devient une importante coopé-rative polyvalente.

(1) L'évolution de l'ensemble de la région a fait l'objet d'une impor-tante et récente étude :

J. RENARD, Les évolutions contemporaines de la vie rurale dans la

-région nantaise (Loire-Atlantique, bocages vendéens, Mauges}, Thèse pour le doctorat d'Etat, Nantes, février 1975, ronéo, 951 p.

(13)

Mais le partage d'influence entre paysans et notables reste précaire dans certains domaines. Sous l'impulsion des jeunes agricul-teurs issus de la JAC et du COOA, le recul des notables traditionnels marque une nouvelle étape, tandis que dans le prolongement de la Loi d'Orientation et de la Loi complémentaire, les jeunes et les plus modernisés entreprennent de remodeler la profession et de "conquérir le pouvoir économique". c'est pendant les années soixantesque la mécanisation et l'intensification fourragère gagnent la majorité

des exploitations. Les productions spécialisées progressent rapidement

à partir de 1965 environ, et l'on passe de la vulgarisation au

"développement". Cette période est peut-être celle où le pouvoir de la classe paysanne au sein de la région a été le plus grand.

Depuis plusieurs années, du fait à la fois de son déclin numérique,

de l'accroissement du poids relatif des industries agro-alimentaires, de la différenciation croissante entre producteurs (spécialisés et

mixtes, notamment) et de 1·1intégration différentielle qui en résulte

dans l'économie capitaliste, l'unité de la classe ne se maintient plus et tout un ensemble de restructurations s'opèrent.

Zo

VE LA CRISE VE

1929 A

LA FIN VE LA GUERRE 1939-45 :

La. na.i.6.tia.nc.e de la. c.oopé..1ta.tion e.t du .tiynd.ic.a.U.time

a.g.lt.ic.ole.ti da.n.ti la. Jté.g.ion

1. La situation des paysans de la région en 1929 une classe inorganisée

On mesure l'ampleur de l'évolution accomplie quand on constate

que les paysans de la région n'avaient encore en 1929 aucune organisa-tion professionnelle. Alors que les"syndicats boutiques" fédérés en deux

grandes centrales s'étaient créés un peu partout dans le département, ·

et parfois depuis le début du siècle, la région d'Ancenis en comptait

relativement peu (à Oudon et Saint Mars-La-Jaille, par exemple). Cette

situation ne sera pas sans conséquences importantes sur le devenir de

la région: le syndicalisme à vocation générale qui s'implantera dans

toutes les commu.~es en 1938 et 1939 ne sera pas marqué par des oriJines

de "syndicat-boutique" et par les divisions entre les_ grandes centrales,

à la différence des autres régions; corrélativement, la coopération se

développera - à partir de 1932 - , sur un terrain "vierge" et

indépendam-ment des autres activités professionnelles, ce qui explique pour une part la croissance rapide de la future CANA.

(14)

La noblesse, les gros propriétaires fonciers, les professions libérales (experts, notaires, médecins) et la petite bourgeoisie rurale

(commerçants, etc ••• ) étaient, sauf exceptions, les seuls représentants

de la paysannerie. Les deux grandes organisations syndicales du dépar-tement étaient elle-mêmes dirigées par des membres de ces couches

sociales, qu'il s'agisse du Syndicat Central des Agriculteurs, implanté dans la ceinture maraichère nantaise, la zone viticole et le sud du département, ou de "La Bretagne Méridionale" ( 1) relativement forte dans la zone déjà laitière du département, c'est-à-dire le Nord de Nantes. Quant aux agriculteurs adhérents, ils appartenaient surtout aux moyennes et grandes exploitations, la masse des petits exploitants utilisant très peu d'e_ngrais et vendant peu de produits.

Le retard alors a~cusé pçr

ia

reqign d'Ancenis dans le domaine de l'organisation professionnelle n'est pas dû à l'existence d'une pro-portion plus forte de petites exploitations mais à la fois à

l'orienta-t:ion particulière du système de produc:tion, fondé sur la race mixte Maine-Anjou, et a la structure sociale en général. Alors que dans d'autres régions (le Nord de Nantes, par exemple), on s'était orienté plus tôt vers un début d'intensification fourragère et de

spécialisa-tion laitière (2), dans la région s'est plutôt développé l'élevage bovin pour la viande, moins propice à la mise en place d'une organisa-tion professionnelle en raison du rôle de la vente sur les foires. Cette orientation, introduite par les grands propriétaires âu début du

siècle, a sans doute contribué à maintenir leur emprise et à renforcer celle des marchands de bestiaux. Selon J. RENARD (3), "le choix (de la race Maine-Anjou) fut fait par les grands propriétaires résidants sur leurs exploitations tenues en métayage. Les bénéfices réalisés sur la vente des animaux étaient partagés entre propriétaires et métayers alors que ceux procurés par le lait revenaient entièrement aux locataires".

L'autre explication de l'inorganisation des paysans tient à la nature de cette société rurale traditionnelle. Le constat de J. RENARD à propos de cette structure sociale s'applique sans doute autant sinon plus qu'ailleurs à la région d'Ancenis, au sein du département de Loire-Atlantique: "Une certaine hiérarchie sociale, le poids du

fac-(1) e t des organismes qui l'ont remplacée à partir de 1934, à la suite de difficultés de gestion tenant notamment à une confusion entre l'appro-visionnement et les autres activités.

(2) La noblesse et la grande propriété foncière de la région d'Ancenis ont

semble-t-il été influencéesavec un certain décalage par les foyers

agro-nomiques du Nord de Nantes (Grandjouan), et d'Angers (Ecole Supérieure

d'Agriculture), qui ont directement préparé cette évolution. D'ailleurs,

de même, la race Maine-Anjou s'est répandue dans le Castelbriantais et

dans les Mauges plus tôt que dans la région d'Ancenis.

(3) op. cit. (p. 346 et suivantes). La noblesse émigrée dans le sud de l'Angleterre sous la Révolution assimila les nouvelles techniques

pratiquées par les landlords et créa la race Maine-Anjou en croisant

(15)

teur foncier, le conservatisme politique et le jeu de l'Eglise

tradi-tionnelle sont des éléments convergents d'une même réalité qui est

l'expression d'une combinaison dont le résultat a été de figer les évolutions ou qui a pesé pour les freiner et les retarder" (1).

Cimentée autour des valeurs de la terre, de la famille et de la religion, cette société comprend: au sommet les châtelains et les gros propriétaires fonciers (2) , · puis les professions libérales et les personnes assimilées, plus au-dessous les commerçants et artisans, les paysans (clivés selon leur taille et surtout leur statut: proprié-taires, fermiers, métayers), et, en bas, les ouvriers agricoles, les

journaliers et les ouvriers de l'industrie. Les rapports entre ces différentes catégories vont connaître de profondes transformations,

amorcées avant ·1a guerre 1939-45; et l'action catholique va renouveler

le rôle de l'Eglise.

2. La naissance de la coopération

La grande crise économique de 1929 a précipité à la fois le développement de la coopération et celui du syndicalisme. L'effondre-ment des cours des produits· agricoles et la hausse des prix des approvisionnements ont contraint les agriculteurs liés au marché

à se donner une organisation économique rigoureuse à laquelle avaient

également intérêt les propriétaires fonciers, tout aussi victimes du négoce privé. C'est ainsi que la Coopérative Agricole de Saint Mars-La Jaille a été fondée en 1932 pour faire face à la spéculation sur les blés. Elle a été créée à partir du syndicat agricole de la

commune, qui ne s'occupait jusqu'alors que de l'approvisionnement (3). La coopérative fut mise sur pied sous l'impulsion de quelques

agri-culteurs, dont M. RAGUm,et d'un grand propriétaire foncier, ingénieur

agronome, M. LE GOUAIS, qui apportait à la fois le poids de sa compé-tence technique, de ses relations et de son assise financière (4).

(1) op. cit. p. 407.

(2) "L'étonnante pérennité de leur poids social est à souligner, precise-t - i l noprecise-tammenprecise-t. Ce n'esprecise-t que depuis dix ans, precise-touprecise-t au plus (écriprecise-t en 1973) que leur prest_ige n'est plus tout à fait le même et à vrai dire en bien des vill_ages, ils sont tout puissants" : nous aurons l 'occa-sion de constater cette pérennité dans la troisième partie à propos de la commune de la Chapelle Saint-Sauveur.

( 3) cf. MM. RAIMBAULT et RAGUm : CANA, 40 années d' activité dans le

con-texte politique et économique (1932- 1972), brochure, 32 p. (Exposés

donné-s à l'Assemblée Générale du 40ème exercice, à La Chapelle

Basse-Mer).

(4) I l fallait stocker le blé, qui valait 40 à 50 Fau moment de la récolte mais plus du double 6 mois après. M. LE GOUAIS put obtenir du Crédit Agricole qu'il finance le stockage ce qui permettait de payer un acompte de 45 F à la récolte; le Ministère de !'Agricul-ture fixait de son côté l'échelonnement des ventes avec un contrat

donnant lieu à des.primes directes ou indirectes: par exemple, les

meuniers étaient obligés d'employer une partie de ces blés au cours taxé, ce qui réduisait en outre le risque d'un boycottage par le.

négoceprivé. Dès 1933, la coopérative paie 112 F le quintal de blé, contre 60 F par les négociants. En 1935, les cours taxés à 90 F l'an-née précédente descendent à 48 F dans la région de Ligné. La

(16)

La coopérative a connu un rapide développement: elle a repris en charge l'approvisionnement abandonné par le syndicat défaillant en 1933, elle

a construit le premier silo à blé de Loire-Atlantique en 1934, elle a

dépassé le cadre cantonal en 1936 à la faveur de la création de l'Office

du blé et a débuté dans une nouvelle activité en 1938, (les pommes à

cidre). En 1939, elle comptait 3000 adhérents environ, desservis par une vingtaine d'agences, et son implantation s'était déjà déplacée vers les cantons de Ligné, Ancenis (où elle avait ouvert une agence)

et Varades, à la suite d'un accord de zone réservant la région Nord

(Soudan - Chateaubriant) à la Coopérative de Nantes, qui y était plus anciennement implantée.

Si la coopérative a longtemps marqué une alliance entre le

propriétaire foncier et 1 '_agriculteur avancé, comme le symbolisait à

l'origine le rôle complémentaire du Président, M. LE GOUAIS, et des agriculteurs, et que traduira la composition de son Conseil d'Adminis-tration jusqu'en 1962, par contre, le syndicalisme à vocation générale s'est créé dans un souci d'exclusivité paysanne assez affirmé de la part de son promoteur.

3. La naissance du syndicalisme

Les sept _agriculteurs réunis à Nantes en 1938 pour décider sa

création étaient très favorables à la coopération, mais tenaient avant tout au développement d'un syndicalisme indépendant. Selon l'analyse de

J. RICHARD, président d'un syndicat-boutique à OUdon depuis 6 ans, et

qui fut à l'origine de la plupart des syndicats créés dans la région

d'Ancenis, "le syndicat-boutique était utile pour s'approvisionner mais, face au gouvernement, ce n'était rien. I l fallait qu'on soit indépendant du commerce pour défendre nos prix et nos professions

(le statut -du fermage par exemple). On devait s'épauler avec la

Coopération, la Mutualité et le Crédit, mais on devait s'organiser

à part. Le syndicat c'est le biture de l'organisation professionnelle".

Une partie des dirigeants des centrales départementales

(Robichon, Le Gouvello, Monnier) s'opposaient fermement à cette

position et voulaient que le même homme soit à la tête du syndicat et de la coopérative: peut-être percevaient-ils confusément que la

création d'un syndicalisme paysan amènerait leur élimination à plus

ou moins long terme. I l faut savoir en effet qu'il était souvent

impos-sible de trouver un paysan acceptant de gérer la coopérative communale

et que le contrôle de la coopérative permettait le contrôle du syndicat.

De même, aucun de ces sept agriculteurs ne se croira capable de diriger

le nouveau syndicat et l'on ira demander d'en prendre la présidence à

M. DE SESMAISONS, puis, celui-ci ayant été rappelé 0>,.à M. LEFEUVRE,

(17)

alors Président de la Chambre d'Agriculture et de la Mutualité 1900 (gros propriétaire). Le seul fait d 'é~rire un article pour l ' "Entente paysanne",

journal du syndicat, paraissait au premier abord impensable aux agricul-teurs fondaagricul-teurs.

Deux facteurs semblent avoir favorisé la victoire des partisans

d'un syndicalisme à vocation générale. D'une part, la crise de 1929

a entrainé d'importantes difficultés de gestion des syndicats-boutiques, sinon des faillites, comme celle de "La Méridionale" en 1934, ce qui

entravait la défense professionnelle. D'autre part et à la suite du

Front Populaire, bien des paysans ont pris conscience que s'ils ne se

donnaient pas une organisation syndicale à l'image de celle des ouvriers,

ils ne parviendraient pas à faire aboutir leurs revendications. Le

Dorgérisme, né en 1928, n'avait pas eu d'influence durable dans la région, mais i l avait préparé les esprits à l'Union, à la Défense paysanne.

Dorgères avait fait un meeting à Châteaubriant, à la foire

du 14 septembre 1929. I l avait participé l'année suivante à un meeting

à Ancenis, avec notamment R. LEFEUVRE, (président de la Chambre d'Agri-culture), devant plus d'un millier d'agriculteurs. Un peu plus tard, un groupe de "chemises vertes" s'était formé à Ancenis et à Saint-Géréon, mais, en dehors des multiples rumeurs qui circulèrent dans

les camp_agnes de 1929 à 1936, ce furent les seules manifestations du

Dorgérisme dans la région.

Fils de cantonnier, lui~même domestique de ferme, puis carrier, avant de prendre une ferme, instruit en autodidacte durant son emprison-nement en Allemagne lors de la guerre 1914-18, Jean Richard ressentait cette situation avec une grande acuité et déploya des efforts considéra-bles pour créer et relancer des syndicats dans toutes les communes de la région, tout en assumant des responsabilités départementales. Sa trajec-toire sociale et son action paraissent complémentaires de celles d'Emile

RAGUIN, fils de paysan aisé, contraint de quitter la profession car issu

d'une famille nombreuse, ayant suivi le cycle complet des cours par cor-respondance du Centre d'Enseignement Rural d'Angers (CERCA), recruté comme secrétaire et devenu Directeur de la Coopérative.

La façon dont été crees ces syndicats communaux pendant les

hivers 1938-39 et 1939-40 montre bien qu~lle était la position sociale

des paysans. Jean RICHARD demandait à des agriculteurs qu'il connaissait par les foires (ou autres) de préparer une réunion pour un dimanche matin.

I l s'y rendait en bicyclette et face à un public plus ou moins restreint,

composé de moyens et gros agriculteurs - seuls confrontés sérieusement

au problème des prix - , i.l exposait longuement son analyse de la

situa-tion et les raisons de s'unir dans un syndicat. Une discussion s'en~ageait avec les notables et quelques agriculteurs, nombre de participants évitant de prendre la parole publiquement. Puis arrivait le moment crucial de

(18)

l'élection du bureau: souvent, personne ne se proposait car c'était une

chose nouvelle et on craignait d'y passer trop de temps ou de s'attirer des ennuis. Les commerçants et les marchands de bestiaux se méfiaient

des syndicats, qu'ils assimilaient aux coopératives.

Il fallait en général 2 ou 3 réunions pour parvenir à former un bureau local. Lorsque la commune comptait des notables, l'un d'eux était presque à coup sûr sélectionné : "il y a M. X qui a bien le temps", "il y a M. X, qui est capable". C'est ainsi qu'à Mésanger un expert

foncier, un maréchal expert et un agriculteur du bourg ont constitué la première équipe syndicale et qu'à La Chapelle Saint-Sauveur, la présidence est revenue au châtelain (cf. 3ème partie). Autant que possible, on essayait de nommer président un véritable exploitant -notamment, pas un représentant de la nobèsse - et ce fut le cas dans

les 3/4 des syndicats environ (1). L'objectif premier était de créer un syndicat, l'évolution devant se faire par la suite. Les paysans, même aisés, avaient profondément intériorisé leur non-valeur à l'égard de celle des porte-parole traditionnels de leur classe; en outre, les fermiers dépendants d'un "mauvais propriétaire" s 'auto-éliminaient d'emblée, à moins que leur "maître" fût élu et leur demandât d'adhérer.

4. La C.orporation et l'immédiat après-guerre : consolidation

Mises à part la guerre et l'occupation, l'avènement de la Corporation n'a pas été

un

changement important dans l'organisation paysanne, mais plutôt un prolongement et même une officialisation des structures naissantes. La plupart des présidents de·syndicat ont été

élus ou nommés syndics et, du fait de la monnaie-matière, des impôts et des réquisitions, tous les _exploitants étaient contraints d'adhérer

de plus, la première organisation, qui ne comprenait qu'un échelon

communal, s'est étayée au niveau du canton, s'est étendue à tout le département, et a bénéficié de ressources propres. Cet aspect convenait aux désirs des fondateurs; au lendemain de la guerre, avec la CGA puis avec l'organisation des F.D.S.E.A., la plupart des syndics de la

Corporation sont devenus présidents de syndicats locaux (les syndics

accusés d'avoir collaboré faisant exception). En même temps, le syndicat était entré dans les moeurs comme une institution nécessaire à la

pro-fession, cela d'autant plus que l'usage de la monnaie-matière s'était prolongé au-delà de la guerre. Bien que l'organisation syndicale

concernât peu les petits ~xploitants qui formaient pourtant la majorité

des agriculteurs, c'était la première fois que les paysans de la région se donnaient une structure propre, relativement autonome.

(1) Jean RICHARD lui-même s'était engagé dans le syndicalisme parce qu'aucun autre agriculteur ne voulait se présenter comme président face à un châtelain de la commune (Couffé, 1932) : i l tenait beaucoup à ce que les agriculteurs prennent eux-mêmes les responsabilités.

(19)

La coopérative en constituait l'homologue dans le domaine de l'approvisionnement et dans celui de la vente de certains produits

(céréales, beurre, lait). Sa croissance rapide, due à la fois à la crise économique, aux abus du commerce privé, à l'absence de syndicats-boutiques,

à la ténacité et à l'efficacité de ses dirigeants, l'a fait apparaître

très tôt aux yeux du négoce local comme un dangereux concurrent: celui-ci se trouva contraint d'aligner ses prix et sentit sa position sociale indi-rectement menacée. Avec la guerre, elle a été renforcée par la rationali-sation de l'approvisionnement et de la collecte suscitée par la pénurie, mais en même temps le freinage des réquisitions a valu à ses dirigeants des difficultés avec l'occupant. L'activité laitière a débuté en 1941,

à la faveur de l'hostilité des agriculteurs de la zone de Riaillé-Saint

Mars à l'égard de l'industriel fromager à qui elle était attribuée: celui-ci voulait collecter le lait écremé dont ils avaient besoin pour

élever leurs porcelets. Une coopérative laitière fut donc créée à Riaillé.

L'année suivante, les dirigeants de la coopérative de Candé,

en difficultés, demandèrent à s'associer,et bientôt les deux fusionnèrent

et constituèrent la "Coopérative Agricole de Saint-Mars et Candé" laquelle

s'appuyait à la fois sur des dépôts et sur des syndicats-boutiques. Si la

coopérative laitière était statutairement indépendante, conformément à la législation d'alors, en fait, le centre de décision de l'ensemble restait unique, ce qui tranchait avec la pratique habituelle de la coopération, oü les syndicats locaux étaient gérés de façon assez indépendante. Cette orientation devait largement contribuer au succès de la coopérative. Lors du rapprochement entre la coopérative de Saint Mars et celle de

Candé_, des agriculteurs craignant de perdre du poids dans un ensemble

économique aussi important avaient fait campagne contre la fusion, qui n'était passée qu'à une faible majorité. Les mêmes problèmes se

poseront à nouveau plus tard, mais sous d'autres formes, alors que le

syndicalisme d'une part et la coopérative d'autre part auront acquis une puissance beaucoup plus grande.

11. VE L'APRES-GUERRE

A

1958-1960 :

L'a.66iJtma.:ü.on, e.n ta.nt que.

6oJtc.e.

.6oc.ia.le. autonome.,

de.6

pa.y.6a.n.6

de.

la. Jtégion

De la période de l ' après_-guerre, où le rationnement se maintient

pendant quelques années, jusqu'en 1958 environ, l'insertion dans les cir-cuits monétaires atteint progressivement tous les agriculteurs de la région et concerne une proportion croissante de leurs opérations: achats

(20)

d'engrais, de semences, de matériel, livraison du lait, vente d'animaux. Parallèlement, la défense syndicale devient un besoin pour l'ensemble de la profession et prend une nouvelle dimension avec les premières

manifestations, dont celles de 1956, qui visent à obtenir, d'une part, le

relèvement puis l'indexation des prix agricoles, d'autre part, des faci-lités d'achat du carburant et du matériel. L'ensemble du monde agricole de la région sort de son isolement social et commence à devenir une classe consciente d'elle-même. Les taux d'adhérents aux syndicats locaux atteignent 75 % à 90 % selon les communes. Mais i l ne s'agit pas, con-trairement à la période suivante, de remettre en cause la structure de la classe paysanne et ses rapports avec le système économique. Nous envisagerons successivement plusieurs composantes de cette évolution:

la vulgarisation, la JAC, le syndicalisme et les industries agricoles, en nous limitant principalement au cas des cantons d'Ancenis et de Varades.

1. La Vulgarisation

Jusqu'en 1959, les actions de vulgarisation procèdent d'initia-tives non unifiées, émanant soit de la Direction des Services Agricoles

(à partir de 1946, les professeurs d'agriculture départementaux devenus ingénieurs des services agricoles sont orientés vers la vulgarisation), soit de l'école d'agriculture de la Marchanderie, soit de certains instituteurs ou de vicaires animant l'action catholique et les cours du CERCA(l)suivis par un noyau de jeunes dans la plupart des communes. Les techniciens des industries ont eu un rôle assez faible, semble-t-il, sauf au nord de la région. Cela reste une vulgarisation d'élite.

Au départ, les ingénieurs des Services Agricoles (2) inter-viennent surtout auprès d'individus mais, dès 1947-48, le syndicat local devient le cadre privilégié de leur action. Ils agissent aussi par l'in-termédiaire de correspondants départementaux. Des champs d'essais

d'engrais et de nouvelles variétés sont alors implantés dans de nombreuses communes: Couffé, Mésanger, Oudon, Pouillé, Roche-Blanche, Belligné, La Rouxière, Saint Herblon,et des rassemblements y sont organisés, ainsi que des réunions dans la plupart des communes.

Les nouvelles variétés concernent d'abord les céréales: CAPELL ETOILE DE CHOISY, des orges et des avoines d'hiver, puis de printemps. Ensuite arrivent de nouvelles variétés de choux et de betteraves; et

la "culture de l'herbe" commence à se pratiquer (luzerne, trèfle violet, fétuque, ray-grass) ; plusieurs exploitants essaient la culture du maïs et quelques-uns expérimentent l'ensilage de choux après 1952, année où ils avaient gelé. En matière de fumure, la plupart des agriculteurs n'employaient que des scories et de la chaux (mélangée à de la terre) : à la sylvinite et au nitrate de chaux arrivés pendant la guerre s'ajoutent

le sulfate d'ammoniac, le nitrate de chaux et, vers 1955, les ammonitrates.

L'azote commence à être employée de façon fractionnée.

""ëï>centre d'enseignement rural par correspondance d'Angers.

(2) La D.S.A. de Loire-Atlantique avait mis sur pieds dès le lendemain de la.guerre une activité de vulgarisation concertée avec les organisations

(21)

militants du MFR (Mouvement Familial Rural) a, sernble-t-il, été assez

fermé, et son action, limitée aux communes où i l comptait de.s

adhé-rents: Anetz (1), Roche-Blanche (1), Saint Herblon (2), Belligné (2),

La Rouxière (5), Maumusson (1), Varades (1). Ses adhérents recherchaient surtout la performance technique et se souciaient peu de la progression

des autres .agriculteurs. Mais une diffusion pouvait se réaliser

indi-rectement lors des démonstrations ou par l'abbé SAUVETTRE, animateur

du CETA, aumônier de JAC et professeur à l'école d'agriculture de la

Marchanderie. Il existait alors 4 CETA en Loire-Atlantique, et, sur

le plan national, 27 CETA seulement (affiliés à la FNCETA). A l'origine,

i l s'.agissait de cours sur les nouvelles techniques agronomiques, telles

qu'elles étaient mises en oeuvre dans le Bassin parisien et dans quel-ques exploitations pilotes de l'Ouest de la France. Bientôt furent implantés des champs d'essai et expérimentées de nouvelles méthodes d'alimentation des animaux; et, progressivement, la réflexion se centra sur les exploitations des adhérents. L'école de la Marchanderie

contribua à introduire de nouvelles variétés de betteraves, l'ensilage

de choux et la culture du maïs (un professeur acheta un égrenoir à mais avec séparateur d'épis qui fut utilisé dans 22 communes en 1953).

Toutes ces actions visaient avant tout à élever les

rendements et à tirer parti de la mécanisation naissante. Les préoccu-pations financières étaient bien entendu déterminantes, mais on ne pratiquait pas encore de comptabilité: la diffusion des méthodes

de gestion et le souci impératif de la rentabilité ne pénétreront

qu'au cours des années soixante lorsque les charges deviendront

relativement élevées (surtout à partir de 1965). Par ailleurs, ces

innovations n'ont guère touché q_~•une minortté d'agriculteurs, surto~t de moyennes et grandes exploitations, et ne se diffuseront largeme~t que dans les années soixante. Dans les exploitations "de pointe" elles-mêmes, l'utilisation des engrais est en 1961-62 deux fois moins poussée qu'actuellement: dans 60 exploitations des régions d'Ancenis et Chateaubriant adhérentes au Centre de Gestion, la consommation moyenne d'engrais est estimée, pour l'exercice 1961-62, à 50-60 unités de chaque élément.

De même, i l faut noter que la majorité des agriculteurs de la

region n'étaient pas encore mécanisés en 1959. Les premiers tracteurs étaient arrivés après la guerre 1939-45 à la faveur du plan MARSHALL. On n'en comptait alors que 2 ou 3 par commune, appartenant soit à de

gros exploitants, soit à un groupe d'agriculteurs en CUMA, soit à une

entreprise. En 1955, i l y avait 1 tracteur pour 10 exploitations (RGA).

C'est dire que les petites exploitations se sont équipées après 1960 (comme on le verra). Enfin, les moissonneuses-lieuses se sont répandues après la guerre et les premières moissonneuses-batteuses ont été

utilisées à partir de 1955 environ. On assistait donc, pendant cette

période, à une transformation des écarts entre les différentescouches d'agriculteurs, mais cela ne menaçait pas l'unité professionnelle car

(22)

les systèmes de production restaient, en gros, identiques (les

produc-tions spécialisées n'existaient pas, mises à part quelques étables de

vaches frisonnes), le degré d'intégration dans les circuits monétaires

restait faible, et le sentiment corporatiste était assez affirmé.

2. La Jeunesse Agricole Catholique (J.A.C.)

L'influence de la JAC sur les transformations intervenues pendant cette période fut assez restreinte, sauf dans certaines communes telles que : Belligné, La Rouxière, Saint-Herblon. Plusieurs raisons en rendent compte. De création récente (1929), la JAC n'était apparue dans la

région que vers 1936-37 (1) ; avant et pendant la guerre, elle ne

ras-semblait guère qu'une petite équipe par commune, et la continuité dépendait des nominations des curés et des vicaires; elle était

centrée sur une réflexion morale et religieuse et le rôle propre du prêtre était considérable; enfin, elle franchissait peu les frontières de chaque commune. La JAC cherchait d'ailleurs à former une élite et non la masse.

Cependant, les jeun~s militants_y ont acquis des dispositions efficacement transférables dans d'autres domaines. Le seul fait d'ap-prendre à réfléchir,

a

discuter, à se connaître, les préparaient

à exercer des responsabilités; beaucoup suivaient en même temps les cours du CERCA avec l'aide de l'aumônier; si le groupe dépendait étroitement du rôle du prêtre, en revanche, i l se trouvait dans une certaine mesure soustrait à celle des parents ou des notables traditionnels; enfin, et peut-être surtout, les jacistes se sen-taient investis d'une mission et prenaient confiance en eux et dans le métier de paysan, alors que leur contexte social les prédisposait

à courber l'échine ou à dévaloriser la condition paysanne. Les mili-tants formés pendant cette première phase ont pour la plupart exercé des responsabilités communales ou cantonales par la suite: syndicat local, coopération, vulgarisation, municipalité, etc ••• On a vu que c'est une équipe JAC, devenue équipe MFR, qui a formé le noyau du CETA. Actuellement, une partie de ces agriculteurs continuent d'appar-tenir à l'Action Catholique dans le cadre du C.M.R. (Chrétiens dans le Monde Rural), mais ce mouvement est surtout animé par des militants

issus de la JAC des années 1950 à 1960. Cette seconde "génération" a nettement marqué l'évolution professionnelle à partir de 1958 (nous l'envisagerons dans la section III).

(1) A la Rouxière, elle s'est développée sous l'action d'un curé arrivé avant la guerre et demeuré sur la paroisse pendant 25 ans. A Belligné

un vicaire nommé en 1937 avait formé une première équipe. De même,

à Mésanger, un vicaire nommé en 1938 réunit un groupe composé de jeunes du bourg auxquels se joignent quelques fils d'agriculteurs.

(23)

3. Le syndicalisme

De la guerre

1939-45

à

1958

environ, le syndicalisme devient

strictement paysan et, comme on l ' a vu, commence à jouer un rôle reven-dicatif. Statutairement, i l ne s'adresse qu'à des exploitants et, dans

les faits, les non-_agriculteurs en sont progressivement évincés, soit

au lendemain de la guerre (exemple: Mésanger, en

1948)

soit vers

1954-55

(cas de La Chapelle Saint-Sauveur). Cela n'empêche pas des commerçants (ou autres), ayant aussi une activité agricole, de s'y

maintenir. Les activités sont avant tout axées sur les problèmes liés à

la modernisation des exploitations: vulgarisation, mutuelles, GDMA (1),

CUMA (1) ,_ groupements d'achats, fournitures (exemple, la ficelle de lieuse), en somme organisation de services en cela analogue à une Chambre des Métiers. Au niveau départemental, le Conseil d'Administra-tion ne se réunit guère que deux fois par an.

Une orientation plus offensive . qui jusque-là caractérisait

surtout la "section des fermiers" s'affirme également dans l'ensemble

des syndicats de

1953

à

1956.

Le statut du fermage, obtenu sous la

Corporation et amén_agé à la Libération, semble ·avoir stimulé 1

'enga-gement professionnel des fermiers, en raison de la sécurité acquise, et pour la faire respecter.

La baisse des cours de la viande conduit à quelques

manifesta-tions en

1953

et, sur le plan national, aboutit àla création de la

SIBEV; des grèves de livraison des produits sont tentées sans succès.

C'est en

19

.

56

qu'a lieu la première mobilisation de masse des paysans

de la région, dans un contexte de baisse des prix agricoles, mais à l'occasion de l'arrivée au pouvoir d'une équipe radicale et socialiste.

Le gouvernement Guy MOLLET a supprimé le Ministère de !'Agriculture

et a désigné deux sous-secrétaires placés sous la dépendance du Ministère des Finances. I l n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Des rassemblements de plusieurs dizaines de milliers de

personnes ont lieu à Nantes, Rennes, Vannes, auxquelles la plupart

des communes de la région participent, parfois à raison d'un car

entier (exemple: Saint-Herblon, commune de

J.

RICHARD). Des

inscrip-tions sont peintes sur les routes dont beaucoup sont barrées, comme

la RN 23 (Paris-Nantes), au niveau de Saint Herblon-Anetz. C'est

l'action revendicative qui a le plus marqué, semble-t-il, les

agricul-teurs de la région. Cette prise de contrôle symbolique de l'espace rural traduit bien l'affirmation de la classe paysanne, en tant que corporation unitaire ne se donnant d'autre adversaire que l'Etat, sur

lequel i l s'agit de faire pression. Finalement, l'indexation des prix

agricoles sera obtenue en

1957,

pour être supprimée l'année suivante

par le gouvernement De Gaulle.

( 1) GDMA CUMA

Groupement de Défense contre les Maladies des Animaux. Coopérative d'utilisation en commun du Matériel Agricole.

(24)

4.

La Coopération

La "Coopérative agricole de Saint Mars

La

Jaille

et

Candé"

él

argit

ses activités

à

mesure

que

s'accentue

la

modernisation des

exp

l

oita

tions

:

création d'un

se

r

vic

e d'utilisation

de

b

ulldozers

(1946),

d'un service

d'habitat rural

(1951) et

d'une

fabrique d'aliments

du

bétail

(avec SANDERS), aménagement

d'une cave de vinification (1955),

achat

d'une fabrique

d

e jus

de

pommes

(1960). En 1952, la

coopérative

s'installe

à

Ancenis

et prend

le nom de LA NOELLE

.

Mais

le fait le plus

important

est le développement de

l'acti-vité

laitière

.

En dépit d'une implantation au coeur d'une région

d'élevage, la coopérative prend le risque, - calculé-, d'une

moder-nisation de

la laiterie de RIAILLE, en 1947

.

La

caTI.ecte

laitière

s'accroît effectivemen

t.

Cette activité

conduit

la CANA

à

s'étendre

rap

idement

à

la région de Pouancé (laiterie

industrielle

dissoute

en 1953),

à

la région de Chat

e

aubriant (fusion de la laiterie-co

o

pé-rative

de Chateaubriant

en

1954)

et

à

celle de Candé (rachat de la

laiterie

de la

société

MAGGI en

1955,

sur la pression

des

coo

rateurs

de la zone). La collecte journalière passe de 6000 litres avant 1953

à

100

000 litres

à

la fin de 1955. Une nouvelle usine laitière entre

en

fonction

à

La Noëlle

fin

1957. La coopérative tire parti de deux

innovations saisies au bon moment (la pasteurisation du beurre et le

séch

_

age du lait

écremé)

ce qui lui

permet

de

payer

le lait au

produc-teur plus cher et de rentabiliser les équipements coûteux que représente

ce bond.

En développant la collecte laitière plus tôt que cela ne s'est

produit en Bretagne, la coopérative a probablement favorisé l'évolution

de l'agriculture de la région. Pendant cette période, les relations

avec

les adhérents se sont modifiées du fait de l'accroissement de

taille

(création d'un journal après la guerre, réaménagement des

structur

es

de participation) et du paiement du lait

à

la matière grasse

(mise en

place d'un réseau de dél

_

égués lai tiers qui deviendront des

(25)

I 11. VE 19 5 8-6 0 A 1 915

Le 4emodelage de la ela-0-0e pay-0anne

1

la généftali-0ation

de la modeftni-0ation et le-0 pftogftè-0 de la -0péeiali-0ation

Si, jusqu'en 1958, on cherche avant tout à augmenter les

rendements et à défendre les prix, de nouvelles exigences s'imposent

progressivement dans les années soixante. Deux changements majeurs, étroitement liés, caractérisent cette période. D'une part, le

pro-cessus d'affirmation unitaire de la classe paysanne amorcé à la veille

de la guerre 1939-45 trouve son accomplissement, - notamment sous l'impulsion des jeunes agriculteurs issus de la JAC - , dans une restructuration de l'activité agricole et de ses rapports avec son environnement: réorganisation de la vulgarisation (création des

GVA), utilisation croissante des organismes techniques ou économiques

(CGER, Contrôle laitier, etc •• ), développement de l'agriculture de groupe (GAEC, CUMA, copropriétés, banques de travail), formation des groupements de producteurs, accélération des départs en retraite (IVD) et règlementation des surfaces minimum et maximum d'exploitation, conquête de positions dans les Conseils d'Administration de

coopéra-tives etc. et conquête de sièges au Parlement ou au Conseil Général.

D'autre part, l'intégration dans l'économie capitaliste s'intensifie et prend des formes nouvelles: l'autoconsommation des produits fermiers s'amenuise rapidement, la motorisation des exploitations

s'achève vers 1970, et l'agriculture contractuelle s'organise à

partir de 1965 environ. Une différenciation de plus en plus nette des exploitations se précise, qui, conjointement à d'autres détermi-nants, annonce déjà un éclatement et un reclassement social des agriculteurs de la région.

1. Une nouvelle génération de jacistes

Comme on l ' a vu, les militants de la JAC ont été relativement

peu nombreux jusqu'à la guerre 1939-45, alors que dans d'autres r_égions

telles que le Nord du Pays Nantais, le pays de Retz, ou le Choletais, ils formaient de véritables ligues défilant en uniforme avec drapeaux et fanfares. Par contre, au lendemain de la guerre, la JAC devient

vraiment un mouvement de masse dans la région. Les principaux foyers

sont les communes de la Rouxière et de Teillé, pépinières de militants, dont i l sortira des responsables nationaux; et le mouvement est

assez actif à Belligné, Saint Herblon, Roche-Blanche, Pouancé, Riaillé,

Figure

Tableau  1  -Répartition  aes  exploitations  de  la  rêgion  d'Jlncen1s  selon  l'orientation  principale,  1  'âÇle  et  1a  surface  ( Source  :  PEA,  1974,  rGfR)  (  1  a  surface  royenne  fiçiure  entre  parenthi'ses)  1)  fxploitations  individuel
Graphique  n°  1  - Evolution  du  nombre  d'exploitations  de  1965  à  1974,  en  fonction  de  la  surface  (région  d'Ancenis)
Graphique  n°  3  - Evolution  du  nombre  d'exploitations  en  fonction  de  l'âge  Nbre  d 'exp  1
Tableau 2.  Proportion  d'exploitants  de  &#34;50  ans  et  plus&#34;  parmi  les  responsables  _ agricoles,  selon  l'avenir  de  l  'exploitation

Références

Documents relatifs

Exercice 4 : La combustion complète de 0.35 g d’un composé A de formule brute C x H y a donné 0,45 g d’eau. Déduire celui du carbone.. 2/ a- Sachant que la masse molaire de A est

Si l'on en croit Jesse Fox, auteur principal d'une étude et professeur assistante en communication à l'Université de l'Ohio, les hommes qui publient beaucoup de selfies sur

3- Ne cessant d’améliorer notre commande, nous avons constaté qu’un phénomène d’oscillation de l’eau autour d’un niveau provoque de nombreux démarrage et arrêt

Ce scénario décrit les processus qui surviennent lors des interventions de maintenance précédant généralement un avis de panne pour un objet technique (vous avez également

On décompose le volume du liquide en rotation en couronnes cylindriques de rayon r, d’épaisseur dr et de hauteur z(r). Exprimer le volume dV d’une telle couronne. En supposant que

Elle est d’autant plus importante que la masse de la charge est grande et s’oppose à la mise en mouvement. Elle est caractérisée par le moment d’inertie J, qui s’exprime en

Ils sont ensuite émis sans vitesse par la source S, puis accélérés par un champ électrostatique uniforme qui règne entre S et P tel que.. U sp

Cela a confirmé l’importance du rôle de la vulgarisation en vue d’informer les producteurs sur les conséquences de l’introduction, dans le système de production, de