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Gestion des fonds dans les bibliothèques départementales de prêt : éléments d'évaluation et de prospective/mémoire

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Academic year: 2021

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Ecole Nationale Superieure

des Sciences de l'Information

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Sciences Sociales

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Politiques

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GESTION DES FONDS

DANS LES BIBLIOTHEQUES DEPARTEMENTALES DE PRET

El€ments d'evaluation et de prospective

Frangoise DEF

Sous la direction de Madame Frangoise LEROUGE et de Madame Anne MAYERE

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Ecole Nationale Superieure

Universite des

des Sciences de l'Information

Sciences Sociales

et des Bibliotheques

GRENOBLE II

Institut d'Etudes

Politiques

DESS Direction de

Projets Culturels

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GESTION DES FONDS

DANS LES BIBLIOTHEQUES DEPARTEMENTALES DE PRET

Elements d'evaIuation et de prospective

Frangoise DEF

Sous la direction de Madame Frangoise LEROUGE et de Madame Anne MAYERE

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REMERCIEMENTS

Je voudrais exprimer tous mes remerciements a ceux qui m'ont aidee au cours de cette recherche, et plus particulierement:

a mes directrices de memoire, Mme LEROUGE et Mme MAYERE, pour les conseils et les encouragements qu'elles m'ont toujours prodigues,

a mes chefs de service, M. COISY et Mme VRAY pour m'avoir soutenu pendant ce travail,

a M. le President du Conseil General des Deux-Sevres pour m'avoir permis de l'entreprendre,

aux directeurs des etablissements dans lesquels j'ai ete accueillie si

chaleureusement pendant mon stage, M. REICHELT a la bihliotheque municipale de Fribourg, M. HEYDE a la Fachstelle, et Mme SIMONNEAU a la BDP de Gironde, sans oublier leurs equipes qui ont eu a cceur de me faire partager leur experience.

Je remercie egalement tous les directeurs de bibliotheques et responsables de service qui m'ont accorde une part de leur temps :

Mme Pinard (BDP de la Drome), M. Voltzenlogel (BDP de la Dordogne), M. PETIT (BDP de la Creuse), Mme VINGTDEUX et M. PARIS (BDP de l'Ardeche), Mme DIEZ (BDP de la Haute-Vienne), Mme BLANCHAUD (BDP de la Manche), Mme THEODOLIN (BDP des Landes), Mme PASCAL (BDP de Saone-et-Loire)

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

GESTION DES FONDS

DANS LES BIBLIOTHEQUES DEPARTEMENTALES DE PRET

elements d'evaluation et de prospective

Frangoise DEF

Resume

Cette etude porte sur la gestion des fonds dans les bibliotheques departementales de pret. Avec la decentralisation, elles ont developpe de nombreux services en direction des petites bibliotheques de milieu rural. Quelle place occupe maintenant la fonction de gestion des fonds dans 1'organisation de la bibliotheque departementale de pret ? Comment sont realises les acquisitions, la selection et le developpement des collections ? Quels sont les buts qui doivent etre poursuivis ? La reponse a ces questions constitue la base de la recherche.

DESCRIPTEURS : Acquisition, Gestion fonds, Bibliotheque departementale de pret, Decentralisation, Reseau bibUotheque.

Ahstract

This study bears upon collection management in the central lending libraries. Since the decentralization, they have developped many services in direction of little libraries in rural surroundings. Which place takes now the function of collection management in the organisation of the central lending library ? How are realised : acquistion, selection, collection developpment ? Which goals should have been established ? Answering these questions is the basis of the research.

KEYWORD : Acquisition, Collection management, Central lending library, Decentralization, Library network.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 5

Presentation de la demarche 8

l.S'ADAPTER A UN CONTEXTE EN MUTATION 10

1.1 Les BDP: des bibliotheques au service du milieu raral 11 1.1.1 Histoire et missions des BDP. 11

1.1.2 Terrain d'action. 13

1.1.3 L'information en milieu rural 15 1.2 Entre livres et lecteurs : une necessaire mediation. 17 1.2.1 Bibliothecaire : un metier qui evolue. 17 1.2.2 Les livres : apergu de la production editoriale. 19

1.2.3 Qui sont les lecteurs ? 22

2. CONSTITUER DES COLLECTIONS 27

2.1 Les moyens des BDP. 28

2.1.1 Lebudget. 28

2.1.2 Les collections. 29

2.2 Politique d'acquisition. 30

2.2.1 Definition 30

2.2.2 Criteres d'acquisition. 30

2.3 Selection et achat des documents. 33

2.3.1 Organisation generale. 33

2.3.2 Les instruments de selection. 39 2.3.3 Les fournisseurs et les services demandes. 43

3. GERER LES FONDS 47

3.1 La diffusion des documents. 48

3.1.1 Les methodes. 48

3.1.2 Un equilibre fragile entre l'offre et la demande. 53

3.2 Experiences etrangeres. 59

3.2.1 Les bibliotheques centrales de pret quebecoises. 59 3.2.2 Une "Fachstelle" allemande. 62

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ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE 87

A- Politique culturelle 87

1) Generalites 87

2) Mission des bibliotheques publiques 87

3) Pratiques du public 89

B- Contexte et evolution des B.C.P 89

1) Le milieu rural 89

a) Generalites 89

b) Uinformation en milieu rural 91

c) Lecture et bibliotheques en milieu rural ' 91

2) La decentralisation 92

a) Generalites 92

b) Culture et collectivites locales 93

3) Les Bibliotheques Centrales de Pret 93

a) Textes officiels 93

b) Mission et role 94

c) Quelques B.C.P. parmi d'autres 96

C- Politique d'acquisition des bibliotheques 98

1) Gestion des fonds 98

2) Acheter : pourquoi ? comment ? 100

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

GESTION DES FONDS

DANS LES BIBLIOTHEQUES DEPARTEMENTALES DE PRET

elements d'evaluation et de prospective

Problematique.

Les bibliotheques departementales de pret ont beaucoup evolue au cours des dernieres annees. A leur mission traditionnelle de diffusion du livre dans les campagnes frangaises sont venues s'adjoindre des missions de constitution et d'animation d'un reseau de lecture publique.

Avec la decentralisation, la bibliotheque departementale de pret est devenue dans bien des cas, le premier outil culturel du departement. Cependant, acquerir des documents pour les diffuser, reste une fonction importante, meme si la place de cette activite n'est plus toujours aussi clairement pergue : apres avoir ete centrale, serait-elle devenue peripherique ?

Notre recherche prendra appui sur les pratiques d'acquisition et de gestion des fonds. Nous nous pencherons sur les politiques existantes dans ce domaine afin de reperer les enjeux qui se posent pour les bibliotheques departementales de pret et les perspectives qui s'ouvrent devant elles.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Liste des sigles utilises.

A.D.B.C.P. : Association des directeurs des bibliotheques centrales de pret

BCP : bibliotheque centrale de pret (denomination utilisee au Quebec)

BDP : bibliotheque departementale de pret .Nous utiliserons tout au long de notre etude ce terme qui est la nouvelle denomination des bibliotheques centrales de pret frangaises, ainsi que le precise la recente loi1 de juillet 1992

Bg: bibliographie

C.N.L.: Centre National des Lettres

D .L.L.: Direction du Livre et de la Lecture

JLoi du 13 juillet 1992 relative a 1'action des collectivites locales en faveur de la lecture

publique et des salles de spectacle cinematographique, qui pr6sise dans son aticle 6 que "a compter de la presente loi, les bibliotheques centrales de pret, sont denommees : "bibliotheques departementales de pret" ".

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

INTROmiCTION

La lecture, porte du savoir, du pouvoir, mais aussi du plaisir a trouve dans les bibliotheques des lieux privilegies. Etymologiquement definies comme des coffres a livres (biblion-theke), celles-la ont longtemps ete reservees aux seuls lettres capables de dechiffrer les signes mysterieux de 1'ecriture.

L'evolution des bibliotheques est liee a celle de la societe qui les a fait naitre et dont elles sont le reflet. Le bibliothecaire, immerge dans ces puits de connaissance, est a la fois le gardien du lieu et le mediateur entre le livre et le lecteur.

Les fonds qui lui sont confies constituent la base de son service. Grace a lui, ces documents epars et disparates deviennent des collections organisees, qui peuvent, alors, meriter le nom de bibliotheque. Explorateur boulimique de nouveaux horizons, mais aussi travailleur besogneux occupe aux taches fastidieuses de classement et de repertoriage, telles sont, depuis des siecles, les deux facettes du bibliothecaire, entre 1'exaltation de la decouverte et l'ennui de la routine.

Dans 1'antiquite deja, les professionnels sont confrontes aux dures realites du metier. Ainsi, les bibliothecaires de la bibliotheque d'Alexandrie, fondee par le roi Ptolemee Soter en 290 avant J.C. doivent-ils faire face a 1'accumulation encyclopedique des rouleaux de papyrus qui affluent chaque jour, pour repondre au dessein de leur souverain de rassembler en un seul lieu tous les ecrits de la terre habitee. Cette mission suppose une collecte difficile des documents et un travail minutieux de conservation : a une epoque ou l'imprimerie n'est pas encore inventee, de nombreuses versions d'un meme texte existent, et il faut sans cesse reecrire les manuscrits pour les conserver. Pour les bibliothecaires desireux de garder la maitrise d'un savoir a dimension humaine et conscients des limites de leur action, une selection est jugee necessaire; mais elle s'avere difficile et delicate a effectuer. Leur pragmatisme de professionnels se heurte a 1'ambition du roi.

Collecter, selectionner, mettre a disposition sont trois fonctions aussi anciennes que les bibliotheques, au service d'une meme mission, d'un meme but: permettre la rencontre d'un auteur et d'un inconnu qui le lira. Les methodes et les conditions de travail ont change au cours des siecles, les documents aussi. Comment la question des fonds se pose-t-elle pour le bibliothecaire moderne ?

Cette question est nee de notre experience de travail en bibliotheque, tout d'abord benevole dans une bibliotheque d'un quartier desherite de la banlieue nantaise, et ensuite a titre salarie, en tant que bibliothecaire-adjointe dans une bibliotheque departementale, en Deux-Sevres.

Notre premiere experience professionnelle nous a montre les difficultes d'une petite structure aux moyens limites, mais aussi sa force et son pouvoir d'attraction : la convivialite qui y regnait et la qualite des echanges autour du livre en ont fait un des lieux de rencontre et de debat du quartier. Le budget modeste, compose essentiellement des cotisations des lecteurs, obligeait a une selection rigoureuse des ouvrages qui faisait l'objet d'un travail d'equipe. Les rares commandes passees a l'occasion d'une visite au libraire etaient un veritable plaisir

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

A la bibliotheque departementale de pret des Deux-Sevres, nous avons pu apprehender le fonctionnement d'un etablissement au service du milieu rural, avec son developpement, conduisant a une evolution du metier.

Au moment de notre entree en fonction (en 1978), les acquisitions constituaient la "partie noble" du metier; elles etaient entierement prises en charge par le conservateur charge de la direction de la bibliotheque, les bibliothecaires-adjoints ne constituant qu'une force de proposition. Cette situation a evolue au fur et a mesure que se deplagaient les centres d'interet de 1'etablissement et que se densifiait le reseau de bibliotheques municipales dans le departement. La mise en place d'une politique d'aide aux communes etant sous la responsabilite du conservateur et requerant une energie et un travail importants, les acquisitions, qui constituaient par le passe une partie importante de son activite, ont ete prises en charge par les bibliothecaires-adjoints, de fagon parfois empirique, en privilegiant peut-etre l'action et 1'efficacite par rapport a une reflexion plus poussee sur l'evolution du service.

Avec la decentralisation, le contexte administratif dans lequel evolue la BDP s'est modifie : elle s'est rapprochee de son autorite de tutelle en passant de celle de l'Etat a celle du Conseil General. A sa mission premiere de diffusion du livre est venu s'ajouter un role de promotion et de developpement de la lecture au travers de relais dans les communes du departement. Nous avons pu assister a une diversification du service rendu a l'usager, a laquelle nous avons ete associee en contribuant a la formation des responsables des relais mis en place.

La gestion des fonds, au quotidien et dans ses implications a long terme est devenue de plus en plus complexe. Acquerir des documents pour les diffuser sur le territoire du departement constitue une force, mais peut-etre aussi une faiblesse du systeme frangais des BDP. Cette mission permet d'asseoir une solidarite departementale, puisque une collectivite (l'Etat jusqu'en 1985, puis le Departement) aide d'autres collectivites (les communes) ayant des moyens plus faibles, insuffisants de fagon autonome. De plus, les acquisitions representent une force commerciale non negligeable, particulierement dans les departements ou le commerce du livre est peu represente. Mais a cote de ces atouts apparaissent des zones de fragilite : 1'acquisition "en masse" de documents peut aboutir h privilegier la force de l'habitude et 1'efficacite immediate , des risques de clivage entre les activites de prestations de services et les activites de traitement des documents peuvent se faire jour.

Notre etude s'attachera tout d'abord a rendre compte du contexte dans lequel elle se place : nous presenterons donc les BDP en les situant dans leur environnement. Notre deuxieme partie sera consacree a la politique d'acquisition des BDP et aux conditions de sa mise en oeuvre. Enfin, nous envisagerons la diffusion des documents et nous tenterons d'en mesurer les enjeux pour la lecture en milieu rural en France. Nous confronterons ces reflexions a la pratique de collegues allemands et canadiens en ce domaine. Nous avons exclu de notre champ les politiques et les pratiques d'elimination qui justifieraient a elles seules une etude entiere.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Les limites de notre recherche se situent a la frontiere du qualitatif et du quantitatif, entre le discours et les chiffres. Nous avons tente d'exploiter les donnees statistiques a notre disposition pour brosser un tableau d'ensemble et nous avons cherche a comprendre comment la politique de gestion des fonds d'une BDP pouvait constituer un filtre de lecture de ses grandes orientations, ainsi qu'un revelateur du paradoxe que doivent gerer en permanence les BDP : congues comme des points centraux a partir desquels sont diffuses les documents dans les petites communes d'un departement, elles disposent d'un fonds eclate dans de multiples depdts. Outil de stabilite dans le paysage mouvant de la lecture publique departementale, la BDP ne possede souvent qu'une perception fragmentaire de son fonds en perpetuelle rotation, tiraillee entre la centralite et l'eclatement, entre la rationalite et 1'empirisme.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Presentation de la demarche

Afin de mieux cerner les enjeux de la gestion des fonds dans les BDP, nous avons tout d'abord entrepris une recherche bibliographique permettant de situer le contexte et l'objet de l'etude. Nous avons pu ainsi reunir une documentation assez abondante sur les BDP et sur leur champ d'activite. Par contre, la gestion des fonds nous a semble assez faiblement representee dans la litterature professionnelle frangaise; les documents sur le sujet sont plutot d'origine anglo-saxonne. Peut-etre est-ce le fait d'une societe oii les objectifs de gestion sont plus presents ? Sans doute aussi est-ce du aux difficultes qu'ont connu, ces dernieres annees, les bibliotheques anglo-saxonnes, touchees par des reductions de credits drastiques qui les ont obligees a une gestion rigoureuse.

Apres cette phase de recherche bibliographique, nous avons etabli divers contacts. Pour apprehender les politiques et les pratiques des BDP dans la gestion de leurs fonds, nous avons retenu un echantillon compose de neuf d'entre elles. Cet echantillon, choisi en collaboration avec 1'A.D.B.C.P1., et en fonction des particularites du reseau ou de 1'interet du directeur pour notre sujet, comprenait les BDP des departements suivants:

- Ardeche - Creuse - Dordogne - Drome - Gironde - Haute-Vienne - Landes - Manche - Saone-Loire representant ainsi:

- une BDP qui a mise sur "l'hyperruralite" 2, en proposant une action intense de promotion de la lecture (Ardeche)

- deux BDP qui ont restructure leur desserte apres plusieurs annees d'existence.

!M. Caracco, en tant que responsable du groupe de travail sur les reseaux a 1'A.D.B.C.P. a

aimablement accepte de nous conseiller pour le choix de 1'echantillon.

2d'apres le terme employe par la BDP pour se definir dans le "Guide des BCP 1991" (cf bg

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

La BDP de la Drome est maintenant constituee autour de quatre pdles, dont trois appeles "mediatheques de pays" fonctionnent a la fois comme des annexes de BDP et comme des bibliotheques municipales ouvertes au public.

La BDP de Gironde qui avait fait partie de la premiere vague de creation des BDP en 1946 a entrepris l'organisation d'un reseau autour de "relais de pret". Ceux-ci sont situes dans des bibliotheques municipales du departement et mis regulierement a la disposition des responsables des points-lectures du secteur pour le renouvellement des livres pretes par la BDP.

- une BDP recente, creee en 1985 sur la base d'un reseau homogene compose uniquement de bibliotheques municipales (Saone-et-Loire).

- cinq BDP "classiques", constituees autour d'une centrale desservant de multiples antennes dans le departement (Creuse, Dordogne, Haute-Vienne,

Landes, Manche).

Nous avons etabli une grille d^entretien1, destine aux directeurs de BDP ou aux responsables des acquisitions. Cette grille est axee sur quatre principaux themes

- la politique d'acquisition

- les conditions de sa mise en oeuvre - les acquisitions et le reseau

- les perspectives

Un courrier a ete envoye a chaque BDP envisagee, pour accompagner la grille d'entretien et demander l'envoi de toutes les statistiques effectuees par la BDP concernant les acquisitions. Apres reception du courrier, des entretiens telephoniques ont eu lieu avec 7 directeurs de BDP, une responsable des acquisitions chargee de la coordination des achats (dans la Manche) et avec une directrice qui a bien voulu repondre a l'entretien avec son adjoint (Ardeche). Le neuvieme departement retenu pour notre etude est la Gironde, ou nous avons effectue une partie de notre stage. Cest donc a l'occasion de notre stage que s'est effectuee la reponse a notre questionnaire.

Nous avons tente d'analyser les politiques de gestion des fonds, principalement a travers le discours des bibliothecaires. Pour disposer d'elements objectifs, nous nous sommes servi des donnees deja existantes au niveau national, recueillies par 1'A.D.B.C.P.

Enfin, notre stage nous a permis d'apprehender la realite du terrain dans deux etablissements de lecture publique. II s'est scinde en deux parties, l'une a la BDP de Gironde, l'autre dans un service d'aide aux bibliotheques publiques en Allemagne (Fachstelle de Fribourg). Ces deux experiences nous ont apporte l'eclairage de pratiques differentes, avec leurs atouts et leurs difficultes.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

premiere partie

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

1.1 Les BDP : des bibliotheques au service du milieu rural

1.1.1 Histoire et missions des BDP.

Les premieres bibliotheques departementales de pret furent creees en 1945 : ce sont donc des etablissements recents dans le monde des bibliotheques. L'ordonnance du 2 novembre de cette meme annee, signee par le general de Gaulle ne prevoit que huit departements qui seront dotes d'une bibliotheque centrale de pret, selon 1'appellation qui leur est donnee dans ce texte officiel (et qu'elles conserveront pendant de longues annees). Leur faible nombre leur donne un caractere experimental. Au sortir d'une periode difficile de l'histoire frangaise, jaillit l'idee d'un service public qui inonderait intellectuellement l'ensemble du territoire.

Des le depart est affichee la volonte de ne pas concurrencer les bibliotheques deja constituees a 1'initiative des communes, mais de leur apporter une aide tout en leur permettant de preserver leur autonomie.

La mission premiere des BDP est definie comme etant le "ravitaillement en livres des campagnes frangaises". Ainsi voit le jour un vieux reve de la profession, le reve du livre a la maison. Ce n'est plus le lecteur qui va vers le livre, mais le livre qui va vers le lecteur. Et c'est alors que sont lances sur les routes huit bibliobus, "qui portent le pain de 1'esprit a domicile" selon la belle formule de Jean Guehenno, dans un texte ou il retrace pour Julien Cain, en 1954,1'epopee du bibliobus.

Cet outil se revelera tres precieux pour les premieres BDP aux faibles moyens. Elles sont en general installees sommairement, dans des locaux provisoires et mal adaptes. Les effectifs y sont tres reduits, se limitant dans la plupart des cas a quatre personnes : un conservateur charge de la direction, un (ou plutot une) secretaire, un ( et souvent une) sous-bibliothecaire plus un chauffeur, pour assurer la desserte d'un departement entier ! Mais a une epoque ou la lecture publique en France est balbutiante et ou l'automobile est encore peu repandue, aller au devant du public pour proposer des livres est un service dont on a du mal a se representer aujourd'hui le caractere innovant.

Les reactions du public sont d'ailleurs tres vives... et tres contrastees. Un chauffeur de bibliobus racontait que les instituteurs cessaient la classe seance tenante des qu'ils entendaient le bruit du bibliobus qui provoquait des cris de joie. Mais dans d'autres villages, ou les services de 1'Etat sont juges avec une mefiance farouche, c'est avec des pierres que l'accueil se faisait!

La constitution initiale du fonds avait ete effectuee par la Direction des Bibliotheques et par les directeurs des B.D.P., "en s'attachant a trouver les livres qui forment la base d'un humanisme souriant et eclaire ; sauf erreur bien involontaire ou surprise toujours possible, l'on a essaye de n'eliminer de ce choix que les livres d'un vulgarisme bas ou d'un immoralisme dangereux, car le livre vulgaire ou immoral a plaisir ne peut que salir ou detruire" l. Le souci est de repondre aux besoins de tous, en offrant des ouvrages attrayants, "des plus simples aux plus savants".

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Le choix de livres revet a cette epoque une importance particuliere. II faut veiller a ne pas heurter les sensibilites. Ainsi, jusque dans les annees 60, a la bibliothdque centrale de pret des Deux-Sevres, chaque livre est soigneusement "vise" par la directrice, qui applique d'une main ferme trois traits rouges sur la couverture du livre juge "tendancieux" pour des raisons diverses, qui tiennent avant tout a la morale ou a la religion. Parmi ces livres marques de rouge, se trouveront aussi bien L'Amant de Ladv Chatterlev que La Vie de Jesus de la Comtesse de Segur, car 1'ouvrage pourrait declencher les foudres d'un instituteur "laic". L'attention du lecteur est donc attiree par ce signe distinctif qui lui permettra de faire son choix en toute connaissance de cause.

Les premiers bibliobus sont des "bibliobus-caisses" : dans un souci d'efficacite, les bibliothecaires livrent des caisses de livres dans les communes, ou les responsables du "depot du bibliobus" sont charges de les preter au public. II est possible de desservir une vingtaine de communes dans la meme journee. Une grande partie du travail du bibliothecaire est consacree a la preparation de ces caisses. M. Fillet, dans un article du "Cahier des Bibliotheques de France" decrit ainsi la composition-type d'une caisse de 75 volumes destinee a une commune de 800 habitants:

-" 9 albums d'enfants, 21 contes et romans pour scolaires (de 9 a 14 ans), 32 romans, nouvelles, policiers, 13 livres classes" (CBF 2. 1954, p. 142)

II souligne, dans ce meme article, la difficulte du choix des romans : "II fallait choisir les titres en evitant le double ecueil d'un niveau trop eleve ecartant un grand nombre de lecteurs, ou d'un niveau culturel trop bas ne correspondant pas a notre but culturel. Compte tenu des caracteres de la litterature moderne, de la qualite et des gouts de nos lecteurs, nous avons ete amene a distinguer trois classes de romans : les romans "classiques" qui forment les listes C de 10 volumes, les romans frangais de bonne tenue, les romans etrangers classiques et representatifs qui forment les listes M-E (Modernes-Etrangers) de 10 volumes, les romans "faciles", les romans policiers qui forment les listes A-A (Amour-Aventure) de 12 volumes (10 romans et 2 policiers)."

Le bibliothecaire est ainsi investi d'une responsabilite qui peut sembler considerable, a savoir le choix des livres pour l'ensemble d'un village. Cette responsabilite, qui est apparue peut-etre trop importante, sera bientot deleguee aux responsables des depots de livres dans les communes, avec l'amenagement de nouveaux bibliobus plus vastes, comportant des rayonnages pour le choix des ouvrages. Dans certains cas, le public a directement acces au bibliobus qui stationne, a intervalles regulier, sur les places de marche ou tout autre lieu frequente.

Depuis leur origine, les B.D.P. sont tres liees a 1'ecole : leur Ministere de tutelle est 1'Education Nationale, et dans les villages, les instituteurs sont des mediateurs importants : ils occupent souvent les logements de fonction et donc vivent dans la commune qu'ils contribuent a animer. Les ecoles representent un fort pourcentage des depots. Des experiences "pilotes" sont menees en direction des scolaires a qui l'on propose des livres en pret direct. Les annees 70 voient 1'apogee du secteur scolaire qui absorbe une part importante de 1'activite des B.D.P.

Parallelement apparait une tendance qui va croitre avec 1'extension des BDP : un developpement du nombre des depots, dans le but de rapprocher au maximum le lecteur d'un point de lecture. Cette preoccupation s'averera difficile a gerer , certaines communes allant jusqu'a etre dotees de six ou sept depots. De plus, cela conduit a un eparpillement de 1'action de la BDP.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

En 1978, paralt la circulaire "Groshens" qui amorce un changement de cap pour les BDP. A ce moment-la, elles ont change de tutelle puisque le Ministere auquel elles sont rattachees n'est plus l'Education Nationale, mais la Culture. Leur nouvelle priorite devient la mise en place de bibliotheques municipales dans les communes, ou de relais de bibliotheques qui en seront la prefiguration. Elles doivent egalement se desengager du secteur scolaire. Quelques annees apres, la circulaire "Gattegno" de 1985 precise leur action, en recommandant la desserte d'une commune dans un lieu unique et en faisant des municipalites les interlocuteurs naturels et privilegies des BDP.

Le grand mouvement de la decentralisation marquera une etape importante, par le transfert des BDP aux Conseils Generaux, qui deviennent en 1986 leurs nouvelles tutelles, l'Etat ayant assure depuis 1982 la couverture de l'ensemble du territoire national.

1.1.2 Terrain d'action.

Les B.D.P. sont donc actuellement des services dependant des Conseils Generaux, ayant vocation a desservir les communes de moins de 10.000 habitants. Quelles sont les caracteristiques de leur terrain daction ?

Le departement se definit essentiellement par la notion de territoire, regroupant diverses entites sociologiques, economiques et culturelles. II est frequent de rencontrer des departements constitues de micro-regions aux caracteres tres differents, voire opposes (selon les criteres de richesse, de religion, etc.).

Tous doivent faire face a la dispersion de la population, eparpillee dans une multitude de communes, puisque la France en compte plus que 1'ensemble de l'Europe, soit environ 36.000. La rationalisation de la gestion communale est une preoccupation qui est apparue tres tot. Des 1789, le projet defendu par Thouet et inspire par Dupont de Nemours et Condorcet aurait conduit au regroupement de communes, formant 720 unites. Mais a l'aube du vingt-et-unieme siecle, aucune reforme limitant le nombre des communes n'a pu aboutir. L'intercommunalite, encouragee par divers textes, reste a mettre en oeuvre dans bien des secteurs, notamment celui des bibliotheques, malgre les efforts entrepris dans cette voie. Les municipalites etant devenues les partenaires privilegies des BDP, se pose pour celles-ci la question de 1'amenagement du territoire, envisage sous l'angle culturel; et la faiblesse des moyens de bien des communes de petite taille est un element qu'elles doivent prendre en compte dans leur action.

Du fait de leur vocation a desservir les petites villes, les B.D.P. sont assimilees au "rural" et souvent le rural au monde paysan. Mais la situation est bien differente ; malgre la diversite des regions plusieurs grandes tendances peuvent se degager:

- 1'agriculture est de plus en plus mecanisee ; elle utilise donc de moins en moins de main d'oeuvre. Les ouvriers sont maintenant plus nombreux que les agriculteurs.En 1982, un habitant du monde rural sur 3 est ouvrier, alors que les agriculteurs ne representent plus qu'un habitant sur 4.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

- un attrait pour le milieu rural est apparu, avec le developpement du tourisme vert et l'arrivee de jeunes retraites, desireux de profiter dans un cadre agreable de leurs annees de repos. Cest ainsi qu'a partir des ann6es 60, le solde migratoire en faveur de la ville diminue, meme si la population rurale est toujours nettement minoritaire dans la population frangaise : elle en represente 27 % en 1975 (14,5 millions d'habitants), alors qu'elle en representait 75 % en 1846 (27 millions cThabitants)1

- les "rurbains", qui vivent dans une petite ville, en dehors d'une grande agglomeration constituent une population importante (23 millions en 1986)2 ; ils ont contribue a rapprocher les modes de vie urbains et citadins. L'equipement des menages, par exemple, est maintenant aussi important en milieu rural qu'en ville ; les ruraux possedent autant de refrigerateurs, de lave-vaisselles que les citadins, et ils sont mieux equipes en lave-linges, congelateurs et voitures. Celles-ci ont d'ailleurs permis aux ruraux de vaincre, pour une grande part leur isolement. La plupart des services et des commerces courants sont devenus facilement accessibles : l'alimentation et la boulangerie sont en moyenne a 2 km, le medecin et le pharmacien a 4 km, tandis qu'il faut parcourir en regle generale de 9 a 15 km pour trouver un magasin de vetement, une librairie-papeterie, un veterinaire, un supermarche.

- une qualite de services, sociaux, sportifs ou culturels est demandee par la population rurale, a laquelle les elus deviennent sensibles, pour maintenir la vie de la commune : les terrains de sports sont ainsi presents dans 30 % des communes entre 200 et 500 habitants, dans 70 % des communes entre 500 et 1.000 habitants, et dans les communes superieures a 2.000 habitants l'equipement sportif est en general superieur a celui des villes.

Ces grandes tendances marquent donc une evolution importante du monde rural, que les BDP doivent prendre en compte. Elles doivent faire face a la multitude des communes pour la constitution d'un reseau coherent; elles doivent repondre aux besoins d'un public potentiel, dont la composition sociologique et demographique se modifie. Elles doivent enfin offrir un service a la mesure des exigences d'une population, qui sort de son isolement : si le depot d'une caisse de 75 livres dans une commune de 800 habitants etait un evenement d'importance et considere comme une chance pour ceux qui en beneficiaient, il n'en est plus de meme aujourd'hui ou les ruraux vivent a l'heure de la voiture, de la television et du minitel. Quelques livres au fond d'un placard ne representent plus 1'ouverture sur le monde, qu'ils appreciaient dans les annees 50.

En outre les particularites du fonctionnement des BDP ainsi que le contexte de la lecture publique en milieu rural, donnent une acuite particuliere a la satisfaction du lecteur:

- malgre le nombre important de documents acquis par une BDP, l'offre reste limitee pour chaque point du reseau : un bibliobus ne contient dans le meilleur des cas que 2.000 a 3.000 documents et les magasins ne fourniront qu'une infime proportion du fonds qui se trouve dissemine dans plusieurs centaines de depots. Dans une BDP qui desservirait 300 depots 3 fois par an, il faudrait attendre 33 ans pour qu'un ouvrage achete en trois exemplaires circule dans tous les depots !

'cfbg B-l-a: CHAPUIS, Robert. Les ruraux frangais.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

- la satisfaction des demandes des lecteurs repond a des besoins plus imperieux dans la population rurale que dans la population citadine : ou le lecteur d'un village de 300 habitants peut-il se procurer 1'ouvrage qu'il cherche, sinon par 1'intermediaire de la BDP ?

Ces quelques constatations donnent la mesure des efforts a entreprendre par une BDP pour offrir au lecteur final le service de qualite qu'il est en droit d'attendre , dans un monde de l'information de plus en plus complexe.

1.1.3 L'information en milieu rural

La maftrise de la production et du traitement de rinformation est devenue la cle du monde moderne. II existe maintenant un espace "informationnel" comme il existe un espace maritime ou aerien, ainsi que l'a montre dans une circonstance de crise, la recente guerre du Golfe, prouvant s'il en etait besoin, que celui qui detient 1'information detient le pouvoir.

Pour le milieu rural, l'acces a 1'information represente un facteur de developpement. Mais la maitrise de l'information, de plus en plus complexe, necessite un niveau de formation de plus en plus eleve, difficile a atteindre en milieu rural, a cause de difficultes majeures :

- l'infrastructure d'education fait defaut ou est en voie de disparition. II est difficile de developper ou meme de maintenir de petites ecoles rurales qui posent des problemes croissants. Elles representent un surcout par rapport aux normes nationales d'encadrement et d'equipement, tant pour l'Etat que pour les communes. D'autre part, les emplois d'enseignement sont generalement peu attrayants pour des enseignants issus majoritairement du milieu urbain,

- a 1'exception des programmes de formation agricole et forestiere, les schemas, d'education et de formation sont plutot cibles sur les populations urbaines et industrielles, s'adaptant mal aux preoccupations du developpement rural.

Or, le developpement de nouvelles activites dans les zones rarales passe par de nouvelles qualifications professionnelles, ainsi que par l'information qui les entoure et qui les prepare, et qui pourrait etre axee sur:

- la pluriactivite de l'exploitant agricole et de sa famille appeles a gerer un ensemble complexe de production, de transformation, de commercialisation de produits agricoles,

- la valorisation de l'exploitation agricole, par 1'instauration d'activites liees a l'agrotourisme, l'accueil des jeunes, des activites periscolaires en milieu rural,

- Fartisanat rural, souvent centre autour de 1'habitat et de la maintenance de celui-ci et du materiel agricole,

- la mise en place de nouveaux types de services mobiles (de depannage, de vente et d'achat, ou lies a la formation, au conseil, a 1'information, a 1'animation).

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Une 6tude tres interessante a ete menee en 1982/1983, dans le cadre du programme d'utilisation du Videotex en France. Apres une premiere phase d'experimentation en milieu urbain, la deuxieme phase a ete entierement consacree au milieu rural. Elle s'est deroulee dans 49 communes de 500 habitants en moyenne, dans deux departements : les Alpes de Haute Provence et le Lot-et-Garonne. Conduite a l'initiative du Secretariat General du Gouvernement et de plusieurs ministeres (Ministeres de 1'Agriculture, de 1'Industrie et de la Recherche, de 1'Interieur et de la decentralisation, Ministere delegue charge des PTT, Secretaires d'Etat aupres du Premier Ministre charge de la Fonction Publique et des Reformes administratives, charge du Plan), elle a ete coordonnee par le CESIA (Centre d'Etudes des Systemes d'Information des Administrations).

Des banques de donnees nationales d'information etaient ainsi mises a la disposition du public grace a des terminaux videotex installes dans des lieux publics

- dans les Alpes de Haute-Provence, 15 bureaux de poste, 4 mairies et un bureau de tourisme en furent dotes

- en Lot-et-Garonne, ce sont 25 bureaux de poste et 5 mairies qui en furent pourvus.

L'ensemble des terminaux etaient manipules par des mediateurs : agents de guichet, receveurs des postes, secretaires de mairie.

La banque de donnees accessible etait composee de 15.000 pages environ, fournies par pres de 90 prestataires de services, representant des organismes publics nationaux, des administrations locales ainsi que des associations a vocation sociale. La liste des prestataires de service comprenait des organismes aussi differents que les DDASS (Direction Departementale des Affaires sanitaires et sociales) des Alpes de Haute Provence et du Lot-et-Garonne, les chambres de commerce et d'agriculture, les Caisses d'Allocations Familiales, les Directions Departementales de 1'Equipement, les services fiscaux, les Directions Departementales Temps libre, Jeunesse et Sports de ces deux departements, le Centre National d'Enseignement par Correspondance ou que le Ministere de 1'Economie.

Les themes d'information retenus concernaient, notamment, la vie professionnelle, l'enseignement, la justice, la sante, les documents officiels et les formalites administratives, la communication, les PTT, le service national, le logement, les impots, et les douanes.

Les observations sur le terrain ont permis de noter les themes les plus consultes par le public:

- themes lies a la reglementation administrative : rentree universitaire, concours, securite sociale, fiscalite, etc.

- themes lies aux droits et demarches : recherches d'aides financieres specifiques au milieu rural (subventions a l'habitat rural, aide aux agriculteurs,et aux artisans; etc.), retraite.

Le role des mediateurs s'est revele tres important; ceux-ci ont manifeste des attitudes assez differentes, reposant schematiquement sur quatre types :

- le "dirigiste" qui mene de bout en bout les recherches sans laisser aucune part a l'utilisateur

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

- le "presse-boutons" qui laisse 1'initiative entiere a 1'utilisateur, en se contentant de 1'aspect technique de la recherche

- l'"alchimiste", qui cherche a menager un effet pour que la recherche apparaisse "miraculeuse"

- le" pedagogue" qui cherche a faire comprendre et partager son savoir a 1'utilisateur.

La derniere attitude a favorise le succes de l'operation dans les lieux ou elle a ete adoptee par le mediateur. II est apparu que la fonction de renseignement exige des competences indispensables : le sens du contact, une bonne connaissance du monde de l'administration ainsi qu'une bonne culture generale.

Cette experience a montre les themes d'information les plus apprecies, ainsi que la forte demande d'information des habitants du milieu rural et le succes d'une cooperation menee par les pouvoirs public.

On peut s'etonner de l'absence des bibliotheques dans les lieux d'implantation de 1'experience : les bibliotheques municipales ne constituent-elles pas un point d'information ideal dans une commune, disposant de ressources documentaires et d'un personnel qui a vocation a accueillir et a renseigner le public ? Ceci peut s'expliquer par le petit nombre de bibliotheques municipales en 1982 dans les communes rurales et par la faible taille des communes de 1'echantillon (500 habitants).

Neanmoins, cette experience peut etre riche d'enseignement pour les BDP, en montrant la necessite d'une cooperation bien conduite pour la mise a disposition de 1'information en milieu rural, facteur de developpement, qui permettrait de renforcer son attractivite.

1.2 Entre livres et lecteurs : une necessaire mediation.

1.2.1 Bibliothecaire : un metier qui evolue.

Les fonctions du bibliothecaire se sont modifiees au fil du temps, devenant de plus en plus techniques et complexes, entrainant une professionnalisation du metier.

Le choix des documents dans une bibliotheque est une mission qui a pris de 1'importance pour le bibliothecaire frangais avec le developpement de la lecture publique.

Quand il s'agissait pour une bibliotheque municipale de conserver le patrimoine livresque d'une ville, les achats avaient surtout pour but de completer les collections anciennes et de repondre aux besoins des erudits locaux. La responsabilite du bibliothecaire etait alors fortement limitee. Une ordonnance royale de 1839 avait ainsi etabli aupres des bibliotheques municipales des comites d'inspection et d'achat "dotees d'importantes attributions" dans le but de "controler

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: fiements d'evaluation et de prospective

Les confiscations r6volutionnaires, qui furent a l'origine de bien des bibliotheques municipales ou qui contribuerent a leur spectaculaire accroissement, leur leguerent en meme temps qu'un fonds d'une grande richesse (de 10 a 15 millions de volumes), une image d'un certain type de bibliotheque, pensee comme la memoire du monde, conservatoire de la culture, ou les taches essentielles sont d'inventorier et de conserver les documents.

Avec l'ouverture a un public plus large, la conception des bibliotheques evolue, s'orientant dans deux directions qui conditionneront le choix des ouvrages : * la bibliotheque publique est consideree comme une institution educative qui procure aux lecteurs information et recreation et qui contribue a l'enrichissement de la vie. La collection comprendra des ouvrages susceptibles d'atteindre ce but, donc des ouvrages de qualite.

* la bibliotheque publique est consideree comme une institution democratique dont les charges incombent a la collectivite, ou le contribuable est donc en droit d'attendre les documents qu'il cherche.

Ces deux conceptions, qui en France coexisteront, sans s'exclure, contribueront a faire changer l'image des bibliotheques, en meme temps que celle du bibliothecaire, a qui l'on reconnait la responsabilite qui lui faisait defaut au 19eme siecle: celle du choix des documents. Mais avec cette mission nouvelle se posent des questions nouvelles :

- comment le role du bibliothecaire se definit-il ? Est-il un prescripteur, veillant a la qualite de son fonds ? Est-il un diffuseur cherchant a attirer le public le plus nombreux ? Est-il un gestionnaire soucieux de "manager" au mieux les ressources qui lui sont confiees ?

L'augmentation considerable du nombre de titres publies rend par ailleurs de plus en plus difficile le travail de selection. Comment choisir quelques dizaines, quelques centaines ou quelques milliers de titres dans l'ensemble de la production editoriale ? Le bibliothecaire moderne peut difficilement se targuer de connaitre l'int6gralite de la production. Apres avoir chasse la poussiere des rayons, il lui faut affronter la maree livresque, sans cesse renouvelee.

Dans une societe ou l'information est une valeur de plus en plus reconnue, le bibliothecaire ne peut plus rester isole dans le monde clos de la bibliotheque, occupe aux seules taches de repertoriage et de preservation des documents. II lui est devenu necessaire de connaitre les grandes tendances de 1'edition, avec ses circuits de commercialisation, ainsi que les habitudes de lecture d'un public de plus en plus diversifie, qui ne se limite plus aux seuls erudits venus compulser quelques livres rares ou precieux. La fonction de mediation entre le livre et le lecteur se renforce.

Les bibliotheques centrales de pret se sont constituees la plupart du temps ex-nihilo, sans fonds ancien, sans fonds de conservation. Leur activite s'est donc aussitot orientee vers la communication du document et sa diffusion. Elles se sont placees d'emblee dans le domaine de la lecture publique, avec le souci d'une diffusion au plus grand nombre.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Le choix des documents dans les BDP a revetu, a 1'origine une importance particuliere, ainsi que nous l'avons montre1, refletant la conception qu'en avaient ses fondateurs. Avant de nous pencher sur la (ou peut-etre les) politique(s) d'acquisitions des BDP d'aujourd'hui, nous attacherons a definir le contexte general dans lequel s'exerce ce choix, en presentant de brefs reperes de la production editoriale frangaise et en nous penchant sur les habitudes et les gouts des lecteurs.

1.2.2 Les livres : bref aper§u de la production editoriale.

L'edition est un secteur d'activite qui a connu de profonds changements, qui ont bouleverse sa structure. Quelques maisons d'edition que nous connaissons aujourd'hui sont nees au cours du siecle dernier (Larousse, par exemple), mais la fonction editoriale s'est considerablement modifiee, pour tendre a une specialisation : les fonctions d'imprimeur, d'editeur et de libraire qui etaient liees au cours des siecles passes, deviennent des fonctions separees et les editeurs font appel a des diffuseurs qui assurent la commercialisation du livre et a des distributeurs qui se chargent du stockage et de la mise a disposition materielle du document.

Depuis la derniere guerre mondiale, 1'edition frangaise a connu plusieurs phases:

- stagnation (1950-1958)

- croissance forte et reguliere (1959-1967), due principalement a la modernisation de la distribution, avec la mise en place de nouvelles structures et 1'apparition du livre dans les grandes surfaces.

- croissance moins forte et turbulente (1968-1981), avec le developpement des collections de poche et du phenomene des best-sellers a 1'americaine

- reprise lente de la croissance a partir de 1982.

Si les dix dernieres annees representent une periode de progression pour 1'edition frangaise, celle-ci doit etre relativisee par la faible importance de ce secteur d'activite dans l'economie nationale : l'edition, stricto sensu, represente a peine 0,3 % du PIB2. D'autre part, les statistiques du Syndicat National de l'Edition, publiees en 1991, indiquent un leger flechissement de 1'activite en 1990.En effet, la progression du chiffre d'affaire de l'edition frangaise s'est etablie a 4,1 % en francs courants(contre 8,7 % en 1989), soit moins de 0,5 % en francs constants (contre 5% en 1989, 5,3% en 1988, 3,8 % en 1987. Le tableau3 ci-dessous permet de dresser la situation de la production, ou l'on note un leger accroissement des titres, mais une baisse des exemplaires:

Jcf supra 1.1.1

2BRETON, Jacques. Crises et mutations de l'6dition frangaise depuis la fin de la Seconde

guerre mondiale : Communication presentee au 8eme colloque international de bibliologie, 25-27 septembre 1989.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

UACTIVITE EDITORIALE EN 1990

1989 1990 Variation 1990*

Chiffre d'affaires (MF) 12.849 13 375 4,1 15 317

(Ventes de livres et cessions de droits)

production en titres 35 889 38 414 7,0 39 361

dont nouveautes + nouvelles editions 19 750 20 252 2,5 21 199

dont reimpressions 16139 18 162 12,5 18 162

production en exemplaires** 396 068 386 165 -2,5 418 990

dont nouveautes + nouvelles editions 228 758 212311 -7,2 245 136

dont reimpressions 167 310 173 854 3,9 173.854

tirages moyens 11036 10 053 -8,9

-dont nouveautes + nouvelles editions 11 580 10 483 -9,5

-dont reimpressions 10 366 9 572 -7,7

-* y compris les clubs de vente par correspondance ** en milliers

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Les resultats se revelent contrastes, selon les categories de livres. Certains secteurs connaissent une baisse parfois sensible du chiffre d'affaires (en francs courants):

- 12,8 % pour les livres d'art

- 3,5 % pour les livres scolaires, qui connaissent pour la premiere fois depuis dix ans un net recul

- 2,9 % pour les livres pratiques -1,0 % pour 1'histoire et la geographie

Les hausses, classees par ordre croissant, s'etablissent ainsi: + 7,2 % pour la litterature generale

+ 7,7 % pour les encyclopedies et les dictionnaires + 10 % pour les sciences, technique et medecine + 13,8 % pour les sciences humaines

+ 15,3 % pour les livres de jeunesse.

II s'agit d'une production en perpetuelle fluctuation, ou les effets de 1'industrialisation se font de plus en plus sentir. Cette modernisation a des repercussions notables dans la production :

- les editeurs dont les liquidites sont de plus en plus investies dans le financement de la structure de distribution cherchent a limiter la prise de risques. Cela, conduit a favoriser les reeditions, les series, les "coups commerciaux". Le livre, peu a peu, se banalise, pour entrer dans des standards bien definis. Les "poches" et les produits vendus par les clubs se developpent : pres de 28 % des livres vendus en 19861 sont des livres de poche qui constituent le tiers des livres produits, dont les 3/4 sont des reeditions, et dont le quart restant se compose d'inedits comprenant aussi bien des essais de sciences humaines que les ouvrages de la collection Harlequin.

- la duree de vie d'un livre est de plus en plus courte, car le stockage et la gestion des titres coute cher. Alors qu'en 1971, le Centre de Diffusion du Livre d'Hachette gerait 170.000 titres disponibles, en 1985 ce n'etait plus le cas que pour 27.000. Un titre chasse l'autre, les livres devenant des produits a rotation rapide.

Ces quelques indications permettent de brosser un tableau rapide de la production de livres, avant de nous interesser a ceux a qui ils sont destines.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

1.2.3 Qui sont les lecteurs ?

Plusieurs elements permettent de mieux connaitre les gouts et les habitudes de lecture des Fran§ais. Sans pretendre nullement a l'exhaustivite, nous nous appuierons sur quelques etudes qui apportent chacune un eclairage different, et qui concernent plus particulierement:

- la lecture et l'achat de livres

- la lecture comme pratique culturelle

Une enquete realisee en 1976 par la societe SERVO (Services et Organisations)1, a eu pour objet le livre et la lecture en France, portant sur 1982 individus interroges sur leurs pratiques de lecture et d'achat de livres. L'analyse des reponses fournies a permis de distinguer 9 groupes, etablis en fonction des styles de vie ainsi que des comportements des "lecteurs-acheteurs".

1 - Forts lecteurs.grands acheteurs. socialement actifs. Les membres de ce groupe sont de forts lecteurs, pour la plupart hommes ou femmes de moins de 40 ans ; souvent membres d'associations, ils menent en general une vie sociale active. Ils representent le tiers de 1'echantillon interroge, mais ils effectuent plus de 50 % des achats, le plus souvent dans une grande librairie ou dans une librairie specialisee, sans etre attaches a un fournisseur particulier.

Leurs gouts de lecture les orientent, par ordre de preference vers les romans et les nouvelles, les livres d'histoire, les classiques, la poesie, les sciences humaines ; ils ne dedaignent ni la bande dessinee, la science-fiction ou le fantastique, meme si leurs lectures sont moins frequentes dans ces domaines.

Ce groupe comporte des acheteurs, dont la raison principale du non-achat est la possibilite d'emprunter des livres aux amis ou la frequentation d'une bibliotheque.

2 - Faibles lecteurs. amateurs de sorties

Ce groupe est constitue de faibles lecteurs, qui se revelent pourtant de bons acheteurs. Le manque de temps, mais surtout le refus d'empieter sur les heures de loisirs (television, sorties, reception d'amis) explique leur faible attrait pour la lecture.

Leurs gouts les orientent vers les romans, puis vers les dictionnaires, les encyclopedies, les livres pratiques et d'actualite politique. Ils marquent une preference pour la librairie-papeterie, mais ils achetent egalement dans les grandes surfaces.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Les non-acheteurs du groupe invoquent comme raison principale a leur non-achat leur manque d'interet pour la lecture.

3 -Faibles lecteurs. acheteurs de livres-cadeaux

Les membres de ce groupe sont de faibles lecteurs, mais ils achetent volontiers des livres pour leur entourage (livres cadeaux, livres scolaires). Leurs occupations favorites pendant leurs loisirs sont les soirees familiales et les emissions televisees.

Romans, livres policiers et d'espionnage, beaux livres d'histoire, dictionnaires, encyclopedies, livres de sciences et de techniques sont les livres preferes de ces acheteurs, qui pratiquent toutes les formes de commerce, sans lieu d'achat fixe.

4 Forts lecteurs. amateurs d'une "lecture-refuee"

Grands lecteurs, les membres de ce groupe considerent la lecture comme un refuge face aux problemes et a la foule. Amateurs de sortie, ils ne savent pas refuser une invitation et avouent ne pas lutter pour preserver leur temps de lecture.

Ce groupe est constitue principalement de femmes, plutdt jeunes, habitant en province ; elles empruntent et achetent beaucoup, dans des lieux qui leur importent peu, meme si elles semblent preferer la grande librairie ou la librairie de quartier.

Leurs gouts les orientent principalement vers la litterature romanesque et la science-fiction, puis vers le theatre et la poesie. Par contre, les encyclopedies et les livres pratiques font 1'objet d'un rejet.

5 -Faibles acheteurs. par raison economique

Ce groupe est constitue d'acheteurs mediocres, ayant des attitudes face a la lecture tres contrastees. II est compose de non-lecteurs convaincus, grands amateurs de television, et de forts lecteurs pour qui la lecture d'un bon livre est la distraction favorite. Ils ont en commun leur faible gout pour la vie sociale.

Ce sont plutot des femmes sans profession, relativement agees, qui achetent leurs livres de preference dans une maison de la presse, un supermarche ou une librairie papeterie, sans etre hostiles a la vente par correspondance.

Les romans, les livres policiers et d'espionnage, les livres d'histoire et les livres pour enfants sont leurs livres preferes, tandis que sont rejetes les livres de science-fiction, de fantastique et de sciences humaines.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: el6ments d'evaluation et de prospective

6 - Lecteurs movens

Lecteurs moyens, les membres de ce groupe achetent volontiers des livres, pour eux-memes ou pour leurs amis. Relativement jeunes (entre 25 et 50 ans), ils ne privil6gient nullement la lecture dans leurs activites. Pour eux 1'education des enfants est la preoccupation majeure.

Pratiquant frequemment un sport et fr6quentant les associations, ils se rencontrent surtout dans les villes moyennes(20.000 a 100.000 habitants) de la region parisienne et de la region mediterraneenne.

Ils sont amateurs de romans, best-sellers, livres sur le sport, qu'ils achetent indifferemment dans tous les lieux de vente et en particulier les biblioth&ques de gare, les kiosques, les grandes surfaces, ou egalement par correspondance.

Ceux qui n'achetent pas de livres, l'expliquent par le manque de temps a consacrer a la lecture.

7 - Faibles lecteurs. faibles acheteurs

Ce groupe, constitue de faibles lecteurs qui sont egalement de mediocres acheteurs, est le moins nombreux de 1'echantillon. Les retraites representent 30% de ce groupe, dont les membres sont par ailleurs, de grands consommateurs d'emissions televisees.

Les acheteurs de ce groupe frequentent plus particulierement la librairie de quartier et la grande librairie. Leurs gouts les portent plutot vers les romans, les livres policiers et d'espionnage ; ils achetent ensuite des livres classiques et des bandes dessinees.

Le manque de temps et d'interet pour la lecture constituent les obstacles principaux a 1'achat.

8 -Faibles lecteurs. acheteurs de livres "utiles"

La lecture est vecue comme une activite concurrente des autres, et un obstacle a la vie familiale pour les membres de ce groupe, compose en majorite de non-actifs et de femmes, d'un age moyen relativement eleve.

Les faibles achats effectues par les membres du groupe, le sont dans les librairies papeteries ou a domicile ; ils concernent les dictionnaires, les encyclopedies, les beaux livres, les livres de sport, les livres pour enfants, les livres scolaires et plus particulierement les livres de collection.

Le non-achat s'explique essentiellement par le manque d'interet pour la lecture.

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

9- Lecteurs occasionnels

Egalement faibles acheteurs, les membres de ce groupe sont cependant plus interesses par la lecture que les membres du groupe 8 . Ce groupe est constitue en majorite de personnes relativement agees, lectrices de la presse feminine. La lecture d'un bon livre est pour elles la distraction agreable d'une soir6e.

Les livres sont achetes le plus souvent en grandes surfaces a l'occasion d'autres achats, ou parfois en librairie, par les membres de ce groupe qui preferent les romans, les livres policiers et d'espionnage, d'histoire, les dictionnaires et les encyclopedies, tandis qu'ils rejettent les livres de poesie, de politique ou de sport.

Trois obstacles majeurs s'opposent pour eux a l'achat de livres : le manque de temps, d'interet et le prix des livres.

Comme on le voit, il s'agit d'une typologie complexe, ou la lecture peut etre vecue comme concurrente ou au contraire complementaire d'autres activites. Elle peut etre liee ou non a l'achat de livres, qui s'effectue sur des motivations diverses, achat pour soi ou pour les autres, avec ou sans objet predefini.

Comment se situe la lecture dans les pratiques culturelles des Frangais ? A cette vaste interrogation, l'enquete menee par le departement des Etudes et de la Prospective du Ministere de la Culture apporte de nombreux elements de reponses. Malgre ses limites dues a 1'echantillon retenu (les Frangais ages de plus de 15 ans), a la methode retenue (basee sur les declarations des personnes sondees) et aussi a 1'ampleur du sujet, elle permet de reperer quelques grandes tendances, que nous evoquerons schematiquement a partir de la derniere enquete en date de 1989, faisant suite a celles qui eurent lieu en 1973 et 1981.

La premiere tendance qui se degage peut etre interpretee comme une banalisation du livre. De moins en moins de Frangais restent a l'ecart de sa possession : alors que 25 % des Frangais declaraient ne posseder aucun livre a la maison en 1973, ils ne sont plus que 13 % en 1989. D'autre part, il existe de moins en moins d'exclusivite ou d'opposition entre les genres ; des genres consideres auparavant comme mineurs sont maintenant bien integres aux pratiques de lecture : ceux qui lisent le plus de bandes dessinees figurent parmi les forts lecteurs.

Si le nombre de Frangais qui declarent avoir lu un livre au cours de l'annee, est plus important en 1989 qu'en 1973 (74 % contre 70 %), par contre on note une diminution du nombre des forts lecteurs : ceux qui lisent plus de 25 livres par an sont passes de 22 a 17 %. Le nombre des lecteurs inscrits en bibliotheque augmente regulierement et faiblement, passant de 13 a 16 %, mais la frequentation en est plus importante : 23 % des Frangais declarent etre alles une fois dans l'annee a la bibliotheque. On peut donc noter un elargissement relatif des pratiques de lecture, en soulignant toutefois le role determinant joue par le capital culturel et social : ce sont toujours les plus diplomes et les membres des categories socio-professionnelles les plus favorisees qui lisent le plus. La categorie socioprofessionnelle la plus eloignee de la lecture est celle des agriculteurs : ils sont 53 % a declarer n'avoir jamais lu un livre dans l'annee (alors que la moyenne nationale est de 25 % ).

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Avec l'augmentation du temps de loisirs, les pratiques culturelles de Frangais se developpent: ils sont de plus en plus nombreux a posseder des disques ou des livres, ils ecoutent de plus en plus regulierement de la musique. La lecture n'est plus cette pratique marginale qu'elle etait dans les siecles passes, mais elle n'est pas non plus aussi sacralisee que lorsqu'elle etait l'apanage d'un noyau de lettres. La lecture tend a devenir une pratique comme une autre, et a perdre peu a peu son pole d'attraction dominant au profit du pole audio-visuel, avec 1'augmentation tres sensible de l'ecoute de la television et de 1'ecoute musicale, ces dix dernieres annees.

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Gestion des fonds dans les B.D.P. : elements d'evaluation et de prospective

deuxieme partie

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

La constitution de collections a toujours ete pour les BDP une tache importante : elles acquierent des documents pour les diffuser dans les communes de moins de 10.000 habitants du departement. Nous envisagerons dans cette partie les moyens dont elles disposent dans leur ensemble, avant de nous pencher sur leur(s) politique(s) d'acquisitions a travers l'exemple de quelques unes d'entre elles.

2.1 Les moyens des BDP.

2.1.1 Le budget.

Les depenses d'acquisition ont connu, au cours des dix dernieres annees un developpement important: elles ont plus que quadruple, passant de 21,07 MF en 1981 a 99,53 MF en 1990!..En tenant compte de l'inflation, cette augmentation correspond en fait a un triplement du potentiel budgetaire : 21,07 MF en 1981 equivalent a 32,81 MF en 1990.

Ces depenses sont essentiellement prises en charge par les Departements, puisque l'Etat n'intervient plus dans ce domaine, que par l'intermediaire des credits verses par le C.N.L.. Cette aide represente un montant de 15 MF en 1990, soit 15,07 % du total des depenses d'acquisition des bibliotheques departementales de pret.

Le budget moyen d'acquisition de documents par BDP s'est eleve a 1,1 MF en 1990. Cependant, on peut noter des ecarts importants, par rapport a cette moyenne. Ainsi, parmi les bibliotheques departementales recensees en 1990 dans le guide des BCP: - 21 disposent de moins de 750.000 F - 18 disposent de 750.000 F a 1 MF - 27 disposent de 1 MF a 1,5 MF - 11 disposent de 1,5 a 2 MF - 4 disposent de 2 a 2,5 MF -1 dispose de plus de 4MF

!Les chiffres concernant le budget et les collections des BDP sont extraits des guides des

BDP publi6s par l'A.D.B.C.P. en 1990 et 1991. Voir aussi a ce sujet 1'article de Bertrand CALENGE : les bibliothlques centrales de pret, dix annees de mutation, paru dans le BBF et citc dans notre bibliographie (B-3-b)

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

Ces budgets doivent etre mis en relation avec le nombre d'habitants a desservir, tres variable d'un departement a l'autre : sur 85 bibliotheques departementales de pret recensees en 1990, 34 desservent de 100.000 a 250.000 habitants et 37 de 250.000 a 500.000 habitants.

Si chaque bibliotheque departementale de pret depensait en 1990, en moyenne 3,60 francs par habitant, des desequilibres importants se font jour:

- 2 B.D.P. ont plus de 10 francs par habitant a desservir -17 , entre 9 et 10 francs

- 38, entre 3 et 5 francs - 25 entre 1 et 3 francs.

2.1.2 Les collections.

Allant de pair avec une forte augmentation des depenses d'acquisition, les collections connaissent un accroissement sensible : le nombre moyen de documents acquis par BDP passe de 11.300 documents en 1985 a 12.900 en 1990.

Ce developpement important des collections permet une diversification des supports. En dix ans, la plupart des bibliotheques departementales de pret sont devenues des mediatheques, proposant en plus des livres, d'autres types de documents:

- en 1981, ce sont seulement 35 BDP qui possedent des documents sonores, au nombre de 67 274 . En 1990, le chiffre de 35 est passe a 84 et celui de 67 274 a 797 172.

- les cassettes video, non decomptees en 1981 vu leur faible nombre, sont presentes en 1990 dans 39 BDP, qui possedent au total 45.032 cassettes video, soit une moyenne de 1.154 cassettes video par BDP. En 1985, seulement 28 cassettes video avaient ete recensees dans les BDP.

- les periodiques eux-memes beneficient d'un developpement : le nombre d'abonnements progresse de 240 % entre 1981 et 1990 ; 29 BDP en comptent plus de 100, dont 5 plus de 200.

- 30 BDP possedent des collections d'affiches, de cartes postales ou de diapositives

-1 BDP possede une ludotheque (Alpes maritimes) - 1 BDP possede une artotheque (Ardeche)

La decennie qui vient de s'ecouler correspond donc & un net developpement des moyens des BDP utilises pour un accroissement des collections aux supports devenus varies. Quels sont les principes qui guident les BDP dans leurs acquisitions ?

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Gestion des fonds dans les B.D.P.: elements d'evaluation et de prospective

2.2 Politique d'acquisition.

2.2.1 Definition

Afin de connaitre les principes qui guident les BDP dans leurs acquisitions, nous avons interroge a ce sujet les directeurs ou les responsables des BDP de notre echantillon de reference.

Nous avons tout d'abord demande a ceux que nous interrogions s'il existait un document ecrit defmissant la politique d'acquisition de la BDP ; nous voulions ainsi connaitre son etat de formalisation et les eventuels outils de reference.

Une constatation generale s'impose : a deux exceptions pres (la BDP de Dordogne et la BDP de Sadne-et-Loire), les BDP que nous avons interrogees ne possedent aucun document ecrit definissant leur politique d'acquisition.

En Dordogne, le document de reference est un document a usage interne : il s'agit du marche qui a ete passe avec les fournisseurs definissant les caractiristiques des differents lots.

En Saone et Loire, un document a ete elabore par le Directeur pour definir les principes de base de la BDP (jusqu'alors appelee BCP), intitule : "Servez-vous de la BCP 71"1. II s'agit d'un "cahier des charges" etabli en 1985 avant le transfert du service au Departement, destine a mieux faire connaitre le role de la BDP.

Dans les nombreux cas ou aucun document n'existe, les avis divergent quant a son utilite. Certains ne le jugent pas necessaire, car la politique d'acquisition repose sur un consensus oral, ou parce que faute de temps un tel document serait trop difficile a etablir. D'autres ne voient la necessite d'un document de reference que pour une analyse a posteriori des acquisitions, afin de juger de la pertinence des choix ; enfin quelques directeurs de BDP estiment qu'un document ecrit ne serait indispensable que dans le cas d'une concertation entre bibliotheques, mais qu'en l'etat actuel de la question, un tel document est premature.

Cependant, si peu de documents existent sur la politique d'acquisition des BDP, il semble bien que de larges consensus se degagent dans l'ensemble des BDP interrogees, ainsi que nous allons le voir.

2.2.2 Criteres d'acquisition.

Criteres generaux.

Les BDP ancrent leurs acquisitions sur deux dlements essentiels :

- l'identite du departement dans lequel elles sont implantees, qui les conduit a assurer la memoire documentaire d'interet departemental,

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