• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | Une situation de production à finalité d'apprentissage, regard de la didactique professionnelle

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | Une situation de production à finalité d'apprentissage, regard de la didactique professionnelle"

Copied!
7
0
0

Texte intégral

(1)

UNE SITUATION DE PRODUCTION

À FINALITÉ D'APPRENTISSAGE,

REGARD DE LA DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE

Claire MASSON

Up développement professionnel et formation - équipe didactique professionnelle ENESAD – Établissement national d'enseignement supérieur agronomique de Dijon

MOTS-CLÉS : SITUATION – SITUATION DE PRODUCTION –

SITUATION D’APPRENTISSAGE – DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE

RÉSUMÉ : Les ateliers technologiques sont un lieu de production pour la formation dans les établissements de l'enseignement technique agricole. Les apprenants participent à cette production et apprennent « des choses ». Mais qu'elles sont-elles ? Et comment les apprennent-ils ? Nous répondons en utilisant le cadre de la didactique professionnelle. Ainsi, nous nous attachons à l'articulation entre les enjeux de production et d'apprentissage dans cette situation particulière de reproduction du travail avec un objectif de formation.

ABSTRACT : The technological workshops are a place of production for training in the agricultural educational schools. Learners takes part in this production and learn "things". But which are these things ? And how could they learn ? We answer using vocational didactics. Thus, we are interested in the articulation between the stakes of production and learning in this particular situation of reproduction of work in a training objective.

(2)

1. INTRODUCTION

Ce chantier de recherche (en cours) en didactique professionnelle dans le domaine de la formation professionnelle est une commande de l’équipe de direction d’un établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA). Sa question est : « Qu’apprend-t-on du travail dans nos ateliers technologiques ? ». Nous avons choisi d’y répondre en deux temps : dans un premier temps nous avons établi une sorte d’état des lieux de ce que sont ces ateliers, de ce qui s’y passe. Il s’est agi de mettre en évidence les situations de travail, notamment celles proposées aux apprenants en repérant les objectifs pédagogiques poursuivis. Au cours de la deuxième étape, nous avons observé le rôle et l’activité des moniteurs (techniciens de l’atelier qui assurent la production et accueillent les apprenants). Dans cette communication, nous vous présentons la première étape, la caractérisation des situations de travail en terme de production dans les ateliers.

2. LA DEMANDE, SON INTERPRÉTATION ET NOTRE RÉPONSE

La commande provenant de l’équipe de direction était : « Qu’apprend-on du travail dans nos ateliers ? ». Étant sous-entendu et tenu pour vrai qu’il s’apprend des choses. Leur souhait est que nous les aidions à y mettre des mots. Dans un contexte de diminution des effectifs du public habituel et de désinvestissement du financeur historique (Ministère de l'Agriculture et de la Pêche), l'établissement recherche d'autres publics et d'autres financeurs quitte à modifier un peu sa façon de faire. L’enjeu pour le centre est d'établir une visibilité et une reconnaissance de ce que leur dispositif apporte comme plus value à la formation professionnelle.

Très rapidement, nous faisons le constat que « les ateliers » étaient pour le commanditaire une entité globale et indifférenciée. Nous nous attachons à décrire, nommer, préciser, qualifier ce qui se passe. Comme notre préoccupation est la formation à une activité de travail, nous décrivons cet espace au travers des deux dimensions que sont la production et la formation. La production est examinée comme ce qui est visé par la formation professionnelle, le travail, le métier, l’activité cible celle qui fait référence. Ici, la production est ce qui a pour objet la transformation de matière par un procédé techniquo-économique. La formation est étudiée dans cette première étape comme un dispositif. 2.1. La prescription

(3)

appelons la prescription du travail. La principale concernant les ateliers tient au fait qu’ils sont une des trois structures types des EPLEFPA aux côtés du lycée d’enseignement général et technologique et du centre de formation professionnelle et de promotion agricole. Ils sont « à vocation pédagogique et assurent l'adaptation et la formation aux réalités pratiques, techniques et économiques et contribuent à la démonstration, à l'organisation et à la diffusion des techniques nouvelles ».(article L.811-8). Pour cela ils ont 3 fonctions :

- une « Fonction de production et de commercialisation de biens, transformés ou non, et de services ».

- une « Fonction de formation, par l'observation, la pratique, l'analyse technique et économique, les démarches de diagnostics et de projets, pour les jeunes et adultes en formation dans l'EPLEFPA, pour les enseignants et formateurs, mais aussi pour les établissements scolaires de l'Éducation Nationale et le grand public ».

- une « Fonction de développement industriel et territorial ».

Nous retirons deux points de l’analyse de ces documents : La prescription impose la présence dans l’établissement d'un lieu où se joue la production et la formation. Plus finement, la prescription permet des initiatives, par exemple, il peut accueillir d'autres publics qui ne relèvent pas directement du Ministère de l'agriculture et de la pêche. Deuxièmement, ces éléments de prescription nous renseignent sur la situation, le contexte dans laquelle les acteurs (apprenant et formateur) agissent ; ces éléments apportent de la compréhension en terme d’attentes, d’enjeux, de buts. Ils nous donnent des attendus mais aussi des possibles, des interdits et donc de l'interprétable, un espace de création potentielle.

2.2. Notre réponse

Pour répondre à la question de nos commanditaires, nous entendons conduire une démarche de didactique professionnelle. Cette démarche implique d’une part, la compréhension de l'activité et des conditions du développement, par et au travail, des compétences professionnelles et d’autre part l’utilisation de cette analyse pour agir sur la formation.

Pour cela, nous utilisons notamment les notions de situation et d’activité. « Nous traitons de la notion de contexte à partir de la notion de situation avec l’intention de montrer comment la situation n’est ni un contenant pour l’activité, ni un cadre exclusif de détermination, mais une forme qui correspond à ce que nous devons apprendre à maîtriser et à transformer, qui contient une partie des moyens pour le faire et contribue donc à former notre esprit. » (Mayen, 2004) Par l'activité, les humains entrent en contact avec les objets du monde environnant (la situation), éprouvent leur résistance et agissent sur eux en se conformant au donné de la situation. (Léontiev, 1984)

(4)

3. ANALYSE : LES ATELIERS TECHNOLOGIQUES ENTRE PRODUCTION ET FORMATION.

Nos commanditaires tiennent pour vrai que tout ou partie de l'apprentissage professionnel passe par la mise au travail des apprenants. Il ne s’agit pas seulement de mettre les apprenants en situation d’observation ou d’immersion dans un environnement de travail, mais bien de les confronter à la tenue d’un poste de travail, dans le cadre d’une production à réaliser. Dans cette perspective d’apprentissage au travail, les ateliers technologiques ne sont pas des « travaux pratiques », ils sont une reconstitution au sein de l'école de processus industriels (ici, agroalimentaires de transformation du lait) avec une contrainte économique de production et de commercialisation, notamment avec des installations, du matériel et les quantités produites (exemple : une cuve de lait a un volume de 1500 l, ce qui correspond à un enjeu financier important).

Cette situation de production - apprentissage est ainsi analysable en situation de production d’une part et en situation de formation d’autre part. Cette distinction nous permet de traiter les rapports entre ces deux objets, et en particulier de l'articulation entre les enjeux de production et d'apprentissage. La situation est tour à tour et en même temps : situation du travail visée par l'apprentissage (la référence), situation de travail reproduite, situation de travail simulée, situation de formation, situation de travail évoquée pour la formation. Nous allons maintenant essayer de repérer des caractéristiques de cette situation globale qui pourraient être rattachées à l'une ou l'autre de ces catégories d’analyse.

3.1. Une situation de production qui préfigure l’activité cible : l’activité de fromager

Du point de vue de la production, les moniteurs sont des fromagers, ils ont à produire chaque jour du fromage (6 jours sur 7 toute l’année) et ils sont embauchés comme tels. Leur rôle de formateur n’apparaît pas explicitement dans leur fiche de poste. L'établissement a choisi de respecter, dans l'aménagement didactique de la situation de production-apprentissage, un certain nombre de caractéristiques de la situation de production (entendue ici comme une sorte de situation de référence). Ces caractéristiques, reproduites avec fidélité, introduisent des enjeux et des contraintes à la situation des ateliers correspondants aux enjeux et contraintes d’une situation de production classique.

Nous les avons listées. C’est ainsi que les ateliers présentent :

 Des caractéristiques liées aux matières premières et à leur transformation

Les matières premières représentent une part importante du prix de revient du produit fini, ce qui impose des enjeux financiers. L’école effectue un ramassage de 3 à 4000 litres de lait AOC, 365

(5)

jours par an. Ce lait est transformé tous les jours, sauf le dimanche où le lait est revendu. Il y a un enjeu de continuité et de régularité qui constitue une contrainte d’une présence continue.

 Des caractéristiques liées aux types de produits fabriqués

Le produit est « vivant » et destiné à la consommation ce qui impose des enjeux sanitaires importants. Ils sont également soumis à la réglementation des produits AOC (enjeux réglementaires, de respect d'un cahier des charges et de réputation).

 Des caractéristiques techniques ayant un impact sur la production :

Il y a des délais à respecter entre la collecte et la transformation, des temps de maturation des matières premières variables (contrainte sur le temps et la période de travail). La technologie de fabrication est propre à chaque produit, avec des caractéristiques spécifiques quant aux temps de production et aux besoins de main-d’œuvre variables d’un produit à l’autre.

 Des caractéristiques liées à l’organisation de l’atelier de transformation :

Les ateliers sont organisés selon le processus de « marche en avant » ce qui impose les circuits empruntés par les matières (contrainte directe sur l’organisation spatiale et temporelle du travail) 3.2. Les aménagements de cette situation pour la formation

Nous reprenons les notions utilisées en ergonomie pour qualifier le rapport entre une situation et sa simulation : aménagement et fidélité. Nos commanditaires se sont attachés à reproduire le plus fidèlement possible l’« industrie agroalimentaire », avec l’idée que : si la reproduction était fidèle, si les ateliers sont une industrie de transformation du lait, alors les apprenants, par le travail, apprendront. Bien entendu, nos commanditaires n’oublient pas qu’ils sont un organisme de formation. Ils savent que la plus value qu’ils apportent à la formation professionnelle n’est pas dans l’offre d’une stricte réplique d’industrie, sur ce terrain ils ne pourront jamais concurrencer les professionnels. Elle porte sur des aménagements dont le but est de favoriser l’apprentissage. Posant la question en ces termes nous relevons les choix de priorité relative pour les concepteurs de la situation. Une fois la distinction entre situation de formation et situation de production faite, nous discutons de leur rapport : les ateliers reproduisent plus ou moins fidèlement une situation de production et ce que cela produit en terme d’apprentissage. Les questions deviennent alors : qu’est ce qui se produit en terme d'apprentissage, en fonction de la fidélité ou de l’aménagement des ateliers par rapport à cette référence ? Et en quoi la fidélité et l'aménagement des ateliers par rapport à une situation de référence peuvent constituer des ressources pédagogiques à l'œuvre ?

À la conception des ateliers, certaines procédures techniques ont été choisies plutôt que d’autres pour réunir une diversité. Les ateliers sont une vitrine, une collection de pratiques professionnelles

(6)

qui ne se rencontre habituellement pas sur un même lieu de production. L’activité est déployée pour être donnée à voir : ici la production type fruitière, ici la production industrielle.

Dans ces ateliers travaillent un directeur et des moniteurs. Ces moniteurs sont des techniciens (ils ont un diplôme de fromager de niveau BTS) qui assurent le processus industriel. Ils accueillent le public en formation en tant que chef d'équipe. La composition même de cette équipe (exclusivement des apprenants) contraint à des aménagements. Les moniteurs sont amenés à faire ou à laisser faire les apprenants en fonction des compétences et souvent malgré la non compétence, ce qui signifie qu'il y a une performance, une productivité moindre que dans la situation de production de référence. Une part de l'activité du moniteur est donc d’évaluer le risque pour la production de laisser ou non les apprenants produire. La deuxième étape de notre travail consiste à explorer dans l'activité des moniteurs la gestion de cette tension entre les enjeux de production et ceux de la formation.

4. CONCLUSION

Au cours de ce chantier, au-delà de la demande de formalisation, nous avons entamé une objectivation par la caractérisation de cette situation de production – apprentissage d’une part en une situation de production et d’autre part une situation de formation.

En détaillant très précisément les caractéristiques de la situation globale et en les regroupant dans des catégories relatives à d’autres situations connues, en agissant donc sur la compréhension de la situation notre objectif est de donner des leviers pour l’action et des outils pour la conception de la formation :

Nous voulons donner à penser à nos commanditaires et aux acteurs dans quelle mesure et à travers quels méandres la situation de production est mêlée à une situation de formation. Notre travail devrait permettre d'analyser ce que produit en terme d'apprentissage la fidélité ou les aménagements de la situation et en quoi cette modalité peut constituer des ressources pédagogiques. Cette recherche est en ce sens une aide à la formation, parce que tous les outils d’analyse sont utilisables comme propositions de conceptualisation de la situation. Ce qui peut donner au moniteur-formateur la possibilité de mieux articuler les contraintes et les leviers de la production et ceux de la formation. Il pourrait s’agir entre autre de permettre à l’apprenant de prendre la situation comme objet de travail réflexif et non plus seulement comme contexte et cadre de son activité. À ce titre ce travail réinterroge le rôle de formateur des moniteurs. Cette analyse de la situation nous servira donc également à analyser leur activité (le travail est en cours).

(7)

BIBLIOGRAPHIE

LEONTIEV A. (1984). Activité, Conscience, Personnalité. Moscou : Éditions du Progrès.

MAYEN P. (1999). Des situations potentielles de développement. Éducation Permanente, 139, 65-86.

MAYEN P. (2004). Le couple situation-activité : Sa mise en œuvre dans l’analyse du travail en Didactique professionnelle. In J-F Marcel et P. Rayou (ss la dir.) : Recherches contextualisées en éducation. INRP. Paris, pp 29-40.

Références

Documents relatifs

Mettre une spatule de sucre en poudre (ou un sucre en morceau) dans une coupelle pouvant être chauffée.. Placez-la sur le bec électrique réglé à son

 En ce qui concerne le signal lumineux, celui-ci est arrêté par les corps opaques, par contre, avec l’utilisation d’une fibre optique, il y a moins de pertes de puissance, ce

 Création en 3 étapes : le centre, l'angle d'ouverture de la source Aperture 1 et Aperture 2, à définir suivant le sens trigonométrique (sens inverse des aiguilles d'une

En 2004, les évolutions sont très marquées pour quatre spécialités, soit à la baisse (-7 % pour les omniprati- ciens et les pédiatres) soit à la hausse (+5 % pour les psychiatres,

Décontamination approfondie Différée UR Décontamination approfondie Prioritaire UA Décontamination Ultérieure… Dépassé Critères d ’intoxication grave Oui Non

En postextubation après intubation pour une insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique, dans une étude [69] portant sur plus de 50 % de patients chirurgicaux,

La suite de notre travail comporte un retour a 1 exposition de la methode de Hill-Brown faite au commencement En effet, nous avons bien intègre les équations différentielles obtenues

D'un intérêt spectaculaire et pédagogique in- discutable, probablement aussi parce qu'elles donnent satisfaction au goût du risque des jeunes gens, les expériences