LA DOCUMENTATION
DU
PROFESSEUR
REPRODUCTION DE DOCUMENTS
PAR CONTACT
A la suite de la conférence sur l'utilisation de la projection dans l'enseignement faite le 2 m a r s dernier, au Musée pédagogique par M. Quevron, professeur à l'E.N.I.A.M. de P a r i s et directeur adjoint des Laboratoires du C.N.R.S. de Bellevue, sous la présidence de M. Bruhat, inspecteur géné-ral de l'Instruction publique, nous avons cherché, à l'E.N.N.A. de Paris, à mettre au point, en utilisant les précieux conseils de M. Quevron, une méthode de reproduction de documents opaques ou transpa-rents projetables (positifs ou négatifs) ne nécessi-tant qu'un matériel rudimentaire (et en particulier, aucun instrument d'optique), donc à la portée de tous, avec le minimum de temps.
Ce n'est pas à nos collègues de l'Enseignement technique, en effet, qu'il f a u t parler de l'importance d'une documentation technique à jour. Mais combien se sont découragés, au moins une fois., devant l'abondance des revues techniques à dépouiller, qu'il fallait rendre le lendemain à la bibliothèque, et devant l'ampleur du travail nécessaire pour faire sa documentation personnelle.
A la demande d'un certain nombre de collègues et devant l'intérêt suscité par notre travail, nous avons pensé que nous pourrions rendre service à ceux des professeurs que la question intéresse, en publiant le rapport sur le travail effectué au labo-ratoire de l'E.N.N.A. de Paris par deux stagiaires, MM. Lebègue et Rollain (section sciences 1949-50), sous la direction de M. Galichon, professeur de Col-lège technique, chef des travaux de laboratoire à l'E.N.N.A., et de moi-même.
Les recherches ont été effectuées avec l'aide géné-reuse des Maisons Crumière, Guilleminot, Bauchet, Kodak, Cellophane, qui nous ont fourni tous les échantillons de papiers et films dont nous avons eu besoin.
Nous tenons à remercier, en particulier, M. Rooke, ingénieur chargé de recherches chez Bauchet, pour
la compréhension dont il a f a i t preuve à notre égard et l'accueil qu'il a réservé aux deux stagiaires.
I. — BUT
Reproduire exactement et sans oubli un document aux mêmes dimensions, sur une ou deux faces. Pro-cédé peu onéreux pour un grand nombre de copies à partir du même négatif.
II, — MATERIEL A. Soit le matériel photographique :
a) Tireuse. Eclairage uniforme ; b) Cuvettes. Eau, révélateur, fixateur ;
c) Sécheuse.
B. Soit un matériel de fortune :
a) Lampe opaline, 50 W à 50 cm au-dessus de la
table ;
b) Deux plaques de verre bien planes et propres ; c) Cuvettes ou assiettes ;
d) Réchaud électrique.
C. Papiers photographiques spéciaux :
a) CRUMIÈRE. — Négatif s : Photex,
Normaco-pie ; positifs : DuracoNormaco-pie, Facédo (deux faces) ; B) GUILLEMINOT. — Négatif : Guilflex, Reflex ; positifs : Multibrom (rapide ortho, contraste, super-contraste). Le spécial-graphic pour oscillographe ;
c) BAUCHET. — Négatif : Copybrom ; positif : C o p y g a s ;
d) KODAK. — Négatif et positif : Reflex. Film
Omnigraph. Calque translucide : Kodatrace ;
e) GEVAERT. — Négatif et positif : document
contact. Film process extra-ortho ; 68
/) CELLOPHANE. —• Négatif et positif : Ozacopy N et J. Pellicule Ozabrome translucide. Pellicule transparente. Ozafilm mat ou brillant.
III. — ETABLISSEMENT DU NEGATIF A. Principe :
Pour papier GUILLEMINOT et autres :
Génol 1
Sulfite de soude anhydre 25
Hydroquinone 5
Carbonate de soude anhydre 25
Bromure de potassium 1
quantités suffisantes pour faire 500 cc.
Source lumineuse- ( e t ) Face, sensible
Face à
reproduire
Plaque de
verre
_ Papier photo
(h)
Document-Plaqua
de
verre
a . : Source e talée (lampe opaline , verre dépoli,
Filtre jaune ) .
, , Support (cotérugueux.)
^ ^ ^ ^ Couche sensible
(côté lisse.).
Fig. 1
• On peut procéder en lumière jaune mais on ris-que de voir apparaître les défauts du filtre ; mieux vaut employer une lampe opale faible (25 ou 50 W). B. Temps d'exposition :
Il f a u t le déterminer par tâtonnements avec des petites languettes de papier photo (chutes). Quelques chiffres : avec le Copygas, 15 à 20 secondes à 0,50 m avec 25 w a t t s ; avec le Copybrom, 1 à 2 secondes pour le même dispositif.
C. Développement :
Même traitement que pour le papier photo ordi-naire (entre 45 et 90 s à 18°). Voici quelques for-mules de révélateurs (quantités indiquées en grammes) donnant des clichés très contrastés : Pour papier CRUMIÈRE :
Génol 0,5
Sulfite de soude anhydre 25
Hydroquinone 4
Carbonate de soude anhydre 30
Bromure de potassium 1,5
N. B. — Faire les dissolutions dans l'ordre pres-crit à 30°.
D. Fixage :
Après lavage à l'eau pendant une demi-heure environ.
On peut procéder plus rapidement en employant de l'eau acidulée (quelques gouttes dans un litre d'eau).
a) Bain de fixage standard :
Hyposulfite de sodium cristallisé 100 g Bisulfite de sodium liquide 50 cc
Eau q. s 500 cc
b) Durée : 5 mn environ à 18".
c) N.B. — Faire la dissolution quelque temps auparavant. Celle-ci s'accompagne d'un brusque abaissement de température.
d) Lavage : une demi-heure environ à l'eau
courante, opération qui demande beaucoup de soin ; il ne f a u t laisser aucune impureté sur le papier.
si possible réchauffer la pièce pour activer l'évapo-ration.
IV. TIRAGES DE NEGATIFS - REMARQUES
faces
Plaque aie i/err<z
du neggf-i F | . Négatif
sensibles l du positif ^ p — — — P o s i t i f
Plaque
de
verre.
F i g . 1 bis. — L e négatif m a n q u e de pose. P e u de contrastes. O n tirera le positif a v e c un long temps de
pose et à grande distance de la lampe de tirage.
Fig. 3. — Négatif qui n'est pas assez r é v é l é.
F i g . 2. — L e négatif a trop de pose. P e u d e contrastes, les blancs sont d e v e n u s gris. O n éclairera v i o l e m m e n t , a v e c un court temps de pose au tirage du positif.
Pour révéler un négatif on laissera bien monter les noirs qui tendent à paraîtr e foncés lorsqu'ils sont vus à la lumière rouge, sans toutefois laisser apparaître les tons blancs en gris.
Fig. 4 . — Négatif normal qui permettra d'obtenir sans difficulté un positif.
On a intérêt à tirer des négatifs très contrastés et aussi très propres. Tout ce qui se trouve sur le négatif sera obligatoirement sur le positif. Il f a u t pour cela travailler avec des verres très propres, éviter la poussière, les bulles d'air lors du
dévelop-3ource
lumineuse
DU POSITIF
Se servir du négatif comme d'une plaque ou d'une pellicule.
Si le négatif a une taille infé-rieure à 18- X 24 (châssis d'ama-teur), on pourra faire le tirage avec un châssis-presse de photo-graphe.
Sinon, ou si l'on ne dispose que de moyens de fortune, on se
ser-vira des deux plaques de verre comme ci-dessus (fig. 5).
On s'efforcera, comme pour le tirage du négatif, d'obtenir de bonnes surfaces de contact pour éviter la diffraction.
A. Développement :
Même méthode que pour les négatif s (révélateurs, lavages, fixateurs, séchage).
R. Temps de pose :
Faire des essais avec des languettes de papier positif.
Avec le papier Bauchet Copygas 45 à 60 secondes avec une lampe opaline 25 W à 50 cm.
C. Papiers :
Se servir de papiers extra-durs ou encore mieux de papiers spéciaux (durs mais rapides) qui donnent des positifs très contrastés.
VI. TIRAGES DE POSITIFS - REMARQUES
avance en mm par tour
0.1 0,2 0,3 0 , 4 0.5 0,6
Fig. 7. — Positif n o r m a l . O n p e u t faire a p p a r a î t r e u n e partie faible en la traitant lors d e la m o n t é e de l'image p a r du r é v é ' a t e u r c h a u d ( 3 0 ° ) à l ' a i d e
d ' u n c o m p t e - g o u t t e s .
VII. TIRAGE DE POSITIFS SUR FILM A. Films à employer :
a) BAUCHET. Film process 20 extra-dur. b) KODAK. Film omnigraph.
Ce dernier donne de meilleurs résultats.
Le film Bauchet se vend en boîtes de 12 sur f o r m a t 9 X 12, tandis que le film Kodak se fait en
toutes dimensions. On pourra donc reproduire de
grands documents et les tirer ensuite sur ozalid ou diazofilm.
B. Tirage :
Procéder comme pour un positif sur papier à l'aide du négatif.
a) Pour reconnaître le côté gélatine, plusieurs moyens :
— Le côté mat, par opposition avec l'autre qui brille, lorsqu'on le regarde de biais à la lumière rouge ;
En prenant le film dans la main il s'incurve, le côté de la concavité est le côté de la gélatine ;
— Pour les films Bauchet, et en général pour les films de cette dimension, on trouve un coin avec des encoches. Si ces dernières se trouvent en haut à droite, la gélatine est vers soi.
b) Temps de pose :
Il est beaucoup plus court que pour le papier. Pour le film Bauchet il varie entre 1 et 5 secondes. De nouveau il f a u t obtenir un cliché très contrasté.
Ici aussi on f e r a des essais avec languettes afin de ne pas gâcher de film.
pement. Elles provoquent des taches blanches sur le négatif donc des points noirs sur le posi-tif. On les évite en travaillant lentement et avec beaucoup de soin.
Avec un bon négatif nous allons voir que l'on peut obtenir une copie meilleure que le document même.
V. — ETABLISSEMENT
Fig. 6. - Tirage avec papier normal, apparition des gris avant les tons noirs.
C. Avantages :
On obtiendra de cette manière le même docu-ment que l'élève sans oublis de copie.
d'hélice .= 28"
On pourra alors le projeter en salle éclairée, en évitant les désavantages de la salle obscure.
On pourra aussi tirer, à nouveau, un négatif et même une copie sur papier Ozalid.
D. Conservation des films :
E n t r e deux plaques de verre que l'on aura reliées avec une bande de sparadrap. Ceci les maintient et les protège lors de la projection.
VIII. LE DIAZOFILM
d'un Identique à l'ozalid, il permet à partir calque d'obtenir un document projetable.
Il a l'avantage sur le film de se tirer à sec. On le trouve à la maison Bauchet (en seul fabricant ) par rouleaux de 1 m X 8 m à un prix un peu supérieur à l'ozalid.
A. Conservation :
A l'abri de la lumière, de l'humidité et des vapeurs d'ammoniaque.
B. Tirage :
Comme pour l'ozalid. La vitesse à employer est légèrement inférieure à celle qui convient pour l'ozalid.
C. Développement :
Dans une boîte à vapeurs d'ammoniaque. Eviter tout excès de chaleur.
D. Emploi :
Diazofilm sans corrections
rections. Diazofilmat à
cor-Suppressions à la gomme encre ou au grattoir sur la surface émulsionnée. Additions à l'encre de Chine de couleur assortie à la face mate.
E. Le diazofilm peut servir à tirer des papiers oza-lid en s'en servant comme d'un calque. REMARQUES. — L e t e m p s d e p a s s a g e à la m a -chine à tirer est à déterminer avec des échantillons. Si l'on passe trop lentement on obtient le grillage de la partie sensible.
IX. — SPECIALITES KODAK
(Recordak Photostat, 37, rue D.-Casanova, Paris-1".) a) Papier réflex.
Tirage de négatifs et de positifs par réflexion. Papier très lent, qui peut se manipuler en chambre légèrement sombre.
L'exposition se f a i t soit avec une tireuse à forte intensité lumineuse ou avec une lampe de 500 W On obtient de très bons contrastes.
Ce papier se vend dans tous les f o r m a t s commerciaux. 72 n" Fig. 8
C P A T H É
5 N Y M E F R A N Ç A I S E Fig. 9 b) Le film Kodak Omnigraph :— Se tire à l'aide d'un négatif sur papier (voir 5). Donne un positif sur support de sécurité inaltérable et résistant ;
— Contrastes bien supérieurs au film Bauchet Permet le tirage sur Ozalid ;
— Peut aussi se travailler en salle légèrement obscurcie ou de préférence en lumière rouge ;
— Fourni en boîte de 24 films coupés aux dif-férents f o r m a t s industriels et en rouleaux.
c) Révélateur pour papiers et films Kodak :
Génol
Sulfite de sodium anhydre Hydroquinone 1 S 75 S 9 S 25 g 5 g 1.000 cc Bromure de potassium Eau q. s
Pour fixer prendre le fixage standard. d) Le Kodatrace.
Calque sur support souple translucide, utilisable pour tous les genres de dessins (noir, couleurs) On peut effacer, laver l'encre fraîche. Inaltérable et ininflammable. Donne une projection acceptable en salle semi-éclairée.
X. — SPECIALITES GEVAERT (4, rue P.-Cézanne, Paris-8".) a) Papier document contact.
Emulsion très contraste. Papier lent ; se tire avec tireuse spéciale « Dupliphot » ou avec lamoe 500 W. Papier qui sert pour positifs et négatif s "
b) Révélateur.
Autant que possible utiliser le révélateur docu-ment « Gevaert ». Fixage standard.
c) Film Process extra-ortlio.
Très contrasté.
XI. — SPECIALITES « L A CELLOPHANE» (110, boulevard Hiaussmann, Paris-88.)
a) Papier OZACOPY. Pour négatifs et positifs : 1° Ozacopy «N». Papier rapide, se travaille en lumière rouge ;
2° Ozacopy « / ». Se travaille en salle légère-ment obscurcie. Papier lent qui se tire avec tireuse spéciale « Dactyloza » ou lampe de 500 W.
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F i g . 11un
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(D a INE TRACTAT S V A/ o » r / c 1 3 / / 1 5 M/ / 1 8 1 9 / / 2 1 2 2 / 2.5 / / n v y / 5 1 • nc
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r C a f é 1S q o ri e pfo 19 r • esa. 10 o n u « Ile n F i g . 1 0 F i g . 1 2 b) Pellicule O Z A B R O M E (translucide) :1° Ozabrome « N» ; 2° Ozabrome «J ». Mêmes références que pour Ozacopy.
c) Pellicule transparente. A travailler en lumière rouge. Très contraste.
d) Ozafilm brillant. Ozalid très transparent . A ne pas confondre avec le film. Permet de tirer sur Ozalid normal. Donne de très bons contrastes. Bons résultats à la projection en salle éclairée.
|—I Tensiony L-J en volts
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Intensité? eh mA5Y3GB
Hli.l.OM I E«trt« SK-IIH 'oagolFig. 17. — 11 n est pas rare d'obtenir des reproductions plus nettes q u e les figures ou photo s du livre ou de la revue, ccrnme permettrait d e le prouver la (igure ci-dessus.
SADIR-CARPINTIE*
BORDEREAU
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division «te
EXPÉDITION
DATE • 2 1 À T T i l 1 9 5 0 EXPÉDITION ,
Sact * ffattiamOt* â'âff^ eatt*»^ ® »
CLIENT :
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VOTRE RÉFÉRENCE :
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«D port at if 2*§> • 5 A
1 5 © - $ 0 0 « é Ô Û v o l t »
Fig. 19. — D o c u m e n t commercia l meilleur q u e l'original qui était u n d o u b l e d e machine.
La variété des documents montre l'intérêt de ces méthodes de reproduction.
Plusieurs firmes commerciales en pressentant le succès ont depuis peu réalisé des appareils relati-vement coûteux (une centaine de mille f r a n c s mini-m u mini-m ) permini-mettan t de faire ce travail.
Ayant reçu la visite de représentants et ayant confronté nos résultats avec les leurs, je puis affir-mer à ceux qui tenteront de reproduire ainsi des
documents que leurs tirages auront une valeur égale, sinon supérieure avec un peu d'entraînement. Nous avons initié l'an dernier une centaine de stagiaires de toutes disciplines à ce travail. Après quelques essais, les résultats étaient t r è s satisfai-sants.
Les stagiaires ébénistes ont reproduit pour eux une collection de photos de meubles de styles divers qui était remarquable.
Il est regrettable que nous ne puissions insérer dans la revue des reproductions de films. Nous avons réalisé à l'É.N.N.A., en un temps très court, une série de reproductions de micrographies sur films projetables d'une très grande finesse qui donnent des projections, en salle éclairée, d'une luminosité remarquable. Il nous est arrivé de les projeter à l'aide d'une lanterne orientable L.M.E. 500 (Le Ma-tériel d'Enseignement, Bourg-la-Reine, constructeur) sur la totalité de la surface d'un mur de classe (soit près de 9 m2).
Nous nous tenons à la disposition des collègues qui, le cas échéant, voudraient des renseignements complémentaires.
J. LIGNON,