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HAL Id: hal-01902834

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Submitted on 8 Jun 2020

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Compte-rendu de mission

Yves Léon, . Association Internationale Des Economistes Agricoles, .

Département Economie Et Sociologie Rurales

To cite this version:

Yves Léon, . Association Internationale Des Economistes Agricoles, . Département Economie Et Sociologie Rurales. Compte-rendu de mission. 19e Congrès internationale des Economistes Agricoles, Association Internationale des Economistes Ruraux (AIER). GBR., Aug 1985, Malaga, Espagne. 17 p. �hal-01902834�

(2)

I

Y.

1.:..

Institut National de la Recherche Agronomique

Département d'Economie et de Sociologie Rurales

nxa

CONGUS IBTEDIATIOBAL DES KCOllfOHISTRS AGllCOLKS

(Malaga. Espagne - 25 aoGt-5 septeabre 1985)

Compte-rendu de Mission•

Yves LEON

Directeur de Recherche de 2ème classe Station d'Economie et de Sociologie

Rurales de Rennes

• A la demande du Chef du Département Economie et Sociologie Rura-les, ce rapport est rédig~ à partir des contributions des chercheurs du Département dont la mission a été financée par l'INRA: J. p. BERLAN, J. P. BERTRAND, A. BRUN, F. De CASABIANCA, Y. LEON, L. MAHE, B. ROUX.

Voyage et séjour financés par l'INRA. Ordre de mission n° 1170/AD/85.

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(3)

L'objet de la mission pour laquelle nous avons été man-datés par 1' INRA, était la participation â la XIXè conférence internationale des économistes agricoles, sur le thème "l'agricul-ture dans une économie mondiale mouvante".

Ce congrès se réunit tous les trois ans et rassemble un nombre important de spécialistes de notre discipline. Au dernier congrès de Djakarta, les participants étaient de trois cent cin-quante à quatre cents, en provenance de 61 pays. A Malaga, nous Etions plus de 800, 71 pays Etaient représentés.

Le présent compte-rendu sera divisé en deux parties : en premier lieu seront données quelques informations générales sur le déroulement du congrès et la participation française ; dans une deuxiême partie, je tenterai de faire une présentation synthétique des enseignements majeurs de ce congrês en me basant sur les contributions des collègues. J'espère que leur pensée ne sera pas trop dénaturée et je reste, selon la formule traditionnelle, seul responsable des erreurs d'interprétation que pourrait contenir ce texte (1).

I •

.DDOULDDT DU COIIGIES, PilTICIPATION FIWICAISE, VIE DE

L'ASSOCIATIOII

1.1. DErouleaent du eoograa

L'organisation du congrès était classique, avec des séances plénières, des sessions parallèles et des groupes de dis-cussion informels.

La création de "sessions-affiches", innovation intro-duite cette année par le Vice-Président chargé du programme, le Professeur RENBORG (Uppsala) a été généralement appréciée.

Ces sessions-affiches (poster sessions) ont permis d'augmenter le nombre de communications présentées aux congres-sistes. Ainsi toutes les communications soumises au Comité de Programme (240) ont pu être portées à la connaissance des congres-sistes sous une forme ou sous une autre: rapport invité, rapport volontaire, session-affiche.

(1) Des contributions de J. BROSSIER (INRA-SAD) et de Ph. LACOMBE {ENSA de Montpellier) ont également été utilisées pour rédiger ce compte-rendu.

(4)

Les sessions-affiches se sont déroulées sur la base de présentations rapides des contributions, suivies de discussions. Chaque session-affiche correspondait à un thème donné, matérialisé par des panneaux ; les auteurs étaient invités à y afficher leur texte- Ce mode de présentation a donné lieu, sur le plan matériel,

à d'intéressantes recherches graphiques- Par ailleurs, les ses-sions-affiches, comme d'ail leurs les groupes de discussion, ont souvent donné lieu à des échanges nourris- Au total, i l semble que cette innovation soit une des réponses possibles au caractère souvent très formel des sessions de type traditionnel.

Un grand nombre de pays étaient représentés massive-ment comme les Etats-Unis et l'Espagne (plus de 150 participants) ou très faiblement comme l'U,R.s.s. (2 participants), D'une ma-nière générale, on peut remarquer que les délégations importantes provenaient du monde industrialisé (en particulier anglo-saxon) à l'exception de l'Inde (15 participants) et qu'à l'inverse, l'Amé-rique Latine, l'Afl'Amé-rique et une bonne partie de l'Asie étaient peu représentées. Enfin on a noté la quasi-absence des Pays de l'Est (sauf la Hongrie),

La France bénéficiait, au sein des pays européens, d'une fort~ délégation - avec 27 participants - du même ordre de gran-deur que celle du Royaume-Uni (38), de l'Allemagne fédérale (30) ou de l'Italie (47).

1.2. Participation française

La participation française à ce congrès a donc été par-ticulièrement importante, comparée aux délégations de Djakarta (5) en 1982 et de Banff en 1979 (inférieure à 12). Il est certain que la proximité de l'Espagne et le coût relativement faible de la mission, ont favorisé la constitution d'une délégation fournie, En ce qui cncerne l'INRA, l'enveloppe financière allouée par le département s'est trouvée. suffisante pour financer le dépla-cement de sept chercheurs.

Au chapitre qualitatif, les contributions françaises ont été notables

Rapports invités : J.p. BERLAN (séance plénière)

J. M, BOUSSARD (session parallèle)

(5)

Rapports volontaires B. ROUX (session parallêle)

Organisation et animation d'une session-affiche: Ph. LACOMBE, P. CAMPAGNE, F. de CASABIANCA, J. C. CHASSANY

Participation 1 une session-affiche J. MARTIN.

Ouvertures de discussion:

J.P. BERTRAND (session pléniêre) J. KLATZMANN (session pléniêre) J.M. BOUSSARD (session parallêle) J. BROSSIER (session parallêle) A. BRUN (session parallèle)

Rapport de séance: J.c. CHASSANY

Présidences: M. PETIT (séance pléni~re) A. BRUN (session parallêle)

Simone NIDENBERG (session paralèle) L. MAHE (session-affiche).

Rapport général (structure de l'agriculture) : Ph. LACOMBE,

Synth~se des travaux, par le Président de l'AIEA: M. PETIT.

4.

Pour les participants français â ce genre de réunion se pose inévitablement la question de l'emploi de la langue fran-çaise. Au sein de l'association, elle est â parité théorique avec l'anglais. Dans les faits, sur 48 rapports invités, deux ont été pr~sentés en français, ce qui donne une idée de la place qu'occupe le français comme langue de communication au sein de l

'Associa-tion. Seul le secours de la traduction simultanée (en séance plé-niêre) a permis un certain nombre d'interventions en français. On peut noter que d~sormais, les Français sont 1 peu prês les seuls

a

s•exprimer dans cette langue.

Le français occupe encore une place singuliêre au sein des réunions de l'Association Internationale; elle est due â des références historiques. Cette place peut être remise en cause â

tout moment (l).

(1) Les propos qui suivent n'engagent évidemment que le rédacteur du rapport.

(6)

Peut-on lutter contre l'envahissement de l'anglais comme langue unique de communication ? Cette cause devient de plus en plus difficile à défendre lorsque l'on constate que les représen-tants de pays traditionnellement utilisateurs de la langue fran-çaise comme langue de travail scientifique, s'en détachent pro-gressivement. La défense du français peut donc difficilement apparaitre comme celle d'une langue de communication internatio-nale.

Les causes de ce recul sont g~nérales et bien connues. Dans notre domaine, outre le poids des économistes agricoles anglo-saxons, 11 traduit sans doute une relative faiblesse de l'économie rurale française sur le plan international et donc une certaine désaffection des étrangers à l'égard des fil Ures de formation qu'elle propose. Il s'agit là d'un vaste débat•••

En attendant sa conclusion, tout devrait être mis en oeuvre pour que les chercheurs du Département acquièrent une bonne maitrise de l'anglais, car il se pourrait bien que les meilleurs défenseurs du français comme v~hicule d'une pensée originale soient ceux qui s'expriment correctement dans les deux langues.

1.3. Vie de l'Association (1)

- Les responsables:

M. PETIT devient Président, il succ~de à G.L. JOHNSON (Michigan State University).

Vice-Président-Programme l'IFPRI, Washington),

A. VALDES (Chili, travaille à

Vice-Pr~sident Administration:

w.

MWANGI (Kenya)

Futur Pr~sident ("Président-Elect") : le Professeur J. LONGWORTH (Australie).

- Une revue est créée par l'Association •Agricultu.ral

EcOIIOllica. The .Journal of the Internatioaal Aaaociation of Agriculcarel BcoDOlliat•••

(7)

6.

D'aprês la présentation de cette revue, son champ sera large de maniêre

a

couvrir l'ensemble des préoccupations des ~conomistes ruraux, sensu lato (incluant donc 11 agro-industrie, l'agribusiness, l'aménagement et les sociétés rurales, les insti-tutions, la politique agricole ••• ). Cette revue sera entiêrement rédigée en anglais•

- Le lieu du prochain congrês (1988) n'est pas définiti-vement fixé, mais l'Argentine s'est proposée.

Des "membres â vie" ont été élus : D.R. BERGMANN (France)

K.O.

CAMPBELL (Australie) M.L. DAUTWALA (Inde)

z.

OKHAWA (Japon)

Le nouveau correspondant de l'Association pour la France (successeur de D.R. BERGMANN) sera désigné par le Bureau de la SFER.

II. CONTKIJU SCUNTIFIQOE

Ce rapport rassemble, comme cela a été indiqué plus haut les contributions de plusieurs chercheurs. Leurs appréciations sur 1 'intérêt scientifique du Congds sont assez divergentes et il para!t difficile d'en tirer une synthêse. Elle présenterait des aspects souvent contradictoires voire inconciliables. Je me suis donc résolu à adopter une présentation qui, dans un premier temps, fera ressortir les thêmes qui m'ont paru préoccuper particuliêre-ment les participants au Congrês, compte tenu du cadre général de discussion fix~ par le programme, et qui ensuite mentionnera les questions autour desquelles les divergences les plus significa-tives se manifestent au sein des chercheurs INRA présents

a

Malaga.

2.1. Les tbêaea aajeura de diacueaioa

Ils ont été, naturellement, largement déterminés par le programme proposé "l'agriculture dans une économie mondiale troublée". Ce titre invitait

a

la prise en compte de la dimension mondiale des problêmes agricoles,

a

la mise en évidence des incer-titudes liées ou non

a

la crise, à la recherche d'une nouvelle façon d'aborder les politiques agricoles,

a

une vision plus pros-pective des relations entre agriculture et reste de l'économie •••

(8)

C'est bien dans ce sens que se sont orientées la plupart des communications présentées, en essayant de faire une part plus large â l'inconnu qu'a l'acquis, à l'incertain qu'â l'évident. C'était donc une belle occasion de remise en cause des théories et des raisonnements les mieux admis. On ne peut pas dire que, dans cette optique, les travaux du Congrès aient apporté des éléments particulièrement révolutionnaires. Toutefois, tout en restant très imprégnés des id~es du courant dit "néoclassique", les débats ont mis en évidence des questions auxquelles cette théorie ne pourra apporter des réponses qu'au prix d'approfondissements

substan-tiels.

Trois questions retiennent particulièrement l'atten-tion

la place de l'agriculture dans l'économie mondiale et le rôle des variables et contraintes macro-économiques,

- les perspectives de développement des pays du Tiers-Monde,

- la pression sur les ressources naturelles

2.1.1. Rôle des variables et contraintes macro-économi-ques et place de l'agriculture dans l'économie mondiale

Les chercheurs qui s'intéressent aux relations économi-ques internationales n'auront pas été surpris de la place prise dans les débats par les analyses des politiques de taux de change et de commerce extérieur, comme par celles relatives aux politi-ques macro-économipoliti-ques. Pour les autres, ces deux dimensions, macro-économique et mondiale, des problèmes qui se posent désor-mais aux agricultures française et européennes, sont apparues clairement.

La question de l'intEgration de l'agriculture et du système agro-alimentaire dans l'Economie globale et des effets de l'internationalisation des contraintes macro-économiques sont au coeur de nombreuses communications consacrées soit aux pays déve-loppés, soit aux pays en voie de développement.

(9)

s.

En ce qui concerne ces derniers, de JANVRY (2) se demande quelles politiques économiques doivent être mises en place pour assurer une intégration, qui semble inéluctable, de l'agri-culture dans les économies nationales, intégration qui devrait favoriser leur croissance. Pour lui, la solution passe d'abord par une priori té donnée à une stratégie d'investissement favorisant l'agriculture paysanne et la création d'industries liées à la pro-duction agricole- C'est la condition de développement de ces pays. Il rejette comme inefficace et génératrice de distorsions en défa-veur des paysans la priorité donnée au développement d'industries d'import-substitution. Au titre des moyens à employer, il consi-dère qu'une politique basée exclusivement sur les prix risque d'être inefficace étant donné la faible élasticité de l'offre des paysans par rapport aux prix (estimée à 0,05 ou 0,15 en Afrique). Il se démarque donc à ce propos des mesures préconisées par

BERG

dans "Développement accéléré au sud du Sahara", et suggère en premier lieu des changements structurels (accès à la terre, chan-gements technologiques, instruction ••• ).

culier sieurs celles

L'influence des contraintes macro-économiques, en parti-monétaires, sur l'agriculture, a été analysée dans plu-communications. Nous retiendrons plus particulièrement de SCHERR (9) et de SCHUH (10).

La première examine le problème des conséquences de la surévaluation du taux de change sur le secteur agricole. D'un point de vue général, on peut admettre les effets pervers d'une telle situation, qui aboutit à favoriser l'importation de produits agricoles dans les pays à monnaie surévaluée, au détriment de la production agricole, qui elle au contraire se voit découragée. Ce problème se rencontre dans beaucoup de pays en voie de développe-ment et est une conséquence de leur politique économique et

moné-taire.

Il peut provenir aussi d'un boom sur le prix des expor-tations dans le cas du boom pétrolier on parle de "Dutch disease", sans doute â cause des risques de perturbations créées dans l'économie néerlandaise par la hausse de la valeur des

expor-tations de gaz â l'occasion du premier choc pétrolier. Les risques de surévaluation ont été écartés dans le cas des Pays-Bas, mais il n'en a pas été de même dans certains pays en voie de développement (Nigéria et à un degré moindre Mexique) où l'afflux de devises et de revenus a occasionné une demande alimentaire très forte.

L'augmentation consécutive des importations alimentaires a vivement concurrencé l'agriculture locale dont la capacité productive s'est alors effondrée, faute d'un soutien adéquat

(10)

de la part du gouvernement. En Indonésie où la politique macro-économique a atténué les effets du boom pétrolier, l'indice de la production par tête passe de 100 à 120 de 1972 à 1982. Au Nigéria, apr~s le retournement des prix du pétrole, l'agriculture, exsan-gue, n'a pu retrouver sa capacité de production: l'indice corres-pondant passe de 110 à 90. L'auteur souligne donc les dangers d'une croissance entra!née par un secteur de biens exportables exposé â l'instabilité, quand les politiques macro-économiques ne

sont pas capables d'en atténuer les effets pervers.

La contribution de Schuh est extrêmement intéressante car elle met en évidence l'interpénétration des marchés mondiaux de produits agricoles et de capitaux.

Il note tout d'abord que les agricultures nationales sont devenues de plus en plus dépendantes des marchés mondiaux : on ne peut donc plus, selon lui, penser l'agriculture dans le cadre d'une économie fermée. D'autre part, 11 constate la nais-sance d'un marché mondial de capitaux fortement intégré, dont le fonctionnement influence directement celui des produits agricoles. Il en conclut qu'on ne peut plus non plus aborder l'agriculture seulement en termes sectoriels. Or depuis 1968, une instabilité monétaire croissante est apparue en particulier avec les régimes des taux de changes flottants, tandis que le poids de l'économie américaine dans les échanges internationaux a triplé de 1965 â

1980. La politique monétaire américaine joue donc un rôle-clé dans le fonctionnement des marchés mondiaux des produits agricoles. Depuis 1980, leur politique monétaire restrictive entraine une surévaluation du dollar qui induit une perte de compétitivité de l'agriculture américaine, sur les marchés extérieurs, l'apparition d'excédents aux Etats-Unis eux-mêmes, excédents alourdis par les programmes de soutien internes et par suite des dépenses considé-rables pour le budget américain (de 30 â 35 milliards de dollars en 1983 pour un R.BA de 18-19 milliards de dollars).

Cette politique a des effets induits du même ordre sur les pays â monnaie alignée sur le dollar (Mexique, Brésil, Argen-tine).

(11)

10.

L'instabilité observée en agriculture a donc des causes largement exog~nes au secteur, C'est ce que montre RAUSSER (8), pour qui les causes traditionnelles de l'instabilité (offre aléa-toire, demande inélastique) sont désormais relayées par les effets des politiques macro-économiques et leurs prolongements exté-rieurs. Il est clair que les préoccupations de SCHUH et de RAUSSER sont largement influencées par la situation des agriculteurs américains, pour lesquels les exportations jouent un rale impor-tant tandis que le problème de l'instabilité est moins grave pour les agriculteurs européens qui bénéficient d'un régime d'interven-tion permanente pour les produits majeurs (céréales, grandes cultures, betteraves, lait).

Il est intéressant de noter que les thèses de SCHUH et de RAUSSER sur les effets perturbateurs de la politique monétaire américaine sur les prix et les marchés internationaux contrebalan-cent nettement les thèses néoclassiques américaines sur les effets déstabilisateurs - par l'effet "d'isolement" - de la politique européenne. Voir i ce sujet les analyses de MEYERS et MAHAMA (5) dans le cas du blé.

Les contributions de SCHUH, SCHERR, RAUSSER nous sem-blent converger vers un ensemble de conclusions importantes:

- Articulation entre politiques macro-économiques et agricoles clairement établie : les politiques monétaire, fiscale, de taux d'épargne jouent un rôle désormais déterminant sur les performances de l'agriculture.

- Réduction des degrés de liberté laissés aux politiques strictement nationales et agricoles, et par conséquent manque progressif de pertinence de celles-ci face aux problèmes posés, Voir aussi la contribution de Mc CALLA et JOSLING (3) qui propo-sent un schéma de classement des pays selon le degré d'insertion de leur agriculture dans l'économie nationale et les échanges internationaux.

- Rappel de la sym~trie des échanges internationaux, et

mise en fvidence de l'incohérence de la position des pays

dévelop-pés vis-à-vis des pays en voie de dEveloppement, Les premiers et leurs prolongements internationaux (FMI, Banque Mondiale), ne peuvent prôner un développement des exportations des seconds, s'ils ne sont pas prêts â les acheter et donc

i

accepter le défi-cit des balances commerciales correspondantes qui en est la contrepartie nécessaire,

(12)

2. 1. 2. Perspectives de développement des PVD dans une économie mondiale troublée

L'examen des problèmes des pays en voie de développement a tenu une place majeure dans les trav·aux du congrés. Par rapport aux réunions précédentes, cette préoccupation est frappante. Elle n'a probablement pas été induite uniquement par le thème choisi. Comment interpréter cette mobilisation ? Plusieurs éléments peuvent être avancés, qui tiennent d'abord à l'importance cruciale de la question du développement du Tiers-Monde et aux défis qu'elle pose aux économistes ruraux. On peut dire que les pays en voie de développement deviennent un champ d'observation privi-légié, à tel point que les problèmes agricoles dans les pays déve-loppés en apparattraient presque comme mineurs ou en voie de solution. Une autre raison expliquant l'intérêt pour les PVD, tient peut-être au fait qu'une proportion importante des écono-mistes agricoles présents, en particulier anglo-saxons, intervien-nent dans les pays du Tiers-Monde, dans le cadre de projets de développement.

Les problèmes de la malnutrition, le défi du siècle, ont été évoqués dans plusieurs communications, en particulier par SEN, par MELLOR (4) et SRINIVASAN (11). Une des questions-clés est celle des causes de la malnutrition. Les divers auteurs cités ci-dessus pensent qu'elle n'est pas liée â des problèmes de quan-ti tés produites mais â la demande effective. A.K. SEN (Elmhirst Lecture) considère par exemple que la famine qui sévit dans cer-taines zones de l'Afrique subsaharienne, résulte â la fois d'un manque d'aliments à acheter (par suite de pénuries réelles, de déséquilibres régionaux ou de manipulations) et de la pauvreté des populations qui manquent de revenus ou pour lesquelles les prix fixés sont trop élevés. 11 soutient que lorsque la famine n'est pas provoquée par la baisse de la production par tête, les impor-tations de biens alimentaires peuvent servir à faire baisser des prix artificiellement élevés. Par conséquent, il défend le prin-cipe de l'aide alimentaire, sous certaines conditions. Plus géné-ralement, il défend une approche en termes de "droits à l'alimen-tation''.

SRINIVASAN (11) soutient Egalement que les probl~mes de malnutrition et de pauvreté peuvent dans certains cas, être réso-lus autrement que par un développement de la production il préconise une réallocation des ressources productives terre arable, emploi, connaissances techniques.

(13)

12.

MELLOR (4), quant â lui, soutient que le march~ a contribué au développement des pays du Tiers-Monde, mais reconnait qu'il trouve actuellement ses limites face aux déficits alimen-taires chroniques ou aux fluctuations actuelles de l'offre d'ali-ments.

Les simulations faites à partir du modèle mondial agri-cole de l'IIASA, (GULBRANDSEN, FISHER ••• ) (1) tendent â confirmer que la pauvreté n'est pas qu'une question de production. L'ac-croissement exogène des disponibilités de denrées ne réduit pas durablement le probllme de la faim, car les ajustements des prix

a

la baisse dans les pays pauvres finissent par freiner la produc-tion secteur agricole par le taux de distorsion autochtone. Le système économique finit par absorber ce supplément de produit, les capacités de production s'ajustent

a

la baisse et la situation des plus démunis finit par se perpétuer. Ces simulations ne font que corroborer des analyses qui sont maintenant devenues presque classiques.

Une autre simulation intéressante montre que la libéra-lisation des échanges n'apporte pas la solution â tous les probl~-mes des PVD comme certaines réthoriques voudraient l'affirmer. La

situation après libéralisation varie selon les pays. Il peut y avoir des cas où le PNB augmente mais où l'accroissement des prix alimentaires n'est pas compensé par l'élévation du revenu réel. La

protection négative fréquente dans les PVD aboutit en effet

a

des élévations de prix alimentaires importantes (Argentine + 17 %, Brésil+ 14 % , Inde+ 16 %, Pakistan+ 18 %) ; dans ces pays, les calories consomm.ées par habitant baissent, alors qu I en Thaîlande

et au Nigéria, le PVD stagne mais les prix alimentaires baissent. Avec OLSON (6), les difficultés des pays du Tiers-Monde sont abordées d'un tout autre point de vue, â la fois sociolo-gique, politique et économique. L'auteur consid~re que l'agricul-ture est exploit~e dans les pays du Tiers-Monde alors qu'elle est soutenue dans le monde développé. Il cons ta te en effet que dans les PVD la production agricole est évaluée, du fait du sous-paiement du travail agricole par rapport à un travail urbain analogue. Par contre dans les pays développés, particulièrement ceux à faibles avantages comparatifs, il y a sur~valuation des prix agricoles, aux dépens des contribuables et des consommateurs. La thèse de l'auteur est que le soutien

a

l'agriculture est plus fonction du poids politique que les agriculteurs ont réussi â

(14)

l'exploitation de l'agriculture dans les pays pauvres ne pourra cesser que lorsque les paysans auront réussi 4 s I organiser en

groupes de pression suffisamment puissants. Il tire cette opinion d'une analyse historique des agricultures des pays riches et d'un examen des changements opérés, dans le sens d'un soutien de leur agriculture, par des pays tels que le Japon, la Corée ou Taîwan. En attendant, le soutien dont b~néficient les agriculteurs des pays riches p~se sur les cours mondiaux des biens concurrents et aggravent le problème des PVD exportateurs des biens

alimen-taires.

La conclusion des débats consacrés aux pays du Tiers-Monde nous semble pouvoir être tirée des remarques faites par VYAS, rapporteur général du thême "surproduction et malnutrition" {Balancing Overproduction and Malnutrition).

L'auteur montre que malgré une disponibilité accrue d'aliments par habitant, la terre n'arrive pas â nourrir tous les hommes : l'offre globale est inégalement répartie, de même que la demande effective. Il s'agit donc bien d'un problème de distribu-tion à propos duquel le rôle du marché est posé. Les distorsions actuelles relèvent-elles de son inefficacité ? Ne sont-elles pas apparues parce qu'on l'a empêché de fonctionner? Le débat semble largement ouvert au sein des ~conomistes agricoles présents .il

Malaga. TYRCHNIEWICZ, rapporteur général du thême "Chatne alimen-taire, Marchés et Prix", arrive sur ce point 4 des conclusions qui invitent la profession .il remettre en cause ses dogmes les mieux établis et 4 faire preuve de plus d'imagination en vue de se préparer à relever les d€fis actuels.

2.1.3. la pression sur les ressources naturelles

Cette question a occupé une place notable dans les tra-vaux du Congrès puisqu'il s'agissait d'un des huit grands thèmes retenus par le Professeur RENBORG pour alimenter les débats. C'est un élément nouveau, car dans les congr~s antérieurs, le problème des ressources naturelles n'avait jamais tenu une telle place. Plus de vingt communications ont Eté présentées et deux groupes de discussion ont fonctionné sur ce th~me.

Au total donc, un ensemble consistant soulignant l'inté-rêt et l'importance de 1'€conomie des ressources naturelles comme domaine d'analyse économique.

Mais que recouvre cet ensemble aux contours flous, aux bases théoriques variées et fragiles?

(15)

14.

Très schématiquement on peut regrouper les apports sous quelques rubriques

- conservation des sols - énergies nouvelles

- eau (sécheresse, salinité ••• )

- pêches (aquaéculture ••• ) - for~t (combustible, plantat.) - PVD (général)

- problématique, conceptualisa-tion, modélisation.

4 rapports (USA, Brésil)

6 rapports (Yougoslavie, Brésil,

PVD)

4 rapports (Espagne, Malaisie, Bangladesh ••• )

2 rapports (Malaisie ••• )

2 rapports (Indonésie, Inde)

3 rapports (Indonésie, Afrique du Sud)

4 rapports (USA, Hongrie, Suède)

Numériquement les apports des PVD dominent ; il s'agit essentiellement de descriptions et de considérations générales sur les politiques suivies ou préconisées. Il y a peu d'analyse écono-mique sauf A exprimer le rôle de la démographie et l'inégale dis-tribution des ressources.

La conservation des sols aux USA est étudiée par trois rapports riches, aussi bien sur la connaissance des processus biophysiques en cause, sur les comportements individuels, que sur les différentes politiques existantes ou envisageables. En dehors de ce dernier aspect, la contribution des pays développés est essentiellement méthodologique. C'est le thème de l'articulation entre économie et écologie qui est en cause.

Encore plus schématiquement deux grandes lignes d'ana-lyse ressortent:

• le conflit entre croissance de la production et pro-tection (sustainability) de l'environnement. La reconnaissance du conflit conduit i des tentatives pour évaluer les coûts de la protection (trade offs, externalités, cost-benefit, modèles écolo-giques) et les intégrer dans un modèle général (monetary reduc-tionnism) •

• les conditions de l'efficacité d'une rEgulation dans ce domaine. Les seules forces du marché sont insuffisantes. Toute régulation pour être efficace suppose une analyse institution-nelle, l'identification des gagnants et des perdants, l'ajustement de toute intervention publique aux combinaisons sociales et

(16)

Enfin, un des deux groupes de discussion s'est penché sur la définition des "pressions sur les ressources naturelles", considérées comme fonction de la population, des techniques, des revenus, des modes de consommation, des institutions. L'identifi-cation des problèmes biophysiques et de leur origine est apparu comme une démarche essentielle, souvent sous-estimée. Le simple classement des relations environnementales entre les quatre sous-ensembles (agriculture, industrie, ville, milieu rural) pris deux

il deux a sembH une démarche utile pour situer les probl&ies et maintenir la vision unitaire, synth€tique de l'écologie.

WEINSCHENK, dans son rapport général, souligne combien l'analyse économique de la pression sur les ressources naturelles nécessite de substituer une approche multidimensionnelle à une approche unidimensionnelle. Cette nouvelle approche amène les économistes agricoles à traiter de fonctions! multiples objectifs et donc à déterminer des priorités.

En 1'€tat actuel des choses, trois conclusions peuvent être, selon lui, tirées de ces débats:

- il n'y a pas de solution éthique généralement acceptée (exemple de la distribution optimale des ressources non renouvelables entre les générations);

11 n'existe pas d'équilibre écologique prédéterminé {poids de la croissance démographique sur l'environnement);

la connaissance des relations entre activité agricole et pro-blêmes de l'environnement est encore imparfaite.

2.2. Des divergences•••

Le déroulement scientifique du congrès de Malaga a donné lieu à certaines critiques de la part de plusieurs membres de la délégation française. La principale me semble être que les débats n'auraient pas reflété l'état actuel des recherches en économie rurale aenées dans le monde. Il est clair, en effet, que nombre de chercheurs français ne se reconnaissent pas dans le type d'analyse généralement développé pendant les séances.

La contestation porte évidemment sur les fondements mêmes des analyses issues de la théorie néo-classique, qui donne aux marchés un rôle prépondérant d'ajustement des variables écono-miques et qui fait de l'économie une science neutre et indépen-dante de l'environnement social dans lequel elle op~re.

(17)

16.

Les chercheurs qui donnent plus de place aux analyses structurelles ou qui mettent en avant 11 importance des rapports

sociaux dans les transformations des économies agricoles n'ont pas, semble-t-il, trouvé beaucoup d'interlocuteurs au cours de ce congr~s. Or, ce type d'analyse ne serait pas aussi minoritaire que cela est apparu au cours des travaux.

La deuxi~me critique, qui découle de la premi~re, tient au monopole de la parole dont se sont emparés, dans certains cas, les représentants du courant dominant. Pour certains participants, les velléités de discussion et de critiques auraient été parfois bloquées. Sur ce point, il est clair que le dialogue a parfois eu du mal à s'instaurer, les tenants des deux écoles de pensée ayant eu plutôt tendance il camper sur leurs positions qu' él essayer de comprendre celles des autres.

Il me semble toutefois que le th~me du congr~s et sur-tout l'épreuve des faits ont permis de remettre en cause certains "dogmes" du courant néo-classique, et d I ouvrir s~rieusement le

champ de réflexion des économistes ruraux. Des perspectives inté-ressantes de recherche ont été délimitées, comme cela a été écrit plus haut, en particulier à cause de l'irruption de plus en plus massive des probl~mes des pays en voie de développement. Leurs représentants ont d'ailleurs adopté dans certains cas une attitude relativement critique vis-à-vis des explications proposées par les conférenciers du "Nord", en montrant, entre autres, que dans leurs pays le raisonnement êconomique ne pouvait s'abstraire totalement de la dimension sociale des problèmes.

Le courant contestataire s'est exprimé officiellement au moins él deux reprises. Lors d'une session-affiche consacrée à la crise des agricultures paysannes, et dans le Rapport général pré-senté par LACOMBE sur "structure de l'agriculture". Ce th~me ayant êté peu développé au cours du Congr~s, LACOMBE a essayê, au nom de la diversité, de montrer que l'approche "nêo-classique" était loin d'être la seule possible et qu'elle connaissait des limites. On peut remarquer qu'un autre rapporteur général, TYRCHNIEWICZ, tout en ne se situant pas dans la perspective défendue par "LACOMBE, a également insisté sur les limites de la science économique, en particulier lorsqu'elle propose aux hommes poli tiques des normes pour les décisions à prendre.

Comment permettre aux économistes ruraux qui ne se reconnaissent pas dans le courant dominant de contribuer malgré tout aux travaux de 11 Association ? C'est la question qui est

posée par LACOMBE dans son compte-rendu de mission; il y sugg~re que les Français intéressés tiennent compte pour cela de la Prési-dence assurée par Michel PETIT, de 1985 à 1988. PETIT, dans son discours de clôture (7), s'est en effet déclaré un partisan con-vaincu de l'ouverture de l'Association aux différents courants de pensée, au pluralisme et il la tolérance réciproque. Une chance

a

ne pas laisser passer, sans aucun doute.

(18)

ANNEXES

I. R~sumé du programme

Thème g~n~ral : "L'agriculture dans une ~conomie mondiale mou-vante".

1. Les forces qui façonnent l'avenir.

2. Le d~veloppement des interdependances et des incertitudes. 3. Surproduction et malnutrition.

4. Les menaces sur les ressources naturelles. S. Capital humain, technologie et institutions. 6. Les hommes dans les soci~tés rurales.

7. Chatne alimentaire, marchés et prix. 8. Structure de l'agriculture.

II. Liste des communications cit~es dans le texte

(1) Klaus Frohberg, GUnther Fischer, Odd Gulbrandsen and Jan Morovic "Growing Interdependance of the World Food Economy : A 20 year Perspective".

(2) Alain de Janvry, "Integration of Agriculture in the National and World Economy : Implications for Agricultural Policies in Developing Countries".

(3) Alex F. McCalla and Timothy E. Josling, "Agriculture in an Interdependent and Uncertain World: implications for Markets and Prices".

(4) J. Mellor, "Dealing with the Uncertainty of growing food Imbalances: International Structures and National Policies". (5) William H. Meyers and Ramatu Mahama, "'World Wheat Market

Instability An Analysis of Price lusulation Effects".

(6) Mancur Olson, "The Exploitation and Subsidization of Agricul-ture in Developing and Developed Countries".

(7) Michel Petit, "L'état et le statut de l'économie rurale".

(8) Gordon

c.

Rausser, James A. Chalfant, and Kostas G. Stamoulis, "lnstability in Agricultural Markets: the

u.s.

Experience". (9) Sara J. Scherr, "Agriculture and the 011 Syndrome : The Role

of Public Policy in Developing Petroleum Economies".

(lO)G. Edward Schuh, "The International Capital Market as a Source of Instability in International Commodity Markets".

(ll)T.N. Srinivasan, "Undernutrition: Extent and Distribution of lts Incidence".

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