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Politiques étatiques et rôle de la communauté rurale pour lutter contre la désertification

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Academic year: 2022

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Politiques étatiques et rôle de la communauté rurale pour lutter contre la désertification

Dr Samir Medawar

Chef de département d’économie agricole,

Faculté d’agronomie, Université Libanaise

Selon la FAO, « l’homme est au cœur du problème de la désertification, qu’il en soit l’acteur ou la victime. La lutte contre la désertification est une lutte pour la vie ».

Afin d’éliminer toute confusion, pour le lecteur, entre des phénomènes naturels (aridité, sécheresse, désertification), nous procédons par les définir :

L’aridité: reflète un déficit pluviométrique permanent. Elle est liée à d’autres données climatiques spécifiques (insolation forte, température élevée, faible humidité de l’air et évapotranspiration poussée)

La sécheresse: résulte d’un déficit pluviométrique temporaire, sachant que le taux de précipitation peut s’avérer suffisant. Dans ce cas, la sécheresse peut être considérée comme un catalyseur de la désertification car elle affecte la structure du sol et provoque des changements dans la végétation.

La désertification : désigne le déclin irréversible ou la destruction du potentiel biologique des terres et de leur capacité à supporter ou a nourrir les populations. La désertification est indissociable à la question du développement durable.

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A l’orée du 21ième, la désertification est la résultante d’une incapacité prolongée de réaliser un équilibre entre l’offre et la demande dans un écosystème bien défini.

L’écosystème doit fournir des services tel que la nourriture, le fourrage, l’énergie, l’eau pour les besoins humains et agricoles. Cette pression croissante sur les écosystèmes est une combinaison de facteurs humains (croissances des populations, augmentation des besoins des ménages, production agricole intensive…) et des facteurs climatiques (surexploitation des ressources d’eau, augmentation du taux de CO2, de la pollution et du réchauffement climatique).

1 Etendu de la désertification

La désertification touche tous les continents sauf l’antarctique. Les zones affectées s’estiment à 40% de la surface du globe. Environ 2 milliards d’homme sont touchés.

La désertification est due à la perte de la fertilité des sols. Ces derniers perdent leur capacité de production parce qu’ils sont incapable de retenir l’eau des pluies et de développer un couvert végétal.

La désertification est le résultat des pratiques agricoles intensives. Le sol n’est jamais au repos, l’usage des intrants se réalise d’une façon abondante et surtout l’irrigation à la raie dans les sols en pente.

La coupe des forets, le pâturage intensif et le piétinage intensif des sols en les rendant compact au point de devenir imperméables accentue les phénomènes de la désertification.

2 Impact sur les populations

La désertification est un fléau qui touche particulièrement les pays du tiers monde, le Liban n’est pas épargné. Par conséquence, les populations de ces zones se classent loin derrière le reste du monde en termes de revenu par habitant. Ces revenus sont 10 fois inferieurs à celui des pays de l’OCDE. Le niveau de pauvreté des populations des zones sèches varie en fonction du degré d’aridité de la région.

Cette pauvreté est accentuée par la croissance démographique rapide et par une série de facteurs politiques, tel que la lenteur du développement des infrastructures des moyens de lutte et de capacité d’investir dans des projets de développement

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durable et de formation des populations. Devant ces faites, les populations et par souci de survie, appliquent des méthodes non durables des ressources causant la désertification des terres.

Pour cela, ce phénomène se classe parmi les plus grands défis environnementaux actuels avec des graves répercussions locales et mondiales.

3 Nécessite des mesures de lutte contre la désertification.

Une lutte efficace contre la désertification nécessite simultanément une gestion locale et des méthodes macroéconomiques s’appuyant sur des décisions macro politiques qui encouragent la durabilité des services rendus par les écosystèmes.

Il est nécessaire de se concentrer sur la prévention, parce que le cout de réhabilitation des régions désertifiées est couteux et on obtient des résultats limités.

4 Quelles mesures peuvent être prises pour éviter la désertification 1 Formation et information des populations concernées

L’instauration d’une « culture de prévention contre la désertification » nécessite un changement dans les attitudes de la part du gouvernement et des citoyens. Les jeunes peuvent jouer un rôle dans ce processus car ils sont plus ouverts à des modifications dans les techniques agricoles et à l’introduction des nouvelles technologies.

2 La gestion intégrée des sols et des eaux :

La gestion intégrée est très efficace pour la prévention de la désertification. Elle a pour objectif de protéger le sol de l’érosion, de la salinité et surtout elle maintien le couvert végétal.

Une exploitation durable des sols permet de faire face aux activités humaines telles que le surpâturage, surexploitation agricole, piétinement des sols par les troupeaux et l’usage excessive de l’eau d’irrigation.

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3 La protection de la couverture végétale est un instrument capital pour la prévention contre la désertification.

Le couvert vegetal réduit l’érosion des sols par l’eau et le vent et préserve la couche fertile des terres

5 Les principes directeurs pour lutter contre la désertification

La désertification est un phénomène complexe qui intègre plusieurs facteurs. Une politique de lutte contre la désertification nécessite une étude approfondie de chaque écosystème afin d’identifier les principales causes et en extraire les solutions adéquates. Au niveau universel, les scientifiques adoptent une approche globale et participative de tous les composants de la société. Elle repose sur cinq principes majeurs :

A Le principe d’intégration : il vise a intégrer les besoins des populations et ceci a court, moyen et long terme. Les 2 premiers besoins concernent les ressources d’alimentations, de sante, d’éducation et de formation dans le but d’améliorer les revenus des agriculteurs. Le principe intégrateur a long terme porte sur la restauration et la valorisation des ressources naturelles disponibles.

L’aménagement du biotope, du territoire et de ses ressources sera freiné si les besoins à court et moyen terme ne sont pas satisfaits.

Dans ce volet on intègre principalement les nouvelles techniques de gestion du biotope en appliquant des actions réalisables pour satisfaire d’une façon cohérente les besoins des populations. La réussite de ce volet nécessite l’intégration des acquis traditionnels modernisables en jumelant des acquis expérimentaux récents obtenus dans des milieux comparables. De même, la réussite de ce principe se base sur les ressources humaines a tous les niveaux dans un but d’accélérer la vulgarisation des nouvelles techniques et de promouvoir la participation des populations.

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B Le principe de la concertation : Dans ce volet l’implication des populations est plus importante.

la concertation interne de la population lui permet d'élaborer ses décisions, d'organiser et de gérer son travail et ses actions, en même temps que de résoudre ses divergences ou les conflits entre ses diverses composantes. Pour s'exprimer, cette concertation nécessite une organisation villageoise;

la concertation entre plusieurs collectivités ou villages est souvent nécessaire en raison de leur appartenance à un même bassin hydrographique ou de leur utilisation commune d'un même espace. Elle est utile non seulement pour la résolution des conflits mais aussi pour l'organisation d'entraides, l'échange d'expériences, la création d'organismes communs d'action, d'épargne ou de crédit, etc.;

la concertation des collectivités locales avec les institutions régionales et nationales et l'ensemble des organismes d'administration et d'appui au développement doit être organisée au niveau de l'État. C'est de l'État que dépend d'abord la qualité et la permanence de cette concertation par son organisation politique et par l'organisation de ses services d'appui au développement;

la concertation entre les organismes d'intervention et d'aide au développement (services, projets, ONG) est indispensable, au moins pour éviter les contradictions et les concurrences et, au mieux, pour optimiser l'utilisation de leurs moyens et les effets de leur appui;

C Le principe d'une approche spatiale planifiée est fondamental pour assurer la cohérence des actions. Concevoir le développement régional et national comme la simple juxtaposition d'aménagements de terroirs serait une utopie dangereuse pour trois raisons principales:

• Il ne semble pas toujours possible d'intervenir simultanément et efficacement dans tous les terroirs en même temps. Il est donc nécessaire de procéder par étapes dans le cadre d'une programmation raisonnée (et concertée), à partir de terroirs tests dont la fonction est de faire gagner de l'expérience, d'une part aux responsables et à l'ensemble de la population concernée et, d'autre part aux agents, services et projets travaillant avec eux. Ces exemples seront ensuite

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transférés vers d'autres terroirs par un effort conjoint des techniques et des responsables des populations des terroirs tests.

• Toute collectivité est elle-même élément d'un plus vaste ensemble. Elle doit donc obligatoirement entretenir des relations avec les autres collectivités, avec les services et organismes régionaux et nationaux chargés d'appuyer le développement et avec un environnement technique, social et économique particulier. Tous exercent des influences et des pressions qu'il est nécessaire d'orienter et de canaliser pour qu'elles n'entrent pas en contradiction avec les orientations mises en œuvre par la population.

• L'obligation d'agir dans le cadre régional où se situe le terroir test est aussi justifié par la nécessité de réduire les écarts de développement entre le terroir test et les autres afin de mettre ces derniers en situation de pouvoir appliquer les acquis de l'expérience du territoire test. L'approche globale s'exerce donc dans un second cadre spatial qui est celui de la région dans laquelle se situe le terroir (région agro-écologique, socio-économique et généralement administrative). A ce niveau, l'outil privilégié est l'aménagement du territoire régional préparant l‘intégration des terroirs aménagés. Enfin, et pour des raisons du même ordre que les précédentes, l'approche globale implique d'établir une relation avec le niveau national et l'aménagement du territoire national. L'approche globale ne conduit pas à une atomisation du territoire; elle cherche, au contraire, à assurer la cohérence de toutes ses composantes locales, régionales et nationales.

D Le principe de la décentralisation des décisions et des moyens d'action est essentiel à la réussite. L'approche globale et participative doit s'exercer dans un cadre organisationnel d'intégration, de concertation, d'aménagement, de gestion et d'action. Ce cadre assure les fonctions nécessaires d'analyse et de conception mais aussi, et surtout, de formation, de coordination et de mise en œuvre des moyens et des actions. Le cadre organisationnel de base est l’organisation villageoise ou communautaire. Au niveau régional, le programme d'approche globale a deux fonctions interdépendantes: une fonction technique et de gestion et une fonction de concertation et de décision. Ces deux fonctions décentralisées doivent être reliées à une antenne organisationnelle nationale qui a pour fonction de:

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suivre et animer la réponse des services nationaux aux demandes, initiatives et propositions émanant des niveaux locaux et régionaux;

solliciter la coordination et la cohérence des interventions et des décisions du niveau national avec celles du niveau régional;

rechercher et animer le soutien cohérent au programme (recherche de coordination, complémentarité, continuité des appuis financiers).

E Le principe de durée et de souplesse de l'aide aux actions est évident en matière de développement rural et de lutte contre la désertification.. L'exigence de durée signifie la nécessité pour les gouvernements et leurs bailleurs de fonds d'affirmer leur engagement de soutien de longue durée et à le concrétiser dans des phases de financement correspondant aux périodes des planifications nationales quand elles existent. L'exigence de souplesse porte sur deux aspects:

le premier est la flexibilité de l'assistance technique aux communautés qui permet de l'adapter aux besoins, aux durées et aux implantations nécessaires des programmes d'action;

le second est la flexibilité financière et comptable qui doit en particulier permettre le financement non prévu au départ de demandes et d'initiatives positives des collectivités locales.

En définitive, l'approche globale et participative est une démarche avant d'être une méthode. Son but premier est la promotion de la participation de la population; ses mots clefs sont: intégration, concertation, aménagement spatial, décentralisation d'une organisation adaptée, durée et souplesse de l'assistance technique et financière. Les actions menées par de nombreux pays en développement depuis une quinzaine d'années confirment la pertinence de cette approche.

Mais comment la mettre en œuvre?

6. Conclusion

Selon la définition du développement agricole et rural durable adoptée par le Conseil de la FAO en 1988:

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«Il faut, pour un développement durable, aménager et conserver les ressources naturelles et orienter les changements techniques et institutionnels de manière à satisfaire les besoins des générations actuelles et futures (dans les secteurs de l'agriculture, des forêts et des pêches). Il s'agit de conserver les terres, les eaux et le patrimoine zootechnique et d'utiliser des moyens sans danger pour l'environnement, techniquement bien adaptés, économiquement viables et socialement acceptables.»

En ce qui concerne plus spécifiquement la lutte contre la désertification, l'objectif stratégique à atteindre: le développement rural durable des zones arides, semi- arides et sèches subhumides doit faire face à trois défis:

enrayer ou empêcher la désertification des terres peu ou pas dégradées par des mesures préventives;

régénérer la productivité des terres moyennement dégradées par des mesures correctrices;

restaurer la productivité des terres gravement dégradées par des mesures de réhabilitation.

Le Liban est menacé comme tous les pays du bassin de la méditerranée par ce phénomène qui déséquilibre sa structure géographique. En plus nous observons un phénomène alarmant pour l’agriculture et qui est la fatigue des sols. Si nous ne créons pas une synergie intégrée entre les organismes privées, les ONG, les structures gouvernementales et les universités pour freiner l’avancement de la désertification, L’AVENIR DES GENERATIONS FUTUR DE NOTRE PAYS EST EN DANGER.

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