P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 1/25
Plan
I.
Quelques points de physique des hautes énergies
II. Quelques notions sur les accélérateurs
III.
Energie perdue dans la matière
IV.
Partie active des détecteurs
V.
Identification des particules et reconstitution de traces
VI.
Calorimétrie
VII.
Electronique et système d’acquisition
VIII.
Détecteurs de physique des hautes énergie
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 2/25
Ce qu’il faut savoir des accélérateurs pour faire un détecteur
Remarque : On peut faire de la physique des hautes énergies sans accélérateur
Quelques points importants :
Le référentiel du centre de masse est-il fixe ou immobile dans le laboratoire ?
La luminosité
Le rayonnement synchrotron
La fréquence de répétition peut être beaucoup plus élevée sur un accélérateur circulaire que sur un accélérateur linéaire (typiquement 50 KHz contre 100 Hz)
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 3/25
Collisionneur versus cible fixe (1/2)
Energie disponible dans le centre de masse pour des particules identiques : 1ère expérience sur cible fixe : diffusion de particules α sur une feuille d’or par Rutherford en 1907
La relativité nous apprend que la quantité gouvernant la collision est l’énergie, évaluée dans le centre de masse (ΔE* = Δm c2)
!
E*= 2m0c2(E+m0c2)
!
Pour des p de 1 TeV E*=43,3 GeV
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 4/25
Collisionneur versus cible fixe (2/2)
Pour remplacer le collisionneur LHC (pp de 7 TeV contre 7 TeV) par une expérience sur cible fixe d’énergie équivalente dans le centre de masse, il faudrait E = 105000 TeV Energie disponible dans le centre de masse pour des particules identiques :
Dans tous les cas, il s’agit d’exploiter ΔE = Δm c2
!
E*=2E
!
Pour des p de 1 TeV E*=2 TeV
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 5/25
Sections efficaces et luminosité
La probabilité d’interaction entre particules est donnée par σ ou dσ/dΩ
Le taux de comptage observé est :
L’unité pratique de section efficace est le barn : 1 barn ≡ 10-24 cm2 σ : Section efficace (concentre toute la physique) L : Luminosité (dépend du faisceau) exprimée en cm-2 s-1 ε : Efficacité (dépend du système d’acquisition) A : Acceptance (dépend du détecteur)
!
N ="˙ L#A
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 6/25
Le rayonnement synchrotron (1/3)
C’est l’émission (par des particules relativistes) d’un rayonnement électromagnétique dans un plan orthogonal à la direction de l’accélération
L’émission est piquée dans un cône centré sur la direction de propagation et d’ouverture θ = 1/γ
Ce rayonnement tient son nom du fait qu’il a été mis en évidence la 1ère fois en 1947 sur un « synchrotron à électrons » de GE construit par Langmuir
!
"=1
#
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 7/25
Le rayonnement synchrotron (2/3)
Pour une machine circulaire, on peut montrer que la puissance rayonnée par une particule ultra-relativiste de charge e est :
Pour des e± et des protons de même quantité de mouvement placés sur la même orbite, on a :
Le rayonnement synchrotron intervient dans les machines circulaires à e±, mais pas pour les machines à protons
Rayon de courbure de la trajectoire
0,0073 7000 LHC
15,6 108 LEP2
1,1 50 LEP1
PRS(MW) E (GeV)
e ± protons
!
PRS=2 3
e2c 4" #0
$4 R2
! PRSp PRSe = me
mp
"
#
$ $
%
&
' ' 4
= 1
1836
"
# $ %
&
' 4
(10)13
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 8/25
La puissance déposée par rayonnement synchrotron peut faire des dégâts
Exemple du blindage en plomb du polarimètre du LEP
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 9/25 P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 10/25
Le rayonnement synchrotron (3/3)
Le rayonnement synchrotron est une limitation dès qu’on est intéressé par l’énergie des particules accélérées (accélérateurs dédiés à la physique des particules)
⇒ les accélérateurs à e ± de la physique des particules seront grands
C’est par contre un effet recherché dans certains cas (accélérateurs dédiés à l’utilisation du rayonnement synchrotron)
⇒ les accélérateurs dédiés au RS seront des machines à e ± compactes
La limitation du rayonnement synchrotron disparaît pour un accélérateur linéaire …
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 11/25
Une caractéristique des collisionneurs
Puissance transportée par un faisceau :
!
P(MW)=E(GeV)"I(mA)
500 0,013
20 60 60 Courant
total (mA) Puissance (GW) Energie
(GeV)
7000 250 27,5 920 1000 HERA p 55
3500 LHC
0,003 RHIC
HERA e 0,55
60 Tevatron
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 12/25
Collisionneurs de leptons versus collisionneurs de hadrons (1/3)
Dans tous les cas, on exploite ΔE* = Δm c2
Leptons (e-, e+, µ± ?)
Particules élémentaires : énergie bien définie et état final propre (+ et -)
• LEP I et SLC ont été ajustés sur le Z
• TRISTAN n’a rien vu (servi a rien ?)
Luminosité très bien mesurée (à l’aide des Bhabha e+e → e+e) (+)
Particules légères : limitation du rayonnement synchrotron (-)
• ⇒ Machine adaptée aux études de précision
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 13/25
Collisionneurs de leptons versus collisionneurs de hadrons (2/3)
Hadrons (p, pbar)
Particules composites : énergie disponible dans la collision moins bien définie mais gamme d’énergie accessible beaucoup plus grande que dans une machine à électrons (-)
• ⇒ Machine adaptée aux recherches de particules nouvelles
Beaucoup plus de bruit de fond (--)
Luminosité mal mesurée
Particules lourdes : pas de rayonnement synchrotron (un peu au LHC) (+)
Beaucoup de radiation induite autour de l’accélérateur (--)
Très grandes sections efficaces (pour le signal et pour le bruit !)
• Par exemple σ(Z) / σtot = 1 au LEP et 10-7 au LHC
• ⇒ difficultés de reconstruction des événements et de leur sélection
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 14/25
Collisionneurs de leptons versus collisionneurs de hadrons (3/3)
Leptons : la largeur d’une résonance est obtenue par un scan en énergie dont la limitation vient de la mesure de l’énergie des faisceaux
Hadrons : la largeur d’une résonance est obtenue par la résolution du détecteur
Exemple du Υ
Collisions hadroniques
Collisions leptoniques
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 15/25
Collisionneur type
Les 1ers collisionneurs datent des années 60
Bien noter que le faisceau circule typiquement plusieurs heures
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 16/25
Exemple : les accélérateurs du CERN
Zitoun
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 17/25
Les accélérateurs au CERN
De la production à la détection
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 18/25
Le Large Hadron Collider (LHC)
Collisionneur proton proton (E = 7 TeV)
Tunnel du LEP (2 π R = 27 km)
Aimants supraconducteurs (8,4 T)
90 tonnes d’hélium liquide superfluide à 1,6 K
« le plus grand réfrigérateur du monde »
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 19/25
Les autres grands collisionneurs
actuels
D0CDF
H1 ZEUS
STAR Phénix
Remarque : certaines expériences ne seront probablement jamais refaites sur d’autres accélérateurs (LEP et LHC), d’autres sont mêmes uniques (GSI) !
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 20/25
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 21/25
⇒ Les caractéristiques de chaque détecteur sont liées à la physique étudiée (e±, hadrons, ions, ν, ..)
H → Z Z → 4µ dans ATLAS
23 événements de biais minimum par croisement ≈ 1900 particules chargées + 1600 particules neutres
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 22/25
Exemple du canal H → Z Z → 4 µ au LHC
Le signal + 30 événements de minimum bias
Idem en sélectionnant toutes les traces avec
pT > 2.0 GeV
Traces chargées uniquement
⇒ Les contraintes sur les détecteurs LHC sont énormes (granularité, vitesse d’acquisition, ..) !
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 23/25
Une interaction « typique » en physique des particules
On ne détecte directement que les produits finaux
Les produits de réaction intermédiaires sont généralement trop instables pour être observés
On cherche le maximum d’information sur les produits finaux pour remonter à la réaction initiale
Exemple du collisionneur LHC
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 24/25
Une aide supplémentaire
Comme l’impulsion du système initial est connue et que l’impulsion se conserve, le détecteur est généralement fait pour utiliser cette contrainte
P. Puzo / 2007-2008 R&E - UE6 - Détection en physique des hautes énergies - II 25/25
Le détecteur idéal
Couverture de tout l’angle solide
Mesure de la quantité de mouvement, de l’énergie, de la masse, de la charge, …
Réponse rapide
Malheureusement, il n’existe pas de méthode de détection permettant de tout mesurer à la fois. Il faut donc combiner plusieurs mesures
Limitations : place disponible, technologie, coûts
Particules chargées, neutres
et photons