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Première de couverture : Photo Jean-Marc De Samie Quatrième de couverture : Dessin de Patrick Saintonge

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Academic year: 2022

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Première de couverture : Photo Jean-Marc De Samie Quatrième de couverture : Dessin de Patrick Saintonge

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LE PRÉ DE BUFFALO BILL Mémoire collective de cheminots

des ateliers du Prado

Ouvrage publié avec le concours de l'Office Culturel de la Ville de Marseille

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JEAN-PIERRE OSTENDE

LE PRÉ DE BUFFALO BILL Mémoire collective de cheminots

des ateliers du Prado

VIA VALERIANO

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© Via Valeriano, 1990.

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Avant la guerre de 1914 dans le quartier de la Capelette à Marseille, il y a un grand pré que l'on appelle le pré de Buffalo Bill parce que le cirque de Buffalo Bill, à chacun de ses passages dans la ville, s'y installe. On dit que des Indiens sont restés dans la ville et que certains de leurs descendants y vivent encore.

Un jour ce n'est plus le pré de Buffalo Bill mais un atelier, un grand atelier qui fait partie des ateliers de Marseille-Prado. Des hommes et des femmes y réparent et entretiennent des trains : non pas les machines, les locomotives, mais les voitures à voyageurs et les wagons à marchandises.

Avant la guerre de 1939, mille compagnons ouvriers travaillent aux ateliers de Marseille- Prado. Ce sont des cheminots de la Société Nationale des Chemins de Fer, la SNCF.

A peu près toutes les corporations sont représentées. Tous ceux qui y sont passés évo- quent la fourmilière ou la ruche.

En fin 1988, sur l'ancien pré de Buffalo Bill, il reste moins d'une centaine d'ouvriers.

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Ils attendent leurs mutations sans enthousias- me. Parmi eux quelques-uns ont envie d'écrire sur les ateliers du Prado. Ils savent que cela se termine. Ils ne parlent que de ça. Ils ont des souvenirs.

A la demande du comité d'entreprise SNCF de la région Provence Alpes Côte d'Azur, et plus particulièrement de quelques ouvriers des ateliers qui avaient envie que l'on écrive quelque chose, s'élabore un projet d'écriture.

Quelque chose comme un livre sur les ateliers.

Pas un historique. Ni une enquête. Pas plus un inventaire total qu'une reconstitution. Un livre à travers des mémoires. Un livre qui ne dira pas tout sur les ateliers mais essayera de les res- tituer dans leur originalité à travers des souve- nirs. Une mémoire collective, comme on dit.

Avec ses trous et ses répétitions, tout cela pas entièrement ordonné par un plan, ni par une démonstration. Des gens qui parlent, des monologues mais aussi des dialogues, des des- criptions, des listes d'objets, de couleurs, d'odeurs, des tracts, des dates, des avis, des extraits de règlement, des articles du journal d'entreprise. Tout cela à récolter. Tout cela j'avais à le récolter. "Comme on s'en souve- nait..." ou "Des images, des tracts, des lettres...

si on en retrouvait."

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Le projet fut accepté par le Centre National des Lettres et c'est ainsi que commença en novembre 1988 l'écriture. Avec une double méfiance pour le "nature" et la momification.

Mais aussi une grande naïveté : par exemple en ce qui concerne l'implicite (ce qui va de soi, les gestes quotidiens par exemple, et dont on ne parle pas, ce qui mine le réel). Mon tra- vail sera aussi de mettre en place des mémoires, les faire se répondre, les présenter, les disposer jusqu'à ce qu'elles deviennent un livre, un livre des ateliers du Prado qui n'est ni une histoire (naissance, vie, mort) ni un recueil de témoignages en vrac.

La SNCF pour beaucoup de gens, c'est la gare. Travailler à la SNCF, c'est travailler à la gare et puis aussi, surtout avec le TGV, c'est conduire des trains. Et d'après la chanson, il n'y a que le chef de gare qui peut être trompé.

Le plus souvent on ne pense pas à une entre- prise qui construit un réseau mais plutôt à une administration de déplacements de popula- tion et de marchandises. Une administration qui assure la sécurité de l'emploi à vie, la retraite à cinquante ans pour les roulants et cinquante-cinq ans pour les autres employés.

Ce statut remonte au début du vingtième siècle, à l'époque des Compagnies de Chemin de Fer.

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Quant aux ouvriers de façon générale, quand on parle d'ouvriers, la référence la plus courante est celle de l'industrie privée. Les ouvriers, c'est l'industrie privée. L'industrie privée, avec ses grandes grèves et ses patrons.

On ne croit pas, souvent, qu'il y ait d'autres ouvriers. Les ouvriers cheminots qui réparent et entretiennent les trains ne semblent exister que quand ils sont en grève. Les ouvriers d'une "administration" avec presque toutes les corporations :

Menuisiers Soudeurs Tourneurs Fraiseurs Ferreurs Freinistes Fondeurs Ajusteurs Garnisseurs Bourreliers Chaudronniers Electriciens Peintres Leveurs

Mécaniciens d'entretien Manœuvres

De toutes ces corporations il ne restait prati-

quement plus rien en 1988. Le premier jour

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où je suis arrivé, les ateliers étaient déjà à l'abandon. De l'herbe sur les voies. De vieux wagons. De vieilles voitures vertes avec un Z à la peinture blanche. Des vitres cassées. Des hangars vides. Des affiches jaunies, déchirées.

Un calendrier périmé. Des règles de sécurité

"dans le vide". Des flèches qui n'indiquent plus rien.

Désoeuvrement, plus de communauté.

Attendre. Et que faire ? Survivre. ("Sans tra- vail, le vaisseau de la vie humaine n'a point de lest", Stendhal, Souvenirs d'égotisme).

J'ai essayé de savoir quel avait été leur pre- mier jour. Un premier jour si différent de cet abandon. Un premier jour dans les ateliers où l'image revenant (la fantôme) le plus fréquem- ment était animale.

Ruche, fourmilière.

Avant c'était une ruche.

Le premier jour j'ai eu peur.

Le premier jour j'étais très impressionné.

Mille hommes, vous vous rendez compte.

Il y avait la forge... Tous ces bruits.

Tous ces bruits, une symphonie.

Le premier jour je me demandais où j'arrivais.

Un monstre !

On se sent petit.

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Puis très vite on en fait partie.

On est fier.

On est fort.

On est ensemble.

Ensemble c'est la force.

Le paysage aussi a changé. Avant, les deux grands ateliers (voitures et wagons) étaient séparés par un boulevard (le boulevard Fernand Bonnefoy, cheminot résistant tué durant la libération de Marseille). D'un côté les voitures à voyageurs. De l'autre les wagons.

Les grandes charpentes métalliques. Le pont roulant (pont, avec un rail, qui se déplace latéralement devant les hangars et transporte la voiture ou le wagon).

Le toit en dents de scie de l'atelier. Noir et gris sous ciel bleu. Un vaste terrain occupé par des hangars avec de petits morceaux de voies sur lesquelles il y des voitures à voyageurs. Et des fosses. Un cul-de-sac ici. L'environnement y est aussi pour quelque chose. On était dans une impasse. On était très mal placé.

Avant il fallait voir le parc à vélos. Ça res- semblait au marché aux puces. Le hangar était en bois avec, au-dessus, de la toile goudron- née. Quand on entrait c'était un peu le souk, tous ces vélos alignés sur une trentaine de

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Avant la guerre de 1914 dans le quartier de la Capelette à Marseille, il y a un grand pré que l'on appelle le pré de Buffalo Bill parce que le cirque de Buffalo Bill, à chacun de ses passages dans la ville, s'y installe. On dit que des Indiens sont restés dans la ville et que certains de leurs descendants y vivent encore.

Un jour ce n'est plus le pré de Buffalo Bill mais un atelier.

Avant la guerre de 1939, mille compagnons ouvriers travaillent aux ateliers de Marseille-Prado.

Ce sont des cheminots de la Société Nationale des Chemins de Fer, la SNCF.

En fin 1988, sur l'ancien pré de Buffalo Bill, il reste moins d'une centaine d'ouvriers. Ils attendent leurs mutations sans enthousiasme. Parmi eux quelques-uns ont envie d'écrire sur les ateliers du Prado... Une mémoire collective, comme on dit.

Avec ses trous et ses répétitions...

La fermeture et l'écriture. Coïncidence ? Les ruptures deviendraient les plus mémorables des choses ?

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