UTILISATION DES ALIMENTS BROYÉS ET AGGLOMÉRÉS
PAR L’AGNEAU A L’ENGRAIS
II. — COMPARAISON DU FOIN DE LUZERNE CONDENSÉ AU FOIN DE LUZERNE NORMAL EN PRÉSENCE D’UN ALIMENT CONCENTRÉ OFFERT ad libitum
R. PINOT R.
JARRIGE
J.-C. MERLE Station de Recherches surl’Élevage
des Ruminants,Centre de Recherches
zootechniques
et vétérinaires sur les Ruminants,63 - l’heix, près CLERMONT-FERRAND Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Quatre
rations constituées du même foin de luzerne et du même aliment concentré ont été dis-tribuées,
sous différentes formes et suivant différentes modalités, à quatre lots de 14 agneauxqui
avaient été sevrés précocement
( 9
à lasemaines).
Lapériode expérimentale
a duré del’âge
moyen de Isemainesjusqu’à l’abattage,
aupoids
de 34kg.Les agneaux recevant ad libitum le foin condensé
(aggloméré
après avoir été finementbroyé)
etl’aliment concentré
(ration
2) ontingéré
2,7 foisplus
de foin que ceuxdisposant
ad libituna du foin normal et de l’aliment concentré(ration
i), et seulement r7 p. 100de moins d’aliment concentré. Ils ont aussiingéré plus
de foin que les agneaux qui recevaient la mêmequantité
d’aliment concentréqu’eux et le foin normal ad libitum
(ration
3). Les agneaux recevant unequantité
limitée de foin condensé(ration
4) ont limité leur consommation d’aliment concentré dont ilsdisposaient
pourtant ad libitum. En définitive, les agneaux ontingéré
desproportions
relatives de foin et d’aliment concen-tr
é de 24 : 76, 51 : 49, 35 : 65 et 26 : 74
respectivement
pour les rations 1, 2, 3et 4.Le
gain
depoids
a étéidentique
pour les deuxpremiers
lots,légèrement plus
faible pour le lot 3 etsignificativement
inférieur pour le lot 4. Il est en bon accord avec laquantité
de matière orga-nique digestible ingérée
sauf pour le lot 2qui
a consommé unequantité
excessive de foin condensé.Pour éviter cet excès, le foin
broyé
doit êtreaggloméré
avec l’aliment concentré en une ration entiè- rement condensée.Le foin condensé est
ingéré beaucoup plus rapidement
que le foin normal. Chez les agneauxqui
le
reçoivent
ad libitum, lepoids
des organesdigestifs
àpartir
du feuillet et de leur contenu estplus
élevé. Ces deux faits sont intéressants pour
interpréter
les modifications del’ingestion
de foin à lasuite du
broyage
et du pressage.INTRODUCTION
La substitution du foin condensé
(aggloméré après
avoir étébroyé finement)
au foin normal dans l’alimentation des moutons à
l’engrais
a faitl’objet
de nombreux essais aux U. S. A.(cf.
revues de 3IINSON,19 6 2
et de BEARDSLEY,i 9 6 4 ).
Elle s’ac-compagne d’une
augmentation
de laquantité
de foiningérée,
du croît des animaux et de l’efficacité de la ration. Cetteaugmentation
estimportante lorsque
le foin estle seul aliment :
2 6,
50et i5p. 100respectivement
pour les moyennes des essais cités par BEARDSI,EY( 19 6 4 ).
Elle l’estbeaucoup
moinslorsque
les agneauxreçoivent également
des aliments concentrés( 3 o
à 50p. 100de laration) : 6, 2 o
et Ip. 100res-pectivement
pour la moyenne des essais cités par le même auteur, ce que confirment lesexpériences plus
récentes(JoHasoa
etal., i96.!,
FO:i’<TENOT et Hopxi-Ns,19 65, JoRnnx
et HANKE,19 65) ;
il faut noter que dans tous ces essais l’aliment concentré étaitaggloméré
avec le foinbroyé
en une ration condenséeunique ;
parailleurs,
laquantité
d’aliment concentré distribuée avec le foin normal étaitgénéralement ajustée
de
façon
à ce que lesproportions respectives
de foin et d’aliment concentré soientidentiques
dans les deux rations.Ces résultats ont été obtenus avec des agneaux relativement
âgés qui
sontabattus à un
poids
de 40 à 45kg.
Ils nepeuvent
pas êtretransposés
directement auxagneaux
produits
en Francequi
sontplus jeunes,
moins lourds et doivent avoir unecroissance
beaucoup plus rapide.
Nous étudions donc leremplacement
du foin deluzerne normal par le foin condensé dans la ration
d’engraissement
de tels agneauxqui
ont été sevrésprécocement,
àl’âge
de 9-io semaines. Nous distribuonsséparé-
ment le foin et l’aliment concentré à la différence des essais
américains ;
deplus,
lesagneaux ont une litière de
paille.
Afind’interpréter
les variations de laquantité ingérée
et de l’eflicacitéalimentaire,
nous étudionsl’emploi
dutemps
des agneaux,l’importance
du contenu des différentscompartiments digestifs,
les fermentations du rumen et lacomposition
de la carcasse.Dans le
premier
essai(PINOT, 19 6 5 )
le foin condensé n’a pas étéingéré
enplus grande quantité
que le foin normal. Nous avonspensé
que celapouvait
être dît aufait que l’aliment concentré était distribué en
quantité
limitée bienqu’importante.
Dans ce deuxième essai nous avons donc distribué ad libitzsm l’aliment concentré et le
foin,
normal ou condensé. Deplus,
sur deux autres lotsd’agneaux,
nous avonsmesuré l’influence de la limitation des
quantités
d’aliment concentré ou de foin condensé.MÉTHODES
De
l’âge
de onze semainesjusqu’à I * abattage,
quatre lotsd’agneaux
ont reçu séparément lemême aliment concentré et le même foin de luzerne, distribués suivant les modalités suivantes :
- le lot i a reçu ad libitum l’aliment concentré et le foin de luzerne sous forme normale ;
- le lot 2 a reçu ad libitum l’aliment concentré et le foin de luzerne sous forme condensée ;
- le lot 3a reçu ad libitum le foin de luzerne sous forme normale et une
quantité
limitée d’ali-ment concentré,
égale
à celleingérée
par le lot 2 ;- le lot 4a reçu ad libitum l’aliment concentré et une
quantité
limitée de foin de luzerne con-densé, égale à la
quantité
de foin normal ingérée par le lot r.Les agneaux ont été abattus à un
poids compris
entre 3z et 36kg correspondant
à unpoids
decarcasse voisin de 1
fi kg.
Conduite des animaux
Nous avons utilisé 56 agneaux mâles, de race
l’yéalpes
du Sud, nés au c. N. R. z. entre le 26 fé-vrier et le 14mars 1964
pendant
lapériode
d’allaitement ils ont eu à leurdisposition
du foin deluzerne et un aliment concentré, offerts à volonté. Ils ont été sevrés brutalement à
l’âge
de neuf àdix semaines
( 59
à oj)
etrépartis
en quatre lotshomologues,
de quatorze agneaux chacun. En raison de l’échelonnement des dates de naissance,chaque
lot a été divisé en deux groupes de sept agneauxqui
sont entrés enexpérience
à sixjours
d’intervalle. Pendant les deux semaines suivant le sevrage les agneaux ont été adaptésprogressivement
aux rationsexpérimentales ;
les aliments distribuéspendant
la phase d’allaitement ont été définitivementsupprimés
quatrejours
avant l’entrée enexpé-
rience.
Au début de la
période expérimentale,
les agneaux étaient âgés de 73 à 84jours ( 7 6, 4
± 0,39jours
en moyenne). Nous avions choisi au moment du sevrage des agneaux dont lespoids
étaientaussi voisins que
possible :
il subsistait néanmoins à l’entrée enexpérience
des différencesimpor-
tantes entre les agneaux, dont les
poids s’étageaient
entre r6,z et 26,8kg ( 21 , 2
+ 0,3okg
enmoyenne).
Un des agneaux du lot 3 a été retiré au bout de 4 semaines parce
qu’il
avait une croissanceextrêmement faible et les résultats le concernant ont été éliminés.
Les agneaux ont été
pesés
troisjours
de suite à 13h 30lors de l’entrée enexpérience,
et les troisjours précédant l’abattage ;
ce sont les moyennes de ces peséesqui
ont servi à calculer le gain depoids
vif durant lapériode expérimentale.
Ils ont été égalementpesés
une fois par semaine à z3h 30.Alimentation
Chaque
groupe de sept agneaux a été maintenu en liberté dans une case avec une litière depaille.
Le foin normal a été distribué deux fois par jour, à 6 h 30et à 14 h 30, le foin condensé et l’aliment concentré une fois parjour,
à 6 h 30.Lorsque
les aliments étaient distribués ad Libitum laproportion
des refus a été maintenue à environ z5 p. IOO. Lesquantités
offertes et refusées ont étémesurées
chaque jour.
Nous avons utilisé un foin de luzerne contenant r7,o p. IOOde matières azo-tées et 36,2p. 100de matières
cellulosiques (p.
IOOde la matièresèche).
Le foin condensé a été pré- paré par broyage du foin normal(les
grilles de broyeur ayant un diamètre de 3 mm) et pressage engranulés
de 5 uun de diamètre, sansadjuvants ;
il avait une teneur en matières azotées totales( 1
8 p. ioo)
légèrement plus
élevée que le foin normal et, surtout, une teneur en cellulose brute Wende( 29
,6 p. ioo)
beaucoup plus
faible. Cette différence a été observée par ailleurs et discutée par DE!tnR- QCI LL
Y et
jOt’RXET
(1967).L’aliment concentré avait la
composition
suivante : 50p. i ood’orge,
35 p. ioo de maïs, i p. i oo de son, 5p. 100decomplément
minéral (65p. ioo dephosphate bicalcique,
3! p. ioo de sel marin);il contenait 11,7 p. ioo de matières azotées totales et 5,1 p. ioo de cellulose brute Wende.
Le comportement alimentaire d’un groupe de sept agneaux du lot i et du groupe correspon- dant du lot 2 a été
enregistré
à deuxreprises,
à sixjours
d’intervalle, au cours des 3eet 4esemaines del’expérience. Chaque
observation (cf. PINOT, 1965) a été effectuée durantdeux jours
consécutifs ;nous avons
enregistré,
lepremier
jour, le comportement des quatre agneaux lesplus
lourds dechaque
groupe et, le deuxième
jour,
celui des trois agneaux lesplus légers.
Le comportement de chacun deces agneaux a été relevé de 6 h 30il 18 h 30, à intervalles d’une minute.
Abattage
Afin d’étudier la
cinétique
de ladigestion
des quatre rations, nous avons abattu des agneaux dechaque
lot, 4, 10et 24heuresaprès
la distribution du repas du matin.D’après
l’observation du comportement alimentaire, nous avons limité à 3h 30la durée de ce dernier repas ; les agneaux ont été alors isolés, sans nourriture.Cinq
agneaux dechaque
lot ont été abattus à chacun des intervalles de 4et io haprès
le début du repas, et les quatre derniers à l’intervalle de 24h. Leprélèvement
etl’étude du contenu du tube
digestif
ont été effectués de la même manière que dans l’essai antérieur(PINOT, 1965).
Nous avons
apprécié
lacomposition
de la carcasse àpartir
desproportions
d’os, muscle et tissuadipeux
dans l’épaule droite(B OCCARD ,
communicationpersonnelle).
Celle-ci a étéprélevée
surchaque
carcasseaprès
ressuyage de 24heures, suivant ladécoupe
de référence définie par BOCCARD et DUMOrrT( 1955 )
etdisséquée.
Digestibilité
des rationsNous avons mesuré
parallèlement
l’utilisationdigestive
des 4rations sur 8 autres agneaux âgésde io semaines au début de l’essai,
qui
avaient été maintenus en cage à bilandepuis
la naissance. Ils ont étérépartis
en 2 groupesqui
ont chacun reçu deux des rations, au cours de deuxpériodes
de4semaines.
La
digestibilité
des rations a été mesurée au cours des deux dernières semaines dechaque période.
Au cours de la 2epériode,
on s’est efforcé de faireingérer
aux agneaux des rations ayant les mêmesproportions
de foin et d’aliment concentré que cellesingérées
par les agneaux(,;
et 4) del’essai en lots.
RÉSULTATS
Les agneaux ayant un
poids
très variable au début de l’essai et étant abattus à unpoids comparable,
la durée de lapériode expérimentale
a été très variable entreagneaux d’un même lot
(tabl. 3 ).
Lesquantités ingérées
parjour (tabl. i)
et lesgains
de
poids journaliers (tabl. 3 )
sont les valeurs moyennes parjour
deprésence
dansl’essai.
Quantités
d’alimentsingérées
Les agneaux du lot i, recevant à volonté le foin normal et l’aliment
concentré, ingèrent
unequantité
de foin relativement constante au cours de l’essai( 0 , 2 8 kg)
et une
quantité
croissante d’aliment concentré(fig. i).
Laproportion
d’alimentconcentré dans la ration
(matière sèche)
passe de 70à7 8
p. 100et elle est en moyenne!4 de p. 100.
Les agneaux du lot 2, recevant à volonté le foin condensé et l’aliment
concentré,
en
ingèrent
desquantités comparables ;
leur ration contient en moyenne .!9 p. 100 d’aliment concentré et 51 p. 100 defoin,
cesproportions
demeurant relativement constantes au cours de l’essai. Parrapport
aux agneaux du lot r, ilsingèrent
2,7 foisplus
de foin mais seulement 17 p. 100 d’aliment concentré en moins et, parsuite,
27 p. 100 de matière sèche deplus.
Les agneaux du lot 3,
qui reçoivent
l’aliment concentré enquantité limitée, égale
à celle
ingérée
par le lot 2, et du foinnormal, ingèrent
une rationqui
contient enmoyenne
6 5
p. 100 d’aliment concentré et 35 p. 100 de foin. Ils consomment beau- coup moins de foin que les agneaux du lot 2( 54
p.100 )
maisplus
que ceux du lot i( 4
6
p.ioo).
Ilsingèrent
finalement la mêmequantité
de matière sèche que ces der- niers etcompensent
donc la réduction de laquantité
de concentré par une augmen- tationéquivalente
de laquantité
de foin.Les agneaux du lot 4
reçoivent
l’aliment concentré ad libitum et unequantité
limitée de foin
condensé, égale
à laquantité
de foin normalingérée
par les agneaux du lot i(donc
relativement constante au cours del’essai).
Ilsingèrent
moins d’aliment concentré( II
p.100 )
que ces derniers etguère plus (7
p.100 )
que les agneaux du lot 2qui
consommentpourtant
2,7 foisplus
du même foin condensé. Leur rationcomporte
en moyenne 74p. 100 d’aliment concentré.Le
comportement
n’a été observé que pour les deux lotsdisposant
des deuxaliments à volonté et seulement
pendant
lajournée (de
6 h 30 à 18 h30 ).
Les agneaux du lot 2 recevant le foin condensépassent
environ deux fois moins detemps
àingréer
leur foin que les agneaux du lot i recevant le foin normal tout en
ingérant beaucoup plus (tabl. 2 ).
Ilspassent également
moins detemps (5 4
p. 100 demoins)
àingérer
leur aliment concentré et à ruminer
( 20
p. 100 demoins).
Les agneaux recevant le foin normal effectuent un repas de foin
important après chaque
distribution et de nombreux repas d’aliment concentré au cours de lajournée.
Les agneaux recevant le foin condensé effectuent des repas de foinbeaucoup plus
courts(de
59 p.100 )
et un peu moins nombreux(différence
nonsignificative)
et des repas de concentré à la fois
plus
courts et moins nombreux.Nous avons calculé la vitesse
d’ingestion
des aliments(en
g de matière sèche parminute)
ensupposant
que les agneaux avaientpendant
2q. heures le mêmeemploi
dutemps
quependant
les 12 heures d’observation. Les agneaux du lot 2ingèrent
leur foin condensébeaucoup plus
vite que les agneaux du lot i leur foin normal : 7,ig/mn
au lieu dei,6.
Faitcurieux,
ilsingèrent
aussibeaucoup plus
viteleur aliment concentré :
1 6, 5
g au lieu de7 ,8
g. Les mêmes calculsappliqués
auxobservations de l’essai
précédent (PiN O T, 19 65)
mettent en évidence la même diffé-rence : 2,7
g/mn
de foin condensé et 7,7g d’aliment concentré au lieu de 1,4 g de foin normal et 4,5 g d’alimentconcentré ;
elle étaitcependant
moinsimportante, proba-
blement parce que l’aliment concentré était distribué en
quantité
limitée.Gain de
poids
et carcasseMis à
part l’agneau
du lot 3qui
a dû être retiré del’essai,
tous les agneaux ont effectué une croissancerégulière jusqu’à l’abattage
et n’ontjamais présenté
detroubles sanitaires.
Les agneaux des trois
premiers
lots ont eu un croîtjournalier
très satisfaisant(tabl. 3 ), identique
pour les deuxpremiers ( 2 68
et 270g) qui
recevaient les aliments adlibitum,
un peuplus
faible( 25 8 g),
mais pas defaçon significative,
pour le troi- sième dont la ration d’aliment concentré était limitée. Aucontraire,
les agneaux du lot 4, recevant l’aliment concentré à volonté et le foin condensé enquantité limitée,
ont eu un croît
( 222 g/j) (P
< 0,01 avec les lots i et 2, P < 0,05avec le lot3 ) signifi-
cativement inférieur aux trois autres
lots ;
ils ont été abattus de 7 à Ijours plus
tard. On obtient le même classement des lots et la même infériorité du
lot 4 après
avoir éliminé les agneaux extrêmes s’écartant de
plus
de 2 u de la moyenne, soitpour le
poids
à l’entrée dansl’essai,
soit pour la durée deprésence
dans l’essai.A
l’abattage
on a noté un contenudigestif plus
faible pour les lots i et 2,qui
étaient alimentés ad
libitum,
et un rendement vrai(poids
de la carcasserapporté
aupoids
vifvide) significativement (P
<0 , 05 ) plus
faible pour le lot 2que pour les trois autres. Cela est dû enpartie
au fait que ces agneaux ont un tubedigestif plus
déve-loppé
àpartir
du feuillet(tabl. 4 ) ;
ladifférence, qui
est de l’ordre de 15 p. 100, est hautementsignificative (P
<0 , 001 )
parrapport
à chacun des trois autreslots ;
elle
provient
surtout de l’intestingrêle.
Cette observation est enparfait
accord avecles résultats de l’essai
précédent (PINOT, 19 6 5 )
que nous n’avions pasdépouillés jusqu’ici (tabl. 4 ) :
les agneauxqui
avaient reçu le foin condensé ad Libitum ou la ration entièrement condensée avaient eux aussi un tubedigestif plus développé
àpartir
du feuillet que ceuxqui
avaient reçu le foin normal( 13
et 16 p. 100respective- ment).
On n’a pas observé de différences
significatives
entre lots dans la cotation des carcasses, laproportion
des différents tissus dansl’épaule
ni dans lepoids
de lagraisse périrénale (tabl. 3 ).
Ce dernier étaitcependant plus
élevé pour les carcasses du lot i,peut-être
parcequ’elles
étaientlégèrement plus
lourdes. Les carcasses desquatre
lots avaient un étatd’engraissement
voisin del’optimum.
Conte!2us
digestifs et fe y mentatioaa
dans le rumenNous voulions étudier la
cinétique
de ladigestion
desquatre régimes
en abattantdes agneaux à différents intervalles à
partir
de la distribution du dernier repas, repasdont les agneaux
disposaient pendant
3 h 30. Mais nous n’avons pas pu les abattre le mêmejour
ni mesurer leur consommation individuelle. Pour un mêmerégime
les agneaux ont donc pu
ingérer
leurs aliments enquantité
et enproportion
différentes.Il en résulte une variabilité
importante
entre agneaux d’un même traitement et cer-taines anomalies : la
principale porte
sur les contenusdigestifs
des agneaux du lot iqui,
4
heuresaprès
le début du repas, se trouvent êtreplus
faibles que 6 heuresplus
tard
(temps
10heures).
Voici les
principales
différencesqui apparaissent
entre lesrégimes,
surtout pour les observationseffectuées q heures
et 10heuresaprès
le début du repas(tabl. 5 ) :
- le contenu du rumen et le contenu
digestif
total sontplus
faibles pour les agneaux des lots i et 2, recevant les deux aliments adlibitum,
que pour ceux des lots 3et 4dont un des aliments est enquantité limitée ;
- par
rapport
au contenu total le contenu du rumen est moinsimportant
pour les lots i et 3 ;
68, 4
et65,6
p. 100respectivement,
au lieu de 73,4 et 74,3 pour les lots 3 et 4 ;- le contenu
digestif
hors rumen des agneaux recevant ad libitum le foin condensé et l’aliment concentré(lot 2 )
est nettementplus
élevé que celui des trois autreslots,
pourlesquels
il est trèscomparable ;
enpoids
de matièresèche,
la diffé-rence est de l’ordre de 20p. 100pour le total mais elle est
beaucoup plus
élevée pour les contenus du feuillet( 24
g au lieu de 13, 15 et 17 grespectivement
pour les lots i,3 et 4 )
et du côlon( 133
g au lieu de 105,94et 95g).
Nous avions observé des diffé-rences
comparables
dans l’essaiprécédent (PmoT, 19 6 5 ) ; toujours
pour la moyenne des mesures effectuées 4et 10heuresaprès
le début du repas, lesquantités
de matièresèche contenues dans le feuillet étaient de 14, 21et 24g et dans le côlon de
85,
II3 et 140 grespectivement
pour les agneaux recevant le foinnormal,
le foin condensé etla ration
condensée ;
- la teneur en matière sèche des contenus
digestifs
du lot 2 estplus
élevée que celle des autres lots surtout dans le rumen et dans le feuillet mais aussi dans tous les autrescompartiments.
Chez les agneaux des différents lots abattus 4 heures
après
le début du repas, la concentration des acides gras volatils dans lehquide
du rumen estélevée;
lepH
et la
proportion
molaire d’acideacétique
sont minimum(tabl. 6).
Ensuite la concen-tration diminue alors que la
proportion
d’acideacétique augmente.
Deplus,
la pro-portion
d’acidepropionique
esttoujours élevée,
cequi
estcaractéristique
des rationscontenant une forte
proportion
d’aliments concentrés.Les différences observées entre les
régimes
nepeuvent
pas êtreinterprétées
aveccertitude du fait que nous n’avons pas mesuré les
quantités
dechaque
alimentingé-
rées par
chaque
agneau avantl’abattage.
Certaines sontcependant
assez nettes :d’une
part,
la concentration en acides gras volatils estplus
élevée à la fin du repas(
4 heures)
pour les deux rations i et 2 dont les deux aliments sont offerts adlibitum,
ce
qui
traduit une fermentationplus rapide ;
d’autrepart,
lerégime
4 donne uneproportion
faible d’acideacétique
au bénéfice d’uneproportion
très élevée d’acidepropionique ( 4 heures)
ou d’acidebutyrique ( 10 heures).
Laproportion
d’acide acé-tique
estplus
élevée pour lerégime
2, sans doute parcequ’il
contientplus
de foin.Digestibilité
et utilisation des rationsLe coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique des 4 rations
varie dansle même sens que la
proportion
d’aliment concentré(tabl. 7 ).
Il est de l’ordre de 75 p. 100 pour les rations i, 3et 4 qui
contiennent entre 68 et 75 p. 100 d’aliment concentré. Il est nettementplus
faible(68
p.100 )
pour la rationingérée
par les agneaux recevant ad libitum le foin condensé et l’aliment concentré(ration 2 ).
Ladigestibilité
de la cellulose brute des deux rations contenant du foin condensé est faible(et
variable entremoutons) particulièrement
pour la ration 4lorsqu’on
lacompare à la ration 2, ainsi
qu’à
la ration i ; cette diminution est due enpartie
aufait que le foin condensé a une teneur en cellulose brute
plus
faible que le foin normal àpartir duquel
il estpréparé (cf. D EMARQUIHY
etJ OURK ET r 9 6 7 ).
Si nous admettons que les agneaux en lots ont
ingéré
une ration de mêmediges-
tibilité que leurs
homologues
en cages, nous obtenons les valeurs suivantes(tabl. 7 )
pour les
quantités
de matièreorganique digestible (m.
o.d.) ingérées
parjour
et parkg
degain : 0 ,8 0
et 3,0okg
pour le lot i ; 0,92 et 3,42pour le lot 2 ;0 ,8o
et 3,09 pour le lot 3 ; 0,75et3 , 3 8
pour le lot 4. Les différences entre lots sontplus
faibles si nouscalculons les
quantités d’énergie
netteingérée (en
caloriesNF’K) d’après
la formuleproposée
par BREIREM( 2 , 3 6
matièreorganique digestible-1,20
matièreorganique
non
digestible) :
1 575 et5 880,
1 745 et 6460,
1 555 et 6 020, 1 4go et 6 700respecti-
vement pour les lots 1, 2, 3 et 4. Il est intéressant de noter que les agneaux du lot 2 ont
ingéré beaucoup plus
de matièreorganique indigestible
que les autres : 61 p. 100 deplus
que les lots 1 et 3 et8 5
p. 100deplus
que le lot 4.DISCUSSION
Dans la discussion nous ferons état des résultats de l’essai
précédent (Prn-oT, 19
65) ;
les deux essais ont été réalisés sur des agneaux de même race et de mêmeâge qui
avaient tous été sevrésprécocement.
Nous tiendronségalement compte
des résultats des autres travauxpoursuivis
à la Station sur l’utilisation des foins con-densés dont certains ont été
publiés (BÉ RAN GE R
etJ ARRI GE, 10 6 2 ) - (D!M.!xQumr,y
et
J OURNËT ig6 7 ). - (J OURNET
etDÉMARQUIILY, 1967).
Quantités ingérées
Les agneaux recevant ad
libitum,
etséparément,
le foin de luzerne condensé et l’aliment concentré ontingéré
autant de foin que d’aliment concentré( 51 : 4 g).
Cesproportions
semblent bien êtrecaractéristiques
de telsrégimes ;
d’une part, elles sesont maintenues
pendant
toute lapériode expérimentale (fig. i)
alors que la propor- tion de foin normal diminuait dans lerégime
i ; d’autrepart,
nous les avons retrou- vées(5 3 : 47 )
dans un essai semblable sur desagnelles.
Nous avions d’ailleurs observé des valeurs très voisines( 54 : 4 6)
dans l’essaiprécédent lorsque
les agneaux rece- vaient l’aliment concentré enquantité
limitée maiscependant importante ;
c’estprobablement
parcequ’ils
nedisposaient
pas d’aliment concentré ad libitmnqu’ils
limitaient leur
ingestion
de foin condensé aupoint
de ne pas consommerplus
de foinque leurs
homologues
recevant le foin normal. Tout se passe donc comme si lesjeunes
agneaux recevant du foin condensé ad libitum et un aliment concentré en
quantité importante
ou ad libitum avaient tendance àingérer
les deux aliments enproportions
relativement
égales.
Cette tendance vers unéquilibre pourrait expliquer
dansune certaine mesure
pourquoi
les agneaux du lot 4, dont la ration de foin condensé étaitlimitée,
ontingéré beaucoup
moins d’aliment concentréqu’on
nepouvait
l’es-pérer ; n’ayant
malheureusement pas observél’emploi
dutemps
de cesanimaux,
nous ne pouvons pas
interpréter plus
avant leurcomportement alimentaire’
Les agneaux du lot 2 recevant du foin condensé ad libitum ont
ingéré
2,71 etz,85
foisplus
de foin que ceux des lots i et 3respectivement qui
recevaient le foin normal. Nous retrouvons donc enprésence
d’alimentconcentré, l’augmentation
de laquantité ingérée,
à la suite dubroyage
et du pressage, observéelorsque
le foin estdistribué seul
(cf.
revues de DIr:!rson,19 6 3 , B!axDS!,EY, 19 6 4 ).
Associés à ceux deDr!M!RQum.!,y
etJOURNET ( 19 67),
nos résultats sur lecomportement
ali- mentaire et sur les contenusdigestifs permettent d’interpréter
cetteaugmentation.
Elle est associée aux deux
particularités
que la réduction en finesparticules
par lebroyage
donne au foin condensé : d’abord ilpeut
êtreingéré beaucoup plus rapide-
ment
( 7 , 1 gjmn
au lieu de1 ,6
dans leprésent essai) ; ensuite,
ilpeut quitter plus
facilement le rumen que le foin normal et y
séjourner
moinslongtemps.
Cette der-nière
particularité n’apparaît
paslorsque
le foin condensé est distribué enquantité
très limitée comme c’est le cas dans le
régime 4 :
les agneaux ne consomment alors pasplus
de l’aliment concentré pour se rassasier que ceux du lot iqui ingèrent
lamême
quantité
de foin mais sous formenormale ;
ils en consomment même moins.Il n’en est
plus
de mêmelorsque
le foin condensé est offert adLibitum ; l’agneau
eningère plus
que de foin normalgrâce
à lapropriété qu’a
le foin condensé deséjourner
moins
longtemps
dans le rumen. Cetteparticularité
est la condition et laconséquence
d’une
ingestion plus
élevée mais elle n’en est pas la cause. Celle-ci doit être recherchée dans le fait que le foin condensé estingéré beaucoup plus rapidement
que le foin normal d’abord parcequ’il
estplus préhensible
et,peut-être aussi,
parcequ’il
estplus appétible. L’agneau
recevant le foin condensé modifieprofondément
soncomporte-
ment comme le montrent les observations réalisées tant dans le
présent
essai que dans leprécédent
ainsi que par d’autres auteurs. Il réduit la durée des repas de foin et letemps
totald’ingestion
mais dans uneproportion
moindrequ’il
n’aaugmenté
savitesse
d’ingestion ;
il sembleingérer plus rapidement
l’aliment concentré :r6,r g/mn
au lieu de g,o et !,9 au lieu de
4 ,8
g dans l’essaiprécédent ;
il diminue sontemps
de rumination.Quelles
sont dans ces conditions les sensationsqui
entraînent le rassasiement ? Proviennent-elles essentiellement de l’état deréplétion
du rumen, comme c’est lecas pour les rations
composées
presque exclusivement defourrages
normaux ? Sont- elles surtoutd’origine métabolique,
comme chez lesmonogastriques ?
Deux faits res-sortent de la mesure des contenus
digestifs
que nous avons effectués sur tous les agneaux des deuxessais, malgré
l’incertitude liée à l’absence de mesure dequantité ingérée
par chacun d’eux :- la
quantité
de matière sècheprésente
dans le rumen vers la fin de lapériode d’ingestion qui
suit la distribution des aliments a été exactement la même(!4o g)
pour
cinq
dessept régimes
étudiés dans les deuxessais,
que le foin soit condensé ouqu’il
soitnormal ;
- en
revanche,
laquantité
de matière sècheprésente
dans la suite du tubedigestif
estbeaucoup plus
élevée chez les agneaux recevant le foincondensé ;
celava de
pair
avec un accroissement dupoids
des différents organes, faitqui
n’avaitpas été
signalé jusqu’ici
à notre connaissance.La
réplétion
du rumen a fort bien pu limiter laquantité
d’alimentingérée
parnos agneaux avec la
plupart
desrégimes
utilisés. Laréplétion
des autrescomparti-
ments
digestifs
a elle aussi pu intervenir dans le cas durégime comportant
du foin condensé adlibitum,
soitdirectement,
soit indirectement en freinant lavidange
durumen. Certains auteurs
( MONTGOMERY
etB AUMGARDT , 19 6 5 )
ont émisl’hypothèse
que les ruminants recevant des rations riches en aliments
concentrés,
telles que cellesque nous avons utilisées