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Catherine Servan-Schreiber, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice

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Texte intégral

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Géographie et cultures 

76 | 2010

Géographie des musiques noires

Catherine Servan-Schreiber, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice

Yves Raibaud

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/1282 DOI : 10.4000/gc.1282

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 novembre 2010 ISBN : 978-2-296-54657-8

ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Yves Raibaud, « Catherine Servan-Schreiber, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice », Géographie et cultures [En ligne], 76 | 2010, mis en ligne le 20 mai 2013, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/gc/1282 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.1282 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.

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Catherine Servan-Schreiber,

Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice

Yves Raibaud

RÉFÉRENCE

Catherine Servan-Schreiber, 2010, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice.

Chutney indien et séga Bollywood, Paris, Riveneuve, 320 p.

1 Catherine Servan-Schreiber fait preuve d’une grande modestie lorsqu’elle annonce en préface qu’il lui a été plus facile de travailler sur la musique des Bohjpuri à l’île Maurice que sur le continent, à Bénarès ou Patna et dans les États dont ces villes (Uttar Pradesh et Bihar) sont les capitales. Même si Maurice est une petite île, les presque 400 pages de son livre montrent la complexité et la foisonnante créativité de la musique régionale actuelle de cet État de l’océan Indien. On s’émerveille, malgré les précautions de l’auteure, de constater cette permanence d’une ligne musicale identitaire, à la fois fragile et perpétuellement renouvelée, qui relie les bohjpuri mauriciens d’aujourd’hui à leurs lointains ancêtres indiens migrants, commerçants, puis engagés volontaires (coolies).

2 L’introduction annonce la rigueur du propos : le chutney mauricien ne peut pas être réduit à un récit légendaire entretenu par ses adeptes, ni simplifié au profit d’une communauté régionale ou par souci de promotion touristique. Citant en exergue Gilroy, l’auteure nous invite d’abord à interroger ces musiques sous l’angle du métissage (hybridation ? branchement ?), puis à envisager leur historicité comme musique de diaspora, enfin à questionner le concept de créolisation proposé par les auteurs antillais (Glissant). Ces préalables déminent le travail de l’anthropologue et lui permettent de rentrer dans une description épaisse d’un phénomène musical complexe

Catherine Servan-Schreiber, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice

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qu’elle aborde tantôt avec la compétence d’une historienne, tantôt d’une sociologue, parfois même avec les outils de la linguistique ou de l’ethnomusicologie.

3 Le parti pris du fil conducteur historique – qui mène des origines indiennes à la migration, jusqu’à la rencontre avec la musique lyrique européenne, le séga et les influences des musiques noires américaines – permet une lecture aisée, alors que le texte est dense et nourri de façon permanente par les extraits de chansons, les portraits, les monographies. À travers ce récit, les évolutions musicales du chutney n’apparaissent pas seulement esthétiques ou formelles, mais forgées par les événements qui conduisent la communauté en exil, puis provoquent, à travers les luttes avec les autres communautés, la création d’une identité insulaire.

4 Cette musique propre à Maurice est présentée comme un « fait social total » : l’auteur ne sépare pas les musiciens de leur public, ni des conditions matérielles de production de la musique qui les unit : les camps, le travail, la concurrence avec le théâtre parsi, la rencontre avec la musique des esclaves noirs, l’influence du séga, l’organisation des fêtes et des concerts. On appréciera le souci de ne pas oublier le sexe des artistes lorsqu’il s’agit de parler des chants de travail des femmes, de l’amour ou de la famille, mais également pour valoriser la production conséquente et originale des chanteuses de chutney et de séga .

5 Le répertoire sert de matière première pour illustrer l’empilement de ces strates qui forgent la mémoire collective, s’inscrivent peu à peu dans un « style » jusqu’à s’incarner dans les orchestres modernes et se matérialiser par des disques, des émissions de radio et de télévision. À la manière des grands historiographes du jazz, l’auteure fait vivre les principales figures, femmes et hommes, qui illustrent cette épopée musicale, aujourd’hui présente sur les scènes mondialisées des « musiques du monde ».

6 Dans Black Atlantic, Paul Gilroy regrettait que le débat contemporain sur la modernité ait largement ignoré la musique. Catherine Servan-Schreiber s’applique à prouver le contraire dans sa description d’une « musique métisse entre chutney mauricien et séga Bollywood ». Elle montre ainsi, avec succès, le rôle et l’efficacité de cette expression musicale créolisée dans la construction de la modernité mauricienne.

AUTEURS

YVES RAIBAUD

ADES /CNRS – Université Bordeaux 3 Michel de Montaigne

Catherine Servan-Schreiber, Histoire d’une musique métisse à l’île Maurice

Géographie et cultures, 76 | 2010

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