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(S')Explorer : une disposition anthropologique

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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(S’)Explorer : une disposition anthropologique

19 et 20 novembre 2014

Journées Doctorales au LESC (MAE) Université de Paris Ouest la Défense Nanterre

Résumé

Ces journées d’études seront consacrées à l’exploration ethnographique et aux diverses déambulations méthodologiques qui traversent le travail de la recherche en anthropologie. Les communicants sont invités à revenir sur les manières dont ils valorisent leur expérience sur le terrain en autant de procédés d'enquête et de restitution de cette dernière. En étant aussi bien attentif à la collecte des données, à leur nature, ainsi qu'à la variation de leur statut lors de leur traitement et de leur analyse, on se demandera comment la prise en compte des engagements sensibles dans le monde permet d'élargir le champ des objets et des outils méthodologiques. On se posera également la question des passages entre subjectivité et objectivité en s'adossant aux travaux traitant et de la légitimité de la réflexivité et de l'adaptation à l'anthropologie d'un ensemble de dispositifs expérimentaux (généralement développés dans les sciences dures) dont l'opportunité ne manque pas d'émerger dès lors que la problématique de la perception passe de la périphérie au centre de l'enquête ethnographique.

Cet évènement est pensé comme un espace privilégié d’échanges entre doctorants et chercheurs selon le format habituel de journées d’études. L’appel à communication de cette édition 2014 est ouvert aux doctorants en anthropologie, en ethnologie et en sociologie du LESC et d’autres institutions. Ces journées se dérouleront les 19 et 20 novembre prochain à l’Université de Paris Ouest la Défense (MAE – LESC). Les communications retenues seront publiées courant 2015.

Argumentaire

L’objectif de ces journées d’étude est d’explorer diverses facettes et alternatives de l’enquête ethnographique et de sa restitution, tant au niveau de l’intelligibilité et des façons d’observer les êtres et les objets qui traversent le terrain qu’aux façons de décrire ces expériences et leur vécu. (S’)Explorer devient la condition à une anthropologie qui permet au chercheur de disposer, de soi et des autres êtres, c’est-à-dire tenir compte, mettre en forme et éclairer les éléments empiriques qu’il rencontre.

Diverses réflexions ont profondément façonné l’état de la recherche actuelle en anthropologie, tant sur les plans empirique, analytique qu’épistémologique. Parmi elles, le questionnement textualiste, initié par C.

Geertz (1973) puis entériné avec les travaux de J. Clifford et des post-modernes dans les années 1980, a contribué à reformuler les modalités de l’activité ethnographique. Déjà, l’écriture était envisagée comme une fiction, distincte des faits. Les procédés rhétoriques ont alors été profondément discutés tandis que la réflexivité a été convoquée, et avec elle, le chercheur. Cette prise sur soi, ce retour sur l’expérience vécue, a dès lors entrainé le chercheur à s’interroger sur ses différentes formes de restitution, au-delà d’un « je » hypertrophié ponctuant les descriptions ethnographiques.

Se restituer soi-même, c’est aussi s’éprouver. Depuis les années 2000, des tentatives ont émergé afin de repousser les limites établies en termes de réflexivité, et de reformuler de façon expérimentale ses formes de restitution. Ces nouvelles alternatives s’expriment de différentes manières et se définissent comme forme légitime de savoir. Représentatif du courant postmoderne et réunis sous la bannière des pratiques analytiques créatives (Richardson 2004), ces travaux considèrent la connaissance comme étant toujours partielle, locale

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et historique, et l’écriture comme un lieu d’incorporation de connaissances sensibles, de savoirs théoriques, d’émotion autant que de cognition (Fortin & Houssa 2012).

L’anthropologie regroupe aujourd’hui des approches d’une grande variété qui invitent les chercheurs à examiner la pluralité des visions du monde vivant et des êtres qui la composent, tout en allant dans le sens d’une réelle anthropologie de l’altérité. Plus que jamais, nous tentons de penser autrement le champ des possibles et de prendre en compte les points de vue aussi insaisissables, invisibles, et quasi- impalpables soient-ils. Nous entrouvrons ici deux voies pour évoquer les inspections et prospections scientifiques de l’itinéraire de recherche.

(S’)Eprouver

Réflexivité et restitution

Mots-clefs : rôle(s) de l'ethnographe – auto-ethnographie – résonnance scientifique entre chercheur et enquête – performance – corps - émotion

S’éprouver par une démarche réflexive consiste à opérer, avec plus ou moins de force et d’ampleur, un retour sur soi, en tant qu’individu éprouvant mais aussi en tant que chercheur lié à son terrain et ses objets d’investigation. Ce double mouvement, qui replace le chercheur au cœur de son enquête, permet d’appréhender le travail de recherche sous des angles nouveaux (Kleinman & Copp 1993, Bensa & Fassin 2008) En s'éprouvant, quelles voies pouvons-nous explorer pour comprendre les modalités du faire, du voir et du (res)sentir ? Quelles sont, dans cette perspective, les alternatives possibles pour l'analyse et la restitution des données recueillies ?

L’une des voies possibles de restitution et d’appréhension du terrain est l’auto-ethnographie. Dans ce mode d’exploration de l’expérience, la production de la connaissance est élaborée au travers de textes caractérisés par une écriture à la première personne dans laquelle l’aller-retour entre expérience personnelle et dimensions socio-culturelles sont au centre afin qu’émergent et résonnent l’intériorité et la sensibilité de l’auteur (Ellis, 2004). Il s’agit en somme de mieux comprendre la recherche faite ou en train de se faire au prisme de ses propres dispositions individuelles sur le terrain.

L’auto-ethnographie n’est là qu’une des alternatives possibles pour éprouver, appréhender et restituer l’expérience et le vécu du terrain, pivot de la connaissance anthropologique. Parmi les autres formes de restitution, peuvent également être mobilisés le théâtre (Kogut 2005), la science fiction (Lortat-Jacob 1994) ou encore la performance (Spry 2011). Chacune amorce alors un engagement propre à tout chercheur considérant l’expérience subjective comme mode d’apprentissage, de compréhension et d’élaboration des idées, soit comme une véritable disposition anthropologique. En d’autres termes, la réflexivité se doit d’être rediscutée et le mouvement qu’elle initie considérée comme un réel tremplin vers un mode de saisie aiguisé des manières d’être et d’être avec.

Saisir sur le vif ce(ux) qui passe(nt)

Expériences et expérimentations

Mots-clefs : l'éphémère – l'invisible - signes – le non-dit/tacite – l’invisible – les restes – créativité

Entre expérience et expérimentation, les frontières sont poreuses. Les passages, voire les allers et venues, sont constitutifs de l’exploration anthropologique. En posant l’expérimentation comme un postulat de départ, la relation ethnographique est dès lors pensée en elle-même comme expérimentale et l’ethnographe devient acteur de cette expérience. Celle-ci peut également émergée au gré de l’itinéraire de terrain, de la reformulation des objets de recherche et de la relation ethnographique comme un appui pour saisir d’autres formes d’appréhension du monde.

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Sur nos terrains respectifs, nous sommes souvent confrontés à des expériences dont il est difficile de se saisir, à des « choses » qui surgissent, certaines presque impalpables, et qui ne durent pas. Il peut s'agir d'actions, de décisions, d’instants, d'émotions, de chuchotements, de machines, d'esprits, de particules etc.

Nous pouvons nous en détourner ou au contraire choisir d’en tenir compte. Il s’agit là d’œuvrer pour saisir les

« petits riens » à rebours de l’ambition d’une « ethnographie totale ». Mais comment les voir, les entendre, les toucher, les saisir et les suivre pour ensuite les utiliser ?

Ces phénomènes dont nous faisons parfois l’expérience aux côtés de nos interlocuteurs nous amènent à repenser les modalités de nos enquêtes et de nos relations ethnographiques, à passer de l’expérience à l’expérimentation. Quels types et quels niveaux d’expérimentations méthodologiques et analytiques sont possibles ? Selon quels dispositifs et quels protocoles ? Où et comment se déploie et s’arrête le processus expérimental ? Quels en sont les échos sur la production des idées et de la connaissance ? Sans en faire ici une liste exhaustive, diverses approches peuvent être citées : perspective dialogique, micro- observation des signes, des êtres ou des individus (Houdart 2008, Grimaud & Paré 2011, Piette 2012), analyses conversationnelles (Cooren 2013), ethno-syntaxe (Fornel 2010), anthropologie visuelle et filmique (ARTMAP 2009), shadowing (Czarniawska-Joerges 2007), anthropologie corporelle expérimentale, etc. Les voies sont nombreuses pour élargir les champs d’observation du réel et creuser les sillons d’une véritable anthropologie de l’altérité. Ce sont bien ces possibilités là que nous souhaitons voir se déployer durant ces journées doctorales du LESC.

Modalités de soumission

Les propositions de communication devront contenir un titre, un résumé d’environ 500 mots (explicitant la nature du corpus et des indications méthodologiques) ainsi qu’une notice biographique comprenant les informations habituelles (rattachement institutionnel, coordonnées, etc.).

Les contributions devront être basées sur une restitution fine et détaillée des données ethnographiques tout en menant une réflexion méthodologique et théorique sur les questions posées ici. Chaque intervention durera 20 minutes.

Les contributions peuvent s’intégrer dans l’un ou l’autre axe, comme être à la croisée des deux. Les communications proposant des approches non évoquées ici mais liées au thème de l’exploration anthropologique sont aussi les bienvenues. Les communications peuvent se faire en français ou en anglais.

Les intervenants devront envoyer le draft de leur communication 10 jours avant les Doctorales.

Aucun financement ne pourra être attribué aux intervenants pour leur déplacement et leur hébergement.

Les propositions de communication sont à envoyer jusqu’au 1er octobre à l’adresse suivante : explorer2014.lesc@gmail.com

Calendriers

⋅ ⋅

1er octobre : Clôture de l’appel à communication 15 Octobre: Retours aux auteurs

10 novembre : Envoi des communications orales (8 pages maximum)

19-20 novembre : Journées doctorales (LESC-MAE Université de Nanterre Paris Ouest)

Automne 2015 : Publication des communications retenues (envoi des articles pour le 31 janvier 2015).

Comité scientifique

Sophie HOUDART, Chargée de recherche, LESC- CNRS, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Isabelle JABIOT, Doctorante (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Christine JUNGEN, IIAC LAU / EHESS CNRS

Fabien PROVOST, Doctorant (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense - (CEIAS)

Stéphane RENNESSON, Chargé de recherches, LESC – CNRS, Université Paris Ouest Nanterre La Défense

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Gwendoline TORTERAT, Doctorante (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Comité d’organisation

Isabelle JABIOT, Doctorante (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Fabien PROVOST, Doctorant (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense - (CEIAS) Gwendoline TORTERAT, Doctorante (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Bibliographie

COOREN, François et Bruno Latour. Manières de faire parler: interaction et ventriloquie. Perspectives anthropologiques, Lormont : Le bord de l’eau, 2013.

CZARNIAWSKA-JOERGES, Barbara. Shadowing: And Other Techniques for Doing Fieldwork in Modern Societies.

Copenhagen Business School Press DK, 2007.

ELLIS, Carolyn. The ethnographic I : a methodological novel about autoethnography. Walnut Creek, CA, 2004.

FASSIN, Didier, et Alban Bensa, Les politiques de l’enquête: épreuves ethnographiques. Paris : la Découverte, 2008.

FORNEL, Michel de. « L’agentivité en ethnosyntaxe ». Ateliers d’anthropologie. Revue éditée par le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, no 34, 2010.

FORTIN, Sylvie. et Emilie Houssa, « L’ethnographie postmoderne comme posture de recherche : une fiction en quatre actes », Recherches qualitatives, Vol. 31(2), pp. 52-78, 2012.

FORTUN, Kim. Writing culture: the poetics and politics of ethnography. Édité par James Clifford et George E.

Marcus. Berkeley, Etats-Unis, 1986.

GEERTZ, Clifford. Works and lives: the anthropologist as author. Stanford : Stanford university press, 1988.

GRIMAUD, Emmanuel, et Zaven Paré. Le jour où les robots mangeront des pommes: conversations avec un Géminoïd. Paris : Éditions Pétra, 2011.

HENARE, Amiria J. M., Martin Holbraad, et Sari Wastell, Thinking through things: theorising artefacts in ethnographic perspective. Abingdon, 2007.

HOUDART, Sophie. La cour des miracles : ethnologie d’un laboratoire japonais. Paris : CNRS éd., 2008.

KLEINMAN, Sherryl, et Martha A. Copp. Emotions and fieldwork. Newbury Park, 1993.

KOGUT, Kate Berneking. « Framed: A Personal Narrative/Ethnographic Performance/One-Woman Show ».

Journal of American Folklore. Vol. 118 (1), pp. 90-104, 2005.

LORTAT-JACOB, Bernard. Indiens chanteurs de la Sierra Madre: l’oreille de l’ethnologue. Paris : Hermann, 1994.

PIETTE, Albert. De l’ontologie en anthropologie. Paris : Berg international, 2012.

RENNESSON, Stéphane, Emmanuel Grimaud, et Nicolas Césard, « Kings of khwaang » (Film réalisé et diffusé dans le cadre du collectif ARTMAP,ProductionCNRS/EHESS), 2013.

SPRY, Tami. Body, paper, stage: writing and performing autoethnography. Walnut Creek : Left Coast Press, Inc, 2011.

Références

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