S ERVIR LE ROI EN TEMPS DE GUERRES DE R ELIGION
Journée d’études organisée par
Jérémie Foa, Matthieu Gellard et Bertrand Haan
Les états généraux d’Orléans (décembre 1560-janvier 1561). Gravure de Jacques Tortorel et Jean Périssin (1570).
8 juin 2016
9h30-12h30 et 14h-16h30
Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (salle de formation, D-032, 1er étage) Galerie Sorbon / 17, rue de la Sorbonne / 75 005 PARIS Accès libre. En raison du plan Vigipirate, il est cependant nécessaire de se munir d’une pièce d’identité et, si possible, du programme de la rencontre
Avec le soutien du Centre Roland Mousnier (Université Paris-Sorbonne/CNRS), de l’UMR TELEMME (Université d’Aix-Marseille/CNRS)
et de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne.
P
ROGRAMME9h30 Introduction
Jérémie Foa, Matthieu Gellard et Bertrand Haan
1
resession
Sous la présidence de Nicolas Le Roux
10h-10h30 Michel Nassiet
Le service armé de la noblesse pendant les guerres de Religion
10h30-11h
Pause au Club des enseignants
11h-11h30 Olivier Poncet
Servir le roi, incarner l’État :
le dilemme du chancelier de France au XVI
esiècle
11h30-12h Pierre-Jean Souriac
Intérêts royaux et intérêts du parti :
les protestants français dans la décennie 1620 12h
Débat
2
esession
Sous la présidence de Denis Crouzet
14h-14h30 Philippe Hamon
Les mobilisations armées des communautés rurales pendant les guerres de Religion :
une forme de service du roi ?
14h30-15h Fabrice Micaleff
Les bâtards royaux et l’idéal du serviteur parfait sous les derniers Valois.
L’exemple d’Henri d’Angoulême (1551-1586)
15h-15h30 Mark Greengrass
Un serviteur du roi confronté aux critiques.
Les débuts difficiles du lieutenant du roi en Dauphiné, Bertrand Simiane de Gordes (1565-1566)
15h30-16h
Pause au Club des enseignants
16h Débat
Discutants : Nadine Kuperty-Tsur,
Jérémie Ferrer-Bartomeu, Séverin Duc, Sophie Tejedor
Le service incarne et modèle au XVIe siècle les liens unissant l’ensemble des sujets au souverain, à titre collectif comme individuel. Invoqué en toute circonstance, il n’est pas qu’un élément de discours mais touche au cœur des rapports politiques.
Recours ultime, le souverain est entre autres le dispensateur de la justice et des grâces, le père symbolique et le chef d’une l’Église et celui qui doit conduire la destinée providentielle de la monarchie française.
Magistrats, capitaines de gendarmerie, secrétaires d’État, ambassadeurs, gouverneurs de place ou de province, commissaires ou officiers de finances, en premier lieu, ont tous en commun d’être avant tout des serviteurs du roi et de se définir comme tels plus que par leur fonction précise, au-delà des différentes charges qu’ils peuvent occuper, avec une grande fluidité, tout au long de leur vie. Ces hommes sont la chair et le sang de l’État monarchique, qu’ils font fonctionner au quotidien, qu’ils incarnent auprès des sujets ou des princes européens et perpétuent.
Le service n’est pourtant pas seulement le propre des nobles et des officiers. Il caractérise tout autant les clercs, les communautés d’habitants, les municipalités et les partis politico-religieux que les particuliers, qui invoquent aussi leur attachement indéfectible au prince. Il convient par conséquent d’insister sur la communauté de ce lien, insuffisamment soulignée par l’historiographie.
S’il implique une hiérarchie, le service se fonde sur une réciprocité. Il revient au sujet de satisfaire et d’assister le souverain, qui en contrepartie doit reconnaître et accréditer le service rendu et accorder une juste récompense. S’il s’accompagne d’un discours mettant en exergue le dévouement, voire le sacrifice, et la défense du bien commun, il demande à être confirmé en acte. Ainsi est-il un fondement de la fidélité au roi mais doit être profitable à chacun. L’utilité et le bénéfice mutuels sont volontiers invoqués. Le lien de dépendance s’assimile donc plus à une interaction, comportant pour tous des obligations, qu’à une sujétion, et ouvre la porte à la négociation.
Avec le surgissement des divisions confessionnelles en France au début des années 1560, la dimension contractuelle du service du roi a été mise à l’épreuve.
L’autorité royale est remise en question dans les provinces et certains des hommes censés en être les porte-parole font défection. Souvent parce que leurs croyances ou leurs alliances les placent en porte-à-faux avec la Couronne. Parfois aussi, parce qu’ils peinent à suivre la monarchie dans ses volte-face, prenant le risque de perdre toute crédibilité locale. Pour l’ensemble des sujets, le lien naturel entre service et fidélité s’est distendu voire rompu, parce que la légitimité du roi est discutée et parce que sa politique va à l’encontre des convictions religieuses de nombre de catholiques et de protestants.
Cette journée d’études souhaite interroger les différentes configurations du service royal dans le contexte particulier des guerres de Religion françaises. Elle a aussi pour ambition d’embrasser tout le spectre social, dans une perspective comparative permettant de rendre compte des différentes facettes du service du roi et d’envisager autant les groupes sociaux que les trajectoires individuelles.