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Le modèle de l’éducation thérapeutique du patient résiste-t-il à la réalité du praticien ?

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0 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 171 Entité de plus en plus évoquée, l’édu­

cation thérapeutique du patient (ETP) souffre d’une définition souvent mécon­

nue. La représentation généralement rencontrée hors des contextes spécia­

lisés est celle de cours ou d’école con çus pour qu’un malade «apprenne» au sujet de sa maladie et de son traitement. Si l’on restait cohérent avec cette vision, ces enseigne­

ments devraient donc être dispen sés par des structures spécialisées. La place du médecin de premier recours (MPR) dans le mandat de formation du patient est mal établie. Pour­

tant, l’accompagnement du pa tient au long cours offre forcément une multitu de d’oppor­

tunités d’apprentissage. Le propos est ici de discuter comment une certaine vision de l’ETP peut s’intégrer avec la réalité du MPR.1 L’éducation thérapeutique du patient est un champ de pratiques plus qu’un savoir disciplinaire. Ses pratiques se développent dans le quotidien de la rencontre entre des soignants et des personnes vivant avec une ou des maladies chroniques. Elles poursui­

vent une même finalité : favoriser l’engage­

ment des patients dans leur santé par le biais d’apprentissages pertinents. Dès son origine, l’éducation thérapeutique fut pensée com­

me une pratique indissociable du soin. Ce choix traduit à la fois sa finalité – aider les patients à acquérir ou maintenir les compé­

tences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique 2 – mais aussi ses moyens. Le matériau pre­

mier de l’éducation est celui recueilli «au lit du patient», il est donc constitué du récit de sa vie quotidienne. La dimension clinique de l’éducation thérapeutique est essentielle ; le MPR en est un partenaire indispensable.

l

éducation thérapeutique du patient

(

etp

)

au cabinet du médecin de premier recours

Les atouts

Le MPR est pour la personne malade un interlocuteur privilégié, facilement accessible

et choisi par elle. Ce lien pérenne s’est tissé au fil des interactions et des événements de vie, souvent sur des années. Le MPR con­

naît le contexte social et familial dans lequel évolue son patient. La confiance est établie.

L’éducation thérapeutique s’enracine dans la réalité quotidienne de la personne ; cette réalité se transforme dans le temps du fait de l’évolution de la maladie, des traitements et des modifications intervenant dans la vie de la personne. Le MPR est l’un des rares acteurs de santé à accompagner réellement le patient dans le temps et à pouvoir ainsi assurer la continuité du processus éducatif.

Les freins

Malgré ces atouts, la pratique éducative peine à se développer chez les médecins généralistes. Le temps disponible à chaque consultation est court, à la différence d’une hospitalisation durant laquelle le patient est

«captif» plusieurs heures ou jours. Le temps d’une consultation ambulatoire est déjà par­

tagé entre de multiples tâches et missions : réponse à la demande du patient, gestion de l’aigu, prévention, administration, etc. La pression financière et celle de la salle d’at­

tente pleine favorisent des consultations brè­

ves, peu propices à la mise en place d’in­

terventions éducatives. Ce type de con sul­

tation est aussi rendu possible du fait du fonctionnement habituel du médecin, de type

«identification d’un problème – apport de solution». Or, l’ETP nécessite la cocons truc­

tion du projet éducatif au rythme du patient.

Il s’agit d’un tout autre type de fonctionne­

ment. Un tel changement de la pratique mé­

dicale est ainsi d’autant plus difficile qu’il re­

tentit sur la durée de consultation. Enfin les patients eux­mêmes, s’ils demandent à être informés, ne viennent pas a priori chez leur médecin dans l’attente d’une éducation. C’est un frein supplémentaire pour le praticien à adopter une posture éducative au cabinet.

Un mandat à questionner, une posture à adopter

Le mandat est un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de

faire quelque chose pour elle. Le médecin agit pour résoudre les problèmes amenés par le patient. Ce mandat est implicitement partagé par les deux partenaires. Dans de nombreuses situations il est pertinent. Un médecin appréhendant l’éducation thérapeu­

tique sans se questionner sur son mandat pourrait être amené à prescrire simplement au patient des séances d’ETP ! Or, la né­

cessité pour le patient de devenir auteur de sa santé implique nécessairement la redéfi­

nition de ce mandat. En effet, dans le suivi des malades chroniques, le médecin n’est plus celui qui résout les problèmes. Dans le meilleur des cas, il peut favoriser la prise en main par le patient de sa santé. Ce nouveau mandat peut dérouter les médecins comme les patients. Quel patient n’a pas été étonné par le questionnement de son médecin sur ses conceptions de la maladie ? Quel mé­

decin n’a pas entendu : «mais docteur, c’est vous qui savez !» ? Questionner le mandat, c’est donc avant tout expliciter les précons­

truits de la relation, c’est­à­dire les repré­

sentations que l’on a sur autrui et son rôle, avant même de le rencontrer. Actifs à tout moment du suivi, ces préconstruits devront être discutés de manière à préciser un man­

dat définissant les conditions d’engagement réciproque, les rôles et les responsabilités de chacun.

Développer l’éducation thérapeutique du patient dans sa pratique

La variété et l’étendue des problémati ques nous rendent, en tant que MPR, friands de marches à suivre ou d’outils faciles à utiliser dans la réalité de notre quotidien. Au cours de cet atelier, nous illustrerons les étapes qui constituent le processus de l’ETP. Des outils seront présentés et leur utilisation discutée.

Si le MPR est un acteur principal de l’ETP, essentiellement du fait de la qualité et de la continuité du lien établi avec le patient, ses conditions d’exercice et son mandat repré­

sentent des obstacles pouvant empêcher le développement des pratiques éducati ves

Le modèle de l’éducation thérapeutique du patient résiste-t-il à la réalité

du praticien ?

Quadrimed 2012

Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 171-2

V. Barthassat

Dr Vincent Barthassat

Centre de médecine interdisciplinaire Avenue industrielle 1

1227 Les Acacias v.barthassat@cmige.ch

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172 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 0

Bibliographie

1 Lasserre Moutet A, Chambouleyron M, Bar- thassat V, et al. Education thérapeutique séquen- tielle en médecine générale. Rev Prat Med Gen 2011;

25:2-4.

2 Report of a WHO working group. Therapeutic patient education. Continuing education programs for healthcare providers in the field of prevention of chronic diseases.

au cabinet. Les retentissements de la mala­

die chronique sur la vie quotidienne des personnes ne sont pas de nature à être solutionnés, comme peuvent l’être d’autres plaintes adressées au médecin généraliste.

Ce changement de posture, possible dans la mesure où les rôles et responsabilités des deux partenaires sont redéfinis, permet­

tra au médecin généraliste de coconstruire

avec son patient un projet d’éducation thé­

rapeutique pertinent. Si quelques outils et pistes concrètes sont à sa disposition pour y parvenir, beaucoup reste à inventer. L’im­

plantation de l’ETP au cabinet du médecin généraliste passera aussi par la formation des professionnels et l’élaboration avec eux de stratégies et d’outils éducatifs perti­

nents.

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