• Aucun résultat trouvé

Où commencent la socialité et les différentes étapes qui y mènent

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Où commencent la socialité et les différentes étapes qui y mènent"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

HUYGHE Lucie PIETERS Elise

Où commencent la socialité et les différentes étapes qui y mènent

Introduction : L’évolution a été marquée par de nombreux phénomènes majeurs aussi bien sur le plan cellulaire, physiologique que comportemental. C’est ainsi qu’on a vu apparaitre dans différents taxons et à des moments différents la vie sociale remplaçant ainsi la vie solitaire. Mais à partir de quel moment peut-on parler de socialité et quelle sont les étapes, qui au cours de l’évolution, ont permis d’y aboutir. Afin de répondre à cette problématique, nous allons commencer par parler de l'apparition de la sociobiologie dont les études ont permis une meilleure compréhension des comportements sociaux, nous pourrons ensuite alors aborder une définition la plus complète possible de la socialité et discuter de ses limites. Puis dans un second temps nous aborderons les différents stades sociaux tels qu'on les défini actuellement que nous illustrerons par des exemples les plus pertinents possibles.

1.La socialité : concept largement diffusé mais toujours discuté 1)Historique de la sociobiologie

Depuis l’Antiquité, la pensée philosophique cherche à décrire le fondement des sociétés humaines notamment avec la théorie d’Aristote : la société est envisagée comme un être concret, faisant partie de la nature et étudiée par la méthode d’analyse expérimentale. Plus tard les études se sont penchées sur les sociétés animales, connues depuis longtemps mais peu décrite, afin de s’en servir comme base de comparaison avec les sociétés humaines et parvenir qui sait à mieux les comprendre. Nous devons le premier traité de sociobiologie à Alfred Espinas, sociologue français, dans son livre : Des sociétés animales, étude de psychologie comparée, publié en 1877 (Annexe 1). Le terme sociobiologie a été par la suite popularisé par Edward O. Wilson (Annexe 2) en 1975 dans son livre Sociobiology : The New Synthesis. La sociobiologie est une branche de l’éthologie, elle vise à décrire les bases biologiques du comportement social. Elle part du postulat que les comportements sociaux, tels que l’altruisme, sont induits par la nature du vivant et ne sont pas contredits par la sélection naturelle.

(2)

2)Définition et notions sur la socialité

La socialité réside dans le fait de vivre au sein d’un groupe déterminé, ce qui implique une certaine organisation hiérarchisée ou non et un système de communication, le tout pouvant être plus ou moins complexe. On parle de vie sociale également dans les groupes animaux où préexistent des comportements parentaux.

Dans la littérature on peut rencontrer le terme de sociabilité à la place de socialité mais il n’y a pas de réelle distinction entre les deux, il s’agit plutôt d’une préférence linguistique de l’auteur vis-à-vis de l’un ou l’autre des termes.

Toutes les espèces ne présentent pas de comportements sociaux. On distingue 3 principaux taxons caractérisant l’évolution sociale, ce sont les insectes sociaux, les vertébrés non humains (notamment les primates) et les humains. En fonction de différents paramètres plus ou moins poussés, tels que l’inter attraction, le comportement parental, l'apparition d'un site d'élevage commun, la coopération dans les soins aux jeunes, la spécialisation des tâches et l’apparition d’individus spécialisés dans la reproduction, on distingue 5 types principaux de socialité. (Que nous développerons dans la seconde partie)

3)Les limites de la socialité

Chez certains organismes on retrouve des organisations particulières qui pourraient faire penser à de la socialité. Certains auteurs les considèrent même comme un 4ème taxon dans lequel est

Illustration 1: Premier traité de sociobiologie

Illustration 2: Edward Osborne Wilson

(3)

apparu la vie sociale. Il s'agit des invertébrés aquatiques coloniaux. Chez les cnidaires, tels qu’Obelia geniculata, la colonie est constituée de plusieurs polypes ayant une spécialisation différente. Ainsi on observe des individus spécialisés dans la reproduction sexuée, d’autre dans la défense (portant des cnidocystes) et d’autres encore dans la capture de nourriture. Cependant ces individus sont tous issus de la reproduction asexuée du polype initial ayant formé la colonie, ils sont tous génétiquement identiques. De ce fait cette colonie se rapproche plus d’un super- organisme et il ne nous semble pas approprié de parler de socialité dans ce cas là.

Pendant longtemps, les études ont séparé la socialité chez les invertébrés de chez les vertébrés car apparaissant comme différentes. Les spécialistes de ces 2 domaines ne se rencontraient pas et utilisaient un vocabulaire parfois commun mais avec un sens différent . Ce n’est que récemment qu’un langage commun a été établi. En fonction des ouvrages on retrouve des définitions des différents stades qui peuvent varier. Les définitions que nous allons donner correspondent à la vision de la socialité telle que l'entendent Serge Aron et Luc Passera, spécialistes reconnus mondialement de l'écologie comportementale des insectes sociaux.

Illustration 3: Schéma d'une colonie d'Obelia

(4)

2.Des bandes de célibataires à l'eusocialité

1)Le grégarisme

Chez les papillons de nuit on peut observer des regroupements d’individus autour d’un point lumineux, pouvant ressembler à une forme de vie sociale. Pourtant, dès que cette lumière disparait ils se dispersent pour retrouver leur vie solitaire. On parle alors de foule où le regroupement est lié à un facteur environnemental. Au contraire, le grégarisme, stade le plus primitif de la vie sociale, est défini comme étant un regroupement d’animaux de la même espèce résultant de facteurs provenant de leur congénères et non pas de l’environnement. Chaque animal exerce une attraction spécifique sur ses congénères et reçoit d’eux en retour également d’une attraction. On parle d’inter attraction. Le regroupement n’est pas seulement lié à la reproduction, il concerne la vie des animaux en général. La découverte de fossiles de Pucadelphys andinus en Bolivie en 2011 montre que le grégarisme est un caractère ancestral étant apparu au moins dès le tertiaire chez les mammifères. Prenons l’exemple des bancs de poissons,

Un banc de poissons est un regroupement temporaire d’individus de taille similaire et de la même espèce se déplaçant ensemble de manière non hiérarchisée. La moitié des espèces de poissons connues se réunissent en banc au moins une fois au cours de leur vie. Pour une coordination entre individus il est nécessaire qu’ils soient capables de se reconnaitre ; différents moyens peuvent être utilisés ( stimuli visuel sur le corps, olfaction, organes électriques, bioluminescents…).

Ce sont tout de même les signaux visuels qui sont le principal facteur d’interattraction entre poissons ( Ex : poisson corail du Pacifique Dascyllus arvanus). En effet chaque individu est simultanément un stimulant visuel pour ses congénères et est lui-même stimulé par leurs déplacements. Ce regroupement permet une meilleure survie, notamment pour les poissons se trouvant au centre du banc qui sont en général les plus jeunes. Les individus adoptent par ailleurs des comportements qui favorisent leur pénétration dans l’eau.

Tableau 1: Les degrés de la socialité

(5)

2)Le stade subsocial

Une seconde étape dans l’évolution de la vie sociale est l’apparition de comportements parentaux individuels en plus de l’inter attraction. On parle alors de stade subsocial. Le comportement parental individuel correspond à des soins apportés à ses propres jeunes (soins avant la naissance, protection et apprentissage des jeunes), qui bien qu’étant un coût énergétique non négligeable pour les parents, assure une chance de survie accrue pour la descendance. De ce fait, l’énergie investie dans les soins ne permet pas d’investir dans un nombre élevé de jeunes. Ces comportements parentaux sont dits polyphylétiques, ils ont en effet apparus de manière indépendante dans différents groupes zoologiques. Contrairement au grégarisme, les rassemblements sont cette fois-ci liés uniquement à la reproduction.

Prenons l’exemple du crapaud accoucheur Alytes obstetricans appartenant à la famille des Alytidae . Cette espèce se rencontre depuis la moitié nord de la péninsule Ibérique jusqu’à l’ouest de l’Allemagne. Sa taille peut atteindre jusqu’à 5 cm, la femelle est plus grande que le mâle.

A partir du mois de Mars, le mâle chante afin d’attirer les femelles. La ponte des œufs a lieu en général durant la nuit sur le sol, la femelle pond un chapelet d’œufs ( 50-70) pendant que le mâle lui masse l’abdomen pour l’aider puis va les féconder. Il entortille autour de ses pattes arrières le chapelet d’œufs nommé le cordon ovigère et va le porter jusqu’à l’éclosion ; tous les soirs il se dirige vers un point d’eau pour faire tremper les œufs. C’est entre le 24 eme et le 44 eme jours que les têtards vont sortir de leur coquille et rester dans l’eau. On a observé un meilleur taux de survie de ces têtards en comparaison à notre crapaud commun Bufo bufo.

Illustration 4: Poisson corail du pacifique

(6)

3)Le stade colonial

A partir du moment où les soins aux jeunes sont effectués dans un site d’élevage commun à plusieurs femelles on parle de stade colonial. Ce site peut être considéré comme un nid protecteur.

Bien qu’habitant dans un même endroit, les familles travaillent pour leur propre compte en ignorant les autres. Ce regroupement ne dure que le temps de la reproduction et de l’élevage des jeunes.

Le fou de Bassan (Morus bassanus) un oiseau de mer ne vivant qu'en Atlantique Nord et qui est le plus gros des oiseaux de mer d'Europe on retrouve cette formation coloniale. Chaque année, d'avril à juillet, on les retrouve en colonies denses sur les falaises et les îles rocheuses, où ils s'adonnent à une parade nuptiale. Un couple peut demeurer ensemble pendant plusieurs saisons et au fil des années. La femelle pond un seul oeuf que les parents vont couver tour à tour pendant 6 semaines. Le jeune va ensuite être nourris pendant ses parents durant 90 jours avant de devenir autonome. La plus grande colonie du monde se situe sur l'île Bonaventure, en Gaspésie (c'est à dire au Canada) et qui regroupe quelques 60 000 couples.

Illustration 5: Crapaud accoucheur avec les oeufs

(7)

4)Le stade communal

Dans d’autres situations il est possible de retrouver une coopération des femelles dans les soins aux jeunes sans spécialisation particulière dans les tâches, ce qui définit le stade communal.

On observe cette situation chez certains coléoptères comme les Necrophorus. Ce sont des nécrophages que l’on peut retrouver sur les continents au climat tempéré. Ils sont dotés d’un odorat puissant qui leur permet de localiser un cadavre encore frais. Lorsque c’est le cas plusieurs femelles transportent ensemble un cadavre qu’elles vont enterrer sans le manger mais en aillant pris le soin de retirer la fourrure ou les plumes. Elles vont ensuite pondre sur ou à proximité du cadavre un œuf, qui au stade larvaire sera attiré par l’odeur du cadavre dont les larves vont se nourrir grâce à leur puissantes mandibules et qui sera suffisant pour assurer tout le cycle larvaire.

Puis les jeunes vont rejoindre les femelles dans une loge centrale où ils vont recevoir une bouillie provenant de la chair en putréfaction jusqu’à ce qu’ils soient aptes de voler et de trouver leur propre nourriture.

Illustration 6: Colonie de Fous de Bassan en Bretagne

(8)

5)Le stade eusocial

Dans certains groupes d’animaux, on observe en plus de la coopération dans les soins aux jeunes 2 autres paramètres spécifiques qui sont la cohabitation d’au moins 2 générations d’adultes et l’existence d’individus spécialisés dans la reproduction. Lorsque ces 3 paramètres sont réunis on est alors en présence du stade social le plus évolué, l’eusocialité. Celle-ci est divisée en 2 catégories : l’eusocialité primitive et l’eusocialité évoluée.

–Le stade eusocial primitif : contrairement à la définition de l’eusocialité donnée par Michener, la division du travail est exclue. Ce cas est bien illustré par les chiens de prairie, appartenant à l'Ordre des rongeurs. On l'appelle chien de prairie en raison des cris qu'il émet lorsqu'il se sent menacé. Ils vivent en Amérique du Nord et forment des colonies souterraines appelées « villes » pouvant s'étendre sur plusieurs hectares en dessous et au dessus du sol. Chaque ville comprend plusieurs clans voisins, où les individus d'un même clan, ou coterie, partagent les même galeries.

Traditionnellement un clan est composé d'un mâle, de 3 femmes adultes présentant des liens parentaux (mère, fille, sœur) et de six jeunes. Les individus ne se déplacent qu'au sein des galeries de leur côterie et la défende contre d'éventuelle intrusion. La reconnaissance se fait par l'intermédiair d'un « baiser » échangé qui est typique de chaque clan. S'ils se reconnaissent comme faisant partie du même clan ils se toilettent mutuellement. Il n'y a aucune spécialisation pour la reproduction, chaque femelle va se reproduire avec le mâle et l'élevage des petits se fait en commun.

Illustration 7: Necrophorus

(9)

Le stade eusocial évolué : Pendant longtemps le caractère d'eusocialité évoluée était réservé aux hymenoptères sociaux tels que les fourmis ou les abeilles. Cependant en 1996 a été découvert un nouveau genre social. Les crevettes eusociales du genre Synalpheus vivent en groupe (allant d'une dizaine à une centaine d'individus) dans les canaux internes des éponges des récifs coralliens de l'ile de Belize, au large du Honduras. Chez ces petits décapodes d'à pein 1cm on retrouve une seule femelle, spécialisée dans la reproduction. En effet celle-ci, plus grosse que toutes les autres, et la seule a être fertile et sa fertilité tend même à augmenter en même temps que l'effectif du groupe. On retrouve également un chevauchement de générations avec différentes cohortes de juvéniles d'âge croissant. Certaines crevettes, plus grandes, possèdent un de leur péréiopode transformé en immense pince d'une taille pouvant atteindre la moitié du corps de l'animal. Ils peuvent être assimilés à la caste des « soldats » dans les sociétés d'hyménoptères, et leur rôle est la défense de l'éponge contre les intrus qui voudraient s'approprier leur gîte.

On retrouve également ce type de comportement au sein des mammifères, chez les rats taupes mais il fait exception.

Illustration 8: Le baiser de reconnaissance des chiens de prairie

Illustration 9: Crevette Synalpheux à pince gigantesque

(10)

Conclusion : Le passage de la vie solitaire à la vie sociale est une transition majeure de l'évolution. A ce jour beaucoup d'études ont été réalisées afin de mieux cerner l'apparition de la coopération animale. Cependant nous sommes loin d'avoir saisi toutes les subtilités de ce domaine et l'approche qui reste à ce jour la plus convaincante est une vision économique des comportements. C'est à dire étudier les coûts et bénéfices d'un tel mode de vie en terme de succès reproductif. Nous passons la parole à Marine et Mélanie pour nous éclairer sur les avantages et inconvénients de la vie en société...

Références

Documents relatifs

Nous nous sommes intéressés ici à apporter des données utiles pour le reboise- ment et concernant la phénologie, la conservation des graines et la

Duplications (et/ou transpositions) de gènes suivies de mutations sur

3- Production des gamètes : Les anthéridies sont matures en premier : protandrie et produisent les anthérozoïdes mobiles (gamète mâle) ; les archégones

Sur la partie qui n’est plus recouverte par ces résines, on peut alors réali- ser des traitements chimiques nécessaires pour parvenir à ces assemblages extrême- ment complexes

Le corps spongieux et les corps caverneux permettent l’érection lors de l’excitation sexuelle.. corps

Dans tous les groupes zoologiques, les comportements altruistes entre conjoints dérivent phylogénétiquement des comportements de soins aux jeunes.. Un mécanisme

- Tous les individus de F1 sont gris  l’allèle codant pour la couleur grise est dominant (G) alors que l’allèle codant pour la couleur blanche est récessif (b).. On valide

En fait, chez la plupart des plantes, la pollinisation est croisée : le grain de pollen provenant de l’organe mâle, l’étamine, d’une fleur est déposé sur le stigmate du