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Saxifraga diapensioides

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Academic year: 2022

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SAXIFRAGA DIAPENSIOIDES 1997

JOURNAL D’UNE RECHERCHE POUR LE COMPTE DE LA CPS

(COMMISSION SUISSE POUR LA CONSERVATION DES PLANTES SAUVAGES)

Pierre MINGARD

Vaincre, se surpasser... Mais la victoire, c’est aussi connaître ses limites. La victoire, c’est aussi renoncer. Lorsque la rosée a détrempé les herbes et que le bras n’a pas besoin de se tendre pour les toucher à hauteur d’épaule et que l’on a encore tant de choses à voir...

Si d’aucun interprète cette dépense d’énergie comme une manifestation en souvenir de ce frère1estimé et aimé de tous, il n’a pas tout tort. C’est aussi et surtout face à l’ampleur du travail pour lequel je m’étais engagé qu’il a fallu profiter des grandes périodes de beau temps dont nous avons été gratifiés, surtout en fin d’été.

La cartographie de cette espèce est bien passionnante, car elle oblige à sortir des sentiers bat- tus et elle permet d’intéressantes observations des milieux très divers que l’on traverse. Il arrive même de trouver de nouvelles stations d’espèces peu connues. Quoi de plus féerique que le spec- tacle d’une prairie où fleurissent des miriades de primevères farineuses, ou plus tard, au même endroit, les hélianthèmes à grandes fleurs, ou encore, après quelques bons essoufflements, on tombe sur une colonie de gentianes de Schleicher? Les randonnées solitaires réservent encore le privilège de nombreuses rencontres d’animaux: marmottes, chamois, bouquetins, cerfs, renards, hermine, et même un couple d’aigles au fond du Val Ferret le 15 juin et le 14 août. Ce 14 août précisément, j’ai été accompagné pendant plus d’une heure par un des aigles, après l’avoir déjà été par le couple pendant un long moment. Les animaux sont moins farouches, j’ai même plus d’une fois failli marcher sur une marmotte. Ce travail nécessite souvent de très grands déplace- ments à pied. Il est également nécessaire de remonter (et descendre) des couloirs herbeux dont la déclivité dépasse parfois 45° ou des éboulis quelques fois très instables; par contre, j’ai été amené à découvrir une région que j’ai (trop) longtemps négligée.

Les rochers relevés dans la haute Vallée de Bagnes étant orientés généralement soit à l’est, soit à l’ouest, il n’a pas toujours été possible de les observer dans les conditions optimales d’éclaira- ge du matin ou de l’après-midi. Par exemple, le 4 juin 1997, j’ai pu scruter tout à loisir, pendant le plein ensoleillement du matin, les falaises dominant les Luis de la Biole à leur extrémité nord, où elles plongent dans le lac de Mauvoisin, alors que le 2 août 1996, j’avais parcouru ces mêmes lieux en fin d’après-midi. Les plantes se confondaient alors avec les rochers. J’ai pu faire ce genre d’expérience à plus d’une occasion, et il ne faudra dès lors plus s’étonner de voir les listes s’al- longer ou se modifier. A plusieurs reprises, j’ai encore modifié mes postes d’observation, afin de mieux voir certains recoins. En 1997, j’ai généralement consacré plus de temps pour chaque observation.

Bulletin du Cercle Vaudois de Botanique N° 27, 1998: 45-66

1A mon frère Eric, enlevé par une ambolie sur le toit des Amériques.

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Je dispose actuellement de jumelles de bonne qualité, 12 x 50, qui me permettent d’identifier formellement les saxifrages jusqu’à 30-40 m, et même jusqu’à 60-80 m en plein soleil. Lorsque le terrain le permet, je m’approche toujours au maximum pour vérification, mais également pour profiter pleinement du spectacle et compter avec plus d’objectivité et de précision. Il m’a été pos- sible de découvrir des plantes à de plus grandes distances (jusqu’à 350 m, voir plus loin pour la station de Bocheresse). Dans ces cas-là, j’ai toujours pris le temps de vérifier en me rapprochant au maximum des rochers, et les diverses notes ne tiennent compte que des plantes formellement identifiées. Je suis persuadé d’avoir deviné bon nombre de Saxifraga diapensioides qui ne sont pas relevés ici.

Lors de mes recherches, je me suis toujours méfié des confusions possibles avec d’autres espèces. En effet, à grande distance, les vibrations dues à l’humidité de l’air ne permettent pas toujours une vision très précise de la plante observée. Avec le sens de l’observation, il est tout de même possible de prendre ses repères, même à plus de 15 m:

Artemisia umbelliformis pourrait être confondue avec plusieurs autres espèces à plus de 60 m de distance. A moins de 20 m, la confusion n’est plus possible grâce à son feuillage très découpé.

Gypsophila repens rappelle, par son feuillage, la couleur de Saxifraga diapensioides lors- qu’on l’observe à plus de 100 m. A moins de 40 m, la distinction est facile.

Silene acaulis, qui se trouve fréquemment dans les parages, se reconnaît à ses coussinets généralement de grandes dimensions et aplatis, assez rarement bombés, et qui épousent les formes des rochers. Sa couleur est toujours d’un beau vert franc.

Androsace helvetica forme des coussinets toujours très bombés, verts à vert-grisâtres et se trouve généralement sur des roches très compactes.

Saxifraga exarata ssp. moschata forme des coussinets de formes assez variables. Par temps très sec, ces coussinets prennent des teintes ternes et il est souvent nécessaire de vérifier de près.

Saxifraga caesia forme généralement de petites touffes, relativement nombreuses et apla- ties, sur des rochers la plupart du temps passablement fracturés et assez rarement sur des parties verticales. La couleur du feuillage est franchement glauque. Cette espèce se ren- contre très fréquemment sur des pierriers fins en phase de colonisation (dans la Combe de l’A, elle occupe de grandes surfaces dans cette situation), ce qui n’est jamais le cas pour S. diapensioides.

Saxifraga oppositifolia forme des touffes, souvent irrégulières, vert sombre, apparaissant presque noirâtres de loin. Il est toutefois nécessaire de vérifier de près parfois.

Saxifraga paniculata, qui, de très loin, permettrait le plus facilement la confusion, se reconnaît avant tout à son feuillage volumineux et ses rosettes larges de plus de 1,5 cm. La hauteur de ses hampes florales est importante avec ses tiges généralement rougeâtres et ses fleurs relativement nombreuses. S. paniculata accompagne rarement S. diapensioides.

Dans la combe de l’A, S. paniculata est beaucoup plus fréquente sur les pierriers et les pentes rocheuses que dans les rochers verticaux où elle est plutôt très rare.

Saxifraga diapensioides se caractérise par des coussinets un peu glauques, avec des pro- tubérances arrondies et irrégulières. Bien que ne mesurant que quelques milimètres de haut, ces protubérances se remarquent de très loin et pour les grosses plantes, on observe des ondulations à l’image du bouillonnement d’un liquide très épais. Les fleurs sont blanches en début de floraison, tirant sur le crème ensuite. La floraison est précoce et pré- cède les autres espèces de saxifrages. Les hampes florales supportent 1 à 4 fleurs et sont

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plus courtes que chez les autres espèces. Les tiges et les calices sont jaunâtres après la flo- raison et le restent longtemps avant de virer brusquement au brun, alors que les tiges tirent plutôt sur le rouge chez les autres espèces. Les boutons floraux sont toujours dressés, alors qu’ils sont penchés chez S. caesia.

Il est impossible d’inspecter la totalité des grands escarpements qui dominent le lac de Mauvoisin, tels ceux de Pierre à Vire, des Luis de la Biole ou de Torrembet. Leur configuration et leur composition permettent de supposer une plus grande présence de notre saxifrage par rap- port aux observations relevées ici. Il en va de même pour la Combe de l’A où j’ai renoncé à gra- vir la plupart des sommets par leur versant est, souvent très escarpé, et où le terrain paraît favo- rable en maints endroits pour notre saxifrage. Il est bien heureux de constater la bonne protection dont bénéficie cette espèce, par sa discrétion et son mimétisme en dehors de son époque de flo- raison qui se situe bien avant la grande saison touristique, hormis sur les hauts sommets de la Combe de l’A. Mais ceux-ci sont hors de portée de la majorité des randonneurs. Même si elle semble abondante au vu de la réalisation de cet inventaire, elle doit encore être considérée comme espèce rare et protégée, ne serait-ce qu’à cause de son aire de répartition restreinte. A l’intérieur de cette zone, elle est d’ailleurs bien moins abondante que les autres espèces de saxifrages.

17.5.97 Le Tseppi, Madzeria

L’excursion de ce jour était consacrée à l’évaluation de l’état d’avancement de la floraison de notre saxifrage, en vue de programmer les excursions de cet été.

Le Tseppi

Sur le grand bloc situé au-dessous du point 1653, la floraison est abondante et déjà sur le déclin.

Dans la gorge, les plantes sont déjà très fleuries également. Le vent est très violent et il ne fait pas bon rester sur la passerelle.

Madzeria

La floraison y est à son apogée et je découvre une nouvelle petite colonie à mi-hauteur de la falai- se de la gorge et à mi-distance entre les deux courbes de la Dranse:

17° alt. ~1700 m, cs. 94.930/592.400, 12 plantes.

4.6.97 Mauvoisin

Luis de la Biole

Les notes qui suivent remplacent celles du 2 août 1996 (MINGARD1997) concernant ce lieu de la zone des tunnels, les conditions météorologiques étant nettement meilleures qu’en 1996, et le temps consacré à l’observation beaucoup plus important. De plus, les plantes sont en pleine flo- raison.

Escarpements quasi verticaux à proximité du point 2057, au N des Luis de la Biole, traversés par 3 tunnels, exposition généralement SSE à E, rarement ENE, aux altitudes variant de 2030 à

~2100 m, entre les cs. 91.890/593.030 et 91.560/593.070:

1° rocher à proximité d’un petit torrent, ~30 m au-dessus de la route, alt. 2090 m, 7 plantes.

2° rocher vertical au bord de la route, à 80 m du point 2057, 45 plantes, dont 3 à 1,5 et 1,7 m au-dessus de la route.

3° rocher à 20 m au-dessus du n° 2, alt. 2070 m, 3 plantes.

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4° escarpements presque verticaux couvrant le tunnel N, 20 m au-dessous et 30 m au-dessus de la route, vers la sortie S, 73 plantes.

5° escarpements presque verticaux entre le tunnel N et le tunnel intermédiaire, entre 10 et 30 m au-dessus de la route, 28 plantes.

6° rochers entre le tunnel N et l’intermédiaire jusqu’à 15 m au-dessus de la route, 30 plantes.

7° rochers aux alentours du tunnel intermédiaire, 7 plantes.

8° escarpements presque verticaux couvrant le tunnel S, 20 m au-dessous, 40 m au-dessus de la route, 133 plantes.

Luis de Pierre à Vire

Au retour de l’excursion, je suis étonné de voir tant de taches blanches sur la falaise dominant le marais de la Lia. De la route, il est difficile d’en distinguer la nature, d’autant plus que le soleil a déjà tourné. En m’approchant de la falaise, je constate qu’il s’agit de lichens, mais la curiosité me pousse à inspecter les alentours. C’est alors que je découvre une nouvelle petite colonie de saxi- frages:

– escarpements dominant le Marais de la Lia, exp. SE, alt. 2180 m, cs. 93.390/592.700, 12 plantes fleuries.

9.6.97 Mauvoisin: Chermotane, Grand Chermotane

Ayant en mémoire une indication concernant Chermotane (JACCARD 1895), j’ai voulu en con- naître davantage sur ce lieu, immense pâturage très pentu et pierreux, que l’on parcourt généra- lement en vitesse au début ou à la fin d’une expédition, et sur une route ma foi assez rébarbative.

Je désirais également visiter un autre Chermotane: le Grand Chermotane, sur le chemin de la Fenêtre de Durand.

Mauvoisin

En me penchant contre la balustrade, vers l’entrée du 2e tunnel après le barrage de Mauvoisin, j’aperçois quelques plantes à environ 40 m au-dessus et à l’applomb de l’entrée du tunnel (voir plus loin la surprise du 8.7.97).

Le Seudzay

Les rochers répertoriés ci-après se trouvent à 200 m et plus au N des escarpements dominant les Luis de la Biole. J’ai choisi la séparation en prenant pour repère le torrent qui descend des Mortas, sous le sommet du Tournelon Blanc et passant au S des Plans, vers le point 2347,2.

Expositions SSE à E.

1° rocher vertical de 15 m de haut, 50 m au-dessus de la route, exp.: SE, cs. 92.200/592.830, alt. 2140 m, 71 plantes.

2° bas de falaise, cs. 92.180/592.800, alt. 2170, 3 plantes.

3° rocher vertical avec un surplomb important au sommet et formant comme une visière de casquette, 50 m au-dessus de la route, cs. 91.930/592.980, alt. 2110 m, 5 plantes le long du rebord du surplomb, avec Primula hirsuta à proximité immédiate.

4° rocher vertical, à peu près dans le prolongement du précédent, 70 m au-dessus de la route, alt. 2130 m, 5 plantes.

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5° rocher à proximité de la grande cascade, cs. 91.860/592.860, alt. 2200 m, 1 grande plante.

6° rocher au bord de la route à 140 m du tunnel N, 2 plantes.

Luis de la Biole

La numérotation suit celle du 4.6.97.

9° escarpements au-dessus du tunnel intermédiaire, vers la sortie N, mais visibles seulement de la fenêtre du tunnel en se penchant un peu au-dehors, 26 plantes.

Chermotane Expositions SE à E.

1° rochers à ~50 m du tunnel S, jusqu’à 30 m au-dessus de la route, alt. 2040 m, cs. 91.460/593.080, 51 plantes.

2° rocher à ~70 m du tunnel S, 6 plantes.

3° rocher à 100 m du tunnel S, 3 plantes.

4° rocher à 120 m du tunnel S, 60 m au-dessus de la route, 5 plantes.

5° rocher à 130 m du tunnel S, 30 m et 50 m au-dessus de la route, 15 plantes.

6° rocher isolé à 170 m du tunnel S, 40 m au-dessus de la route, 1 plante.

7° rocher émergeant de la pente 25 m au-dessus de la route, alt. 2040 m, cs. 90.960/593.180, 24 plantes.

Grand Chermotane

Les investigations jusqu’au Grand Chermotane en suivant tout d’abord la route de la cabane de Chanrion et en montant en direction de la Fenêtre de Durand jusqu’à l’altitude de 2400 m n’ont rien donné.

10.6.97 Le Tseppi, Bocheresse, Mauvoisin rive droite

La veille, j’avais repéré une touffe fleurie à mi-hauteur du Lui du Veya, en étant posté le long de la route de Mauvoisin au Tsé Bruches, soit une distance à vol d’oiseau de 350 m. La lumière du matin était excellente. La situation de la plante et la texture du rocher me faisaient penser à Saxifraga diapensioides. Le but de cette journée a été de vérifier mon intuition, qui s’est avérée juste: la touffe mesurait près de 20 cm de diamètre et possédait 20 à 25 hampes florales. J’ai éga- lement profité de cette belle journée pour inspecter quelques recoins de la gorge sous le Tseppi et, surtout, porter mes investigations sur tout l’ensemble des falaises descendant de Bocheresse, non encore répertoriées pour notre saxifrage.

Le Tseppi

A ajouter aux notes (et numérotation) de 1995 et 1996:

17° sous Grand Tête, rive gauche de la Dranse, falaise en surplomb, légèrement en amont du n° 15 (2.6.1996), 45 plantes.

18° sous Grand Tête, rive gauche de la Dranse, rocher vertical près de l’entrée de la gorge, alt.

1625 m, cs. 95.730/591.990, 7 plantes.

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19° sous Grand Tête, rive gauche de la Dranse, en aval de la passerelle et en aval du point n° 3 (20.8.1995), près de la sortie de la gorge et presque jusqu’au niveau de la rivière, cs. 95.740/591.890, 51 plantes.

20° Le Tseppi, rive droite de la Dranse, rocher à l’entrée de la gorge, alt. 1630 m, cs. 95.740/592.00, 5 plantes.

Bocheresse

Expositions SSE à E.

1° rochers près du cône de déjection d’un ancien chantier, sur une hauteur de 50 m environ, alt. 1720-1770 m, cs. 95.420/591.880, 17 plantes.

2° rochers après un couloir herbeux, alt. 1740 m, cs. 95.380/591.860, 47 plantes.

3° rochers au bas et des deux côtés d’un petit couloir, alt. 1760 m, cs. 95.320/591.840, 16 plantes.

4° bord de falaise, alt. ~1860 m, cs. 95.300/591.780, 4 plantes.

5° falaise, alt. 1800 m, cs. 95.230/591.790, quelques plantes.

6° petit bloc de rocher (~30 m3) au haut du Lui du Veya, alt. ~1850 m, cs. 95.110/591.770, 27 plantes.

7° éperon rocheux au haut du cône du Lui du Veya, alt. ~1850 m, 12 plantes.

8° falaise presque au sommet, au-dessus d’un grand couloir, alt. 1920 m, cs. 95.150/591.720, 9 plantes.

9° falaise sommitale sous Bocheresse, alt. 1940 m, cs. 95.160/591.680, quelques plantes dif- ficiles à compter à cause de la distance et de l’inconfort dû à l’inclinaison de la pente qui approche les 50°.

Tout au long de l’itinéraire, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir plusieurs champs de muguet fleuri couvrant ensemble plusieurs centaines de mètres carrés!

Mauvoisin rive droite

L’itinéraire consistait, à partir de Madzeria, à contourner la grande bosse de La Vacheresse, en inspectant les grandes falaises verticales de la base du Pleureur, pour atteindre les environs du point 1914. Il s’agissait ensuite de redescendre au pied du barrage de Mauvoisin pour rejoindre l’hôtel du même nom. Les rochers de la base du Pleureur sont dégarnis de végétation. Malgré de longues observations et une lumière favorable, aucune saxifrage n’est décelable. C’est seulement en arrivant en face de l’hôtel de Mauvoisin que la surprise est au rendez-vous:

1° bloc isolé près de grands mélèzes en face de l’hôtel, exp. W, alt. 1920 m, cs. 94.640/592.910, 3 plantes sans fleurs.

2° falaise proche de l’endroit précédent, dominant un petit sentier descendant au pied du bar- rage de Mauvoisin (attention à l’échelle descellée, rouillée et tordue, un peu plus bas!), exp. SW, alt. ~1900 m, cs. 94.580/592.880, 18 plantes.

15.6.97 Val Ferret

Cette excursion avait pour seul but le repérage de cheminements d’accès aux crêtes de la rive droite à partir de cette vallée. J’ai tout de même examiné les parois rocheuses à portée de jumelles sans rien découvrir de nouveau. Ces falaises sont formées essentiellement par des couches de

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l’unité du Roignais-Versoyen, à savoir les couches de St Christophe: flysch calcaire; les couches des Marmontains: schistes noirs et quartzites; les couches de l’Aroley: calcaires bleutés massifs et conglomératiques, et formées également par l’unité de Ferret: calcschistes et grès. Inclinées à environ 45°-50° et plongeant dans la montagne, ces couches sont extrêmement fracturées et se désagrègent régulièrement. Très peu de plantes y prospèrent, à part quelques Saxifraga oppositi- folia, S. paniculata, Gypsophila repens, etc., donc des plantes plus hygrophiles et de croissance beaucoup plus rapide que Saxifraga diapensioides qui semble totalement absente de ce genre de terrain.

Sur la rive gauche de la Dranse de Ferret, on peut observer plusieurs falaises calcaires, mais elles ne semblent pas favorables pour notre saxifrage. Les rochers sont généralement trop com- pacts ou ne présentent pas de parties verticales.

6.7.97 Mauvoisin

Luis de la Biole

Le temps est maussade et quelques petites pluies viennent encore troubler le bon déroulement de l’excursion. Il n’est presque pas possible d’inspecter les falaises, et encore moins de repérer de nouveaux sites à prospecter. C’est au retour que je trouve, pour la première fois, 2 plantes de Saxifraga diapensiodes dans un rocher taillé artificiellement, à 3,5 m et à 60 cm du sol!

10° Près de la sortie N du tunnel intermédiaire, 2 plantes, cs. 91.640/593.080.

A noter que la carte 1346 Chanrion, 1988 (ainsi que les précédentes), ne fait pas apparaître le tunnel S qui ne mesure que quelques mètres.

8.7.97 Mauvoisin, Chermotane, Les Cougnonys, Chanrion

Mauvoisin

Déjà très content d’avoir découvert quelques plantes au-dessus de l’entrée du deuxième tunnel (après le barrage) le 9 juin, ce 8 juillet, j’étais encore plus heureux d’avoir pu observer une impor- tante colonie au-dessus de la fenêtre n° 2 du tunnel de 800 m, et ceci sans l’aide des jumelles. En sortant du tunnel par cette fenêtre, je me suis retrouvé sur une sorte de terrasse inclinée et incur- vée directement sous un grand rocher, mais aussi très près d’un précipice dont je n’en voyais pas la base. J’ai tout de même pris le temps de compter. Une nouvelle surprise m’attendait le lende- main, au retour de Chanrion: le rocher observé le 9 juin et celui du 8 juillet forment un seul et unique bloc. L’observation des pentes de la rive gauche à partir de la rive droite m’a permis ainsi de corriger également quelques petites erreurs de coordonnées commises lors des excursions pré- cédentes.

1° rocher directement au-dessus de la fenêtre n° 2 du long tunnel de la rive gauche, exp SE, cs. 93.900/592.810, alt. 2040 m, 63 plantes.

Chermotane, Bornes du Diable

La montée jusqu’à la base de la grande falaise n’est pas trop pénible après l’entraînement acquis en début de saison. La pente n’exède que rarement 40°, mais il faut tout de même s’élever de 200 m sur un pierrier relativement bien stabilisé et qui permet le développement d’une flore riche et variée.

1° bas des grandes falaises, à la sortie d’une gorge, rive gauche, exp. S, cs. 90.450/593.010, alt. 2180 m, 31 plantes.

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2° idem, alt. entre 2190 et 2200 m, 12 plantes.

3° idem, alt. 2220 m, 8 plantes.

4° idem, rive droite de la gorge, exp. E, alt. 2230 m, cs. 90.400/592.940, 1 plante.

Les Cougnonys, Tsé des Videttes

Ce jour-là, j’avais décidé de faire un détour par la rive droite de la haute Vallée de Bagnes. J’ai inspecté sans résultat les rochers calcaires entre les Cougnonys et les Forts et, plus tard, le long du chemin de la cabane de Chanrion.

9.7.97 Retour par Tsofeiret et le Giétro

J’ai voulu faire quelques pointages le long de cet itinéraire qui côtoie de nombreuses falaises.

Aucune de ces falaises ne m’a permis de déceler un quelconque indice d’une présence éventuel- le de notre saxifrage. Les quelques falaises que j’ai pu examiner au pied du Mont Rouge du Giétro à droite du sentier balisé semblent trop humides et trop fracturées. Celles visibles de leur sommet (de grandes surfaces sont souvent visibles) et qui dominent le lac de Mauvoisin à gauche du sen- tier sont généralement formées par des roches très compactes et très peu colonisées. Elles sont en outre presque continues sur environ 3 km et dominent des pentes extrêmement escarpées. Je me demande si une hypothétique découverte mériterait l’effort consenti et les risques d’une aventu- re dans ces parages.

28.7.97 Combe de l’A: Bec Rond (2562 m) et Roc de L’Oiseau (2492 m)

Après les nombreuses excursions dans la Vallée de Bagnes m’ayant conduit dans les principales zones calcaires de cette région et bien que n’ayant de loin pas terminé les prospections dans cette vallée, il m’a paru nécessaire de prospecter la chaîne séparant la Combe de l’A (se déversant dans le Val d’Entremont) du Val Ferret. J’étais surtout très impatient d’avoir une vue d’ensemble de l’aire suisse de notre saxifrage.

Les couches géologiques de la rive gauche de la Combe de l’A sont essentiellement formées de calcaires dolomitiques et de dolomies, sauf pour une partie des crêtes allant de la Gland (L’Agland, selon les cartes) à la Tour de Bavon et des escarpements dominant le Val Ferret qui sont formés par des grès sombres et quelques couches de schistes noirs. Ces couches sédimen- taires sont généralement inclinées à 45° environ, quelques fois moins et parfois jusqu’à la verti- cale. Sur les grandes dalles inclinées, on ne trouve généralement pas de Saxifraga diapensioides.

Par le jeu des diverses cassures et érosions de ces couches, on observe ainsi des falaises verticales de diverses importances qui coupent brusquement les grandes faces de ce versant courant prati- quement du sud au nord sur plus de 5 km. Une bonne partie de ces falaises présentent alors des faces orientées au sud et sud-est, assez rarement au sud-ouest. Notre saxifrage se rencontre dans presque toutes ces falaises. On observe moins de falaises orientées vers le nord, parce que les couches de calcaire dolomitique se fondent un peu plus dans le terrain en direction nord, mises à part les grandes faces nord de tous ces sommets qui se délitent régulièrement et ne permettent pas à la végétation de s’implanter. Dès lors, il est relativement facile de combiner un itinéraire à par- tir du fond de la Combe ou à partir d’une carte topographique.

L’itinéraire a été suivi sans grande préparation, mais surtout selon l’intuition et l’humeur du moment. La prospection a débuté sitôt après avoir traversé le torrent de l’A, juste avant la Tsissette. Après être revenu un peu en arrière par la rive gauche pour vérifier un rocher sur lequel j’avais repéré quelques touffes de saxifrages quelques minutes auparavant, je suis monté en direc- tion de la Sasse en longeant les rochers au plus près, afin de ne perdre aucune possibilité d’ob-

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servation. Un peu plus tard, après avoir discuté avec le berger de la Tsissette rencontré en chemin, je me suis enfin décidé à gravir les deux sommets dont il est question ici. Les seules difficultés consistaient à choisir un bon passage entre les mini-canyons et les gros blocs éboulés et à négo- cier les pierriers souvent instables. A la descente, je me suis intéressé aux gros blocs éboulés de calcaire dolomitique qui réservent souvent des surprises.

La flore est extraordinaire, sur des sols très variés. Certaines espèces sont particulièrement, et même exceptionnellement abondantes, comme par exemple Leontopodium alpinum, Saxifraga caesia, Euphrasia minima qui compte ici de très nombreux exemplaires à fleurs rouge lie-de-vin, une couleur que je voyais pour la première fois. Quelques espèces remarquables sont également présentes: Potentilla grandiflora, Saxifraga bryoides, Gymnadenia odoratissima, Chamorchis alpina, Viola pinnata, etc. Saxifraga diapensioides était complètement défleuri, alors que S. pani- culata (très peu abondant sur les rochers), S. bryoides (sur les grès) et S. aizoides étaient en plei- ne floraison. S. caesia se trouvait en début de floraison. A cause de la saison avancée, il a fallu longer systématiquement et de très près les nombreuses successions de falaises. Les jumelles n’ont été nécessaires que dans peu de cas, les plantes paraissant beaucoup moins bleues que Saxifraga caesia et n’étant que très rarement mélées à d’autres espèces. Les fleurs fanées pré- sentent également un aspect ne permettant pas la confusion. L’observation était donc relativement facile.

Tsandéserte

1° rocher (calcaire dolomitique) surplombant la rivière, alt. 1950 m, exp. S, cs. 89.710/578.150, plus de 40 plantes.

2° alt. 2000 m, cs. 89.620/578.050, quelques plantes.

3° alt. 2080 m, cs. 89.570/577.910, quelques plantes. Certainement la station recencée par Pierre Hainard (1980).

4° alt. 2130, cs. 89.470/577.790, quelques plantes.

Entre le n° 2 et le n° 4, on peut observer des plantes isolées tout le long des falaises.

Bec Rond

1° barre rocheuse de 2 à 4 m de haut, 40 m de long, exp. SSE, alt. 2190 m, cs. 89.340/577.650, 120 à 130 plantes.

2° barre rocheuse de l’éperon S, alt. 2290 m, cs. 89.360/577.460, quelques plantes.

3° rocher (calcaire dolomitique) à proximité du sommet, alt. 2555 m, exp. S, cs. 89.660/577.310, 5 plantes.

Roc de l’Oiseau

1° falaise du sommet E, à 3 m au-dessous du sommet, rochers verticaux de grès sombre, en compagnie de Saxifraga bryoides, Primula hirsuta, exp. SE, alt. 2489 m, cs. 88.950/577.090, 1 plante.

2° rochers (calcaires dolomitiques) entre les 2 sommets, exp. SSE, alt. 2470 m, cs. 88.910/576.890, 10 plantes.

3° rochers (calcaires dolomitiques) à la base de la falaise du sommet E, alt. 2400 m, cs. 88.890/577.100, 30 plantes.

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4° base des falaises, du point précédent à la même altitude jusqu’à la cs. 89.00/577.250, quelques plantes disséminées tout au long de l’itinéraire.

Revedin

1° gros bloc éboulé (calcaire dolomitique) au N de la combe, exp. S, alt. 2320 m, cs. 88.880/577.380, 12 plantes.

2° rocher dolomitique émergeant de la pente, exp. S, alt. 2295 m, cs. 88.820/577.440, 7 plantes.

3° gros bloc éboulé (calcaire dolomitique) au pied de la pointe de Revedin, 9 m de long sur 1,6 à 3,5 m de haut, exp. SW, alt. 2240 m, cs. 88.700/577.600, 110 plantes (!), dont 2 sur le versant NE peu incliné.

30.7.97 Combe de l’A: Pointe de Revedin (2761 m) et La Gland (2794 m)

L’itinéraire de ce jour consistait à parcourir tout d’abord la base est de la Pointe de Revedin à par- tir de la Tsissette, inspecter ensuite l’arête SE jusqu’à la plus haute altitude possible. J’ai renon- cé à aller au-delà des 3/4 du couloir herbeux qui dépassait parfois les 45° et où les mottes d’her- be ne résistaient pas toujours à la pression du pied. La physionomie du paysage me permettait de penser qu’un passage jusqu’à la Combe de la Gland, en traversant la crête W de la Gland, était réalisable. Au moins 2 ou 3 solutions sont possibles. J’ai choisi la plus courte, mais peut-être pas la meilleure. Les nombreuses chutes de pierres dans le versant N de la Gland m’ont tout de même contraint à effectuer un petit détour à travers un grand pierrier de gros blocs de quartzite et ensui- te remonter un couloir sur des détrituts très instables de schistes noirs. Il fallait faire des pas très rapides pour ne pas trop glisser en arrière et la canne n’était pas suffisante. Un arrêt de quelques secondes m’a fait redescendre de 1 m, tellement la matière était savonneuse sur une pente de plus de 40°.

La surprise du jour a été la floraison de Saxifraga diapensioides au-dessus de 2500 m (ce 30 juillet, alors que la floraison était déjà à son déclin le 17 mai, à 1600 m dans la Vallée de Bagnes), avec parfois des touffes de plus de 25 cm de diamètre et une trentaine de tiges fleuries! Les plantes se raréfient avec l’altitude, mais on observe une plus grande proportion de grandes plantes et une floraison plus dense.

Une quarantaine de chamois se prélassaient ou gambadaient sur un névé de la base de la Gland.

Pointe de Revedin

1° falaise du versant E, exp. S, alt. 2420 m, cs. 88.220/577.330.

2° idem, alt. 2480 m, cs. 88.220/577.250. Quelques plantes disséminées sur et entre ces deux points.

3° rocher émergeant d’une grande dalle inclinée, au-dessus d’un grand pierrier du versant E, exp. S, alt. 2470 m, cs. 88.030/577.200, quelques plantes.

4° éperon à la base de l’arête SE, un peu en-dessous de l’ensellement à l’arrivée dans la combe au lieu dit La Petite, exp. S, alt. 2520 m, cs. 87.940/577.130, quelques plantes en fin de floraison.

5° idem, à l’arrivée sur le plateau, alt. 2550 m, cs. 87.930/577.080, quelques plantes fleuries.

6° arête SE,à la base du couloir descendant du sommet, exp. SW, alt. 2620 m, cs. 88.00/577.050, quelques plantes en pleine floraison.

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7° près du fil de l’arête SE, exp. SW, alt. 2690 m, cs. 88.050/577.010, 1 grosse touffe en plei- ne floraison.

8° même arête, à la base de la falaise, exp. SW, alt. 2720 m, cs. 88.100/576.970, 1 plante fleu- rie.

La Gland

1° sous le sommet, le long de l’arête SE, exp. SW, alt. 2730 m, cs. 87.500/577.150, quelques plantes fleuries.

2° éperon à la base de l’arête SE, alt. 2620 m, cs. 87.380/577.00, 20 plantes fleuries.

3° barre de rochers du versant E, exp. S, alt. 2560 m, cs. 87.480/577.150, quelques plantes fleuries.

Entre les points 2 et 3, plusieurs plantes fleuries disséminées.

L’inspection des parois calcaires fermant la Combe de la Gland à l’ouest n’ont rien donné. Les rochers sont presque entièrement stériles. Par contre, la remontée d’un petit couloir m’a permis d’observer une petite colonie de Gentiana schleicheri.

Les parois le long du sentier descendant la Combe de l’A jusqu’à la Tsissette sont également presque entièrement dépourvues de végétation.

3.8.97 Verbier, Col de la Croix de Coeur - la Marlene

Les vaches de la race d’Hérens sont décidément très câlines... et très curieuses. Elles viennent à plusieurs chercher des caresses. L’une d’elles a même emporté la canne de Yolande.

A l’arrivée sur le glacier rocheux fossile du pied de la Pierre Avoi, j’ai été frappé par l’abon- dante floraison qui se manifestait dans cet immense tas de cailloux et ma curiosité a bien évi- demment été pour les plus gros blocs qui dépassent souvent 2 m de haut et sont entassés dans tous les sens, avec leurs fissures tantôt pratiquement verticales, tantôt horizontales ou presque. Ce sont ces derniers qui sont le plus colonisés par la végétation.

La Marlene

Enorme glacier rocheux (fossile) orienté au SSE, calcaires dolomitiques et calcaires de la brèche de la Pierre Avoi, alt. ~2170 m, cs. 107.060/581.890.

1° bloc incliné, 2 m de haut, 1,5 m de large, 4 plantes sur la face S.

2° bloc ~2 m de haut, 6 plantes sur la face S.

3° bloc de moins de 3 m de haut et de large, 17 plantes sur la face S.

4° bloc couché de 2,2 m de haut, 5 m de long, 11 plantes à l’extémité E.

Même glacier rocheux, alt. ~2140 m, cs. 106.920/581.930.

5° bloc de 2 m sur 2, 5 plantes sur la face SE, 2 plantes à plat sur le sommet du bloc.

6° gros bloc, 12 plantes sur la face S.

Escarpements entre la Marlene et Comba Plane

1° rochers (calcaire dolomitique) orientés au SE, alt. 2240-2260 m, cs. 106.900/581.660, quelques plantes très disséminées.

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2° rochers (calcaire dolomitique) à l’angle W, orientés à l’W, alt. ~2200 m, cs. 106.750/

581.610, 10 plantes.

3° bloc le long du sentier, exp. SW, presque même alt. et coordonnées, 7 plantes.

4° petite arête dans les environs des rochers précédents, 10 plantes.

5° tours et escarpements (calcaire dolomitique), exp. SW, alt. 2230-2270 m, cs. aux alentours du point 106.800/581.570, 150 à 200 plantes.

6° petit rocher (cornieule) au milieu de la pente entre les escarpements précédents et la gran- de falaise plongeant sur Dzemarion, exp. S, alt. 2230, cs. 106.710/581.490, 5 plantes.

5.8.97 Mauvoisin - la Tsessette

En excursion avec le Centre de perfectionnement du corps enseignant de Tramelan, le hasard m’a conduit à nouveau à inspecter une falaise que j’avais déjà examinée l’an passé sans rien remar- quer de particulier (MINGARD 1997), alors que, selon mes observations, la présence possible de notre saxifrage me semblait l’évidence même. La confirmation devait tomber ce 5 août.

1° Les Plans, falaise de 4 à 15 m de haut, exp. E, alt. 2330 m, cs. 91.920/592.670, 1 plante de 30 cm de large.

14.8.97 Val Ferret: Les Six Potô, Six Blanc, Grand Six Blanc

Ces sommets sont formés d’un curieux calcaire de l’unité du Roignais-Versoyen, extrêmement fracturé, à l’image du versant ouest des Echessettes (Mont de la Fouly, Clocher de Vouasse, La Gland, Pointe de Revedin, Roc de l’Oiseau, Bec Rond, Tour de Bavon). Beaucoup de plantes colonisent les parties d’une certaine solidité: Saxifraga paniculata, S. moschata, S. oppositifolia, Gypsophila repens, Artemisia umbelliformis, Silene acaulis, mais absence totale de Saxifraga diapensioides.

Au retour, je repère un banc de calcaire dolomitique au sommet du Clocher de la Chaux: voici une nouvelle course en perspective.

25.8.97 Ferret - col du Névé de la Rousse - Combe de l’A - Vichère

Les précédentes excursions dans la Combe de l’A m’ayant convaincu de la nécessité d’une ins- pection de la totalité de la Combe, la montée à partir de Ferret me semblait particulièrement inté- ressante. Du point de vue touristique, l’excursion est évidemment remarquable et offre des points de vues grandioses sur le massif du Dolent, du Tour Noir et du Grand Darrey, puis, à l’arrivée au col du Névé de la Rousse, une vue d’ensemble de la Combe de l’A, avec au fond, sortant des brumes, la Pierre Avoi à la silhouette caractéristique. Du point de vue géologique, le col du Névé de la Rousse vaut le déplacement, car il permet, sur un espace restreint, d’observer une succes- sion de couches géologiques impressionnante, allant d’ouest en est, avec les couches de l’Aroley, les calcaires du Lias, une série conglomératique, des dolomies, des schistes gréseux, des quart- zites, à nouveau de la dolomie et des schistes gréseux. L’arrivée au col offre une végétation rela- tivement riche avec entre autres: Ranunculus glacialis, Saxifraga biflora, Gentiana schleicheri, Artemisia genipi, etc. Androsace helvetica croît en grand nombre et en gros coussinets dans les rochers du Lias. La vue plongeante sur la Combe de l’A permet d’échafauder un plan afin d’ef- fectuer le moins possible de remontées, toutefois impossibles à éviter totalement. L’immensité des zones rocheuses du Clocher de Vouasse laisse songeur: combien de temps faudra-t-il consa- crer à l’inspection de ces falaises qui culminent à 2821 et 2840 m pour cette seule arête du Clocher de Vouasse? Ce 25 août, j’opte pour n’effectuer que quelques pointages.

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Le Parron

Gros piton rocheux situé au beau milieu de la Combe de l’A, entre le Névé de la Rousse et le Plan de Vouasse.

1° rochers de calcaire dolomitique, versant S, alt. 2570 m, cs. 85.660/576.750, plus de 20 plantes, en compagnie d’Androsace helvetica.

Plan de Vouasse

1° près du point 2526 émergent 2 petites falaises, dont l’une abrite une importante colonie de Saxifraga diapensioides: exp. SSW, alt. 2535 m, cs. 86.560/576.500, plus de 80 plantes.

Clocher de Vouasse

1° base des rochers près de l’arête SE, exp. SSW, alt. 2540 m, cs. 86.710/576.730, quelques plantes.

2° pilier de l’arête SE, calcaire dolomitique très blanc, alt. 2500 m, cs. 86.700/576.790, quelques plantes.

3° petite falaise de la base E, exp. SE, alt. 2480 m, cs. 86.890/577.250, quelques jeunes plantes en compagnie de Saxifraga caesia. Il a fallu escalader quelques mètres pour faire la distinction.

26.8.97 Orsières - Commeire - Six Blanc

L’étude des cartes géologiques permet la localisation de zones qui pourraient se révéler intéres- santes dans le cadre de la recherche de notre saxifrage. Il m’est arrivé de nombreuses fois de pros- pecter toujours plus en dehors des zones connues, afin de délimiter au plus près les limites des aires occupées par Saxifraga diapensioides, et il s’est ainsi avéré à de nombreuses reprises que j’avais dépassé ces limites, sans toutefois en faire mention à chaque fois. L’excursion de ce jour, ainsi que celle du lendemain, comme d’ailleurs celle du 14 août, en sont la démonstration. Partant de l’idée que les falaises calcaires ne sont pas toutes connues botaniquement, il était bon d’ex- ploiter toutes les possibilités.

Le Six Blanc présente 2 arêtes calcaires sur son versant S. J’ai inspecté l’arête SE, sans résul- tat. La région semble assez sèche et chaude. J’y ai rencontré Teucrium montanum au-delà de 2300 m, sur des rochers très fracturés et les quelques très petites parties comportant des fissures fines ne sont pas orientées favorablement pour notre saxifrage. Une inspection de l’arête S devrait confirmer cette observation.

Au retour à Ferret, un arrêt au pied d’une falaise de la rive gauche de la Dranse de Ferret, près de l’Amône, confirme mes impressions du 15 juin: aucune trace de Saxifraga diapensioides. La couche de calcaire est ici l’une des plus grandes du Val Ferret et ne dépasse pas quelques mètres d’épaisseur. La roche est très compacte et ne doit pas bénéficier d’un ensoleillement prolongé dans ce fond de vallée.

27.8.97 Cretté de la Gouille - Petit Col Ferret

Excursion effectuée dans la même suite d’inspection systématique des zones calcaires, à nouveau sans résultat. La flore n’est toutefois pas sans intérêt. Sur les pierriers des Taves du Dolent, on y rencontre Poa glauca en grande quantité. Un intéressant contraste avec les herbes des alentours jaunissant en cette fin d’été. Sur une rocaille avoisinante, on trouve une belle colonie de

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15.9.97 Verbier - Pierre Avoi

La région de la Pierre Avoi est un véritable dédale de falaises, tours, clochers et blocs éboulés, et il est impossible d’en connaître tous les recoins en quelques excursions, surtout lorsque chacune promet de nouvelles découvertes, comme par exemple ce jour: Gentiana utriculosa (en graines) à Comba Plane. L’itinéraire emprunté a été le suivant: Col de la Croix de Coeur, Savoleyres, Col de la Marlene, Pierre Avoi, Comba Plane, La Marlene, La Tournette.

Cette journée a naturellement été consacrée à compléter les données connues, mais surtout à savoir si notre saxifrage déborde en dehors des limites (naturelles et politiques) de la commune de Bagnes. La réponse est aujourd’hui affirmative. Jusqu’alors, toutes les données portaient sur des stations du versant SE de la Pierre Avoi. Dorénavant, nous savons que Saxifraga diapen- sioides se trouve également en Vallée du Rhône. La plante demeure toutefois dans le même sec- teur de recensement n° 743 défini dans l’Atlas de distribution des ptéridophytes et des phanéro- games de la Suisse (WELTENet SUTTER1982).

Il est très probable que certaines données ci-après coïncident avec celles d’André LAWALRÉE

(1980). Précision supplémentaire: la note n° 1 du 15 juillet 1996 (MINGARD1997) correspond à l’observation de Charly Rey en 1993 (comm. pers. à C. Käsermann).

Après l’excursion de ce 15 septembre, il apparaît que plusieurs autres expéditions sont encore nécessaires pour connaître les limites de répartition de notre saxifrage, notamment sa limite N et sa limite altitudinale inférieure dans les environs de Verbier.

Les numérotations suivent celles des 15 juillet 1996 et 3 août 1997. A noter que ces numéro- tations ne suivent pas un ordre géographique, mais chronologique, les itinéraires ayant été par- courus en sens inverse le 3 août et ce 15 septembre.

Les observations de ce jour ont été faites surtout sur des calcaires dolomitiques (td = trias dolo- mitique) et des calcaires de la brèche de la Pierre Avoi (bPA). La géologie compliquée de cette zone mériterait de meilleures observations, voire des analyses.

Pierre Avoi, versant SE, Vallée de Bagnes

3° rocher (td) le long du sentier entre le col de la Marlene et Pierre Avoi, exp. SE, alt. 2410- 2430 m, cs. 107.500/581.790, entre 20 et 30 plantes.

4° idem (bPA), exp. W, alt. 2380 m, cs. 107.370/581.740, quelques plantes.

5° idem (bPA), exp. W, alt. 2390 m, cs. 107.380/581.710, quelques plantes.

6° idem (td?), exp. S, alt. 2420-2440, cs. 107.420/581.660, quelques plantes.

7° idem (td?), exp. E et W, alt. 2410 m, cs. 107.390/581.660, quelques plantes.

8° gros rocher (bPA) émergeant de la pente SE, exp. NW, alt.2370 m, cs. 107.320/581.680, quelques plantes.

9° gros bloc (bPA) au S de l’arête SW, tout près d’un poteau indicateur à la croisée des che- mins (ce poteau affiche l’altitude de 2310 m, alors que, selon la carte nationale au 1:25’000, il se trouve à 2330 m), exp. SSW, cs. 107.090/581.410, 5 plantes.

Pierre Avoi, versant N et NW, commune de Saxon

1° clocher de l’arête E (bPA), exp. WNW, alt. 2430, cs. 107.440/581.660, 3 grosses plantes.

2° éperon vertical (SW) de la grande tour du sommet principal (bPA), exp. WSW, alt. 2400- 2450 m, cs. 107.380/581.520, plusieurs grosses plantes situées surtout sous des niches non empruntées par les varapeurs.

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3° arête rocheuse SW (bPA), sur le versant opposé à celui observé le 15.7.1996 (n°2, MINGARD, 1997), exp. WSW, alt. 2360-2410 m, cs. entre 107.360/581.540 et 107.180/581.480, plusieurs plantes disséminées.

Comba Plane

1° tour émergeant de la pente SE de la Pierre Avoi (bPA), exp. SE, alt. 2370 m, cs. 107.200/581.600, 3 plantes.

2° grand clocher émergeant de la pente (bPA), exp. NW, alt. 2350 m, cs. 107.160/581.510, 2 grosses plantes.

3° large rocher le long du sentier descendant sur la Marlene (bPA), exp. S, alt. 2305 m, cs. 106.860/581.370, 10 plantes observées par Philippe Sauvain.

4° rocher au sommet des escarpements dominant la Marlene (bPA), exp. NE, alt. 2305 m, cs. 106.860/581.420, quelques plantes.

5° même rocher, exp. W, mêmes alt. et coordonnées, 30 plantes.

18.9.97 Ferret, Clocher de la Chaux (2709 m)

Encore une journée sans découverte de notre saxifrage. Comme je l’avais repérée à la jumelle le 14 août, puis ayant eu confirmation par la carte géologique, j’ai bien retrouvé une petite couche de calcaire dolomitique au sommet du Clocher de la Chaux qui abrite, entre autres, Campanula cochleariifolia, Saxifraga oppositifolia, quelques Androsace helvetica. Ce rocher ne dépasse pas 4 m de haut et une trentaine de long et est accompagné, à quelque distance, d’un autre de même volume et d’un troisième beaucoup plus petit.

La visite de ce Clocher de la Chaux enlève tout espoir de trouver notre saxifrage dans le Val Ferret. Je murissais un sentiment d’échec depuis mes premières visites dans le Val Ferret, et ce sentiment s’est renforcé à la suite d’une discussion avec Egidio Anchisi. Echec? peut-être pas, car ces observations aboutissent à une constatation d’importance: Il semble en effet que notre saxi- frage ne soit présente que sur de grandes masses géologiques homogènes. Bien que, dans la région de Mauvoisin, nous soyons sur des roches très différentes de celles de la Combe de l’A, nous pouvons, comme à la Combe de l’A, observer de grandes masses de même nature. Il en va de même à la Pierre Avoi et semble-t-il (je n’y suis pas encore allé) au Catogne. Dans plusieurs zones où Saxifraga diapensioides est présente, on peut l’observer sur de très petits blocs, mais ces blocs font toujours partie d’une unité géologique importante et, par éboulement, font naturelle- ment suite aux grandes masses. C’est le contraire qui se produit dans le Val Ferret, où les couches géologiques, et tout particulièrement les couches de calcaire dolomitique, sont de relativement faible épaisseur (mises à part les unités du Mont Blanc qui ne nous concernent pas ici) et n’of- frent ainsi pas de falaises importantes.

24.9.97 Combe de l’A: Clocher de Vouasse (2821 et 2840 m), Combe de la Gland

Lorsque j’étais descendu la Combe de l’A le 25 août, j’avais été impressionné par cette barre de rochers du Clocher de Vouasse, de 600 m de long et 350 m de haut, et qui ne dépasse la pente que de quelques mètres à proximité de son sommet NW. Je m’étais alors promis d’y revenir, n’ayant effectué que quelques pointages. Ce 24 septembre, il ne m’a pas été possible de suivre intégrale- ment la base des rochers. Une bonne partie des pierriers est constituée de gros blocs que j’ai trou- vé préférable d’éviter pour arriver dans un délai raisonnable au sommet, surtout que j’ai projeté d’en faire le tour, afin d’examiner une zone du pied de la Gland dont je n’avais pas eu le temps de m’occuper le 30 juillet.

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Cette journée m’a permis de constater la raréfaction de notre saxifrage dans cette partie SW du Clocher de Vouasse et d’établir le record d’altitude de mes observations à son sujet dans la Combe de l’A. Une floraison absolument extraordinaire (au propre et au figuré) de Gentiana verna m’a réjoui tout au long de la journée. J’ai pu en effet observer des milliers de fleurs parfaitement épa- nouies tout au long de mon parcours au-dessus de 2000 m.

Clocher de Vouasse

La numérotation suit celle du 25.8.97.

4° à proximité du point 1°, exp. SE, alt. 2560 m, cs. 86.730/576.700, 1 grosse plante.

5° rocher à la base et à mi-parcours de l’arête, exp. S, alt. 22680 m, cs. 86.980/576.550, 1 grosse plante.

6° grand clocher pointu à mi parcours de l’arête, exp. S, alt. 2720-2740 m, cs. 87.020/

576.440, une vingtaine de plantes.

7° rocher de la base de l’arête, exp. S, alt. 2770 m (altitude maximale pour la Combe de l’A), cs. 87.100/576.440, 1 jeune plante.

8° rochers en contre-bas de la Combe de la Gland, observés au retour, à l’E du Clocher de Vouasse, exp. SE, alt. 2420 m, cs. 87.090/577.310, 1 dizaine de plantes.

J’ai eu l’occasion d’examiner longuement le sommet du Clocher de Vouasse et ses environs, à cause d’une troupe d’une cinquantaine de chamois. J’ai pu admirer leurs courses et leurs cabrioles pendant près d’une heure. Vu la constitution des rochers du sommet principal, qui culmine à 2821 m, il est possible que notre saxifrage dépasse quelque peu la limite indiquée ci-dessus. Par contre, lorsqu’on longe l’arête que j’ai suivie pour atteindre le 2esommet (2840 m), on observe des rochers de plus en plus fracturés, au point qu’ils se confondent avec les pierrers de leur base.

Dans les rochers de ce versant SW, on peut observer d’énormes touffes d’Androsace helvetica qui atteignent parfois plus de 30 cm de diamètre, mais curieusement pas de jeunes plantes.

La Gland

Suite de la numérotation du 30.7.97.

4° rochers de la base SE, exp. S, alt. 2540 m, cs. 87.380/577.210, quelques plantes.

5° idem, exp. SE, alt. 2460 m, cs. 87.390/577.370, quelques plantes.

4.10.97 Le Catogne

Depuis quelques années, j’avais projeté cette excursion avec un ami très désireux de connaître cette montagne qu’il voyait souvent de la fenêtre de son chalet de Ravoire. J’avais également en mémoire les articles de découvertes nouvelles au Catogne (ANCHISI 1967 et 1978) et je voulais tenter de concilier ces deux notions. Tenter... En effet, ce n’était pas la grande forme ce jour-là et nous n’avons pas dépassé le Col du Bonhomme (2228 m). Or c’est précisément dans cette zone du Bonhomme qu’Egidio Anchisi a fait sa première trouvaille en 1963.

De Champex jusqu’à ce col, le sentier balisé accuse une pente moyenne de plus de 30°, alors qu’il comporte quelques replats et une descente! A quelques endroits, il monte directement dans le sens de la pente à près de 45°!

En examinant une petite falaise qui plonge en direction de la Li Blanche, j’ai bien aperçu quelques touffes grisâtres, mais sans pouvoir les identifier avec certitude. Les coordonnées coïn- cident parfaitement avec celles d’Egidio Anchisi transmises à Christoph Käsermann. Il suffira de

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retourner pour une inspection plus sérieuse. La remontée du couloir entre la Li Blanche et l’arê- te du Bonhomme est terriblement tentante. Plusieurs petites faces verticales, parsemant la face SW de la Li Blanche, pourraient bien dévoiler des surprises. Cela impliquerait la remontée d’un couloir de 42° sur 500 m d’altitude. Quoiqu’il en soit, l’exploration du Catogne s’avère bien pas- sionnante au vu de sa géologie extrêmement complexe. Si je n’ai pas trouvé notre saxifrage sur les couches de Malm supérieur du Val Ferret (absentes à la Combe de l’A jusqu’au Parron et à Verbier), au Catogne, on la trouve précisément sur ces couches-là, et probablement sur d’autres couches géologiques.

6.10.97 Combe de l’A: Revedin

Le 28 juillet, j’avais manqué toute une partie rocheuse à proximité du col donnant sur le Val Ferret et je m’en étais rendu compte lorsque je m’étais retrouvé au fond de la combe. J’avais renoncé à remonter. Ce 6 octobre, j’ai pu inspecter cette extrémité de l’ensemble calcaire du Roc de l’Oiseau, ainsi que l’extrémité W. Au retour, j’ai longé la base des immenses escarpements rocheux de la Tour de Bavon.

J’ai eu le privilège de pouvoir observer 2 hardes de cerfs. Une troisième se trouvait également cachée dans les parages et j’ai ainsi pu me laisser impressionner par un long concert de brâmes.

A un moment, je me suis retrouvé nez à nez avec un superbe mâle, très surpris par la présence d’un bipède avec une grosse bosse dans le dos et plein de trucs qui pendaient en bandoulière. Les marmottes sont terrées depuis près d’un mois déjà, mais on en voit encore une de temps en temps, à profiter des dernières chaleurs.

Bien que les découvertes de ce jour n’apportent pas grand chose de nouveau, elles permettent tout de même des remarques intéressantes:

Le Roc de l’Oiseau est le seul sommet des Echessettes à présenter des falaises calcaires très peu délitées à ses deux extrémités et ne se terminant pas par une autre couche géologique à son extrémité W, cette couche se trouvant sertie entre les deux extrémités. Saxifraga diapensioides ne se trouve plus dans la partie W, on ne la trouve que sur les faces bien exposées au S, à l’intérieur du cirque formé par l’ensemble rocheux. De même à l’extrémité E, le phénomène s’observe de manière parfaitement comparable. La plante se raréfie pour se trouver encore à l’angle extrême sur une petite face exposée au SE. Dans la face N, bien que des parties de rochers soient expo- sées à l’E, notre saxifrage ne s’y trouve plus.

Il semble bien que nous ayons affaire à une espèce exigeant de bons réchauffements diurnes, ce qui est réalisable au fond des gorges (Mauvoisin) par la remontée d’air chaud en deuxième par- tie de journée.

Les numérotations suivent celles du 28 juillet.

Revedin

4° rochers émergeant de la pente, exp. S, alt. 2300-2320 m, cs. 88.980/577.500, quelques plantes.

Roc de l’Oiseau

5° ensemble de rochers et de tours, toujours en exp. S, alt. 2480-2510 m, cs. 88.870/576.800, environ 70 plantes.

6° éperon du versant SE, exp. S, alt. 2380, cs. 89.050/577.290, quelques plantes.

7° rocher de l’angle NE, exp. SE, alt. 2360 m, cs. 89.240/577.290, 3 plantes.

Quelques plantes disséminées entre ces deux points.

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La Sasse

1° rocher émergeant de la pente, exp. S, alt. 2310 m, cs. 89.290/577.380, quelques plantes.

Verdeuse

1° rochers de la base de la Tour de Bavon, versant E, toujours en exp. S et SE, alt. 1860- 1840 m, entre les cs. 90.740/578.480 et 90.900/578.540, quelques plantes très disséminées uniquement sur les rares parties parfaitement verticales.

11.10.97 Verbier

Les quelques heures consacrées à la prospection de ce jour n’ont pas permis de nouvelles décou- vertes. L’inspection de la moitié inférieure du glacier rocheux de la Marlene n’a pas révélé de gros blocs susceptibles d’héberger notre saxifrage. Le 3 août, j’avais donc inspecté par hasard toute la zone intéressante de ce glacier rocheux. L’aiguille à l’ouest de Verbier, au point 1737.7 a été visi- tée par son flanc est et son angle sud. J’y ai observé une quantité impressionnante de boucles d’as- surage. Mes souliers complètement fatigués et le terrain mouillé ne m’ont pas permis de pousser plus loin les investigations.

27.10.97 Bonatschiesse, l’Ecurie du Crêt, Le Vaserô, Le Tseppi

La météo exceptionnelle de cet automne incite à partir à la découverte. J’en ai profité pour voir d’un peu plus près une série de falaises au-dessus de Bonatschiesse, dans les environs de l’Ecurie du Crêt et que j’avais vues à plusieurs reprises à travers mes jumelles. Le sentier côtoie des falaises de roches vertes et de roches acides, abritant Asplenium septentrionale jusqu’à près de 2200 m. Au-dessus, on trouve Androsace vandellii que j’ai pu indentifier instantanémant à 30 m de distance, grâce à la forme bombée de ses coussinets et la couleur blanc-grisâtre de son feuilla- ge. En m’approchant d’une paroi, j’ai même pu observer une touffe fleurie! Tout aussi curieuse- ment, cette paroi abritait également Campanula cochleariifolia, connue pour être une plante cal- cicole. Androsace vandellii se trouve au moins jusqu’à 2300 m dans les environs de l’Ecurie du Crêt. Les distances à parcourir relativement courtes me permettaient également de résoudre un petit problème au Vaserô, et plus particulièrement la grande falaise de près de 100 m de haut dominant le Plan de la Dzeu, sur laquelle j’étais persuadé d’y trouver notre saxifrage. J’ai été impressionné par le nombre de plantes aperçues sur la petite surface visible du bord de cette falai- se. Je n’avais jamais pris le temps de visiter cette falaise et je n’attendais qu’une opportunité comme celle de ce jour pour m’en approcher. Au retour, j’ai passé par le Tseppi et le gros bloc désormais célèbre à proximité du point 1653, puis, par le sentier balisé, j’ai rejoint Bonatschiesse.

Ayant du temps, j’ai eu l’occasion de zigzaguer et faire de nouvelles découvertes. Tout d’abord au Vaserô, j’ai vu 3 blocs vers lesquels je n’avais pas passé les fois précédentes, ensuite, en-des- sous du grand bloc près du point 1653, j’ai découvert 2 nouveaux rochers colonisés par notre saxi- frage, enfin, à l’arrivée au bord de la Dranse, et vu son bas niveau, j’ai remonté le lit de la riviè- re jusque dans la gorge, près de sa sortie où j’ai encore fait de nouvelles découvertes.

En cette fin de saison, la lumière ne permet plus de déceler les plantes à longue distance et il a fallu à chaque fois approcher les rochers à moins de 15 m.

Le Vaserô

1° rocher très fragmenté émergeant de la pente, de moins de 1 m de haut, plusieurs plantes situées à plat entre les lames de roche et en partie piétinées par les moutons, alt. 2020 m, cs. 96.080/592.570. 15 plantes.

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2° rocher entre le sentier et la grande falaise, exp. W et NW, alt. 1880 m, cs. 96.060/592.450, 15 plantes.

3° gros bloc éboulé à proximité du rocher précédent, alt. 1870 m, cs. 96.080/592.410, 10 plantes.

4° grande falaise dominant le Plan de la Dzeu, à proximité du point 1997,3, alt. ~1970 m, entre les coordonnées 96.120/592.320 et 96.060/592.370, en plusieurs points et diverses expositions, de très nombreuses plantes. Au vu de cette observation, on peut supposer qu’il peut exister entre 1000 et 2000 plantes sur cette falaise, peut-être bien davantage. J’évalue à plus d’une centaine le nombre de plantes observées sur une surface ne représentant que quelques pour cents de la surface totale de cette falaise.

Les notes 9° et 10° du 13.10.95 (MINGARD 1996) font partie de ce contexte du Vaserô.

Le Tseppi

La numérotation suit celle du 2.6.96 (Mingard 1997).

17° le long du sentier descendant à Bonatschiesse, à droite du sentier, en aval du point 1653, deux rochers émergeant de la pente dans la forêt sont en partie colonisés par notre saxi- frage, alt. 1640 m, cs. 95.870/591.960, un rocher avec 15 plantes, l’autre, 8 plantes.

18° rive droite de la Dranse, sur les derniers rochers après la gorge, les plantes arrivent quasi- ment au niveau des alluvions, exp. W et NW, alt. 1605-1615 m, cs. 95.880/591.880, plus de 25 plantes.

19° rive droite de la Dranse, rochers à la sortie de la gorge, parties des rochers exposés à l’W et NW et cachées de la passerelle, les plantes arrivant également vers les alluvions, alt. 1610-1620 m, cs. 95.860/591.890, plus de 30 plantes.

20° rive gauche de la Dranse, rochers à la sortie de la gorge, deux grandes niches obliques, invisibles de la passerelle, dans une des niches 3 plantes de plus de 20 cm de diamètre et une de près de 40 cm!, quelques plantes presque au niveau des alluvions, exp. NE, alt.

1610-1620 m, cs. 95.830/591.880, plus de 20 plantes.

En une saison, et en additionnant les données du 19 juillet 1996 (MINGARD 1997), je pense avoir réussi à définir la répartition de notre saxifrage dans la Combe de l’A, bien que quelques zones n’aient pas été prospectées. Il manque les zones sommitales de pratiquement tous les ver- sants E, qui sont très escarpés et demanderaient des précautions extrêmes, voire du matériel d’as- surage pour les aborder. Il est toutefois facile d’extrapoler en comparant tout simplement avec les zones prospectées. On peut donc en conclure que toutes les falaises verticales du versant gauche de la Combe de l’A plus ou moins finement fissurées, tout en étant d’une bonne solidité et orien- tées entre l’est et le sud-ouest, sont aptes à héberger notre saxifrage. Ceci doublerait quasiment notre inventaire, mais n’augmenterait que de très peu la surface aujourd’hui connue, puisqu’il ne reste que la partie NE de la Tour de Bavon à prospecter en dehors de cette zone, soit entre le Grand Tsenô, Bavon et le sommet inférieur de la Tour (2391 m).

Au terme de cette année d’intenses recherches, je m’aperçois qu’il reste encore beaucoup de zones d’ombres dans le tableau que l’on peut tout de même déjà brosser. Des indications que je n’ai pu vérifier offrent encore passablement de possibilités de recherches. En premier lieu, les indications publiées par JACCARD (1905) concernant la région de Zermatt, alors que ni J.-L. Richard, ni C. Käsermann, qui ont pourtant beaucoup parcouru cette région, n’y ont jamais rencontré notre saxifrage. Les indications: «Sur Lourtier» (Mth.) et «rochers sur le glac. de Giétroz (sic.) et en face» (Vlp.; JACCARD 1905) posent également problème. Il en va de même avec cette indication: «dans les rochers près de la Croix de Coeur», Farquet Ph., 1905 (Herbar des

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Institut für Systematische Botanik der Universität Zürich). Après une prospection dans les envi- rons de la Tête des Etablons, qui constitue précisément les rochers les plus proches de la Croix de Coeur, il s’avère que cette indication ne peut correspondre qu’aux rochers de Pierre Avoi. La précision... Encore une autre: «St-Bernard, versant S» (W.; JACCARD1905). S’agit-il d’une erreur totale, la zone du St-Bernard se trouvant constituée uniquement de roches cristallines?

Les indications vagues du début du siècle ne facilitent pas le travail de contrôle. D’autre part, l’expérience a démontré que notre saxifrage se trouve passablement en dehors des itinéraires empruntés jadis, et il est fort tentant de projeter des recherches loin de ces parages.

Au fil des jours, j’étais bien conscient de ma bien modeste contribution à la connaissance de notre saxifrage et, à chaque excursion, j’avais le sentiment de n’apporter que des bribes extrême- ment ténues face aux questions de plus en plus nombreuses que je me posais –et que l’on me posait. Ces questions resteront probablement en suspens encore un bout de temps:

Pourquoi n’ai-je pas trouvé Saxifraga diapensioides dans le Val Ferret suisse, alors qu’il est présent dans le Val Ferret italien?

– S’agit-il d’une espèce beaucoup plus abondante avant la dernière glaciation? ou bien avant encore?

Quel(s) lien(s) de parenté avec sa vicariante des Alpes du lac de Garde: Saxifraga tom- beanensis?

– S’agissait-il au départ d’une seule et même espèce, dont les deux populations ont évolué séparément?

– Les couches du Lias, du Malm et, à plus forte raison, les couches de toute une famille de calcaires du Val Ferret sont-elles vraiment défavorables au développement de cette espè- ce?

– Au vu de la profondeur des vallées, les couches du Lias, du Malm et des calcaires dolo- mitiques occupaient-elles des volumes et des zones beaucoup plus importantes pendant les précédents millénaires, offrant davantage d’abris pour les plantes calcicoles qui ont pu avoir une extension plus grande? On pourrait le supposer en examinant les cartes géolo- giques et en déambulant sur le terrain où l’on peut encore observer l’existence de glaciers rocheux fossiles énormes, tels ceux du S du Clocher de Vouasse, du N du Bec Rond, du N de la Tour de Bavon, du NE du Six Blanc d’Orsières, du SE de la Pierre Avoi, et des gla- ciers rocheux actifs comme ceux du N du Clocher de Vouasse et du N de la Pointe de Revedin. Ces immenses masses témoignent bien d’une activité de sape soutenue et pro- longée, dont on ne retrouve pas les traces dans le fond de ces grandes vallées encaissées, sinon par le comblement de la plaine du Rhône.

– Dans la zone de Mauvoisin, comment est-il possible de rencontrer assez régulièrement Primula hirsuta, connue comme calcifuge, en compagnie de notre saxifrage?

Tout au long de cette année 97, j’ai eu accès aux cartes géologiques 1325 Sembrancher, 1345 Orsières et 1365 Gd St-Bernard. Si elles m’ont permis de me situer (géologiquement) sur le ter- rain, elles m’ont surtout aidé à établir mes itinéraires avec plus de précision que par le passé. La carte de la région de Mauvoisin est en préparation– c’est la raison pour laquelle je n’ai fourni aucun renseignement concernant la géologie de cette région – et je suis très impatient d’en faire sa découverte. Je remercie ici M. Epard, géologue, pour son amabilité et sa disponibilité.

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Martigny 570

110

100

90

580 590

Sembrancher

Orsières

Liddes

Bourg St Pierre

Grand Combin Le Châble

8

1

2 3

4 5

6 7 9

10 11

12 1413

16 15 17

Figure 1.

Localisation des observations dans le bassin des Dranses en relation avec la géologie.

Observations de 1995 à 1997 1 Le Tesppi-Vaserô 2 Bocheresse

3 Madzeira - Pont de Mauvoisin 4 Tsé des Barmes

5 Mauvoisin, rive droite 6 Mauvoisin - Pierre à Vire 7 Le Seudsay - Chermotane -

Bornes du Diable 8 Pierre Avoi

9 Verdeuse 10 Tour de Bavon 11 Bec Rond 12 La Tsissette 13 Roc de l’Oiseau 14 Pointe de Revedin 15 La Gland

16 Clocher de Vouasse 17 Le Parron

Couches du Trias Couches de la brèche de la Pierre Avoi

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Bibliographie

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de la Murithienne, 84: 12-14.

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JACCARDH., 1895. Catalogue de la flore valaisanne. Imp. Zürcher & Furrer, Zürich.

LAWALRÉEA., 1980. Observations sur Saxifraga diapensioides Bellardi au val de Bagnes (Suisse, Valais). Miscellaneous Popers Landbouwhogeschool Wageningen 19: 231-238.

MINGARD P., 1996. Saxifraga diapensioides Bellardi dans la haute Vallée de Bagnes (VS). Bull.

Cercle Vaud. Bot. 25: 77-78.

MINGARD P., 1997. Excursions à Mauvoisin. Bull. Cercle Vaud. Bot. 26: 27-32.

MINGARD P., 1997. Saxifraga diapensioides Bellardi dans les Vallées des Dranses (VS). Bull.

Cercle Vaud. Bot. 26: 73-75.

WELTEN M., SUTTERR., 1982. Atlas de distribution des ptéridophytes et des phanérogames de la Suisse. Ed. Birkhauser Bâle, 2 vol.

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