88 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXV - n° 3 - mars 2016
ÉDITORIAL
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2015 : le changement des pratiques oncologiques, c’est maintenant !
2015: change of oncology practices, is now!
L’année 2015 sera marquée du sceau du changement vers une médecine oncologique de plus en plus précise. Ces avancées s’observent
dans les différents champs de la cancérologie.
Dans les cancers du sein, la pratique de la biopsie liquide avec analyse de l’ADN circulant retient aujourd’hui l’intérêt. La mise en évidence d’une mutation du gène ESR1 s’annonce comme un test utile témoignant d’un virage vers l’hormonorésistance
de la maladie. Ce test pourrait être particulièrement important à l’heure où un nouveau traitement démontre son efficacité dans cette situation. En effet, le palbociclib
en association avec le fulvestrant s’annonce comme un nouveau standard de traitement permettant de surmonter cette hormonorésistance.
Dans les cancers thoraciques, de nouveaux inhibiteurs de tyrosine kinase sont disponibles en pratique médicale courante pour les patients atteints d’une mutation de l’EGFR ou d’un réarrangement d’ALK, résistants aux traitements de première ligne.
C’est surtout l’immunothérapie qui marque de son empreinte le devenir des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules. En effet, 4 études randomisées démontrent la supériorité de celle-ci sur la chimiothérapie dans les traitements de seconde ligne de ce type de cancer.
Enfin, pour une fois, des progrès sont observés dans le mésothéliome pleural malin.
L’ajout de bévacizumab aux traitements de chimiothérapie de référence (pémétrexed, cisplatine) donne un gain significatif de survie chez les patients qui en sont atteints.
En dermatologie, les thérapies ciblées et l’immunothérapie tiennent ici aussi la corde. Cependant, ce n’est plus l’apparition de nouvelles molécules qui retient l’attention. Compte tenu de la profusion de médicaments déjà disponibles, c’est plus sur la détermination de la stratégie optimale en combinaison ou séquentielle que les oncologues se penchent.
Des nouveautés aussi en urologie avec une amélioration de la survie globale dans les cancers du rein grâce au nivolumab mais aussi au cabozantinib,
lorsqu’on les compare à l’évérolimus après échec d’un traitement antiangiogénique.
En revanche, les urologues se heurtent aux mêmes interrogations qu’avaient déjà connues les gastroentérologues : pourquoi le traitement antiangiogénique si actif en situation métastatique n’apporte-t-il rien en situation adjuvante ? (résultat négatif de l’essai adjuvant ASSURE).
Dans les cancers digestifs, l’immunothérapie apporte également des résultats prometteurs dans les cancers de l’œsophage, de l’estomac, des voies biliaires, du foie ainsi que dans les cancers du côlon présentant une instabilité des microsatellites.
On le voit, ces nouvelles “médecines” se développent à grande vitesse en oncologie.
Leur maîtrise pratique suit une “learning curve” dans laquelle la mise à jour des connaissances des oncologues est essentielle.
Toute l’équipe de la rédaction de La Lettre du Cancérologue s’est donc mobilisée avec cet objectif pour vous proposer une synthèse des informations les plus marquantes de l’année 2015.
Vive le changement… dans la continuité.
Pr Jean-François Morère
Département de cancérologie-hématologie, CHU Paul-Brousse, Villejuif.
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