M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
H. D URUP
Éléments pour l’étude de relations localement définies (« infra-relations
»). Infra-ordres et relation ternaire d’intermédiarité
Mathématiques et sciences humaines, tome 29 (1970), p. 17-32
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ÉLÉMENTS POUR L’ÉTUDE DE RELATIONS
LOCALEMENT DÉFINIES (« INFRA-RELATIONS »).
INFRA-ORDRES ET RELATION TERNAIRE D’INTERMÉDIARITÉ.
par H. DURUP *
INTRODUCTION ET
RÉSUMÉ
Dans les sciences de la
Nature,
et enparticulier
dans les sciences du comportement, on rencontrefréquemment
des relations caractérisées par despropriétés
locales. Unefamille
très vaste de telles relationsrassemble celles
qui
sontdéfinies uniquement
par despropriétés
portant sur les ensembles d’éléments liés à un mêmeélément,
soit par la relation(« points
vus d’un mêmepoint »),
soit par son inverse(« points
d’où l’on voit un même
point »).
A tout type de relationcorrespondent
ainsiplusieurs
types de relations localementdéfinies,
que nous avonsappelées «
infra-relations ». Nous démontrerons un certain nombre depropriétés
desinfra-relations
binaires. Nous serons amené d’autre part àdéfinir
une relation que nousappellerons
« méta-relation », associée à toute relation binaire etqui présente
despropriétés
intéressantes pour l’étude desinfra-relations.
Nous ne chercherons pas à pousser lasystématisation plus
loin : ce seraitde la
compétence
d’un mathématicien.Nous
envisagerons
ensuiteplus spécialement
le cas des infra-relationsd’ordre,
àpartir desquelles
nous pourrons
définir
une relation ternaire d’intermédiaritéplus faible
que les relations habituellementenvisagées,
relationqui
permet enparticulier
de caractériser des intermédiaires locaux sur ungraphe
àstructure
globale
circulaire.REMARQUE
SUR LES NOTATIONS.Afin
desimplifier
l’écriture desexpressions,
nous utiliserons lavirgule
à laplace
dusigne «
et ».Nous nous
dispenserons
d’autre part d’écrire desparenthèses
dans la mesurepermise
par la hiérarchie suivante entre lessignes:
3)
ou4)
autressignes
1. - INFRA-RELATIONS.
Soient des types
f7l, ~,
etc., de relations binaires dans des ensembles(exemples
de types de relations : « la relationd’équivalence»,
« la relation d’ordretotal », ...).
X étant unensemble,
nous* C.N.R.S. Institut de Neurophysiologie et Psychophysiologie. Département du Comportement Animal. Marseille.
désignons
par(P, X)
lacorrespondance
entre X et lui-même définie par la relationsP { x, x’}1
avec(x, x’)
e X2. Nousconsidérerons,
pour un élément a eX,
l’ensembleP(a),
coupe de la relation P sui-vant a
(c’est-à-dire
l’ensemble desimages
de a parP)
et la relationP~(P, X),
restriction de la relation P à l’ensembleP(a) (ou « trace o
de P surP(a)).
1.1. -
Définitions.
1.1.1. -
Types généraux d’infra-relations.
Nous
appelons
«type général d’infra-e
à droite >a le type de relation~
défini en fonction du type de relation~
par :En considérant de
façon analogue
la relationP-1,
la coupeP-1(a)
et la restrictionP_a
de P àP-1 (a),
nousappelons «
typegénéral d’infra-£#
àgauche »
letype
de relatione
défini en fonction deg¡
par : ·
Enfin,
nousappelons «
typegénéral d’infra-g¡»
le type de relation91
défini en fonction deM
par :
1.1.2. -
Types d’infra-relations.
D’autre part, nous
appelons
« typed’infra-e
àdroite >a,
« typed’infra-é§Y
àgauche »
ou « typed’infra-ôjY »
tout type de relatione qui
vérifierespectivement :
A tout type de relation
q correspond
une famille de typesd’infra-f7! qui
contient le typegénéral d’infra-f7!, unique.
La notation fonctionnelleg;([H)
ne pourra doncdésigner
que le typegénéral d’infra-f7! .
1.2. - Caractérisation
axiomatique
directe d’un typed’infra-relation.
Chacune des relations
(1), (2)
et(3)
permet, pour un type de relationf7!
défini par unproduit
d’axiomes
(R1,
...,Rn),
d’écrire unproduit
d’axiomes caractérisant le typegénéral d’infra-g¡
corres-pondant.
Le mode deproduction
évident de ces axiomes consiste à écrire quechaque
axiome deg¡
est vrai dans
Pz(P, X)
ou dansP-z(P, .X),
ou dans lesdeux,
pour tout x E X.1.2.1. - Nous supposerons d’abord que ces axiomes ne comportent pas le
quantificateur
3.Considérons les axiomes
A’x
etA" le
définis de lafaçon
suivante àpartir
de l’axiomeRk
portant surun nombre e d’éléments
distincts, Bk désignant
l’axiome obtenu enremplaçant
R( E f7!)
par P dansRk :
1. Pour des raisons typographiques, la notation classique P x,
x’ f a
été remplacé ici par P {x, x’} ; cette écriture nedoit pas donner à penser que x et x’ peuvent être écrit dans n’importe quel ordre.
Le
produit
d’axiomes(A’,,
...,A’n) définit,
defaçon parfois
inutilementlourde,
le typegénéral
d’infra-m
à droite. De même, leproduit (A "1,
..., A"n)
définit le typegénéral d’infra-m
àgauche. Enfin,
le
produit (A’,, A "1,
...,A’n, A "n)
définit le typegénéral d’infra-m.
L’axiome
B~
est leplus
souvent sous la forme T ~T’ ;
dans ce cas, l’axiomeA’k prend
la forme:La même remarque
s’applique
àA nk.
L’axiomeAx
s’écrit alors :ou
1.2.2. -
Lorsqu’un
axiome de~
comporte lequantificateur 3
sous la forme :l’axiome
A’ k correspondant s’écrit,
siB’k désigne R’k
danslequel
R estremplacé
par P :Il en va de même pour l’axiome A
"k.
L’axiomeAk
s’en déduit comme auparagraphe précédent.
1.3. -
Propriétés
communes à diverses relations.Une
propriété
comme la réflexivité ou la transitivitéreprésente
en fait un type derelation, qui
a la
particularité
d’être défini par un seul axiome. Afin de suivrel’usage,
nous traiterons ce type de relation en tant quepropriété
éventuelle d’un type de relation moins élémentaire. Au lieu deparler
du type de relation
d’infra-transitivité,
nousparlerons
de lapropriété (ou relation) d’infra-transitivité,
mais les définitions seront exactement celles du
paragraphe
1.1. Nousenvisagerons toujours,
non pas des relations par rapport à des lettres mais des relations dans unensemble,
tout en omettant leplus
souvent d’écrire les relations
d’appartenance
àl’ensemble,
afind’alléger
l’écriture.1.3.1. -
1 n f ra-réiexivité.
De la relation de réflexivité dans un ensemble :
on déduit la relation d’infra-réflexivité à droite
(par exemple) :
et la relation d’infra-réflexivité :
La relation d’infra-réflexivité dans un ensemble est
identique
à la relation de réflexivité par rapport à deux lettres.1.3.2. -
Infra-transitivité.
De la relation de transivité :
on déduit la relation d’infra-transitivité à droite :
et la relation d’infra-transitivité :
ou
1.3.3. -
Infra-symétrie.
De la relation de
symétrie :
on déduit la relation
d’infra-symétrie
à droite :et la relation
d’infra-symétrie :
ou
qui
estéquivalente
à la relation suivante :1.3.4. -
I n f ra-antisymétrie.
De la relation
d’antisymétrie :
on déduit la relation
d’infra-antisymétrie
à droite :ainsi que les relations
A "4
etA4 correspondantes.
1.3.5. -
Infra-comparabilité.
De la relation de
comparabilité
dans un ensemble :on déduit la relation
d’infra- comp arabilité
à droite :ou
ainsi que
A" 5
etA5.
21 1.4. -
Infra-stabilité.
1.4.1. - Nous dirons
qu’un
type de relationg¡
estinfra-stable
à droitelorsque :
Les relations déduites des relations
(5)
et(6)
de la mêmefaçon
que(12)
s’obtient de(4)
définis-sent l’infra-stabilité à
gauche
et l’infra-stabilité.1.4.2. - De nombreux types de relations vérifient la
propriété suivante, plus forte
que l’infra- stabilité(et
sont donc a fortioriinfra-stables) :
RA désignant
la trace de R sur A.C’est,
parexemple,
le cas des relations deréflexivité,
detransitivité,
desymétrie, d’antisymétrie,
de
comparabilité,
et parconséquent
des relationsd’équivalence,
depréordre
etd’ordre,
toutes définiespar des axiomes ne comportant pas le
signe ~ .
1.4.3. - Si
f7l
est un type de relation infra-stable et si9’(f7l)
est le typegénéral d’infra-g¡,
alors
f7l
c9’(f7l).
Certains typesd’infra-f7l
seprésentent
dans ce cas comme des affaiblissements du type de relationf7l
intermédiaires entre ce type et le typegénéral d’infra-f7l : g¡
c~~ c 9’(f7l).
-Les autres types
d’infra-f7l
seprésentent
comme des relationsqui
sontplus
fortes que9’ (f7l)
dans unedirection
qui
ne conduit pas à~ :
on a seulement la relationgénérale ~~
Cg;(f7l).
Une sous-famille de types
d’infra-f7l
intermédiaires entre9’(f7l) et f7l (supposé infra-stable)
estl’ensemble des types de relations définis par le
produit
d’axiomes(Ci,
...,Cn),
oùCk
estidentique
àl’un des axiomes
Ak
etBk figurant
dans lesproduits
d’axiomes(A1,
...,~4~)
et(Bl,
...,B~), qui
défi-nissent
respectivement
le typegénéral d’infra-g¡
et le type de relationf7l
etqui
secorrespondent,
pour un même
indice,
comme il a étéindiqué
auparagraphe
1.2. Toutproduit (Cl,
...,Cn)
définit bienun type
d’infra-g¡,
intermédiaire entre~
et9’(f7l), puisque Bk P Ale lorsque est
infra-stable.Il arrive que,
Cx
étant associé avec une combinaison déterminée des autresaxiomes,
le même type de relation soit défini pourCk
=Ak
et pourCk
=Bk.
1.5. -
Infra-connexité.
1.5.1. --
Infra-connexité forte.
Nous disons
qu’une
relation est fortement connexe dans un ensemble si songraphe
est fortementconnexe 1. Nous
désignerons
par(a
... Xi ...b)
un chemin allant de a versb,
éventuellement réduit à(ab),
et par(a
... Xi ...b)t [respectivement (a
... Xi ...b)_t~
fin chemin dont tous les éléments satisfont à P {t, xi}[respectivement
P {x~,t}].
La condition d’infra-connexité forte s’écrit alors .
La connexité forte n’est évidemment pas intra-stable. L’infra-connexité forte
n’implique
pas nonplus
la connexitéforte,
elleimplique
unepropriété plus faible,
que nous allons établir.1. Un graphe est fortement connexe lorsque pour tout couple d’éléments il existe toujours un chemin allant du premier au second, ce qui implique qu’il existe toujours un circuit passant par deux éléments.
22
LEMME. - P étant une relation
fortement infra-connexe,
si(a, b)
EP,
alors il existe sur legraphe
de P un cheminqui
part de b et aboutit en a.En
effet,
l’infra-connexité forteimplique
que :c"est-à-dire :
l’infra-connexité forte
implique
alors que :il existe donc un chemin
(b
...xnb)
et un chemin(axn
...a),
et parconséquent :
COROLLAIRE. - P étant une relation
fortement infra-connexe,
s’il existe sur legraphe
de Pun chemin allant de a vers
b,
alors il existe aussi un chemin allant de b vers a, et donc un circuit passant par a et b.En
effet,
àchaque couple
d’éléments consécutifs(xi, xj)
du chemin(axl
...xnb) correspond
unchemin
(xj .., xi).
Il existe donc au moins un chemin(6
... xn ... xn-l ... Xi ... xi ... xl ...a),
formé d’une succession de chemins comme
(Xi
...xi), qui répond
à laquestion.
PROPOSITION. - P étant une relation
fortement infra-connexe,
s’il existe une relationproduit
de
facteurs
P et defacteurs
P-1 àlaquelle satisfait
lecouple (a, b),
alors il existe sur legraphe
de P un cir-cuit passant par a et b.
Autrement
dit,
si lecouple (a, b)
satisfait à une condition de connexitéfaible 1,
il existe sur legraphe
de la relation fortement infra-connexe P un circuit passant par a et b.En
effet,
pourcaque couple
d’élémentsadjacents xi
et Xi de la chaîne(a
... xixl ...b),
ou bien(xi, Xi)
E P et il existe au moins un entier Pit tel que(xl, xi)
EPPfi,
ou bien(Si, xi)
E P et il existe aumoins en entier pli tel que
(xi, xj)
e PPIJ. Il existe donc au moins un chemin allant de a vers b et unchemin allant de b vers a.
COROLLAIRE. - Si P est une relation à la
fois faiblement
connexe etfortement infra-connexe,
elle est
fortement
connexe.En
effet,
toutcouple (a, b),
satisfaisant dans ce cas la condition de connexitéfaible,
est,d’après
la
proposition précédente,
sur uncircuit,
cequi
caractérise la connexité forte.Par
analogie
avec le conceptd’infra-stabilité,
onpourrait
dire que, dans le domaine des relations faiblement connexes, lapropriété
d’infra-connexité forte est «supra-stable
».1.5.2. -
Infra-connexité faible.
La connexité faible n’est pas une
propriété
infra-stable. L’infra-connexité faiblen’implique
pasla connexité faible. Aucune de ces
propriétés
n’inclut l’autre.1. Rappelons qu’une relation P est faiblement connexe dans un ensemble X si elle détermine une correspondance (P, X) telle que : V et V Xk E X, il existe une chaîne xo, ..., xk dont tout couple de 2 éléments consécutifs xi et xj satisfait à :
ou P
23
Nous remarquerons que toute relation
infra-réflexive,
donc a fortiori toute relationréflexive, présente
lapropriété
d’infra-connexité faible. Laréciproque
n’est pas vraie. Parailleurs,
toute relationqui
est à la fois faiblement connexe et infra-réflexive est réflexive.1.6. - Connexité
faible
etgraphes disjoints.
Si
Xi, X2,
...,Xn
sont des ensemblesdisjoints
surlesquels
sontrespectivement
définies desrelations
d’infra-m Pl, P2,
...,Pn,
lacorrespondance
entreU Xt
et lui-même définie par(P,
UXi)
* U
(Pi, Xi)
est telle que P est une relationd’infra-m.
Autrementdit,
toutejuxtaposition
degraphes disjoints
du type~
est du type£F ;
il en résultequ’il
est suffisant d’étudier lespropriétés
des relations
d’infra-m
faiblement connexes.Soit
~
un typed’infra-m. Quel
que soit~, ~ comprend
des relationsP qui
peuvent êtreréparties
en deux classes non vides : cellesqui
sontfaiblement
connexes et cellesqui
ne sont le pas ;ces classes sont elles-mêmes des types
d’infra-g¡.
Nousappellerons « type
faiblement connexegénéral
d’infra-m »
la classe des relations faiblement connexes appartenant au typegénéral d’infra-,ÉW,
et« type faiblement connexe
d’infra-g¡ »
touttype d’infra-/
faiblement connexe.Lorsqu’il n’y
aura pas à craindre deconfusion,
nousabrégerons
cesexpressions
en «infra-m
connexegénéral»
et «connexe ».
Pour
alléger l’exposé,
compte tenu des remarques faites au début de ceparagraphe,
nous nouslimiterons souvent aux types
faiblement
connexesd’infra-relations,
le passage au casgénéral
neprésentant
aucune difficulté.
1.7. -- Méta-relation associée à une relation binaire.
1.7.1. -
Définition.
Soit une relation binaire
quelconque
P définie dans un ensemble E. Nous poserons :ou
Nous
appellerons
« méta-relation » associée à la relationP,
larelation Q
définie en fonction de P parl’équivalence
suivante :Cette relation sera considérée comme une relation binaire portant sur des éléments
qui
sont descouples
appartenant à E2. Endésignant
par pr,[]
etpr~ []
lespremière
et secondeprojections
d’ungraphe (ensemble
de définition et ensemble desvaleurs),
G étant legraphe
de P et H legraphe
deQ,
on a : prl
[H]
c G et pr2[H]
cG;
de sorte que H n’est pas restreint si on se limite à la considération descouples
appartenant à G c E2.Les divers « cas de
figure »
de la relationQ
{x,x’ ;
y,y)
sont décrits par les schémasci-après,
oùles flèches
représentent
lescouples (a, b)
pourlesquels
il est nécessaire que P {a,6}
soit vrai pour queQ
le soit.(L’accolade indique
deux élémentsconfondus).
24
Nous examinerons les
propriétés
de Pqui correspondent
à certainespropriétés
deQ.
1.7.2. -
Réflexivité.
La relation
Pl
{a, a} est universellementvraie,
d’où :Il résulte alors directement de la définition
de Q
que :La
relation Q
est donc réflexive par rapport auxcouples (x, x’)
et(y, y’) quelle
que soit P.Dans un ensemble
A,
la réflexivitéde Q
s’écrit :Il en résulte que, dans l’ensemble
.E2, Q
est réflexive si et seulement si P estuniverselle;
par contre, dans l’ensembleG, partie
de E2 définie commegraphe
de la relationP, Q
est réflexivequelle
que soit P.Si la relation P est elle-même infra-réflexive dans
E2,
c’est-à-dire si :il en résulte que :
et donc :
Donc,
si P est infra-réflexive(ou
a fortioriréflexive) :
1.7.3. - Transitivité.
Par
définition,
la relationQ
est transitive(nous désignerons
par T cetteproposition) si,
et seu-lement si :
ce
qui
estéquivalent
à :Considérons
le casparticulier
où x = y et x’ =y’,
tout en tenant compte de ce quece
qui signifie
que Timplique
l’infra-transitivité à droite. De même, en considérant le cas où y = xet
y’
=x’,
on voit que Timplique
l’infra-transitivité àgauche. Donc,
siQ
esttransitive,
P est infra- transitive.Réciproquement,
supposons que P soitinfra-transitive,
c’est-à-dire que(cf. paragraphe 1.3.2.):
ou
on a d’autre part :
ou
ou
ou
Il résulte de
A2
et(30)
que :de
A2
et(31)
que :de
A2, (32)
et(33)
que :ou
En
particulier,
on adonc,
si P est infra-transitive :Les relations
(37)
à(40) impliquent
la relation T(28) :
si P estinfra-transitive, Q
est donc transitive.Nous avons ainsi démontré que les
propositions
«Q
est transitive» et « P estinfra-transitive»
sont
équivalentes.
1.7.4.
Symétrie.
Par
définition,
larelation Q
estsymétrique (proposition S)
si et seulement si :ce
qui
estéquivalent
à :Considérons le cas
particulier
oùy’
=x’,
tout en tenant compte de ce queet de ce que
ce
qui signifie
que Simplique l’infra-symétrie
àgauche.
De même, en considérant le cas où y = x,on voit que S
implique l’infra-symétrie
à droite.Donc,
siQ
estsymétrique,
P estinfra-symétrique.
Réciproquement,
supposons que P soitinfra-symétrique,
c’est-à-dire(cf. § 1.3.3) :
ou
(
d’où :
Il en résulte immédiatement la relation
(42). Donc,
si P estinfra-symétrique, Q
estsymétrique.
Nous avons ainsi démontré que les
propositions
«Q
estsymétrique »
et « P estinfra-symétrique »
sont
équivalentes.
1.7.5.
Antisymétrie.
Par
définition,
larelation Q
estantisymétrique (proposition A)
si et seulement si :ce
qui
estéquivalent
à :En considérant le cas x .=. y,
puis
le cas x’ =y’,
on voit que Aimplique l’infra-antisymétrie
àdroite, puis l’infra-antisymétrie
àgauche,
doncl’infra-antisymétrie.
Réciproquement, l’infra-antisymétrie (cf. § 1.3.4) implique
que :ou
d’où résulte immédiatement la relation A
(46).
Nous avons ainsi démontré que les
propositions « Q
estantisymétrique»
et « P estinfra-antisymé- trique »
sontéquivalentes.
1.7.6.
Comparabilité.
Par
définition,
larelation Q possède
lapropriété
decomparabilité
dansG, graphe
de la relation P(proposition C),
si et seulement si :ou
ce
qui
estéquivalent
à :ou encore à :
En considérant le cas x = y, on voit que C
implique
que :de même le cas x’
= y’
conduit à :Nous montrons ainsi que C
implique
pour P unepropriété plus
faible quel’infra-comparabilité:
l’infra-comparabilité
d’éléments distincts.La
comparabilité (ou
a fortioril’infra-comparabilité)
de P dans En’implique
pas lacomparabilitP de Q
dans G.1.7.7. Théorème.
Si
~
est un type de relationdé fcni
par un certain nombre d’axiomespris parmi
les seuls axiomes deréflexivité, transitivité, symétrie
etantisymétrie,
la méta-relationQ
associée à un typed’infra-g¡
estelle-même une relation de type
91.
Ce théorème résulte directement des
propositions
démontrées dans lesparagraphes 1.7.2, 1.7.3,
1.7.4. et 1.7.5. Ils’applique
enparticulier
aux relationsd’équivalence,
depré-ordre
et d’ordre.1.8. Relations
d’équivalence
etapparentées.
La relation infra-universelle est la relation
d’équivalence.
La relationd’infra-équivalence
estaussi la relation
d’équivalence (l’infra-équivalence impliquant l’infra-universalité).
Ces infra-relations sont donc
triviales,
mais il fautsouligner
que les typescorrespondants
d’infra-relations à
gauche
ou àdroite,
que nousn’envisagerons
pas dans le cadre de cetarticle,
offrent des modèlesmoins forts et
plus variés,
doncplus
intéressantsquant
auxapplications
éventuelles(en particulier
comme modèles de
processus).
1.9.
Infra-préordres.
Le type
général d’infra-préordre
est défini par les relations d’infra-réflexivité et d’infra-transi- tivité. Il en résulte(cf. § 1.7.7)
que la méta-relation associée à une relationd’infra-préordre
est unpré-
ordre.
Certaines des
propriétés
intéressantes que nous établirons par les infra-ordres sontgénérali- sables,
sous un formeaffaiblie,
auxinfra-préordres.
Nous ne nous y attarderons pas.2. - INFRA-ORDRES.
2.1. -
Axiomatique.
Le type
général
d’infra-ordre est défini par les axiomesd’infra-réflexivité,
infra-transitivité etinfra-antisymétrie (axiomes Al, A2
etA4 des § § 1.3.1,1.3.2
et1.3.4). Compte
tenu deA, (infra-réflexivité),
A4 (infra-antisymétrie)
peut êtreremplacé
parR4 (antisymétrie),
cequi
conduit àl’axiomatique plus légère :
2.2. - Méta-relation
associée,
nervure,frontière.
La
méta-relation Q
associée à la relation d’infra-ordre P est une relation d’ordre(cf. § 1.7.7.).
Nous considérerons que
(x, x’)
estsupérieur
à(y, y’) lorsque
la relationQ{x, x’;
y,y’}
est vraie.Comme il
s’agit
d’une relation Pinfra-réflexive,
il estimportant
de noter lapropriété générale
suivante
présentée
parQ (quelle
que soitP) :
La relation P étant
antisymétrique,
on a d’autrepart :
Il en résulte que les « boules »
(x, x)
sont des éléments minimaux pourQ.
Les relations(53)
et(54) jointes
à l’infra-réflexivité de P montrent que seules les boucles sont éléments minimaux pourQ.
Nous nommerons « éléments
quasi-minimaux»
les éléments(n, n’)
tels n’ et que :ou
Nous
appellerons
« nervure » dugraphe
de la relation P l’ensemble descouples (n, n’) qui
sontdes éléments
quasi-minimaux
pourQ.
Nous dirons alors que les éléments n et n’ sont «consécutifs».
Nous
appellerons « frontiére »
dugraphe
de la relation P l’ensemble descouples ( f, f’) qui
sontdes éléments maximaux pour
Q.
Nous dirons alors que leséléments f
etf’
sont «diagonaux »
et nousappellerons
«diagonale »
lecouple ( f, f’).
Soit un
couple ( f, f ‘) appartenant
à la frontière de P. Considérons tous les éléments yqui
sonttels que le
couple (y, y’)
soit un minorant de( f, f’)
pour la méta-relationQ,
donc tels queQ{ f, f’; y, y’},
d’où et
P{y, f’}.
Nous dirons que ces éléments y sont « couverts » par ladiagonale ( f, f’)
1.Tous ces éléments
appartiennent
donc à la fois à la coupeP( f )
et à la coupeP-1( f’).
Autrementdit,
carréciproquement (P{ f, y}, P{y, f’})
~Q(f, f’;
y,y},
ce sont tous les éléments «compris » (pour
la rela-tion
P)
entre les élémentsdiagonaux f
etf’.
Ils constituent unepartie
convexe de l’ensemble X danslequel
est définiP;
eneffet,
si y etyn
sont deux de ceséléments,
avecP{y, yn},
et siy’
est tel queP{y, y’}
etP{y’, y "},
la relationQ{y, y" ; y‘,y’} qui
s’en déduitimplique,
partransitivité,
que(y’, y’)
est un minorant de
( f, f’).
La relation P détermine donc un ordre sur les éléments couverts par une
diagonale.
Cet ordreest
complètement défini
par la trace de la nervure sur leur ensemble. Cet ensemble d’éléments est maximal pour toutes cespropriétés qui
sont directement liées à l’existence ducouple
maximal( f, f’).
1. Si deux éléments y et y’ sont couverts par une même diagonale (f, f’) et si P { y, y’}, cela signifie que le couple (y, y’)
est inférieur au couple (f, f’) pour la relation Q. Par commodité, nous dirons aussi que le couple (y, y’) est « couvert » par cette
diagonale.
L’infra-ordre
P est entièrementdé, fini
par sa nervure et safrontière, qui représente
la limite au-delà delaquelle
la transitivité nes’applique plus
aux éléments de l’ensemble X.La frontière couvre par définition tous les éléments
(couples)
dugraphe G ;
elle peut se confondrepartiellement
avec la nervure(si
elle se confond totalement avec la nervure, on a un infra-ordre totaldégénéré
ensimple
relation deconcaténation).
2.3. -
Infra-ordre
total.Le type d’infra-ordre total est défini par les axiomes du type
général
d’infra-ordre(Al, A2, ~4)?
complétés
par l’axiomed’infra-comparabilité A5 (cf. § 1.3.5) :
ou ou
Compte
tenu deA5, A2
peut êtreremplacé
par :ou (
ou
(
Si maintenant on
remplace
l’axiomeA2
bts par l’axiome suivant :qui
estplus
fort que l’axiomeA2
bis etplus
faible que l’axiomeR2 (cf. 1.3.2),
on définit un type partt- culier d’infra-ordretotal,
celui que nous avons introduit sous le nom de « relation d’infra-ordre » dansnotre communication de 1967 au Séminaire d’Aix sur les Ordres totaux
(Durup, 1970).
Soient
(x, x’)
et(y, y’)
deuxcouples
appartenant augraphe
G de la relation P et couverts parune même
diagonale ( f, f’).
Les éléments x,x’,
y ety’, qui appartiennent
alors àP( f )
etP-1( f’),
sontdonc totalement ordonnés. Il en résulte que, si la borne
supérieure
descouples (x, x’)
et(y, y’),
pour la relationQ,
n’est pas l’un de cescouples (Q {x, x’; y, y’}
ouQ {y, y’;
x,x’}),
l’un descouples (x, y’)
et
(y, x’)
estsupérieur
à l’autre(Q
{x,y’;
y,x’} ou Q {y, x’;
x,y’})
et constitue la bornesupérieure
de(x, x’)
et(y, y’).
La méta-relationQ
définie sur lescouples
de G est donc un ordre(partie4
dont la tracesur les
couples
couverts par une mêmediagonale
est un demi-treillis.Sous une
diagonale,
l’ordre totalqui
est la trace del’infra-ordre
total P estdéfini
par la nervure del’infra-ordre.
Lapartie
de nervurecomprise
entre deux élémentsdiagonaux
constitue un chemin maximalsur
lequel
l’infra-ordre P détermine un ordre total. Cette notion de chemin maximal à ordretotal,
rencontrée ici pour un
infra-ordre,
estclassique
pour un ordrepartiel (autre
affaiblissement de l’ordretotal),
avec la mêmepropriété
de convexité.L’axiome
A5 implique
que la nervure ne peutprésenter
aucune bifurcation : si parexemple (t, x)
et(t, y) appartiennent
augraphe G,
il existe uncouple (x, y),
inférieur à(t, y),
ou uncouple (y, x),
inférieur à
(t, x), qui appartient
àG,
de sorte que(t, x)
et(t, y)
ne peuventappartenir
tous deux à lanervure s’ils sont distincts. La nervure d’un
infra-ordre
total est donc un cheminélémentaire,
soit ouvert, soitfermé (circuit élémentaire)
1. Dans le cas d’uncircuit, incompatible
avec toute relation d’ordreglobale, l’infra-ordre
totaldéfinit
des ordres totaux locaux.La
typologie
de ces relations d-infra-ordre total a étéesquissée
dans lapublication déjà
citée :« mèches »
(nervure ouverte)
et « nattes »(nervure fermée),
strictes(cf.
ordrestrict)
ou non. La cc lon-gueur » d’un infra-ordre total est celle de sa nervure,
qui
est un chemin(ou
uncircuit)
hamiltonien1. Nous nous restreignons ici au cas faiblement connexe, le cas général s’en déduisant par réunion de graphes disjoints.
sur le
graphe
G. Son «épaisseur »
est lalongueur
de laplus longue partie
de nervurecomprise
entredeux éléments
diagonaux ;
si cettelongueur
est constante pour toutes lesdiagonales,
la « natte » estd’épaisseur
«uniforme » ;
la relation de concaténation estd’épaisseur 1 ;
la relation d’ordre total sur n éléments est une « mèche »d’épaisseur n -1 ;
la « natte uniforme » laplus courte d’épaisseur
e apour
longueur
2 e-~-1
dans le cas du typegénéral
d’infra-ordre total et 3 e-~-1
dans le cas du typeparticulier correspondant
à l’axiomeR2
bis.Les
propriétés
des infra-ordres totaux àgauche (ou
àdroite)
sont très voisines de celles des infra- ordres totaux. La nervure peut alors être soitcirculaire,
soitlinéaire,
commeprécédemment,
soit encorearborescente.
3. -
INTERMÉDIAIRES
3.1.
Définition.
Pour une relation P
d’infra-ordre,
la relation N d’intermédiarité orientée(« y
est intermédiaireentre x et z avec
l’ordre x > y > »)
sera définie ainsi :Il est commode de raisonner sur cette relation
orientée,
àpartir
delaquelle
la relation N’ d’intermédia- ritésymétrique («y
est intermédiaire entre x etx o)
est définie par :ou
3.2. -
Propriétés.
La condition essentielle
qui
doit être satisfaite par une relation d’intermédiarité est celle del’unicité ?
trois éléments étantdonnés,
un auplus possède
lapropriété
d’être intermédiaire entre les deux autres, cequi s’exprime
ici par :Effectivement,
pour toute relation Pantisymétrique :
ou
ou
La condition de
totalité, qui exigerait qu’un
intermédiaire existetoujours parmi
trois élémentsquelconques,
n’est évidemment pasremplie,
sauf dans le cas trèsparticulier
où l’infra-ordre se réduit à un ordre total.La condition de transitivité des
types Tl
etT2 :
sont
satisfaites,
car elles sontéquivalentes
à :qui
est vérifiée par toute relation infra-transitive. La condition de transivité du typeT4 :
est aussi
satisfaite,
car l’infra-transitivité de Pimplique
les deux relationssuivantes, lesquelles
im-pliquent T4 :
La condition de transitivité du type
T3
n’est pasvérifiée,
sauf pour le casparticulier
d’un infra- ordre réduit à un ordre total. Engénéral :
La condition suivante :
ou
est
équivalente
à :ou
qui
estimpliquée
par la relationd’infra-comparabilité.
La conditionPl
est donc satisfaite pour uninfra-
ordre total.
La condition
P2
suivante n’est pasvérifiée,
même pour un infra-ordretotal,
sauf s’il se réduità un ordre total. En
général :
(non P2)
ou3.3. -
Axiomatique
ternaire desinfra-ordres.
Certains axiomes
caractéristiques
des infra-ordres peuvents’exprimer
defaçon
condensée aumoyen de la relation ternaire N. Ainsi l’axiome
d’infra-transitivité,
sous la forme d’un axiome de typeT2:
ou
Un type d’infra-ordre
plus
faible que l’infra-ordre total est caractérisé par 1"axiomefB
donné au§
3.2à la
place
de l’axiomeA5 d’infra-comparabilité.
3.4. - Conclusion.
En définissant une relation d’intermédiarité sur une structure
infra-ordonnée,
nous nous appuyonssur une structure
plus
faible que cellesqui
autorisent habituellement laprise
en considération d’inter- médiaires. Mais par contre nous introduisons lacomparaison
des extrêmes comme condition faisantintrinsèquement partie
de la définition d’unintermédiaire,
cequi
revient à ne définir cet intermédiaireque
lorsque
les trois élémentsappartiennent
à un sous-ensemble danslequel
la trace de la relation d’infra-ordre est un ordre. La relation d’intermédiarité est ainsi définie à une échelle où la transitivité interne(axiomes T,, T,, T4)
est réalisée(cependant
que la transitivité externe - axiomeTa
- ne l’estpas).
L’intermédiaire est alorsplus
ou moins localement défini : très localement là où la structure estpauvre,
beaucoup
moins localement là où la structure est riche. L’intérêt réside dans lapossibilité
dedégager
des intermédiaires entre certains éléments dans un ensembleglobalement
structuré defaçon
par
exemple
circulaire.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES.
H.
DURUP, 1970,
Structurealgébrique
desplans d’expériences
à transitionsrestreintes ; infra-ordres ;
mots circulaires exhaustifs.