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La lombalgie chronique : la comprendre pour mieux la gérer

Chronic low back pain: understanding it to better manage it

Hind Balkhadir, Sara Skalli, Mohammed Ait Moussa, Khalid El Youbi, Samia Karkouri

Unité de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital El Ayachi, CHUIS Rabat-Salé - Maroc.

Résumé

La lombalgie commune, suscite un intérêt majeur en raison de son retentissement socioéconomique et psychologique. Ses mécanismes de genèse et de maintient demeurent toujours complexes et mal élucidés.

En effet, une évaluation préalable des déficiences, des limitations d’activité, des restrictions de participation et des facteurs contextuels de chaque patient est nécessaire. L’objectif est de permettre un projet thérapeutique personnalisé, visant à gérer l’épisode douloureux et à restaurer les capacités fonctionnelles du patient tout en l’impliquant de façon active dans son traitement.

Mots clés :

Lombalgie commune; Échelles d’évaluation; Mesures d’hygiène; Rééducation;

Isocinétisme.

Abstract

Common low back pain is attracting major interest, due to its socioeconomic and psychological impact.

Its mechanisms of genesis and maintenance always remain complex and poorly understood.

Indeed, a prior assessment of the impairments, activity limitations, participation restrictions and contextual factors of each patient is necessary in order to offer personalized therapeutic management, aiming to manage the pain episode and restore the patient's functional capacities while actively involving him in his treatment.

Key words :

Common low back pain; Evaluation scales; Hygiene measures; Rehabilitation;

Isokinetics.

Rev Mar Rhum 2020; 52:16-32 DOI: 10.24398/A.389.2020;

La lombalgie commune se définit comme une douleur de la région lombaire ne présentant pas de signes évocateurs d’une pathologie inflammatoire, infectieuse, fracturaire ou tumorale. Elle évolue vers la guérison dans la majorité des cas, cependant une récurrence ou une chronicisation sont possibles. C’est un motif de consultation fréquent en pathologie musculo-squelettique, qui constitue un réel problème de santé publique [1].

La démarche diagnostique a pour but d’éliminer les lombalgies symptomatiques, d’évaluer la gravité de l’épisode actuel et de rechercher les facteurs de risque de chronicité.

La prise en charge des lombalgies chroniques se doit d’être globale incluant aussi bien la dimension physique, psychique et sociale en insistant sur les mesures d’hygiène [2,3].

RAPPEL ANATOMIQUE [4-6]

Le rachis, axe du corps, est constitué de trois parties distinctes : rachis cervical, thoracique et lombaire. Le rachis lombaire comporte 5 vertèbres de L1 à L5, chacune composée d’un corps dans sa partie antérieure et un arc vertébral postérieur, les deux délimitent le foramen vertébral.

Les corps vertébraux sont reliés entre eux par le disque intervertébral et les ligaments longitudinaux antérieur et postérieur. Les arcs postérieurs, sont reliés par les ligaments intrinsèques : le ligament jaune, le ligament inter-épineux et le ligament inter-transversaire qui relient les vertèbres entre elles et les ligaments extrinsèques, formés par les faisceaux supérieur et inferieur du ligament iliolombaire, qui fixent le rachis au bassin.

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DOSSIER SPÉCIAL

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Sur le plan biomécanique, le rachis doit répondre à 2 impératifs contradictoires :

- Une grande stabilité : le rachis assure le support des charges importantes du fait du poids du corps et des forces générées lors des efforts de soulèvement. Cette stabilité est assurée par le triple appui vertébral (corps et zygapophyses), les structures ligamentaires, le disque intervertébral et les muscles érecteurs du rachis et abdominaux. Aussi, elle est liée à l’organisation du rachis en segments fonctionnels et à la présence des courbures sagittales qui augmentent la résistance de ce dernier aux efforts de compression axiale.

- Une mobilité : assurée par le segment mobile c’est à dire l’articulation intervertébrale où le disque intervertébral joue un rôle important. La mobilité du rachis se fait dans les 3 plans de l’espace : Le plan sagittal qui définit la flexion-extension ; le plan frontal qui définit le mouvement d’inclinaison latérale droite et gauche et le plan vertical qui définit la rotation axiale.

RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE [7-12]

La lombalgie commune est classiquement attribuée à un désordre mécanique résultant de l’altération physiologique des structures du segment mobile intervertébral. L’origine anatomique et les mécanismes en cause ne sont individualisés que dans 20% des cas. La structure anatomique le plus souvent impliquée dans la genèse de la pathologie lombaire commune est le disque intervertébral.

En effet, le vieillissement du disque intervertébral, dès la deuxième décennie de la vie, peut s’accompagner d’une diminution de la production des protéoglycanes, essentielles à son hydratation, entrainant une altération de ses propriétés mécaniques. Il ne s’agit cependant pas d’un phénomène purement mécanique, mais aussi d’une élévation des taux d’enzymes de dégradation du collagène activées par des médiateurs chimiques de l’inflammation sécrétés par des cellules sanguines ou par des fibres nerveuses. D’autres facteurs peuvent être liés à la dégénérescence discale comme les facteurs génétiques et la prédisposition familiale.

Les autres structures ligamentaires, zygapophysaires et musculaires peuvent être également incriminés. Ainsi, avec l’âge et la sédentarité on assiste à une dégénérescence graisseuse des muscles para vertébraux prédominant sur les muscles spinaux avec une inversion des rapports de force entre extenseurs et fléchisseurs du tronc, entrainant une instabilité du rachis et une altération du schéma proprioceptif. Aussi, cette faiblesse musculaire est compensée par la surutilisation des autres structures ligamentaires et articulaires accélérant

ainsi, leurs dégénérescences.

ÉPIDÉMIOLOGIE : [1,2,13-15]

La lombalgie est particulièrement fréquente chez l’adulte jeune avec un pic de fréquence vers l’âge de 40 ans sans différence significative entre les deux sexes. Cette fréquence diminue ensuite chez l’homme, alors que chez la femme il existe un 2ème pic de fréquence vers 60 ans en rapport avec le risque de fractures ostéoporotiques.

Plusieurs indicateurs psychosociaux et facteurs pronostics sont liés au passage à la chronicité et à la récidive de la lombalgie commune. (Figure 1)

ÉVALUATION CLINIQUE

L’évaluation clinique s’appuie sur le modèle de la Classification Internationale du Fonctionnement « CIF » et s’intéresse aux déficiences, limitations d’activités et restrictions de participation sans oublier les facteurs contextuels personnels et environnementaux [16].

Évaluation des déficiences a. Évaluation de la douleur

- L’évaluation unidimensionnelle : consiste à estimer l’intensité de la douleur en utilisant le plus fréquemment l’échelle visuelle analogique (EVA).

- L’évaluation multidimensionnelle : Le Questionnaire de Dallas (Annexe 1), validé en langue français [17,18], est un auto-questionnaire spécifique des lombalgies chroniques, il explore le retentissement de la douleur par rapport aux quatre dimensions de la vie courante (activité quotidienne, travail et loisirs, anxiété-dépression et activité sociale).

b. Examen clinique

• L’examen général est de rigueur, il apprécie l’état général et élimine l’existence de signes évocateurs d’une lombalgie symptomatique.

• L’examen du rachis :

- Évalue aussi bien la statique rachidienne à la recherche d’une modification des courbures physiologiques (exagération de la lordose ou dos plat), que sa mobilité en appréciant la souplesse du complexe lombopelvien (indice de Shober, distance doigt-sol et angle poplité) [19]

- L’examen musculaire permet de rechercher d’éventuelles contractures et d’apprécier la force et l’endurance de la sangle abdominale (Le test de Shirado-Ito) [20] et des spinaux (test de Sorensen) [21] (figure 2).

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Évaluation des limitations d’activité

La limitation d’activité est appréciée par un certain nombre de questionnaires qui évaluent la répercussion fonctionnelle de la lombalgie.

- L’échelle d’incapacité fonctionnelle pour l’évaluation des lombalgies (EIFEL), l’échelle de Roland-Morris qui correspond à la traduction validée en français du Roland Disability Questionnaire [22,23] (Annexe 2),

- L’échelle d’impotence fonctionnelle de la lombalgie de Québec [24-26] (Annexe 3) : Utilisé du fait de sa simplicité et de son court temps de passage (5 minutes environ) dont l’objectif est de mesurer les répercussions fonctionnelles de la lombalgie sur des gestes simples de la vie courante.

Évaluation des restrictions de participation

La dimension psychologique est appréciée par le Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) [27,28] (Annexe 4) : instrument qui permet de dépister les troubles anxieux et dépressifs. Elle comporte 14 items côtés de 0 à 3. Sept questions se rapportent à l’anxiété (total A) et sept autres à la dimension dépressive (total D), permettant ainsi l’obtention de deux scores (note maximale de chaque score = 21).

L’évaluation de la dimension socioprofessionnelle prend en compte le statut familial, le niveau d’éducation, les ressources financières et le mode de vie. L’évaluation professionnelle analyse la qualification, l’ancienneté, les contraintes mécaniques inhérentes au poste mais aussi la capacité de l’entreprise en termes de formation et d’aménagement de poste de travail.

Les facteurs contextuels : environnementaux et personnels

Évaluation des peurs et croyances par rapport au travail par le Fear Avoidance Belief Questionnaire (FABQ) [31,32]

(Annexe 5) et des stratégies de coping c’est à dire les stratégies utilisées pour faire face à une douleur chronique par le Coping Strategies Questionnaire CSQ-F [29,30] (Annexe 6)

Enfin l’évaluation du contexte médico-légal (accident de travail, accident de la voie publique…) à la recherche d’un conflit ou de bénéfices secondaires (indemnisation ou demande de reclassement).

PRISE EN CHARGE

But

L’objectif de la prise en charge est de gérer l’épisode douloureux, d’améliorer les capacités fonctionnelles et de lutter contre les facteurs de chronicité.

Moyens

Traitement pharmacologique

Les traitements pharmacologiques proposés au cours de la lombalgie chronique :

• Les antalgiques, AINS et myorelaxants : sont prescrits pour passer un cap douloureux, sur une courte durée, suivant les règles générales de prescription et les contre-indications habituelles [33,34].

• Les antidépresseurs tricycliques : proposés aussi bien pour leur action antalgique que pour l’action sur les facteurs psychogènes intervenant dans la genèse et l’entretien de la lombalgie. Un traitement intensif par voie intraveineuse, en dehors des contre-indications, peut précéder la prescription per os [35].

• Les infiltrations rachidiennes : au niveau des articulaires postérieurs, intra-discale ou épidurale peuvent être proposés lorsqu’une étiologie de la lombalgie est retenue et après échec du traitement par voie orale [36].

Traitement non pharmacologique :

Le traitement rééducatif fait appel principalement à la mise en place d’un échange clair et explicite avec le patient afin de répondre à ses inquiétudes et de l’accompagner tout au long de son projet thérapeutique, tout en encourageant un mode de vie actif.

Éducation thérapeutique [37,38]

L’éducation thérapeutique est un processus qui vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Ce processus est intégré dans l’arsenal thérapeutique de l’ensemble des maladies chroniques, il occupe une place particulièrement importante dans la prise en charge des patients lombalgiques chroniques. En effet, il est important, à travers un diagnostic éducatif précis, de répondre aux attentes des patients en matière de savoir, savoir-faire et savoir être face à leurs lombalgies.

Les moyens passifs

• La physiothérapie antalgique : Les massages décontracturants, la thermothérapie, les ondes courtes, l’électrothérapie…

• Les cures thermales [39] : le mode d’action des cures thermales fait appel aux propriétés des éléments chimiques contenus dans l’eau minérale mais aussi aux propriétés physiques de l’eau et de ses dérivés.

• Les contentions lombaires [40] : Trois actions peuvent être recherchées dans une orthèse lombaire :

DOSSIER SPÉCIAL

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- Une action de restriction de mobilité obtenue par les orthèses rigides en plâtre, résine ou thermoformable et avec les corsets en coutil baleinés à cage fermée ou semi-ouverte.

L’action de restriction de mobilité est obtenue plus par une action dissuasive que par action mécanique car la seule façon d’immobiliser les 2 derniers disques lombaires est de prolonger l’orthèse par une pièce de cuisse (hémi-bermuda) rendant le dispositif inconfortable.

- Une action de suppléance de la sangle abdominale obtenue par toutes les orthèses apportant un effet de compression sur la paroi abdomino-lombaire.

- Une action de rappel de posture obtenue par toutes les orthèses comportant un tuteur lombaire.

• Le kinesiotaping [41]

Les bandes de « kinesiotaping » sont des bandes élastiques dont les propriétés mécaniques sont proches de celles de la peau. Leur utilisation suivant des techniques de pose particulières permet à la fois l’amélioration de la fonction musculaire, l’activation de la circulation sanguine et lymphatique, la diminution de la douleur par stimulation des mécanorécepteurs cutanés et la correction et l’augmentation de la stabilité articulaire.

Les moyens actifs

- La gymnastique médicale [42] : Il n’y a pas de systématisation des techniques proposées mais elles sont personnalisées pour chaque patient en fonction des résultats de son évaluation clinique. Les exercices proposés incluent des exercices de renforcement de la sangle abdominopelvienne et des exercices d’extensibilité pour les muscles spinaux et sous pelviens associées à des exercices de gymnastique globale et de travail aérobie pour augmenter la tolérance à l’effort.

- Les techniques instrumentales : Rééducation iso cinétique, tapis de marche, plateforme d’équilibre etc.

Chirurgie [43]

La chirurgie pour les lombalgies chroniques, est proposée en dernière intention si échec de traitement médical et si une étiologie accessible au traitement est retenue, les techniques proposées :

- Arthrodèse vertébrale : Fusion de 2 vertèbres ou plus dans un but de réduire la mobilité rachidienne et soulager le disque - Prothèse discale

- Discectomie traditionnelle ou mini-invasive

Indications

Éducation thérapeutique

Toujours proposée, elle permet en plus de rassurer les patients, de communiquer des informations claires, sur la nature de la maladie et sur les conseils d’hygiène recommandés. (Figure 3)

• Repos [34] : il est maintenant admis que le repos strict au lit n’a aucun effet thérapeutique sur la lombalgie commune.

Au contraire, le conseil de conserver le maximum d’activités tolérables semble accélérer la récupération, réduire les durées d’arrêt de travail et le passage à la chronicité.

• Literie [44] : le choix de la literie, n’influence pas la lombalgie elle-même mais la qualité du sommeil, les plans durs, largement recommandés, peuvent avoir un effet aggravant principalement lors des manœuvres de lever.

• Postures [45] :

- Les postures au lit : privilégier le décubitus latéral tout en évitant les torsions lombaires en plaçant un coussin entre les jambes et s’assurer que la tête est bien supportée. En décubitus dorsal, prévenir l’aggravation de la lordose lombaire en plaçant un coussin sous les genoux.

- Les postures au travail : veiller à garder les épaules détendues, les bras près du corps, les coudes pliés à 90°, le tronc doit être droit, le bas du dos éventuellement soutenu et les pieds à plat sur le sol.

- Ergonomie rachidienne : faire travailler ses jambes pour éviter les flexions répétitives du dos en les pliant pour descendre au sol ; Élargir ses bases d’appui au sol pour avoir plus de stabilité ; Utiliser un troisième appui (hanche, main, front…etc.) lors de la station debout prolongée ; répartir les charges entre les deux mains pour l’équilibre du tronc.

- Activité physique [34] : Bouger le dos active la réhydratation des disques vertébraux qui assurent la souplesse de la colonne vertébrale. Le choix d’une activité sportive se fait en concertation avec le thérapeute selon la faisabilité, l’accessibilité et les préférences du patient, la natation ; largement recommandée ne résume pas à elle seule les options proposées.

Prise en charge de première intention

Le traitement pharmacologique peut être prescrit à doses progressives sur une courte durée dépassant rarement 10 jours. Le programme de rééducation fonctionnelle initial est généralement constitué de 12 à 15 séances à un rythme dégressif relayé par des séances d’auto-rééducation à domicile. Il suit les règles générales de prescription de

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D O SS I E R

rééducation associant des moyens antalgiques, des exercices à visée articulaire et musculaire et des exercices fonctionnels.

Les exercices d’autoprogramme découlent des exercices initiés avec le kinésithérapeute.

Le choix entre les différents moyens antalgiques dépend de leur disponibilité, des habitudes du kinésithérapeute et des préférences du patient, de toutes les façons ils ne sont utilisés que lors des 2 premières semaines et sur une durée de moins de 10 minutes.

(Exemple d’exercices d’autoprogramme à montrer au patient cf. Annexe 7)

Les résultats :

• La persistance des symptômes voire leur aggravation après le début de la rééducation est fréquente et ne devrait pas aboutir à l’arrêt de celle-ci, au contraire, l’entretien d’un programme actif permet de rompre le cercle vicieux de déconditionnement et aboutir à une amélioration objective.

• Les critères d’amélioration :

- Modification de l’examen clinique : en termes de force et souplesse

- Modifications des facteurs socioprofessionnels : questionnaires, activités de vie quotidienne et professionnelles.

Prise en charge de deuxième intention

Un renforcement des programmes de rééducation et le recours à des programmes multidisciplinaires, permet à la fois de gérer les lombalgies rebelles et de favoriser la réinsertion professionnelle. L’objectif est d’augmenter le rythme, la durée et le nombre des séances.

Au cours de cette phase, le recours à des techniques plus élaborées est la règle, permettant d’affiner l’évaluation et d’étoffer la rééducation. Le moyen le plus fréquemment utilisé est l’iso cinétisme [46].

L’isocinétisme est un mode de contraction musculaire volontaire dynamique dont la particularité est de se dérouler à vitesse constante grâce à une résistance auto-adaptée effectuée par dynamomètre isocinétique. Il permet de faire des bilans précis avec une analyse de la force maximale et de l’équilibre entre les groupes agonistes et antagonistes ; spinaux et abdominaux pour le tronc.

Cette évaluation a pour but de cibler le groupe musculaire à renforcer et aussi un mode de renforcement adapté en force et/ou en endurance permettant ainsi aux patients lombalgiques un accroissement rapide de leurs capacités

musculaires se traduisant par une meilleure tolérance à l’effort et un gain d’amplitudes des mouvements actifs.

La rééducation par dynamomètre isocinétique offre en plus un rétrocontrôle par feed-back visuel, ce qui amène le patient à prendre conscience de ses efforts et accomplissements participant ainsi à la lutte contre la Kinésiophobie et le déconditionnement et améliorant la participation active du patient à son traitement.

Comme tout traitement, certaines contre-indications sont à prendre en considération avant de prescrire un protocole d’isocinétisme, notamment une pathologie inflammatoire active, une chirurgie récente et toute contre-indication à l’effort (cardiopathie mal équilibrée…).

Des programmes multidisciplinaires ont été également développés dans la même optique, notamment :

- Écoles de dos [47,48] : leurs programmes s’articulent autour d’un parcours de santé en 6 étapes (bilan, rééducation, éducation motrice, prévention active et sport santé), l’objectif est de rendre les patients acteurs de leur santé de façon durable en proposant des soins individuels et des cours de gymnastique collectives.

- Les programmes de restauration fonctionnelle du rachis [49] : constituent des prises en charge multidisciplinaires pour des périodes variant de trois à six semaines, s’adressent à de petits groupes de patients (entre 4 et 8) et comprennent une prise en charge physique et ergonomique intensive, un soutien psychosocial et pour certains d’entre eux, une action ergonomique et/ou sociale sur le lieu du travail.

Chirurgie [43,50]

Réservée aux patients rebelles au traitement médical après un parcours thérapeutique complet bien mené et l’individualisation éventuelle d’une concordance radio- clinique.

Les soins de suite de la chirurgie du rachis visent principalement la marche et l’apprentissage des manœuvres de protection du rachis :

- Les exercices isométriques de la sangle abdominopelvienne et de la musculature dorsolombaire peuvent être débutés dès le 1er jour.

- À partir du 3ème jour on travaille la montée-descente d’escaliers et le périmètre de marche avec des exercices isométriques des muscles quadriceps, dorsaux et abdominaux.

- Après le retour à domicile les exercices isométriques seront poursuivis pendant 6 semaines, avec une augmentation

DOSSIER SPÉCIAL

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progressive des activités de la vie quotidienne sans forcer (éviter le port de charges).

- Au-delà de la 6ème semaine, le programme de rééducation visera le renforcement des muscles dorsaux, abdominaux et sous pelviens et l’étirement des muscles iliopsoas, adducteurs, abducteurs et ischiojambiers.

- Une activité physique douce Vélo, natation sur le dos peuvent être commencés à deux mois, et la reprise sportive à 6 mois.

CONCLUSION

Le risque cardiovasculaire est bien démontré chez les patients atteints de rhumatisme psoriasique.Ainsi, le risque d’infarctus de myocarde, d’AVC, d’HTA, de dyslipidémie, de syndrome métabolique est acrru.Les facteurs de risque cardiovasculaires modifiables et non modifiables sont souvent présents chez les patients ayant un rhumatisme psoriasique, mais n’expliquent pas à eux seuls ce risque. L’inflammation et les thérapeutiques

utilisées notamment les AINS et les corticoïdes jouent un rôle non négligeable. Les recommandations de l’EULAR apporteraient une grande aide au rhumatologue pour mieux gérer ce risque cardiovasculaire, afin de minimiser l’apparition de comorbidités cardiovasculaires et de diminuer la mortalité cardiovasculaire.

CONFLIT D’INTÉRÊT

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêt.

REMERCIEMENTS

On remercie Mr. SOUHAIB Reda et Mr. FTAH Youssef, kinésithérapeutes à l’unité de Médecine Physique et de Réadaptation à l’Hôpital El Ayachi-Salé-Maroc, pour leur contribution respective à l’élaboration des photos des tests d’endurance des muscles du tronc et des règles d’hygiène et de la vidéo d’auto programme pour les patients lombalgiques chroniques.

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ANNEXE

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Figure 1 : Les facteurs de risque liès au passage à la chronicité et à la récidive de la lombalgie commune Drapeux jaunes

Indicateurs psychosociaux d'un risque accru de passage à la chronicité

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DOSSIER SPÉCIAL

Figure 2 : Tests d’évaluation de l’endurance des muscles du tronc : a) test de Sorensen. b) test de Shirado Ito.

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Figure 3 : Quelques règles d’hygiène pour patients lombalgiques (Croix rouge : la position à éviter. Coche verte : la position à adopter)

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DOSSIER SPÉCIAL

Figure 4 : Arbre décisionnel de prise en charge du patientprésentant une lombalgie commune

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Revue Marocaine de Rhumatologie

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