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Faut-il prescrire des standards internationaux en éducation médicale ?

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PÉDAGOGIE MÉDICALE - Février 2004 - Volume 5 - Numéro 1

Tr i b u n e

La Wo rld Fe d e ration for Medical Ed u c a t i o n (WFME) est une organisation mondiale qui travaille dans le champ de l’éducation médicale et de la formation des praticiens.

Fondée en 1972 à Copenhague, elle a un statut d’ o r g a n i- sation non gouvernementale (en relation à la fois ave c l’OMS et l’ U N E S C O ) .

L’objectif que se fixe la WFME est de définir des standard s de formation médicale (initiale et continue), qui soient p a rtagés quel que soit le pays. L’ o b j e c t i f, in fine, est d’ a m é- l i o rer la santé de la population en favorisant la délivrance de soins médicaux de qualité.

Son dernier congrès s’est tenu à Copenhague du 15 au 1 9 mars 2003. Il a réuni 500 participants de 88 pays.

L’objectif était de discuter des standards de formation p ro p o s é s .

Hi s t o r i q u e

Depuis 1984, la WFME a mis en place un programme de collaboration internationale pour la réorientation de l’ é d u- cation médicale. Un programme de déve l o p p e m e n t ,

« In t e rnational St a n d a rds in Medical Ed u c a t i o n », a été lancé en 1998. Celui-ci a abouti à la définition des stan- d a rds tels qu’ils ont été proposés à Copenhague. Ils fero n t l’objet d’un article à paraître dans un prochain numéro de la revue. Ils sont consultables sur le site de l’ o r g a n i s a t i o n ( w w w. w f m e . o r g ) .

Ces standards ont deux caractéristiques

• Ils sont hiérarchisés. Il existe en effet deux niveaux de

s t a n d a rd s : les standards basiques, qui correspondent au minimum exigible, et les standards pour le déve l o p p e m e n t de la qualité, qui correspondent à un niveau souhaitable de r é a l i s a t i o n .

• Ils sont répartis en trois parties distinctes qui corre s p o n- dent aux trois phases de formation existantes dans la plu- p a rt des pays : (1) formation délivrée par les Écoles Médicales conduisant à l’ é q u i valent du Master De g ree (formation des premier et deuxième cycles pour ce qui concerne la France), (2) formation « post gra d u a t e » ( c o r- respondant au troisième cycle français) et (3) déve l o p p e- ment professionnel continu (correspondant à l’ a p p e l l a t i o n plus re s t r i c t i ve utilisée en France de « formation conti- n u e »). Chacune de ces parties comprend 9 chapitres et 36 ou 38 sous-chapitres. Un grand nombre de ces chapitre s sont communs dans leurs grandes lignes (mission, re s- s o u rces, programmes et/ou processus, cible de la forma- tion, re n o u vellement continu du pro g r a m m e … ) . Par ailleurs, l’ a p p roche choisie repose sur le principe de l’amélioration continue de la qualité incluant les notions d’auto évaluation et d’ é valuation externe (accréditation s o u h a i t a b l e ) .

Synthèse des exposés et des débats

Le programme de la conférence portait sur trois théma- t i q u e s : « l’ i n t e rface entre éducation médicale et soins de s a n t é », « le concept de standards internationaux » et

« l’utilisation de standards en éducation médicale » .

Faut-il prescrire des standards internationaux en éducation médicale ?

Compte-rendu de la conférence mondiale organisée par la World Federation for Medical Education (WFM)

à Copenhague (15-19 Mars 2003)

« Global standards in medical education for better health care »

Christophe SEGOUIN*, Jørgen NYSTRUP**, Leif CHRISTENSEN*** et Hans KARLE****

* Unité de santé publique, Unité de Fo rmation et de Re c h e rche Lariboisière - Saint-Louis, Un i versité Paris 7 De n i s D i d e rot, France** Clinical Dire c t o r, Rosky County Ps ychiatric Hospital, Da n e m a rk*** Senior Ad v i s o r, W F M E , University of Copenhagen, Danemark **** Président de la World Federation for Medical Education

C o r re s p o n d a n c e : Christophe Segouin, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, 3 Avenue Victoria, 75184 Paris cedex 04, France - Téléphone : 33 1 40 27 41 55 - mailto:christophe.segouin@sap.ap-hop-paris.fr

Article disponible sur le site http://www.pedagogie-medicale.org ou http://dx.doi.org/10.1051/pmed:2004003

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Pédagogie Médicale

REVUE INTERNATIONALE FRANCOPHONE D’ÉDUCATION MÉDICALE

Faut-il prescrire des standards internationaux…

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REVUE INTERNATIONALE FRANCOPHONE D’ÉDUCATION MÉDICALE

• L’ i n t e rface entre éducation médicale et soins de santé pose la question de la qualité de la formation des p rofessionnels et des modalités d’ é va l u a t i o n

Vers la maîtrise des processus et l’amélioration continue

Un consensus s’est dégagé pour re c o n n a î t re qu’il faut tra- vailler sur les processus de formation : identifier les princi- paux processus, les décrire et les maîtriser. Les différe n t s exposés et échanges montrent que les écoles médicales représentées à la conférence se situent à des niveaux encore d i f f é rents dans cette démarc h e .

Mais cette approche ne suffit plus dans un enviro n n e m e n t qui évolue vite : les écoles médicales qui sont le plus ava n- cées dans la réflexion préconisent une démarche qui per- mette d’ a m é l i o rer en permanence leur fonctionnement ; pour cela, elles suggèrent la mise en place de suivi des pro- cessus de formation ainsi que le développement d’ é va l u a- tions et d’actions corre c t i ves. Ce sont là les principes mêmes de l’amélioration continue de la qualité ( c h a p i t re 9 : « continuous re n e w a l ») .

La détermination d’indicateurs de résultat

Mais on ne se contente déjà plus de cette dimension de la qualité. Certains préconisent de passer à une approche de type « outcome-based education », autrement dit, de s’ i n t é- resser au résultat. En effet, le résultat attendu se résume en quelques mots : un individu est capable, à la fin de ses études, de remplir sa fonction complexe de médecin (com- munication, diagnostic, thérapeutique, prévention…). Si personne ne conteste cet objectif, personne non plus n’ a a p p o rté de solution concrète à l’ensemble de ce projet. Ce dernier suscite en effet successivement deux questions : quelles méthodes permettent de former, de façon infaillible, des personnes qui deviendront des praticiens aptes à remplir leur rôle en situation réelle ? quelle moda- lité d’ é valuation mettre en place à l’issue du curriculum, dont le résultat soit prédictif de la capacité à remplir ce r ô l e ?

La responsabilité sociale

Une autre dimension concerne la notion de re s p o n s a b i l i t é sociale des écoles de médecine. Ce concept, défendu par plusieurs écoles dans le monde, a été soutenu par l’OMS et a déjà fait l’objet de plusieurs communications.

Curriculum et méthodes pédagogiques

L’atteinte des objectifs énoncés dans l’ a vant-dernier para- graphe suppose une réflexion sur le contenu et les modali-

tés de formation. Si un consensus existe depuis longtemps pour re c o n n a î t re qu’il n’est plus pertinent de poursuivre l’objectif d’accumuler des connaissances et qu’il va u t mieux « a p p re n d re à appre n d re », toutes les écoles médi- cales n’en sont pas encore au même point dans la mise en œ u v re d’un tel objectif. En part i c u l i e r, plusieurs pays ont exposé les résultats de démarches « e x p l o r a t o i re s » de mise en place de curricula répondant à ces nouveaux principes.

La mise en place et l’acceptation de ces démarches ne se sont pas faites sans problème, que ce soit du point de vue des enseignants ou de celui des étudiants, d’autant plus que les résultats (mesurés par le succès aux examens) n’ o n t pas toujours été satisfaisants.

Par rapport à ces problématiques, deux points majeurs, déjà connus, ont été réaffirmés : le premier est la nécessité de communiquer pour faire accepter les nouvelles règles d’un curriculum nouveau et, si nécessaire, de former les enseignants. Le deuxième est lié à la nécessité de mettre en c o h é rence le système d’ é valuation et celui de formation.

• Le concept de standards internationaux et leur utili- sation soulèvent la question de l’ a c c r é d i t a t i o n

Les conditions de mise en place de standards ont été évo- q u é e s ; les discussions ont montré des différences de re p r é- sentation re s p e c t i ves des différents professionnels présents face à la notion de standards internationaux.

Conditions de mise en place

Une des difficultés ou obstacles dans la mise en place d’ u n e d é m a rche qualité qui s’appuie sur des standards est liée à la difficulté de leur acceptation par les parties pre n a n t e s internes ou externes à l’école médicale, en particulier de la p a rt des enseignants. Les standards s’opposent à la re p r é- sentation classique de professionnels qui valorisent l’ a c t i- vité d’enseignement (comme c’est le cas pour les médecins et la pratique médicale) comme une activité faisant appel au talent plus qu’à un professionnalisme « d é s i n c a r n é » . Cette caractéristique de l’activité d’enseignant s’oppose à la représentation qu’ont ces professionnels de la standard i s a- tion. Cette dernière, associée à l’uniformisation, est en opposition avec l’idée qu’ils se font de l’ i n i t i a t i ve et de l’ i n- ventivité comme sources de qualité : cette position signe la d i f f é rence d’ a p p roche entre les tenants d’une certaine tra- dition et les porteurs d’une « evidence-based education ».

Ces derniers prônent en effet un professionnalisme qui s’inscrit en ru p t u re avec l’ « amateurisme antérieur » .

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PÉDAGOGIE MÉDICALE - Février 2004 - Volume 5 - Numéro 1

Tr i b u n e

Enfin, les témoignages concordent pour dire qu’une telle d é m a rche est plus difficile à mettre en œuvre dans une école médicale ayant déjà un passé que dans une école récemment créée (sur les plus de 1800 écoles existant dans le monde, un grand nombre ont été créées dans les dix der- n i è res années).

Différences de représentation des standards internationaux

Une question a été maintes fois abord é e : les standards doi- vent-ils tirer l’ensemble des écoles vers le haut en se défi- nissant à un niveau optimal ou ont-ils pour vocation, au c o n t r a i re, de définir un minimum requis qui s’impose à l’ensemble des écoles médicales. A cette occasion, la ques- tion des spécificités culturelles, économiques et sanitaire s de chaque pays ou région du monde a été évoquée, la crainte étant que la standardisation ne soit pas en mesure de les pre n d re en compte. Les opinions ont été exprimées sans qu’une vision unique sur le sujet emporte l’ a d h é s i o n . En tout cas, un consensus se dégage pour conclure sur l’idée que les standards doivent conduire les organisations à s’engager dans une démarche d’amélioration continue de la qualité.

Par ailleurs, les pays les moins riches expriment la crainte q u’une telle uniformisation des formations ne favorise la fuite des cerveaux.

Enfin, dans ce contexte, la question de savoir qui sera habi- lité à délivrer une accréditation reste entière .

Conclusion

L’ i m p o rtance des résultats obtenus (existence de standard s mis en pratique dans différentes parties du monde) témoigne du chemin parc o u ru depuis 10 ans par la W F M E .

L’intérêt du congrès de Copenhague a été de confro n t e r des expériences et des représentations sur des pro b l é m a- tiques qui sont partagées par tous les pays, au-delà de leurs d i f f é rences culturelles ou économiques. Ces comparaisons et confrontations ont régulièrement lieu lors des congrès i n t e r n a t i o n a u x .

La valeur ajoutée du projet de la WFME a trait à ce pro j e t de standards communs pour chacune des trois étapes du cursus médical. Le constat qu’on peut faire est que l’ é l a b o- ration des référentiels est, à ce jour, aboutie, même si leurs contenus doivent encore être débattus.

Les participants ont incité la WFME à faire connaître les s t a n d a rds de façon encore plus large et à traduire les deux r é f é rentiels (« post graduate education » et « continuing edu- c a t i o n ») dans d’ a u t res langues.

La WFME pourrait également mettre en place un départ e- ment conseil afin d’aider les écoles médicales à utiliser ses s t a n d a rds, à réaliser une auto évaluation et des éva l u a t i o n s externes et, d’une façon générale, à les guider dans la conduite de l’amélioration de la qualité. Un tel objectif sup- pose la formation de consultants WFME dans les six régions c o r respondant au découpage international de la W F M E .

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