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Submitted on 15 Sep 2006
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réelles presque déployées
Hechmi Ben Messaoud, Guy Rousseau
To cite this version:
Hechmi Ben Messaoud, Guy Rousseau. Sous-algèbres de Cartan des algèbres de Kac-Moody réelles
presque déployées. J. Math. Soc. Japan, 2006, 58, pp.1009-1030. �hal-00094860�
des alg` ebres de Kac-Moody r´ eelles presque d´ eploy´ ees
par
Hechmi Ben Messaoud et Guy Rousseau
Abstract. The classification of almost split real forms of symmetrizable Kac-Moody Lie algebras is a rather straightforward infinite-dimensional generalization of the classification of real semi-simple Lie algebras in terms of the Tits index [J. of Algebra 171, 43-96 (1995)].
We study here the conjugate classes of their Cartan subalgebras under the adjoint groups or the full automorphism groups. Maximally split Cartan subalgebras of an almost split real Kac-Moody Lie algebra are mutually conjugate and one can generalize the Sugiura classification (given for real semi-simple Lie algebras) by comparing any Cartan subalgebra to a standard maximally split one. As in the classical case, we prove that the number of conjugate classes of Cartan subalgebras is always finite.
Introduction. Les formes r´ eelles des alg` ebres de Kac-Moody complexes g´ en´ eralisent les alg` ebres de Lie semi-simples r´ eelles. Outre leur int´ erˆ et math´ ematique, ces formes ont des applications diverses en Physique Th´ eorique. La non-conjugaison des sous-alg` ebres de Borel des alg` ebres de Kac-Moody fait apparaˆıtre, dans le cas ind´ ecomposable, deux types de formes r´ eelles : les formes presque d´ eploy´ ees et les formes presque compactes. Ces formes ont ´ et´ e ´ etudi´ ees s´ epar´ ement et respectivement dans [Ro1], [Ro3] et [B 3 R] pour les alg` ebres de Kac-Moody sym´ etrisables et dans [Ro2] et [BMR1] pour les alg` ebres de Kac- Moody affines (voir aussi [Ro5] pour une revue d’ensemble). On s’int´ eresse ici ` a l’´ etude des classes de conjugaison des sous-alg` ebres de Cartan (en abr´ eg´ e SAC ) pour les formes r´ eelles presque d´ eploy´ ees des alg` ebres de Kac-Moody sym´ etrisables. Le cas des formes presque compactes (des alg` ebres affines) fait l’objet d’une ´ etude ` a part [BMR2].
Au paragraphe 1, nous rappelons les r´ esultats g´ en´ eraux sur les alg` ebres de Kac-Moody complexes, leurs groupes d’automorphismes et leurs formes r´ eelles. Nous y fixons ´ egalement les notations utilis´ ees dans la suite. Si g R est une forme r´ eelle presque d´ eploy´ ee associ´ ee
`
a une semi-involution σ 0 d’une alg` ebre de Kac-Moody complexe g, il existe une semi- involution de Cartan (ou compacte) ω 0 qui commute ` a σ 0 et on a la d´ ecomposition de
Classification AMS (2000) :17B67.
Mots clefs: Alg` ebre de Kac-Moody, sous-alg` ebre de Cartan, forme r´ eelle presque d´ eploy´ ee.
Cartan g R = k ⊕ p par rapport ` a l’involution de Cartan σ = σ 0 ω 0 (qui est non triviale).
Le groupe commutatif Γ engendr´ e par σ 0 et ω 0 agit sur le groupe de Kac-Moody G associ´ e ` a l’alg` ebre d´ eriv´ ee g 0 , sur le groupe Aut(g) (resp. Int(g) = ˜ G) des automorphismes (resp. des automorphismes int´ erieurs) de g et sur le groupe G ∗ =Aut 1 (g 0 ) des automor- phismes de premi` ere esp` ece de g 0 . On consid` ere les groupes G R = G σ
0, Aut(g) σ
0, ˜ G R = ˜ G σ
0et G ∗ R = (G ∗ ) σ
0ainsi que K = G Γ , ˜ K = ˜ G Γ et K ∗ = (G ∗ ) Γ (cf. 1.11). Le couple (G R , K) est la g´ en´ eralisation la plus naturelle dans ce cadre de la paire sym´ etrique associ´ ee ` a une alg` ebre de Lie semi-simple r´ eelle; mais les couples ( ˜ G R , K) et (G ˜ ∗ R , K ∗ ) sont a priori (et a posteriori) aussi int´ eressants.
Au paragraphe 2, on fixe une forme presque d´ eploy´ ee g R d’une alg` ebre de Kac-Moody g ind´ ecomposable, sym´ etrisable et de dimension infinie. Une sous-alg` ebre de Cartan (en abr´ eg´ e SAC ) h R de g R correspond ` a une sous-alg` ebre de Cartan σ 0 −stable h de g; on montre que cette SAC est conjugu´ ee par ˜ G R ` a une SAC Γ−stable. On obtient ainsi (th´ eor` eme 2.7) une correspondance bijective entre les classes de conjugaison sous Aut(g) σ
0, ou G ∗
R (resp. ˜ G R ) des sous-alg` ebres de Cartan de g R et les classes de conjugaison sous K ∗ (resp. ˜ K) des sous-alg` ebres de Cartan Γ−stables de g (c’est ` a dire des sous-alg` ebres de Cartan σ−stables de g R ). Malheureusement, les moyens employ´ es ne permettent pas ` a cette ´ etape d’obtenir le r´ esultat analogue pour G R et K; cela nous conduit ` a continuer de travailler avec des sous-alg` ebres de Cartan quelconques de g R . Heureusement si h R est une SAC de g R , il existe une semi-involution de Cartan ω 0 de g qui commute ` a σ 0 et stabilise h, de plus ω 0 est unique modulo un automorphisme de g R qui fixe h point par point (1.10);
la d´ ecomposition correspondante h R = h + R ⊕ h − R avec h + R = h R ∩ k et h − R = h R ∩ p est donc intrins` eque (1.12); on note h + et h − les sous-espaces complexes engendr´ es par h +
R et h −
R . D’apr` es [B 3 R] on sait que G R agit transitivement sur les sous-alg` ebres toriques d´ e- ploy´ ees maximales (SAT DM ) de g R et aussi sur les sous-alg` ebres de Cartan maximalement d´ eploy´ ees (SACM D) de g R , qui sont les SAC contenant une SAT DM (i.e. telles que h −
R
soit maximale). On montre que le groupe K agit transitivement sur les SACM D σ−stables de g R (proposition 2.6). Comme dans le cas classique [Su], on va comparer toute SAC de g R ` a l’une de ces SACM D d h que l’on fixe (parmi les SACM D σ−stables).
On montre que, ` a conjugaison pr` es par G R (resp. K ), on peut supposer que toute SAC (resp. SAC σ−stable) h R de g R est standard relativement ` a d h R i.e. v´ erifie h − R ⊂ d h − R , cf.
2.10. De plus la classe de conjugaison sous le groupe G R (resp. K , ˜ K ou K ∗ ) de h R est en correspondance bijective avec la classe de conjugaison de h − sous le normalisateur de
d h dans G R (resp. K, ˜ K ou K ∗ ) et donc sous l’image W G
R (resp. W K , W K ˜ ou W K
∗) de
celui-ci dans le groupe de Weyl W de (g, d h) (th´ eor` eme 2.12). Un sous-espace de d h − est dit
admissible s’il peut s’´ ecrire sous la forme h − avec une SAC standard h R . Le centralisateur
dans g R d’un sous-espace admissible est une alg` ebre de Lie r´ eductive r´ eelle (2.8); on peut
donc, comme dans le cas classique [Su], caract´ eriser les sous-espaces admissibles de d h − en termes de syst` emes de racines r´ eelles ”d´ eploy´ ees” fortement orthogonales de ∆(g, d h) (proposition 2.15). Puis on montre que les orbites de ces syst` emes de racines fortement orthogonales (` a l’´ equivalence R pr` es de 2.15) sont les mˆ emes sous W G
R ou W K (2.20) et sont en nombre fini (2.21). On obtient donc le th´ eor` eme suivant, qui r´ esume les th´ eor` emes 2.7, 2.17, 2.20 et 2.22:
Th´ eor` eme Soit g R une forme r´ eelle presque d´ eploy´ ee d’une alg` ebre de Kac-Moody g (ind´ ecomposable, sym´ etrisable et de dimension infinie). Les trois ensembles suivants sont finis et en correspondance bijective naturelle:
- les classes de conjugaison sous Aut(g) σ
0ou G ∗
R (resp. G ˜ R ou G R ) des SAC de g R , - les classes de conjugaison sous K ∗ (resp. K ˜ ou K ) des SAC σ-stables de g R ,
- les classes de conjugaison sous W K
∗(resp. W K ˜ ou W K ) des syst` emes de racines r´ eelles d´ eploy´ ees fortement orthogonales modulo R.
Enfin, au paragraphe 3, nous appliquons ces r´ esultats aux 5 formes r´ eelles presque d´ eploy´ ees des alg` ebres affines de type A (1) 1 ou A (2) 2 : il y a 1, 2 ou 3 classes de conjugaison de SAC , selon la forme et le groupe. En particulier la forme r´ eelle d´ eploy´ ee de A (2) 2 a 3 classes de conjugaison de SAC (que ce soit sous le groupe Aut(g) σ
0ou sous le groupe G R ), cf. 3.2.1:
une classe de conjugaison de sous-alg` ebres de Cartan maximalement d´ eploy´ ees et deux classes de conjugaison de sous-alg` ebres de Cartan maximalement compactes (SACM C = SAC avec h +
R maximale). Ainsi la conjugaison des SACM C dans le cas classique [W;
1.3.3.3] ou dans le cas affine presque compact [BMR1], [BMR2] ne se g´ en´ eralise pas au cas presque d´ eploy´ e.
1. Automorphismes et formes r´ eelles des alg` ebres de Kac-Moody
1.1. On consid` ere une alg` ebre de Kac-Moody complexe sym´ etrisable g que l’on suppose construite comme dans [K] et avec toutes ses composantes de dimension infinie. Pour les r´ esultats standard suivants, on renvoie ` a [K] et [PK] ou parfois ` a [KP 1 ], [KP 2 ], [Ro2], [Ro3] ou [B 3 R]. Il existe une matrice de Cartan g´ en´ eralis´ ee (encore appel´ ee matrice de Kac-Moody) A = (a i,j ) i,j∈I telle que g = g(A) soit engendr´ ee par l’alg` ebre de Cartan standard h et des ´ el´ ements e i , f i pour i ∈ I. On a la d´ ecomposition g = h ⊕ L
α∈∆
g α , o` u ∆ d´ esigne le syst` eme de racines ∆(g, h) ⊂ h ∗ \{0}. On note Π = {α i , i ∈ I } la base (standard) de ∆. L’ensemble des racines positives (resp. n´ egatives) est ∆ + = ∆ ∩ L
i∈I
N α i
(resp.
∆ − = −∆ + ).
Les coracines αˇ i dans h sont telles que a i,j = α j (αˇ i ) pour tout i, j. Le groupe de
Weyl W de (g, h) est engendr´ e par l’ensemble S des r´ eflexions fondamentales r i d´ efinies
par r i (h) = h − α i (h)αˇ i pour h ∈ h. Une racine r´ eelle est une racine conjugu´ ee par W ` a
une racine dans Π, leur ensemble est not´ e ∆ re . Les ´ el´ ements de ∆ im = ∆ \ ∆ re sont les racines imaginaires. Le centre de g est c = {h ∈ h; α(h) = 0, ∀α ∈ Π}, il est contenu dans h 0 = ⊕
i∈I C αˇ i qui est l’intersection de h avec l’alg` ebre d´ eriv´ ee g 0 de g.
1.2. On d´ efinit un groupe G (ne d´ ependant que de l’alg` ebre d´ eriv´ ee g 0 ) agissant sur g par la repr´ esentation adjointe Ad : G −→ Aut(g). Il est engendr´ e par des sous-groupes V α , pour α racine r´ eelle, chacun isomorphe au groupe additif g α par un isomorphisme exp tel que Ad ◦ exp = exp ◦ad. On note V + (resp. V − ) le sous-groupe de G engendr´ e par les V α
pour α ∈ (∆ re ) + (resp. (∆ re ) − ).
Le groupe H associ´ e ` a la sous-alg` ebre de Cartan standard h 0 de g 0 est l’ensemble des g ∈ G qui agissent sur g α (pour α ∈ ∆ ∪ {0}) par multiplication par un scalaire α(g) d´ ependant multiplicativement de α (en particulier H fixe h = g 0 ). Ainsi, pour h ∈ H et X ∈ g α , on a h exp(X)h −1 = exp(α(h)X) et donc H normalise V α , en particulier H normalise V + et V − . On note B + = HV + et B − = HV − ; ce sont les sous-groupes de Borel standard positif et n´ egatif.
Soit N le normalisateur de H dans G. Le groupe N/H s’identifie au groupe de Weyl W de ∆(g, h). On a les d´ ecompositions suivantes du groupe G (cf. [PK] ou [KP1]) :
D´ ecomposition de Bruhat : G = B + W B + = V + N V + . D´ ecomposition de Birkhoff : G = B − W B + = V − N V + .
Dans les deux d´ ecompositions, la composante suivant N est unique et tout ´ el´ ement g de G s’´ ecrit de mani` ere unique g = vnu, avec u ∈ V + , n ∈ N et v ∈ V ± ∩ nV − n −1 .
1.3. Une sous-alg` ebre de Cartan (SAC en abr´ eg´ e) de g est une sous-alg` ebre de Lie ad g −diagonalisable (pour des valeurs propres complexes) maximale. Les SAC de g sont conjugu´ ees par G.
Si h est une SAC de g, elle contient le centre c de g et c’est la seule SAC de g contenant h 0 = h ∩ g 0 . De plus la sous-alg` ebre h 0 (resp. h/c, h 0 /c) est une SAC de g 0 (resp. g/c, g 0 /c) et toute SAC de g 0 (resp. g/c, g 0 /c) est ainsi obtenue. On obtient donc ainsi des bijections entre les ensembles de SAC de g, g 0 , g/c ou g 0 /c, cf. [BMR2; 1.15].
Une sous-alg` ebre de Borel (SAB) de g est une sous-alg` ebre de Lie compl` etement r´ esoluble maximale de g. C’est le cas des sous-alg` ebres b + = h ⊕ L
α∈∆+
g α
[ou b − =
h⊕ L
α∈∆−