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LA FRANCE, PUISSANCE D ACTION ET PUISSANCE D INFLUENCE. Cycle d études

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Academic year: 2022

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LA FRANCE, PUISSANCE D’ACTION ET PUISSANCE

D’INFLUENCE

Cycle d’études

Association des auditeurs de l’IHEDN

LA FRANCE, PUISSANCE D’ACTION ET PUISSANCE

D’INFLUENCE

Cycle d’études 2017 – 2018

Association des auditeurs de l’IHEDN – région Nord (AR 15).

LA FRANCE, PUISSANCE D’ACTION ET PUISSANCE

région Nord (AR 15).

20 juin 2018

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SOMMAIRE

Introduction ………. 1

I – L’expression de la puissance de la France ………. 2

A – Le constat : puissance territoriale, démographique, la puissance de la mer ……… 2

B – Un modèle complet de défense ………... 3

C – Des interventions en Afrique et au Moyen-Orient ……… 4

II – De nos moyens d’influence comme force d’action……… 6

A – Notre réseau diplomatique………. 6

B – Notre réseau culturel comme outil d’influence………. 6

C – Notre industrie comme facteur de puissance……… 7

D – Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies du numérique………. 7

III – Perspectives et moyens d’expression de notre puissance……… 9

A – Parler de l’Europe avec les européens……….... 9

B – La voix de la France dans les relations internationales……… 11

C – Avoir les moyens financiers………. 12

Conclusion ………... 14

Annexe1 : « La dissuasion nucléaire, arme ou levier politique ? » 16 Annexe 2 : « Les capacités militaires conventionnelles, facteurs clés de la puissance d’action. Le danger du décrochage stratégique. » 18 Annexe 3 : « La France dans les organismes internationaux en 2018 » 20 Annexe 4 : Dans quelle mesure le potentiel industriel de la France illustre t-il la

puissance du pays ? 21

Annexe 5 : « Quelques notions sur les organisations de coopération en Asie –

Pacifique. » 24

Annexe 6 : « La finance, facteur de puissance ou de fragilité ? » 26

Annexe 7 : Eléments de bibliographie 29

Remerciements 30

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Introduction

Cette année 2017 – 2018, le thème proposé à notre réflexion repose sur deux termes qu’il convient de bien analyser pour étayer notre travail. Il s’agit des mots puissance et influence.

Les définitions de la notion de puissance sont nombreuses, mais se rejoignent généralement autour d’un tronc commun de définitions que l’on pourrait résumer par « la capacité des acteurs internationaux, en général des États » à imposer, à dissuader et à détruire. C’est aussi la capacité d’action et les marges de manœuvre ; la capacité à structurer son environnement international. Dans un monde interdépendant, les redéfinitions de la notion de puissance ont renouvelé les visions et définitions classiques, faisant émerger des modes d’action et stratégies proches de ce qui est aujourd’hui qualifié de politique ou stratégie d’influence. Celle-ci vise, pour un État ou un groupe d’États, à amener les autres acteurs à agir en conformité avec ses intérêts, ses principes et ses valeurs. En tout état de cause, l’influence définie la capacité des acteurs, étatiques ou non, à faire triompher leurs point de vues ou intérêts par des moyens indirects et non coercitifs, en suscitant l’adhésion à leur égard sans employer la contrainte pour ce faire.

Selon ladéfinition de François-Bernard Huyghe, l'influence « c'est une stratégie indirecte et asymétrique multiforme, recouvrant une large gamme d'actions dans le domaine des idées, des intérêts, des valeurs...l'influence c'est surtout une force fondamentale face aux autorités traditionnelles comme l'Etat ».

Avant de déterminer les voies et les moyens pour maximiser une stratégie d’influence, il est important d’établir une distinction entre influence et rayonnement.

Le rayonnement est le produit du prestige historique et culturel d’un Etat.

L’influence s’exerce par le truchement de la puissance politique et économique d’un Etat, l’influence culturelle étant la conséquence de cette puissance.

Ainsi, Israël influence souvent de façon décisive mais, pas en tant qu’état, ne rayonne pas, l’Allemagne influence mais ne rayonne plus depuis deux générations, la France, par exemple en Amérique Latine, rayonne mais n’influence que modestement, l’Autriche a cessé à la fois de rayonner et d’influencer.

Mener une politique d’influence implique trois éléments fondamentaux : des buts soigneusement définis et cohérents, une cohésion dans l’exécution, une continuité.

Les critères constitutifs de cette capacité sont aussi l’objet de débats et renouvellement permanents, permettant d’identifier des critères de puissances classiques comme le territoire, la démographie, l’économie et la force militaire, C’est sous cet angle que nous avons construit notre première partie en l’enrichissant de deux exemples d’expression de la puissance de la France en Afrique et au Moyen-Orient.

Des critères plus novateurs, comme la langue, la culture, la faculté à apparaitre comme un modèle sans négliger l’influence technologique ou diplomatique nous sont apparus comme nécessaires à analyser. Ils feront l’objet d’une deuxième partie.

Enfin, de ces constats, il nous a semblé nécessaire, dans une troisième partie, d’élargir notre réflexion de manière prospective afin de déterminer des axes qu’il nous semble pertinent de prendre en considération si nous souhaitons que la France demeure un acteur puissant et influent sur la scène internationale.

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I – L’expression de la puissance de la France

A –Le constat : puissance territoriale, démographique, la puissance de la mer

La France, c’est moins de 1 % de la population mondiale (67 millions d’habitants soit le 22e rang mondial) et moins de 0,45 % de la surface totale des terres de la planète (43e rang mondial). C’est pourtant la cinquième puissance mondiale ! Sur le podium des plus grandes puissances économiques, on trouve bien sûr les Etats-Unis, la Chine et le Japon. L’Allemagne est en quatrième position et la France en cinquième. Elle vient de ravir cette place aux Britanniques à la faveur de la chute de la livre sterling.Certes, l’économie française a cédé du terrain. Mais, l’idée que la France est l’un des pays dont l’économie s’est le plus dégradée ces dernières années est totalement fausse. La France n’est donc pas un pays dont l’économie est en train de sombrer. Notre pays reste la 7e puissance exportatrice mondiale mais a aussi un handicap qui est son abyssal déficit budgétaire.

Revenons un instant sur notre population. Elle est peu nombreuse à l’échelle de la planète. On pense toujours la France comme une entité homogène mais en fait c’est une mixité, une société en recomposition. C’est un point qu’il faudra considérer dans les perspectives que l’on évoquera dans notre troisième partie et qui n’est pas sans poser de questions pour l’esprit de défense qui doit nous animer.

L’autre volet de ce constat est la place de la France dans le monde maritime. Notre pays doit aussi sa place de puissance mondiale à son ouverture sur la mer qui lui a permis de devenir un pays colonisateur et d’affirmer sa puissance. Les DROM-COM sont des vestiges de cette puissance mais nous permettent d’être la 2e puissance maritime mondiale derrière les Etats-Unis. La France dispose de plus de 11 millions de km² de mer sur l’ensemble de la planète. L’intérêt d’un tel territoire est aussi militaire, stratégique et scientifique. Il nous donne un rang mais aussi des obligations à tenir. Pour cela, il faut une armée disposant d’une palette complète de moyens.

B – Un modèle complet de défense

La France appartient à l’Union Européenne et compte aujourd’hui parmi les dix pays les plus puissants de la planète. Sa puissance tient à son prestige historico- diplomatique, à son économie développée et à sa force de frappe militaire.

À cet égard, notre défenserepose sur un modèle complet élaboré pour affirmer notre indépendance. Elle est composée de trois armées conventionnelles : l’Armée de l’air, l’Armée de terre et la Marine. Ces trois armées sont appuyées aussi par des forces non- conventionnelles, qu’il s’agisse d’unités spéciales (service action ou forces spéciales) ou bien des moyens particuliers (renseignement, force nucléaire). Ces distinctions militaires sont le fruit d’une époque qui connaissait des conflits symétriques où l’ennemi était bien identifié.

Pour conforter sa prétention universaliste, la France disposed’une puissance militaire susceptible de lui permettre de se défendre aussi bien que d’imposer ses vues.

Elle est une puissance militaire par sa capacité à mobiliser des moyens non- conventionnels. Depuis les années 1960, la France est un « État doté » de la puissance nucléaire. Dans la même perspective d’indépendance militaire, elle a constitué sa propre filière nucléaire autonome afin de disposer de plus de 300 têtes nucléaires. Cette puissance se décline sous deux formes : une composante navale et une composante aérienne qui peuvent se projeter dans le monde. Par exemple, la France dispose de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engin (SNLE). Grâce à cette force furtive et mobile, notre pays est en mesure d’opérer une dissuasion nucléaire ce qui est un attribut

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de la puissance.Du fait de sa puissance militaire, conventionnelle ou non-conventionnelle, la France dispose donc de moyens pour remporter bien des victoires sur les théâtres d’opérations. (En complément d’information, Voir annexe 1 : « La dissuasion nucléaire, arme ou levier politique ? » et annexe 2 : « Les capacités militaires conventionnelles, facteurs clés de la puissance d’action, le danger du décrochage stratégique. »)

Cela étant, la France cherche à demeurer une puissance militaire conventionnelle de premier plan. C’est la raison pour laquelle ses armées tâchent d’entretenir voire de renforcer leurs capacités opérationnelles. Ainsi, l’Armée de terre met en place un programme innovant de renforcement des capacités du fantassin, intitulé Félin (fantassin à équipement et à liaison intégrés), pour s’adapter aux nouveaux combats asymétriques.

Elle dispose en outre d’unités de combat aguerries et prêtes à l’action comme la Légion étrangère ou les Régiments de parachutistes d’infanterie de Marine (RPIMA) qui peuvent préparer l’assaut dans tous les théâtres d’opérations. L’Armée de l’air, quant à elle, se tient à la pointe de la haute technologie par la commande, en vue du déploiement, de près de 300 avions Rafale, avions multi-rôle dont le coût unitaire est 80 M€ mais ses capacités de transport et de projection restent insuffisantes et trop liées à des contraintes externes.

Comme le rappelait le député François Cornut-Gentille, dans un rapport à la commission des finances de l’Assemblée nationale du 28 mars 2017, « les Russes et les Ukrainiens ont la maîtrise de la projection de nos forces sur les théâtres extérieurs ».

Enfin, la Marine française compte parmi l’une des plus redoutées dans le monde même si ses capacités aéronavales ont diminué. Quel que soit l’armée conventionnelle en question, la France peut s’appuyer sur elle pour servir ses objectifs de puissance.

Dans ce contexte, en 2018, la stature mondiale de la puissance militaire française reste pour le moins contrastée. Certes, d’une part, la France peut se targuer des réussites de son industrie d’armement grâce à son complexe militaro-industriel. En effet, elle parvient à exporter les fleurons technologiques de son savoir-faire en la matière.

Les grands contrats d’équipement militaire, comme les ventes de Rafale de Dassault (24 pour l’Egypte, 24 pour le Qatar, 36 pour l’Inde) ou de sous-marins de DCNS (12 pour 34 Md€ à l’Australie en 2016), montrent une certaine efficacité commerciale à l’export pour l’industrie d’armement. En revanche, s’agissant des capacités d’opération, la France n’est pas parvenue à anéantir le risque terroriste qui menace son sol. Les attentats sanglants de 2015 au journal Charlie Hebdo, au Bataclan ou à l’Hyper Cacher en témoignent. En outre, l’exécutif français mesure les limites de notre capacité à ordonner des interventions à l’extérieur qui débouchent sur l’envoi de troupes régulières au sol, en particulier sur les terrains d’opérations sensibles comme la Syrie en 2016. Ces éléments de preuve ne font que confirmer combien le bilan de la puissance militaire française est plus que jamais contrasté.

Consciente du rôle qu’elle doit jouer dans le monde, la France peut s’appuyer sur sa puissance militaire. Même si les contraintes qui s’imposent à elles sont fortes, les forces armées françaises demeurent en mesure de répondre à des menaces mais elles atteignent leurs limites comme on peut le voir actuellement dans les différents engagements qui sont les siens tant en Afrique qu’au Proche-Orient. Ceux qui partagent « une certaine idée de la France », pour reprendre la formule du Général de Gaulle, dans ses Mémoires de guerre, conçoivent que la « politique de la grandeur » ne se réalise qu’à plusieurs. La puissance militaire de la France ne peut se réaliser que dans le cadre d’alliances solides et fiables. C’est sans doute ce qu’illustre le choix fait en septembre 2016. L’Armée française a connu une évolution symbolique. Le fusil d’assaut FAMAS construit de longue date à Saint-Étienne ne sera plus l’arme privilégiée des fantassins du pays. C’est le fusil HK 416 F, construit par les Allemands qui est promis à le remplacer.

Cette évolution peut nous amener à s’interroger sur ce qui reste encore de la puissance militaire française.

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C - Des interventions en Afrique et au Moyen-Orient

Depuis quelques années, nos armées sont ou ont été engagées sur des théâtres d’opération très étendus et très divers. On peut les classer en quatre catégories : la lutte contre le terrorisme (Barkhane, Chammal et Task Force 150), les missions humanitaires (Opération Tamour en Jordanie et en Guinée), les actions de protection et de sécurisation des espaces (dans la mer Baltique, en Méditerranée, dans l’Océan indien et dans le golfe de Guinée) et les missions de stabilisation ou de maintien de la paix (au Liban, en Centrafrique, au Kosovo ou en Côte d’Ivoire)

Ces engagements se sont faits de façon soudaine, presque simultanée et intense.

Les armées françaises ont ainsi mis leurs capacités sous tension. Les opérations extérieures (« OPEX ») ne cessent aujourd’hui de faire l’actualité.Deux exemples ont retenu notre attention : l’opération Barkhane et l’opération Chammal.

Lancée le 1er août 2014, l’opération Barkhane repose sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS). Elle vise en priorité à favoriser l’appropriation par les pays partenaires du G5 Sahel de la lutte contre les Groupes armés terroristes (GAT), sur l’ensemble de la zone. Le G5 Sahel regroupe cinq pays de la bande sahélo-saharienne : le Burkina-Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Cet organe est un cadre institutionnel de suivi de la coopération régionale, destiné à coordonner les politiques de développement et de sécurité de ses membres. L’objectif de la stratégie sahélo-saharienne de la France, dont Barkhane porte le volet militaire, est de permettre aux États partenaires d’acquérir la capacité d’assurer leur sécurité de façon autonome. Dans le contexte actuel, l’effort de Barkhane porte sur l’accompagnement des forces partenaires, l’appui des forces internationales et la lutte directe contre la menace terroriste.

Barkhane poursuit la lutte contre les GAT, en leur interdisant la possibilité de reconstituer des zones refuges, en asséchant leurs flux logistiques et en aidant les forces partenaires à faire face aux défis sécuritaires. Les opérations visent à réduire la liberté d’action des terroristes et à les priver de leurs moyens de combat, par le démantèlement de leurs caches d’armement, de munitions, d’explosifs et de moyens de communication.

La force mène des actions dans les zones de transit pour tarir les flux logistiques des GAT et leur interdire tout ravitaillement.

Près de 4000 militaires sont déployés, dans le cadre de cette opération. C’est la plus importante action extérieure de la France en 2018. Ces troupes sont placées sous le commandement du général Bruno Guibert, qui opère depuis un poste de commandement interarmées de théâtre unique, stationné à N’Djamena, au Tchad. Le dispositif de Barkhane s’articule autour des trois points d’appui permanents : Gao au Mali, Niamey au Niger et N ’Djamena au Tchad. Pour pouvoir agir dans les zones les plus reculées, aux côtés des armées partenaires, des détachements sont également déployés sur des plateformes désert-relais ou sur des bases avancées temporaires.

S’il faut dresser le bilan actuel de cette opération on peut dire que nous ne faisons que contenir la menace terroriste. « Nous obtenons des succès tactiques mais nous ne parvenons pas à les transformer en succès stratégiques car la lutte militaire ne suffit pas.

On n'arrivera à rien au Sahel sans une action résolue dans le champ politique, diplomatique et du développement.». Cette opération est un creuset d'expérience militaire sans pareil, une excellence opérationnelle manifeste et des défis logistiques relevés quotidiennement. Les forces sont sous tension, interviennent dans un environnement qui s'est dégradé, du fait notamment de temporalités discordantes: le temps des militaires, qui s'efforcent de faire front, le temps des diplomates, impuissants à raviver un processus de paix moribond, le temps des politiques, rivés à leurs échéances de court terme, comme

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au Mali, où l'élection présidentielle est prévue pour juillet. Ce sont bien des écueils, face aux trafiquants et aux djihadistes qui ont pour eux le temps long.

Lancée le 19 septembre 2014, l’opération Chammal est le nom donné au volet français de l’opération interalliée Inherent Resolve (OIR) rassemblant plus de 60 Nations.

A la demande du gouvernement irakien, elle vise à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. Le 8 septembre 2015, sur décision du Président de la République et face à la menace terroriste pesant sur la France, la zone d’intervention de l’opération Chammal a été étendue à la Syrie afin de pouvoir frapper également les centres depuis lesquels Daech planifie et organise ses attaques. Le 20 novembre 2015, à la suite des attentats perpétrés à Paris, l’adoption par les Nations Unies de la résolution 2249 marque la détermination de la communauté internationale à combattre par tous les moyens la menace terroriste, qu’il s’agisse de Daech ou des groupes armés associés à Al-Qaïda.

L’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « appui » destiné à soutenir les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de l’organisation terroriste, y compris en profondeur, ainsi qu’un pilier « formation» au profit des forces de sécurité nationales irakiennes. Ce dispositif mobilise 1 100 hommes.

Mossoul est le symbole d’une stratégie réussie, menée par des forces irakiennes formées et appuyées par une coalition de plus de 60 Nations, au sein de laquelle la France a joué un rôle de premier plan. La campagne de la Coalition internationale n’est pas achevée et la lutte contre Daech doit être poursuivie avec détermination. La libération de tout le territoire irakien est en cours, tout comme l’anéantissement des bastions de Daech en Syrie, en particulier à Raqqa et dans la vallée de l’Euphrate.

Les engagements militaires de la France sont donc importants et témoignent de capacités variées qui permettent à notre pays de faire entendre sa voix au plan international. Toutefois, les nombreuses « opérations extérieures » conduisent à un essoufflement de la défense française.

L'Union européenne peut-elle nous aider, voire nous remplacer ? C’est un point sur lequel nous reviendrons dans la troisième partie de cette étude.

II - De nos moyens d’influence comme force d’action

Comme on vient de le voir la puissance de la France s’exprime de façon très forte au travers d’actions de dimension internationale. Toutefois, notre puissance est aussi faite d’outils d’influence.

A – Notre réseau diplomatique

L’action de la France se décline de différentes manières. La diplomatie politique vise à défendre les intérêts et les positions de la France. Elle repose sur 163 ambassades et 89 consulats. La France possède le troisième réseau diplomatique mondial après les Etats-Unis et la Chine. Elle s’appuie aussi sur 19 représentations permanentes auprès d’organismes internationaux dont les principales sont : O.N.U. (New-York et Nairobi), O.C.D.E. (Paris), O.T.A.N., U.E.O., U.E. et C.O.P.S. (Bruxelles), O.I.A.C. (La Haye), Conseil de l’Europe (Strasbourg), O.M.I. (Londres), O.S.C.E. (Vienne), O.A.C.I. (Montréal).

A cela s’ajoutent des délégations dans d’autres organismes internationaux comme le F.M.I. ou l’UNESCO1. La diplomatie économique défend les intérêts de nos entreprises.

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La diplomatie d’influence vise à promouvoir la culture française, la francophonie et à contribuer au développement.

Notre réseau diplomatique connait néanmoins des évolutions visant à maintenir notre présence mais en faisant des économies budgétaires et en utilisant davantage les nouvelles technologies. Cela aboutit à la mise en place des PPD (postes de présence diplomatique) qui permettent de concentrer les moyens de certaines représentations françaises sur « l'essentiel » : le dialogue avec les autorités locales, l'information du Ministère sur l'évolution du pays et le rayonnement de la France et de ses entreprises.

Dans un PPD, l'administration consulaire passe ainsi par des démarches en ligne, ce qui est nettement plus efficient dans des zones avec une faible communauté française et/ou peu de touristes français. Dans le même temps, la place de la France au regard des autorités locales diminue ce qui représente un risque face à des diplomaties en pleine expansion comme celle de la Chine ou de l’Inde.

La France dispose aussi d’autres atouts grâce à un réseau culturel étendu.

B - Notre réseau culturel comme outil d’influence

Au-delà de la présence diplomatique, atout traditionnel de l’influence d’un pays à (Retrouvez les différents organismes dans la fiche Annexe 3)

l’étranger, le rayonnement mondial de la France se traduit également par l’exportation de son savoir-faire, de son expertise et de son savoir vivre. La France, depuis les prémices de sa diplomatie, se revendique comme ayant une vocation à l'universalité. Le cheval de bataille français : affirmer sa présence partout dans le monde, en cherchant à développer ses valeurs, ses références, sa culture et l'usage du français hors de ses frontières. Cela se manifeste par l'enseignement et la diffusion de la langue française, en rendant notamment l'enseignement supérieur français plus attractif et en développant des partenariats universitaires.

Dans le domaine culturel, on trouve d’abord la langue française. Tous les espoirs sont permis puisque, dans les 30 ans à venir, la population mondiale s’exprimant en français devrait tripler. La demande est là comme en témoigne l’ouverture le 1er février dernier d’un nouveau bureau de l’Alliance française à Tunis. En même temps, si on peut se réjouir de cette situation, on peut aussi noter le recul de notre langue dans un territoire qui était largement plus francophone il y a encore quelques décennies.

En même temps, la situation ne cesse de se dégrader. Les acteurs du développement sont nombreux : les 822 Alliances françaises, essentiellement privées, les Instituts français, dépendant du Quai d’Orsay, la Francophonie et les lycées français. On ne sait plus qui fait quoi.

Un autre indicateur d’influence est la diffusion du livre français à l’étranger. Le livre est une industrie culturelle française tournée vers l’international : 18.5% du chiffre d’affaires des éditeurs français se réalisent sur les marchés étrangers. Aux côtés des professionnels du secteur et de partenaires institutionnels comme le Bureau international de l’édition française (BIEF) et de l’Institut français, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est mobilisé en faveur de la promotion du livre et de la pensée française à l’international. Le français est la 2e langue la plus traduite dans le monde, 14 087titres français ont été traduits dans le monde en 2016 (livres jeunesse, roman, bande dessinée et fiction). La majeure partie des cessions de droits de traduction concerne l’Europe et en 2e position l’Asie.

L’autre vecteur de l’influence française est la Francophonie. Réparties sur les cinq continents, plus de 220 millions de personnes parlent la langue française. La francophonie et la francophilie constituent pour la France et ses partenaires francophones une opportunité économique majeure. Les enjeux sont immenses. L’ensemble des pays francophones représente 16% du PIB mondial et connaît un taux de croissance de 7%. Ils

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possèdent 14% des ressources naturelles mondiales. En août 2014, Jacques Attali a remis au président de la République un rapport qui contient 53 propositions qui visent à faire de la francophonie un atout économique. Toutefois, si l’on n’y prend pas garde, nous pourrions être dépassés par d’autres pays francophones comme le Canada, la Belgique ou le Maroc qui sont beaucoup plus actifs que nous. On notera, et c’est très positif, que les grands contrats internationaux sont souvent rédigés en français car c’est une langue qui comporte, plus que d’autres, de nombreuses nuances lexicales.

L’intervention de la France dans le domaine de l’enseignement supérieur est inscrite dans la tradition de coopération française. Si la finalité demeure la formation des élites étrangères, dans un double souci d’appui au développement et d’influence. La coopération française doit s’étendre à la nécessaire ouverture des établissements d’enseignement supérieur français à l’international, gage de reconnaissance et de qualité.

Le savoir français est reconnu et s’exporte donc bien.

C - Notre industrie comme facteur de puissance

Dans notre étude, nous sommes également intéressés aux domaines industriels dans lesquels la France dispose d’atouts qu’il convient de maintenir et développer. La France a gagné en compétitivité au cours de ces dernières années. Alors qu’elle était classée au 25e rang mondial des nations industrielles en 2013, elle se hisse en 2016 en 22e position et passe notamment devant l’Afrique du Sud. Les prévisions pour 2020 ne sont en revanche pas très optimistes, puisque la France devrait à nouveau perdre quatre places. La France se situait en 2013 parmi les dix pays au monde à investir le plus dans le domaine de la R&D. Au 5e rang pour ce qui est du nombre de chercheurs par habitant, elle était classée 6e en termes de pourcentage du PIB consacré à la R&D et 7e ex-aequo avec le Royaume-Uni en termes de dépense absolue, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne.

Parmi les secteurs remarquables de notre industrie, il faut citer le succès des industries aéronautiques et spatiales qui est en plus un remarquable exemple de coopération européenne. Les ventes d'Airbus continuent de tirer l'ensemble de la filière, le chiffre d'affaires du militaire et du spatial reste également bien orienté. Comme l’a souligné Éric Trappier, président du GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) et PDG de Dassault Aviation « L'initiative de la Commission européenne de participer au financement de certains programmes militaires va dans le bon sens. Mais, elle devrait s'accompagner d'une préférence européenne pour les commandes d'armements. Beaucoup de pays européens achètent américain, regrette-t-il, évoquant le choix de l'avion de combat F-35 qualifié de « machine à tuer » l'industrie européenne et à intégrer l'armée américaine ».

A la base, la politique spatiale de la France avait surtout des visées militaires (fusée Véronique). Depuis les années 1970, elle s’exerce dans un cadre multinational et également civil en particulier au sein de l'Agence spatiale européenne créée en 1975. Le Centre national d'études spatiales (CNES) est chargé de mettre en œuvre les différents programmes faisant de la France et de l’Union européenne la 3e puissance spatiale. Le programme Ariane est une remarquable illustration de la réussite de cette politique tant civile que militaire qui permet à la France de renforcer son indépendance et de montrer son expertise dans le domaine.

Autre domaine de pointe dans lequel la France exerce son influence, c’est celui de la santé. Les 33 instituts membres du Réseau international des Instituts Pasteur (RIIP), collaborent en matière de recherche scientifique, de services de santé publique et de formation. L’adhésion au Réseau se fait sur la base du volontariat. Présent sur les cinq continents, les chercheurs du Réseau des Instituts Pasteur combinent des cultures différentes mais sont unis par la même culture pasteurienne, la même rigueur scientifique

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et les mêmes valeurs. Toutefois, il convient de rester vigilant car en 2016 la France a publié 50 000 articles (source « PubMed » pour publications médicales) mais elle est passée de la 5e à la 8e place en nombre de publications totales en quinze ans. Sa recherche est excellente mais elle est très dispersée. Chaque unité de recherche veut souvent tirer la couverture à elle.

Dernier volet de ce rapide panorama des atouts industriels de la France, c’est le domaine du luxe qui s’appuie sur un « art de vivre » qui est reconnu et parfois copié mais qui demeure un domaine d’excellence porté, entre autre, par le comité Colbert. Le groupe LVMH est devenu en 30 ans le numéro 1 mondial dans le secteur du luxe. C’est un acteur majeur de la mondialisation, puisque plus de 80% de l’activité du groupe se développe à l’étranger. Tout compris, LVMH est devenu l’entreprise la plus puissante de l’Hexagone, la première apporteuse de devises, autant que l’industrie agroalimentaire.

(En complément d’information, voir annexe 4 : « Dans quelle mesure le potentiel industriel de la France illustre t-il la puissance du pays ? »)

D - Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies du numérique

Ce secteur n’est pas non plus à négliger. En fonction de leur utilisation, les réseaux sociaux permettent de se construire une popularité sur le Web. Elle se manifeste sous plusieurs formes et certains internautes réussissent même à devenir influenceurs. Ces derniers ont une visibilité si importante qu’ils ont réussi à rassembler un public qui les suit quotidiennement. Les marques s’intéressent même à ces influenceurs, devenus des acteurs du marketing digital. La France a bien compris le rôle de ces nouveaux vecteurs de communication puisque toutes ses institutions publiques ou privées sont présentes dans ce secteur de la communication.

L’autre grand domaine d’expertise de la France est celui de la création artistique numérique et les jeux vidéo. Les grands studios américains qui sont à la pointe de l’image (Dream Works, Pixar) emploient des dizaines d’ingénieurs informatiques français.

En janvier 2018, la présence de 274 « jeunes pousses » françaises au « Consumer Electronic Show » (CES) de Las Vegas est un autre volet de la puissance française dans le domaine de l’intelligence artificielle. La France avait la 2e délégation après les Etats- Unis

Les différents constats faits lors de notre réflexion nous amènent maintenant à porter notre regard sur les perspectives que l’on pourrait envisager afin que la France conserve un rôle moteur sur la scène internationale.

III – Perspectives et moyens d’expression de notre puissance

A - Parler de l’Europe avec les européens

Après six décennies de construction européenne et sept élargissements successifs, le référendum consultatif du 23 juin 2016 au sujet de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne marque une rupture. Ce dernier événement s’inscrit dans un mouvement plus profond en faveur de l’effacement relatif de l’Union européenne dont les effets pourraient encore être considérablement accentués lorsque le « Brexit » sera devenu effectif.

Pour qui se préoccupe de l’influence de l’Union européenne dans le monde, il convient de distinguer les apparences et les dynamiques. Les sept élargissements successifs de l’Europe communautaire se sont traduits par une extension territoriale significative. Avec 4,5 millions de km2, l’UE fait figure de puissance ascendante.Ces chiffres démontrent amplement l’attractivité de l’Union européenne puisque cette extension s’est faite pacifiquement, avec l’accord des populations intégrées …quoique souvent aussi avec un déficit de débat public et une absence de consultations

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référendaires dans les États déjà membres. En fait, depuis longtemps déjà, le soubassement politique de la construction européenne s’effrite. D’une certaine manière l’Europe communautaire s’est construite à l’envers, en commençant par le technico- administratif, pour contourner le politique qui revient comme un boomerang. En témoigne l’augmentation de l’abstention aux élections pour le Parlement européen. Seule l’élection de 2014 a marqué un coup d’arrêt à ce phénomène avec une réduction de l’abstention (passée de 56,9% en 2009 à 43,09%).

L’UE et donc la France est confrontée à plusieurs défis : la montée des partis eurosceptiques, du populisme et les défis de l’immigration. Dans la première partie de notre étude, nous considérions la place de la France en poids de sa population.

Faisons la même chose avec l’UE. Lorsque l’espace UE-28 représentait 13,3 % de la population de la planète en 1960, l’UE 28 compte pour seulement 6,9 % de la population de la planète en 2015. Le « Brexit » risque de faire entrer l’UE dans ce que Gérard- François Dumont appelle un« hiver démographique ».

Il faut être lucide, notre pays ne peut plus se permettre de parler seul. Sa voix portera davantage s’il est capable de convaincre. C’est alors que notre influence pourra s’exercer. Il est clair que le projet européen constitue une chance que nous devons saisir.

Le défi est immense à la lueur des différents modèles qui composent cette union. Nous ne pouvons pas avoir une unité en Europe s'il n'y a pas une culture commune et un élément structurant. Par ailleurs, l'Europe de la défense n’existera qui nous si nous avons un but commun à défendre.

La volonté de la mettre l’Europe au cœur des préoccupations de la France a été affichée dès juin 2017 avec la nouvelle dénomination de Ministère des Affaires Etrangères qui est devenu le « Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères »1. Elle s’est poursuivie avec le discours du président de la République (septembre 2017) qui déclarait : « C’est la refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique » qui sera la seule voie d’avenir. De ces initiatives et de nos réflexions, un membre de notre comité a fait émerger trois scénarii pour la France qui doivent constituer des éléments prospectifs à prendre en considération.

- Scénario à faible probabilité :

L'Union européenne éclate sous le triple effet des divisions intérieures (la zone euro contre les non-membres de celle-ci, le groupe de Visegrad, le groupe des trois mers), du populisme exacerbé de l'extérieur par les Etats-Unis de Donald Trump, la Russie de Vladimir Poutine (voire du Royaume-Uni après sa sortie définitive de l'Union) et du groupe 16+1 animé par les Chinois dynamisé par le projet des nouvelles routes de la soie.

La France, un des pays fondateurs de l'Union, perdrait de son influence dans le monde puisque celle-ci est accentuée par son rôle de moteur de l'UE avec l'Allemagne.

- Scénario de probabilité moyenne :

Le statu quo actuel, c'est-à-dire l'Europe des 27 avec la règle de l'unanimité au Conseil européen dans les domaines essentiels. C'est, sinon l'immobilisme, le changement à dose homéopathique confortant l'égoïsme des Etats membres.

Dans cette hypothèse la France devra continuer à maintenir sa défense au niveau actuel, soit une armée au format complet, en comptant essentiellement sur elle-même. Son

« hard power » en souffrira et sa puissance diplomatique également. Notre pays devra réduire ses ambitions à l'international, notamment en faisant des choix dans les opérations extérieures. Il devra veiller à une position d'équilibre par rapport aux Etats-Unis, la Russie et la Chine. Il gardera d'autant plus d'influence que son alignement avec les Etats-Unis ne sera pas systématique, comme le montre déjà certaines inflexions de la politique du président Macron (position de la France relative à l'accord sur nucléaire iranien, sur l'affaire de Jérusalem, sur la COP 21, etc..). Pièce maîtresse de l'Union avec l'Allemagne, notre pays continuera à être une voix importante et écoutée dans le concert des nations.

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On notera aussi que le ministère de la Défense est devenu le ministère des Armées. Il est donc organisé plus restrictivement autour du militaire et non pas sur un plan global. Est-ce à dire que le militaire n’a plus son mot à dire sur l’environnement « para- militaire » ?

- Scénario le plus probable :

C'est celui préconisé par Valéry Giscard d'Estaing dans son livre « Europa, la dernière chance de l'Europe » et repris, en grande partie, par notre président de la République actuel. Celui de la construction urgente d'un ensemble fort et fédéré, comprenant, dans un premier temps, douze nations de l'Union européenne. Le 7 septembre 2017 le président Macron, devant l'Acropole à Athènes souhaitait une souveraineté qui ne soit pas que nationale mais bien européenne. « Cela passera par des objectifs communs : défendre la convergence sociale, fiscale dans la zone euro.Ce sera alors une gouvernance forte qui nous fera souverains, avec un budget de l'euro zone, un véritable responsable exécutif et un parlement devant lequel il devra rendre des comptes ». « Une zone euro plus intégrée, un cœur d'Europe qui en soit l'avant-garde ». A la Sorbonne, le 26 septembre, le président Macron a assumé son action prioritaire dans le cadre de la zone euro : « L'Europe des 27 ne peut fonctionner comme l'Europe des 6 et notre projet, l'avenir de nos peuples, ne peut consister à chercher le plus petit dénominateur commun. C'est en articulant constamment l'ambition motrice de quelques-uns et le respect du rythme de chacun que nous créerons le désir d'avancer et que l'Europe progressera au bénéfice de tous ». Le président français fait des propositions sur l'environnement, la défense, la lutte contre le terrorisme, l'immigration, le numérique (création d'une agence pour l'innovation de défense, financement en commun des champs de recherche et notamment l'intelligence artificielle) etc. … Sous son impulsion et celle de l'Allemagne, 23 pays de l'UE ont signé « la coopération structurée permanente » en matière de défense. Le mercredi 16 décembre 2017, la Commission européenne a proposé ses réformes pour la zone euro : un super ministre des finances pour la zone euro, un embryon de budget spécifique et la transformation du mécanisme européen de stabilité.

Aujourd’hui, l’UE est essentiellement une zone d’échanges La construction d’une Europe solide et sans doute fédérale nous apparait comme essentielle. C’est une tâche difficile car elle suppose que chacun abandonne un peu de sa fierté et de sa singularité.

La France, comme elle l’a fait par le passé, doit y jouer un rôle moteur qui sera gage du renforcement de son influence. Pour cela, un énorme effort de pédagogie est à mener afin que les peuples adhèrent à ce projet, qu’ils en soient acteurs et qu’ils prennent conscience qu’il représente l’avenir.

B – La voix de la France dans les relations internationales

La France fait partie des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU. C’est une puissance nucléaire reconnue. Ce statut est hérité de la France libre en 1945 et des politiques menées dans les années 60. C’est un des atouts majeurs de notre influence mondiale sur le plan politique et diplomatique. On se souvient du retentissement de la prise de position française, exprimée par la voix de Dominique de Villepin, lors de la crise irakienne en 2003. Notre voix est écoutée. Néanmoins, il faut aussi avoir à l’esprit qu’elle n’est plus aussi forte que par la passé. Il conviendrait donc de réorienter notre diplomatie autour de quelques axes majeurs : la sécurité, l’indépendance et notre influence.

La sécurité est ce qu’attendent les Français tant sur notre territoire qu’à l’étranger.

Pour cela, il faut donner les moyens à notre diplomatie d’assurer la stabilité. La France doit pouvoir exercer son rôle de contrepoids. Dans cette optique, il est essentiel de conserver et de tisser des liens avec les grandes puissances dont les intérêts divergent. Il faut donc une France qui soit non seulement capable de se faire entendre au niveau mondial mais aussi d’intervenir au niveau régional. Lorsque l’on regarde les différentes

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organisations existantes en Asie on peut s’étonner que la France n’y soit pas plus attentive. C’est le cas de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), de l’Organisation de coopération Asie – Pacifique (APEC en anglais) et dans une moindre mesure de l’Association de Libre Echange Asiatique (AFTA en anglais) et de l’Association des Nations du Sud – Est Asiatique (ASEAN).

(En complément d’information, voir Annexe 5 : « Quelques notions sur les organisations de coopération en Asie – Pacifique »)

Cette remarque vaut plus largement pour l’UE dont les frontières s’arrêtent à l’Est de la Pologne ou des pays baltes mais dont les intérêts s’entendent jusqu’au Pacifique. C’est non seulement le cas pour l’énergie mais aussi pour les échanges qui se profilent avec les nouvelles routes de la soie. Il est donc essentiel de maintenir un dialogue ouvert avec la Russie mais aussi la Chine.

L’autre grand volet de notre diplomatie doit être l’indépendance vis-à-vis de l’hégémonie des Etats-Unis. Ainsi, le respect de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien doit être un moyen approprié de peser à l’avenir sur la question de l’utilisation des missiles balistiques et sur la situation au Proche-Orient. A ce jour, l’UE reste profondément influencée par les Etats-Unis. Il est bien difficile de s’en sortir car tous les pays de l’Union n’ont pas les mêmes préoccupations. On le voit bien avec l’initiative des trois mers qui est située au carrefour des questions énergétiques et de défense. On le voit également avec des Etats comme la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie qui sont attachés à une Europe qui les finance bien, mais peu solidaires face aux migrants et fermes sur leur souveraineté. Il faut être particulièrement vigilant face à ces projets qui peuvent menacer l’existence de l’UE dans sa forme actuelle.

Nous avons le devoir de refonder un ordre collectif avec nos alliés et cela passera forcément par une défense commune peut-être hors de l’OTAN. C’est d’autant plus difficile pour nous que nous avons été, en 1954, à l’origine du Projet de Communauté Européenne de Défense (CED) et que nous l’avons torpillé. C’est aussi difficile car nos forces, malgré leur indépendance, ont appris à travailler dans le cadre de l’OTAN et de ses règles … De cette manière, on peut dire que l’UE doit apprendre la guerre. Il lui faut mener une politique de puissance à l’échelle européenne dans laquelle la France pourra apporter son expertise et son expérience comme elle le fait dans le cadre du corps de réaction rapide France (CRR- France).

La question de l’UE au sein de l’ordre international se posera inévitablement comme on l’a vu plus haut. Quelle voix pourra-t-elle porter tant qu’elle ne siègera pas au Conseil de sécurité ? Quelle voix pourra-t-elle porter tant que sa diplomatie sera inaudible ? La capacité diplomatique de la France se situe à la frontière entre les règles du jeu mondiales et les intérêts nationaux de ses membres.Notre influence se mesurera aussi à ce prix.

Dernier grand sujet qui concerne la France, c’est celui de la Francophonie en tant qu’organisation.Cette thématique a été laissée de côté et le MEAE s’interroge même sur le bien-fondé de cette institution qui dispose d’une dotation de la part de notre pays d’environ 30 millions d’euros chaque année. La bataille commence sur le front européen où seuls 3,6 % des documents de la Commission européenne sont rédigés en français (2015).

Notre devoir est de lutter pour que le français soit une langue de travail à part entière dans un espace qui compte 114 millions de francophones. Le « Brexit » est en cela une occasion à saisir. Faut-il encore que nos dirigeants montrent l’exemple … Le combat se situe aussi en France où la menace n’est pas à négliger. La langue peut être mise en danger par de nouvelles pratiques de communication. Bien sûr, notre langue est vivante et doit évoluer mais pas au profit d’un sabir né du mélange entre la téléphonie, le langage des banlieues, les anglicismes … Nous avons une obligation morale vis-à-vis d’une langue qui est officielle à l’ONU, dans l’UE, à l’UNESCO, à l’OTAN, au CIO, à la Croix-Rouge

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internationale … C’est aussi une langue employée dans les contrats car ses subtilités sémantiques sont particulièrement appréciées.

Récemment, le rapport de Cédric Villani a mis l’accent sur les menaces qui pèsent sur notre langue en matière de numérique et d’intelligence artificielle. Si l’on n’y prend garde, l’anglais et le chinois prendront la place du français en Afrique et le rêve d’une francophonie à plusieurs centaines de millions de locuteurs s’évaporera.

La question récurrente qui est revenue dans nos débats est aussi celle de nos ambitions et de leur corrélation avec les moyens que nous leurs donneront.

C – Avoir les moyens financiers

Le monde d’aujourd’hui n’est pas identique au monde d’hier. Il faut bien reconnaître que le contexte budgétaire se tend davantage. La construction européenne a apporté la paix mais elle a aussi rendu moins aisée l’acceptation par les peuples du financement de la défense.

D’un point de vue budgétaire, le budget de la Défense en France correspondait à 3,2% du PIB en 1990 (avant la suspension du service militaire) contre seulement 1,7% en 2016. La menace terroriste et les interventions extérieures de la France semblent faire évoluer la situation. Il faut bien reconnaître que la France est en guerre même si cela choque. Pour mener la guerre des moyens sont nécessaires. Les récentes annonces du Président de la République sont encourageantes. C’est une vraie avancée après plusieurs décennies de déclin du budget de la défense. L’objectif est d’atteindre les 2% du PIB fixés dans le cadre de l’OTAN. On peut d’ailleurs s’interroger sur le sens de ces 2%. A quoi correspondent-ils ? Comment ont-ils été calculés ?

Toutefois, il convient d’être vigilant car l’effort réel portera ses fruits en 2023 soit après la prochaine élection présidentielle. Les investissements sont colossaux pour rénover les matériels, former les personnels … d’autant que la Défense dépasse aujourd’hui le simple domaine militaire. Les « OPEX » coûtent cher et elles ne peuvent pas être financées uniquement par des collectifs budgétaires. Le passé nous a malheureusement appris que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Les besoinsfinanciers concernent d’autres domaines que nous avons évoqués dans notre étude. Dans sa présentation générale, le budget 2018 du MEAE prévoit de « renforcer la sécurité internationale et la sécurité des Français », « promouvoir le multilatéralisme et construire l’Europe » et « assurer un service diplomatique efficient et de qualité ». On peut s’interroger sur ce programme quand on voit que les moyens mis à disposition de nos services extérieurs diminuent. Tout comme la défense, la diplomatie constitue une pierre angulaire de notre politique d’influence et de la sécurité nationale. Il faut avoir conscience que nous ne jouons pas dans la même cour que les Etats-Unis ou la Chine mais nous disposons d’atouts qu’il faut encourager et valoriser.

C’est ainsi qu’il faut soutenir le réseau des lycées français, des Alliances françaises tout en se montrant vigilant sur les abus qui peuvent être mis à jour. Il faut repenser le fonctionnement des lycées français de l’étranger qui se dégrade. Ce réseau de 492 établissements connait une hausse annuelle de ses effectifs de 2%. Ils ne s’adressent pas qu’aux expatriés mais aussi aux étrangers. Le coût de la scolarité y reste abordable pour la classe moyenne de nombreux Etats et cela demeure un remarquable outil d’influence que les coupes budgétaires fragilisent. L’éducation est devenue un marché mondial. Si nous ne menons pas une politique plus ambitieuse nous serons condamnés au déclin. En 2016, la Cour des comptes estimait que la décrue des crédits publics pourrait faire « perdre [à ces établissements] leur raison d’être et conduire les parents, sous l’effet de la concurrence, à faire d’autres choix ». Même si la scolarité a augmenté de 60 %, elle reste encore abordable en comparaison des tarifs pratiqués par les réseaux concurrents (britanniques et américains). Il ne faut pas négliger que la grogne

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monte. Certaines hausses des tarifs vont exclure nos compatriotes du système … mais aussi des étrangers qui font traditionnellement confiance à notre système éducatif gage de qualité par rapport au leur.

L’argent est une chose mais il faut aussi des hommes et des femmes. Il en existe partout à travers le monde. Encore faut-il qu’ils se sentent soutenus et accompagnés. On le voit bien avec l’organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Elle a, comme le souligne un récent avis du conseil économique, social et environnemental, un budget de 79 millions d’euros et 290 salariés mais ce n’est qu’une PME au regard des 525 Instituts Confucius créés depuis 2004 dans 142 pays. Le budget consacré à cette diplomatie d’influence est de 255 millions d’euros. L’influence d’un pays se mesure aussi à cette capacité à développer des partenariats avec des universités, des lycées, des collèges …. L’Institut Confucius joue un rôle de plus en plus visible dans les échanges humains et culturels ainsi qu’au sens de la diplomatie publique.

Comme on le dit souvent « l’argent est le nerf de la guerre ». La guerre de 2018 est devenue multiformes. Il va falloir convaincre l’Assemblée nationale et les services de Bercy de l’importance d’une hausse des crédits. Ce travail de conviction devra aussi se faire en direction de l’Union européenne. Cela passera par des réformes ambitieuses qui changeront certaines habitudes et toucheront, sans doute, certains privilèges acquis de longue date. Pour changer tout cela il faudra de la persévérance, un désir ardent et du courage.

(En complément d’information voir annexe 6: « La finance, facteur de puissance ou de fragilité ? »)

Conclusion

Notre sujet d’étude « La France, puissance d’action et puissance d’influence » nous a conduits à une réflexion incomplète mais à l’intime conviction qu’il faut du courage pour mener le combat de l’action et de l’influence.

La notion de courage semble devenue obsolète. C’est un mot qui ne veut plus rien dire, qui est devenu inapproprié en temps de paix, de démocratie et de modernité. Et pourtant notre époque a un ardent besoin de courage.C’est une erreur de penser que la démocratie va de soi, qu’elle est garantie et qu’il ne faut pas être vigilant. Son atout majeur est de garantir des droits des libertés mais elle reste un rapport de force ce que nos adversaires ont, sans doute, mieux compris que nous. La démocratie reste un combat de tous les jours. La corruption commence lorsque l’on refuse de nommer les choses. La démocratie demande que l’on dise les choses, que l’on parle et que l’on soit compris.

Le courage est souvent considéré comme une vertu des grands hommes. C’est un outil de « leadership ». Il faudrait que cette vertu souvent individuelle devienne collective, qu’elle soit partagée. Il faut que l’on comprenne que le courage c’est de s’ouvrir sur le monde et non pas se replier. L’idée européenne à laquelle le France a grandement contribué doit être le moteur d’un nouveau départ. Pour cela, il faudra changer le logiciel des égoïsmes nationaux, faire partager les idées, apprendre à vivre ensemble afin d’échapper aux risques d’affrontements. La France doit être une force de proposition.

Nous devrons choisir entre une défense de l’Europe et une défense européenne mais l’une n’ira pas sans l’autre.

Dans le combat qui est face à nous, la France ne doit pas baisser la garde. Elle doit abandonner son pessimisme, faire preuve de dynamisme pour porter ses valeurs. C’est à la force et à l’influence de notre pays que se mesurera son poids face aux autres

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puissances. Le combat risque d’être long et difficile (peut-être parsemé « de sang et de larmes »).

Le Président de la République cherche à donner au monde une belle image de la France. Il ne doit pas être le seul. C’est ainsi qu’il faut espérer que les Français et les Européens se retrouvent à aimer le monde dans lequel ils vivent. Il n’existera alors qu’une seule manière de se protéger : assumer ce en quoi l’on croit et ne pas renier ses valeurs morales. Le chantier est vaste mais exaltant. C’est à ce prix que la France gardera sa puissance et son influence

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Annexe1

La dissuasion nucléaire, arme ou levier politique ? 1- L’avenir de la dissuasion nucléaire

L’arme nucléaire doit s’adapter à certaines évolutions, mais elle continue à structurer les relations internationales.

L’arme nucléaire joue incontestablement toujours un rôle dans les relations internationales, mais nous sommes dans une nouvelle ère du nucléaire, pas nécessairement moins stable que la précédente, mais dans laquelle des utilisations politiques nouvelles de l’arme pourraient apparaître, en raison d’un nombre plus grand d’acteurs.

- Le discours dissuasif doit être fort pour persuader l’adversaire que nous serions effectivement capables de franchir le seuil nucléaire et s’accompagner de l’affichage ouvert fréquent de nos capacités nucléaires, tout en conservant toujours pour l’adversaire une « porte de sortie honorable ».

2- L’approche française de la dissuasion nucléaire.

Le nucléaire reste une arme.

Avec la fin de la guerre froide, L'apparition de nouvelles menaces n’a pas fait pour autant disparaître toutes les autres.

Si le futur proche ne contient pas le risque d'affrontements majeurs,

- l'Histoire nous enseigne que nous ne sommes à l'abri, ni d'un retournement imprévu du système international, ni d'une surprise stratégique,

- d'autant que notre monde est également marqué par l'affirmation de puissances qui reposent sur la possession d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques.

Il ne faut pas ignorer non plus

- la persistance des risques plus traditionnels d'instabilité régionale.

- les risques liés à des renversements d'alliance ou d'attitude par des puissances majeures qui disposeraient d'armes nucléaires ou d'armes de destruction massive.

- les risques liés aux puissances régionales qui possèdent l'arme nucléaire dont les gouvernements utilisent des groupes terroristes, confortant sa posture à l'abri de ses capacités nucléaires.

- la prise du pouvoir par un réseau terroriste dans un Etat défaillant.

Toutefois l’option d’utilisation de l’arme nucléaire contre les Etats utilisant le terrorisme contre la France a été clairement abandonnée.

La prévention et la défense-antimissiles ne peuvent suffire.

La garantie de nos intérêts vitaux est le rôle fondamental attribué à la dissuasion nucléaire qui s'inscrit dans la continuité directe de notre stratégie de prévention e-t d’utilisation de nos forces conventionnelles.

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Elle en constitue l'expression ultime.

Face aux inquiétudes du présent et aux incertitudes du futur, la dissuasion nucléaire demeure la garantie fondamentale de notre sécurité.

Elle nous donne également, d'où que puissent venir les pressions, le pouvoir d'être maîtres de nos actions, de notre politique, de la pérennité de nos valeurs démocratiques.

Le levier politique .

- la dimension psychologique de la dissuasion nucléaire: entre incertitude des conditions de l’emploi et certitude d’emploi ciblé.

Il convient d’apprécier, en permanence, la limite de nos intérêts vitaux afin de décider de l’emploi de l’arme nucléaire.

La perception de ces intérêts évolue au rythme du monde.

L'incertitude de cette limite est consubstantielle de la doctrine de dissuasion.

Le nucléaire français s’inscrit ainsi dans 3 dimensions: « dissuasion, démonstration (levier politique), coercition (arme)».

Notre posture de dissuasion, c’est

- d’une part, une assurance-vie contre d’éventuels retournements négatifs du contexte stratégique global,

- d’autre part, un moyen de neutraliser les arsenaux de puissances régionales désireuses de changer le statu quo à leur profit, ou d’empêcher une intervention militaire européenne,

- notre force de dissuasion garantit par ailleurs par rapport à nos alliés notre autonomie stratégique qui est l’un des fondements de notre politique de défense (notre réintégration complète dans le dispositif de l’OTAN n’intègre toujours pas la dimension nucléaire)

- notre force de dissuasion conforte la position internationale de la France.

Insistons sur ce dernier point, l’arme nucléaire est un atout politique essentiel du renforcement de notre lisibilité internationale.

Disposer de l’arme nucléaire est un atout qui donne une plus grande lisibilité de la France à l’ONU : la dissuasion nucléaire a bien un lien logique avec le statut de membre permanent du Conseil de sécurité.

La France, puissance moyenne, autrefois présente sur la scène internationale grâce à son empire colonial, utilise sa dissuasion nucléaire pour maintenir sa lisibilité internationale.

Conclusion

La dissuasion nucléaire reste donc un point d'ancrage, à la fois arme et levier politique sur lequel, une politique souveraine de défense et de sécurité peut s'appuyer encore pour très longtemps.

Même s’il est tout à fait vrai de dire que la dissuasion connaît de plus en plus « d’angles morts », notamment par rapport aux menaces asymétriques et hybrides modernes, proposer de la supprimer partiellement ou complètement n’est aujourd’hui pas crédible.

Principalement à cause du réarmement nucléaire actuellement en cours dans le monde :

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La modernisation et l'adaptation des capacités nucléaires sont nécessaires à la crédibilité et à la pérennité de la dissuasion nucléaire française.

Toute décision programmatique lourde (suppression de notre force de dissuasion) aurait un impact majeur sur la cohérence de l’édifice de défense (cohérence entre les forces conventionnelles et la dissuasion nucléaire), alors que les économies réalisées seraient incertaines et n’iraient de toute façon pas à d’autres chapitres du budget de la Défense.

Réciproquement une insuffisance de nos forces conventionnelles discréditerait notre dissuasion nucléaire (Analyse objet d’une autre intervention).

Ainsi la bonne réalisation de la mission nucléaire attribuée aux forces aériennes stratégiques et à la force aéronavale nucléaire est aujourd’hui obérée par le renouvellement tardif de la flotte de ravitailleurs.

Disposer de ravitailleurs est une obligation pour assurer la pérennité de la dissuasion nucléaire aéroportée, mais aussi pour remplir d’autres missions d’ampleur comme le transport stratégique.

L’enveloppe financière de la dissuasion est appelée à augmenter, Cela ne doit pas entraîner un effet d’éviction sur l’équipement des forces conventionnelles.

Des forces justement largement mises à rude épreuves aujourd'hui par un sur déploiement et un lent renouvellement de leurs matériels.

Si la France veut continuer de pouvoir tout faire, de la frappe nucléaire aux conflits de haute- intensité en passant par les tâches de Petersberg (missions humanitaires, de stabilisation et de maintien de la paix), il faut qu'elle s'en donne les moyens.

La dissuasion n'est pas que nucléaire, elle est aussi conventionnelle.

Annexe 2

Les capacités militaires conventionnelles, facteurs clés de la puissance d’action.

Le danger du décrochage stratégique.

I- Les écueils récurrents à l’exécution des Lois de Programmation militaire.

Sur l’ensemble des 13 LPM, seule l’exécution des trois premières LPM a été menée à bien.

Le budget de la défense trop souvent la variable d’ajustement de la loi de finances.

Des causes multiples se conjuguent pour ne pas respecter la LPM et détruire sa cohérence.

II - Les forces conventionnelles, la variable d’ajustement.

III1- La cohérence à rétablir entre dissuasion et capacités conventionnelles.

Sans forces conventionnelles capables d’intervenir en intensité de plus en plus élevée avant la frappe nucléaire, la dissuasion nucléaire perd toute sa crédibilité.

III2 - Cohérence du dimensionnement de nos ambitions au regard de nos capacités, puis de l’adaptation de celles-ci aux premières.

Un des points positifs du Livre Blanc est d’établir des zones d’intervention prioritaires : territoire national, Europe, Méditerranée, Afrique du Nord et sub-sahélienne.

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Il faut donc une force expéditionnaire solide pour exercer nos responsabilités et protéger nos intérêts dans ces zones prioritaires.

Mais nous manquons de capacités de transport stratégique, de ravitaillement en vol, de renseignement et de mobilité opérative (hélicoptères lourds et de manœuvre) en particulier, nous ne sommes plus en mesure de conduire dans la durée que les opérations validées par les Américains.

Et il faut du temps à la reconstruction d’autant que la préservation des programmes « à effet majeur » s’est faite au détriment des « petits programmes » qui assurent justement la

« cohérence opérationnelle ».

L’industrie de défense, sanctuarisée théoriquement, devrait pourtant perdre mécaniquement entre 10.000 et 20.000 emplois, selon le sort réservé à la « trajectoire budgétaire ».

Dans cette destruction, l’industrie terrestre et les PME était inévitablement les premières concernées.

Le désarmement massif de l’Europe a fait émerger la « France militaire », il nous appartient d’en assumer pleinement la responsabilité.

III3 - Forces spéciales et forces conventionnelles dans la puissance d’action militaire de la France.

L’interaction des deux types de force a permis de concevoir et conduire une « campagne d’excellence » au Mali.

Le Livre Blanc de 2013 prévoyait logiquement le renforcement des effectifs et des moyens des forces spéciales.

Cependant, des forces spéciales, même renforcées en volume, ne pourraient faire à bas coût ce que font les forces conventionnelles plus nombreuses et plus onéreuses.

Le renforcement des effectifs des forces spéciales et de leurs moyens de commandement doit se comprendre comme une valorisation globale de notre Défense et non d’une manœuvre visant à réduire le format des forces conventionnelles.

Car les forces spéciales, formidable levier d’efficacité opérationnelle et stratégique, ne sont pas substituables aux forces conventionnelles, elles sont complémentaires : l’indispensable renforcement des premières ne doit pas se faire au détriment des secondes.

« Une action spéciale produit un effet ponctuel dans un espace limité : elle s’apparente plus à de la «projection de puissance» qu’à de la « projection de forces ». L’engagement des forces spéciales est un acte politique.

Le facteur clef du succès dans la guerre » c’est la synergie naturelle des forces spéciales et des forces conventionnelles, les unes et les autres remplissant des fonctions complémentaires au cœur d’une synergie à développer.

III4 -La capacité d’entrée en premier sur un théâtre d’opération, facteur d’autonomie stratégique.

La France compte aujourd’hui parmi les rares puissances du monde capables de projeter des forces armées dans des délais contraints, en quasi-autonomie, et à plusieurs milliers de kilomètres.

L’aptitude à pénétrer un théâtre d'opérations distant est déterminante.

Cette capacité à entrer en premier tient une place unique dans la politique de défense de la France en lien avec l'ambition nationale d'autonomie stratégique.

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