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Td corrigé conf - Stages pdf

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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ARTICLES et CONFÉRENCES

1) Corps et Toucher Plaidoyer pour le toucher

Le toucher, appel à être Au pays du toucher

Le toucher, véhicule des voyages en pays subtils A l'école du toucher

Mon corps reflète ce que je suis

2) Techniques de Détente Massages, comment s'y retrouver

A la découverte du massage Coconing, le massage californien Vibrer à deux, la relaxation coréenne

3) Techniques Orientales Massages à la chinoise Do it yourself, l'automassage doin Do in, l'automassage à la portée de tous

Mal au dos, shiatsu, bravo!

4) Reflexologies

Parle à mes pieds, ma tête est malade Des pieds qui parlent, la réfléxologie plantaire Massages réflexes, les étranges ressources de notre corps

5) Toucher et Energie

Reiki, l'énergie cosmique entre vos mains Rechargez vos batteries, le magnétisme

***

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1 ) Corps et Toucher

PLAIDOYER POUR LE TOUCHER

"Ne touche pas ! l'odieuse injonction qui retentit cent fois par jour aux oreilles de l'enfant, fait de lui un aveugle, un chien sans flair errant tristement dans un monde où tout est enfermé dans des vitrines. Les compensations qu'on lui offre sont rares et maigres. Le bébé peut encore pétrir à pleines mains le sein qu'il tête. Plus tard, perché sur le bras de papa, il ne se fait pas faute d'enfoncer ses petits doigts dans la bouche. Mais ensuite, il ne lui reste plus que la pâte à modeler, le pâté de sable,..." Michel Tournier.

Que de désirs d'exploration frustrés, le goût de l'aventure et de la découverte castré, le plaisir du contact et la sensualité diminués pour une société de plus en plus aseptisée et désincarnée.

Et plus tard, tant de gestes retenus, maladroits ou stéréotypés dans les relations affectives ou sexuelles, tant cette injonction a pris racine dans les profondeurs de l'inconscient. Tant d'élans avortés, la peur de ne pas être reconnu-accepté-aimé est là tapie, insidieusement distillée par une éducation qui privilègie le mérite au détriment de l'acceptation.

"Je t'aime si tu es comme je veux, si tu fais ce que je veux. Je t'aime si tu m'aimes". La perversion relationnelle est là. Elle inscrit l'amour et son corollaire naturel, le toucher, dans le cadre punition-récompense. Elle en fait une valeur marchande et enferme l'homme dans sa solitude, le coupe, l'isole, autorise toutes les justifications et toutes les atrocités. Les corps sont là, qui crient leur souffrance et leur besoin, dernier îlot de résistance, esclaves négligés, meurtris, au point qu'il faudra les apprivoiser pour leur faire croire à la liberté. Leurs

occupants font la sourde oreille tout occupés qu'ils sont à croire qu'ils peuvent encore gagner à ce jeu du "est-ce que tu m'aimes ? Moi non plus" faussé dès le départ.

La main ne ment pas. Dans la relation, elle traduit la vérité de l'échange. "Une main froide me gêne, une main humide me répugne, une main saccadée m'irrite, une main chaude et souple qui presse la mienne du contact de sa paume m'inspire une confiance et une sympathie subite" témoigne George Sand.

Le toucher est un acte d'amour inconditionnel, au delà des préférences et des jugements. Il s'adresse à l'Etre au travers du corps. Au passage, il bouscule la personnalité, les

arrangements avec soi-même, les compromis avec les autres. Il remue-ménage pour permettre à l'appel de l'Etre de se frayer un chemin. Il déniche les émotions refoulées, les expressions retenues, là où l'élan de la vie s'est enkysté dans les attitudes toutes faites, les réactions conditionnées et les noeuds du corps.

Le toucher ouvre entre deux être un espace de ressenti partagé car il permet de pénétrer la réalité de l'autre au delà de la séparation des corps. Il affirme l'identité entre les êtres humains de la chair et sang qui me permet de sentir le corps de l'autre comme je sens le mien, de transcender les limites de l'Ego identifié au corps. Reconnaissance de l'Etre chez l'Autre par l'Etre en Soi dans la joie de se retrouver, Soi avec Soi, abolition de l'espace et communion.

Et pour terminer cette éloge de la main d'Henri Michaux dans « Poteaux d'angle

» :

"Inouïes dans le règne animal, les mains, ces instruments d'affection et de douceur, qui mieux que n'importe quoi donnent des caresses.

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Aussi les animaux qui acceptent de la laisser faire (la main) ne redeviennent plus eux-mêmes, sauf toutefois les félins qui en temps voulu savent reprendre la vie aventurière. D'autres animaux en pourrissent même, de cette affection. Habitués, ils ne peuvent plus s'en passer.

Vivre sans caresses leur est devenu intolérable. Irremplaçable main.

Par là, par cette possibilité particulière de caresse (tandis que la main du singe, du castor et d'autres petits rongeurs reste dure, calleuse, désagréable ou indifférente), cet être agressif, impatient et calculateur qu'est l'homme a une sorte de prédestination à la douceur et à l'affection... Les enfants si on les laissait faire caresseraient des loups, des panthères. Cette singularité, mal mêlée à leurs autres inclinations, indiquerait pourquoi, malgré de bonnes et parfois très bonnes intentions, les hommes dans l'ensemble sont brouillons et - peuples aussi bien qu'individus - restent des instables à qui on ne peut longtemps se fier.

Dans la main, plus de tendresse que dans le coeur et dans le coeur plus que dans la conduite.

Ce serait avant tout la main qui, l'ayant fait également manipulateur, fouilleur, chercheur, artisan, ouvrier, étrangleur... et joueur, aurait rendu l'homme si particulièrement

inconséquent... et diablement divers.

Mais alors ? Si elle est réellement à la base, il faudrait bien y revenir, la traiter à part, sans gymnastique toutefois ni mudras. Elle n'a été que trop endoctrinée et tournée vers l'utile.

Trouve « ses gestes », ceux dont elle a envie et qui seront « ses »

gestes pour te refaçonner. Danse de la main, observes-en les effets immédiats et lointains, capital, surtout si tu ne fus jamais homme à gestes. C'est cela qui te manquait et non pas ce que vainement tu cherchais au dehors, en études et compilations. Indéfiniment reviens à la main".

Jean-Louis Abrassart Paru dans Recto-Verseau

LE TOUCHER, APPEL A ETRE Un entretien avec Jean-Louis ABRASSART

Nouvelles Clès : Il aurait pu faire "carrière" en sortant diplômé d'une grande école d'ingénieur, mais il a préféré répondre à un appel de l'essentiel, suivre un chemin de recherche spirituelle. Depuis quinze ans, Jean-Louis Abrassart enseigne différentes disciplines du toucher. Jean-Louis Abrassart, comment, lorsqu'on sort de l'Ecole Centrale d'ingénieur, devient-on animateur spécialiste du toucher?

J.L. Abrassart : Avec le recul, ce qui me reste surtout, c'est le sentiment qui resurgissait régulièrement d'avoir quelque chose à faire, à exprimer d'une manière personnelle. Un profond sentiment d'insatisfaction, de manque. Tout en ayant suivi des études scientifiques, je n'ai pas trouvé dans le métier d'ingénieur suffisamment de réponses à ce que j'appellerai maintenant mon "anxiété" intérieure de jeunesse. Les questions philosophiques que posent la recherche scientifique me passionnaient, l'aspect technique me rebutait. Déception aussi de l'engagement politique des années 70 quand je me suis rendu compte qu'il menait soit à la violence, soit à la compromission. C'est le yoga que j'ai découvert à 17 ans qui a noué mon premier contact avec le corps, puis la rencontre avec les tibétains où j'ai trouvé pour la première fois, une manière d'être que je reconnaissais. Toucher et psychothérapie sont venus ensuite.

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NC : Dans la préface d'un de vos livres, Léandre Cochetel parle de vous comme d'un prêtre du corps?

JLA :A 12 ans, un moment j'ai voulu être prêtre alors que ma famille est plutôt de gauche.

Prêtre du corps, c'est le corps comme mystère, mystère de ma vie, de ma présence sur terre.

Le corps comme Entre-Deux, entre la naissance et la mort, entre Terre et Ciel, entre ombre et lumière, arche d'alliance. Prêtre du corps évoque pour moi une spiritualité enracinée dans la vie, vécue dans et par le corps.

NC : En quoi est-ce important dans notre monde de développer le toucher ?

JLA : Que serait un monde sans le toucher? Solitude, isolement, séparation. Le toucher donne la place première aux sensations, au ressenti, à la subjectivité, et par là il contrebalance notre monde analytique. Le toucher est impressionniste, poétique. Il donne corps à

l'expérience, chair aux mots, consistance à la vie. Il est aussi mouvement vers l'autre, une symbolique de l'échange - donner/recevoir - une mise en scène du jeu relationnel, le reflet de la façon dont nous avons été aimés et dont nous aimons.

Toute notre histoire relationnelle est inscrite dans notre corps et elle est réactualisée par chaque toucher. Enveloppement sécurisant de la mère et pression confrontante du père, par le toucher, chacun établit sa place, se fonde un territoire et apprend à gérer sa distance avec les autres. Enfin, le toucher atteint l'archaïque en nous, il en appelle à notre mémoire cellulaire, chair contre chair, réaffirmation de la présence du désir de vie. Il réactive notre lien avec l'univers, notre participation à une conscience-énergie globale. Il abolit la séparation, reconnaissance de l'Etre en soi, communion des corps, antidote de la Tour de Babel. C'est pourquoi le toucher a toujours été un outil privilégié d'aide à la guérison et à l'évolution intimement reliée à la spiritualité, par exemple la tradition de l'imposition des mains. Comme la spiritualité, le toucher pose le problème de l'origine, de l'incarnation. C'est un toucher qui traverse le corps, je pourrai dire qu'il s'adresse à l'âme, à "ce qui anime", au souffle de vie, favorisant l'autoguérison physique et l'accomplissement de soi. J'aime cette phrase d'une participante à la formation :"Le toucher est un manque qui se promène sur mon corps."

Manque d'Etre, manque de lien, manque d'amour.

NC : Quand le toucher se fait dans cette intention, comment l'autre le reçoit-il, comment en a- t-il conscience?

JLA : Comment l'intègre-t-il? L'autre répond à mon toucher mais pas forcément

consciemment. Il y a d'abord une réponse corporelle, un changement dans le ressenti du corps, l'émergence de ce que j'appelle une qualité d'être. En simplifiant, un toucher des pieds redonne la stabilité. Il y a ensuite une réponse de l'imaginaire, des images, des souvenirs, des rêves - le rêve, massage psychique? - souvent significatifs. Il y a enfin la réponse de la vie, c'est-à-dire des opportunités nouvelles qui se présentent à la personne. C'est l'aspect

"magique" du toucher, il libère le possible. Dans l'exemple du massage des pieds que je prenais, la personne trouve le nouveau logement qu'elle cherchait depuis longtemps. Sursaut de la vie. J'aide la personne à verbaliser ces trois réponses, à établir des liens entre elles, à retrouver une dynamique dans sa relation avec la vie. Je crois plus à une intégration

biologique qu'à une intégration psychologique comme pour l'enfant qui acquiert le sens de la marche et les qualités dont il a besoin pour tenir debout par un processus qui échappe en grande partie à sa conscience. C'est une dynamique d'émergence, de créativité plutôt qu'une logique de causalité.

NC : Vous parlez de guérison. Quel est selon vous le principe qui guérit?

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JLA : Je ne parle pas de guérison dans un sens médical. Je définis la guérison comme une remise en mouvement. Lorsque je rencontre une "gêne" dans le corps de l'autre, une tension, je peux la considérer comme l'inscription dans son corps d'une difficulté de vie - le corps comme mémoire - comme un blocage à libérer pour terminer des situations du passé, causes de la tension. Je peux aussi considérer cette tension comme le début d'un mouvement, comme une ressource, un possible qui est retenu chez la personne - le corps comme potentiel à avenir, comme "graine"-.

Le fondement de mon approche par le toucher est que chaque personne a en elle un

"mouvement de vie" et que ce mouvement de vie cherche constamment à s'exprimer, en particulier au travers du corps. Comme nous avons eu notre croissance durant l'enfance, je crois à un mouvement intérieur de croissance qui tend à la réalisation de ce que chacun a d'inscrit en lui. Le toucher aide alors l'autre à se remettre en phase, à Etre plus et mieux, avec des bénéfices physiques et organiques. Le toucher dont je parle n'est pas une intervention de l'extérieur. Il établit un dialogue avec le corps de l'autre. L'autre y participe par la manière dont il reçoit corporellement le toucher, en particulier par sa respiration. Egalement, au fil des séances, par l'intégration verbale. Mais le changement est enclenché dans le corps et par le corps.

Paru dans le journal Nouvelles Clés (Extraits)

AU PAYS DU TOUCHER

Jean-Louis Abrassart assure depuis plusieurs années des formations aux techniques du toucher dans lesquelles il privilégie l'aspect relationnel. Lucien Tenenbaum, en rupture de ban avec la psychiatrie actuelle, intègre à sa pratique thérapeutique le toucher et d'autres approches non verbales. Engagés dans l'exploration des dimensions intérieures du toucher, ils nous ouvrent, au travers d'un témoignage et d'une réflexion plus théorique, le carnet de bord de leur voyage.

Les sens en éveil

Le toucher est d'abord un contact physique, l'un des cinq sens à notre disposition, certainement le plus méconnu à la fois dans sa physiologie et dans ses implications.

Revenons tout d'abord à l'extraordinaire organe sensoriel qu'est la peau trop souvent considérée comme une simple enveloppe contenant le corps.

Etalée sur près de deux mètres carrés chez l'adulte, elle représente 18% du poids du corps et ses fonctions physiologiques essentielles au bon fonctionnement de l'organisme sont

multiples: la peau respire, digère les graisses qu'elle synthétise en vitamine D, élimine... Les glandes sudoripares filtrent le sang et participent au drainage des toxines hors de l'organisme.

Les glandes sébacées servent d'épurateur à la lymphe.

Aussi, en secondant le fonctionnement de nombreux organes - reins, poumons - et en régularisant les échanges avec le milieu environnant, la peau participe au métabolisme du corps. Elle absorbe par exemple les radiations solaires indispensables à la survie et contribue au maintien de l'équilibre thermique de l'organisme. Un simple toucher a déjà une fonction générale de stimulation de tous ces processus et de l'ensemble du métabolisme. L'exemple dramatique des grands brûlés montre à quel point le rôle de la peau est vital car personne ne peut vivre sans posséder l'intégrité de la majeure partie de celle-ci.

D'autre part, l'épiderme contient un nombre impressionnant de terminaisons nerveuses - sept cent vingt mille soit environ cinquante pour cent millimètres carrés. Cela fait de la peau l'organe sensoriel le plus important du corps. Toutes ces fibres nerveuses se terminent par des

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corpuscules sensitifs de nature différente, chacun étant attaché à un type de perception précis:

sensibilité au contact, à la pression, à la douleur, à la température.

La peau est un véritable "système nerveux extériorisé" qui va fournir des informations essentielles à la survie de l'organisme. La peau, dont les cellules sont issues de la même couche de l'embryon que le système nerveux, se différencie d'ailleurs avant les autres systèmes sensoriels vers le deuxième mois de la gestation.

En étudiant la répartition des fibres sensitives issues de la moelle épinière, on découvre les dermatomes ou "bandes" de peau associées à une vertèbre et par là même à un organe dans le corps. C'est pourquoi tout contact physique se répercute sur le fonctionnement de

l'organisme. Utilisée systématiquement, cette correspondance a donné naissance aux méthodes de massages réflexes et elle explique bon nombre des effets de l'acupuncture.

Cet effet organique du toucher est particulièrement sensible chez l'enfant qui vient de naître.

Ce sont les contacts tactiles lors des contractions maternelles et de l'expulsion qui vont stimuler les fonctions respiratoires et digestives du nouveau-né. En cas d'insuffisance, elles doivent être remplacées par des massages ou des enveloppements. Ashley Montagu dans son livre remarquablement documenté, La Peau et le Toucher, met bien en évidence l'importance des contacts corporels chez l'être humain comme chez les autres mammifères. Les

stimulations tactiles jouent un rôle essentiel dans l'épanouissement affectif de l'enfant, nous allons le voir, mais plus fondamentalement encore dans sa croissance physique. Il est prouvé qu'elles facilitent l'acquisition de nouvelles fonctions comme la marche, activent le système hormonal, contribuent à une régulation harmonieuse de l'excrétion et, fait important, sont intimement liées à l'établissement et au renforcement des défenses immunitaires.

Une enquête statistique récente a montré que la solitude et son corollaire, l'insuffisance de contacts corporels, sont des facteurs de haut risque de maladies graves. Cet isolement est présent dans près de 30% des cas.

Sur un plan thérapeutique, le geste de toucher pour atténuer une douleur ou apporter un soutien est vieux comme le monde. Et c'est sans doute la plus ancienne thérapeutique

"découverte" par l'homme, la plus instinctive.

Depuis plus d'une dizaine d'années, les techniques de massage se multiplient, signe de la nécessité de redécouvrir la dimension essentielle du toucher dans tous ses aspects.

Techniques à tendance médicale comme le drainage lymphatique, les techniques de manipulation - ostéopathie, étiopathie, etc, - ou les méthodes réflexes - shiatsu,

réfléxothérapie, massage du tissu conjonctif... -, techniques de bien-être comme le massage californien ou sensitif, techniques à but psychothérapeutique comme l'intégration posturale ou le massage bioénergétique.

Elles se distinguent les unes des autres par leur objectif et par leur profondeur d'action, la couche du corps sur laquelle elles agissent de façon privilégiée. En dehors de leur action spécifique, en tant que contact physique, les techniques de massage auront pour effet général de réduire les symptômes de stress : amélioration de la digestion, diminution de la tension sanguine, régularisation des éliminations intestinales et rénales, libération respiratoire, meilleure circulation sanguine, soulagement des douleurs psychosomatiques... "Le monde des massages est riche et multiple dans ces objectifs. La profusion des techniques est à la mesure de nos besoins. Cependant il ne faut pas oublier que massage implique relation et qu'au-delà de la technique, c'est la qualité de cette relation et le degré de perception du masseur qui feront la différence.

Le moi-peau

Dans nos sociétés, le toucher est réservé trop souvent à des circonstances privilégiées : la

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mère qui touche son enfant, les relations sexuelles, la poignée de main sociale, qui définissent le cadre dans lequel il peut s'exercer et son degré d'implication.

Or l'éducation privilégie depuis des générations les fonctions intellectuelles au détriment du développement sensoriel et nous sommes presque tous frustrés de contacts corporels en quantité et en qualité. Du "Ne touche pas" de l'enfance aux difficultés relationnelles de l'âge adulte, que de gestes et d'élans avortés, que de corps qui crient leur besoin de contact. Etre touché, reconnu, accepté, aimé : ces manques hérités de l'enfance faussent nos relations et le sens de notre vie tant que nous n'acceptions pas de les reconnaître et d'y remédier. Chez le nouveau-né, la peau est la seule - et la première - occasion de communication.

Avant la naissance, nous sommes entièrement plongés dans un univers de perceptions tactiles et de sensations corporelles qui représentent la majeure partie de la réalité intra-utérines : enveloppés, bercés, soutenus par le liquide amniotique, en contact direct avec les rythmes cardiaque et respiratoire de la mère. Après la naissance, c'est à partir de la réassurance et de la sécurité que lui apporte le contact maternel que l'enfant va petit à petit prendre ses

distances et son autonomie, découvrir le monde extérieur après l'univers clos prénatal. C'est dire l'importance de ces premiers contacts qui permettent la transition à partir de la vie intra- utérine et sur lesquels l'enfant va forger son identité. De plus, ces premiers échanges

corporels sont intimement liés à la satisfaction orale, car le plus souvent concomitants à la tétée. Le toucher est essentiel au développement de l'enfant : il est preuve d'amour, de reconnaissance, de sollicitude et d'attention, sentiments nécessaires pour développer le sens de notre propre importance et notre sécurité de base.

Se fondant sur le principe que toute fonction psychique se développe en prenant appui sur une fonction corporelle dont elle transpose le fonctionnement, Didier Anzieu, dans son ouvrage le Moi Peau, a structuré un parallèle entre les fonctions physiologiques de la peau et la constitution du moi. Il émet l'hypothèse d' une peau à double face : une face interne qui contient, limite; une face externe qui perçoit, protège.

Aussi, tout contact avec la peau sera-t-il vécu en fonction de cette polarité : un toucher peut être sécurisant ou oppressant, stimulant ou menaçant suivant la manière dont j'habite mon corps. Non seulement le toucher met en scène le présent de la relation mais réveille

également sur quels présupposés, sur quelles croyances je la construis. Didier Anzieu lie le sentiment d'une intégrité personnelle, la fonction de défense du Moi aux contacts corporels reçus dans l'enfance. C'est toute la trame du jeu relationnel, la dialectique de la distance et de la proximité, de l'intimité et du recul qui se met en place ainsi au fil des expériences. C'est pourquoi tout rapport par le toucher est significatif de notre territoire, de la plus ou moins juste distance que nous établissons dans notre relation aux autres.

Un toucher de l'intérieur

Au-delà de ses fonctions physiologiques et de son impact relationnel, le toucher est partage à un niveau plus fondamental encore. Comme le rappelle Annick de Souzenelle, le terme

"peau" signifie en hébreu "pas encore lumière". La peau est la limite du corps physique et, par là même, le début de couches plus subtiles, non matérielles mais perceptibles.

Toute recherche sur le toucher débouche immanquablement sur cette hypothèse de l'existence de corps subtils que l'on retrouve dans toutes les traditions spirituelles et qui traduiraient à la fois le rapport qui s'établit entre le physique et le psychique chez un être humain en même temps que sa relation avec son environnement. Les guérisseurs parlent d'une énergie vitale qui circule, dans, et autour, du corps et, de tous temps, l'imposition des mains a été

considérée comme une méthode particulièrement efficace pour soulager ou guérir sans qu'on puisse la réduire à un simple phénomène de suggestion psychologique.

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Le toucher est alors don énergétique et partage d'une réalité intérieure. Il y gagne une dimension transpersonnelle que l'on retrouve dans le contact amoureux lorsque celui-ci va au-delà des besoins physiques et affectifs. Il s'adresse au travers du corps à l'tre et non plus à la personne, à la dynamique vitale selon l'expression de Danis Bois. Le toucher ouvre alors entre deux êtres un espace de ressenti partagé car il permet de pénétrer la réalité de l'autre au- delà de la séparation physique des corps et des jeux relationnels. Il affirme l'identité de la chair et du sang qui me permet de sentir le corps de l'autre comme je sens le mien en transcendant les limites de l'Ego identifié au corps. Il devient réellement acte d'amour.

Dans la mesure où la dynamique vitale, ce mouvement de l'Etre cherchant à réaliser son destin, se traduit dans le corps et peut être touché, le contact va révéler comment ce mouvement est accepté et intégré par la personnalité. Le corps - physique et subtil - est considéré alors comme le théâtre de cette lutte ou de cet accord avec soi-même. Reflet de notre histoire relationnelle, le toucher devient messager de nos besoins profonds, fil conducteur de notre évolution.

Un toucher thérapeutique participe des trois dimensions évoquées : physique, relationnelle et spirituelle. Au-delà de la technique qui se détermine par une action physique spécifique, la relation praticien/patient est fondamentale car elle conditionne la manière dont ce dernier reçoit et dont le praticien donne. Toute intervention corporelle, toute pénétration dans le territoire de l'autre est psychosomatique : elle réveille les schémas relationnels par une double action :

- parce qu'elle est elle-même relation dans le moment présent, mettant en jeu un geste, un mouvement vers l'autre, un contact physique, ou à distance, particulièrement impliquant et lourd de sens, nous l'avons vu :

- parce que les attitudes son inscrites dans les différentes couches du corps sous forme de sensations mémorisées, de tensions musculaires, de blocages respiratoires que le toucher va restimuler. Seule, l'intégration de cette double dimension relationnelle permettra à une intervention d'avoir des résultats durables au fur et à mesure que les tensions physiques révéleront leur contenu psychique et que la relation praticien/patient sera clarifiée.

En développant sa capacité de pénétrer par le toucher le ressenti de l'autre, le praticien peut percevoir la manière dont le corps est habité, la coloration émotionnelle d'une tension, sa signification dans le vécu de son patient. Par ce "toucher intérieur", il va favoriser la prise de conscience de ce contenu psychique, l'acceptation du message délivré par la tension.

L'expression verbale que le patient fera de son vécu relayera ce toucher silencieux et permettra de l'intégrer. Si le praticien livre verbalement sa propre perception, il reste

conscient de sa propre subjectivité. La qualité de son intervention est fonction de son niveau de perception, de sa participation sensorielle au vécu de l'autre, pas de l'interprétation qu'il en donne.

Ce toucher est moins intervention qu'écoute, la main se laisse guider dans un non-faire actif qui, en révélant la manière dont le corps est habité, va ramener le patient à la nécessité de prendre en compte ce que le corps a à lui dire. En mettant en évidence l'écart qu'il y a entre ce qui est vécu et ce qui est à vivre, ce toucher prend sa dimension spirituelle car il présuppose que chaque personne a "quelque chose" à réaliser, une voie à suivre et que ce chemin est pré- inscrit dans le corps. "Le corps est le temple de l'homme", disent les traditions. Ce niveau d'implication sous-entend que le praticien est lui-même en contact avec sa dynamique intérieure que son cheminement personnel l'a amené à intégrer. Son propre vécu corporel face à son patient lui sert de référence pour évaluer comment il reste en accord avec lui- même dans la relation à l'autre.

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Savoir-faire se confond alors avec savoir-être selon l'expression de Jean Ambrosi et dans ces moments privilégiés, le toucher exprime la rencontre de l'Etre chez l'autre et de l'Etre en soi et, dans la joie de cette reconnaissance et de ces retrouvailles, il est communion.

Jean-Louis ABRASSART

Paru dans le journal Nouvelles Clès

1. Voir Didier Anzieu, Le Moi-Peau, éd. Dunod 2. Ashley Montagu, La Peau et le toucher, éd. Seuil

3. Voir Jean-Louis Abrassart, Le Massage Californien, art de la détente et du toucher, éd.

Trédaniel

4. Jean-Louis Abrassart, Massages anti-stress, éd. Trédaniel

5. Annick de Souzenelle, De l'arbre de vie au schéma corporel, éd. Danglès 6. Danis Bois, Le Corps entre les mains,éd. Trédaniel

7. Jean Ambrosi, La relation de sympathie, éd. L'Originel.

LE TOUCHER, VEHICULE DES VOYAGES EN PAYS SUBTILS

J'ai quitté les hôpitaux psychiatriques il y a deux ans, après y avoir travaillé comme médecin pendant vingt-deux ans.

L'écart se creusait trop pour moi entre ce que la réalité m'obligeait à regarder comme réel et ce que je faisais, et ce qu'on faisait autour de moi, de la maladie mentale.

Il me fallait quitter les autoroutes formolées de la psychiatrie pour prendre, chargé de toutes mes expériences et des leçons reçues des patients, des chemins de traverse mal taillés.

Je ne peux en quelques mots détailler ces bouleversements, tout au plus les résumer en disant

"allons du corps apparent au corps réel, de la personne apparente à la personne réelle." Ce qui va bien au-delà de la scie des écoles psychiatrico-psychanalytiques" sous le manifeste, le latent" ou de leur frileuse antienne "une émotion peut cacher un transfert, un mot peu cacher un contre-transfert, alors bouche cousue et neutralité".

Faut-il des faits? Certains, parfois étonnants, voire spectaculaires, sont en rapport avec le toucher. Je touche dans le dos, pas n'importe où, un patient mutique : il se met à reparler. J'en touche un autre, en certains points du coude, de la paume, je promène ma main autour de sa poitrine, et voilà une grande crise d'agitation qui retombe comme un soufflé au fromage.

D'autres fois, il s'agit de mots. Que je m'entends prononcer de façon presque automatique. Ou d'une histoire que je raconte, venue d'on ne sait où. Et une situation figée depuis des années se débloque.

Dans quelle réalité, c'est-à-dire dans quel temps, quel espace peuvent bien se déployer ces processus ? Réels puisque tangibles. Réels puisque porteurs d'effets visibles. Mais d'une réalité dont rien pourtant n'avait transpiré toutes ces années dans les cercles bien informés de la psychiatrie.

S'il n'y avait eu que cela!

Mais ce toucher ouvrait aussi la porte aux voyages, aux visions. Dès que j'ai commencé à utiliser les passes magnétiques, j'ai vu les patients entrer dans des états modifiés de

conscience, partir dans des voyages vers des régions d'eux-mêmes auxquelles ils n'avaient pas habituellement accès. Vers un savoir sur eux-mêmes qu'ils ne se savaient pas posséder.

Partis avec des questions, les voilà, après un travail éventuel sur leurs trouvailles, avec autant

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d'éclaircissements et de réponses.

Comment ne pas être troublé, porté que je ne me croyais à aborder les choses par le verbal et l'intellectuel - mais je m'interroge maintenant sur ce que j'ai réellement fait toutes ces années quand je croyais faire ceci ou cela - par la relation entre toucher et voyage?

Elle s'impose à l'évidence. Ces voyages sont enclenchés par le contact entre ma main et un point précis du corps ou de l'environnement immédiat de la personne, entre mon corps et son corps, apparent ou non apparent.

Emmené par mes mains, je pars souvent moi-même en voyage intérieur. Je vois des images, des personnages, une motricité nouvelle apparaît. Je constate ensuite de surprenantes

convergences entre mon voyage et celui des patients, entre les images que j'en rapporte et leur histoire, leur problématique.

Bien plus, au cours de ces états particuliers, des interactions se produisent entre eux et moi.

Par exemple, à une image apparue en moi, répondent des bruits intestinaux distincts chez mon compagnon de voyage silencieux.

Comment comprendre ces voyages?

Dans quel temps se déroulent-ils? Généralement celui de la vie du patient, mais à l'occasion, celui de quelques autre vie... antérieure peut-être.

Dans quel espace? Celui des images, celui des symboles? On peut l'assimiler au rêve, à l'inconscient, l'attribuer à la personne ou au collectif. On peut le tenir pour réel et y opérer alors avec les outils, étonnants et parfois si efficaces, du chaman. Sont-ils hypnose,

suggestion, paramnésies? Mais souvent j'établis le contact par les mains avant tout échange verbal approfondi. Souvent ces voyages se produisent dès la première rencontre. Sont-ils dérivés imaginaires? Que faire alors des changements qu'ils induisent dans le réel du patient, par exemple dans son corps?

Je touche, mais quoi?

Quelque chose en l'autre par quelque chose en moi. Quelque chose en l'autre qui est un message à lui-même nécessitant de passer par mon canal.

Mais comment? Y a-t-il donc un espace personnel non perçu habituellement, où se déroulent des processus considérés généralement comme d'une autre nature que la réalité observable, mais auxquels on a accès en état modifié de conscience?

L'hypothèse des corps dits subtils rend-elle compte de ces faits?

Y a-t-il, au-delà de l'ego identifié par un nom, un prénom, une date de naissance, et dépassant l'inconscient freudien individuel, une instance de l'être qui puisse être contactée par le

toucher?

Cette instance, on pourrait la qualifier de "transpersonnelle", siège de la véritable intelligence, du véritable savoir.

Le toucher très physique du massage comme le toucher infiniment subtil de la guérison spirituelle prendraient leur véritable dimension thérapeutique de se situer à l'interface entre l'instance "personnelle" et cette instance transpersonnelle.

Au fur et à mesure que j'avance, cette hypothèse me semble chaque jour plus opératoire.

Peut-être n'est-elle juste que pour certains d'entre nous, dans la mesure où nous ne pouvons travailler qu'au niveau correspondant à notre propre réalité subtile, même si c'est à notre insu.

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Lucien TENENBAUM

Paru dans le journal Nouvelles Clés

A l'ECOLE DU TOUCHER Une interview de Jean-Louis Abrassart

pour le journal Psychologies

Après s'être intéressé au yoga, puis à la psychothérapie, Jean-Louis Abrassart s'est passionné pour les techniques du toucher. Il a fondé, il y a treize ans, une école consacré au toucher, au sein de laquelle il pratique et enseigne différentes formes de massage. Nous avons voulu le rencontrer.

Psychologies : Le massage peut-il être considéré comme une véritable thérapeutique, ou est- ce simplement une technique de bien-être et d'équilibre?

Jean-Louis Abrassart : Les deux sont liées. On peut considérer la santé comme quelque chose de purement physique. Mais, dans la pratique, on s'aperçoit vite qu'on n'obtient guère de résultats si l'on s'en tient là. La santé est le résultat d'un équilibre intérieur, d'un accord avec soi-même. Toutes les nouvelles techniques de massage visent à travailler au travers du corps pour trouver cet équilibre intérieur.

Comment le simple fait de se faire toucher le corps peut-il déboucher dur de tels résultats?

C'est tout l'art du massage que vous me demandez d'expliquer là ! D'abord, nous sommes tous sous-développés en matière de contact corporel. L'éducation en est en partie

responsable. Les gens qui viennent se faire masser sont tous en manque de contact.

Le tabou du toucher n'est-il pas lié à la sexualité ?

C'est vrai. Mais, d'une manière plus globale, il est lié à l'intimité. C'est une façon de garder une distance, pour contrôler ses relations avec les autres. Il est lié aussi au système

récompense-punition sur lequel l'éducation fonctionne souvent. Selon qu'un enfant agit

"bien" ou "mal", on le touche avec douceur ou avec violence. Cela donne une connotation très morale au toucher. On retrouve cela ensuite dans les relations sexuelles ou affectives.

Dès qu'on n'est plus d'accord avec quelqu'un, on ne le touche plus. C'est un peu comme si on arrêtait de donner à manger à quelqu'un sous prétexte qu'il agit mal ! On crée un manque. Et le corps connaît bien ce manque, pour l'avoir vécu dès la naissance. Avant de venir au monde, le bébé est très entouré, il est touché en permanence. Brusquement, il se retrouve seul dans un monde froid. Cette mémoire est inscrite dans le corps. Grâce au toucher, le patient arrive à retrouver une sécurité de base. On lui rend une certaine confiance en lui. C'est la continuité de la naissance, l'expression de la relation avec la mère. C'est le domaine privilégié des techniques qui travaillent globalement et dans la douceur : massage sensitif, massage californien... On y rejoue la relation avec la mère. Mais il y a un autre aspect, plus violent, qui touche à la confrontation. C'est le domaine des techniques plus dures qui agissent en profondeur et s'intéressent surtout aux points de tension du corps : bio-énergie, rolfing, intégration posturale... Dans tout massage, il arrive un moment où l'on doit travailler sur ces zones. On ne peut pas se contenter de donner à la personne des sensations positives, il faut aussi aller réveiller les tensions et les problèmes. C'est la phase de réintégration de la confrontation. et, très souvent, on résout par là la relation avec le père.

Le père, la mère, on en revient toujours là, finalement !

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Au niveau symbolique, c'est important. Tout ce qui enveloppe, ce qui entoure est féminin et maternel. Tout ce qui rentre en profondeur, ce qui pénètre est masculin et paternel.

Indépendamment des bienfaits de telle ou telle technique, un bon masseur doit savoir aider la personne qu'il masse à résoudre sa relation avec sa mère et sa relation avec son père, au travers du corps.

Il faut quand même qu'il ait une demande de la part du patient. Lorsqu'on essaie de toucher quelqu'un qui n'en a pas envie, il se rétracte !

Il peut y avoir en même temps une forte demande et une résistance. Quand la personne se rétracte, cela ne veut pas dire qu'elle n'a pas besoin d'être touchée. Elle a peut-être de mauvais souvenirs, elle n'a peut-être pas reçu le toucher dont elle avait besoin. Tout dépend alors de l'habileté et de la disponibilité de celui qui masse. On peut toujours trouver le moyen de toucher quelqu'un d'une façon qui lui convient.

Une telle relation ne passe-t-elle pas aussi par la parole ?

La dimension principale du massage est non verbale. Mais, pour que la personne puisse l'intégrer dans sa vie et opérer des prises de conscience, la parole est nécessaire. Dans un premier temps, la personne reçoit ce dont elle a besoin, et c'est très bien. Mais elle n'en tirera de réelles améliorations que si elle se rend compte de ce dont elle a besoin. C'est seulement ainsi qu'elle pourra se mettre en situation de recevoir cela dans sa vie quotidienne. Si ce n'est pas le cas, il risque de se créer une relation de dépendance entre celui qui donne le massage et celui qui le reçoit. C'est pourquoi la verbalisation est une phase importante du massage. En général, quand on a installé une relation de confiance et de sécurité au travers des premières séances, on commence à s'appesantir sur les endroits de tension : posture, colonne vertébrale, muscles noués... Très souvent, on réveille alors le souvenir de situations difficiles, sous forme d'images ou d'émotions. Il faut aider la personne à s'exprimer, et la soutenir.

Cela suppose donc que ceux qui pratiquent le massage soient formés à l'écoute ?

Oui, si l'on veut faire un travail profond qui dépasse le cadre du bien-être immédiat. Mais ce n'est pas tout. Un bon masseur doit absolument avoir effectué un travail thérapeutique sur lui- même. Cette activité risque de réveiller, chez celui qui la pratique, les mêmes problèmes que chez ses patients. Il faut qu'il ait traversé ces difficultés, et qu'il connaisse ses limites. On ne se forme pas au massage sans changer soi-même en profondeur.

Quelle est la demande la plus répandue parmi les gens qui viennent se faire masser ? Il y a des demandes très physiques : insomnies, douleurs, problèmes digestifs... Les gens savent généralement que ces problèmes ont une origine psychosomatique. Ils savent

confusément que quelque chose ne va pas dans leur vie. Nous recevons également des gens qui se trouvent dans la situation inverse : ils traversent une situation difficile, un deuil, une séparation, des problèmes professionnels, relationnels, affectifs ou sexuels... Ils ont envie de s'occuper de ce problème par l'intermédiaire de leur corps. Ce sont souvent des gens qui sont peu en contact avec leur corps. Parfois, ils ont peur de s'engager dans une psychothérapie. La psychothérapie est fréquemment vécue comme un aveu d'échec. Dans le massage, les gens ont l'excuse de venir chercher une détente immédiate.

Combien de temps dure un traitement ?

Pour faire un bon travail, il faut de 8 à 12 séances. Parfois, c'est plus rapide. Une personne qui se fait masser une fois de temps en temps ne peut pas obtenir de véritables changements en profondeur. C'est alors une optique de détente et de relaxation. Les séances durent en

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général une heure et demie.

A votre avis, peut-on parler d'une dimension énergétique du massage ?

Bien sûr ! Ce que l'on fait passer à l'autre dépend de l'état énergétique dans lequel on se trouve. Au-delà de la technique physique et de la relation psychologique, quand on masse, on laisse passer une énergie. Quand on arrive à dépasser l'approche physique, puis l'approche psychologique, on entre dans un domaine plus subtil. C'est une ouverture. A ce moment-là, on peut aider la personne non seulement à trouver un équilibre dans sa vie, mais aussi à trouver un sens à sa vie. Avec une approche physique et psychologique, on équilibre les gens dans leur vie, dans leurs relations avec les autres. Avec un travail plus profond, plus

énergétique, on les aide à trouver la vie qui leur correspond. Et c'est uniquement dans ce cadre que chacun d'entre nous peut trouver le chemin de ce que l'on appelle la santé.

Propos recueillis par Marie Borrel.

Paru dans le journal Psychologies.

MON CORPS REFLETE CE QUE JE SUIS

Longtemps le corps a été exclu de la démarche psychologique ou de la recherche spirituelle, tout au moins dans nos pays occidentaux. Il y prend maintenant une place prépondérante comme "outil" d'évolution personnelle. Les nouvelles approches thérapeutiques se nomment elles-mêmes "psycho-corporelles" dans la mesure où elles prennent comme points d'appui la réalité du moment présent et le vécu corporel.

Notre corps est notre réalité première, le lieu de notre expérience du monde. Nous vivons d'abord DANS et PAR le corps : par lui, nous percevons; par lui, nous agissons. Pris entre, d'un côté, des impulsions vitales à satisfaire nos besoins, et de l'autre, les exigences de la vie sociale et les contraintes intériorisées de l'éducation, notre corps devient un lieu de

compromis et notre structure corporelle traduit les tiraillements de notre histoire personnelle.

"Le corps s'exprime clairement laissant paraître le caractère et la façon d'être d'une personne dans le monde. Il révèle les traumatismes passés et la personnalité actuelle, les sentiments vécus et les sentiments refoulés... Le corps révèle la personne, il est la personne."

Nous pouvons apprendre à déchiffrer les messages que nous délivre le corps. Une

observation attentive, une ouverture intérieure à ce que l'autre peut ressentir et l'acceptation sans jugement de la réalité perçue permettent de saisir les attitudes de vie que révèle la structure corporelle. Celles-ci transparaissent extérieurement dans les dissymétries, dans la forme et les proportions relatives des différentes parties du corps, dans la mobilité et la souplesse des articulations ainsi que dans l'aisance respiratoire intimement liée à la capacité d'expression des sentiments.

Plus intérieurement, l'observation de la structure corporelle sert de support au développement de l'intuition, à une lecture "projective" associant les blocages corporels à des situations mal intégrées du passé. Il est étonnant, par exemple, de constater que toutes les parties du corps ne semblent pas avoir le même âge : une personne de quarante ans pourra montrer une cage thoracique semblable à celle d'un adolescent, fournissant ainsi un point de départ pour la résolution de conflits en relation avec cette période de vie. Cette lecture psychologique du corps s'intègre dans une démarche globale qui met l'accent sur l'expression du vécu corporel:

Il ne s'agit pas de "plaquer" soi-même ou sur l'autre des interprétations toutes faites et d'en déduire des directives de vie, comme dans d'autres grilles morphologiques, mais d'engager un dialogue thérapeutique favorisant la prise de conscience et la résolution des comportements

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problématiques.

Notre corps est le témoin de notre relation aux autres, de la liberté d'Etre que nous nous permettons. JE VIS MA VIE COMME JE VIS MON CORPS. Mais souvent, nous ne

sommes plus conscients des compensations physiques - pendant de nos compromis intérieurs - et des tensions chroniques qui modèlent notre posture et limitent notre amplitude

respiratoire. Notre corps peut devenir un carcan, restreignant nos possibilités d'expression et même nos possibilités de ressentir, isolant certaines émotions, nous amenant à répéter les mêmes schémas relationnels. La lecture du corps nous fournit un point de départ pour une prise de conscience et sa transformation nous permet d'évaluer le chemin parcouru.

Au niveau le plus profond, toute évolution implique le corps. Un comportement nouveau sous-entend des perceptions, une sensibilité, une attitude corporelle et une liberté respiratoire nouvelles. Les changements psychologiques et physiologiques vont de pair. Comme tout notre héritage émotionnel est inscrit dans notre corps, il nous faudra, pour nous en détacher et retrouver notre liberté d'Etre, libérer notre corps. Mais s'il est vrai que le corps s'exprime c'est l'écoute de l'être dans sa totalité qui nous permettra de l'entendre.

Jean-Louis Abrassart

Présentation du livre « Ce que le corps révèle » de Ron Kurtz et Hector Prestera.

Editions du Hameau.

2) Techniques de Détente

MASSAGES : COMMENT S'Y RETROUVER?

Un article pour le journal « Soigner Autrement »

Le geste de toucher pour atténuer une douleur, apporter un soutien dans une situation difficile est vieux comme le monde. C'est, sans doute, la plus ancienne thérapeutique "découverte" par l'homme, la plus naturelle. Ne portons-nous pas la main spontanément là où nous nous sommes cognés pour presser ou frictionner l'endroit douloureux? Les Egyptiens de l'époque des pharaons pratiquaient déjà les massages il y a plusieurs millénaires pendant que les Chinois pressaient les points d'acupuncture pour soigner les organes.

Depuis une quinzaine d'années, nous redécouvrons l'importance et les bienfaits du toucher tant médicaux que psychologiques. Les techniques proposées, en dehors du massage classique de kinésithérapie, sont multiples : franchement médicales comme le draînage lymphatique ou le shiatsu, axées sur le bien-être tel le massage californien ou même à but psychothérapeutique avec l'intégration posturale. Toutes consacrent un renouveau du toucher et un changement de mentalité, le désir de ne plus s'enfermer exclusivement dans la

consommation médicamenteuse.

Passons en revue quelques unes de ces méthodes et les résultats qu'elles promettent.

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A LA DECOUVERTE DU MASSAGE

Après une journée de travail, pour retrouver le bien-être dans son corps, rien de tel qu'un bon massage. Le massage professionnel à but médical est irremplaçable, mais il a ses indications précises. En revanche, se masser entre amis ou en famille est un moyen extraordinaire de retrouver son corps et de redécouvrir un contact authentique. Le massage doit redevenir un geste naturel de notre vie quotidienne.

Selon les cas, le massage détend ou dynamise. Par son action sur la peau, les muscles, les articulations et sur certains organes, il assure une augmentation de la circulation, une meilleure élimination des déchets et il rétablit l'équilibre énergétique du corps.

Nous avons tous besoin d'être touchés

A l'enfant, il est normal d'exprimer son amour par des contacts physiques. D'ailleurs l'enfant dans les bras de sa mère n'est-il pas le symbole de l'amour et de la sécurité? Dans le massage, on peut et même on doit retrouver cet état de confiance. Il fonctionne psychologiquement comme un rappel d'une époque bénie de l'abandon et de la sécurité. C'est pourquoi le toucher est aussi indispensable que la nourriture.

Quand touche-t-on quelqu'un? Dans certains sports: quand on a mal, et bien sûr au cours des relations amoureuses. La banale poignée de mains qui est une façon socialement admise de prendre contact physiquement avec son voisin est complètement démunie d'un réel contact physique.

Regardez comment les gens se tendent la main: le corps est dans un garde-à-vous aussi raide que possible comme si la consigne était surtout de ne rien ressentir. Les poignées de mains dans les peuples des sociétés traditionnelles sont longues, chaleureuses, enjouées et

communiquent beaucoup de choses sur l'état d'esprit de ceux qui la donnent.

Le pouvoir guérisseur des mains

Le pouvoir guérisseur des mains est connu depuis toujours. Le geste d'unir les deux mains est une façon universelle de prier. Instinctivement, nous nous frottons les mains l'une contre l'autre quand nous voulons nous atteler à une tâche; et quand nous sommes inquiets ou impatients, nos mains à notre insu se joignent, se frottent dans une sorte de massage instinctif dont le but est de rétablir le calme dans l'esprit et la détente dans le corps.

C'est pourquoi avant de masser, il est préférable de toujours faire un rapide massage de ses propres mains pour délier les articulations, nettoyer les noeuds énergétiques et recharger les mains de cette chose mystérieuse qu'on appelle l'énergie vitale ou encore le magnétisme.

Au Japon, on pratique en famille des séances de massage dérivé de l'acupuncture, le "shiatsu"

qui consiste à presser certains points-clés du corps. Un petit quart d'heure de shiatsu évacue complètement la fatigue pour le masseur comme pour le massé et provoque une détente et un apaisement profonds. Certains massages comme le massage californien, sont de véritables dialogues, ce qu'on appelle aujourd'hui la communication non verbale.

Tout le monde a la capacité de pratiquer le massage et il existe maintenant de nombreux stages qui initient à presque toutes les techniques. Choisissez-en une pour avoir de bonnes bases et peu à peu, avec la pratique, vous trouverez votre style propre et sentirez ce qui convient le mieux à votre partenaire. Bien sûr on peut apprendre seul, il existe maintenant suffisamment de livres à cet effet. Mais rien ne remplace un stage d'initiation ou de

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perfectionnement. La forte motivation des participants, la présence de l'animateur qui permet l'acquisition d'une technique juste rapidement, une prise de contact avec l'anatomie du corps et la localisation des points de douleurs les plus fréquents, rendent les stages très efficaces.

Apprendre le massage

Je suis partie suivre un stage de massage de trois jours dans le sud de la France avec une vingtaine de participants de tous âges et de toutes professions. Dans une grande salle aux murs blancs donnant sur un très beau parc, des matelas par terre et une bonne chaleur de 25/28°. Pour chaque partie du corps traité, l'animateur, Jean-Louis Abrassart travaille sur un volontaire pendant que le groupe regarde et écoute les explications. Puis nous répétons le massage et ensuite nous le recevons. Calme, détente et concentration. Durant ces trois jours nous parlerons très peu entre nous, nous ferons connaissance en nous touchant et si des confidences jaillissent au cours des longs moments passés à masser, c'est un peu comme un secret provisoire qui ne durera que le temps du massage, car nous changeons de partenaire pour chaque partie du corps. Au début du stage, j'étais un peu sur mes gardes; cette intimité avec le corps d'inconnus, c'était un peu étrange; et puis le calme, la détente et la

concentration chassent toute inquiétude.

Démonstration du massage du dos: effleurages, plis roulés, glissers, pétrissages, pressions, vibrations, percussions, les mains de l'animateur effectuent toutes sortes de manoeuvres.

"C'est dans le dos que s'accumulent les tensions physiques et psychologiques. C'est là que le massage peut le plus détendre et soulager. La colonne vertébrale est le clavier le plus efficace pour rétablir le bon fonctionnement des organes, une bonne posture et une meilleure vitalité".

C'est à notre tour de masser. Je vais masser Monique. Repérer les tensions qui s'accrochent comme des noeuds le long des vertèbres et doucement, peu à peu, se laisser aller à la sensation de ce qui se passe sous mes mains. Un endroit particulièrement douloureux où j'insiste : Monique se détend dans un grand soupir et j'accompagne ma pression d'une longue expiration.

Le massage devient un échange d'énergie, la main devient intelligente. "Quand vous massez, dit l'animateur, il est essentiel d'établir d'abord le contact, de retrouver une véritable

communication par le toucher". Au silence qui règne dans la pièce, on mesure combien chacun est attentif. Jean-Louis s'approche: "Redresse-toi; tu es trop contractée. Le mouvement doit être fluide et tout le corps doit participer sans effort."

Nous massons longtemps et perdons un peu la conscience du temps. Parfois, le chant des oiseaux et une rafale de vent dans les platanes tout proches nous ramènent au monde extérieur. Pour finir, mes mains reposent un long moment sur la nuque de Monique. Je perçois une détente. Elle aussi. A mon tour d'être massée.

Au bout de trois jours, nous ressentons un immense bien-être et une grande recharge

énergétique, mais surtout nous avons expérimenté un autre mode de communication, à la fois très primitif et très moderne, le langage du corps, et sans presque nous parler nous avons fait connaissance. Cela c'est une redécouverte essentielle qui s'ajoute à tous les autres bienfaits de cet art vieux comme le monde: le massage.

Marie-Joséphine GROSJEAN Paru dans le journal Femme Pratique

COCONING, LE MASSAGE CALIFORNIEN

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Le geste de toucher pour soulager est aussi vieux que l'humanité. Et, dans les moments difficiles, notre main se porte spontanément vers l'autre, pour le réconforter, le soutenir, l'encourager. Si le massage médical est réservé aux kinésithérapeutes, pourquoi ne pas se masser en famille, entre amis, pour se détendre et se faire du bien?

Rien de plus simple que de pratiquer le massage californien. Quelques principes de base, quelques mouvements faciles à apprendre, un zeste de doigté, de l'attention et du respect et vous allez redécouvrir les bienfaits du toucher, le plaisir de vous abandonner en toute confiance et en toute sécurité.

Et la tendresse, bordel!

Lorsque je parle de massage, cela éveille souvent chez mon interlocuteur un petit sourire plein de sous-entendus. C'est vrai que le geste de toucher s'associe presque automatiquement dans les esprits au contact amoureux. Nous oublions que le toucher est d'abord une

expression d'affection, de tendresse, de chaleur humaine dont nous avons tous bien besoin au fond de nous. Nous trouvons normal qu'une mère, ou qu'un père de plus en plus, cajole son enfant et lui exprime son amour dans un contact physique. Et puis, terminé, tabou le toucher, cantonné à la sexualité et aux poignées de main raides ou vides de sens. Se faire masser quand on a mal, d'accord, mais simplement pour se faire du bien, c'est louche! Dommage, car un bon de massage de détente vaut bien la meilleure soirée télé, la discussion la plus

passionnante. Anti-stress par excellence, le massage californien nous aide à récupérer, à retrouver notre dynamisme et il enrichit notre relation avec nos proches. Alors, si le coeur vous en dit, une petite initiation...

L'importance du premier contact

D'abord, bien s'installer dans un endroit bien chauffé où vous serez sûr de n'être pas dérangé.

Une musique que vous appréciez. Pas besoin d'une table pour masser à la maison, un matelas mince ou plusieurs épaisseurs de couvertures repliées recouvertes d'un drap ou d'une serviette de bain feront l'affaire. Votre partenaire s'allonge sur le ventre. Nous commencerons par le dos où s'accumulent généralement les tensions. Frottez vos mains vigoureusement pour les réchauffer, puis étalez sur celles-ci de l'huile de massage(*) qui va donner à vos mouvements la fluidité nécessaire. Approchez lentement du corps de votre partenaire. Ne vous précipitez pas. A quelques centimètres de la peau, vous pouvez déjà sentir le rayonnement de chaleur de son corps. Posez doucement vos mains, détendez-les, laissez-les épouser la forme de la partie du dos que vous touchez et restez ainsi quelques instants, le temps d'établir le contact, que votre partenaire se familiarise avec vos mains. Ce premier contact respectueux et délicat, sans pression, installe votre partenaire dans la confiance et conditionne toute l'ambiance du massage.

(*) Il existe dans le commerce de nombreuses huiles de massage comme l'huile Wéléda à la lavande et au romarin mais vous pouvez aussi la faire vous-même en mélangeant une huile végétale de qualité, de l'huile d'amande douce par exemple, avec quelques gouttes d'huiles essentielles choisies pour leurs propriétés et leur parfum. Vous trouverez dans "Mille et une vertus des huiles essentielles" de J.L. Abrassart, Ed. Trédaniel, différentes compositions pour réaliser vous-même des huiles pour le corps.

De grands mouvements enveloppants

Commencez alors à masser avec de grands mouvements fluides, vos mains continuant à épouser le contour du corps avec une pression légère. Soyez dans vos mains, attentif à ce que vous faites. Laissez-les se déplacer sur toute la surface du dos, bien en contact avec la peau.

Vous éviterez tout geste brusque ou saccadé pour prendre un rythme lent et tranquille. Ne

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vous préoccupez pas, dans un premier temps de technique. Glissez ainsi sur tout le dos et les flancs avec des gestes harmonieux et de préférence circulaires, propices à créer la détente. Si vous ne pressez pas, vous ne pouvez pas faire mal à votre partenaire. Votre massage ne doit pas être une effort: toucher est un geste naturel et après un moment l'appréhension d'être maladroit que vous pouvez ressentir au début disparaît. Vous pouvez avoir alors autant de plaisir à donner le massage que votre partenaire à le recevoir. Le massage californien procède ainsi par de grands mouvements glissés qui s'enchaînent sur tout le corps sans que le masseur interrompe le contact des mains. Il passe d'une partie du corps à l'autre sans heurts, se

déplaçant tout autour de son partenaire. Le toucher doit être plus que caressant, assez ferme, plus pour les hommes mais il ne doit jamais réveiller de douleur.

Le dos et les jambes

Descendez le long du dos, une main de chaque côté de la colonne vertébrale. Arrivés en bas des reins, écartez vos mains vers les flancs et remontez vers les aisselles avant de revenir sur les épaules. Répétez plusieurs fois chaque mouvement et accompagnez-les avec votre corps.

Vous pouvez aussi glisser les deux mains à plat superposées sur la colonne vertébrale sans appuyer.

Déplacez vos deux mains en travers du dos dans un mouvement de va-et-vient. Couvrez ainsi toute la surface du dos de la base du cou au haut des fesses en prenant soin de bien prolonger votre mouvement sur les flancs.

Pour l'arrière des jambes, vous vous placez aux pieds de votre partenaire, vous remontez avec les deux mains les jambes, puis vous les écartez et vous redescendez par les cotés.

Le buste et le ventre

Partez du haut de la poitrine, glissez en descendant vers le ventre avant de séparer vos mains pour remonter par les flancs en étirant doucement votre partenaire. Ne pressez pas sur la poitrine dont les tissus sont fragiles. Harmonisez-vous avec la respiration de votre partenaire:

vous descendez en pressant lorsqu'il expire et vous revenez par les flancs lorsqu'il inspire.

Le plexus solaire est souvent tendu. Aussi, dans ce mouvement où vous glissez, les deux mains l'une sur l'autre, du sternum vers le nombril, vous procéderez très lentement en commençant avec une pression très légère. Répétez une dizaine de fois. Le ventre se masse délicatement avec les deux mains à plat dans un mouvement circulaire dans le sens des aiguilles d'une montre pour faciliter en même temps le transit intestinal.

L'avant des jambes se masse en remontant par la face interne pour aider le retour veineux.

Lorsque vous redescendez vers les pieds, passez sous la jambe avec les deux mains et

soulevez-la tout en glissant vers les talons. Massez en plus les pieds avec le bout des doigts et les pouces, plus fermement en sentant le contour des os au travers de la peau.

La mémoire du cocon foetal

Petit à petit, vous vous sentirez plus à l'aise et vous sentirez instinctivement par vous-même les gestes qui peuvent relâcher votre partenaire. Vous trouverez dans les nombreux ouvrages grand public consacrés au massage des suggestions de mouvements qui vous aideront à améliorer votre pratique. Le massage californien est un massage "nourrissant" qui procure une profonde détente et un grand bien-être. Il permet de bénéficier à la maison de certains des bénéfices physiologiques du massage - relâchement musculaire, amélioration de

l'irrigation sanguine, meilleure élimination, apaisement nerveux - mais surtout il recharge le corps en sensations positives, nous apportant au niveau le plus fondamental reconnaissance et

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sentiment d'être aimé. Il nous rappelle cette période bénie de la vie foetale, où dans le cocon qu'était le ventre de notre mère, nous flottions sans soucis, enveloppés par le liquide

amniotique. Après sa séance, votre partenaire sera aux anges, harmonisé et réconcilié avec lui-même. Laissez-le en profiter pendant un long moment avant de lui dire "A moi,

maintenant".

Jean-Louis ABRASSART

Paru dans le journal Médecines Douces

LA RELAXATION COREENNE : VIBRER A DEUX

Où suis-je ? Suis-je endormi, en train de rêver ? Non, je suis bien réveillé mais les bruits autour de moi sont comme assourdis. Une pulsation régulière, rassurante, celle de mon coeur.

Des pensées qui s'effilochent puis s'évanouissent l'instant d'après comme si elles n'avaient rien à quoi se raccrocher. Et mon esprit qui vogue, libre, dans un espace infini, avec en même temps un sentiment de sécurité totale. Je m'imagine allongé sur un matelas pneumatique, bercé par le rythme des vagues, enivré du bleu immaculé du ciel, la mer turquoise, la chaleur du soleil qui se diffuse dans tout mon corps. Une voix qui m'appelle au loin, doucement :

"Comment te sens-tu ?" Je reviens lentement à la réalité. Que répondre ? Comment décrire cette impression de bien-être profond, de délicieux abandon ? "Ca va, j'étais si loin" dis-je simplement. Au bout d'un moment, j'ouvre les yeux. Hélène est là, elle est professeur de yoga et thérapeute psycho-énergéticien et c'est à elle que je dois ce bain de bonheur.

Vibrer systématiquement le corps

C'était ma première séance de relaxation coréenne, une technique ancestrale qui libère le corps par la vibration systématique des différentes parties du corps. Cet art de la détente profonde ne fait l'objet d'aucune théorie, c'était plutôt une pratique qui s'est élaborée empiriquement au fil des siècles en Extrême-Orient. Elle permet d'obtenir un relâchement complet des tensions musculaires les plus profondes accompagné d'un sentiment de

détachement intérieur qui nettoye l'esprit des soucis du quotidien. La relaxation coréenne se pratique à deux : celui qui reçoit est allongé confortablement sur le sol, celui qui "donne" la relaxation va durant une heure environ soulever, manipuler, vibrer, étirer les différents segments du corps selon un ordre bien précis. Les manipulations sont douces, progressives, même si elles s'enchaînent à un rythme soutenu. Progressivement, celui qui est manipulé lâche prise, accepte de se laisser faire, un rapport de confiance s'installe qui va lui permettre de s'enfoncer de plus en plus profondément dans la détente.

Un corps souple et malléable

Hélène a commencé par s'asseoir à mes pieds. Lentement, elle a soulevé une de mes jambes à quelques centimètres au-dessus du sol et à commencer à la secouer doucement de haut en bas, changeant souvent de rythme comme si elle sentait les raideurs de mon corps et

cherchait la vibration adéquate. Elle a continué ainsi passant d'une jambe à l'autre, les plaçant dans différentes positions, plus ou moins élevées, plus ou moins écartées, jambes allongées puis genoux repliés, toujours un mouvement doux de vibration qui se propage des pieds à la tête, dans les muscles, dans les articulations et finalement jusque dans les os. Elle s'arrête entre chaque mouvement, reposant la jambe à terre. J'ai l'impression petit à petit que mes jambes deviennent plus souples, malléables, que progressivement mes raideurs se dénouent.

Lâcher les souvenirs

Soudain, alors que je sens ma hanche qui a du mal à se relâcher, une scène d'enfance me

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revient : j'avais voulu sauter à vélo un petit fossé et j'avais chuté lourdement. Je me vois rentré à la maison, boitant, penaud, traînant ma bicyclette abîmée, plein d'appréhension dans l'attente de la réaction parentale. Un court instant, envahi par ce souvenir, je ressens comme un mélange de honte et de peur, j'aperçois que je bloque ma respiration. Toute une série de bâillements se déclenche, puis un soupir, l'émotion s'évanouit comme si la vibration l'avait dissoute en même temps que la raideur de ma hanche.

La mémoire des cellules

Hélène m'a prévenu avant la séance : "Les zones crispées du corps qui résistent au

relâchement sont en relation avec des sensations, des émotions, des situations qui nous ont mis mal à l'aise, avec des sentiments que nous nous sommes retenus d'exprimer, cristallisés parfois dans le corps depuis l'enfance. Le souvenir de ces situations est enregistré dans le corps, la mémoire n'est pas seulement mentale, elle est inscrite dans les cellules du corps.

Dans la relaxation coréenne, ces mémoires cellulaires affleurent lorsque la vibration touche une zone crispée. Avec la décontraction, le sentiment retenu se dissipe, le souvenir reste mais il est comme vidé de sa charge émotionnelle. L'énergie emprisonnée dans ces mémoires est libérée et se remet à circuler au grand bénéfice du corps. "Voilà pourquoi ma hanche, comme traumatisée par cet accident, n'arrivait pas à de se détendre. Notre corps serait-il comme un résumé de notre histoire à la fois physique et psychique? L'enchaînement de relaxation coréenne la déroulerait comme un film, nettoyant les mémoires des tissus pour nous laisser apaisé dans un état d'harmonie primordiale.

Réveiller l'énergie du hara

Après les jambes, c'est au tour de la respiration. Les mains d'Hélène, chaleureuses, posées bien à plat, vibrent tour à tour les différentes zones de la respiration. "Pour être efficace, me dit-elle, c'est tout mon corps qui doit vibrer avec mes mains. La vibration doit venir de l'intérieur un peu comme un tremblement continu et mes mains ne doivent faire qu'un avec votre corps. La vibration s'enfonce alors profondément dans votre corps. "Effectivement, il me semble que mes organes internes vibrent d'eux-mêmes. Mon estomac manifeste sa satisfaction par un long gargouillement et je sens comme une chaleur bienfaisante, une force qui se réveille dans mon abdomen, ce Ki des Japonais ou Chi des Chinois, énergie de vie qui est à la base de la pratique des arts martiaux.

Se débarrasser des tensions inutiles

Mes bras ont droit au même traitement attentionné, mes épaules se relâchent tellement que j'ai le sentiment de m'enfoncer dans le sol. "Il y a aussi des causes physiques aux tensions.

Les gens dépensent souvent beaucoup trop d'énergie pour accomplir des gestes simples, et ce d'autant plus qu'ils sont pressés et qu'ils ne sont pas conscients de leur corps. Lorsque le corps est relâché, vous vous rendez compte que vous exécutez les mêmes gestes plus facilement, plus fluidement, plus élégamment. Petit à petit, la relaxation coréenne vous apprend à mieux vous servir de votre corps, à ne pas accumuler des tensions inutiles. Votre corps reprend l'habitude de la détente, car c'est son état naturel, celui qui correspond au meilleur fonctionnement physiologique et organique."

La sérénité est au fond de nous

La séance se termine par un massage relaxant du visage pendant quelques minutes. "Vous auriez dû voir comment l'expression soucieuse de votre visage au début s'est transformé petit à petit. Les masques tombent pour révéler au-delà des tensions et des émotions notre beauté intérieure, un état originel de sérénité et d'unité. Cet état qui est inné en chaque être, la

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relaxation coréenne le découvre progressivement, elle ôte le superflu, ce qui entrave la manifestation de notre harmonie intérieure. J'ai appris cette technique avec Jean-Bernard Rishi qui fut mon professeur de yoga. Il disait : "A la fin de la relaxation coréenne, la tête se tait, le coeur s'ouvre, l'âme vibre, le corps est en symbiose avec l'univers".

Entrer en état alpha et théta

La relaxation coréenne n'a pas encore fait l'objet d'une explication scientifique. Bien sûr, on connaît bien les effets décontractants sur la musculature des vibrations mais la relaxation coréenne semble agir surtout sur le tissu conjonctif, c'est-à-dire sur l'enveloppe des muscles et sur les tendons. Et les terminaisons nerveuses qui aboutissent dans le tissu conjonctif, en particulier au niveau des articulations, sont à la base de la perception du schéma corporel, de la coordination des gestes et l'orientation dans l'espace. La relaxation coréenne, en débridant les articulations, nous remettrait ainsi dans une sorte de schéma corporel idéal et parfaitement équilibré. Comme la sophrologie, elle plonge d'abord le cerveau dans un rythme d'ondes alpha, ondes de la détente, puis d'ondes théta qui favorisent l'émergence de souvenirs et d'images mentales. Elle est utilisée en complément pour aider les personnes qui ont du mal à se détendre par une technique de relaxation verbale ou une méthode plus active.

Dénouer le destin

Comme l'enchaînement des manoeuvres vibratoires est assez simple et ne demande pas de connaissance anatomique précise, chacun peut en apprendre les bases pour en faire profiter sa famille ou ses amis. Si une séance avec un professionnel dure de une heure à une heure trente, vous pouvez facilement avec quelques mouvements relâcher des épaules crispées, des jambes fatiguées ou un dos tendu. Par son doigté, en trouvant la vibration juste en fonction de vos tensions, un professionnel fera sienne cette devise de l'Egypte des pharaons : "Le but de la vie est de dénouer les noeuds du destin".

Jean-Louis Abrassart

Un article pour le journal Médecines Douces

3) Techniques Orientales

MASSAGES A LA CHINOISE

Massez-vous en toute quiétude : le do-in est la seule technique d'automassage que l'on puisse pratiquer sans risque. Avant de m'y être adonnée, je n'avais à vrai dire, aucune idée précise de ce qu'était le "do-in". Je l'assimilais seulement à une forme de massage. On m'avait pourtant donné un livre sur le sujet, mais il m'avait paru fort compliqué : l'auteur y avait inclus maintes notions (philosophies chinoises, t'ai-ch'i, écoles du do, etc) qui n'avaient rien à voir avec la pratique du do-in en elle-même. Découragée parce qu'en fait totalement béotienne en matière d'art traditionnel chinois, j'avais refermé l'ouvrage et attendu sereinement ce rendez- vous avec mon "initiateur".

En pénétrant dans l'institut de massages où nous devions nous rencontrer, je m'imaginais

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