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Discours de M. Tom Mboya M. P., Ministre de la planification et du developpement du Kenya

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Texte intégral

(1)

N~'T'ON!I UNI!!

CPNSE I L

ECONOMrOUE ET SOCIAL

, , r

i .

" ,

".

COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE Huitieme session

Lagos" 13-25 fevrier 1967

DOCUMENTS orFICE

Distr.

LIMITEE

EiON .14/1.323 12 fevrier 1967 FRANCAIS

Original, ANGLAIS

M. TOM MBOYA M.P., MIN ISTRE DE LA PL.ANIFICATION El' DU DEVELOPPEMENT DU KENYA

167-7

(2)

,

DISCOtJRS DE j,.. 'mid j,fBOY A;':. P., jijnnSTRE DE L" PLANIFICATIOU ET W .JE\fELOPPEi.:.ENT .JU lGiNY A

En pronon9ant ce discours d'ouverture de la huitieme session generale de la Commission aoonomique pour l'Afrique, mon objet eclt d'etudier, assez en detail, lee problemee que nous, p~s africains rencontrons dans nos efforts en vue d' assurer un developpement eoonomique et social rapide aux 310 millions de personnes qui habitent oe oontinent. Au cours des deux annaes pendant lesquelles j'ai eu l'honneur d'@tre Ie President de la CEA,

j I ai ete frappe par les difficul tes auxquelles nous devons faire face, par les efforts que tentent les pa;ys a£ricains et par lee Lnnombr-ab'Le s poe- sibilites qui doivent @tre encore iQentifieee et exploitaes. Je n'ai pas

a

rappeler

a

cette auguste assemblee que, en derniere analyse, c'est

a

nous, et

a

nous seulement, qu'il incombe de develcpper oe continent et que la cooperation facilitera notre tAche puisqu'elle nous permettra d'atteindre plus vi te nocz-e objectif,

a.

savoir imprimer

a.

l' Afrique un rythme de developpement soutenu et plus intense. illais pour accelarer vraiment Ie developpement, il faudra aussi que les p~-s industrialisas au~mentent leur assistance

a

l'Afrique et procedent aux reformes qui s'imposent dans leurs programmes ct' aide.

J' ai l'inte.ntion, au coure de mon expose,· de soumettre

a.

votre examen un programme d'aotion portant sur les domaines ci-apres, d'importanoe strategique : edification d'une in±r~structure

a

l'echelle du continent;

developpement de la production alimentaire, des installations d'entreposage et de la commercialisationl Iormation de la-main-d'oeuvre; rassemblement, analyse et diffusion de renseignements economiques.

Si j'ai choisi cette ocoasion et oette tribune pour fairs mon expose, o'est que taus ce~x qui sont directement responsables du developpement de l'Afrique sont rassembles ici pour voir dans quels domaines il ssrait

possible de cooperer et de collaborer. De plUS, la CEA, commission region ale de l'Organisation des Nations Unies, est une voie commode pour atteindre la

(3)

"1,/

ON. 14/1.323 Page 2

..

plupart, des nations et orbaniaations internationales interessees, sinon

toutes. hon dlscours sera necessairement long; il ne vis~ pourtant pas

a

litre compf.et , tU. concluant. Oe serait plut8t une base <ie discussion qui, • je l'espere, nous perwettra d'adopter un plan d'action acceptable pour tous., 3i vraiment l'Afrique veut agir, alors c'est

a

elle

a

en prendre l'initiatlvt.

Les six premieres annaes Qe la Decennie du developpement sont termine?s.

Oe fut une periode de deception, presque d'echec quand on'l'evalue par rapport aux objectifs de l'ONU, aux esperances des p~s de developpement ou aux possibilites que revelent les richesses des pavs industrialises,

rBndant cette periode Ie revenu moyen par habitant des p~s riches a augmente d'environ 220 dollars par an - ce qui Le porte

a

1.800 dollars -alors que celui des nations tres pauvres n'a peut-Iltre augmente que de

7

dollars par an pour atteindre 90 dollars. Dans certains cas l ' augmentation pourrait mllme

~tre 1nterieure

a 7

dollars, oe qui montre

a

la fois combien faible a ete le progres et combien grand l'echec. 3i la croissance continue

a

ce r,ythme nous pourrons retrospectivement rebaptiser la vecennie <iu developpement, Decennie

"du sou par sou", ce que je trouve personnellement une excellente defini ticn pcur un echec complet.

au

est le flux deoapitaux publics qui devait atteindre presque un pour 100 du produi t national brut des pays industrialiaea ?

au

sont lea pr~ts

a.

conditions avantageuses et les lon5uea echeances? 1es barrieres douanieres ont-elles ete reduites, les aocords de produits sont-ils efficaoes et lea , termes de l'echange ameliores? ~t-on mene l'aseaut 'promis oontre l'ignorance et exploits les ressources naturelles? Ces,objectifs demeurent des visions·

d'intellectuels et des promesses ~e politiciens. Ladure realite c'est qu'on a fait trop peu , Sn fait, s'il faut imaginer notre averrir dl apr-ea le

present, notre pes~imisme est entierement justifie. Nous risquons fort de voir les brill antes promesses, Qeja ternies, de Ia Decenniedu developpement

s'evanouir completement dans la morne realite d'une misere abjecte et proLongee ,

1a st!¥(nation de I' assistanoe

1e flux net de prets

a

10n6 terme consentis par les nations riches aux nations pauvres n' augmente pas. L'O.C,u.E. a estims que, en 1961, l'apport

(4)

;jeN.14/L.323 Page 3

net (y compris Ie coat de l'assistance technique) en capitaux prives et

'publics s'elevait

a

51,2 milliards ue d.ollars; i l serait tombe ii. 8;3 milliards en 1963 pour atteindre, en 1965, 10 milliards de dollars. Le flux de

capitaux publics, dont Ie mont ant reflete Ie mieux les politiques des gouvernements, n'a presque pas change pendant cette periode - 6,1 ii. 6,4

milliards - et les engagements pour 1965 se sont meme chiffres ii. 1,6 milliard de moins qu'en 1964. Aucun de ces chiffres n'a ete ajuste pour tenir compte des changements de prix. II est probable .que Le montant total pour 1965 ne permettrait pas, en fait, Q'acheter plUS de biens d'equipement que Ie mont ant pour 1961. Pendant la marne periode les termes de I' eohange se sont deteriores, la population s'est accrue, les conditions des prets se sont durcies, tous

el~ents qui diminue.nt. pour .le.s Pa.Ys an voie ue .dSveloppement la valeur. .de l'aide consentie en 1965 par rapport

a

celle de 1961. On est degu aussi si l'on songe que l'aide fournie devait representer un pour 100 du produit national brut des Pa.Ys developpes.

est .tombe de 0,60 pour 100 en 1961

En effet, le flux a 0,49 pour 100 en

net de capitaux publics 1>65.

,

En realite le tableau est encore plus sombre. Les chiffres inuiques par l'O.C.D.Z. sont nets des remboursements du principal et· du rapatriement du capital, maie ils ne tiennent pas compte des flux en sens inverse, c'est-a- dire les investissements faLts, dans les Pa.Ys industrialises par les residents des Pa.Ys en voie de developpement, ainsi que le paiement des inter@ts et

des dividendes.

Prenant en consideration tous ces facteurs, N. Woods de la BIRD a o.efini tree clairefuent la situation •

"Ces paiements en sens inverse continuent 0.',augmenter

a

un rJ-thme

accilllre et dans guere.plus a.e 15 ans , si ce J,'Jthme continue, le rnontant des capitaux qui sortent annulera completement Ie mont ant des capitaux qui

entrent. En somme 6i les Pa.Ys exportateurs de capitaux continuent d'agir comme ils Le font maintenant autant dire que, dans un avenir assez proche, ils ne !eront plus rien de tout".

Regardons les choses en face - leE Pa.Ys en vcie de develcppement courent le plus grand risque de ne pas se developper du tout. Les revenue etant

(5)

..D/Cli. 14/1.323 Page 4

juste au niveau U.e La subs Lat ance , on ne peut guere esperer I'at-ce en ap- pliquant un regime fiscal tres strict, obtenir une formation interieure de oapital suffisante meme pour maintenir a son niveau actuelle revenu par habitant d'une population en expansion.

Or, on risque de voir se tarir les sources exterieurs de capitaux a un moment ou les nations riches connaissent des taux de croissanoe jamaiB atteints. II n'est pas improbable en effet, que le revenu par habitant pour l'ensemble des p~s developpes double d'ici 30 ans, passant de 1.800 a 3.600 dollars par an. I'Ieme un euoces sans precedent ne permettrait pas aux p~s

tras pauvres de retrecir cet ecart. 3i les revenus par habitant decuplaient (PaGsant de 90 A 900 dollars) d~ici 30 ans, 1a differenoe serait de 2.700 dollars contre 1.710 aujourd'hui. Dans ces conditicns etre menace d'une croissance nulle, est intolerable.

1a diminution des capitaux etrangers prcduit deja un certain nombre d'effets secondaires nuisibles. Premierement, les spheres d'influenoe

auxquelles tous les p~s qui ont recemment accede a l'independanoe oherchent a echapper, oontinuent de se faire sentir et meme dans bien des oas devien- nent plus accusees. 1e retrecissement de l'aide fait que les sources

d'assistanoe bilaterale deviennent de plus en plus selectives quand elles choisissent les p~s qui doivent etre beneficiaires. Apres tout, il est assez naturel de "penser aux amis d! abord", aussi longtemps que le gros de l' assistance est accozde au titre d ' accords bilateraux. 1"' obliGation evidente pcur les p~s en, voie de developpement de choisir entre s'engager ou p~tir, est regrettable mais reelle. Deuxiamement, les p~s en voie de developpement eux-memes, qui oonstatent que leurs efforts reunis pour

acoro!tre l'aide tot ale demeurent vains, en sont reduits a une melee

ignominieuse pour se disputer les fonds limites disponibles. Quant un p~s

A obtient un pret avantageux de l'Association internationale de developpement, tout Ie monde sait qu'il y aura moins de fonds pour les autres. Troisiemeillent, la diminution des oapi taux se traduit par une prolongation de toutes les

negociations et des procedures administratives preliminaires, peut-etre tout simplement pour donner du travail aux experts, peut-etre aussi pour masquer le manque d~ fonds.

(6)

F,/Cl!. 14/L 0323

P88a 5

La complexite croissante des negociations pourl'aide, parfois telle que les l'~s en voie de developpement n'ont pas les moyens d'y faire face,

oontribue egalement

a

creer chez les p~s en voie de developpement una attitude ambi'talente vis

a.

vis du oapital etranger. D'une part, Us . connaissent la dure neoessite d'avoir recours aux capitaux exterieursj

d'autre part, ils sont irrites des marchandages, frustres par les refus repetes et soumis

a

un oontrale exterieur de plus en plus marque, qui parfois touche

a.

l'ingerence dans les affaires interieures. Cette ambivalenoe est done, et de plus en plus, Ie simple reflet de la rarete des oapitaux etrangers et des oonditions onereuses auxquelles ils doivent litre obtenus.

Cette 5it u at Lon si soiabre est e "core ag!,ravae par l ' hostilite oroissante qui se Jilaniieate dans Le s PSvs idUUO"rialises

a.

1tebard de

l' aia.e

a.

l'etran"er. .Lor sque cet ta aide n'est -"as regue aveo su~f'isamment

d'humilite et ue ",ratit"u.e, Le fait est note d ans des discol4rspolitiques un peu part out • La yriori te aoccll·dee

a.

cette aide est red"'i te at co,.sideree

f'requemme ..t coinn.e sacrifisble, c oame g..eLque chose

a

ab a.zionne.r des que surgissent d'autres l'roblemes. Alors 'lu'une orande partie de l'aide doit COllstituer un en"ae.e,,,eut

a.

10<1e; terme pour etre ef'f'Lcaca , I' aide done est redClite pour reL.edier

a.

des pr obIeme s

a.

co..r-t terwe de balance des paf ement s ,

m~me 'luand ces ~roblemes resultent esseatiellewent des relations entre les

p~s developpes. L'aide ~eut ~tre reduite s'il y a un risque de recession econo",ique, si ae a guerres s ' intensifient OU 8i de nouveaizcpartis politi'lues

p~sn~ent lepouvoir. L'Bide devient dono 1ncertainej on ne peut plus la

"~lMIlU"e coiame base en vue ue la J,llaniiication et son effieaoite s ' en trouve oonsiderable\"ent diminuee. L' hOi3tilite croissante vis-a-vis de l' aius renforce egale"lent ,la co nc ep'ti.on selon la.quelle l"aide doit litre "liee"

liea

a

ues i~portationsdirectes

a.

~es ~ri~.parfois plus eleves que eeux qui sont en cours sL<r les u arche s moudiaux, liee

a.

o.as normes de

realisation mll",e si ces normes n'o<1t auoun sens dans un p~s, pauvre, A des projets de .:reatige mewe s'ils n'ont qu'une 1mportanGe secondaire pour- 1e developpewent, et

a

un appui politique m@me ai oet appui n'est pas sinoere.

(7)

E/CN.14/L.323 Page 6

L'avenir de l'aide

La situatic", actuelle ccucei-nant I' aide accoz-d.ee aux l'B;Ys en voie de develoPiJel..eut n' est guere 6Llc'vuraoe an t e j;JOl.tr l'aveni r , Jlu miauxJl cet ta

ai~e ~brmettra d'elever legerewent Ie l'evenu par habitant, de fagon

a

pern,e~tre aux >'au-s Lea pLus "auvl'es d ' atteinul'e 1>eClt-lltl'e un revanu par habitant de 200 dollars des Etats-Unis par an

a

1a fin du sieclel cette aide signiliera una a4ismentatL,n des uet t.e s et <les prob1emes constants en matiere de balance lies paiewents; e11e si,;nifiera une deterioration

cous't ant e des teru.es de l' echaniSe et de s ubstac1es permanents

a

l' exporta.- tion des prauuit s iadllstrie1s; e1le ne perlilettra pas de depasser Le stade de la production p r-mraa r-e ,

A. l' heure actuelle, il n' existe p as une seule partie du uionde ou l' on puisse oonsiderer cet avenir avec optiwisme. C'est un avenir inac?eptable, plein <1'inserti tudes et 'lui ne t.Le nt p as compte <les realites. Cette

situation future ne pour-r a etl'e ",odifiee si l' on ne se rend pas cowpte actuelle.ilent du c ar act er-s urgent d'un c.,angeillent et si l 'on ne libere pas

II ne su.fit plus de grossir demesurefuant nos realisations limiteas et u'iisnorer led problemes 5~6&ltesquesqui doivent encore litre resolus. Nous nous tr ouvous devant un chodx qui, en realite, n'en est pas un I nous pouvons attenore la debacle et rester inactifs, tandis que nos espoil's et nos aspirations se tl'ansforment en de6espoir, ou bien noua jiOL<VO'lS etl'e pr evoy aut s at entraprendre un pr-ogr aae.e constructif et cooperatif de developpei"ent ue s pa,Ys pauvrea, dans 1Iiuter~'\ commun des Pa.ls riches et des PB\i's, pauvree. La prochaice

gen~ration

sera d

I~ne

1.~!i'·J...:.;

importance decisive I ou bien «oua reso",ilrons ce >!l'obleme ou bien noua preparerons une catastrohpe

a

l' eChelle mondiale.

Dans un certain sens, nous oherchons

a

revolutionner les valeurs et las priori tea, mais du point de vue financier, un ch angeaent lil"i te nous suffit , Pour attein<lre l 'un et I' autre de oe s objectifs, il f aut cuusi<lerer le pr ob.Leme de l' inegali te du devel?ppament

a.

,travers Le monde DQ, 'tie un

probl~lDe' lnolldi'al et non c oume una oeuvre de chari te, enve r-s des ~,s pauvres.

(8)

..

E/CI!.14/r,..323 Page 7

11 faut se rendl'e c oc.pt e de l'ure,ence et d e l ' ample<U' de ce problellle, et les Pa,ys cieveloppes doivent mod.i.I'Le.r eil cons e que nce les priorites en oe qui concerne leurs depenses; A l'heure' dctuelle, on de~ense, de par le monde; plus de 150 milliards ae dollars par an poux la destruction, efrective ou virtuelle, de vies nuu ai.ne a et de biens lliateriels, al.ors que les

transferts de c apf t aux de' P/Ws riched

a.

pays p auvr-ea ne sorrt que d'environ 10 ciilliards de ..lollars par an.

La distorsion des val eur-s se retrou',e dans Ls s blldc;ets cie la plupart des J:.l6lfS inu.4strialises. 1e bu.li.oet Lies Etata-Unis, pu.blie reoeiJ,lllel1;t, en constitute un exemple. .3ur un budget total de 169 /i,illiards de dollars, plus U.e 73 milliards de dollars so.rt COilS acres

a.

la uer snse , dont 22 milliards de dollars aueotes'i,; la guerrs au Viet-Name Par corap ar-aa son

"J)l milli ardsds doll ars seulement s on t reserves

'a.

1" aid.e

a

I'etran",er', dont plus d'un dsmi-milliard, d'aillsur's, est destine

a.

l'aide militaire. La guerre fro ide et les ant agond se.e s ideologiq.. e s expl.Lquerrt la p.Lus grande partie des depenses wilit aires uondaale s , Ces d.epenses redui sent, par ccnsequent , les capit aux cons acres au d.evelopper"en't et elles f'o r c errt en

m~iue te.,ps les p ay s en voie d.e d.evelo"pement

a.

se ranger dans un camp.

Les j?!l({s en voie o.e d.evelop~ei,16.1t n' out "as interet

a

se rallier

ave"elIL,ent

a.

un camp ou

a

l',alJ.tre. Le probleme du developveruent transoende ce s ~u.estiollS. Les pay s afric ai.u s en voie de developl'eL,e,it orrt bien precise leur posi'iion.l i18 VeUle!lt UDe econo,uie .ui..{te, faisant a}lpef, aux capitaux.

du secte ...r public co.u.,e c.u .oecte..r .>l~'ive, ",ais ou la politi'l.~e gouverneruentale deoide Loz-aqulf.L s! agit de .>lr01LOUvoir la croissance et d ' as au.re r une reparti- tion 6quit able du revenue 1e ciebat ideolo6iCiue est abao Lue.errt hor-a de

prop09. De toute fagon, m~me si'l'on s'en preocc"pe, il ae faut,pas oublier que le fosse Qlli s'elargit auJourd'hui' est oel"i entre .>l~S riches et P!l({s pauvres. Apvortons une solutlon

a.

cs yrcblerue et nous pOllrrons alors nous livrer

a.

des joutes ideologiques.

La distorsion d.es valeurs Qui CO,'<1Uit Le s Pa.fs deve19'ppesa. cone acr-e r plus d.e 150 milliards de aollars par an

a.

la,defense est re6 r e t t a b l e , mais il est peu probable que cette si,t u at Lon Be ,uodifie rapideluent 0<' pr-of'ondement ,

(9)

• E/CN.14/L.323

Page 8

Clest un leurre que d'iwaoiner ce fuontant tr&~sfere chaque annee aux ~ays en voie de develaJ?"ement couu.e a1'Jiort de c api t aux aux fins du deveLcppemeut , 11 est exact que les p~'s pauvres ont Qesoin d'une inJection massive de capit aux pour pouvoir se develol'per rapiJement, mais cet al'port de capi taux,

, '

massif pour eux , ne rel'resenterait po.;r- les pays developpes q'un mont arrt infime. Un supplelaent de 10 milliards cie dollars l'ar an representerait un

accroisdell,ent considerable de l' al'port ue capit aux at permettrai t de doubler I' ajiport net ac tuel , mais il ne representerait que 6 POLlI' 100 des depenses militaires luondiales et '0,8 pour 100 du jproduit national brut des PBV's riches.

Si l' on veut satisfail'e led besoins urgerrt s des l'!Vs en voa e de

developpement, i l faut que les pays ina.ustrialises se fassent une autre idee de.

l ' aide a l ' etranger B,t qu' ils voient dans sea juetes perspectives Ie courant U.e c apat aux destines aux pays en voie cle develop.,s,.lsnt. Le .L,ot d"',aide"

fal t penseI' malheureu~eI.lenta un cadeau Jivur lequel le do.rat.eur- ne re~oit rien en echange, si ce n'est peut-etre la satisfaction d'etre un '\Jon

sallari tain". Cel'enuant, une part import ante de l' aide acco rd.ee ne consti tue pas un cadeau et un pourcenta;,e important de l' aide qualifiee par l'OCD];;

de Itdonations et COLltributions aSoimilables

a.

des do n atLon s " n' est pas destine a de., r i.ns de clevelol':;.e,,,ent, I,lai" plut1lt

a.

l' aide ,,,ilitail'e. Ce terlile oeuvr-e egaleu,ent Le s souacz-Lpt Lous en capital fai tes a des

or-g ana s at.i ons ,.,ultilaterales, les vente" p ay ab Le a dans 10. .uonn ai.e du ,:

beneficiaire, afn.n, 'l."e le'~ ,,>rets rel"bo~I'sables dans oette ~JOnna:ie.

L' aide est ",one presentee, a.ans une large ,.lesu;ce,. eou s un faux Jour,. ' .. , et l' on /le da apo ae pas des z-ensei g.icuent a ne ce asai.r-ea pcur- cOl'r:l,;er les idees fau~ses que l'on se fait a ce b"jet. ';'''1' Le s 6,3 milliards d e

. .

'

<lollars d'Side publiqhe nette acco rdee en lS65, au s.od.ns un ;,lilliard et peut-Iltre me",e j"squ'a 1,7 milliard o,.t ate accoz-de s au titre de l'aide

....

militaire. £nviron 80'1 millio'l" de <lollars orrt COllsiste dans des ventes payables dansIa ...oun aa,e QLl beneficiaiI'e, cette aide et ent destinee :,orinci- palement a la lutte ooatre la faim, et plus de 1 ",ilUard cie 'dollars ont ete aeco rdea

au

titre de l' aa.d st ance teohnique. 5i l'on suppose que Le restant etait· destine au develol'~ement, on peut en conclure que 3 milliards de

(10)

E/CN.14/L.323 Pac;e 9

do Ll.ar-c , st:z- un -~ >''01 de 6,3 1.~:~J.lia:.<._, ~"J.Q,i.er:~ f'.-:;c-~1:--:.':::3 £' ,:;~tie :':'n~

~" .

S"1' ce total, 2 milliards de dollars ont eta acco rd.e s SOUs f'o ru.e de sub-

",.

. .

vent ions non reiliboursables et 500 willions ont re~resente des subventions et o.es oontributions au orcl'mi.sations multilat<8rales, dorit la r:.'c~'··o

partie, soit Qit en J?asscnt, arrive ahX P1Jifs en voie de dcveloppement sous forme J.e -"rots.

Toutes ces f'oriaes d ' ai.do aont i,nportantes pour los J?c;;s en voie de develop.t'eu;.ent, maid nou s devons f aire u ne distinction ,entre elles, afin de juger de leur ofl'et sU.r 10 cievelopl-'e'J"nt ot de La ,,,eSU1'e dans laquelle Lea capitaux sorrt ~·o·,;.'.:1'_S so,us f'o ruo de clans et non de lOrets. En admet tarrt quIil est possiele dans une cert &ine u.e eur-e de 'hlodj,i'ier les cii verses

u tilisations des c apitcux etr ange.r-e , il est utile et necodsaire de distin",uer les grandes C2.tet;or'ccG d ' ai(~C :.. la fois pc:c' pays ,:' ori,gii1" et par pa,ys

...,.'.

benefi0i~res.. Jf8_~~ dc§ja. UL8a,tionrlO CG8 g:~2.."ld.eG c'it6gorles d ' ai.de ,

a.

savoir

les,capi,aux uestic,cs au uevoloppement, l'czsistcnco technique, l'aide mili t&ire et 1a f'ourn.i, <,ure a.e d.onr6es climdnt at r-oa pay ab Le s dans La monna.ie du ya,ys beneficie.:'.rc.

Les capi t aux -"ublics d.estLn e s au d.eve Loppeuerrt sont zcco rd da surtout selon un s,ysteme de ~rets. Ces prets comportent un element d ' aide , car bon noa.bre ct' entre eux sont acoo r d.ea

a.

des conui,t.Lon s plu.s ev ant ageu se s que celles que les J?a;ys en voie cle developJ?er;,cnt lYlUrrn:Lent obtenir ci'une autre ",aniere. N3Ullii!oins, si. 11 aide prond 11 alJ.ul'c d'un "c2deeu" ou d1un

"don", Le fait do los qu al.Lf'Ler- d ' ai.d.e constitue un autre exeu.p.Le de

pUblici

te

fall aca eu se , Lee .nont t'.~ltS en que stLori pourraicnt cue e.i, b ian etre obtenus contre rel'llbcurS3Ulent, en p~~2tie COUH.I.18 subventions ot' en partie o oonne prllts

a

des t aux co;",,,~rvjaux , C'eGt a'in s.i, quIon 1964, ue s l'rets bilateraux de fonds publics ont <'ite acco.rde s

a

un t aux dIinteret moyen de 3 pour 100 , avec une echeance moycnne de 28,4 annriea , ::3i nou s suppoaon s Clue Las pa;ys en voie de develop,llewent aurcient' pt; :",")rUn~8r sur La Iilarchedes o ap.it anx

a

6 pour 100; conj o Inteme rrt ou par l'itlterEledj '3ire 'd'une b anque co.aciune de d~velo'ppelilent', environ 29 pour WOdes eoume a cv anccc c pourraient litre consideres. com..e CLOS d ons at Le reste COl1l4.i8 des prets COLi,...s r-oi eux., '. -La pertinence J.e cott e fagon de .aesurer L' ai.de , par o pj.oai.tLon

a

l'appor-f; de

(11)

E(CN.14(L.323 P8€,e ' 10

cajJit8i..<x, est bien evia.ente si l'on effectue un oal cul anal%ue pour' 1965, annes au cours "e 1"4Ll6110 ues ""rllts bilateraux de r'ouo.s j,luulios ont ete accordes

a

3,6 pour 100, avec une echeance moyenne de 22 ans , Vine;t pou r 100 ..;eule..'dnt Q"- li,o,ltant des prllts accordes en lS'65 pour-raierrt Iltre con s.i.de r-es cou.ae des ucn s , contre 29 fOOU.' 100 en 1964, ce 'lui indique un auz-c.i s sec.errt considerable Cles 00rl0..1tiona d 'octroi cia cas ~r@ts.

l 'efficaci te de l' aaai stanoe tecI,ni'l,-"e et des capi ta.wc destitles au developjJ,ment est

a

considerer d8.t'JS un cadre pl"-s lar0 e 'l~e 1'ar Le passe.

113 "but .i!rewier est d.'elever Le revenu par .labitant, ce qui ne }!eut se faire, dans le cada-e ~e la tech'lillu.e ,,,o<.ierne, qut en relevant le r-appo.rt entr e les c apat aax ou La ",ain-d'oeuvre tree Ilualifiee, d'une "art, et La "lain-d'oeuvre non 'lualifiee, d ' autre ..-art. Tou.~ les ",aJ~ en voie de d.evelo>,ye,,,eilt out pour trait Cor"...un une iasuf'fisance ue oallitaux 1'= r-appor-t

a.

la r"ain-d'oeuvre non 'l .... aliliee, et la jJ14part ..;o~ffrent e",alei"ent dIune panurie de wain-

d'oeuvre tres 'lualifiee. 1e ravvo~t entre les cajJitaux et la wain-d'oeuvre, dans les J!a;ys .i!1l4vres, iJeut litre w,leliore de qu at r-e fa<;0ns par u.es ap.t'0rts

<ie oapit aux , ,oar l ' epargne et l'i"vestissecieilt f<lterieQr par une alhigration de "iain-d.'Oeuvre, entin liar Le iJlam.i>15 familial.

L'~parene et l'iilvestissej'LbLt ill"terie",-r a6 peuverrt J:ias cOilsti tuer una aou r ce ere ca~itau.x suffisante J:.1oi"...r as s ....rer un r./truue rai,Jide '"'-fe.x~ail8ion.

Les revenc.s aont en ei iet trot! 'ai b.Lea , Il "erai t ve"t-lltre >,obsi ble

d' as,curer un peti t accroi.;~ei.,ent de I' epargne itlterieure par l ' amelioration des politi'l.ues f i ao akes st des ",oaes d.e r-e couvr-e.aent dee impllts, J!ar une generalisation aes systemes d'ap=/one et yar un contr6le plus st~ict de la sortie ~es oapitaux.

Cepenu arrt , les n at Lcns e,l ,oie ue J.evelO,).i!eme"t ont une 5"'ande

responsa"bili te,

a

s avoi.r- IluIelles u oLvent freiner Ie t a4't J.e I eur croissance demo"raphi'lue grace

a

des j)l'0Gr&,~.e3 a..-vropries tie pl8.t'll1i.l" familial. Une r aison iwportante <ies t au,c plus ra.,ides ue croi"sance du revenu par habitant dans £s pa;ys J.eveloppes est Leu r taux ",oins eleva de croissance a.ellJographique.

En ;;;~rope, oe taux est d,e 0,9 pacer 100 .t'ar an; en Auerique du l~ord, il est de 1,7 pour 100. La pop~lati()il Jes re"ions en voie de tieveloP.t'ewent, ou

(12)

E!CN.14!L.323 Page 11

vivent plus des deux tiers de la 'population iliondiale, s'accroft beaucoup plus rapidewentl

a

raison de 2,3 pour 100 en Afri~ue et en Asie et de 2,8 pour 100 en Jimerique centrale et en klIerique du ..,ud.

Une emigration accrue lie lliain-d' oeuvre non qu.alil·iee permettrai t egalelllent d ' attenuer les l'roblemes de developpeu1ent, inai.e les obstacles

a

I' emigration dresses dans les 1'a,ys developpes sout trop enz-acd.ne s et trop bien etablis. Les nations en voie de developpernent ne peuvent esperer

resoudre leurs problemes en envoyant

a

l'etranger les illei1res, les elements non' qUalifies et les personnes sanseluploi, qui' ne permettrai t . que de

repartir un revenu Lnoh angd entre uoa.ns d'individus. En fait, les obstacles

a.

l'immibTation n~ peuvent aujourd'hui etre franchi's que par les elements possedant oer.taiue" qUaliI'ications: profeilaibnnelles 'et uno certaine instruc- tion. Ainsi, chaque wis que des· elements tres qualifies qui bnt fait leurs et?:des !ll}1!= fr'o\is de: l"el.l.~"':~'a,ys en .voie de develOP.i>ement. emiBt-ent vers des pa,ys.plus. rich~s, les nations. en voie de develop.pement, avec leurs ressources pourtant 11lliitees, subventionnent des nations develnppeeS.

!:"' "

Le fait· que des gens ue .i>eu.vent ~asserfacilement d'un pa,ys pauvre

a

un

pays richeaccentl.le La chare;e"qui aoi,t etre

'i~posee

aux J!B¥S ,riches pour qU'ils fOl.lrnissent des capitaJX auA pa,ys 'pauvres, si l'on veut ameliorer d ' une ",aniere sensible le rapport capital-travail dans les nations en voie de develop~ement. La cLifficul te d' as sur-er- un apport de capi taux aux nations

pauvres est accrue encore parIes ob"tacles commar-oi eux que les paurs richeS mettent

a

l'entree sur leur territoire de produit" en provenance des pa,ys p auvz-e a , L' elimination de ces obst acles rendrait be auooup d' investisssmsnts effectues dans les ~~s sn voie ds developpsment

a

la fois plus remunerateurs et plus attrB¥ants, en ouvrant I' acce s

a

des ...ar-chs s qui existent actuellemsnt.

Les pa,ys developpes ne j,lsuvent ",88 iJuposer de restrictions au commerce et aux mouvements de uaan-dIoeuvre, et pretendre ensui te que les capi taux doivsnt cheroher en touts liberte leurs emplois les plus remunerateurs. Le o~i~a1,

'lJ.ors, doi t etre regle'dsnte, cajole, sv ant age et subvent.Lonne pour se diriger vers les nations en voie de developpe,uent, si l' on veut reparer dans une cart aine .uasur e les autres injustices •

..

(13)

E/CN .14/L.}23 Page 12

Enfin, l'assistance technique et lee capitaux de developpement, mame accordes sous forme de dons, ne sont pas sans procurer des avantages aux pays riches qui les fournissent. Le gros des capitaux de,d6Veloppement est immediatement utilise pour &cheter des biens d'equipement fabriques par les nations riches, ce qui cree dans ces pays des revenue at des emploie. En outre, une grande partie du revenu oree'dans les nations en voie de developpement y accroit la demande de biens de consommation importes. En fait, les possibilites de croissance

dea,nati~nBriches sont conditionnees en grande partie par une demande exterieure ert croissance 'rapide. Or, cette condition peut etre realisee

a

peu de frais dans les regions en voie de developpement, ou vivent plus des deux tiers de la population mondiale. Un investissement m9deste effectue aUjourd'hui s'averera tres fructueux dans l'avenir. Un 8lement essentiel de~ute formule visant

a

accroitro Ie courant de capitaux de developpement est que les pays riches oomprennent qu'il y n de leur propre interet. L'accroissement du courant des oapitaux destines au developpement est de toute evidence de l'interet et

a

l'avantage de tous. En fait, aussi longtemps que des ressources demeureront sOus- utilisees dans uns partie du monde ou une autre, nous ne pourrons etre

satisfaits du degre de bien-etre materiel atteint ou que ce soit.

(14)

·':;:;-,~.o..

E/CN. 14/L. 323

Page 13

Une strategie pour l'Afrique

Une demarohe logique consisterait maintenant

a

definir les grandes lignes des problemes propres

a

chacune des grandes regions en voie de d6- veloppement du monde ,

a

proposer des programmes concrets pour attenuer ces problemes et

a

suggerer des moyens de mobiliser la main-d'oeuvre. et les capi taux necess:j.res. J'e nIaura:L pas la presomption d' ent repz-endz-e cette tache en ce qui concerne l'Asie et l'Am5rique latine, vt j'hesite ~eme

a

Ie fairepour l'Afriq~a, avec laquello j'ai pourtant quelque affinite et dont j'ai une certaine corillaisoancD, Je vais cependant essayer de me livrer

a

de promiers conc3.{Ses et ro rmut.oz- quelques obse rvatacns prelimi- nairas Bur cas questioDs, da"'1."J la no suco o·D. elles intere::Jsent La region_

africaine en voie dB dS-,,"'clOPPG~,:)Tto

Nous 2,VO:1S baso i n , Cl'::,P,~9 J.Ie. di'~ :-:'.0n ar-:L. 1\10 Tr2..o:.t',a, du 'I'chad , d'un

"plan ~'IarshD.ll P01.~~~ Iffo_:f::~'::~Qt~31;, dtune injection P1aSsi--'le Q0 J--,-1.in-d'oeuvre et de capitaux. Cor~83, la si~uaticn de l'AfT~que d'a~jo~dlhui differe, en bien des points, co::..~s j I au t-ad, J.loccasion d8 Le C1on-~re:.::', de celIe de.' 11 Europe de 1': y:oa:;-",.wrre, nai,s La for;.;ule o~':'Ginalo et La n8t~ode ene::-- gique adopto€;:) 3. ~rCPOQ.l:'3 pouverrt f'acd Lezaerrt etre adapteer; au cas de 1 'Afrique. Le plan Mar<,a1l c'est tr.J.duit, i.l y a vingt ans , par un apport de p~e3 de l~ milliards de ~ol1ars ven~lt d'Q~ seul pays, 6tale sur trois ans et const~Lt,,6 ii concurrence de 80 pour 100 par des dons

purs et simples. D8~uis lo~s, 1e produit national brut dBS pays d6veloppec a doub16 at tous c c c p:1:J"'s aorrt 0. C(;:-;;'8 dfaio.er ItAf'rique, sur-~oLt-~ peut-e,:t~e

les pays europ::C':~::;, qui cnt bOllOfici6 si dircctement et si grandement C'.1 plan

r·b..

rshall at (r",~~~ 2C;1~ 6galenc"'.~ ceux qui ont colon:i.sG 1rAfrique. ~-'cur

notre part, i l nous Q:9~c·c.r·cient, en Afrique, de definir noa problemes, de dresser un progra4'-',e COI::;olot, coor:ioc1:::e et coherent qui reponde aux besoins propres de notre continent, et do susoiter l'interet des pays developpas pour It applioation do co I'rog:c~,:-.C.'3.

L' Afrique compt o aujou~'i'huf, t:08.'1te-r:.euf pays ind.ependants, contre quatre seulement a..-a:1t 19:-0 - Afrique du Sud, Egypte, Liberia et Ethiopie et dix avant 1960. r0rdant la decennie du d6veloppement, vingt-neuf pays

(15)

E/CN.14/L•.3 2.3 Page 14

dlAfrique qui avaient ete des colonies ont accede

a

l'independance poli- tique, mais la lutte de nos peuples pour supprimer toute domination 0010- niale et fasciste n'est pas encore terminee,

L'accession tardive de tant de pays africains

a

un regime independant est la principale raison pour laquelle un progra~e massif de developpe- ment en Afrique est si n6cessaire ~ujourdlhui. Elle explique egalement pourquoi les besoin3 africains de developpement sont si differents de ceux d'autres regions du monde. Ces differences font qu'il est necessaire

d'etablir pour l'Afrique un prograrnne de developpernent sp6cialernent destine

a

resoudre nos probl~=es propreo. Do fait, beaucoup dOB politiques gene- rales et des for~~les ins~itutionnellesqui regisse~t actuellernent la repar- tition des capitaux de dcvoloppement ont ete 6tablies avant que l'Afrique ait secoue le jo;:g du c()10::ia1icme o~, p",r bien des aspects, elles sont

mieux adapteen ~ux bc~oi~G de r~tio~~ on 70ie de developpeoent plus anciennes.

I l faudra peut-G"':nl cot-bro au point de nouvelles poli tiquca et de nouvelles insti tutiom; pouc o.cc616r32' le dGvelopp0IDcnt de notre corrb.Lnerrt ,

Les zones en voi,e de d6ve10ppcrnent d' Afrique pS2'tage"j.ent avec l' Asie, au debut de 10, DeCe~:1~.9 du dtvoloppernent une oaract6ristique peu enviable : 90 pour 100 environ de 10, popl'.lation vivaient dans des regions ou le revenu par habitant e~ait inferieur

a

100 dollars par an, alors que la proportion n'etait que de

4

pour 100 en ~criquc latine. Or, i1 ressort d'estima- tions de l'OCDE qu'9nt2'O 19S0 et 1964, la production dans les zones les plus desheritces d'Afrique n'a auwnente que de 4 pour 100 par an, contre 4,4 pour 100 en A::6riqY_G Latine, 4,9 pour 100 en Asie et

6,7

pour 100 au Moyen-Qrient. J"IAfriq_'~o ae trouve donc §tre, non seulernent parmi les plus pa.uvres des r83io~3 en voie de cSveloppement, mais aussi celle dont les

progr~s sont leG plUG lentG, Il n9 faudra rien de moins que l'effort massif et coordo~_~e dont je viens de parler pour obtenir des resultats plus satisfaisants. L'accc23icl1 de vingt-neuf nations africain'os

a

l'in-

dependance depuis

1959

ect

10

pro~ie2' gr~d pas dans cette direction.

Les probleroes de l'a.cCE:8sio:l D..

nationale, de la '-~l:i.~::;;tion de la

l'ind6pendance, lledification de stabilite politique ont absorbe

1'unite

(16)

• E/CN.14/L.3 23 Page 15

jusqul iol oertains de nOB mel11eUl's esprits, et que maintenant que nous pouvons nous attaoher

a

la solution nos pl'Obl~mes eoonomiques. Noue avona d~,reorganiserdes structures administratives fisoales, et, dans certains OBS, en creer, pour qulelles soient conformes au statut d'Etats indepen-

" dants,' tl'Ouver,le moyen de fa.ire une plaoe equitable

a.

des groupes mine- ritS1res,' surmonter les oraint~s etle pes'simisme d' investisseurs locaux et etrangers et emp30her La fuite de nos capitaux si preoieux. Je ne pre- tends pas que toue oes pl'Obl~mes sont defini ti"lament resolue, mais je suis persuade que le moment est venu ou nous devrions coordonner nos aotivi tes dane un grand effcrt de developpement eoonomique. LIAfrique poss~de 20 POUl' 100 des terree du globe et

9

pour 100 de la population mondiale, mais on estime que 80 pour 100 de notre potentiel de reseOUl'ces naturelles et 90 pour 100 de notre potentiel de res sources humainea res tent enoore

inutiliees• Nos peuples, qui viennent d1aoceder

A

llindependanoe, brdlent du desir de pl'Ogrseser. Il nous faut mobiliser oet elan en vue du dave- loppement, si l'on veut eviter qu'il se transforme en deception et en desespoir.

Je propose donc que nous autres Afrioains, prsnions l' ini tiative de dresser un programme ooordonne de developpement economique de notre con- tinent. Ce progralllllle exigera un apport massif de capf taux pendant une trentaine dlannees et un apport agalement massif de personnel d1assistanoe technique pendant dix

a

quinze ane , Il engera egalement, et la ohose n'est pas aisee, La oooperation etroite et l'appui oomplet de toutes les nations d'Afrique independantes et en voie de developpement. Ce programme compor- terait quatre aspects essentiels :

a) mise en place d'une infrastructure oontinentale

b) rassemblement et analyse de renseignements eoonomiques

0) expansion de 11' production alimentaire, ainsi que des moyens dIelDllla- gasinage et de commercialisation des denrees alimentaires

d) mise en valeur des ressouroes humaines.

(17)

E!CN.14!L.323

Page 16 •

Je n'ai pas parle explicitement de l'industrialisation, mais vous verrez par la suite que plusieurs des questions dcnt je parlerai sont direotement.liees

a

une industrialisation plus rapide. J1ai deja aborde deux de ~es questions, dane la mesure ou e11es ont un rapport avec le developpement industriel, dane une declaration que j'ai faite recemment

a

Addis-Abeba, lors de la reunion d'industriels st de financiers organises par la CEA. Je me permettrai cependant de revenir sur certains points poUr 3tre plus complet.

(18)

E/CN.14/L.323 Page 17

Le Programme d'infrastruoture oontinentale

En se retirant du continent afrioain, lee puissances coloniales ont laiaae sur place une solide infrastructure qu '11s· avaient edifiee grace

a

de grea investissemontsdans·les sel~ices dent ils avaient besoin pour que le systemecolonial f'onc-tLonne efficaoement et de fagon profitable~

A mesure que les pays,afrioains accedaient

a

l'independanoe, de nouveaux investissements importants ont·ete effectoos afin de oonsolider et de

modernis~r cette infrastructure.

,AUjourd'b,ui, tous les pays africains disposent d'installatione portuairea modernes ou les plus gros navdroe peuvent faire'· eacale pour y etrecharges et decharees, de voies ferrees equipaes d'un materiel roulant efficaco qui :.'Qlicnt 1 'interieur du pays aux porta, d' un reaeau de plUS en pIua ·impc=t~:,:~ de routes modornes, eouvent goudronlleea, qui

desservent·,~,la.foisLes e",re.s de chemin de fer et les porta, de servioes posta1:lX .et. de,.toleco;a:nu.nication effioa-ces, de grands aeroports modernes ou peuvent a1;:terrir les plus gros aviona, de vastes installations de pre- duotion et de distribution de l'energie electrique, dont l'importance augmente rapide:ne~t at aufin, d'administrations gouvernementalea dia- poaant d'un personnel.,S\l.ffiaant.

Mais cette 1nfrcntruoture que·les pays africains ant heritee des puissano~s oolo~iaieg avait essentiellement pour but de faoiliter lea echanges commez-oLaux e11tro'la colonie et La m,§tro:p:le.·

.:[1

s'agissait sur'toutpouroeJ.le-·cide nb,j.ntenir une "sphere d'influence;' et de Her aUBBf:~ffectiveI!;cnt'l'-<C':!lossible SEl:! "pcsueae Lona"

a

son economie na- t1onale.· tes'voie:> fen'eos reliaient l'interiElUr du pais

a

La cate; lee routes devai~nt dcr;:le::-,rir Lee voies ferrees; lesserv-ices postaux et de telecoiI1nl1:ihicatiol1s sc::--:ciccT';'eux alisoi

a

assurer avant tout les communi- cations n~oesSairGs entre la colonie et 10, metropole~ Cette infrastructure liAite:ffectivemei'lt l'Afdque

a

l'Europe, mais c'etait

a

peine si les

territo ires africains pouvaiont ccmmunf.qusz- et CT:'C;:':'~-:' entre aux. 11 n'existait pratiquement aucune voie ferree nl aucune route transvereales reliant lee pays africains los uns aDX autres. Aujourd'hui encore il est pratiquement impossible d'aller d'Addis-Abeba

a

Nairobi autrement que par mer ou par air; les rarchcndisee n6 peuvent pas etre tranaporteee par voie

(19)

E/CN.14/L.323 FQ€e 18

ferrae d'un bout du continent

a

llautre, et les appels t61ephoniques entre de nombreux p~s africains doivent toujourspasser par les oentraux de Londres et de Paris.

La manUre dont cette infrastructure a ete edifiee influe encore aUjourd'hui sur la structure du commerce afrioain. Les echanges se font presque integralement avec des p~s d'autres continents. En fait, un quart de la production africaine est vendu outre-mer et Ie continent importe pour un tiers de ses beaoins. Or, meme dans Ie cas du Royaume-Uni, p~a dont on dit fraquemment qu!i l est tributaire au plus haut point de ses echanges avec l'etranger, lea exportations et les impo.rtations ne repressntent que 18 et 22 pour cent respecti- vement de la production' nationale.

II est evident que, pour leur developpement, tous les continents aont tributaires du commerce avec les autres continentsl maia l'Afrique ne pourra tirer parti de toutes les possibilites qui sloffrent

a

elle sans un developpement rapide duo commerce intra--oontinental 9n.re p~s

voisins. Lea avantages du commerce exterieur sont bien connus, maia en lla.bsence d'une atructure bien developpee et efficace d1eohanges intracontinentaux, l'Afrique pourrait etre dans l'impossibilite dlatteindre au degre de epeoialisation qui lui permettrait de vendre ses produits industriels sur les marohes internationaux et dly soutenir effectivement Ill. conourrenoe. II ne fait auoun doute quI aux Et.ats.~

Unis d'Amerique, 11 expansion rapide de l'economie a co!ncide avec une.

progreasio!\ beaucoup plus rapide du commerce interieur que du commeroe. ' exte.rieur et 11 essor de Ill. Communaute economique europeenne sIexplique .

surtout par Le fait que les paya membres ont realise que lea barr~eres".;·

aux echangea mutuelles ne feraient que retarder Ie developpement.

'l'ant que nous autrea, p~s africains, nous n'aurons pas intensifie nos eohanges oommerciaux, notre industrialisation d8pendra des produits.

de remplacement des importations et de l'elimination des obstacles qui s'opposent, dans les autres continents, aux importations de nos produits industriels et nos produits primaires traitea.

(20)

E/CN.14/L.323 Page 19

Maie la fabrication de produits de remplaoement des importations est l sontouriimiteeen Afrique paries

~bstac1es

physiques et tech- niqu~s qui s'opposent aux echanges intracoritinentaux. L'impqrtance de cette produotionde'pend dans une mesure critiq.ue des dimensions du marchEi eur 1equel elle peut 'etre

eooulee~ ~t

'on se rappelle que La population de nombreuses nationaux africaines est inferieure A celIe -, dee plus grandes villes des Etats-Unis diAmerique, d'Europe et m~me de

~_.'\ : . ' . . . : , . ,',. !. . ,... ',: '... . .

llInde"'25 de'ces nations ont moins de 5 millions d'habitante - on , comprend clairement que, pour e.ooelerer Ie developpement,il Be,t urgent, . . .

'd'intensifier Ie commeece intraoontinental. , I l eet difficile d1imaginer que, tant que oes obetacles phyeiques au commerce n'auront pas ete

surmontes, la fabrioation de produits de remplaoement dee importations jouera, dans Ie developpement, Le r8le important qui a dej~ ete Ie Bien en Amerique latine et en Asie.

Une infrastruoture continentale eolide est egalement indispensable pour intensifier les exportations de produits industriels, mineraux et agricoles. De nombreuses regions du continent manquent enoore dee

moyens economiquee de transport jusqu'aux oates ou de l'energie eleotri- que dont elles ont besoin pour mettre en valeur leurs ressouroes natu- relIes. Par consequent, Ie developpement de l'infrastructure offrira d'innombrables possibi1itee nouvellee. Clest l~ en fait, un dee prinoi- paux moyene d'attirer en Afrique en quantitee toujoure oroieeantee, lee oapitaux prives e trangers qui serviront d' appoint important aux oapitaux publios oonsacres au developpement. Il oonvient toutefois de souligner que, si l'Afrique doit tirer parti de toutes les poesibilitee qui

s'offrent

a

elle, il lui faut obtenir l'abo1ition des barri~res oommer- oialee dans les autres oontinents.

On a jamais ignore l'importanoe de l'infrastructure nationale pour 1e developpement, mais, dans Le cas de l'Afrique, une infrastructure

continentale, suffisamment vaste et solide, eet encore plus indispensable.

Ce probl~me ne se pose pas avec autant d'urgenoe dane les autres continente, oe qui explique peut-etre en partie que lIon n'en ait pas tenu oompte en Afrique, il n'existait, en effet, dans oe domaine auoune experienoe ante- rieure valable dont on aurait pu tirer profit. Pour mettre en place

(21)

E/CN.14/L.323

Page 20

l'infrastructure necessaire, il faudra investir d'enormes oapitaux dana les routes, les ohemins de fer, les voies navigables, les ~orts,

la prOduotion d'energie et les oommunioations. 11 s'agit d'une oeuvre capitale qui exigera una planification economique coordonnee, une

ooo~eration politique at, evidemmant, des capitaur nationaux at strangers. C'est, sans oonteste, ala CEA qu'il a~~artiendrade fournir des conseils d'ordre eoonomique sur la nature de l'infras- truoture raquise, l'c>rdre d'urgel1Qs requis, leryehme d1qecution et les sources possibles de finanoement. La CEA devra egalement prendre l'initiative d'organiser l'effort Oooperatif dont dependra le suoo~s

de oette entreprise.

(22)

E/cN

.14/L. 323 Page 21

La programme d'information

Les plans de developpementOetablis par les pays africains cons- tituent une demonstration de oe qu'il est possible de faire dane un sene poeitif, en se fondant sur un ensemble tr~s limite de reneei- gnements. l~is ohaque plan de developpement souli&~e qu'il est urgent de reoueillir des donnees plus nombreuses si l'on veut mettre au point des plane mieux oon~us et plus effioaces, et en assurer l'execution dans les delais fixes. Les sources d'aide demandent frequemment des renseignements qui ne sontpas disponibles sur le champ; les inves- tisseurs eventuels s'enqui~rentdes possibilites existantes, dont nous ne savons nous-m~mes frequemment presque rien; les statietiques qui nous permettraient d'evaluer les progr~s realises sont fragmentaires et ne sont souvent obtenues que trop tard pour ~tre vraiment utiles. Ce n'est pas seulement la planification nationale, mais aussi la planifi- cation de l'infrastructure continentale, qui exi8ent la mise au point d'un s~st~me beau coup plus efficace de rassemblement des donnees de base.

Les ressources potentielles oonnues de l'Afrique sont immenses et insuffisamment ex~loitees. 11 est egalement vrai que, pour une bonne part, nos ressources sont encore inconnues ou n'ont pas ete evaluees avec

exactitude. II est done indispensable que nous entreprenions une etude intensive et a)profondie de nos ressouroes naturelles. Cette etude devra d'ailleurs ~tre executee parall~lementAla planification de notre infrastructure continentale, car c'est seuleQent en tenant compte de nos possibilites de production et ce commercialisation que nous pourrons determiner l'emplacement le j,llus rentable pour nos moyens de transport et nos centrales electriques. Pour que le probrarnme puisse.@tre mie en oeuvre d'emblee, il est, en mati~re d'infrastructure, de nombreux be s o.i.ne evidents auxque Ls nous devons orej,londre dans l'immediat, maaa la forme que prendra en definitive l'infrastructure africaine dependra en partie de la connaissance que nous aurons des ressources utilisables. Je ne parle pas seulemellt ici des ressources rm.ne ra Les , Hous llevons aussi mieux connaftre nos bas ai.nc :::.iviaux et determiner les meilleurs moyens de

repartir nos ressources hydr-auLi n_np~ pY;~.:~ 1A~ I'a;)s °et entre les diverses

(23)

E/CN.14/1.323 Page 22

utilisations : irrigation, production d'energie, transports et conser- vation. Notre connaissance des sols et des precipitations Bst, elle aussi, limitee. 1es efforts que nous deploJons pour mieux connattre nos ressources materielles doivent accompagner de vastes enqu~tes

sur l'utilisation des sols, qui nous permettront de donner des conseils plus valables aux agriculteurs et de prendre des decisions plus judi- cieuses quant aux autres usabos possibles des terres.

Nous connaissons etonnamment peu de choses de nos ressources humaines; il arrive m~me, dans maintes regions, que la population ait ete evaluee au juga. Nos statistiques des naissances et des dec~s sont

~ peu pr~s inexistantes et nous ne sommes gu~re plus au courant des mouvements de migration et des mentalites des populations. Bt pourtant, le developpewent a precisement pour but d'ameliorer les conditions de vie de.ces populations, dont nous ne connaissons que si peu de choses.

11 ne faut pas que les operations de rassemblement et de classement des statistiques en ~'rique soient freinees par une volonte de s'en tenir ~ des methodes demodees. Puisque nous ne faisons que commencer ce travail, il nous est possible de recourir d~s Ie debut aux techniques les plus modernes et les plus efficaces. Nous pouvons nous entendre sur des methodes uniformes de rassemblement et de classement des statis- tiques, en utilisant eventuellement un s.st~me de gTilles recouvrant toute l'Afrique, nous pouvons creer dans Ie continent plusieurs centres de rassembleuent des statistiCJ.ues ·oil les donnees pourront ~tre enref',is- trees sur bandes magnetiques et anal~ees au moyen d'ordinateurs modernes.

II y a l~ d'ailleurs une des applications les plus evidentes de la tech~

nologie modeme en Afrique, puisqu'elle nous permettra, dans ce cas precis, d'accomplir un travail de base tr~s important dans les delais les plus brefs.

~sis ee travail de rassemblement et de elassement des statistiques n'est pas une fin en soi. II n'est utile que pour It~nalyse et la diffusion des renseignements, et paree qu'il permet de prendre des decisions plus judicieuses. Je ne pense pas ici seulement aux gouvernernents, mais aussi aux decisions quieeront priees dans le

~--_._---_._----'._,---_._--_ _ _ _ _ _ , _ _~ I•• "'"

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secteur prive, surtout en ce qui..'concerne les investissements dans l'industrie. La contribution du secteur industriel au·revenu .national des pays africains est tr~s peu importante. La production industrielle de l'Afrique tout enti~re, exception faite de l'Afriquedu Sud, est, en fait, inferieure ~ celle de la SU~de; sa contribution au revenu national global nIest que de 14 pour 100, alors quIelle atteint de 20

~ 30 pcurlOO en Amerique latine et de 40 ~ 50 pour 100 dans les pays developpes. Comme je l'ai dej~ dit, si l'amelioration de l'infras-

structure du ccntinent doit ouvrir de nombreuses possibilites de develop- pement industriel, neanmoins nous devons aussi nous attacher ~ faire bien connaitre et comprendre ces pos s Lbi Ld.te s , Dans de nombreux paya

i~dustrialises, c'est le secteur prive, avec la rivalite effrenee que cause l'app~t du bain, qui est pr~t d'emblee ~ determiner et ~ evaluer les 1'0ssibilites industrielles. Join fait, au depart, dans de nombreux pays africains, on a suppose que l'on pouvait bien laisser cette t~che

au ·secteur prive , Mais l' experionce a morrtr-e que si l' on ne oompte que sur ce seoteur pour decouvrir les possibilites d'industrialisaticn, cette industrialisation ne sera pas assez ra;ide pour avoir des reper- cussions sensibles sur la pauvrete et le sous-developpement. Tout d'abord, oomme les entrepreneurs locaux manquent, ceux qui n'ignorent rien des ressources et des aspirations de I' Afrique, sont incapables de dega6er et d'evaluer de nombreuses possibilites d'industrialisation et d'en tirer parti. Deuxiemement, les industriels et les financiers strangers ne s'etant pour la plupart jamais rendus en Afrique, ils doivent, pour determiner la rentabilite d'un projet afrioain, passer beau coup pLus de temps et depenser beaucoup plus qutil ne leur faudrai t dans leur paJs natal avec les conditions qui leur sont familieres. Bu egard aux conditions propres ~ l'Afrique, il est done maintenant

absolument indispensable, pour aider les futurs investisseurs etra~gers et locaux, de consacrer plus de temps et d'argent ~ l'etude et ~

l'evaluation des possibilites industrielles.

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Dane ce domaine, la CEA a deja fait beaucoup d'etudes qui ont pexmis de determiner de nombreuses possibilites dans les sous-regions, d'estimer la consommation future de nombrewe produits, de mettre en lurniBre certaines ressources en matieres premieres et de proposal' les emplacements a ohoisir pour creer oertaines industries. Par ailleurs, les diversesbanques africainas de developpement et parfois das con- sultants specialement engages ont fait des etudes analogues, mais, d'ampleur bien moindre.

Ce qui a ete fait est purement et simplement insuffisant. A l'avenir, si l'on veut que l'industrialisation soit rapide, on doit s'organiser miaux pour determiner et evaluer les projets industrials, afin essentiellement de faire connaltre les possibilites qui existent en Afrique awe investisseurs aussi bien etrangers que Locaux qui les ignorent totalement.

Le mois dernier, lors de la Conferenoe des industriels et des

finanoiers qui s'est tenue

a

Addis-Abeba, j'ai suggere que l'on envisage serieusement de creer des oentres d'etudes sur les possibilites de reali- sation dans les zones les plus importantes de toute 1'Afrique. Ces

centres qui etudieraient les possibilites d'industrialisation et deter- mineraient la rentabilite de projets plein de promesses, rendraient service awe gouvernements sans realiser de benefices et, Ie moment venu, direotement aux investisseurs prives. Chanun de ces centres aurait

1) determinsr et etudier les possibilites d'industrialisation;

2) effeotuer des etudes de rentabilite concernant:

a) les prix de revient et les methodes de produotion;

b) la commeroialisation et les problemas de gestion;

0) la contribution possible des projets au developpe- ment;

d) Ie cas echeant, la nature de la cooperation sous- regionale requise;

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,~,~., ~,',"-'

...

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e) les souroes possibles de finanosment et de gestion et

f) ladetermination des degres de pr-ot ectLon ou dEl 'subvention compat LbLaa avec la rentabili te,

3) aider ~ identifier les investisseurs etrangers et looaux interesses et

a

negooier aveo aux;

4) ,?ompleter les evaluations ~ mesure que les projets avanoeront.

'·La CEA paurrait creer de tels centres ou patronner leur creation. D'aiUeurs, le Secretaire exe cuti f de la CEA a saisi le.

Confer~ce d'un rapport dans lequel il reoommandai t de creer deE< oentres de do,eumentation et de promotion industriellss.. 11 f'au't appuyer oett'e recommandation et les associations nationales et internationales'du .commerce et de l' industrie doivent participer activement ~ la creation

"deces oentres -. 'Apres tout, puisque lee .investisseurs prives profita..

,rontdes travaux des centres, ils ne doivent pas hesiter ~ contribuer, enSSl,Dble: sinon separement, ~ leur fonctionnement. Ell outre, ces. associa- tions faoiliteront tres oertainement le reorutement de peraonnel competent ,et de. oonmxltants speoialises.

Quant'au trois~me aspeot du programme qui vise'~ Gambler les lacunas das'renseignements, il interesse l'intensification de nos

acti'vi tes de reoherche. 'I',eventail des problemes

a

resoud±-e en Af'i-iqUe est large' 9t c ' est ssuhimentsn groupant rationnellement nOB efforts

'. ' , . , I " . , . , ' -"'. "

de reoherohe que nous cbt Lendr-cna 19's" solutions dp.sirees. Cas' efforts devront porter potamment sur trois domaines: nutrit;ion et production alimente-ire, .,ed1;1,cation et formation, problmnes economiques et SO<l!l.aUX

du developpement. , 0 0 . '

3i nous voulons ame'liorer l' alimeiltation de nos popuiatiohs et·

reduire ia mor'talite infantile, il nous faut de toute urgence,' gr&oe

a

1a recherche, trouver de meilleurs produits etaUgm~nter la vale~

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nutritive de ce que nous produisons dej~. Ce qu'il faut aussi, pour augmenter nos ressources alimentairea, c'aat trouver et utiliser de meilleursl varietes de produits, ameliorer les methodes de culture, d'entreposage et de conservation. Ii est,particulierement indispensable en Afrique de faire des redherche sur la recuperation ,et l'utilisation des terres arides. II faut aussi que les hommes de science nous aident

a

eliminer les maladies des recoltes dues aux insectes et

a

reduire les dommages causes par les rongeurs, leequ91s detruisent plus du tiers de nos cultures avant la recolte. Le progres

a

faire dans cas domaines ns sont pas seulement essentiels au deveLoppementj ils sont ellsentiels

a

notre existencememe.

Les methodes actuelles de formation sont aussi bien perimess

qU'inadaptess

a

nos besoins. L'enseignementpar assimilation mecanique et les examens qui portent souvent sUr des'matieres inutiles, sont devenus sans 'objet en soi , 11 ncus faut etudier Le processus d" assi- milation, les moyens de deceler les aptitudes, les ~ethodes d'enseigne- ment et les programmes pour nous permettre d'eduqusr un plus grand nombre de gens, de Iss eduquer mieux 'et plus vi te sans depimser davan t.age ,

Dans les pays lea plus avanoes, on oonstate un certain gaspjllage de l'enseignsment, mais ces pays psuvent se- permettre de gaspiller - nous ne Ie pouvons pas. 3i nous voulons utiliser au mieux leseffectifs, dont nous disposons, il nous faut etudier la fa~on dont noue pouvone, en dehors des eystemes habitue Ie , enseigner: et former ot dont nous _, pouvons creer, chez certains, des qualites, telles que l'integrite,

l'imagination et l'esprit d'initiative.

Enfin, nous devonsnous lancer dans des recherches apprcfondies, faisant intervenir plusieurs disciplines sur les problemesso6iaux et economiques qui sont lies au developpement. Comment adapter au'mieux les techniques moderneil

a

nos besoine?, POUVOl:lll-nOUS resoudre le probleme du chomage quiaugmente? Les politiques et les,mesUfes fiscales que nous avens empruntees aux pays industrialises", le/ilquels ont de gros capitaux, manquent de main-d'oeuvre et n'ont pas de lleoteur de subsistence, sont-ellee faites pour nous? Pouvons-nous assurer une

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distribution des revenus qui permette d~ repartir convenablement la pr..oliuction agricole entre tous les elements de La population?

Est-il preferable pour chacun d'entre nous de cherchera vivEe sur sa propre production ou de se specialiser et d'echanger ses produits contre d'a\ltres? . Comment modifier des traditions incompatibles avec le developpement? Quels son t les effets d't;ne evolution rapide sur Laa valeurs morale.s et oulturelles de nos populations? A cette liste, chacun d'entre vous pourrait ajouter des questions tout aussi impor- tantes, mais ou se trouve l'effort de recherche intensif requis pour obtenir des reponses

a

ces questions?

Je pense qu'en Afrique, i l ncus faut creer au mo ixs un :Lrtstitut important de recherche assez vaste pour ohac~~e de ces trois series de problemes, c'ect

a

dire trois oentres. Le centre de recherche sur les produits alimentaires qui vient d'etre ouvert en Nigeria est un commencement, m~is ou sont les autres? Nous ne pouvons pas dependre des recherohes faites

u

l'etranger. 8i les problemee que j'ai evoqu&s sont en quelque sorte des problemes internationaux, ils n'~ ont pas moins des caracteristiques ~i sont propres a l'Afriqu~. On n£ peut pas directement appliquor

a

l'agriculture tropicale les recherch&s faites sur 1'agriculture europeenne; il est evident que les systemes d'enseignement des pays industri~lisespresentent des inconvenients en Afrique; enfin, les politiques economiques elaborees dans les pays A l.'economie pleinement exploitee n'ont guere d'utilite pour noue , O'est ioi que nuus devons faire des recherches et non ~ Paris, ni A Londres pas plus quta Yale OU A Harvard. Nous avons envoye sans que ce soit toujours de bon gre plusieurs de nos meilleurs elements que.

nous pouvons mal nous perm~ttre de perdre, pour renforeer le personnsl des eadres superieurs des pays les plus avances. Les instituts dont js propose La creation peuvent eontribuer 11 renverser la t<mdance.·

3i ~cur cet'aspec~ du programme d'information, les fondations.peuvent nous apporter une ai~e immonse, i1 n'en deumeure pas moins qu'il

s'agi.t d'yn investissement qui doit mer iter de la part ~e l'Assooia- tion internationale de developpement, un appui financier, sous forme de subventions.

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