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Les syndicats en déclin dans un monde du travail en mutation

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N° 01

03/22

Les syndicats en déclin dans un monde du travail en mutation

Au 20ème siècle, les syndicats se sont imposés comme des acteurs importants du dialogue social et de la négociation de conventions sociales. Ces dernières années, la diminution de la production de masse à forte intensité en main-d’œuvre, la transformation économique induite par le progrès technique et la digitalisation, ainsi que l’émergence des nouvelles formes de travail ont amenuisé le poids des syndicats. Cette désyndicalisation s’observe dans presque tous les pays de l’OCDE. Au Luxembourg, malgré l’augmentation du nombre de salariés, la part des syndiqués parmi les salariés résidents a diminué de plus d’un tiers au cours de la dernière décennie pour s’établir à 25 % en 20191.

Une évolution hétérogène des adhésions syndicales

Selon l’OCDE (Graphique 1), 152 000 personnes étaient membres d’une organisation syndicale luxembourgeoise en 2010 (y compris les frontaliers) dont 20% étaient à la retraite. Ce chiffre est monté à 162 000 personnes en 2017 et a chuté à 154 000 personnes en 2019. Par rapport à 2010, on constate une hausse de 1.3% en chiffres absolus, et une baisse de 5.4% par rapport à 2017.

Comme indiqué dans le tableau 1, l’OGBL était le principal syndicat en 2019 avec presque la moitié des syndiqués au Luxembourg (45%), suivi par le LCGB avec 26%, la CGFP avec 19%, suivent ensuite l’ALEBA et les autres syndicats du secteur de la banque et de l’assurance (7%) ainsi que le FEP/FITC (3%).

Organisation syndicale

% total des membres en 2019*

OGBL Confédération Syndicale Indépendante du

Luxembourg 45.4%

LCGB Confédération Luxembourgeoise des Syndicats

Chrétiens 25.9%

FEP/FITC Fédération des Employés Privés/Fédération

Indépendante des Travailleurs et Cadres 2.7%

CGFP Confédération Générale de la Fonction Publique 19.5%

ALEBA Association Luxembourgeoise des Employés de

Banque et d’Assurance 6.5%

Note : ces chiffres incluent les frontaliers et les retraités. Source : OCDE

*En pourcentage de la population syndiquée

1 Cette densité syndicale (ou taux de syndicalisation) est la fraction des travailleurs salariés qui sont affiliés auprès d’une organisation syndicale. Les chômeurs et les travailleurs indépendants sont exclus de la définition.

GRAPHIQUE 1 : UNE ÉVOLUTION HÉTÉROGÈNE DU NOMBRE DE MEMBRES SELON LES ORGANISATIONS SYNDICALES

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Total des syndiqués (en milliers)

nombre de syndiqués par syndicat (en milliers)

OGB-L

LCGB

FEP/FITC CGFP (public)

ALEBA & autres (banques/ass.) Total

Note : ces chiffres incluent les frontaliers et les retraités. Source : OCDE

La part des employés couvert par des conventions collectives négociées entre les syndicats et les employeurs est restée stable entre 2010 et 2018 (graphique 2). 60% et 59% des salariés2 étaient couverts respectivement en 2010 et 2018. Dans les secteurs de l’administration publique et de l’enseignement, ce pourcentage atteint même plus de 90% en 2018. Autrement dit, les syndicats ne semblent pas avoir perdu de leur importance3, même si la couverture est très faible dans quelques branches comme l’horeca, les TIC et les activités professionnelles et scientifiques comme les activités juridiques, comptables ou bien la recherche.

2 Agriculture, sylviculture et pèche, les activités des ménages en tant qu’employeurs et les activités extraterritoriales sont exclues.

3 Cf. Thomas, A. et al. (2020) Luxembourg: an instance of eroding stability? In: Müller, T. et al. (2020). Collective bargaining in Europe:

towards an endgame, Vol. II, ETUI, 403-320.

(2)

Pourtant, le phénomène de « free-riding » peut entraver la syndicalisation4. Ce phénomène peut s’observer quand les acquis sont négociés au niveau sectoriel ou national, p.ex.

lors d’une augmentation des salaires, les travailleurs non syndiqués en profitent également et peuvent être moins incités à se syndiquer.

GRAPHIQUE 2 : STABILITÉ DE LA COUVERTURE PAR DES CONVENTIONS COLLECTIVES POUR LA GRANDE MAJORITÉ DES SECTEURS

0 20 40 60 80 100

% de salariés couverts par une CCT 2010

2018

Note : les conventions collectives sont les accords conclus entre employeurs et salariés d’une entreprise ou d’un secteur afin d’adapter les règles du Code du Travail aux besoins plus spécifiques. *Secteur public : le statut du fonctionnaire/employé public est assimilé à une convention collective.

Source : STATEC-Enquête sur la structure des salaires 2010 et 2018 prenant en compte les frontaliers.

Une désyndicalisation mondiale accentuée au Luxembourg

Au cours de la dernière décennie, le marché du travail luxembourgeois a augmenté plus vite que le nombre de syndiqués. Il est donc important d’examiner la part des travailleurs salariés qui sont affiliés auprès d’une organisation syndicale. Cette densité syndicale basée sur les chiffres de l’OCDE, incluant les frontaliers, est passée de 36% en 2010 à 28% en 2019 (graphique 3). Ce phénomène de désyndicalisation est encore plus significatif chez les résidents du Grand Duché où le taux de syndicalisation a baissé de 40% en 2010 à 25% en 2019 (graphique 3)5. En 2019, seul 1 travailleur résident sur 4 était affilié auprès

4 Murphy, R. (2020). Why unions survive: understanding how unions overcome the free-rider problem. Journal of Labor Economics, 38(4), 1141-1188.

5 Cf. Ries (2011) Regards sur la syndicalisation au Luxembourg, Regards 12-2011, STATEC, https://statistiques.public.lu/catalogue- publications/regards/2011/PDF-12-2011.pdf.

d’une organisation syndicale selon les auto-déclarations6. Le taux de syndicalisation a chuté fortement d’un tiers lors de la dernière décennie.

Malgré cette tendance à la désyndicalisation, la durée moyenne de l’adhésion à un syndicat reste plutôt stable.

Elle était de 14 ans en 2010 et se situe à 15 ans en 2019.

La moitié des employés membres d’un syndicat étaient affiliés pour une durée comprise entre 5 et 34 ans.

GRAPHIQUE 3 : LA DENSITÉ SYNDICALE DES RÉSIDENTS BAISSE D’UN TIERS AU COURS DE LA DERNIÈRE DÉCENNIE

39,6

25,3 36,1

28,2

17,8

15,8

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Densi syndicale (% syndiqués/salars)

LU : résidents (autodéclarations, EFT) LU : résidents et frontaliers (adhesions, OCDE) OCDE - moyenne

Note : les mesures de la syndicalisation se basent sur deux méthodes différentes. L’OCDE collecte les chiffres auprès des confédérations y inclus les frontaliers. L’enquête sur les forces de travail (EFT) se fonde sur les auto- déclarations des salariés résidents âgés de 15 ans et plus. Source : STATEC- EFT et OCDE.

Au Luxembourg, la baisse de la densité syndicale est plus forte (de 39.6% en 2010 à 25.3% en 2019) que dans le reste de l’OCDE (graphique 3)7. La moyenne de l’OCDE poursuit également une tendance baissière passant 18% en 2010 à 16 % en 2019. Bien que les niveaux de syndicalisation parmi les différents pays varient fortement, on note dans la majorité des pays de l’OCDE et dans tous les pays de l’UE, un fléchissement de la densité syndicale. (graphique 4). Cépendant, le niveau de syndicalisation au Luxembourg reste bien au dessus de la moyenne de l’OCDE.

6 STATEC : enquête sur les forces de travail (EFT) fondée sur les auto- déclarations des salariés résidents âgés de 15 ans et plus.

7 Source : OECD (2021) Trade Union Dataset (ICTWSS database), https://

stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=TUD ; Noter que certains pays-années ne sont pas disponibles.

(3)

GRAPHIQUE 4 : LA DENSITÉ SYNDICALE DES RÉSIDENTS RESTE AU- DESSUS DE LA MOYENNE DE L’OCDE

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Densité snydicale en %

2003 2019

Note : 2018 si 2019 pas disponible, France : 2016. Source : OCDE

Les études et les experts ont mis en évidence que la désyndicalisation dépend largement de l’organisation des marchés du travail nationaux et des cadres réglementaires en vigueur. Cependant, un premier facteur commun est la démographie. Les cohortes plus jeunes sont moins enclines à se syndiqués et remplacent les travailleurs plus âgés avec des attitudes plus pro-syndicats. Deuxièmement, les restructurations économiques, comme les changements technologiques, la désindustrialisation et la digitalisation aussi bien que les privatisations ont diversifié les emplois et créé une main d’œuvre plus hétérogène8.

La désyndicalisation des résidents varie fortement selon la nationalité, l’âge, le type de contrat et le secteur économique

Parmi quels groupes de salariés, l’adhésion syndicale s’est- elle érodée le plus rapidement ? Les analyses qui suivent sont basées sur l’Enquête sur les forces de travail (EFT), qui n’inclut que les résidents du Grand-Duché.

8 Jolly C. (2018) Collective action and bargaining in the digital age, in Neufeind M., et al. (eds.) Work in the digital age. Challenges of the fourth industrial revolution, Oxford, Rowman & Littlefield.

Aujourd’hui il n’y a que peu de différences entre les sexes :

DES FEMMES

24%

DES HOMMES

27%

PARMI LES RÉSIDENTS ET AYANT UN EMPLOI ONT ÉTÉ MEMBRES D’UN SYNDICAT EN 2019

La chute de la syndicalisation était plus forte parmi les hommes que parmi les femmes réduisant légèrement les inégalités de genre dans la syndicalisation (voir section suivante).

Par contre, la nationalité est un facteur où le degré de syndicalisation diverge. Les syndicats sont beaucoup mieux représentés parmi les Luxembourgeois (39%) que parmi les employés avec une autre nationalité. La forte syndicalisation parmi les travailleurs luxembourgeois pourrait partiellement s’expliquer historiquement par le fait que ces travailleurs ont été au centre de l’approche plus protectionniste des syndicats luxembourgeois dans le passé9. Le haut niveau et la stabilité relative de la syndicalisation des Luxembourgeois s’observe aussi dans le secteur public.

Nous voyons également une stabilité relative parmi les Belges et les travailleurs à temps partiel, même si leur niveau était plus bas en 2010. La différence entre les travailleurs à temps plein et à temps partiel est devenue négligeable en 2019 (25% vs. 27%) ; les travailleurs à temps plein ont rattrapé les travailleurs à temps partiel.

9 Scuto, D., Maas, J., Krier, F., Sauer, A. (2016). 100 Joer fraï

Gewerkschaften 1916-2016: Contributions à l’histoire du mouvement syndical luxembourgeois. Éditions Le Phare.

des luxembourgeois

Ils sont également autant à temps partiel qu’à temps complet.

des travailleurs dans l’Administration publique des actifs en CDI En 2019,

parmi les résidents :

39%

51%

27%

TEMPS PLEIN

TEMPS PARTIEL

25%

27%

sont membres d’un syndicat.

(4)

∫ Les personnes ayant un contrat à durée indéterminée (CDI) sont aujourd’hui environ 3 fois plus souvent affiliés à un syndicat que les personnes ayant un contrat à durée déterminée (CDD) (27 % vs 8 %).

∫ Les cols blancs qualifiés sont moins souvent membres d’un syndicat (37 % en 2010 et 22 % en 2019) que les autres travailleurs (42% et 31 % respectivement), et cette différence s’est accentuée au cours de la dernière décennie.

∫ Les dirigeants et les cadres, qui font partie des cols blancs qualifiés, sont avec 18% en 2019 peu syndiqués.

∫ Les salariés ayant un diplôme universitaire sont en moyenne moins enclins à s’affilier auprès d’une organisation syndicale que les salariés ayant obtenu au plus un diplôme d’études (post-) secondaires.

Une véritable chute de la syndicalisation - de moitié ou plus en comparaison avec le niveau antérieur - s’observe pour les salariés résidents :

De nationalité française et des « autres » nationalités De moins de 35 ans

Avec un contrat

temporaire (ayant un CDD) Ayant un travail posté

Dans ces groupes, la densité syndicale s’est réduite de moitié.

GRAPHIQUE 5 : UNE SYNDICALISATION ÉLEVÉE ET PERSISTANTE DANS LE SECTEUR PUBLIC, PARMI LES TRAVAILLEURS RÉSIDENTS AVEC UNE LONGUE ANCIENNETÉ, ET CEUX DE NATIONALITÉ LUXEMBOURGEOISE

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Hommes Femmes LU BE DE FR PT autres 15-34 35+ non-tertiaire tertiaire privé public Plein temps Temps partiel CDI CDD autres cols blancs qual. Non Oui <5 ans 5-14 ans 15 ans et plus <=10 pers. 10+ pers.

Genre Nationalité Age Educa

tion Secteur Degré Contrat Statut Travail

posté Ancienneté Taille entreprise

Densi syndicale

2010

2019 Légende

Note : salariés résidents âgé 15 ans et plus. Ancienneté : durée d’emploi chez l’employeur actuel. Secteur public : administration publique. Source : STATEC-EFT 2010-2019 (résidents).

(5)

En raison de sa structure organisationnelle homogène, du faible changement de personnel et de la moindre opposition des employeurs, le niveau de syndicalisation dans le secteur public est généralement plus élevé que dans le secteur privé10. En 2019, 1 salarié sur 2 était membre d’un syndicat dans l’administration publique (graphique 5). Dans le secteur privé, c’est la moitié, 1 salarié sur 4. La baisse entre 2010 et 2019 était plus forte dans le secteur privé que dans le secteur public.

La syndicalisation dans le secteur privé varie aussi fortement parmi les différents secteurs d’activité (graphique 6). Les salariés des secteurs d’activité scientifique et technique, de l’horeca et des activités extraterritoriales sont les plus réticents pour s’affilier auprès d’une organisation syndicale. Les secteurs économiques avec les plus grands pourcentages de membres syndiqués, après l’administration publique, sont l’enseignement (public et privé) et le secteur du transport et stockage. Le taux de syndicalisation a diminué dans presque tous les secteurs économiques entre 2010 et 2019. Des baisses disproportionnées ont été enregistrées dans le secteur du transport et de la manufacture.

GRAPHIQUE 6 : LE SECTEUR DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE ET DE L’ENSEIGNEMENT (PUBLIC/PRIVÉ) BIEN REPRÉSENTÉS PAR LES SYNDICATS

Manufacture Electricité

Eau, déchets

Construction

Commerce

Transport

Horeca TIC

Finances

Immobilières Act. professionnelles,

scientif.

Services administratifs/

soutien

Administration publique

Enseignement privé

Santé Arts

Autres services Activités de

menage Activités extraterritoriales

R² = 0,7302 0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Densité syndicale en 2019

Densité syndicale en 2010 Note : Salariés seulement. Enseignement : public et privé. Droite de régression : R²=.730. Source : STATEC-EFT 2010-2019 (résidents).

10 Checchi, A. et al. (2012): Using basic personal values to test theories of union membership, Socio-Economic Review, 10, 4, 683-703.

Qui sont les non syndiqués ?

A l’instar de la densité syndicale, la comparaison des profils des salariés résidents syndiqués versus les salariés non- syndiqués du graphique 7 permet de voir dans quelle mesure les syndicats sont représentatifs des différents groupes de main-d’œuvre.

Une fois de plus, les plus grandes différences entre les profils des salariés affiliés et non affiliés auprès d’un syndicat concernent la nationalité. Seul 37% des non-syndiqués (barre rouge) sont de nationalité luxembourgeoise et à l’inverse 63% des non-syndiqués ont une autre nationalité.

On note 70% de Luxembourgeois parmi les syndiqués (barre transparente rose) contre 30% pour le groupe des autres nationalités. 13% des salariés non syndiqués sont de nationalité française et seulement 4% des salariés syndiqués sont de nationalité française. La tendance est similaire pour les jeunes de moins de 35 ans (40% contre 22%) et les personnes employées depuis moins que 5 ans dans leur entreprise (54% contre 26%). Les différences par rapport aux autres caractéristiques sont moins prononcées. Les membres et non-membres sont similaires en ce qui concerne leur genre, leur degré de travail (plein temps ou temps partiel) et le pourcentage de travail posté et de superviseurs.

GRAPHIQUE 7 : 2 NON-SYNDIQUÉS SUR 3 SONT NON- LUXEMBOURGEOIS, ALORS QUE 2 SYNDIQUÉS SUR 3 SONT DE NATIONALITÉ LUXEMBOURGEOISE

53 37

40 38 46

63 92 84

88 54 22

70

47 63

60 53

54 37

8 16

12 30 78

30 9

15

0 20 40 60 80 100

Sexe : Hommes/femmes

Nationalité : LU/non-LU

Age : 15-34 ans/35 ans et plus

Statut civil : célibataire/marié(s)/divorcé

Education : Non-univ./universitaire

Col blanc qualifié/autre

Secteur privé/public

Plein temps/temps partiel

Contrat : CDI/CDD

Ancienneté :

<5/5-14/15 ans et plus Taille d'entrprise : <10 personnes/10 ou plus

Superviseur: Oui/non

% des non-syndiqués/syndiqués Profils des non-syndiqués et des syndiqués en 2019

Non-syndiqués Syndiqués

Note : voir notes du graphique 5. Source : STATEC-EFT 2010 et 2019 (résidents).

(6)

Le profil des adhesions en lente évolution

Contrairement au tissu économique luxembourgeois, le profil des syndicats n’a que peu changé depuis 2010 (graphique 8). La part des non-luxembourgeois parmi les salariés syndiqués n’augmente pas, tandis qu’une progression pourrait être attendue en raison de l’afflux de migrants au cours de la dernière décennie. Par contre, les syndicats enregistrent une augmentation de membres en possession d’un diplôme universitaire. Les syndicats comptent aussi un peu plus de femmes qu’auparavant. Le pourcentage de jeunes travailleurs (moins de 35 ans) parmi les membres d’un syndicat a baissé de 26% à 22%. En 2010, 4 syndiqués sur 5 étaient des salariés du privé. Leur part est grande, car le secteur public ne représente qu’une fraction de l’ensemble de l’économie. Cependant, du fait de la désyndicalisation plus rapide des salariés du privé, leur prévalence diminue lentement atteignant 76% en 2019.

GRAPHIQUE 8 : 22% DES RÉSIDENTS SYNDIQUÉS ONT MOINS DE 35 ANS EN 2019

56

70

22

27

65

53

76

83

97

26

16

28

44

30

78

60

35

47

24

17

3

36

84

72

13

39

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Sexe : Hommes/femmes

Nationalité : LU/non-LU

Age : 15-34 ans/35 ans et plus

Statut civil : célibataire/marié(s)/divorcé

Education : Non-univ./universitaire

Col blanc qualifié/autre

Secteur privé/public

Plein temps/temps partiel

Contrat : CDI/CDD

Ancienneté : <5/5-14/15 ans et plus

Taille d'entreprise : <10 personnes/10 ou plus

Superviseur : Oui/non

% des syndiqués La composition des syndicats 2019 et 2010

2019 2010

Note : voir notes du graphique 5. % pour 2019. Source : STATEC-EFT 2010 et 2019 (résidents).

(7)

GRAPHIQUE 9 : LA NATIONALITÉ EST LE DÉTERMINANT LE PLUS IMPORTANT DE LA SYNDICALISATION

0% 10% 20% 30% 40% 50%

LU

BE

DE

FR

PT

autres natio.

Age: 15-34

35+

Education non-tertiaire

Education tertiaire

Secteur privé

Secteur public

Ancienneté: <5 ans

5-14 ans

15 ans et plus

CDI

CDD

Pas resp. supervision

Supervision

Taille entreprise <=10 pers.

10+ pers.

NationalitéAgeEducationSecteurAncienneContratSupervisionTaille d'entreprise

Probabilités prédites d'affiliation syndicale

Note : Résultats basés sur régession logistique. Voir notes du graphique 5.

Source : STATEC-EFT 2010 et 2019 (résidents).

Considérant plusieurs caractéristiques, un salarié luxembourgeois ayant travaillé depuis 5 ans maximum dans le secteur privé par exemple a une probabilité de 0.22,

Les déterminants de l’affiliation aux syndicats : stabilité dans un contexte changeant

« Au cœur même de l’action collective de la syndicalisation se trouve la décision individuelle de la soutenir »11. En résumé, la propension à l’affiliation syndicale varie le plus selon la nationalité, l’ancienneté, le secteur et le type de contrat12. Les caractéristiques comme le genre, le degré du travail (plein temps ou temps partiel) et le type de « col » ne jouent pas un rôle signifiant - ce sont des effets indirects des autres caractéristiques13. Une grande partie de l’écart entre les groupes nationaux s’explique par le fait qu’ils travaillent dans des secteurs économiques différents. Dans les branches comme l’horeca, le commerce et aussi les TIC et la finance, il y a typiquement une syndicalisation plus faible que par exemple dans l’enseignement ou l’administration publique (cf. graphique 5). Même si on compare des travailleurs ayant des caractéristiques similaires dans le graphique 9 (pas seulement les moyennes de leur groupe comme dans les sections précédentes), l’écart de syndicalisation entre les nationalités reste très grand.

Toutes autres caractéristiques considérées, la probabilité d’être syndiqué est de 0.38 pour les Luxembourgeois mais seulement de 0.13 pour les Français. La syndicalisation prédite des salariés résidents avec nationalité portugaise (0.23), belge (0.21), allemande (0.16) ou autres (0.15) se trouve entre ces deux groupes. Pour les jeunes de moins de 35 ans la probabilité de s’affilier est moindre (0.24 contre 0.32) mais l’âge explique moins de différence si l’on considère les différents autres facteurs personnels ou liés à l’emploi.

11 Wheeler, H. N., & McClendon, J. A. (1991). The Individual Decision to Unionize. The state of the unions, p. 47. [traduction par l’auteur]

12 Afin de savoir quels facteurs influencent le plus la décision d’adhérer à un syndicat, nous prenons simultanément en considération toutes les caractéristiques individuelles dans une régression logistique (graphique 9).

13 Ce modèle décrit l’effet global de ces facteurs chez les salariés.

Cependant, certains effets varient selon la nationalité. On voit p.ex.

que l’effet négatif de l’éducation universitaire existe que pour les non- Luxembourgeois, notamment les Belges et les Français.

(8)

en comparaison avec 0.06 d’un salarié français dans la même situation. Par contre, un salarié avec la nationalité portugaise ou belge ayant travaillé 15 ans ou plus dans le secteur public a une chance sur deux d’être syndiqué.

Le niveau d’éducation atteint ou la responsabilité de supervision jouent un rôle relativement mineur.

Même si les facteurs liés à la migration sont identifiés comme les plus importants ici, l’explication du mécanisme sous-jacent est plus complexe. Les différences qui restent inexpliquées peuvent être dues à d’autres caractéristiques non observées. Le rôle des attitudes pro-syndicales, les spécificités culturelles du pays d’origine et d’autres facteurs comme les connaissances linguistiques ou institutionnelles devraient être examinés.

Conclusion

En comparaison internationale, le Luxembourg a une densité syndicale élevée, qui a néanmoins rapidement diminué lors de la dernière décennie. La structure des syndicats au Luxembourg est en évolution lente dans le contexte d’une rapide transformation économique et démographique. L’impact des différentes caractéristiques des syndiqués n’a pas changé durant la dernière décennie14. Les immigrés et les jeunes générations avec une adhésion syndicale moins forte deviennent plus nombreux sur le marché du travail par rapport aux générations de l’ère industrielle où l’appartenance syndicale était fortement ancrée dans l’identité de classe et le mode de vie15. La désyndicalisation au Luxembourg semble donc résulter surtout d’un effet de composition (une distribution changeante des caractéristiques de la main-d’œuvre) plutôt que d’un rejet du rôle des syndicats. La désyndicalisation risque de continuer dans les années à venir au Luxembourg.

14 En répétant cette analyse pour l’année 2010, nous obtenons des effets similaires.

15 Chauvel, L. & Hartung, A. (2016). Malaise in the Western middle classes.

In: UNESCO 2016 World Social Science Report Challenging Inequalities - Pathways to a Just World. UNESCO.

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