COMMISSION COMMERCE EXTÉRIEUR, DÉVELOPPEMENT DURABLE,
EMPLOI ET FORMATION (CEDDEF)
XXXIII
èmesession 05 octobre – 09 octobre 2020
Présidente : Mme Geneviève BERAUD- SUBERVILLE
Vice-président : M. Guillaume ELOY
Rapporteurs : Mme Gaëlle BARRÉ
Mme Anne HENRY-WERNER
Membres de la Commission Mme Anne-Marie
BALLANDE-ROMANELLI Mme Gaëlle BARRÉ
Mme Geneviève BERAUD- SUBERVILLE
Mme Inès CAVAYÉ-NINU M. Yan CHANTREL
M. Alexandre CHATEAU- DUCOS
Mme Marie-Carole DE LA CRUZ
M. Guillaume ELOY Mme Anne HENRY- WERNER
M. Alain-Pierre MIGNON
Mme Nadine PRIPP
M. Pierre TOUZEL
Rapport de la Commission Commerce Extérieur, Développement Durable
Emploi et Formation (CEDDEF)
Thématique : COMMERCE EXTÉRIEUR
Compte tenu de l’état de crise économique mondiale sans précédent dans laquelle la pandémie de COVID-19 nous a brutalement plongé cette année, la commission Commerce Extérieur, Développement Durable, Emploi & Formation a décidé de concentrer ses travaux sur la situation des entreprises des Français de l’étranger. Non pas que les deux autres thématiques aient perdu en importance, notamment le Développement Durable qui est au contraire NOTRE préoccupation majeure et nous concerne TOUS.
Néanmoins, à notre niveau de Conseiller des Français de l’étranger, il nous est apparu essentiel de centrer nos travaux et réflexions sur cette population de Français de l’étranger (FdE) dont nous avons souvent essayé de porter la voix au cours des sessions de cette mandature ; à savoir les entrepreneurs français ayant créé, à l’étranger, une
entreprise de droit local et qui n’est donc juridiquement,
financièrement et fiscalement pas rattachée à la France. Ce sont pour la plupart des artisans, des commerçants, des auto-entrepreneurs, des ETI-PME, et TPE. Pour autant, ils participent à la valorisation de la
France à l’étranger et pour beaucoup d’entre eux à l’essor des exportations françaises, en ce sens qu’ils sourcent en France les produits nécessaires à leur activité ou qu’ils commercialisent des produits français. Aujourd’hui, bon nombre d’entre eux ont dû
suspendre ou ralentir leurs activités et se trouvent dans des situations
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très difficiles, voire dramatiques et leurs entreprises sont menacées de disparition.
Pour ces travaux, nous nous sommes appuyés sur des enquêtes et sondages déjà réalisés notamment par les Conseillers du commerce extérieur de la France et par l’association Français du monde-adfe ainsi que sur une enquête locale menée par un Conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF) en Amérique Latine. Nous avons
auditionné les divers acteurs de l’accompagnement à l’export, comme des représentants du réseaux CCI France International (CCI FI), Business France et des CCEF. Nous avons également entendu deux sénateurs des Français de l’étranger, Messieurs Olivier Cadic et Jean-Yves Leconte, et enfin des organismes participant à l’aide au financement
entrepreneurial et l’aide au développement, tels que la Banque
Publique d’Investissement (BPI) et Proparco (filiale de l’AFD – Agence française du développement). Dans ce cadre, nous avons notamment tenu des auditions communes avec la commission Finance, Budget et Fiscalité et notre commission a animé une rencontre avec la BPI qui s’est tenue en séance plénière. Nous avons recueilli de nombreuses observations, témoignages et réflexions et avons pu constater de nombreuses convergences entre les différents intervenants.
Qui dit convergence dit redondances, nous ne vous présentons donc pas un compte rendu détaillé de toutes les auditions, mais une
synthèse, une photographie de la situation actuelle et des perspectives ainsi que des solutions qui se profilent pour affronter la nécessité et l’urgence. En annexe du rapport, qui sera ultérieurement publié sur le site de l’AFE, vous trouverez des documents et références et des CR d’audition.
Outre les convergences de point de vue précédemment évoquées, nous avons pu constater que les acteurs du développement de l’exportation et de l’accompagnement des entreprises à l’étranger (CCI-FI, BF, CCEF) travaillent étroitement ensemble à la recherche de solutions et que la crise semble avoir fait disparaître cet esprit de concurrence et ces
querelles de chapelle que nous avions pu observer ces dernières années
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dans le cadre de nos travaux. Nous saluons cette évolution et espérons même qu’elle aboutisse sur le long terme à des restructurations
pragmatiques et efficaces.
1) Identifier et définir les Entreprises de Français de l’étranger (EFE) Autant la définition de l’entreprise française est claire pour nos
institutions, il s’agit d’une entreprise dûment enregistrée en France et qui peut entre autres opérer à l’étranger, autant cette définition ne couvre pas la réalité complète de l’entrepreneuriat français et encore moins celle des Entreprises de Français de l’étranger qui exercent dans des secteurs d’activités très divers, mais qui ne sont ni identifiés, ni répertoriés par quelque organisme que ce soit.
Les EFE sont donc des entreprises créées localement à l’étranger, fondées ou détenues en majorité par des citoyens de nationalité française implantés à l’étranger, sans relation capitalistique ou structurelle directe avec un établissement enregistré en France
(définition donnée par le CNCCEF dans le cadre de son enquête). On en trouve beaucoup dans certains secteurs, comme le tourisme, la
gastronomie, l’hôtellerie et le commerce.
Ces entreprises n’ont donc actuellement aucune reconnaissance ni aide officielle, au motif qu’elles ne sont pas enregistrées en France et n’y payent pas d’impôts, et pourtant la plupart d’entre-elles contribuent très fortement à la « chaine de valeur » du commerce extérieur de la France et en fin de compte à la préservation de l’emploi en France. En général, elles sont rarement financées par les banques locales et
françaises et ne bénéficient que de très peu d'aides publiques locales.
Il importe donc en premier lieu de leur donner un statut, une définition et de les répertorier (création et actualisation de bases de données).
Cette procédure permettrait également, à plus long terme, de les
rattacher durablement aux réseaux d’affaires francophones locaux.
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2) Situation actuelle – Bilan et perspectives
Les EFE sont bien sûr très fortement impactées par la crise de la Covid- 19 avec de fortes diversités en fonction des secteurs d’activité et de l’évolution locale de la pandémie. Beaucoup sont actuellement résilientes mais demeurent dans une grande incertitude concernant l’avenir. Bon nombre d’entre elles n’ont pas pu bénéficier des aides (aides directes ou facilités de crédit) mises en place dans leurs pays d’implantation. Les CCI FI et CCEF observent une tendance croissante ; à savoir l’intention de retour en France, qui est de plus en plus perçue comme l’ultime mais seule solution de survie.
3) Situation des CCI FI
En période de crise, la notion de « réseau » et d’affiliation à un réseau est encore plus importante qu’à l’ordinaire. Or, nous avons également été alertés par la situation du principal réseau mondial de relation et contacts d’affaires pour les entreprises françaises opérant vers ou à l’étranger et également pour les entreprises étrangères locales travaillant avec la France ; à savoir le réseau des Chambres de commerce et d’industrie France International (CCI-FI). Pour rappel, CCI-FI est une association Loi 1901 reconnue d’utilité publique. A l’échelle mondiale, elle regroupe 126 chambres et est présente dans 96 pays. Elle s’auto-finance à 99,4%.
Ce réseau, qui ne perçoit aucune aide publique, souffre énormément de la crise sanitaire actuelle.
Sources de revenus : Cotisation de membres et événementiel (diners, conférences). Mise en place de centres d’affaires (location et sous- location de bureaux, services aux entreprises, intégration de VIE).
Service d’appui aux entreprises françaises (conseil juridique, création
d’entreprises, ressources humaines).
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La situation est catastrophique puisque presque toutes les sources de revenus ont subitement disparu ou ont été fortement diminuées. (Cf.
en annexe du rapport, l’enquête menée en mai-juin auprès des CCI).
Dans le cadre du plan de relance de l’économie et notamment du
soutien aux entreprises exportatrices lancé par le gouvernement, la CCI FI demande actuellement une aide exceptionnelle pour pouvoir passer le cap. Parallèlement, le réseau se remet en question et mène des réflexions sur une mutation de son business model, ce qui nécessite bien sûr également des investissements ; or, cette capacité
d’investissement est actuellement affaiblie.
Notre commission soutient cette demande qui nous été plus
longuement exposée, d’autant que le réseau des CCI FI a vocation à, et souhaite être un interlocuteur privilégié dans le cadre d’une
reconnaissance des EFE et de leur meilleure intégration dans les réseaux d’affaire et a des propositions concrètes en ce sens.
4) Mesures de soutien - Définition et statut
CCI FI, le CNCCEF et BF réfléchissent actuellement à une définition de l’EFE qui donnerait à ces entreprises une reconnaissance et un statut qui leur permettraient d’être répertoriées et enregistrées auprès des ambassades et consulats ainsi qu’auprès des organismes
d’accompagnement des entreprises.
Compte tenu de la diversité des situations locales selon le pays
d’implantation et le secteur d’activité, les acteurs précités privilégient
actuellement la piste d’une définition générale de l’EFE qui ne soit pas
trop limitative et de donner le pouvoir décisionnaire final (statut EFE :
oui/non) à un comité local constitué autour de l’ambassade ou de
consulats et intégrant les organismes locaux d’accompagnement des
entreprises (CCI, BF, clubs d’affaires, etc.). Ces comités travailleraient à
partir d’un cahier des charges et de critères d’éligibilité mais auraient
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une marge décisionnaire en fonction de la situation (notamment juridique) locale.
Notre commission demande que les Conseillers des Français de l’étranger soient membres de droit de ces comités.
- Elargissement du dispositif VIE aux EFE
Il ressort de l’enquête menée par le CNCCEF auprès des EFE
(589 réponses) que 68 % souhaiteraient pouvoir embaucher des VIE. Or ce dispositif est actuellement réservé aux entreprises françaises.
CCI FI et le CNCCEF envisagent actuellement le montage d’une SA de droit français dans laquelle une EFE pourrait prendre une participation qui lui donnerait accès au dispositif VIE.
La commission constate que cette idée s’inscrit dans le droit fil du Plan de relance des exportations françaises, qui prévoit un volet VIE, et soutient donc toute initiative d’intégration des EFE au dispositif VIE.
- Aide financière d’urgence
Tous les interlocuteurs rencontrés reconnaissent la nécessité d’aider une grande partie des EFE à survivre ou à rebondir. L’urgence de la situation fait également l’unanimité auprès des acteurs économiques et des parlementaires. A cette urgence font écho les thèmes que nous venons de développer, à savoir le fait que les EFE n’ayant aucune
reconnaissance officielle, elles ne peuvent bénéficier d’aucune publique directe (subventions) ou indirectes (garanties de crédit) : l’audition de la BPI nous l’a d’ailleurs clairement fait comprendre.
Il y a donc urgence à instaurer un fonds de solidarité exceptionnel et
des dispositifs d’aide au crédit sous la forme de garanties de prêts. Et
à trouver urgemment des opérateurs adéquats pour la mise en place
et la gestion du dispositif. Il ressort de nos auditions que la BPI serait
cet opérateur adéquat et que Proparco aurait également vocation à y
jouer un rôle.
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5) Conclusion
Nous sommes actuellement dans une situation inédite et urgente qui appelle des solutions inédites et urgentes. En premier lieu, nous devons nous débarrasser de cette idée largement répandue selon laquelle les EFE n’apportent rien à la France. Dans un contexte où le gouvernement a reconnu la nécessité de soutenir l’exportation, il serait illogique de laisser périr des importateurs, de nationalité française de surcroît, et d’éliminer par conséquent des débouchés d’exportation pour la France tout en prenant le risque de voir une partie de ces entrepreneurs français revenir en France et de devoir affronter les conséquences, à la fois sur le plan social et sur celui de l’emploi, de ces retours. Aidons-les plutôt à rebondir dans leurs pays d’accueil et à continuer à contribuer au rayonnement de la France à l’étranger.
Dans le cadre du plan de relance, le gouvernement nous a promis un
« choc de simplification » (...) et (...) la naissance d’une société du mieux
vivre : plus durable, plus solidaire, plus indépendante, conformément
aux aspirations des Français. (https://www.gouvernement.fr/france-
relance). Prenons-le au mot et exigeons que cette solidarité s’exprime
pour TOUS les Français, pour le plus grand bien de tous.
9 Annexes au rapport
- Compte-rendu des auditions communes des commissions CCDDEF et Finance, Budget, Fiscalité
- Résultats du questionnaire EFE de Français du Monde-adfe - Enquête EFE des CCEF - Monde
- Enquête CCEF Amérique Latine - Enquête CCI FI Juin 2020
- Note CCI FI (Présentation et situation)
Liens utiles
Soutien gouvernemental à l’export :
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie- economique-et-commerce-exterieur/soutenir-les-entreprises-francaises-a-l- etranger/export-une-priorite-du-gouvernement/#sommaire_2
https://www.economie.gouv.fr/covid19-soutien-entreprises/les-mesures/plan-de-soutien- aux-entreprises-francaises-exportatrices
Réseau CCI FI
https://www.ccifrance-international.org/
Réseau des Conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF) https://www.cnccef.org/
Business France
https://www.businessfrance.fr/
https://www.teamfrance-export.fr/
Banque publique d’investissement (BPI) https://www.bpifrance.fr/
Proparco
https://www.proparco.fr/fr
https://choose-africa.com/presentation-choose-africa/
Auditions communes des commissions « Finance, Budget et Fiscalité » et
« Commerce extérieur, Développement durable, Emploi et formation » – Mardi 06/10/2020
Aides aux entreprises et aux entrepreneurs français à l’étranger
Gaëlle Barré - Conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger, membre du Bureau de Français du monde-adfe
Face aux témoignages de difficultés économiques d’un grand nombre de ses adhérents parvenus depuis fin mars 2020, l’Association Français du monde-adfe a souhaité dès les premières semaines de la crise, faire un premier état des lieux en lançant une enquête spécifique en direction des entrepreneurs, responsables de PME et de microentreprises à l’étranger. 203 réponses avec témoignages, en provenance de plus de 66 pays, ont été recueillies sur la période, auprès d’artisans, de commerçants, d’auto-entrepreneurs, de propriétaires de micro-entreprises et de PME hors de France. L’analyse de ces retours du terrain nous permet de mieux connaître les difficultés auxquelles sont confrontées nos entrepreneurs.
Les entrepreneurs qui ont répondu à notre enquête ont été fortement impactés par la crise de la Covid-19; ils sont résilients, mais demeurent cependant dans l’incertitude.
92,6% soulignent une baisse de leurs activités, 35% sont incertains quant à l’avenir de leur entreprise et ne savent pas encore s’ils rentreront en France. Majoritairement en provenance de pays non européens, ces entrepreneurs témoignent de leur isolement et de l’absence d’aide.
Combien de pertes d’emplois, de pertes de visas de résidence, d’obligation de retour en France ? De situations de détresse dans les nombreux pays où le filet de l’aide sociale pour les sans emploi est généralement limité ?
Les entrepreneurs français établis à l’étranger participent à l’activité économique française et à son rayonnement. Ils doivent être intégrés aux dispositifs du commerce extérieur de la France et aux mesures de soutien pour les entreprises françaises victimes de la crise.
Prenant la mesure de l’impact économique de la crise sanitaire, le gouvernement français a élaboré un dispositif de soutien aux entreprises pour couvrir trois mois de chiffres d’affaires et garantir leur trésorerie. Après la mise en place en avril 2020 d’un plan d’urgence de soutien aux entreprises exportatrices, de nouvelles mesures sont proposées pour renforcer la force de frappe des PME-ETI françaises à l’export, dans le contexte de la reprise d'activité et de concurrence étrangère accrue. Les filiales d’
entreprises des français de l'étranger pourront donc bénéficier directement ou indirectement de ces dispositifs, mais les entrepreneurs français ayant fondé une société sans lien avec une entreprise immatriculée en France, n’y auront pas accès.
La sénatrice Claudine Lepage a posé une question écrite en avril dernier au Ministre de l’économie et des finances en lui proposant des solutions pour que l’État français soutienne ces entrepreneurs. La réponse qui a été apportée ne va malheureusement pas dans ce sens, et rapporte que “ si le gouvernement est « attentif » aux difficultés rencontrées par les entrepreneurs français établis à l’étranger, il ne souhaite pas élaborer et mettre en œuvre un dispositif de soutien exceptionnel.”
Pour les aider à surmonter les effets de la crise, il serait donc nécessaire de mettre en place des mesures exceptionnelles et dérogatoires afin de sauvegarder ce maillage construit depuis plusieurs années et qui forme l’équipe France de l’export. Face à la crise que traversent ces entrepreneurs français implantés à l’étranger, il est important d'associer les entrepreneurs français de l’étranger aux dispositifs de solidarité nationale mis en place en France, de les valoriser et de faire jouer les solidarités sur le terrain. La création d’un fond de solidarité à destination des micro-entrepreneurs français à l’étranger en période de crise serait à encourager. Il faut également mobiliser les ressources françaises à l’étranger par les services économiques régionaux et la mise en place de plateformes d’entraide « task force » articulées autour des ambassades et des consulats avec l’appui des structures locales « françaises » d’aide à l’entrepreneuriat (CCI - France International, Business France, French Tech, Business France, associations de droit local…) afin de mieux les orienter sur les aides locales dans leur pays d’accueil et les guider dans leurs démarches. L’immatriculation et la reconnaissance du statut d’entreprise française à l’étranger, au travers d’une inscription à un registre auprès des ambassades et selon des critères à définir, s'avèrent nécessaire ; et enfin leur garantir les prêts que les établissements financiers français ou étrangers pourraient consentir au titre d’avance sur trésorerie, par le biais de la BPI plus particulièrement, en retenant parmi les critères de ciblage l’importation de produits français, ou encore l’emploi de ressortissants français ou tout simplement la nationalité des fondateurs (actuellement, la BPI ne peut accorder de telles garanties puisqu’aucun lien n’existe avec une société immatriculée en France).
Ne rien faire mettrait en difficulté supplémentaire un grand nombre d’entrepreneurs qui constituent pour une bonne part les composantes de l’Équipe de France de l’export.
Lien vers les résultats du questionnaire : https://www.francais-du-monde.org/wp- content/uploads/2020/07/Resultats-questionnaire-aux-entrepreneurs-1.pdf Mr Alain Bentejac, Président du Comité national des conseils du commerce extérieur (CNCCEF)
Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France ont mis en place une enquête qui vise à recenser par pays et par secteur industriel, y compris les starts up, la véritable population d’Entreprises des Français de l’Étranger (« EFE »), et d’autre part à appréhender les besoins spécifiques des EFE et mieux discerner les retombées en matière d’activité et d’emplois en France. Les EFE sont des entreprises créées localement à l’étranger, fondées ou détenues en majorité par des citoyens de
nationalité Français basés à l’étranger, sans relation capitalistique ou structurelle directe avec un établissement enregistré en France. Cette enquête a permis d'appréhender et faire remonter aux autorités françaises les besoins spécifiques de ces entreprises détenues par les Français dans le contexte économique exceptionnel créé par la pandémie du COVID-19. Il s’agit d’une enquête qualitative dont les données ont été obtenues via leur réseau.
Au total, 589 EFE ont répondu à l’enquête. La moitié des EFE ayant répondu au questionnaire ont leur siège social localisé en Asie-Pacifique.
- 91% ne bénéficient pas de financements de la part d'une banque française ou de l'une de ses succursales à l'étranger ;
- 37% revendiquent la marque « France »
- 52% utilisent le savoir-faire français dans le domaine de la propriété intellectuelle ; - 33% font appel à la technologie française ;
- 69% ont des partenaires ou des fournisseurs français ; - 40% utilisent des produits français ;
Les EFE au niveau mondial constituent un potentiel inexploité pour renforcer la présence de la France hors des frontières au niveau économique et culturel.
Dans ce contexte de crise mondiale Monsieur Bentejac note un risque élevé de mortalité des entreprises des français de l'étranger. Il souligne la grande inertie des pouvoirs publics qui ne déploient actuellement aucune aide aux EFE afin de les aider à surmonter les difficultés actuelles.
N’étant pas domiciliées en France, ces entreprises ne peuvent pas bénéficier d’aides publiques.
Il avance une proposition concrète qui permettrait dans un avenir proche, de venir en aide aux EFE. Il serait important de permettre à ces entreprises en crise, de bénéficier d’aides afin de renflouer leur trésorerie.
Selon les critères d’éligibilité à définir, il faudrait mettre en place des comités de sélections dans chaque pays qui seraient composés entre autres :
- d'agents des postes diplomatiques ; - de membres de Business France ; - des CCE ;
- des CCI - France International ;
- des conseillers des français de l'étranger ;
Ces comités statueront sur l’aide à apporter aux EFE. En termes de garantie totale, l’enveloppe approximative à disposition pourrait être de 20 à 30 millions d’euros.
Pour conclure, les EFE constituent un potentiel inexploité pour renforcer la présence de la France à l'étranger que ce soit sur le plan économique que sur le plan culturel.
Ces entreprises sont toutes profondément ancrée dans leur pays d'implantation tout en conservant des liens étroits avec la France.
Lien vers les résultats du questionnaire : https://www.cnccef.org/
Caroline Laporte – Directrice du réseau international de Business France Elle illustre le fonctionnement de la Team France Export qui unit des acteurs publics au service de l'internationalisation des entreprises françaises et des acteurs privés.
L'objectif commun est de proposer aux PME et ETI (Entreprise de taille intermédiaire) un dispositif lisible, efficace et adapté.
La Team France Export accompagne les entreprises de leur départ à leur arrivée : - Les "guichets uniques à l'export" mis en place par les régions françaises
- Les correspondants Team France Export implantés dans différents pays
Le dispositif de soutien aux entreprises France Relance comprend un volet dédié aux entreprises exportatrices ou celles qui veulent le devenir. Le Plan de Relance Export répond directement aux besoins concrets des PME et ETI désireuses de renforcer leur présence à l’international.
Le Chèque Relance Export est une des mesures phares qui permettra de bénéficier de prestations d’appui à l’export par des opérateurs agréés.
https://www.teamfrance-export.fr/
Proparco (filiale de l'agence française pour le développement)
Proparco est la branche de financement du secteur privé de l’AFD. Une partie de cette aide peut être fléchée vers des TPE et PME françaises installées à l'international ou des entreprises de droit local. L'intervention initialement sans fonds publics s’appuie depuis quelques années sur les programmes 209 et 210 et peut également mobiliser des ressources de l’Union européenne et des Fonds vert pour le climat.
Depuis le discours de Ouagadougou, le gouvernement soutient des initiatives spécifiques en Afrique, notamment le programme „Choose Africa“, qui soutient plus de 10 000 PME. Dans le cadre de la crise, Proparco était au chevet des partenaires, notamment à travers des moratoires sur les paiements, qui n’est pas neutre en termes d’impact sur le propre modèle économique de Proparco. Ils apportent également de l’oxygène à travers des liquidités.
Concernant l’aide spécifique dégagée dans le cadre de la crise COVID, une enveloppe de 160 millions d’euros a été débloquée ; elle est comptabilisée dans l’aide au développement. Pour sa mise en œuvre, une convention avec l'État doit être signée avant la fin du mois; les premières opérations devraient être financées d’ici la fin du mois de novembre. L’effet de levier
devrait permettre au final de mobiliser 1 milliard d’euro, combiné avec des mécanismes de garantie. Les critères ne sont pas bien définis. Cette enveloppe est uniquement destinée à l’Afrique. Contrairement au système de garantie silencieuse ARIZ, où les bénéficiaires ne sont pas au courant de la garantie de l’Etat accordée à l’intermédiaire financier. Le nouveau mécanisme fera l’objet d’une communication aux entreprises concernant la garantie.
Le mécanisme sera mis en œuvre via des intermédiaires financiers, travers l’apport de liquidités aux banques locales et institutions de microfinance qui alimentent l’économie.
Sur la question de la traçabilité des bénéficiaires et leur lien avec la France, des critères de sélection sectoriels sont mis en place, ainsi qu’un éventuel fléchage sectoriel, assortis d’un reporting quant à l’impact. Les bénéficiaires peuvent également recevoir une assistance technique.
Olivier Cadic – Sénateur représentant les Français établis hors de France Les prêts garantis par l’état sont des prêts pour pouvoir surmonter les conséquences de l'actuelle crise économique due à la pandémie de la COVID-19. Olivier Cadic propose de réserver une partie du fonds d'accompagnement du risque de financement de l'investissement privé en zone d'intervention (ARIZ) aux entreprises des français de l’étranger. ARIZ est une garantie en perte finale proposée par l’AFD aux institutions financières, permettant de couvrir 50 % à 75 % d’un prêt individuel (ou un portefeuille de prêts) aux PME et aux institutions de microfinance (IMF).
La création d’un fonds de soutien d’urgence, et une partie du fonds COVID doivent être affectés aux Français de l’étranger. Ce fonds serait abondé par d’autres acteurs.
Ce fonds servirait de garantie pour des prêts. Il propose aussi que les filiales d’entreprises françaises qui signent des contrats clients, puissent bénéficier de cette garantie. Il faut faire vite. On ne peut pas attendre un an. Ce fonds sera administré par la CCI - France International et les Conseillers du Commerce extérieur de la France (CCE) et renforcerait le tissu de nos entreprises implantées à l’international.
Olivier Cadic souhaite que le réseau des Chambres de commerce à l’international soit soutenu et encouragé par l’État français. Il serait intéressant de se pencher sur le modèle allemand en termes de gestion des Chambres de commerce à l’étranger où elles sont le bras armé des Landers allemands pour faire rayonner l’industrie germanique sur la planète. Il serait également nécessaire d’envisager de fusionner Business France avec le réseau CCI - France International afin de rassembler nos forces en matière de soutien aux EFE.
Véritable colonne vertébrale de notre dispositif économique à l’export, le réseau CCI - France International a l’habitude de compter sur ses propres forces, en vendant des services et en organisant des événements, puisqu’il ne bénéficie d’aucun financement public. On observe que nos pays voisins accordent, eux, des aides directes et généreuses à leur propre réseau de chambres. En Allemagne, elles sont par ailleurs financées environ à hauteur de 40% par de l'argent public. En France, le business- model des CCI - France International est fondé exclusivement sur l’initiative privée conduit certaines de nos chambres à réduire leur budget de fonctionnement d’un bon
tiers, pour l’instant. Les plus fragiles d’entre-elles pourraient voir leur activité suspendue ce qui doit nous pousser à agir vite et fort.
Lien à rajouter sur ses propositions : Info lettre 136:
https://bit.ly/2GOyLHE
Jean Yves Leconte – Sénateur représentant les Français établis hors de France
La plupart de ces entreprises des français de l'étranger conservent « quelque chose de français » qui participe à notre présence à l’international. Aider ces entreprises dans la situation actuelle, c’est aider les Français entrepreneurs à « tenir » durant cette période difficile où l’économie est l’arrêt. Ce réseau est lui totalement intégré au pays de résidence. Rien ne peut se faire sans lui, car ce sont ces Français intégrés qui font les « passeurs de culture » entre la France et le pays de résidence. Ne pas soutenir ce réseau, ce serait pour notre place économique à l’international se séparer de nos racines.
Il expose les propositions qu’il a adressées au gouvernement. Le concept de « participation au rayonnement de la France » ne concerne pas uniquement les entreprises. D’une part, si ces différentes structures (CCI - France International, Alliances françaises, écoles, centres de recherche…) peuvent être considérées comme servant l’intérêt général de notre pays, elles doivent pouvoir être éligibles à l’ensemble des dispositifs d’accompagnement et de garantie d’emprunt mis en place en France pour les entreprises. Si le pays de résidence développe aussi des programmes d’aide, tant mieux, mais, à défaut, puisqu’elles travaillent pour nos intérêts, ce serait utile d’avoir aussi des outils pour les aider.
Lorsqu’il s’agit d’entreprises étrangères qui favorisent la présence internationale de nos entreprises françaises, il propose d’aider l’entreprise de droit étranger à la demande du partenaire français, qui se porterait alors garant. L’entreprise étrangère bénéficierait alors indirectement de la possibilité de garantie de l’Etat. Ceci peut permettre à nos entreprises, dans un contexte compliqué, de resserrer les liens avec leurs partenaires étrangers.
Sur la base des mesures déjà annoncées, particulièrement dans le cadre du soutien aux entreprises françaises exportatrices, des mesures complémentaires pourraient être développées dans trois directions :
1. Le soutien à des structures de droit étranger, mais considérées comme stratégique pour notre pays ;
2. Le soutien aux échanges commerciaux ; 3. Le soutien aux acteurs.
Pourquoi ne pas avoir étendu le dispositif Proparco à d’autres pays ? Il ne faut pas se replier sur ses frontières, ni se couper du monde. Il faut mieux maîtriser nos dépendances. Il exprime ses inquiétudes sur la vision du gouvernement qui n’est pas moteur sur le sujet. Essayons d’utiliser au mieux l’enveloppe de 160 millions dont dispose Proparco et de l’élargir.
Ses propositions : https://jeanyvesleconte.wordpress.com/2020/04/18/mes- propositions-pour-soutenir-les-entreprises-creees-par-les-francais-a-letranger-et-les- activites-francaises-a-letranger-dans-le-contexte-actuel-de-crise-sanitaire/
Des entrepreneurs français installés à l’étranger face à la crise de la COVID -19
RÉSULTAT DU QUESTIONNAIRE À DESTINATION DES PME ET MICROENTREPRISES FRANÇAISES INSTALLÉES À L’ÉTRANGER
Français du monde-adfe
Introduction
MÉTHODOLOGIE
▪ Envoi d’un questionnaire en ligne aux adhérents de Français du monde-adfe et à la LEC via notre lettre d’information
▪ Envoi réalisé en mai 2020 – Clôture en juin 2020
▪ Objectif : connaitre les difficultés auxquelles sont confrontés les entrepreneurs, afin de réfléchir à des outils qui pourraient être mis sur pied pendant cette crise.
RÉPONSES
▪ 203 réponses d’entrepreneurs français (artisans,
commerçants, auto-entrepreneurs, propriétaires de micro-
entreprises ou PME hors de France)
Profil des entrepreneurs:
Implantation locale
Des entrepreneurs implantés de longue date dans leur pays d’accueil :
▪ 40,9% des entrepreneurs concernés gèrent leur activité dans leur
pays d’accueil depuis 5 à 15 ans et 29,1% depuis plus de 15 ans.
Profil des entrepreneurs :
Localisation géographique
▪ Des entrepreneurs présents dans le monde entier avec une prédominance parmi les réponses
d’implantations en Afrique, en Amérique du Sud,
en Europe et en Asie.
0 5 10 15 20 25
Madagascar South Africa Algeria Germany England Argentina Austria Bahrain Benin Bolivia Brazil Burkina Faso Cambodia Cameroon Canada Cap Vert Chile China Colombia Costa Rica Ivory Coast Cuba Djibouti Egypt El Salvador Équateur Spain Russia Ghana Greece Hong Kong Mauritius India Indonesia Ireland Israel Italy Kenya Madagascar Malaysia Malta Morocco Mexico Namibia Nicaragua Netherlands Peru Philippines Poland Portugal Dominican Republic Congo Czech Republic United Kingdom Senegal Singapore Switzerland Taiwan Thailand Togo Tunisia Turkey United States Vanuatu Vietnam
Représentation géographique des réponses
Profil des entrepreneurs :
Activités
Des micro-entrepreneurs issus d’une facon prédominante des secteurs du service et du tourisme :
▪ 40,9% des entrepreneurs animent des micro-entreprises
▪ 14,8% des entrepreneurs sont dans le secteur de l’h ô tellerie et de la restauration.
▪ Parmi les autres catégories signalées dans les réponses (21,2%)
nous trouvons une majorité d’activités liées au tourisme.
Profil des entrepreneurs : Profil des employés
Des micro-entreprises avec des salariés locaux :
▪ 52,2% emploient de 1 à 10 salariés
▪ 29,6% sont des travailleurs indépendants
▪ 31,5% ont des employés de nationalité française
Impact de la crise Covid-19
Des entrepreneurs fortement impactés par la crise du Covid-19, résilients, mais dans une situation d’incertitude :
▪ 92,6% soulignent une baisse de leurs activités
▪ 57,6% n’envisagent pas de rentrer en France suite à la crise Covid-19.
▪ 35% sont incertains quant à l’avenir de leur entreprise et ne
savent pas encore s’ils rentreront en France.
Aides et soutiens
Des entrepreneurs isolés qui ne bénéficient d’aucune aide :
▪ 68% ne sont pas en contact avec les services économiques français (Business France, ambassade, CCI...).
▪ 32% sont en contact avec les services économiques mais 95%
d’entre eux n’ont pas bénéficié de leur aide.
▪ 85,7% ne bénéficient pas d’aide dans leur pays d’accueil
Parmi les réponses:
« Je ne bénéficie d'aucune aide de la France et j'ai peur que mon entreprise ne survive pas dans les semaines à venir ».
« Il n y a pas d’aides sur Hong Kong, que des services payants. »
« Absence soutien financier en Tunisie »
« Depuis le début de cette crise, nous nous sentons particulièrement abandonnés en Namibie »
« Le secours occasionnel de solidarité (224€) reçu le 26/05, n'a pas répondu aux attentes pour mon entreprise »
« Frustré de voir qu’en France l’État soutient de différentes manières les TPE, même si malheureusement cela ne garantit pas automatiquement la survie de toutes ces entreprises, car ici au Mexique, aucune aide, zéro ».
« Notre activité est stoppée pour cause de confinement total au Maroc. Aucune aide financière ni du pays d’accueil ni de la France et une reprise d'activité dont les délais et l'intensité sont sans aucune visibilité »
« Je tiens une agence avec mon conjoint chilien. Nous sommes fermés depuis plus de 2 mois - nos clients sont pour plus de 90%
étrangers (principalement européens - et ne recevons donc aucun revenu. Nous n'avons reçu aucune aide du Chili ni de la France.
Témoignages
▪ Sans tourisme dans le pays, mes chambres d'hôtes sont vides depuis mi- mars et je me retrouve sans rentrée d'argent avec un loyer et les charges (Rep. Dominicaine).
▪ Etant opérateur touristique au Cap Vert je me retrouve sans ressource depuis le début de la crise.
▪ J'ai utilisé tous les fonds propres que je possédais et sincèrement je suis au bord du dépôt de bilan (Ouagadougou).
▪ Agence d'architecture : nos 2 projets principaux reportés d'une année.
Donc baisse sérieuse de revenus, chiffre d’affaire et situation financière critique (Cambodge)
▪ Nos activités depuis le 1er mars ont baissé de 60%, notre trésorerie disponible est consommée, le chômage partiel à Madagascar n'est pas autorisé, le coût du découvert est de l’ordre de 15%, les logistiques des approvisionnements sont aléatoires, entrainant de pénalisantes ruptures de stock ... une catastrophe, 10 ans de travail, d’investissement et
d’engagement pour en arriver là.
▪ Aucun projet en vue, le consulting étant considéré comme non essentiel.
Nous vivons d’un reste de paiement de projet, mais nous commencerons
à prendre sur nos réserves personnelles à partir de juillet (Brésil)
Témoignages
QUELQUES TÉMOIGNAGES...
▪ Nous avons été impacté par l'arrêt complet de toutes activités de nos clients en France. Aucun achat vers nos fournisseurs français, aucune commande de nos clients français ce qui a engendré une baisse du chiffre d’affaire de plus de 70%
(Maroc)
▪ J’employais 17 personnes et j’ai dû en licencier 13 pour que l’entreprise survive.
Nous sommes un voyagiste basé en Afrique du Sud, spécialisé dans les voyages sur mesure, et nous prenons cette crise de plein fouet. Les aides locales pour mes employés et pour ma société sont extrêmement réduites.
▪ J’ai monté une école dans la ville de Guadalajara au Mexique, depuis maintenant 10 ans. Nous avons eu la chance de pouvoir donner des cours en ligne depuis le début de la crise, mais notre activité a baissé de 40%. J’ai très peur de devoir licencier mes employés
▪ J'ai monté une école d'art à Pékin en 2012, début 2020. J'avais 11 employés dont 6 étrangers (2 français). Mon école était fréquentée par 800 élèves chaque année.
J'ai dû fermer sur ordre du gouvernement et je n'ai jamais pu rouvrir. N'ayant
bénéficié d'aucune aide ou soutien j'ai dû fermer mon école qui pourtant était en
pleine phase de développement. J'envisage de rentrer en France avec mes 3
enfants, pays que j'ai quitté il y a 14 ans et où je n'ai rien. La perte d'argent est une
chose mais le choc lié à la perte de mon projet professionnel / projet de vie a été un
bouleversement énorme.
Recommandations
Face à la crise que traversent ces entrepreneurs français
implantés à l’étranger, comment sauvegarder ce maillage construit depuis plusieurs années que forme l’équipe France de l’export?
Nos propositions :
▪ Informer les entrepreneurs français implantés à l’étranger des dispositifs de soutien existants.
▪ Mettre en œuvre un dispositif exceptionnel pour garantir les prêts que les établissements financiers français ou étrangers pourraient consentir au titre d’avance sur trésorerie à nos entrepreneurs français ayant fondé des sociétés de droit local à l’étranger, par le biais de la Banque publique d’investissement (BPI) en particulier.
▪ Mobiliser davantage les ressources françaises à l’étranger autour de groupes de travail pour accompagner les personnes, leur permettre d'accéder aux plateformes d'informations disponibles et faire jouer les solidarités sur le terrain.
▪ Encourager la création d’un fond de solidarité, sur critères à définir, à
destination des micro-entrepreneurs français à l’étranger.
E N Q U Ê T E
A U P R È S D E S
E N T R E P R E N E U R S F R A N Ç A I S À
L ' É T R A N G E R
( E F E )
Les EFE sont des entreprises créées localement à l’étranger, fondées ou détenues en majorité par des citoyens de nationalité française basés à l’étranger, sans relation capitalistique ou structurelle directe avec un établissement enregistré en France.
Cette enquête vise à cartographier la nature et l’activité des EFE pour mieux apprécier leurs retombées en termes d’activité et d’emploi en France. Enfin, elle permettra d'appréhender et faire remonter aux autorités françaises les besoins spécifiques de ces entreprises détenues par les Français dans le contexte économique exceptionnel créé par la pandémie du COVID-19.
L’enquête a été envoyée dans un premier temps aux CCE d’Asie-Pacifique puis étendue aux commissions Eurasie, Proche & Moyen-Orient, Afrique, Amérique du Nord, Amérique latine & Caraïbes et Europe.
Il s’agit d’une enquête qualitative dont les données ont été obtenues via notre réseau et les réseaux partenaires.
Au total, 589 EFE ont répondu à l’enquête.
La moitié de EFE ayant répondu au questionnaire ont leur siège social localisé en Asie-Pacifique. Parmi elles, 17% sont situées à Singapour, 15%
sont situées à Hong-Kong, 12% sont au Japon et 10% en Chine.
Un peu plus d’un quart des EFE ayant répondu au questionnaire ont leur siège social localisé en Afrique et dans l’Océan Indien. Parmi elles, 32% sont situées en Afrique du Sud, 9% au Cameroun, 7% en Namibie, et 6% à Madagascar.
CONTEXTE &
MÉTHODOLOGIE
Dirigeant actionnaire majoritaire Dirigeant actionnaire unique
Actionnariat familial
Dirigeant actionnaire minoritaire Autres 200
150
100
50
0
Les structures juridiques sont relativement simples.
Le fondateur est souvent l’actionnaire majoritaire (31%) et unique (24%) ou à la tête d’un actionnariat familial (30%). 10% seulement sont actionnaires minoritaires.
PROFIL DES ENTREPRISES
ENQUÊTE EFE
ACTIONNARIAT DE L’EFE
(CHOIX MULTIPLE)
Consulting & Audit
Alim entation, B
oissons, Vins et Spiritueux IT & Inform
atique
Tourism e & Voyage
Hôtel & Restauration Autres
Energie &
Environnem ent
BTP, Industrie m anufacturière, P
roduction
Négoce &
Trading Distribution
Marketing &
Com munication
Com
merce de détail (Retail)
Santé, M édical, Pharm
aceutique, R&
D
Architecture, Ingénierie
Fintech, Services financiers, A ssurances
& Sociétés d'investissem ent
Packaging &
logistique Luxe & textile
Architecture & Ingénierie Art &
Culture Education
RH & Recrutem ent Immobilier
Aéronautique, Aérospatial, A utom
obile Evénem
entiel
Equipem ents et M
achines
Grande consom mation Textile 75
50
25
0
SECTEURS D'ACTIVITE DES EFE
Nombre de personnes employées par les EFE
Souhaiteraient embaucher
des VIE
CHIFFRE D'AFFAIRES
Ce sont des petites structures
77% des EFE ont un CA inférieur à 2M€/an
Toutefois il existe une minorité d'ETI qui dégagent plus de 500M€/an
ENQUÊTE EFE
CA des EFE ayant répondu à l'enquête
Autres CCI French Tech
CCE
French Founders Eurocham
OSCI APM 250
200 150 100 50 0
Les CCI France International et French Tech constituent les réseaux d'affaires les plus importants derrière les CCE.
La majorité des répondants appartiennent à plusieurs réseaux à la fois.
RÉSEAUX D'AFFAIRES
ENQUÊTE EFE
EVOLUTION ANTICIPÉE DU CHIFFRE D'AFFAIRES EN 2020
70% anticipent un chiffre d'affaires en baisse par rapport à 2020, dont 46% à
plus de 30% de perte
SOURCES DE
FINANCEMENT
ENQUÊTE EFE
91% ne bénéficient pas de financements de la part d'une
banque française ou de l'une de ses succursales à
l'étranger.
FINANCEMENT D’UNE BANQUE FRANÇAISE OU SUCCURSALE DE BANQUE FRANÇAISE BASÉE À L’ÉTRANGER
des EFE sont autofinancées
bénéficient de ressources extérieures
Personnelles et familliales
Autofinancement
Financements externes publics
Finances externes privés
Dette bancaire
Autres 400
300
200
100
0
Ne bénéficient pas d'aides 91.1%
Bénéficient d'aides 8.9%
ne perçoivent aucune aide publique de la part de leur
pays d'implantation
Court terme
Moyen/ Longterme
Les deux 250
200 150
100 50
0
ENQUÊTE EFE
Modes de financement
(Choix multiple)
38% des entreprises interrogées se financent à court terme, 35% optent pour le moyen/long terme.
Pour un tiers d'entre elles, c'est un mode de financement qui combine court et moyen/long terme.
37% revendiquent la marque « France ».
52% utilisent le savoir-faire français dans le domaine de la propriété intellectuelle tandis que 33% font appel à la technologie française. Enfin 40% utilisent des produits français.
LES EFE &
LA FRANCE
ENQUÊTE EFE
NATURE DU PARTENARIAT
(CHOIX MULTIPLE)
Partenaires technologiquesNégoce pur (achat-revente)Sous-traitance de fabrication
Achats d'équipements
Ingénierie
Achats de services
Autres
250
200
150
100
50
0
travaillent avec des partenaires / sous- traitants / fournisseurs en France
souhaitent embaucher des VIE
L’enquête a confirmé les éléments suivants:
Les EFE au niveau mondial constituent un potentielinexp loité pour renforcer la présence de la Francehors des fr ontières au niveau économique et culturel.
Elles sont profondément enracinées dans leurs pays d’implantation tout en conservant de liens étroits avec laFran ce.
Les EFE sont plutôt des TPE ou des PME avec un actionnariat individuel ou familial;
Elles sont sources d'emplois dans leurs pays d'implantation et souhaiteraient en employer plus de français notamment grâce au dispositif VIE;
Elles ne sont guère financées par les banques locales et françaises et ne bénéficient que très peu d'aides publiques locales;
Elles ont un fort tropisme vers la France et donc une frustration de ne pas être reconnues et valorisées;
Un tiers vont avoir une perte de CA supérieure à 50% à cause du Covid-19.
CONCLUSION
ENQUÊTE EFE
CHIFFRES CLÉS
ENTREPRISES ONT RÉPONDU AU QUESTIONNAIRE
589
49% implantées en Asie-Pacifique, 29% en Afrique
72% GENÈRENT UN CHIFFRE D'AFFAIRES INFÉRIEUR À
2M€/AN
2M€
SONT AUTOFINANCÉES
2/3
DÉSIRENT RECRUTER DES VIE
68%
UTILISENT LA MARQUE FRANCE
37%
N'ONT PAS DE FINANCEMENT DE BANQUE
FRANÇAISE LOCALE
92%
N'ONT REÇU AUCUNE AIDE PUBLIQUE COVID ONT DE PARTENAIRES /
87%
FOURNISSEURS FRANÇAIS
69%
UTILISENT DES TECHNOLOGIES & SERVICES
FRANÇAIS
52%
UTILISENT DES PRODUITS FRANÇAIS
40%
ANTICIPENT UN RECUL DE LEUR CA EN 2020 PAR
RAPPORT À 2019
77%
M A I - J U I N 2 0 2 0
C O V I D - 1 9
I M P A C T S U R L E S E N T R E P R I S E S
F R A N Ç A I S E S E N
A M É R I Q U E L A T I N E &
C A R A Ï B E S
E n q u ê t e e f f e c t u é e e n t r e l e 0 1 e t l e 1 5 m a i 2 0 2 0
E N Q U Ê T E
La réalisation de cette enquête sur l’ensemble de la zone Amérique latine & Caraïbes, effectuée entre le 1er et le 15 mai 2020, a permis de mesurer l’impact du COVID-19 sur l’activité économique des sociétés françaises implantées dans la région.
Le taux de réponse sur les 220 entreprises françaises réparties dans 23 pays de la zone est de 85%, légitimant les résultats analysés.
Plus de la moitié des sondés sont, localement, dans une structure de type PME, 22%
dans une TPE, 21% dans une ETI et seulement 4,5% font partie d’une structure de plus de 5000 employés. Paradoxalement, au niveau mondial 48% des personnes sondées appartiennent à un grand groupe, 20% à une PME, 8,33% à une ETI et 15% à une structure différente.
Bien que 48% des sondés appartiennent à un grand groupe, leur structure locale correspond en majorité à une PME (52% des personnes interrogées).
26 secteurs d’activités sont représentés dont principalement l’énergie (13%) l’agroalimentaire (10%) et l’industrie (10%). Les 67% restants sont répartis sur tous les autres secteurs sondés parmi lesquels : tourisme, transport, consulting, distribution, banques & assurances, BTP/construction, santé et services aux entreprises.
P R É S E N T A T I O N D E L ' É C H A N T I L L O N
Couverture géographique
Argentine Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba
Panama Paraguay Pérou Rép. Dom.
San Salvador Uruguay Venezuela Equateur
Guatemala Guyanes Honduras Mexique Nicaragua
Toutes les entreprises à travers le monde ont dû prendre des mesures de sécurité au sein même de leurs structures afin de faire face à la pandémie.
L’annulation des voyages professionnels a été quasi systématique (89% des sondés ont attribué la note maximale à cette mesure), tout comme l’annulation des évènements. 76% ont eu recours au télétravail, dans la même optique, 68% indiquent avoir adopté des mesures d’isolation et de rotation des équipes.
Bien que les méthodes de travail aient connu un bouleversement rapide, cela n’a pas entraîné systématiquement une modification des horaires de travail : seules 27% des entreprises y ont eu recours tandis qu’un tiers d’entre elles n’a pas changé de rythme.
76% des entreprises ont recours au télétravail.
3 RÉPERCUSSIONS MAJEURES*
Baisse des prévisions d’investissements
Annulation/report des voyages internationaux
Annulation/report des actions promotionnelles
1 . R É P O N S E I M M É D I A T E À L A C R I S E
*les répondants ressentent faiblement les difficultés suivantes : - Difficultés de paiement des salaires
- Baisse de la mobilisation des collaborateurs étrangers - Impacts sur les marchés d’exportations
Baisse supérieure à 30%
31.1%
Baisse jusqu'à 20%
20.8%
Baisse jusqu'à 10%
18.9%
Baisse jusqu'à 30%
17.7%
Pas de visibilité 10.3%
80%
des entreprises verront leur CA significativement affecté
en 2020
2 . I M P A C T S U R L ' A C T I V I T É
Impact sur le chiffre d'affaires
Pour la majorité des entreprises leur chiffre d’affaires sera affecté pour l’exercice 2020 : elles envisagent une baisse de 10% à 30%, voire supérieure à 30% pour un tiers d’entre elles. Pour plus de la moitié, cette perte est rattrapable car il s’agit plutôt d’un décalage dans le temps (facturation reportée), pour l’autre moitié en revanche c’est une perte « sèche ».
Parmi les problèmes majeurs signalés par les entreprises sondées et établies dans la région, les difficultés de trésorerie ont été largement évoqueés. De fait, plus de 80% des répondants estiment que les problèmes de trésorerie correspondent entre 15 jours et 3 mois de capital travail avec une moyenne de 2 mois.
Activité & trésorerie
Au-delà de la situation microéconomique, il est important d’évaluer l’environnement général. Ainsi, les entreprises sondées ont fait part de leurs observations sur la situation macroéconomique des pays dans lesquels elles se trouvent. Trois tendances apparaissent très clairement :
3 . I M P A C T
M A C R O É C O N O M I Q U E
Projection d’une croissance nulle voire d’une récession en 2020 pour 80% des sondés.
Contraction de l’activité des entreprises
Chute de la monnaie locale versus USD/EUR
Le ralentissement des échanges et l’inflation découleront également de cette crise dont les effets seront plus ou moins importants d’un pays à l’autre. En effet, l’Argentine et le Venezuela, déjà sujets à l’hyperinflation, seront très certainement affectés dans les prochains mois. De manière générale, la crainte d’une dépréciation monétaire dans les pays de la zone donne lieu à des inquiétudes face aux tendances inflationnistes que ce phénomène peut induire.
Diversification des sources d'approvisionnement Flexibilité des modes de travail
Digitalisation des services Externalisation des fonctions internes
Développement du management de gestion de crise Aucun 200
150
100
50
0
Dans 2 trimestres 28.4%
Dans 3 trimestres 25.6%
Pas de visibilité 24.4%
Dans 4 trimestres 21.6%
L E J O U R D ' A P R È S
Une crise de cette ampleur entraîne inéluctablement des changements socio-économiques importants, Outre les perspectives de reprise, les entreprises sondées ont indiqué les enseignements à tirer de cette épreuve.
Les estimations de reprise sont très hétérogènes et varient d’un secteur à l’autre. Ainsi, si près de 30% des répondants restent optimistes et envisagent une reprise dans six mois, plus de 20% ne voient pas de retour à la normale avant un an.
Pour un quart des répondants, il est encore trop tôt pour se projeter.
La flexibilité des méthodes de travail est l’enseignement le plus plébiscité, représentant 87% des réponses. La digitalisation est la grande gagnante de cette crise avec pour conséquences une hausse potentielle du télétravail, une plus grande flexibilité au travail et une accélération des échanges à distance.
La digitalisation est la grande gagnante de cette crise
Estimation de reprise dans le temps