HAL Id: jpa-00206796
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Submitted on 1 Jan 1969
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Constantes optiques du sulfate de glycocolle de l’infrarouge proche a l’infrarouge lointain application a
la pyroélectricité
Armand Hadni, Denise Grandjean, François Bréhat, Jacques Claudel, Xavier Gerbaux, Pierre Strimer, Robert-Henri Thomas, François Vermillard, Robert
Thomas
To cite this version:
Armand Hadni, Denise Grandjean, François Bréhat, Jacques Claudel, Xavier Gerbaux, et al.. Con- stantes optiques du sulfate de glycocolle de l’infrarouge proche a l’infrarouge lointain application a la pyroélectricité. Journal de Physique, 1969, 30 (4), pp.377-388. �10.1051/jphys:01969003004037700�.
�jpa-00206796�
377.
CONSTANTES
OPTIQUES
DU SULFATE DE GLYCOCOLLEDE L’INFRAROUGE PROCHE A L’INFRAROUGE LOINTAIN
APPLICATION A LA
PYROÉLECTRICITÉ
Par ARMAND
HADNI,
DENISEGRANDJEAN, FRANÇOIS BRÉHAT, JACQUES CLAUDEL,
XAVIER
GERBAUX,
PIERRESTRIMER,
ROBERT-HENRITHOMAS, FRANÇOIS VERMILLARD,
Université de Nancy, France, et ROBERT
THOMAS,
Physical Chemistry Laboratory, Oxford, Grande-Bretagne.
(Reçu
le 18 septembre 1968, révisé le 28octobre.)
Résumé. 2014 Le spectre
infrarouge
deplusieurs
lames de TGS d’orientations différentes est étudié de 1 à 2 000 microns en transmission et en réflexion. On observe ladispersion
deslignes
neutres d’une lameperpendiculaire
à l’axepyroélectrique C2.
Entre le visible et l’infra-rouge lointain
(337 microns),
la rotation atteint 16°. De nombreuses vibrations internes sont observées dansl’infrarouge proche
et moyen avec desfréquences supérieures
à 500 cm-1. Une seule de ces bandes, située à 575 cm-1,disparaît
au-dessus dupoint
de Curie. On observe uneffet
identique
avec TGSe à 312 cm-1. Celaapporte
unargument
àl’hypothèse
que la transition est «displacive
» avec un véritableplan
desymétrie
au-dessus dupoint
de Curie. Il nes’agirait
donc pas d’une transition ordre-désordre comme certains l’avaient
pensé.
Dansl’infrarouge
lointain, des librations moléculaires sont observées autour de 200 cm-1 et des vibrations de translations vers 40 cm-1. Elles donnent des bandeslarges
àtempérature
ordinaire,parti-
culièrement dans le cas des
spectres
de réflexion, montrant un amortissement considérable ;à basse
température,
elles se résolvent enplusieurs composantes.
Laposition
de ces raies n’est pas très sensible à latempérature,
et aucune n’a montré laproportionnalité
à(T
2014Tc)½
quel’on attendrait pour un mode
ferroélectrique.
Latransparence
du cristal dansl’infrarouge
lointain augmente entre 38 et 5 cm-1, et ce n’est que dans le domaine des
fréquences
radio-électriques qu’on peut
trouver par les relations deKramers-Kronig l’absorption
associée àla constante
diélectrique statique.
Elle est donc située à unefréquence
si basse(le
maximumd’absorption
se trouve à 10-5 cm-1 à latempérature ordinaire) qu’une absorption
faible suffit pourexpliquer
lagrande
constantediélectrique statique.
Nous avons donc montré, d’une part que la transition de TGS au
point
de Curie ne semblepas du
type
ordre-désordre, et d’autre part que la ferroélectricité n’est pas associée ici à un mode de vibration de bassefréquence
du réseau. Les constantesoptiques
sont données pourtout
l’infrarouge
et pourront être utiles dans desexpériences
ultérieures.Abstract. 2014 Transmission and reflection infrared
spectra
oftriglycine sulphate crystal plates
in several orientations have been studied from 1 to 2 000 microns. Thedispersion
ofthe neutral axes in a
plate perpendicular
to thepyroelectric C2
axis has also been observed.From the visible to the
hydrogen cyanide
maser line at 337 microns these axes rotateby
about 16°. A number of internal vibrations have been observed at
frequencies
greater than500 cm-1.
Only
one, at 575 cm-1,disappears
above the Curiepoint.
A similar effect is observed for a band oftriglycine
selenate at 312 cm-1. This lends support to an argument that thetransition is
displacive
with a true symmetryplane
above the Curiepoint.
In the far infrared,molecular librations are observed around 200 cm-1 and translations around 40 cm-1. These
give
broad lines at roomtemperature, especially
in the reflection spectra,showing
that thereis considerable
damping.
At lowtemperature they
aresplit
intosharp
lines. Theirpositions
are not very
temperature
sensitive, and none of them has atemperature dependent frequency
v ~
(T
2014Tc)½ expected
for a Cochran’s mode. Thecrystal
becomes moretransparent in
the very far infrared
(38
to 5cm-1) .
When theabsorption
is correlated with thehigh static
dielectric constant
using Kramers-Kronig
relations it is found to be at so low afrequency (the
maximum is at 10-5 cm-1 at roomtemperature)
thatonly
very littleabsorption
is necessary to account for thehigh
static dielectric constant.Thus we have shown that the ferroelectric transition in TGS does not look like an order- disorder transition. On the other hand, nor is the
ferroelectricity
associated with a low fre- quency mode of vibration of the lattice. Theoptical
constants aregiven
for the whole infrared range and may be useful for furtherexperiments.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE T03IE 30, AVRIL 1969,
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01969003004037700
1. Introduction. -
Depuis
que Matthias et al.d6couvrirent en 1956 la ferroélectricité du sulfate de
triglycine (en abr6g6 TGS),
avec une transition du second ordre a 47OC,
ce cristal a faitl’objet
de nom-breuses etudes tant dans le domaine des
fréquences
radio que dans le domaine
optique.
Dans lepremier domaine,
la constantedi6lectrique
atemperature ordinaire,
mesur6e avec deschamps
de l’ordre duvolt/cm, pr6sente
trois valeurs suivant la direction consid6r6e du cristal(cf. fig.1) :
e, =5,7;
s, =8,6;
Ey = 43
([27],
p.29).
Parailleurs,
la constante di6lec-trique
s,depend
de lafrequence
et passe de 43 a 30lorsque
lafrequence
croit de 0 a 106 cps[6, 3],
maisau
point
deCurie,
la constantedi6lectrique,
de l’ordrede 2 X 105 pour un cristal
d’epaisseur
1 mm, ne variepas sensiblement de 0 a 106 cps
[10]
et ladispersion
se fait surtout entre 107 et 1011 cps
(X
= 3mm)
oula constante
di6lectrique,
de l’ordre de 30[11],
n’apas encore atteint sa valeur limite que nous trouverons
6gale
a 9 vers 300 u. Au-dessus dupoint
deCurie,
laconstante
di6lectrique
estbeaucoup plus faible,
et ladispersion
seproduit
pour desfréquences
encoreplus
6lev6es
[10].
Dans le domaine
optique,
il faut citer le travail de C. Gu6rin[9],
de Taurel et al.[18],
et de Savati-nova
[26],
endiffusion Raman;
les etudes de Dodd[16],
Khanna et al.
[15, 23],
Galanov[13]
dansl’infrarouge proche
et moyen; le travail de Barker et al.[8],
dans
l’infrarouge
lointain. L’6tude de Barker concer- nait les spectres de reflexion et conduisait a la conclu- sion que ladispersion
devait seproduire
a des fr6-quences inferieures a 14 cm-1.
Malheureusement,
ledomaine
spectral
s’arretait a 75 cm-1 et1’angle
d’inci-dence sur le cristal
atteignait 450,
cequi
ne facilitaitpas
l’analyse
des spectres. 11 était int6ressant dereprendre
tout lespectre infrarouge
de 10 000 cm-1a 3 cm-1 tant en reflexion
qu’en transmission,
enprofitant
desprogres
de latechnique.
Celapouvait
permettre
de mieuxcomprendre
ladynamique
de laferroélectricité,
et aussi de mieux utiliser lesr6cepteurs pyroélectriques d’infrarouge
mis aupoint
au labora-toire,
ouF absorption
du rayonnement par le cristallui-meme joue
un rolequi
n’est pasn6gligeable [28-29].
Une
interpretation
de lapyroélectricité
de TGS futpropos6e
par Hoshino[7] apres qu’il
eut determine lastructure du cristal au-dessous du
point
de Curie.La structure est
monoclinique
et l’ond6signe
par bou Y 1’axe de
sym6trie C2 ( fig.1 a).
Les faces B ou(010) perpendiculaires
a 1’axemonoclinique
b sontg6n6ra-
lement absentes mais s’obtiennent ais6ment par cli- vage
(fig.
1b).
Les faces lesplus d6velopp6es
sontgénéralement les
faces A(100)
etC, paralleles
à1’axe
b, qui
font entre elles unangle
oc = 1050. Dansle
plan (010),
onprendra
deux axesorthogonaux
dereference
[27], l’un
Zparallele
a la faceA; l’autre
Xperpendiculaire
a Z fait unangle
de 15° avec la face C.L’intérêt de ce choix
provient
de ce que X et Z sont, a deuxdegr6s pres,
leslignes
neutres d’une lame(010)
dans le visible. Par contre, dans
l’infrarouge lointain,
en utilisant la radiation X -
337 u
d’un laser a 1’acidecyanhydrique HCN,
nous avons trouvequ’il
fallaitles tourner de 160 pour les amener en X’ et Z’. La
ligne
Z’ est alors un peuau-dela, 30,
de la face C. Les ndices de refraction dans le visible[16]
sont :L’indice le
plus
élevécorrespond
donc a 1’axe Xsensiblement
parallele
auplus grand
axe des molecules deglycine qui,
parailleurs,
sontquasi paralleles
auplan (010).
Dansl’infrarouge lointain,
pour la radia- tion X = 337 ti d’un laser a 1’acidecyanhydrique HCN,
nous avons trouve nX, =1,91 ;
nZ, =2,23.
Par
ailleurs,
ny N2,95.
Lesplus grands
indices pour X =337 u correspondent
donc non seulement à1’axe X
parallele
aux molecules deglycine (fig.
1c),
mais aussi a 1’axe
C2
de lapyroélectricité.
FIG. 1. - Direction des axes
optiques
dans une maille cristalline de TGS.379
L’étude de la diffraction des rayons X par un cristal de TGS a montre la
presence
de deux molecules(NH2.CH2.CO2H)3H2SO4
parmaille,
se d6duisantl’une de I’autre par une rotation h6licoldale
parallele
a 1’axe
C2.
Au-dessus dupoint
de Curie dans unedemi-maille contenant une seule
molecule,
1’anionSO24-
et une molecule I deglycine
se trouvent dans unplan
Bperpendiculaire
a I’axe b( fig.
1d),
les deuxautres molecules de
glycine
num6rot6es II et III sontsymetriques.
Au-dessous dupoint
deCurie,
des liaisonshydrogene
courtes b et c(N, ...,
0 =2,74 A;
et0,
..., 0 =2,54 A)
relient la molecule deglycine
Iaux deux ions
S02- .
Les deux atomesd’hydrogene
sont
plus pres
de la molecule deglycine
dont la formulepeut
donc s’6crireNH+CH 3 2CO2 H :
ils’agit
d’un ionglycinium.
I1 y a6galement
des liaisonshydrogene
faibles entre l’azote de la
glycine
I et lesoxygenes
des
glycines
II et III(d
=2,72 Å; e d).
Ces deuxliaisons sont différentes
( fig.
2a)
parce que lesoxygenes
FIG. 2. - Structure de TGS montrant les liaisons
hydro- gene (medaillon a).
Dans le medaillon b,1’energie potentielle
duproton
estrepresentee
en fonction desa distance a
l’oxyg6ne
de la molecule deglycine
III.En fait, un calcul utilisant la methode de Reid montre que la courbe est
asymetrique
au-dessous dupoint
de Curie mais ne
pr6sente
pas deux minimums.correspondants
desglycines
II et III sont differentsau-dessous du
point
de Curie. I1 en r6sulte que l’ionglycinium
I fait unangle
de 120 avec leplan
B. Parailleurs,
on retrouve une liaisonhydrogene
tres courtecomme dans le
phosphate
diacide depotassium KH2po4
entre les molecules deglycine
II et III(a
=2,44). L’energie potentielle
de la liaisonhydro- g6ne
varie en fonction de 1’abscisse du proton avec, parexemple,
deux minimums de valeursdifférentes,
et a1’6quilibre
leproton
reste auvoisinage
de l’atomed’oxygene
de la molecule III. 11 n’est toutefois pasindispensable [31] qu’il
y ait deux minimums. Une16g6re asym6trie
de la courbequi repr6sente 1’energie potentielle
en fonction de la distance du proton àl’oxygène
de la molecule II suffit pour amener sonminimum au-dela du milieu de la distance des deux
atomes
d’oxygene.
11 en r6sulte que la formule de la molecule IIIpeut
s’6crireNH3+CH2CO2H,
etrepr6-
sente un ion
glycinium
comme la moleculeI;
parcontre, la molecule II s’6crit
NHtCH2C02
etrepr6-
sente un ion
amphotere («
Zwitterion »)
ou l’azote est a0,33 A
duplan
form6 par les atomesDans le cas de la
figure 2,
la demi-maillepr6sente
un moment
dipolaire électrique
pdirig6
vers lagauche
etqui provient
du manque desym6trie
parrapport
auplan
B. Ceserait, d’apres
Hoshino[7], l’origine
de lapyroelectricite.
Sous l’action d’unchamp 6lectrique
de sens inverse a p, tous lesprotons
des liaisons(a)
tendent a sed6placer
en meme temps :tous les ions III deviennent des ions
amphoteres,
laliaison
(b)
passe a droite et l’ionglycinium
I basculede 1’autre cote du
plan
B. Ce serait1’explication
dela ferroélectricité et elle ferait donc intervenir non
seulement un
deplacement
de protons, mais des mou-vements mol6culaires
susceptibles
de diminuer la bar- riere depotentiel
pour la r6tablir ensuite dans uneposition sym6trique.
La transition de TGS de la
phase ferroélectrique
ala
phase paraélectrique
aupoint
de Curie est encoremal
expliqu6e.
Deuxpossibilités
sontg6n6ralement
retenues :
1. TRANSITION ORDRE-DESORDRE. - Au
point
deCurie, 1’6nergie thermique
serait suffisante pour que les protons surmontent la barri6re depotentiel
dansune
maille,
ou dans un microdomaine form6 dequel-
ques mailles seulement. La
pyroélectricité disparaitrait
du fait du d6sordre a 1’echelle
macroscopique.
Leplan
B deviendrait unplan
desym6trie statistique (on
observerait autant de molecules I au-dessus
qu’au-
dessous par
exemple).
Cettehypothese permettrait d’expliquer
la diffusion des rayons X aupoint
deCurie
[1].
2. TRANSITION DISPLACIVE. - La forme de la courbe du
potentiel ( fig.
2b)
6voluerait avec latemperature
pour
apparaitre symétrique
avec un seul minimum aupoint
de Curie. Les molecules deglycine
II et IIIseraient alors
identiques
et la molecule I viendraiten coincidence avec le
plan
Bqui apparaitrait
alorscomme un vrai
plan
desym6trie.
Le proton(b)
seplacerait
alors exactement entre les deuxoxygenes
du groupementS02-
et le momentdipolaire 6lectrique
de la maille
disparaitrait.
La
spectroscopie
peut apporter des arguments en faveur de l’une ou 1’autrehypothese.
Dans le cas d’unetransition
displacive,
unplan
desym6trie apparait
dans la maille au-dessus du
point
de Curie et certainesvibrations deviennent inactives dans le
spectre
infra-rouge
(telle
la vibration de deformationv2(E)
dugroupement S02-) ,
d’autres se confondent en unevibration
unique d6g6n6r6e,
telle la vibrationtriple-
ment
d6g6n6r6e v,(F2)
du groupementS02- .
Dans lecas du
d6sordre,
les vibrations dechaque
groupe- ment peuvent etre excit6es individuellement et ellesne seraient pas sensiblement differentes de celles du cristal
ordonn6,
comme on peut lepr6voir
en compa- rant les spectres du quartz et de la silice[30].
11 pour- rait toutefoiss’ajouter,
comme dans le cas de lasilice,
un spectre
d’absorption
induite par le d6sordrequi
permet des processus a un seul
phonon
sur toute lalongueur
des branches dedispersion,
enparticulier
dans tout le domaine des vibrations
acoustiques.
Peut-6tre y a-t-il la un moyen d’6valuer le nombre de d6fauts et, par
suite,
la dimension moyenne des do- maines eventuels.Nous allons voir que la transition du second ordre de TGS au
point
de Curie semble dutype
«displa-
cive »,
plutot
que du type ordre-désordre.II.
Spectres
de transmission de TGS dans 1’infra- rougeproche
et moyen. - II .1. TEMPERATURE ORDI-NAIRE ET BASSES TEMPERATURES. - La
figure
3 donne leFIG. 3. - Transmission d’une lame de TGS
perpendi-
culaire a 1’axe
pyroelectrique,
et coefficientd’absorp-
tion dans
1’inf rarouge proche.
coefficient
d’absorption
d’une lame taill6eperpendi-
culairement a l’axe
C2
en lumiere naturelle dans le tresproche infrarouge.
On voitqu’une
lamed’épaisseur 6gale
a0,6
mm transmet moins de 5%
a 3 u. Lafigure
4FIG. 4. -
Absorption
de TGS enpoudre
dans
l’infrarouge
moyen.donne le spectre
d’absorption
de lapoudre dispers6e
dans une
pastille
de bromure depotassium
entre300 et
5 000 cm-1 a
temperature
ordinaire en bon accordavec
Dodd
[16] qui
attribue les bandes observ6es aux vibra-teurs C =
0, NH,
CH etS04 grace
a des mesuressur des lames cristallines convenablement orient6es.
II .2. TEMPERATURE SUPERIEURE AU POINT DE CURIE.
- A
temperature
un peusup6rieure
aupoint
de Curie(50 °C) ,
le spectre est peumodifi6,
si ce n’est ladispa-
rition de la raie
d’absorption
situ6e a 575cm-1,
cequi
confirme les observations de Sato[14].
Celui-cia montre par ailleurs que la bande a 575 cm-1 ne voit
sa
frequence
diminuer que de 34 cm-1lorsqu’on
passe au
compose
deut6ri6. Le role du protonapparait
faible dans cette vibration et il l’attribue a une deformation du groupe(COO).
Galanov par contre[17]
l’attribue augroupement (NCC).
Toute-fois,
nous avons observe pour lapremiere
fois dans lespectre
du s6l6niate deglycocolle
une bande et uneseule,
a 312cm-11, qui disparait
au-dessus dupoint
de Curie comme la bande a 575 cm-1 de TGS. La bande
infrarouge
de TGSe a 312 cm-1 semble corres-pondre
a lavibration v2
de deformation du groupe-ment
Se04
dutype
E inactive eninfrarouge
pour legroupement
libre. Cette vibration donnee a 335 cm-1 par Landolt se trouverait d6doubl6e en ses deux com-posantes
dans lespectre
de reflexion du s6l6niate deglycocolle
observe seulement au-dessous dupoint
deCurie par Galanov
qui
les determine[17]
a 325 et370 cm-1. 11
apparait
donc que lavibration v2
deSe04
devient inactive eninfrarouge
au-dessus dupoint
381
de Curie ou les forces de liaisons
hydrogene
sontplus
faibles et ou la
sym6trie
serapproche
de celle dut6tra6dre
r6gulier,
enparticulier
parl’apparition
d’unvrai
plan
desym6trie perpendiculaire a
l’axeC2.
11semble difficile d’etendre cette
explication
a la bandeinfrarouge
de TGS a 575cm-1,
bien que son compor- tement vis-a-vis de latemperature
soitanalogue.
Landolt fixe
beaucoup plus
bas laposition
de lavibration
v2(E)
dugroupement S04 libre
a 451cm-1,
et Galanov trouve ses deux composantes r6solues a 450
et 460 cm-1 dans le spectre Raman de TGS. Peut-être la raie de TGS a 575 cm-1
provient-elle
d’une compo- sante de lafrequence
de deformationv4 (F2)
active eninfrarouge
ettriplement d6g6n6r6e
dans l’ion libreS02-
ou on la situe a 611 cm-1. L’abaissement de
sym6trie
au-dessous du
point
de Curie ne serait pas suffisant dans le cas de TGS pour faireapparaitre v2(E)
ainsique Galanov 1’a
montre,
mais il feraitapparaitre
unenouvelle composante de
v4(F2) .
De toutefaqon,
nosresultats apportent un argument
important
concer-nant
1’apparition
d’un vraiplan
desym6trie
au-dessusdu
point
de Curie[33].
III.
Spectres
de transmission de TGS dans 1’infra- rouge lointain. - III .1. EXPERIMENTATION. - Entre 20 et 250cm-1,
les spectres sont obtenus parspectro-
m6trie a reseau[20].
Entre 5 et 20cm-1,
on a utiliseun interferometre de Michelson
[21].
III . 2. RESULTATS. - La
figure
5 donne le coefficientd’absorption
d’une lame taill6eparallelement
a1’axe
C2
pour un rayonnementpolarise rectilignement.
III.2.1. Polarisation
parallèle
a l’axeC2.
- Dans lafigure
5b,
lechamp 6lectrique
estparallele
a 1’axeC2 qui
porte lapolarisation spontanee.
Le coefficient
d’absorption
a 290 OK est de l’ordrede 100 cm-1
pour v =
20 cm-1. 11 croitlorsque
lafrequence
augmente, avecplusieurs
maximums treslarges. Lorsqu’on
refroidit a latemperature
de l’azoteliquide,
la transmission96n6rale
augmente, et desFIG. 5. -
Absorption
d’une lame de TGSparallele
a 1’axeC2,
dansl’infrarouge
lointain.raies fines se
pr6cisent,
sensiblement6quidistantes
de 10
cm-1,
a38, 49,5, 56,5, 68, 79, 88,5, 98,
108 et120
cm-1,
donc de formulegénérale v ~
vo + nvpavec vo = 38
cm-l;
vR = 10 cm-1 et n =0, 1, 2,
...,8.
A latemperature
deI’hydrog6ne liquide,
le cristal devient presque
completement transparent,
les raies sont fines etpeut-etre plus
faibles. 11 y aquelques
difficult6s apreciser,
comme on va le consta-ter sur la
figure
6qui
donne la transmission d’une lamed’épaisseurs
500 microns( fig.
6a),
70 microns(fig.
6b)
et 30 microns(fig.
6c) .
On voit sur lafigure
6 aque les raies
s’élargissent quand
latemperature s’élève,
et que d’autre part la transmission diminue a la fois dans les minimums et dans les maximums. Dans la
figure
6 c aucontraire,
iln’y
a pas de difference sen-sible entre la
temperature
de l’azoteliquide
et cellede
1’hydrogene liquide.
11 sembleraitqu’il
y ait super-FIG. 6.
Transmission d’une lame de TGS
parallele
a l’axeC2
entre 30 et 60 cm-1 pour trois6paisseurs
différentes.FIG. 7.
Absorption
d’une lame de TGSperpendiculaire
a l’axeC2,
dansl’infrarouge
lointain.position
des bandesd’absorption provenant
d’une part de couchessuperficielles d’epaisseur
faible et biend6termin6e,
et d’autrepart
du sein du cristal. Celui-ci donnerait atemperature
ordinaire uneabsorption générale correspondant
a des processus de differenceentre branches
acoustiques
et branchesoptiques,
parexemple
la branchequi
se termine vers 230 cm’1 pourun vecteur d’onde nul.
III . 2 . 2. Polarisation
parallèle
a l’axe X. - Dans lafigure
5 a, lechamp 6lectrique
estparallele
a la direc-tion OX et le spectre est
completement
different.Entre 20 et 50
cm-1, l’absorption
estbeaucoup plus faible, puis quatre
raiesapparaissent
nettement a latemperature
de 1’azoteliquide
a58, 71,5, 81,5
cm-1 et96 cm-1. A la
temperature
deI’hydrog6ne liquide, les
mesures n’ont
port6 qu’entre
20 et 70 cm-1 et montrent encore un accroissement de la transmission.La
figure
7 donne le coefficientd’absorption
d’unelame taill6e
perpendiculairement
a 1’axeC2.
Dans lafigure
7 a, lechamp 6lectrique
estparallele
a OX. Ala
temperature
de 1’azoteliquide,
on retrouve le memespectre
que dans lafigure
5 a, avec des raies a57, 71,5,
81 et 96cm- ,
mais on retrouve,faiblement,
lesraies propres les
plus
intenses du spectre Z(fig.
7b)
a
40, 50,
109 cm-1. Celaprovient
de ce que la direc- tion OXqui
est uneligne
neutre dans le visible s’en6loigne
sensiblement dansl’infrarouge
lointain(nous
avons mesure une rotation de 16o en utilisant la radia- tion h =
337 u
d’un laser moléculaire(cf. fig. 1)).
III.2.3. Polarisation
parallèle
a l’axe Z. - Dans lafigure
7b,
lechamp
estparallele
a OZ. A latemp6-
rature de 1’azote
liquide,
on trouve des raies propres a40,
50 et 109cm-1,
mais ils’y ajoute
les raies a57, 81, 96,
135 et 148 cm-1polarisées parallelement
aX,
et cela
provient
encore de ce que 1’axe Z s’6carte notablement de la direction de laligne
neutre dansl’infrarouge
lointain. Une vibrationrectiligne
devientrapidement
une vibrationelliptique
et les vibrateursparalleles
a la direction OX se trouventplus
ou moinsexcites.
Dans
l’infrarouge
treslointain, jusqu’ à À
= 2 mm,I’absorption,
atemperature ordinaire,
continue à d6croitre(fig.
5 et7,
médaillongauche).
S’il y adispersion,
elle se fait dans le domaine ultra-hertzien.C’est ce
qu’ont
observe r6cemment Sekido et Mitsui pour lapartie
r6elle de la constantediélectrique [10].
111.3. INTERPRETATION. - 111.3.1. Uibrations de translation et de libration. - La raie à 38 cm-1
persiste
a basse
temperature
etreprésenterait
la vibrationnormale de
plus
bassefrequence, correspondant peut-
etre a une translation
parallele
aC2.
Elles’61argit
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E
,w R F
considérablement
lorsque
latemperature
s’616ve au-dessus du
point
de Curie. Il semblerait que les raies a48, 58,
68cm-1,
etc., soient des combinaisons d’addi- tion duphonon a
38 cm-1 avec un ouplusieurs pho-
nons
hypoth6tiques
defrequence
10 cm-1. Le tableau Irassemble les
fréquences
observ6es etindique
la direc-tion des oscillateurs
qui
en sontresponsables.
Si lanotion de vibration externe a encore un sens dans un cristal a molecules fortement li6es comme celles de
TGS,
laplupart
des bandes observ6esprovien-
draient de vibrations de
translations,
et delibrations,
entre
lesquelles
il est difficile de choisir. Les libra- tions devraient donner des bandes intenses du fait del’importance
du momentdipolaire
des ions Zwitter.Toutefois,
la raiepolaris6e parallèlement à
OXrep6r6e
a 58 cm-1 et les raies
polaris6es parallelement
a OZreperees
a 40 et50,5
cm-1pourraient provenir
deprocessus de difference.
III.3.2. Variations
de fréquences
avec latempérature.
-Les
fréquences
de certaines raiesaugmentent
treslegerement
avec latemperature.
C’est le cas de la raiepoint6e
a 38 cm-1 a latemperature
de 1’azoteliquide, polaris6e parallelement
aC2.
Ellescorrespondent
a desoscillateurs dont la force augmente
lorsque
latemp6-
rature augmente, ce
qui
est assez rarepuisque,
lecoefficient de dilatation 6tant
positif,
les distancesintermoléculaires augmentent aussi. Pour la
plupart
des
bandes,
on nepeut parler
de variations de fr6- quences avec latemperature puisqu’elles
semultiplient lorsqu’on
refroidit le cristal. La distinction entre vibra- tions internes et externesapparait
difficile et d’ailleursmal fond6e du fait des liaisons relativement fortes entre
les differentes molecules.
III . 3. 3. Didoublement des raies. - Les raies à
52,
100et 154 cm-1
paralleles
aC2 (290 OK)
se d6doublent à latemperature
de 1’azoteliquide;
dememe,
la raiea 139 cm-1
(2900 K) parallele
a OX et la raie a 114 cm-1(290 oK) parallele
a OZ.IV.
Spectres
de reflexion d’une lame de TGSparallèle
a 1’agepyrodlectrique
entre 15 et 550cm-1.
- IV .1. EXPERIMENTATION. - Les
spectres
de r6- flexion sous une incidence de 150 sont etudies enlumiere
monochromatique polaris6e,
et le cristal tailleen coin peut etre refroidi a la
temperature
de1’hydro- g6ne liquide.
IV. 2. RESULTATS. - IV. 2.1.
Dichroisme, effet
de latempérature.
- Lafigure
8 b donne le spectre de reflexioncorrespondant
auchamp électrique E paral-
16le a 1’axe
C2
du cristalmonoclinique.
Lespoints
deplus
bassefrequence
ont ete calcul6s apartir
demesures
radioélectriques
a 20 °C montrant que laconstante
di6lectrique
passe de ERO = 43 a la valeur moiti6 pour v = 1Mc/s [6],
atemperature
ordinaire.C’est donc des le d6but du spectre que se fait la
dispersion.
Nos mesuresinfrarouge
de reflexion com- mencent a0,43
kGc(700 u)
et montrent unpouvoir
FIG. 8. -
Spectres
de reflexion d’une lame de TGSparallele
a l’axeC2,
dansl’infrarouge
lointain.r6flecteur constant
jusqu’a
33 cm-1(300 y)
corres-pondant
a sR N 7.Au-dela,
lepouvoir
r6flecteurdiminue, puis pr6sente
deux maximums treslarges
centres vers 200 et 300 cm-1. Il semble que les
spectres
de transmission nepr6sentaient
pas un amortissement aussi considerable. A bassetemperature,
ces maximumsse r6solvent en
cinq pics beaucoup plus
étroits. Ilscorrespondent
sans doute aux librations des molecules deglycine particulierement
actives du fait de leurmoment
dipolaire electrique.
Ces librationsprésentent
des
fréquences beaucoup plus petites
dans les cristauxaromatiques.
C’est sans doute parce que les forces intermoléculaires sont dutype
de Van derWaals, beaucoup plus
faibles que les liaisonshydrogene qui
assurent la cohesion du cristal de TGS.
IV . 2 . 2. Explications de
L’amortissement. - L’amortis-sement considerable observe a
temperature
ordinairepour les vibrations de basse
frequence
ducristal, particulierement
net sur les spectres dereflexion,
restea
expliquer.
Unepremiere
causeprovient
de la valeur faible desfréquences
propres de ces vibrateurs. Atemperature ordinaire,
non seulement le niveau fon-damental,
mais deux ou trois niveaux excites sont substantiellementpeupl6s.
Parsuite,
si le mode d’oscil- lation considerepr6sente
unegrande anharmonicité,
les transitions
v = 0 -->- 1,
v = 1 - 2 etv == 2 --->- 3,
par
exemple,
auront desfréquences
deplus
enplus
faibles et pourront contribuer a
l’élargissement
de labande. 11 existe toutefois un facteur
plus important, consequence
encore de l’anharmonicité.L’6nergie
n’est
plus
une somme de termesindependants
corres-385
pondant
aux differentes vibrationsnormales,
mais ellepr6sente
des termes mixtes contenant les nombresquantiques
vibrationnels de deux modes normaux devibrations,
ou memedavantage.
Parexemple,
dans lecas
simple
d’une moleculetriatomique [32] :
Les mi, W2, w3 sont les
fréquences
des trois vibrations normales dans le casd’amplitudes
de vibrations infini-ment faibles. Les xik sont les constantes anharmo-
niques.
Par suite :Or si W3 par
exemple
est une vibration de bassefrequence,
nous auronsplusieurs
valeurs de V3 a consid6rer a latemperature
ordinaire pour l’ensemble des oscillateurs defrequence
w3, et la banded’absorp-
tion
correspondant
a la transition vapresenter plu-
sieurs composantes. Les oscillateurs de basse
frequence
6tant tres nombreux dans le cas de
TGS,
toutes ces composantes vont sem6langer
en une bande treslarge
a
temperature
ordinaire.La
figure
8 a donne le spectre de reflexion corres-pondant
a unepolarisation
duchamp 6lectrique
del’onde
infrarouge perpendiculaire
a 1’axeC2.
Entre 14et 33
cm-1,
lepouvoir
ref lecteur est constant atemp6-
rature ordinaire et
correspond
a la constante di6lec-trique statique (eR
=5,7) [27].
Vers lesplus grandes fréquences,
ilpr6sente
un faible maximum vers 60cm-1, puis
unlarge
maximum centre vers 230 cm-1. A bassetemperature,
une structure fineapparait
avec neufpics,
leplus
intense 6tant centre ici vers 265 cm-1.IV. 3. - ANALYSE DE KRAMERS-KRONIG. - IV . 3 .1. Constante
diilectrique.
- 1. Lechamp électrique
est orienti
parallèlement
a l’axeC2.
- Lafigure
9 acorrespond
a latemperature
ordinaire. Le maximum de e" se situe à v = 200 cm-x etprovient
sans doutede
librations;
le maximum secondaire a 38 cm-1 estpeut-etre
associe aux translations desmol6cules, paral-
16lement a 1’axe
C2
de lapyroélectricité.
La
figure
9 bcorrespond
a 80 OK et lafigure
9 ca 25 OK. Une structure fine
apparait
avec des courbescaractéristiques permettant
dedistinguer
six oscilla-FIG. 9. - Constante
dielectrique
de TGS en fonctionde la
f requence,
dansl’infrarouge
lointain, pour une orientation duchamp 6lectrique
de l’ondeparallele
a l’axe
C2.
teurs de Lorentz. Par
ailleurs,
les maximums de e"prennent une
grande intensité, à 1’exception
de celuisitue a 38 cm-1
qui
sembledisparaitre (noter
toutefoisle
changement
d’6chelle entre les courbes a d’unepart,
et b et c d’autrepart).
2. Le
champ ilectrique
est orientiperpendiculairement
àl’axe
C2.
- Lafigure
10 a donne e’ et e" a 290 oKentre 15 et 400 cm-1. On retrouve 1’allure
classique correspondant
a deux oscillateurs de Lorentz tres amortis.La
figure
10 bcorrespond
a 80 OK et une structurefine
apparait.
Elle seprecise davantage
a 25 OK(fig.
10c).
IV. 3. 2. Constantes
optiques
n et kpour
une lameparallèle
au
plan (C2, X).
- L’indice de réfractioncomplexe
se deduit directement de la constante
di6lectrique.
FIG. 10. - Constante
di6lectrique
de TGS en fonctionde la
f requence,
dansl’infrarouge
lointain, pour une orientation duchamp 6lectrique
de l’ondeparallele
a 1’age X.
Les
figures
11 et 12 donnent les resultats du calculqui
peuvent etre utiles pour
l’opticien.
Lafigure
11 corres-pond
auchamp 6lectrique
de l’ondeparallele
aC2
etla
figure
12 a unchamp perpendiculaire.
11 faut accor-der
plus d’importance
a l’allure des courbesqu’aux
valeurs absolues. Par
exemple, pour v
= 30cm-1,
on lit nX
(290 °K) = 2,8,
alors que les mesures aulaser ont donne nx,
= 2,91.
IV . 3 . 3.
Application a l’interprétation de laferroilectriciti.
- D’apr8s Cochran, l’explication
de la ferroélectricitése trouve dans
l’infrarouge
lointain ou l’on doit trouverFiG. 11. - Indice de refraction de TGS en fonction de la
frequence,
dansl’infrarouge
lointain, pour une orien- tation duchamp 6lectrique
de l’ondeparallele
àl’axe
C2.
FIG. 12. - Indice de refraction de TGS en fonction de la
f requence,
dansl’infrarouge
lointain, pour une orien- tation duchamp 6lectrique
de l’ondeparallele
al’axe X.